SENSE 8 (2015-2018)

Dans cette série de science-fiction qui se déploie aux quatre coins du monde, les Wachowski étudient les mystères de l’émotion humaine…

SENSE 8

 

2015/2018 – USA

 

Créée par Lana et Lilly Wachowski, J. Michael Straczynski

 

Avec Aml Ameen, Bae Doona, Jamie Clayton, Tina Desai, Tuppence Middleton, Max Riemelt, Miguel Angel Silvestre, Brian J. Smith, Freema Agyeman, Alfonso Herrera

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX

Passer des salles de cinéma au petit écran était le pari risqué des Wachowski (Bound, Matrix, Cloud Atlas, Jupiter le destin de l’univers). C’est pourtant le saut qu’effectuent les cinéastes en présentant Sense 8 sur la plateforme Netflix, une fresque en deux saisons et vingt-quatre épisodes qui nous entraîne tout autour du monde, de Mexico à San Francisco en passant par Chicago, Londres, Nairobi, Berlin, Mumbai et Séoul. À travers ce récit globe-trotter, nous découvrons huit personnages, huit personnalités, huit cultures différentes, huit histoires… qui n’en deviennent qu’une. Tout commence dans une église abandonnée. Avant de se suicider, une femme nommée Angelica (Daryl Hannah) active une connexion entre huit personnes éparpillées aux quatre coins du monde. Ces huit individus que rien de liait jusqu’alors sont Capheus (Aml Ameen), Sun (Bae Doona), Nomi (Jamie Clayton), Kala (Tina Desai), Riley (Tuppence Middleton), Wolfgang (Max Riemelt), Lito (Miguel Angel Silvestre) et Will (Brian J. Smith). Chacun d’entre eux essaie de vivre son quotidien tout en essayant de comprendre comment et pourquoi il est connecté avec les sept autres. Si Angelica s’est donnée la mort, c’est pour éviter d’être capturée par un homme inquiétant surnommé « Whispers » au service de l’occulte Organisation de Préservation Biologique…

Sense 8, c’est donc l’histoire de huit personnes reliées les unes aux autres par quelque chose qu’elles cherchent à comprendre. Alors qu’elles apprennent au fil de l’intrigue à vivre en partageant leurs émotions et les moments clés de leur vie, elles comprennent qu’elles peuvent se parler, s’écouter, s’entraider. Petit à petit, ces protagonistes interconnectés vont découvrir pourquoi ils sont reliés et, fatalement, quel danger les menace. Ce mystère est mené habilement tout au long des épisodes, chacun prenant le temps d’introduire les différents personnages et leur vie individuelle avant de les relier progressivement, nous offrant des scènes magnifiques et sensuelles, des moments partagés qui prennent peu à peu de l’ampleur pour nous amener vers un final grandiose. Par bien des aspects, Sense 8 nous rappelle Cloud Atlas qui lui aussi, à sa manière, liait des individualités à priori sans rapport les unes avec les autres.

L’empire des sens

En dehors de l’aspect science-fictionnel de son postulat, Sense 8 est une fresque sur l’humanité doublée d’un excellent divertissement tour à tour palpitant, drôle, romantique, magique… avec une jolie morale : quelle que soit leur ethnie, leur sexualité, leur lieu de vie, leur histoire, les hommes au bout du compte sont tous semblables. Car ce qui nous rend humains, ce sont nos émotions. Au passage, les Wachowski abordent plusieurs thématiques qui leur sont chères, notamment la question de l’identité sexuelle, la notion de genre mais aussi plusieurs problématiques sociétales et politiques. Même si la seconde saison s’achève sur un cliffhanger appelant une suite, Netflix décide de ne pas renouveler la série. Face à la levée de boucliers des téléspectateurs, un épisode final spécial de deux heures et demi permettra en 2018 d’offrir à Sense 8 une conclusion digne de ce nom. Saluée par la critique et multi-récompensée, cette série hors du commun est une nouvelle pierre au curieux édifice artistique bâti par les Wachowski depuis le début de leur carrière.

 

© Catheolia

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BOYS (THE) (2019-2023)

Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les super-héros : leur véritable nature n’a rien de très reluisant, bien au contraire !

THE BOYS

 

2019/2023 – USA

 

Créée par Eric Kripke

 

Avec Karl Urban, Jack Quaid, Antony Starr, Erin Moriarty, Jessie T. Usher, Laz Alonso, Chace Crawford, Tomer Capone, Karen Fukuhara, Nathan Mitchell

 

THEMA SUPER-HÉROS

On croyait avoir tout lu, tout vu et tout entendu sur les super-héros. Le thème ayant été accommodé à toutes les sauces et décliné tous azimuts, il avait peu de chance de nous surprendre encore. Jusqu’à ce que The Boys débarque sur les petits écrans et remette les compteurs à zéro. Désormais, il n’est plus possible d’appréhender les super-justiciers costumés comme autrefois. Pour autant, The Boys n’est pas arrivé de nulle part. Au départ, il s’agit d’une bande dessinée écrite par Garth Ennis dont la publication commence en 2006. Violente, subversive, trash et satirique, cette série de comics détourne les codes habituels des aventures super-héroïques en prolongeant la démarche adoptée par « The Watchmen » – qui consistait déjà à faire tomber de leur piédestal les émules de Superman et Wonder Woman – pour la pousser plus loin… beaucoup plus loin ! Le projet d’une adaptation « live » de cette BD pour les besoins d’une série TV était en soi attrayant, mais il semblait évident que le matériau original risquait de perdre beaucoup de son irrévérence et de ses excès au passage. Or il n’en est rien. Développée par Eric Kripke (Supernatural, Timeless) après qu’un long-métrage réalisé par Adam McKay fut un temps envisagé, la version télévisée de The Boys n’édulcore en rien le propos des comics de Garth Ennis, bien au contraire.

