MYSTÈRES DE L’OUEST (LES) (1965-1969)

Pour s’inscrire dans la 007 mania des sixties, Michael Garrisson crée un « James Bond à cheval » avec Robert Conrad et Ross Martin

THE WILD WILD WEST

 

1965/1969 – USA

 

Créée par Michael Garrisson

 

Avec Robert Conrad, Ross Martin, Michael Dunn, Richard Kiel, Ricardo Montalban Roy Engel, Charles Aidman, Boris Karloff, Martin Landau, Sammy Davies Jr, Ida Lupino, Burgess Meredith, Agnès Moorehead

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Avec quatre films au compteur en 1965, James Bond – sous les traits de Sean Connery – occupe la (presque) totalité des salles obscures du monde entier. La mode est aux agents secrets et la petite lucarne n’échappe pas non plus à la règle puisque nombre des principaux héros des séries télévisées de cette période sont des espions. C’est donc pile au milieu de cette décennie 60 que Les Mystères de l’Ouest s’invitent sur le petit écran. Créée par Michael Garrisson et présentée par ce dernier comme un « James Bond à cheval », la série met en scène les agents du Service Secret James West et Artemus Gordon, chargés notamment de protéger le président Ulysse S. Grant et les intérêts de l’Union. La première mission confiée à notre duo d’espions, toujours impeccablement habillé, est diffusée le 17 septembre 1965 sur les ondes du réseau CBS. Sur ordre du président Grant lui-même, Jim West se voit confier la tâche délicate de neutraliser au Nouveau-Mexique le dangereux terroriste Juan Manolo, campé par l’épatant Victor Buono, qui tente de s’emparer des territoires de l’Ouest américain. Si l’intrigue de ce pilote est assez classique, elle permet de présenter efficacement le duo d’espions. Jim West est l’homme d’action dandy, amateur de belles femmes, tandis qu’Artemus Gordon est son binôme, un fin stratège capable de se fondre dans la masse grâce à ses dons pour le déguisement. Tous deux disposent également de tous les moyens modernes que la technologie de la fin du XIXème siècle peut leur offrir pour remplir leurs missions télévisuelles (104 au total) durant les quatre années de diffusion de la série. L’objet le plus iconique est bien sur le train qui leur sert de quartier général. Avec James Bond, les gadgets sont à la mode, et Jim West dispose d’un arsenal dissimulé dans ses costumes. Les plus célèbres sont le petit colt Derringer, astucieusement caché sous la manche droite du Spencer de Robert Conrad, et le poignard à cran d’arrêt caché dans la semelle de sa botte.

Si l’action prend place dans l’Amérique post Guerre de Sécession, l’ensemble est un cocktail réussi de western, d’espionnage, de fantastique et de science-fiction. Pour cette dernière, il ne serait d’ailleurs pas inexact de dire que Les Mystères de l’Ouest s’inscrit pleinement dans le courant « Steampunk ». Durant leurs aventures, les deux héros rencontreront certes des Indiens (nous sommes au Far West) mais aussi tout un panel de méchants aussi exotiques que farfelus, et souvent créateurs d’inventions complètement anachroniques. Le plus emblématique de tous les vilains croisés par Jim West et son compagnon d’armes est incontestablement le machiavélique docteur Miguelito Loveless, incarné par Michael Dunn à dix reprises lors de la série. Celui-ci n’hésitera pas à concevoir un sosie de Jim West (« La Nuit de la ville sans voix », saison 1) ou encore un robot tueur mu par un piano mécanique dans « La Nuit de la revanche » (Saison 4, ultime apparition du docteur Loveless). De nombreux guests fameux honoreront la série de leur présence. Retenons notamment le grand Boris Karloff qui joue un maharajah (« La Nuit du cobra d’or, » saison 2) kidnappant James West pour qu’il enseigne à ses rejetons ses techniques de combat. Ce fut d’ailleurs le dernier rôle du vivant du célèbre interprète de la créature de Frankenstein. Citons également Ricardo Montalban qui apporte sa classe naturelle au colonel Noel Bartley Vautrain, officier en retraite gravement blessé et qui dispose d’un moyen lui permettant de voyager à travers le temps et donc de changer le cours de l’histoire, dans l’excellent « La Nuit hors du temps » (saison 2). Pour sa part, le chanteur Sammy Davies Jr incarne un médium capable de communiquer avec les animaux dans l’angoissant « La Nuit des revenants » (saison 2).

Une violence excessive ?

Série sans équivalent, à l’exception peut-être de Chapeau melon et bottes de cuir, Les Mystères de l’Ouest fera mondialement connaitre ses deux principaux interprètes. Un crossover entre les aventures de James West et John Steed aurait d’ailleurs été savoureux. Comme son homologue britannique, la création de Michael Garrisson est un incroyable théâtre de l’absurde. Particularité à souligner : le titre de chacun des épisodes commence par « La Nuit de… ». En cette fin des années 60, les audiences du show étaient excellentes. Alors que toute l’équipe se préparait pour une cinquième saison, la série fut brutalement retirée des grilles des programmes sur décision des responsables de la CBS à cause d’une violence qui, pour l’époque, était jugée comme excessive. Un constat qui aujourd’hui fait sourire face au niveau atteint dans un show comme Game of Thrones… ! Après 104 épisodes, dont les 28 premiers en noir et blanc, Robert Conrad et Ross Martin prennent donc leur retraite des services de renseignement américains. Mais ils réendossent leurs costumes dix ans plus tard dans le cadre de deux téléfilms, The Wild Wild West (1979) et More Wild Wild West (1980). Un troisième opus était même prévu mais il ne verra malheureusement jamais le jour, à cause du décès de Ross Martin des suites d’une crise cardiaque. Vingt ans plus tard, la série sera transposée sur le grand écran avec Will Smith et Kevin Kline dans les rôles principaux. Mais le long-métrage réalisé par Barry Levinson ne parviendra pas à se hisser au même niveau de qualité que celui de la série dont le succès ne s’est jamais démenti depuis sa toute première diffusion en 1965.

 

© Antoine Meunier

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SLOANE, AGENT SPÉCIAL (1979)

L’agent James West change d’époque mais conserve ses attributs d’espion pour ce show TV qui mêle l’action, l’humour et la science-fiction

A MAN CALLED SLOANE

 

1979 – USA

 

Créée par Cliff Gould

 

Avec Robert Conrad, Ji-Tu Combuka, Dan O’Herlihy, Michele Carey, Karen Purcill, Robert Culp, Eric Braeden, Roddy Mac-Dowall

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

En 1979, Robert Conrad échange son Corsair et ses galons de commandant de l’escadrille des Têtes brulées ainsi que sa tenue de trappeur de Colorado pour le blazer sombre et la chemise ouverte de l’agent secret amateur de belles femmes Thomas Sloane. Il s’agit d’un espion free-lance qui accomplit des missions ponctuelles pour le compte de l’agence gouvernementale américaine UNIT. Cette organisation fictive, dont le quartier général se trouve camouflé derrière la devanture d’un magasin de jouets à Los Angeles, combat KARTEL, une organisation criminelle qui souhaite dominer le monde. Dans ses missions, Thomas Sloane est secondé par Torque, incarné par l’acteur afro-américain Ji-Tu Combuka. Ce dernier est équipé d’une main droite métallique pourvue de divers gadgets. Quand ils doivent partir en opération, les deux hommes bénéficient du soutien logistique d’Effie, un ordinateur ultra perfectionné doué de raison et pourvu d’une sensuelle voix féminine (en VO l’actrice américaine Michele Carey, aperçue dans la plupart des grandes séries des années 60 et 70). Ils sont également soutenus dans leurs aventures par Kelly, équivalent féminin de « Q », et supervisés par le Directeur (l’acteur Dan O’Herlihy, nominé en 1954 pour l’Oscar du meilleur rôle masculin dans Robinson Crusoe et que l’on apercevra quelques années plus tard dans Robocop). Thomas Sloane est majoritairement confronté à des personnages peu recommandables que l’on peut classifier dans la catégorie des savants fous dont le noir dessein est, bien entendu, d’asservir l’humanité. Tout un programme !

L’ambition du méchant est la même d’un épisode à un autre, seul change le modus operandi. Dans « Collision Course », l’antagoniste de Sloane veut dévier la trajectoire d’une comète pour l’écraser sur Terre. Dans « La Potion Magique », un robot s’est retourné contre son créateur qui entendait asservir l’humanité. Créée par Cliff Gould, la série se compose d’une unique saison et d’un téléfilm pilote où le rôle principal est incarné par l’acteur Robert Logan. Celui-ci est rapidement remplacé par le producteur Fred Silverman, qui souhaite voir Robert Conrad à sa place. Dans ce même pilote, Torque est présenté comme un méchant. Avec le recul des années, Sloane, agent spécial apparait comme un (très) lointain cousin de Des Agents très spéciaux, qui connut un joli succès dans la seconde moitié des années soixante, avec Robert Vaughn et David MacCallum. Mais le côté décalé et absurde qui prévalait au cours des sixties ne s’accommode absolument pas avec la période disco qui bat alors son plein. Les producteurs, pour être dans le ton de l’époque, ont tenu à donner une touche bondienne à la série. Mais la mayonnaise ne prend clairement pas.

Parodie involontaire ?

Côté interprétation, si le talent de Robert Conrad n’est plus à démontrer depuis Les Mystères de l’Ouest, les situations qu’il rencontre dans Sloane relèvent finalement plus du loufoque que de l’action pure. Et l’acteur donne parfois l’impression de ne pas y croire lui-même. Les dialogues, de leur côté, donnent lieu à des échanges parfois surréalistes. « Vous ressemblez à un homme que j’ai tué », déclare ainsi la vedette en s’adressant à Eric Braeden (Victor Newman de la série Les Feux de l’amour) lors de leur toute première rencontre, ou encore Roddy McDowall à sa jeune assistante : « Je me demandais combien de temps votre désarmante naïveté allait persister », dans l’épisode « La Potion Magique ». L’inoubliable interprète de César dans La Planète des singes semble s’être ici réincarné en un clone de Jimmy Bond, le neveu idiot de 007 dans le Casino Royale de 1967, grâce au doublage de Gérard Hernandez. Idem pour Ji-Tu Combuka qui, dans le rôle de Torque, parait aujourd’hui un peu ridicule avec sa main métallique dont l’index peut notamment se transformer à loisir en laser ou en clé passe-partout. De Sloane, agent spécial, il reste aujourd’hui une musique particulièrement insupportable de Patrick Williams et douze missions télévisuelles (treize si l’on compte le pilote sans Conrad). Ce dernier retrouva ensuite le costume d’un autre espion qui fit sa gloire dix ans plus tôt : celui beaucoup plus classieux de James West, toujours en compagnie de Ross Martin, pour un second et ultime téléfilm des Mystères de l’Ouest après celui de 1978.

 

© Antoine Meunier

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AGENT CARTER (2015)

La bien-aimée de Captain America, que le super-héros quittait bien malgré lui après le film de Joe Johnston, a droit à sa propre série TV

AGENT CARTER

 

2015 / 2016 – USA

 

Créée par Christopher Markus et Stephen Mac-Feely

 

Avec Hayley Atwell, James d’Arcy, Dominic Cooper, Chad Michael Murray, Enver Gjokaj et Shea Whigham

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL

La fin de la Seconde guerre mondiale marque le début d’une nouvelle période importante de l’Histoire contemporaine : celle de la reconstruction de notre monde. S’il s’agit d’une reconstruction à la fois physique et économique, elle est également psychologique. La perte des disparus nécessite une guérison pour effacer ou atténuer les traumatismes subsistant encore chez les vivants. Et en ce début de l’année 1946, nous retrouvons ainsi Peggy Carter battant le pavé de New York. Toujours agent de la Section Scientifique de Réserve – la SSR, l’entité qui préfigure le futur SHIELD -, la jolie Peggy cherche à se consoler de la perte de l’amour de sa vie, Steve Rogers alias Captain America, qui a fait le sacrifice ultime en écrasant l’avion de Crane Rouge dans l’Atlantique Nord. En bute au machisme de ses collègues de la SSR, Peggy ronge son frein en accomplissant des tâches subalternes. Mais le destin remet sur sa route le milliardaire Howard Stark (sous les traits de Dominic Cooper) qui, injustement accusé de trahison au profit des soviétiques, lui demande d’enquêter secrètement afin de récupérer des inventions qui lui ont été dérobées. Aidée de Jarvis, le majordome de Stark, notre intrépide agent se trouve donc obligée de mener ses investigations en toute discrétion de ses collègues de la SSR. Voici donc, brièvement résumé, le point de départ de cette suite directe au film Captain America First Avenger dont quelques plans finaux sont d’ailleurs réutilisés pour lancer l’épisode pilote d’Agent Carter.