Comme la BD qui l’inspire, The Boys se déroule dans le même monde que le nôtre, à une différence près : plusieurs individus sont dotés de super-pouvoirs et s’affirment aux yeux du public comme des héros. Chacun d’entre eux travaille pour la puissante société Vought qui les commercialise, contrôle leur image et vante leurs exploits imaginaires à travers une série de médias (films, séries TV, réseaux sociaux). En réalité, ces super-justiciers n’ont rien de particulièrement héroïque. Nous ne sommes pas chez Marvel ou DC, et leurs pouvoirs ne leur donnent aucune responsabilité. Au contraire, ils sont mégalomanes, abusifs, gâtés, irresponsables, voire meurtriers. Leur cote de popularité importe bien plus que la justesse de leurs actes. Héros de blockbusters, vitrrines de gros annonceurs publicitaires, portes parole de la propagande gouvernementale lorsque c’est nécessaire, ils ne sont que le produit de la société de consommation qui les a créés. Mais bientôt, un groupe de mercenaires mené par le brutal Billy Butcher décide de faire tomber Vought et ses superstars réunies sous forme d’une équipe, « Les Sept », variante dégénérée des Avengers ou de la Justice League.

Les caprices des dieux

L’amateur de comic books s’amusera à reconnaître des imitations à peine déguisées de Superman, Wonder Woman, Aquaman ou Flash. Le plus terrifiant de tous ces « héros » est Homelander (Le Protecteur), un être tout-puissant qui, sous ses allures de super-soldat à mi-chemin entre le Man of Steel de DC et le Captain America de Marvel, le sourire éclatant, le regard rassurant et le cheveu blond bien peigné, cache des tendances psychopathes incontrôlables. Il se prend pour un dieu capricieux, supérieur à tous les autres êtres de la planète, incapable de distinguer le bien du mal tout en prétendant bien sûr le contraire. Antony Starr, son interprète, entre tant dans la peau du personnage que chacune de ses apparitions provoque un malaise durable. Butcher, lui, a pris les traits de Karl Urban, dont le charisme et l’impressionnante présence physique emportent immédiatement le morceau. Mais le véritable protagoniste de The Boys est Hughie, un sympathique jeune homme qui prend fait et cause pour les « mauvais garçons » le jour où l’un des membres des Sept tue accidentellement sa petite amie. Dans les albums dessinés par Darick Robertson, le personnage avait les traits de l’acteur Simon Pegg. Si en 2019 ce dernier est désormais trop vieux pour jouer le personnage, il accepte d’incarner son père, le rôle d’Hughie étant confié à l’excellent Jack Quaid. Le casting est sans conteste l’un des points forts de The Boys. La série est provocatrice, amorale, gore, mais ce n’est pas un simple jeu de sale gosse conçu pour choquer gratuitement. Ses super-héros au-dessus des lois (mais ce pourraient tout aussi bien être des footballers ou des rock stars) servent en réalité de prétexte à une dénonciation sans fards des travers et des turpitudes de notre société.

 

© Gilles Penso


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FLASH (2014-2023)

Le super-héros le plus rapide de l’univers DC débarque dans une série de science-fiction aux scénarios joyeusement délirants…

FLASH

 

2014/2023 – USA

 

Créée par Andrew Kreisberg, Greg Berlanti, Geoff Johns

 

Avec Grant Gustin, Candice Patton, Carlos Valdes, Rick Cosnett, Danielle Panabaker, Tom Cavanagh, Jesse L. Martin, Danielle Nicolet, Keiynan Lonsdale

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA DC COMICS

Parmi les nouveaux personnages de la saison 2 de Arrow, nous faisions la connaissance de Barry Allen, jeune scientifique travaillant pour la police scientifique de Central City. Le double épisode dans lequel il apparaissait se terminait par l’explosion d’un accélérateur de particules provoquant un éclair qui frappait le jeune homme, le plongeant dans le coma. La chaîne CW a très vite fait savoir que l’histoire de Barry Allen ne s’arrêterait pas là. Forte du succès du personnage (l’épisode avait alors enregistré le plus fort taux d’audience de la saison), une nouvelle série était annoncée. A la rentrée 2014, The Flash revient donc sur les petits écrans écrans. La première saison reprend Barry Allen là où nous l’avions laissé. Le jeune homme se réveille neuf mois après l’accident dans les laboratoires de Star Labs pour découvrir que l’éclair qui l’a frappé lui a conféré des capacités exceptionnelles : il peut courir à une vitesse extraordinaire. Aidé de Caitlin Snow, Cisco Ramon et Harrison Wells, Barry va découvrir exactement de quoi il est capable et utilisera ses nouveaux pouvoirs afin de chercher – et arrêter si besoin – tous ceux qui comme lui ont été touchés par l’explosion de l’accélérateur de particules. Comprenant aussi qu’il en a maintenant la possibilité, il s’emploiera également tout au long de la saison à enfin élucider le meurtre de sa mère, pour lequel son père est injustement emprisonné depuis plus de dix ans.