Si Agents of SHIELD démarrait sur les chapeaux de roue, la première saison de ce spin-off s’avère malheureusement bien poussive. Et ce n’est vraiment qu’à partir du cinquième épisode (sur huit que compte la première saison) que la série commence à nous tenir en haleine. L’intégration de personnages présents dans le premier Captain America (dont les Commandos Hurlants ou encore le docteur Arnim Zola) n’y est sans doute pas pour rien. Les créateurs d’Agents Of SHIELD avaient fait de même en réintroduisant les personnages de Lady Sif (Thor), de l’agent Hill et du directeur Fury (Avengers et Spider-Man). Doté de deux épisodes supplémentaires par rapport à la première, soit dix au total, la seconde saison d’Agent Carter impose quand même un rythme plus soutenu grâce à une intrigue s’étalant sur plusieurs épisodes en introduisant (entre autres) des éléments qui seront visibles dans Agent of SHIELD dont « l’Element Zéro » qui devient le « Gravitonium ».

Des questions en suspens

Côté casting, Hayley Atwell forme un duo avec James d’Arcy (Jarvis) qui évoque par moments celui formé en son temps par Patrick MacNee et Diana Rigg dans Chapeau melon et bottes de cuir. Mais si John Steed et Emma Peel s’opposaient de manière suggérée, l’agent Carter et Jarvis n’hésitent pas à s’opposer frontalement. Le second étant marié, la tension sexuelle est évacuée au profit d’un respect mutuel teinté avant tout de professionnalisme, la mission devant passer avant tout. Même si le cœur de Peggy commence à balancer pour l’agent Daniel Souza (incarné par Enver Gjokaj), Jarvis s’avérant un adjoint bienveillant avant tout, les relations entre les personnages restent cependant peu exploitées. N’ayant pas trouvé son public, Agent Carter, bien qu’utilisant les mêmes principes qu’Agent of SHIELD et malgré une fin ouverte, s’arrête après deux minuscules saisons de 18 épisodes, laissant encore inexploré tout un pan du MCU et dont notamment la genèse du SHIELD.

 

© Antoine Meunier



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CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR (1961-1977)

La plus culte des séries TV britanniques mêle l’espionnage, la science-fiction, le fantastique et un sens de l’humour délicieusement loufoque

THE AVENGERS

 

1961/1977 – GB

 

Créée par Sydney Newman

 

Avec Patrick Macnee, Honor Blackman, Diana Rigg, Linda Thorson, Joanna Lumley, Gareth Hunt, Ian Hendry, Christopher Lee, Peter Cushing, Charlotte Rampling, Donald Sutherland

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Les années 60 sont une période faste pour les séries télévisées britanniques. Le Saint, Le Prisonnier, Les Sentinelles de l’Air figurent sans doute parmi les plus emblématiques. Mais Chapeau Melon et Bottes de Cuir est très certainement la plus iconique de toutes. Mêlant espionnage, science-fiction et fantastique, Chapeau Melon débarque sur la petite lucarne anglaise dès 1961 avec Ian Hendry et Patrick Macnee dans les rôles titres. Les deux hommes forment un improbable duo : le premier est le docteur David Keel, un médecin cherchant à venger la mort de sa fiancée. Le second est John Steed, un enquêteur habillé d’un austère trenchcoat. Ce duo hétéroclite mène une lutte contre le crime pendant les 26 épisodes de la toute première saison. Mais dès l’année suivante, des changements majeurs s’opèrent. Steed devient le personnage principal et change de look pour devenir l’archétype du gentleman britannique avec costume trois pièces, chapeau melon et parapluie de rigueur, bref tout ce qui fait la distinction à l’anglaise. Il se voit également adjoindre une équipière : Vénus Smith, incarnée par Julie Stevens durant six épisodes. Mais c’est surtout Cathy Gale (Honor Blackman) qui restera dans les mémoires. Pour la première fois, une femme tient un rôle central dans une série télévisée. Archétype de la femme à poigne, indépendante et experte en arts martiaux, Cathy Gale fait jeu égal avec John Steed. Honor Blackman pratiquait d’ailleurs le judo à ses heures perdues et ne fut pas doublée pour les scènes de combats. Cette première formule d’un duo mixte télévisuel va s’avérer payante et connaitra un énorme succès.