Présentée comme le Spin Off de Arrow, dont on verra régulièrement les personnages au cours de cette première saison, Flash nous emmène volontiers du côté surnaturel délaissé par sa grande sœur, nous offrant une vision plus légère de l’univers DC, avec son lot de superpouvoirs, de blagues nerds et de personnages attachants. Et si on comprend dès le premier épisode que tout n’est pas ce qu’il semble être, on ne s’ennuie pas une seconde au fil des aventures de ce jeune héros tout neuf qui apprend ses nouveaux pouvoirs tout en s’efforçant de mener une double vie. Les saisons suivantes s’amusent à décliner le concept jusque dans ses retranchements les plus extrêmes. Univers parallèles, voyages dans le temps, pouvoirs paranormaux, paradoxes temporels, mutations et menaces d’apocalypse sont donc au menu de cette série riche en rebondissements qui occupera les écrans pendant neuf années consécutives.

Flash-back

Arrivé tout droit de Glee, Grant Gustin mène le show série avec brio, convainquant dans son rôle de nouveau super-héros, accompagné de Candice Patton, Jessie L. Martin, et Tom Cavanagh. La ravissante Danielle Panabaker (Vendredi 13) et Carlos Valdes, ancien membre de la troupe Starkid, complètent cette équipe plongée dans les situations les plus invraisemblables. Les effets spéciaux sont très réussis et les épisodes s’enchaînent sur un rythme effréné en ne laissant aucune place pour l’ennui. Ceux qui connaissent la série Flash des années 90 auront le plaisir de voir plusieurs clins d’œil, via les présences de John Wesley Shipp, ancien interprète de Barry Allen qui campe ici son père Henry Allen, et de Mark Hamil, qui revient dans le rôle du Trickster. Côté guests nous trouverons aussi Wentworth Miller et Dominic Purcell (les héros de Prison Break) ainsi que Victor Garber (le père de Sydney Bristow dans Alias). On peut donc dire que Flash est un spectacle généreux et réjouissant qui aura eu entre autres vertus celle de mettre d’accord les fans de l’univers DC et les néophytes.

 

© Catheolia

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Z NATION (2014-2018)

Non contente de plagier les grands succès cinématographiques, la compagnie The Asylum s’attaque aux séries avec cette variante de Walking Dead…

Z NATION

 

2014/2018 – USA

 

Créée par Karl Schaefer et Craig Engler

 

Avec Kellita Smith, DJ Qualls, Michael Welch, Keith Allan, Anastasia Baranova, Russell Hodgkinson, Pisay Pao, Nat Zang, Tom Everett Scott, Harold Perrineau

 

THEMA ZOMBIES

Quand on regarde les premiers épisodes de la saison 1 de la série Z Nation produite par la société de production The Asylum, qui nous a déjà offert les décalés, délirants et forcément cultissimes épisodes de la saga Sharknado, on ne peut pas s’empêcher de comparer la trame principale avec le fameux show à succès zombiesque The Walking Dead diffusé sur la chaîne AMC. Créé en 2014 par Karl Schaefer (scénariste entre autres de quelques épisodes de Dead Zone) et Craig Engler (scénariste du téléfilm La Fureur du Yéti), Z Nation commence trois ans après l’apocalypse zombie causée par un virus a déjà tué la majorité de la population humaine. Cobaye malgré lui d’une expérience approuvée par le gouvernement en tant que détenu de la prison navale de Portsmouth à Kittery, dans le Maine, Murphy s’est vu injecter un vaccin qui semble l’avoir immunisé aux morsures des zombies. Son sang contient désormais des anticorps qui sont sans doute le dernier et meilleur espoir de l’humanité. Cependant, tout n’est pas encore gagné : il semble en effet se transformer en une sorte d’hybride entre le zombie et l’homme. Sa peau se détache, son corps devient bleu et il semble être capable de contrôler et même d’hypnotiser certains des zombies qu’il rencontre. Pour autant, Murphy ne s’est pas totalement transformé et reste maître de lui-même.

Tout au long de la série, cet être hybride voyage avec un petit groupe de survivants guidés par Simon Cruller, surnommé « Citizen Z », qui observe le monde à l’aide de ses multiples ordinateurs. Mais le terrible secret que cache Murphy pourrait mettre en danger l’équipe chargée de le conduire dans un laboratoire en Californie pour développer un vaccin. Le chemin sera long et semé d’embûches… Si l’on cherche la comparaison avec The Walking Dead, on se rend bien compte que les producteurs ont privilégié l’action plutôt que de se concentrer sur l’originalité du scénario et sur la psychologie de ses personnages. Z Nation mise donc beaucoup sur ses rebondissements, son suspense et son rythme constamment soutenu pour nous divertir. Et, ma foi, ça marche.

Série Z

Côté technique, saluons l’excellent travail effectué au niveau de l’étalonnage et de la photographie pour installer l’atmosphère sinistre et menaçante de ce monde qui appartient désormais aux zombies (ou aux Z comme on les appelle parfois). En revanche, il est fort dommage que les maquillages des morts vivants ne soient pas aussi détaillés et soignés que ceux de The Walking Dead. Néanmoins, en ce qui concerne les effets visuels, ils sont, pour la plupart, réussis. Au beau milieu du casting, les cinéphiles et « sérivores » reconnaitront sûrement quelques visages familiers comme Tom Everett Scott (Le Loup-garou de Paris), Kellita Smith (The Bernie Mac Show), DJ Qualls (Fusion – The Core), Harold Perrineau (Lost, les disparus), Michael Welch (Twilight – Chapitre 3 : hésitation) et Anastasia Baranova (Zoé Safari). En résumé, malgré une trame un peu trop prévisible, Z Nation est une nouvelle série de zombies divertissante qui comblera les attentes des fans du genre faute de les surprendre. Satisfaite des audiences, SyFy reconduisit la série pendant cinq saisons, ce qui témoigne de la popularité toujours vivaces des morts-vivants aux yeux des fantasticophiles.