Patrick Macnee représente l’incarnation vivante du flegme et de l’humour So British en toute situation, et Honor Blackman est son miroir féminin. Mais après deux saisons, cette dernière quitte la série en pleine gloire pour incarner le personnage de Pussy Galore dans Goldfinger, le troisième opus des aventures de l’agent 007. Elle est alors remplacée par l’actrice shakespearienne Diana Rigg qui tient le rôle d’Emma Peel lors des quatrième et cinquième saisons. Cette dernière marque aussi l’arrivée des premiers épisodes en couleur. Emma Peel est incontestablement le personnage féminin le plus abouti de Chapeau Melon et botte de cuir. Indépendante et sexy comme Cathy Gale, elle s’habille de combinaisons moulantes et pratique elle aussi les arts martiaux. Sa biographie fictive lui prête aussi des compétences de chimiste. Elle est également la femme d’un explorateur disparu en Amazonie. Les amateurs de voiture auront quant à eux noté qu’elle conduit généralement une Lotus Elan. Après 51 épisodes, Diana Rigg quitte à son tour la série pour devenir la seconde « Steed Girl » à rejoindre le casting d’un James Bond, en l’occurrence Au service secret de Sa Majesté en 1969. C’est la toute jeune actrice canadienne Linda Thorson (21 ans à l’époque) qui lui succède dans le rôle de Tara King pour la sixième saison (celle qui eut le plus de succès dans nos contrées). Véritable théâtre de l’absurde, Chapeau Melon s’autorise absolument toutes les excentricités. Au cours de leurs aventures, John Steed et ses complices féminines affronteront notamment des robots tueurs dans Le tryptique Le Cybernaute – Le retour du Cybernaute et Le Dernier des Cybernautes (épisode de 1977). Ils connaitront un transfert de leur esprit dans un autre corps dans Qui suis-je ? Ils voyageront même dans le temps dans Remontons le Temps. Steed et Tara King achèveront la sixième saison en s’envolant à bord d’une fusée.

Ode à l’absurde et au surréalisme

L’ultime déclinaison télévisée aura lieu en 1976. Steed revient pour 26 nouveaux épisodes flanqué de 2 équipiers : Joanna Lumley, quatrième Steed Girl, est Purdey. Avant d’être l’acolyte de Steed, elle fut James Bond Girl dans Au Service secret de sa Majesté. Le nom de son personnage a été choisi d’après une marque de fusils de chasse. Gareth Hunt complète le trio dans le rôle de Mike Gambit, second équipier masculin de Steed qui assure la majeure partie des scènes d’action de ces deux dernières saisons coproduites par TF1. Si la tension sexuelle entre Steed est au plus fort avec les personnages d’Emma Peel et de Tara King, elle est ici grandement atténuée par la présence de Mike Gambit. Steed n’a plus autant la part belle que dans les six premières saisons. Et seule une poignée d’épisodes surnage de des 7ème et 8ème saison, mention particulière au diptyque Le Long Sommeil, scénarisé par Brian Clemens.  Celui-ci est d’ailleurs l’auteur des meilleures histoires de la série dont le mythique Le Club de l’Enfer (4ème saison). Véritable ode à l’absurde et au surréalisme, Chapeau Melon et bottes de cuir n’a eu qu’un seul équivalent : Les Mystères de l’Ouest avec Robert Conrad et Ross Martin. On peut regretter que les deux séries n’aient d’ailleurs pas donné lieu à un épisode cross-over temporel, ce qui aurait pu s’avérer particulièrement savoureux. Les aventures de John Steed seront toutefois transposées sur grand écran en 1998 avec Ralph Fiennes dans le rôle principal et Uma Thurman dans celui de Madame Peel. Et comme le monde de l’espionnage est décidément tout petit, (Patrick Macnee était présent aux côtés de Roger Moore dans Dangereusement vôtre), c’est Sean Connery qui incarnera le rôle du méchant August de Wynter. Malheureusement, cette adaptation cinématographique s’avèrera être une amère déception. Preuve en est que le passage du petit au grand écran reste un art difficile.

 

© Antoine Meunier

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AGENTS DU SHIELD (LES) (2013-2020)

Le Marvel Cinematic Universe débarque sur les petits écrans…

MARVEL’S AGENTS OF SHIELD

2013-2020 – USA

Créée par Joss Whedon, Jed Whedon et Maurissa Tancharoen

Avec Clark Gregg, Ming-Na Wen, Chloe Bennet, Ian de Caestecker, Elisabeth Hentsridge, Brett Dalton, Henry Simmons, Adrianne Palicki, Nick Blood, Natalia Cordova-Buckley, Kyle Mac-Laclan, John Hannah

THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL

Au cours de la spectaculaire bataille à bord de l’héliporteur dans le tout premier Avengers, nous avions assisté impuissants au décès de l’agent Phil Coulson. Celui qui est un grand admirateur de Captain America est lâchement assassiné par le dieu Loki qui le transperce avec son sceptre. Mais le SHIELD ayant des ressources secrètes, le directeur Nick Fury parvient à remettre sur pied son fidèle bras droit qui reprend du service pour l’agence. Cette fois-ci, pas question pour Coulson de rejoindre les Avengers, qui ne sont pas informés de sa résurrection. Il se voit donc confier par le directeur Fury le commandement d’une toute nouvelle équipe d’enquêteurs qu’il dirige à partir d’un QG volant, un Boeing C-17 Globemaster entièrement refondu par les services techniques du SHIELD. Parmi leurs missions figure bien entendu la lutte contre Hydra ainsi que d’autres menaces susceptibles de provoquer le chaos sur Terre. Ce groupe hétéroclite est composé des scientifiques Gemma Simmons et Leopold Fitz, de l’aviatrice experte en arts martiaux Melinda May et de Grant Ward, agent rompu aux missions tactiques les plus délicates. Mais cette équipe intègre également dans ses rangs la jeune Skye, une pirate informatique membre d’un groupe de hackeurs prônant la liberté d’expression, qui va nouer très rapidement un rapport père-fille avec l’agent Coulson.

Agents du Shield

Le passage d’un univers cinématographique à la télévision pourrait susciter bien des méfiances. La série issue des films La Planète des Singes dans les années 70 en est l’illustration. Pour éviter le même genre d’écueil, Marvel a fait le pari de la continuité en faisant appel à Joss Whedon, créateur de Buffy et surtout réalisateur des deux premiers Avengers, pour la conception des Agents du SHIELD. Et c’est un pari réussi, car le point de départ de cette déclinaison télévisée de l’univers Marvel est l’agent Coulson lui-même, sur qui repose l’intrigue de départ (et toute la série). Dès le début, le tempo imprimé permet à l’épisode pilote de démarrer sur les chapeaux de roue. Pour ne pas déstabiliser les nombreux fans de la franchise, la série s’appuie également sur des éléments connus. Il faut bien sûr garder de la cohérence avec les films. Tout au long de la série, il est ainsi fait allusion à plusieurs des métrages du MCU dont Iron Man 3Avengers : l’ère d’Ultron ou encore Captain America : le Soldat de l’Hiver pour ne citer qu’eux. Certains personnages connus, et moins connus, aperçus dans les films, font également une apparition en début de série. Mais si celle-ci se rapproche de l’univers familier du MCU, elle sait également s’en éloigner. L’action est omniprésente, les temps morts sont (très) rares, les personnages n’ont pas le temps de souffler et sont très souvent malmenés. L’univers dans lequel ils évoluent est en permanence remis en question. C’est donc un doux euphémisme de dire que les apparences sont souvent trompeuses dans Les Agents du SHIELD.

Tempo soutenu et renouveau permanent…

Si ce show doit beaucoup à ses scénaristes, il repose aussi grandement sur ses interprètes, à commencer par Clark Gregg qui réendosse le costume de l’agent Coulson pour notre plus grand plaisir. Son personnage, sous son apparence de fonctionnaire propre sur lui, au sourire naturel, cache en réalité un être complexe et déterminé, prêt à franchir les limites si cela s’avère nécessaire. Ming-Na Wen, qui incarne son bras droit, est parfaite dans le rôle de l’agent May et n’a absolument pas à rougir d’une comparaison avec Scarlett Johansson (la Veuve Noire). L’alchimie du duo Elisabeth Henstridge (Simmons) – Ian de Caestecker (Fitz) fonctionne elle aussi très bien. Pour sa part, Brett Dalton prête ses traits au « ténébreux » agent Ward. Quant à Chloé Bennet, elle fait merveille dans le rôle de Skye – Daisy Johnson dont le personnage ne cesse de s’étoffer au fil des saisons jusqu’à faire jeu égal avec Coulson et May. D’autres personnages viennent renforcer l’équipe, dont la sublime Adrianne Palicki qui personnifie l’agent Barbara Morse (« Mocking Bird ») et Nick Blood dans le rôle de son ex-mari l’agent Lance Hunter. Ce duo apporte une touche d’humour appréciable et on peut regretter leur (émouvant) départ au cours de la saison 3. Mais le tempo soutenu de la série, qui propose une intrigue par saison et pas des histoires différentes à chaque épisode, impose un renouveau permanent. Ce même rythme s’est finalement s’interrompu au terme de la septième saison dont les épisodes devaient être diffusés à partir de la fin du mois de mai 2020.

© Antoine Meunier

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MANDALORIAN (THE) (2019-2023)

La première série « live » dérivée de l'univers Star Wars nous plonge dans une étrange atmosphère de western spaghetti…

THE MANDALORIAN

2019/2023 – USA

Créée par Jon Favreau

Avec Pedro Pascal, Gina Carano, Carl Weathers, Nick Nolte, Werner Herzog, Taïka Waititi, Emily Swallow, Omid Abtahi, Ming-Na Wen, Giancarlo Esposito

THEMA SPACE OPERASAGA STAR WARS

Depuis que Lucasfilm est passée dans le giron de Disney en 2012, les produits estampillés Star Wars ont méthodiquement poussé comme des champignons. Trois épisodes supplémentaires, dont les scénarios sont franchement médiocres, sont venus enrichir l’univers classique. Deux autres long-métrages « spin-off » ont également été réalisés : le très bon Rogue One (en 2016) situé immédiatement avant l’Episode IV et le fort moyen Solo (en 2018), qui revient sur la jeunesse de notre chasseur de primes préféré. Quant à l’idée d’une série télévisée en prises de vue réelles de l’univers Star Wars, elle n’est pas nouvelle. Elle fut évoquée par George Lucas, lui-même, lors de la promotion du quatrième Indiana Jones en 2008. Cette série, baptisée Star Wars Underworld, devait se passer entre les épisodes III (La Revanche des Sith) et IV (Un Nouvel Espoir). Pour des raisons de coûts, le créateur de la saga galactique la plus célèbre du cinéma n’a malheureusement pas concrétisé cet autre segment de son univers, malgré l’attente évidente des fans. Mais avec l’arrivée de The Mandalorian, l’absence d’une série télévisée dans l’univers Star Wars est maintenant comblée.

The Mandalorian est situé juste après Le Retour du Jedi. Cinq ans se sont écoulés depuis la bataille d’Endor et l’Empire n’en finit plus de s’effondrer. La nouvelle république tente de restaurer la démocratie face à l’émergence de multiples seigneurs de guerre qui tentent de s’approprier le pouvoir. Dans cet univers en décomposition, à l’atmosphère de western, nous faisons la connaissance sur la planète Nevarro de Mando, un chasseur de primes mandalorien qui exécute de basses besognes pour survivre. Moyennant une prime très élevée, il se voit un jour assigné comme mission de récupérer un enfant de la même espèce que Yoda (tout de même âgé de 50 ans) pour un commanditaire protégé par une meute de stormtroopers désœuvrée, et visiblement ancien officier de l’Empire. Après avoir livré sa proie et touché sa prime, Mando finit par se raviser et revient sauver l’enfant qui, à la grande surprise du chasseur de primes, parait maitriser la Force. Dès lors, Mando devient la cible de tous les chasseurs de primes de la galaxie qui se lancent à sa poursuite. Il parvient à quitter d’extrême justesse la planète Nevarro pour un road trip à travers la galaxie où il va croiser de multiples personnages qui tentent, eux aussi, de se reconstruire après le terme du conflit entre l’Alliance Rebelle et les force de l’Empire. Mention particulière à Gina Carano qui joue la sculpturale Cara Dune et Carl Weathers qui interprète l’ambigu Greef Karga, ex-magistrat et chef peu scrupuleux de la guilde des chasseurs de primes.