 

© Grégory

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ARROW (2012-2020)

L’archer vert de DC Comics prend corps sous les traits musclés et charismatiques de Stephen Amell dans cette série à succès…

ARROW

 

2012/2020 – USA

 

Créée par Andrew Kreisberg, Greg Berlanti et Marc Guggenheim

 

Avec Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Willa Holland, Paul Blackthorne, Susanna Thompson, Emily Bett Richards, Cotton Haynes, John Barrowman

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA DC COMICS

Souhaitant profiter de l’engouement du public pour les films de super-héros, la chaîne américaine CW, bien décidée à remplacer sa série à succès Smallville arrêtée au printemps 2012, lance la production d’un nouveau show télévisé centré sur l’archer vert, un des personnages de la célèbre maison d’édition de bandes dessinées DC Comics à qui l’on doit, entre autres, les aventures de Batman, Green Lantern, Wonder Woman et Superman. La série Arrow s’intéresse au playboy milliardaire Oliver Queen, disparu en mer avec son père et sa petite amie. Retrouvé vivant cinq ans plus tard sur l’île mystérieuse de Lian Yu, près des côtes chinoises, il s’est transformé : plus fort, plus courageux, il est déterminé à débarrasser la ville de Starling City de la criminalité qui la gangrène. Il retrouve enfin sa famille et ses amis, notamment Tommy Merlyn et Laurel Lance. Mais la nuit venue, il agit en tant que justicier, pourchassant un à un les malfrats figurant dans le carnet de son père, avec l’aide de John Diggle et de Felicity Smoak. Or une conspiration dirigée par Malcolm Merlyn menace la ville. Via une série de flash-backs, la série raconte parallèlement aux exploits de cet émule modernisé de Robin des Bois ses mésaventures passés sur l’île hostile de Lian Yu.

Dès le visionnage de l’épisode pilote réalisé par David Nutter, un habitué des séries TV (il a signé bon nombre d’épisodes de séries comme Roswell, X-Files, Dark Angel ou encore Game of Thrones), nous sommes immédiatement captivés par l’intrigue. La psychologie complexe des protagonistes, le passé trouble d’Oliver Queen, les secrets de sa disparition mystérieuse, la conviction des comédiens et la maîtrise des scènes d’action opposant l’archer vert et les malfaiteurs de Starling City emportent l’adhésion et s’avèrent très prometteurs pour la suite. Au fil des épisodes, les scénarios ne manquent pas une occasion de surprendre les téléspectateurs. Si certains épisodes souffrent de pertes de rythme et si l’aspect « soap opera » des séquences romantiques peut faire sourire, la trame principale et les intrigues parallèles restent très bien menées. L’équilibrage entre le suspense, l’action et l’émotion fonctionne globalement très bien. Contrairement à Smallville, qui misait beaucoup sur le caractère fantastique de ses histoires, Arrow préfère opter pour une approche un peu plus réaliste, même si le surnaturel n’est jamais abandonné. Ici, le cerveau est aussi utile que les muscles et les super-pouvoirs n’ont pas vraiment droit de cité.

En plein dans le mille

Le casting est l’un des éléments forts d’Arrow. Stephen Amell (Private Practice) hérite du rôle du justicier vert et s’en sort plutôt bien. On s’aperçoit rapidement que l’acteur s’est donné au maximum physiquement pour donner corps (dans tous les sens du terme) au personnage. Katie Cassidy (Freddy, les griffes de la nuit) incarne l’ex-petite amie du justicier masqué Laurel Lance dont les sentiments à son égard restent bien sûr intenses… Notons aussi en tête d’affiche Colin Donnell (Pan Am), David Ramsey (Dexter), Willa Holland (Légion, l’armée des anges) ou encore John Barrowman (Torchwood) qui se révèle excellent sous la défroque du grand méchant. Côté guest-stars, on retiendra les présences de Manu Bennett (Spartacus), Kelly Hu (X-Men 2), Ben Browder (Stargate SG-1), Tahmoh Penikett (Man of Steel), Colton Haynes (Teen Wolf) et Emma Bell (Destination Finale 5). Excellente surprise malgré ses maniérismes calibrés pour un public adolescent (les muscles bandés d’un Stephen Amell volontiers torse-nu, le regard énamouré d’une Katie Cassidy qui ne sait plus à qui donner son cœur), Arrow est une série ambitieuse et riche en rebondissements dont la popularité lui permettra de se développer sur huit saisons et d’accoucher de The Flash, un très sympathique spin-off.