Cinq ans après Le Retour du Jedi

Créé par Jon Favreau, que l’on connait bien sous les traits de Happy Hogan, l’attachant garde du corps de Tony Stark dans le MCU, The Mandalorian s’avère être une excellente surprise. La production est particulièrement soignée. L’univers visuel mélange savamment les CGI et les personnages réels. Les aliens par exemple sont incarnés par des comédiens déguisés. Le pari était risqué mais la série parvient à retrouver le charme de la trilogie originale. D’indispensables éléments familiers, qui constituent autant de clins d’œil, sont présents tout au long de cette courte saison de huit épisodes. Il faut satisfaire les attentes des fans de la franchise qui restent particulièrement exigeants. Le rythme est lent, les épisodes ne s’embarrassent pas de fioritures et vont à l’essentiel et…ça marche ! En avançant dans la série, on se surprend à s’attacher à cet énigmatique chasseur de primes qui, comme Django Fett et son fils Boba, garde ostensiblement sa tête couverte par son casque. Mais le personnage qui lui vole la vedette est incontestablement « The Child », la petite marionnette affectueusement rebaptisée « Baby Yoda » par les fans, enjeu de bien des convoitises dans cette galaxie lointaine. Les deux protagonistes principaux que sont Mando et Baby Yoda forment un improbable duo que tout oppose mais que les aventures communes vont rendre interdépendants. Réussite scénaristique et artistique, The Mandalorian devrait s’étaler sur au moins trois saisons. 

 

© Antoine Meunier

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TONNERRE MÉCANIQUE (1985)

Un policier/agent secret enfourche la moto du futur pour partir combattre le crime dans les rues de Los Angeles

STREET HAWK

1985 – USA

Créée par Robert Wolterstorff, Paul Belous, Bruce Lansbury

Avec Rex Smith, Joe Regalbuto, Richard Venture, Jeannie Wilson, Georges Clooney, Christopher Lloyd, Charles Napier, Dennis Franz

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Une voiture qui parle, un policier holographique, un hélicoptère supersonique ou encore une moto que n’aurait pas renié James Bond, les séries télévisées mettant en vedette des éléments technologiques ont poussé comme des champignons au cours des années 80. Tonnerre Mécanique, ou Street Hawk en anglais, fait partie de ce paysage audiovisuel high-tech. Le personnage principal s’appelle Jesse Mach, un motard de la police de Los Angeles blessé lors d’une opération. Il sera dès lors muté au service de presse de la police de la Cité des Anges. Mais en parallèle, il est recruté par une agence ultra secrète des États-Unis et va œuvrer pour combattre le crime en pilotant le Tonnerre Mécanique, « un engin d’une conception révolutionnaire capable de dépasser les 500 km/h », selon le pitch d’introduction en début de chaque épisode. Il est supervisé dans sa mission par l’agent fédéral Norman Tuttle, le seul au courant de la vraie nature de la mission de Jesse Mach. Vêtu d’une combinaison et d’un casque intégral masquant son visage pour masquer son identité, notre héros affrontera des révolutionnaires sud-américains en exil, des gangs de banlieue, des braqueurs de banque, et protègera une chanteuse de rock victime d’un maitre-chanteur.

A l’image de Supercopter et K2000Tonnerre Mécanique fut pour la première fois diffusé sur feu La Cinq, chaque vendredi soir dans « A fond la Caisse » en 1986. Et le succès fut immense dans nos contrées. Un succès qui doit beaucoup au thème musical électronique du groupe de rock électronique allemand Tangerine Dream. Au cours de chaque épisode, la partition (qui résonne toujours dans nos têtes 35 ans plus tard… !) illustre entre autres les moments où la moto et son pilote se déplacent à très grande vitesse dans les rues de Los Angeles. Des moments qui n’utilisaient aucun effet spécial mais principalement des effets d’accéléré. Dotée d’un arsenal digne d’un hélicoptère de combat, la moto pouvait également accomplir des bonds de dix mètres de haut. Une prouesse qui était obtenue grâce à un judicieux positionnement de la caméra. L’absence du moindre effet spécial dans la série témoigne malheureusement d’un budget bien maigre.

Une seule saison pour le « Faucon des rues »

Peut-être plus à l’aise devant un micro (il a notamment joué Danny Zuko dans la comédie musicale Grease), Rex Smith prête ses traits à l’inspecteur Jesse Mach. Il détient également le privilège d’avoir été le premier acteur à personnifier l’avocat aveugle Matt Murdock alias Daredevil dans le téléfilm de 1989 Le procès de l’incroyable Hulk, avec le regretté Bill Bixby dans le rôle du docteur Banner. Véritable phénomène à sa diffusion, Tonnerre Mécanique ne durera qu’une courte saison de treize épisodes. Les scénarios s’avèrent assez peu convaincants et c’est donc assez logiquement qu’elle disparait de l’antenne américaine, une fois le dernier épisode diffusé le 16 mai 1985. Malgré son passage éclair dans le paysage audiovisuel, la série peut tout de même se targuer d’avoir accueilli des acteurs connus dont Christopher Lloyd (Retour vers le Futur) ou encore Dennis Franz (NYPD Blues). Elle aura également donné sa chance à un jeune comédien en devenir qui s’illustrera quelques années plus tard en médecin urgentiste à la télévision et en chef de bande au cinéma : un certain Georges Clooney.
 
© Antoine Meunier

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ENVAHISSEURS (LES) (1967-1968)

La série TV qui a transformé Roy Thinnes en superstar et tous les téléspectateurs en paranoïaques aigus…

THE INVADERS

1967/1968 – USA

Créée par Larry Cohen et Quinn Martin

Avec Roy Thinnes, William Woodson, Kent Smith, Suzanne Pleshette, Harold Gould, Max Kleven, Linn McCarthy, Alfred Ryder

THEMA EXTRA-TERRESTRES

« Les Envahisseurs, des êtres étranges venus d’une autre planète. Leur destination : la Terre. Leur but : s’y établir et en faire leur univers. David Vincent les a vus. Pour lui, cela a commencé pendant une triste nuit, le long d’une route solitaire de campagne, alors qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva. Cela a commencé par une auberge abandonnée et un homme trop fatigué par le manque de sommeil pour continuer son voyage. Cela a commencé par l’atterrissage d’un vaisseau spatial. À présent, David Vincent sait que les envahisseurs sont là, qu’ils ont pris forme humaine et il lui reste à convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé… » Difficile d’imaginer un texte d’introduction plus accrocheur ! À l’origine des Envahiseurs, il y a Larry Cohen, scénariste et réalisateur débordant d’idées originales avec un goût prononcé pour le fantastique et la science-fiction. Futur réalisateur de Le Monstre est vivantMeurtres sous ContrôleEpouvante sur New York ou encore L’Ambulance, Cohen développe l’idée d’un héros solitaire alerté par la présence d’extra-terrestres sur Terre, dissimulés par une apparence humaine et donc indétectables. Ce concept, dérivé de L’Invasion des Profanateurs de Sépultures, se prête à merveille aux mentalités inquiètes et paranoïaques de la société américaine du milieu des années 60, au cœur de la guerre froide et de la guerre du Vietnam. Les Envahisseurs se concrétise lorsque la chaîne ABC s’y intéresse et lorsque Quinn Martin accepte d’en devenir le producteur exécutif. Ce dernier est déjà un vieux routier de la télévision, aguerri par son expérience sur Les IncorruptiblesSur la piste du crime et Le Fugitif

Pour fructueuse qu’elle soit, la collaboration entre Cohen et Martin n’est pas simple, le second modifiant drastiquement les scénarios du premier pour les ramener à une durée de 52 minutes par épisode (au lieu des 26 minutes initialement prévues) et mieux les adapter à sa propre sensibilité. Si le sujet de la série saura attirer le public friand de science-fiction (principalement masculin), Martin ne veut pas pour autant laisser de côté les téléspectatrices. Il choisit donc un comédien principal au charme magnétique indéniable. Roy Thinnes devient ainsi David Vincent, prototype du héros paranoïaque dont on retrouvera des traces bien des années plus tard chez le Fox Mulder de X-Files. Réalisé par le vétéran Joseph Sargent (Lassie, Gunsmoke, Des Agents très spéciauxLe Fugitif), le pilote des Envahisseurs donne l’impulsion de la série, qui commence sa diffusion sur ABC le 10 janvier 1967. 

Une histoire sans fin…

Les gimmicks qui ponctuent le programme (la musique anxiogène de Dominic Frontiere, le petit doigt dressé qui permet de repérer les extra-terrestres, leur mort spectaculaire sous forme d’une dissolution rougeâtre, les décors désertiques et désaffectés qui contribuent à une atmosphère oppressante) deviennent instantanément des objets de culte. Après 17 épisodes, une seconde saison est lancée en septembre 1967. Elle se termine en mars de l’année suivante sans proposer un épisode final digne de ce nom. Les événements restent en suspens, provoquant une frustration d’autant plus forte qu’elle semble inexplicable. Le succès de la série est en effet croissant, et se déploie en France où Les Envahisseurs se mue littéralement en phénomène de société dès ses premières diffusions en 1969 sur TF1. L’interruption brutale de la série semble être due à une mésentente visiblement insoluble entre Quinn Martin et les dirigeants du réseau ABC. Mais finalement, la non résolution de cette intrigue finit par contribuer à sa légende et à accroître le sentiment d’angoisse et d’insécurité que voulait véhiculer Larry Cohen dès ses premiers jets scénaristiques.
 
© Gilles Penso

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SUPERCOPTER (1984-1987)

Jan-Michael Vincent et Ernest Borgnine s'envolent à bord de l'hélicoptère le plus sophistiqué de tous les temps pour sauver le monde

AIRWOLF

1984/1987 – USA

Créée par Donald P. Bellisario

Avec Jan-Michael Vincent, Ernest Borgnine, Jean-Bruce Scott, Alex Cord, Deborah Pratt, David Hemmings, Belinda Bauer, Barry Van Dyke, Michelle Scarabelli, Geraint Wyn Davies

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

En 1983, John Badham réalise Tonnerre de Feu, peut-être l’un de ses meilleurs films avec War Games. Ce long-métrage met en scène Roy Scheider dans le rôle d’un pilote de la police de Los Angeles, chargé d’évaluer un hélicoptère surarmé et destiné à la surveillance de la ville dans la perspective des Jeux Olympiques l’année suivante. Une adaptation en série télévisée, avec James Farentino dans le rôle-titre, en sera tirée mais ne connaitra pas le succès. Quasiment à la même époque, et alors qu’il se trouve sur le tournage d’un épisode de la mythique série Magnum, le producteur Donald P. Bellisario a l’idée de Supercopter, avec comme personnage central un hélicoptère aux capacités révolutionnaires. L’épisode pilote, écrit et réalisé par Bellisario, présente Stringfellow Hawke (Springfellow en français), ancien pilote de chasse de l’US Air Force et vétéran de la Guerre du Vietnam, et son mentor Dominic Santini, également pilote d’hélicoptère, chargés par Michael Goldsmith-Brigss III (dit Archangel), chef de l’organisation FIRM, de récupérer ledit hélicoptère qui a été vendu par son inventeur, le sinistre docteur Charles Henri Moffet (David Hemmings), à la Libye. Les deux héros récupèrent l’appareil mais Hawke décide de le conserver et de le cacher afin de soutirer des informations à Archangel sur le sort de son frère St John, porté disparu au Vietnam. En échange, ils accompliront toutes sortes de missions pour le compte de leur patron borgne, éternellement vêtu d’un costume trois pièces blanc.