 

© Grégory

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CHRONIQUES MARTIENNES (1980)

Cette ambitieuse adaptation télévisée du célèbre recueil de nouvelles de Ray Bradbury raconte l’arrivée sur Mars des Terriens du futur…

THE MARTIAN CHRONICLES

 

1980 – USA

 

Réalisé par Michael Anderson

 

Avec Rock Hudson, Gayle Hunnicut, Fritz Weaver, Roddy Mac-Dowall, Bernie Casey, Barry Morse, Darren Mac-Gavin, Christopher Connelly, Nyree Dawn Porter, Maria Schell, Laurie Holden, Nicholas Hammond

 

THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES

Parmi les adaptations à l’écran de l’œuvre de Ray Bradbury, celle de Fahrenheit 451 par François Truffaut en 1966 est peut-être la plus célèbre. Quatorze ans plus tard, c’est un autre best-seller de l’écrivain natif de Waukegan, dans l’Illinois, qui connait les honneurs d’un passage sur la petite lucarne : « Les Chroniques Martiennes », un recueil de nouvelles écrites entre 1945 et 1950 et qui demeure aujourd’hui l’une des principales références de la littérature de science-fiction en matière d’exploration martienne. Cette vingtaine de récits est ainsi retranscrite sous la forme de trois téléfilms d’environ une durée de 100 mn chacun. Pour coller à l’actualité de l’époque, le premier épisode s’ouvre sur une reconstitution de l’arrivée bien réelle sur la planète rouge de la sonde Viking 1 de la NASA, posée sur Mars le 20 juillet 1976. Sa mission : déterminer si la quatrième planète du système solaire a été habitée ou non, ce que nous explique une voix off. Durant quelques instants, nous observons le petit engin atterrir puis scruter l’horizon aride et rouge de ce qui semble être un monde mort. Du moins en apparence car « les choses auraient été différentes si la sonde s’était posée seulement quelques kilomètres plus loin », ajoute soudainement la voix monocorde du narrateur. Les trois téléfilms nous content ainsi la conquête de Mars par les humains. Une conquête qui va entraîner la disparition de l’antique civilisation martienne avec l’arrivée massive des colons pour remodeler cette planète à leur image.

Le premier des trois téléfilms, titré « Les expéditions », réadapte les nouvelles « Février 1999 : Ylla », « Avril 2000 : la troisième expédition » (qui devient la seconde à l’écran) et « Juin 2001 : et la Lune toujours aussi brillante ». Les premiers explorateurs sont confrontés aux derniers représentants de la race martienne qui tentent désespérément de préserver leur monde en utilisant notamment différents subterfuges télépathiques. Les membres d’équipage des deux premières missions connaissent ainsi un sort funeste tandis que ceux de la troisième, à l’exception de son commandant (Rock Hudson) et de son second (Darren Mac Gavin), seront tués par un des leurs (Bernie Casey) en proie à une crise morale sur le droit des hommes à s’attribuer un monde qui n’est pas le leur. La seconde partie, « Les colons », s’attarde sur la colonisation de la planète par les Terriens, à un rythme que ne renierait pas Elon Musk, pour façonner un monde à l’image de celui qu’ils sont en train de perdre. Nous suivons ainsi plusieurs personnages expatriés sur Mars pour redémarrer une vie marquée par les drames ou, simplement, pour chercher la fortune. Trois autres récits sont mixés pour former un tout cohérent : les nouvelles « Septembre 2005 : le Martien », « Novembre 2005 : la morte-saison » et « Les ballons de feu » qui n’est toutefois pas publié dans « Les chroniques martiennes » mais dans « L’homme illustré ». Le troisième et dernier épisode reprend différents éléments des récits « Août 2002 : rencontre nocturne », « Décembre 2005 : les villes muettes », « Avril 2026 : les longues années » et « Octobre 2026 : le pique-nique d’un million d’années ». Les colons ont fini par déserter Mars pour retourner sur la Terre en proie à la guerre.

Dans le sillage de La Quatrième Dimension

Tournés à Malte et à Lanzarote (iles Canaries) pour figurer les paysages arides de Mars, les trois téléfilms ont tous été scénarisés par le grand Richard Matheson et sont mis en scène par Michael Anderson (qui livra notamment L’Âge de cristal en 1976). S’ils ne parviennent pas totalement à restituer la poésie du roman initial (Bradbury jugeait d’ailleurs cette adaptation « juste ennuyeuse »), le climat de ces chroniques martiennes sur petit écran distille quand même une forme d’angoisse qui rappelle celle de La Quatrième Dimension. Matheson a d’ailleurs écrit parmi les meilleurs épisodes de la série créée par Rod Serling. C’est notamment vrai pour le segment « Avril 2000 » de la première partie avec Nicholas Hammond – premier interprète télévisuel de Spider-Man quelques années plus tôt – dans le rôle du commandant de la seconde expédition martienne qui croit revenir sur Terre 20 ans avant son départ. A la tête du casting, Rock Hudson joue le rôle de John Wilder, personnage récurrent tout au long de cette conquête de Mars, qui s’avère être la planche de salut d’une humanité décimée par un conflit atomique. L’acteur, dont la carrière cinématographique marquait le pas, trouvait à l’époque un second souffle sur le petit écran. Si cette mini-série n’a pas été épargnée par l’usure du temps (la musique disco et les effets spéciaux font aujourd’hui gentiment sourire), elle reste néanmoins un très agréable moment de télévision. C’est déjà ça…

 

© Antoine Meunier


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GUERRE DES MONDES (LA) (2019)

Le roman classique de H.G. Wells se voit offrir une adaptation soignée qui – une fois n’est pas coutume – respecte son cadre historique original…

THE WAR OF THE WORLDS

 

2019 – USA

 

Réalisé par Craig Viveiros

 

Avec Eleanor Tomlinson, Rafe Spall, Rupert Graves, Robert Carlyle, Woody Norman, Jonathan Aris, Nicholas Le Prevost, Susan Wooldridge

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Production britannique conçue pour la chaîne BBC, La Guerre des mondes est une des nombreuses adaptations du roman éponyme de H.G. Wells, indiscutable précurseur de la science-fiction contemporaine. Il s’agit ici d’une mini-série créée et écrite par Peter Harness (connu principalement pour avoir écrit des épisodes de séries comme Docteur Who, Jackson Brodie détective privé et McMafia) qui s’inspire beaucoup plus de l’œuvre originale que d’autres versions, cherchant même à en retrouver le contexte historique. L’intrigue se situe donc dans l’Angleterre de 1905, à l’époque du roi Édouard VII. George, journaliste londonien, a quitté sa femme et tente de commencer une nouvelle vie commune avec Amy. Mais son tranquille quotidien est interrompu par l’apparition de plusieurs météorites qui s’écrasent à proximité du village d’Orcel. Accompagnés de leur voisin expert en astronomie, George et Amy se rendent sur le site de l’impact, bientôt suivis par les forces de l’ordre. Or les météorites sont en réalité des sphères extraterrestres venant de Mars. Bientôt, des tripodes géants sortent de terre en détruisant tout sur leur passage, tuant les humains et crachant une fumée noire dévastatrice. L’invasion martienne a commencé…

Contrairement à ce que les téléspectateurs pourraient imaginer, cette Guerre des mondes n’offre pas un florilège de scènes d’action et de rebondissements à foison comme Hollywood sait si bien le faire (et comme ce fut le cas pour le long-métrage de Steven Spielberg). Cette version s’intéresse surtout aux protagonistes, à leurs réactions face aux évènements malheureux qui s’abattent sur la population et aux connotations philosophiques d’un tel cataclysme sur la société… Subdivisée en seulement trois épisodes d’une quarantaine de minutes, cette mini-série se frottait à un gros challenge : celui de faire naître notre intérêt pour chaque personnage en si peu de temps. Il n’était pas simple de les rendre rapidement attachants pour nous confronter à leurs sentiments, leurs émotions et leurs destinées… Eh bien, challenge réussi ! La définition des personnages est suffisamment fouillée pour que chacun se soucie rapidement de leurs mésaventures. Revers de la médaille : ce travail de caractérisation se fait parfois au détriment de l’action qui peine souvent à pointer le bout de son nez. C’est un choix délibéré de la part du réalisateur/scénariste Craig Viveiros qui plaira ou non aux spectateurs.

Mars attaque !

La qualité d’écriture des personnages s’accompagne d’une belle brochette de guest-stars comme comme Eleanor Tomlinson (The Nevers), Rafe Spall (Jurassic World : Fallen Kingdom), Rupert Graves (V pour Vendetta), Nicholas Le Prevost (Affaires non classées), Harry Melling (Harry Potter et l’Ordre du Phénix), Jonathan Aris (Churchill) ou encore Robert Carlyle (28 semaines plus tard). Tous défendent avec talent les êtres qu’ils incarnent, pauvres humains soumis à une menace extra-terrestre qui semble invincible. Carlyle est bien sûr excellent, comme toujours, mais aucune des autres prestations ne démérite. Et même si la mise en scène reste volontairement à échelle humaine, la qualité des effets visuels reste excellente et quelques passages très impressionnants parsèment ces trois épisodes. Bref, malgré un format court et quelques faiblesses scénaristiques, La Guerre des mondes est une mini-série passionnante qui rend un bel hommage à l’œuvre de H.G. Wells. Par un étrange hasard des calendriers, une autre série titrée La Guerre des mondes est sorti quasi-simultanément sur les petits écrans, une co-production franco-américano-anglaise créée par Howard Overman.

 

© Grégory

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CHUCKY (2021-2023)

Après sept longs-métrages et un remake, la poupée tueuse devient la star d’une série TV orchestrée par son créateur Don Mancini…

CHUCKY

 

2021/2023 – USA

 

Créée par Don Mancini

 

Avec Zackary Arthur, Björgvin Arnason, Alyvia Alyn Lind, Teo Briones, Brad Dourif, Devon Sawa, Jennifer Tilly, Fiona Dourif, Alex Vincent, Christine Elise

 

THEMA JOUETS I SAGA CHUCKY

Chucky is back… et ça va saigner ! Don Mancini retrouve sa poupée fétiche qu’il adapte cette fois-ci au format télévisé. Après s’être occupé de la mise en scène de trois opus de la saga (Le Fils de Chucky, La Malédiction de Chucky et Le Retour de Chucky), Mr Mancini se décide donc à continuer sa franchise sur les petits écrans. Ses motivations sont principalement liées au remake de 2017, réalisé par Lars Klevberg, pour lequel il n’avait pas été convié à la fête. Cette relecture, titrée Child’s Play : la poupée du mal chez nous, avait déçu de nombreux fans, à cause de ses idées mal exploitées et de son fan service à foison. Profitant d’être encore propriétaire des droits du personnage, Mancini réactive donc la poupée diabolique pour huit épisodes qui constituent la première saison de Chucky, reconduite ensuite par la chaîne SyFy. L’histoire se situe à Hackensack, une ville du New Jersey. Jake Wheeler, un adolescent de 14 ans, achète une poupée « Brave Gars » dans un vide-grenier pour l’utiliser dans son projet d’art contemporain pendant la saison d’Halloween. Il ne tarde pas à découvrir que la poupée est possédée par l’âme du tueur en série Charles Lee Ray, connu sous le nom de Chucky. Bientôt, une série de meurtres choquants ensanglante la ville et Jake devient rapidement le suspect numéro un…