S’installant sur la petite lucarne américaine à partir du 22 janvier 1984, Supercopter surfe sur la mode des justiciers dotés d’une technologie de pointe pour réaliser leurs missions (K 2000 et Tonnerre Mécanique obéissaient également à cette logique). La série ne débarque sur nos écrans qu’à partir du 24 décembre 1985 dans les programmes de feu La Cinq. A 19h30, chaque lundi soir, le public embarquait à bord de cet hélicoptère noir, capable de rivaliser avec un avion de chasse en filant à travers le ciel à Mach 2. Ce qui est, bien évidemment, totalement impossible dans la réalité. Le budget trop restreint de la production ne permettait malheureusement pas d’envisager des scènes de combat aériens à la Top Gun, d’autant que la série ne bénéficiait d’aucun soutien matériel du département de la défense américain (DoD). L’usage répétitif de stock-shots, provenant notamment de l’US Air Force, amenait souvent à revoir les mêmes plans aériens d’un épisode à l’autre. Malgré tout, la série a su restituer le sentiment de paranoïa qui régnait dans les années 80. Rappelons que la Guerre Froide battait son plein. Le monde (donc l’Amérique) avait besoin de héros. Le ténébreux Jan-Michael Vincent (Le FlingueurLes Survivants de la Fin du Monde) prête ses traits à Springfellow Hawke et le vétéran Ernest Borgnine, que l’on ne présente plus, joue quant à lui le rôle de Dominic Santini, mentor du héros. Durant trois saisons, le duo accomplira les missions les plus délicates à bord de l’appareil, aidé à partir de la seconde saison par Caitlin O’Shannesy, incarnée par Jean Bruce-Scott. Alex Cord est quant à lui Archangel, et Deborah Pratt incarne Marella, son assistante, également tout de blanc vêtue.

Plus dure sera la chute…

Supercopter connaîtra un immense succès qui sera malheureusement interrompu par les excès de son interprète principal, régulièrement sous l’emprise de l’alcool. Une conduite tellement excessive à partir de la seconde saison que sur les plateaux de tournage, l’acteur doit être doublé pour la moindre scène d’action. La série s’arrête en 1986 après 56 épisodes, du moins dans sa forme initiale. Les producteurs de USA Network, désireux de sauver le show, en rachètent les droits à CBS. Pour la quatrième et dernière saison, Barry Van Dyke, dans le rôle de St John, le frère disparu de Springfellow, reprend les commandes de l’hélicoptère supersonique. Mais c’est en fait toute l’équipe de comédiens qui est remplacée à la suite du comportement autodestructeur de Jan-Michael Vincent, dont la carrière sera malheureusement définitivement brisée. Au terme d’une quatrième et fort moyenne saison, Supercopter s’arrête définitivement, mais elle est aujourd’hui définitivement entrée dans la légende des séries télévisées.
 
© Antoine Meunier

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HOMME QUI VALAIT TROIS MILLIARDS (L’) (1974-1978)

Lee Majors entre dans la peau bio-ionique du super-héros télévisé le plus populaire de tous les temps

THE SIX MILLION DOLLAR MAN

1974/1978 – USA

Créée par Kenneth Johnson

Avec Lee Majors, Richard Anderson, Alan Oppenheimer, Martin E. Brooks, Darren McGavin, Lindsay Wagner

THEMA SUPER-HEROS I ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

« Steve Austin, astronaute. Un homme tout juste vivant. Messieurs, nous pouvons le reconstruire. Nous en avons la possibilité technique. Nous sommes capables de donner naissance au premier homme bio-ionique. Steve Austin deviendra cet homme. Il sera supérieur à ce qu’il était avant l’accident. Le plus fort, le plus rapide, en un mot, le meilleur ! ». Véritable madeleine de Proust pour des générations de téléspectateurs bercés par les exploits de Steve Austin, bien avant que la vogue des super-héros ne s’empare de tous les écrans au début des années 2000, ce texte d’introduction en voix-off ouvre chaque épisode de L’Homme qui valait trois milliards, l’une des séries les plus populaires des années 70. Tout est né dans l’esprit de Richard Irving, alors vice-président d’Universal Télévision. En lisant le roman « Cyborg » de Martin Caidin, il entrevoit le potentiel d’un téléfilm à succès. Le scénario nous familiarise avec un astronaute de la NASA (Lee Majors), très grièvement blessé après le crash de son avion. Laissé pour mort, il est opéré par le docteur Rudy Wells (Martin Balsam) qui remplace ses jambes, son bras droit et son œil gauche par des éléments robotiques, augmentant de manière considérable ses capacités physiques. 

Désormais, il court à toute vitesse, effectue des sauts spectaculaires, possède une force musculaire accrue (avec son bras droit) et voit très loin (de l’œil gauche). Écrit par Terrence McDonnell et réalisé par Richard Irving, le téléfilm est diffusé sur ABC en mars 1973 et remporte un grand succès. Deux téléfilms suivront, avant le lancement de la série chapeautée par Kenneth Johnson. Si le docteur Wells change d’interprète à plusieurs reprises au fil des ans (Alan Oppenheimer, Martin E. Brooks), un membre incontournable du casting s’impose : Oscar Goldman, incarné par Richard Anderson. Figure autoritaire et paternelle, il supervise les missions de Steve Austin, désormais agent spécial au service de l’OSI (Office of Scientific Information) pour lutter contre les criminels et les espions ennemis. Bien sûr, le succès de la série doit beaucoup à la présence magnétique de Lee Majors, qui effectue lui-même la grande majorité de ses cascades (comme il le fera plus tard dans L’Homme qui tombe à pic) et tente parfois des changements de look plus ou moins heureux (sa petite moustache en début de quatrième saison ne sera pas du goût de tout le monde). 

L'homme qui courait au ralenti

Autre élément indissociable du culte généré par L’Homme qui valait trois milliards : sa gestion originale des super-pouvoirs. Alors que les effets spéciaux ne permettent pas encore de faire des miracles, surtout dans le cadre d’un programme télévisé, l’inventivité prend le relais. Contre toute attente, la rapidité de la course de l’homme bio-ionique est traitée au ralenti, ses sauts prodigieux sont filmés à l’envers et chacune de ses démonstrations de force s’accompagne d’un bruitage entré dans la légende. La popularité inattendue d’un personnage secondaire, Jamie Sommers, donnera naissance en 1976 à un spin-off à succès : Super Jaimie. Héros préféré des jeunes téléspectateurs du monde entier, L’Homme qui valait trois milliards cessera ses activités en 1978, ce qui ne l’empêchera pas de revenir ponctuellement aux côtés de son alter-ego féminin à l’occasion des téléfilms Le Retour de l’homme qui valait trois milliards et de Super Jaimie (1987), L’Espion bionique (1989) et Mariage Bionique (1994).
 
© Gilles Penso

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