Dès le départ, les téléspectateurs sont amenés à se poser tout un tas de questions. La plus lancinante d’entre elle est liée à la continuité avec les autres opus de la saga. Les événements de la série prennent-ils la suite de ceux décrits dans les sept longs-métrages précédents ou s’agit-il d’une toute autre histoire ? Fort heureusement, les fans de Chucky s’aperçoivent rapidement qu’il s’agit bel et bien d’une suite (située quatre ans après Le Retour de Chucky), ce que confirment les retrouvailles avec certains personnages de la saga. Il est d’ailleurs vivement conseillé de (re)visionner les films précédents (en particulier La Malédiction de Chucky et Le Retour de Chucky) pour ne pas perdre le fil de l’intrigue. Malgré quelques facilités scénaristiques et plusieurs longueurs, la série ne déçoit pas. Les rebondissements ne manquent pas, les meurtres sanglants abondent, les effets spéciaux et les animatroniques sont saisissants et les personnages plutôt bien écrits. À l’avenant, la mise en scène se révèle efficace et la photographie soignée.

Visages familiers et nouveaux venus

Côté casting, nous avons tout d’abord en guise de nouvelles têtes les acteurs Zackary Arthur (La Cinquième vague), Bjorgvin Arnarson (Possédés : L’exorcisme), Alyvia Alyn Lind (Daybreak), Teo Briones (Wind River), Devon Sawa (Destination finale), Barbara Alyn Woods (la série Chérie j’ai rétréci les gosses) et Lexa Doig (Continuum). Du côté des visages familiers de la franchise, nous retrouvons Fiona Dourif (associée à la vilaine poupée depuis La Malédiction de Chucky), Christine Elise (à l’affiche de Chucky la poupée de sang), Alex Vincent (le héros du tout premier Jeu d’enfant), Jennifer Tilly (figure récurrente de la saga depuis La Fiancée de Chucky) et bien sûr, pour ceux qui regarderont la série en version originale, l’incontournable voix de Brad Dourif qui interprète inlassablement Chucky depuis la fin des années 80 (sauf dans le remake où il est remplacé par Mark Hamill). En résumé, cette déclinaison de Chucky est une belle réussite, bénéficiant de scénarios solides, d’une mise en forme appliquée, de personnages intéressants, d’épisodes bien menés et d’un lot généreux de belles surprises.

 

© Julien

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DEAD SET (2008)

Le futur créateur de Black Mirror raconte une invasion de zombies sur le plateau d’une émission de télé-réalité…

DEAD SET

 

2008 – GB

 

Créée par Charlie Brooker

 

Avec Jaime Winstone, Andy Nyman, Riz Ahmed, Chizzy Akudolu, Liz May Brice, Warren Brown, Shelley Conn, Beth Cordingly, Adam Deacon, Kevin Eldon

 

THEMA ZOMBIES

Lancée au Pays-Bas en 1999, l’émission de télé-réalité « Big Brother » franchit rapidement toutes les barrières pour connaître sa propre version dans un grand nombre de pays (y compris en France, sous le titre « Loft Story »). Le Royaume-Uni n’échappe pas à cette invasion de ce que de nombreux critiques ont taxé de « télé-poubelle » à cause du caractère racoleur et vide de sens d’un tel programme. Le principe consiste en effet à enfermer un groupe de candidats dans un décor de maison ou d’appartement, à le filmer sous toutes les coutures grâce à une infinité de caméras installées sur place et à proposer aux spectateurs d’observer ce qui se passe en direct – autrement dit pas grand-chose. Alors que l’émission bat son plein en Angleterre, le scénariste Charlie Brooker décide de détourner le concept pour y installer une intrigue de film d’horreur. L’idée lui vient en 2004, alors qu’il visionne la série 24 heures chrono avec Kiefer Sutherland. Malgré le caractère extrêmement palpitant de ce show, Brooker trouve les grands méchants – des terroristes de tous horizons – un peu caricaturaux et se demande ce que donneraient les scénarios s’ils étaient remplacés par des zombies. Cette supposition absurde en entraîne une autre : pourquoi ne pas raconter une invasion de morts-vivants pendant le tournage d’une émission de télé-réalité telle que « Big Brother » ? Ainsi naît la mini-série Dead Set.

Charlie Brooker écrit la première version du scénario en 2005, alors que « Big Brother » en est à sa sixième saison en Angleterre. En toute logique, il s’inspire de plusieurs véritables candidats du jeu pour brosser le portrait de ses personnages. Ses sources d’inspirations sont les classiques du genre, notamment La Nuit des morts-vivants, Zombie, Le Jour des morts-vivants, L’Enfer des zombies, 28 jours plus tard, mais aussi des œuvrettes plus anecdotiques comme Virus cannibale et Le Massacre des morts-vivants. Pour autant, le scénariste ne cherche pas à créer un patchwork d’influences post-modernes mais plutôt à aller au bout de son concept. Nous sommes donc dans les coulisses d’une émission de télé-réalité. Une épidémie qui transforme la population en zombies avides de chair humaine sème la panique partout à l’extérieur. Confinés sur le plateau ou enfermés dans la régie, les candidats et les membres de l’équipe de production tentent de rester à l’abri, mais bientôt les monstres se propagent à l’intérieur…

Gore Story

Diffusés pendant cinq nuits consécutives sur la chaîne E4, les cinq épisodes de Dead Set font forte impression aux téléspectateurs qui se retrouvent en terrain connu. La huitième saison de « Big Brother » vient en effet à peine de s’achever en Angleterre, la série de Brooker s’amusant de fait à susciter un troublant effet-miroir balayant les frontières entre la fiction et la réalité. Comme en outre le réalisateur Yann Demange s’amuse à détourner les codes des programmes de télé-réalité (décors, prises de vues, éclairages, montage), les péripéties pourtant rocambolesques de Dead Set sonnent juste. Le groupe Endemol, qui produit à la fois « Big Brother » et Dead Set, montre là un sens de l’auto-dérision que nous ne lui connaissions pas, l’animatrice télé Davina McCall se prêtant elle-même au jeu en se transformant très tôt en morte-vivante déchaînée. Mêlant l’humour, le gore décomplexé et le suspense, la série joue d’ailleurs sur les mêmes mécanismes que le jeu dont elle se veut la satire, nous poussant à nous demander qui va survivre et qui sera éliminé au fil de ces cinq épisodes extrêmement récréatifs. Brooker reviendra à la charge quelques années plus tard avec une autre série conceptuelle : Black Mirror. Quant à Dead Set, elle connaîtra un remake brésilien en 2020 sous le titre de Reality Z.

 

© Gilles Penso


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X-OR (1982-1983)

Le premier « metal hero » japonais ayant débarqué en France est un shérif de l’espace aux exploits distrayants… mais très répétitifs !

UCHÛ KEIJI GYABAN

 

1982/1983 – JAPON

 

Créée par Saburō Yatsude

 

Avec Kenji Ōba, Toshiaki Nishizawa, Wakiki Kano, Sonny Chiba, Masayuki Suzuki, Michiro Ida, Ken Nishida, Aiko Tachibana, Noboru Mitani

 

THEMA SUPER-HÉROS 

Au Japon, les « metal heroes » sont des institutions. Sortes de versions nippones d’Iron Man, ces super-justiciers moitié hommes moitié robots ont débarqué sur les petits écrans dans les années 70, mais X-Or est sans conteste celui qui a définitivement popularisé le genre à travers le monde. Produite par la Toei Company, créée par Saburō Yatsude et développée par Shozo Uehara (deux vétérans des programmes télévisés de science-fiction), cette série met en scène un super-héros incarné dans le civil par Kenji Ōba et sous son armure étincelante par Hiroshi Watari. Les grands méchants de X-Or sont les C-Rex, une race de créatures belliqueuses qui veulent dominer toutes les galaxies. Pour les empêcher de conquérir la Terre, le shérif intergalactique Bolzar, venu d’Etolia, s’établit sur notre planète, prend femme et donne naissance à Gordan, un brave garçon qui grandit vite puis travaille à l’âge adulte dans un centre équestre pour passer inaperçu. Mais dès que la menace des vils C-Rex se fait sentir, Gordan se transforme en X-Or (Gyaban dans la version originale), un super-héros revêtu d’un scaphandre robotique et équipé d’un arsenal high-tech (le rayon laséro-Z, le plutonolaser, le visualoscope, l’écran cybero-magnétique, la laséro-lame, tout un programme !). En digne héritier de son père, X-Or s’efforce donc de faire régner la paix d’épisode en épisode à grands coups de tatane et de rayons laser.

Débarqué en France après que les jeunes téléspectateurs aient découvert San Ku Kaï et Spectreman, X-Or fait son petit effet malgré une mise en forme très sommaire. Car si les exploits du shérif de l’espace sont excitants sur le papier, ils sombrent rapidement dans le ridicule à l’écran. Les monstres qu’affronte notre super-justicier sont aussi caoutchouteux et grotesques que leurs homologues de Spectreman ou Ultraman et les armes sophistiquées de X-Or – notamment son vaisseau de combat qui plane au-dessus de la Terre et se transforme en dragon mécanique – ressemblent à ce qu’elles sont, c’est-à-dire des jouets en plastique. Ce qui n’empêchera pas le jeune public du monde entier de vouer un culte à la série et justement de se ruer dans les magasins de jouets pour en acheter les produits dérivés. Mais c’est surtout l’extrême simplicité des scénarios et leur caractère répétitif qui frappe chez X-Or, à tel point que chaque épisode ressemble comme deux gouttes d’eau au précédent et au suivant, respectant scrupuleusement la même mécanique.

« Transmutation ! »

Tout commence par un plan diabolique fomenté par les C-Rex pour conquérir la Terre. Au volant de sa jeep rouge décapotable, Gordan mène l’enquête, puis se transforme en X-Or selon un rituel immuable. Il crie donc « transmutation ! », se livre à une jolie petite chorégraphie (que nous revoyons au ralenti pour bien en mesurer la délicieuse harmonie), revêt sa belle armure, mène un premier combat contre un monstre en latex, puis se transporte avec lui dans un monde parallèle où il finit par le vaincre en le découpant en deux dans le sens de la hauteur avec son sabre laser. 44 épisodes et un seul scénario, il fallait oser ! Suivant le même parti pris que San Ku Kaï et Spectreman, la bande originale japonaise est remplacée par une toute nouvelle musique lors des diffusions françaises, avec bien sûr une chanson électro-disco en guise de générique dont l’auteur n’est autre qu’Antoine de Caunes. Aujourd’hui encore, l’exquise poésie des paroles nous laisse rêveurs : « X-Or, le shérif, shérif de l’espace, X-Or, son domaine, c’est notre galaxie ! X-Or, sur la terre, il est comme toi et moi, X-Or, dans le ciel, c’est lui qui fait la loi, X-Or, ne crains rien, il nous protègera ! » Grâce à son succès (improbable, il faut bien l’avouer), X-Or donnera naissance à deux autres séries : Sharivan et Capitaine Sheider.

 

© Gilles Penso


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