THE ORVILLE (2017-2022)

Seth MacFarlane se lance dans une série de science-fiction conçue comme un hommage assumé à l’incontournable saga Star Trek

THE ORVILLE

 

2017 / 2022 – USA

 

Créée par Seth MacFarlane

 

Avec Seth MacFarlane, Adrianne Palicki, Penny Johnson Jerald, Scott Grimes, Peter Macon, Halston Sage, J. Lee, Mark Jackson, Jessica Szohr, Anne Winters.

 

THEMA SPACE OPERA I FUTUR

Sur la thématique de l’exploration, l’univers de Star Trek reste la référence absolue depuis pratiquement six décennies. Avec à ce jour près de dix déclinaisons et treize long-métrages, Il parait difficile d’imposer une nouvelle série sur le même thème. Alors plutôt que de tenter d’innover, The Orville nous propose une vision identique du futur mais avec tout de même quelques variations. Nous sommes au 25ème siècle et la Terre appartient à un collectif de civilisations qui peuplent la galaxie : l’Union Planétaire qui fait écho à la Fédération des Planètes Unies de la franchise de Gene Roddenberry. Cette Union dispose d’une flotte de trois mille vaisseaux dont le Orville, un navire de classe intermédiaire. Le Capitaine Ed Mercer (Seth Mc Farlane) se voit nommé à la tête de l’équipage du Orville avec son ex-femme comme second, le commandeur Kelly Grayson (Adrianne Palicki). Hors Mercer a surpris Kelly en galante compagnie un an plus tôt et il tente à présent de l’oublier. Cette situation vaudevillesque est le point de départ de la mission d’exploration de l’Orville.

Aux commandes de The Orville, Seth MacFarlane nous avait plutôt habitué à la comédie potache notamment avec l’ours parlant de Ted et sa suite Ted 2. Si, au départ, The Orville lorgne elle aussi vers la plaisanterie estudiantine, la série prend malgré tout le même chemin que Star Trek dont elle est un clone parfaitement assumé – ou plutôt une variation sur un même thème, diront les plus diplomates, autrement dit celui de l’exploration et de la découverte de nouveaux mondes. Dans Star Trek, le vaisseau Enterprise renvoie à celui de la marine anglaise du 18ème siècle mais aussi à tous les navires ayant portés le même nom, y compris la toute première navette spatiale de la NASA. Le nom Orville est, quant à lui, un hommage à Orville Wright, pionnier de l’aviation en 1903 avec son frère Wilbur.

Déclaration d’amour à Star Trek

L’équipage du vaisseau de Seth MacFarlane est joyeusement anticonformiste et évoque plutôt Les Gardiens de la galaxie, celui de l’Enterprise paraissant à côté gentiment « collé-monté ». Certaines situations du show ne sont pas forcément de très bon goût et l’humour gras ne fait pas mouche à tous les coups. En son temps, Galaxy Quest était nettement plus subtil. Du côté des décors, The Orville adopte, pour se démarquer de son glorieux aîné, un look plus ou moins kitsch. Le vaisseau semble ainsi sorti du Enemy Mine de Wolfgang Petersen. Malgré ses défauts – et quand elle ne lorgne pas vers le potache -, The Orville parvient à nous livrer quelques très bons épisodes dans sa seconde saison, dont les diptyques « Kaylon » (une invasion de la Terre) et « Sept ans de réflexion » qui traite du paradoxe temporel. Côté casting, le duo formé par Seth MacFarlane et la belle Adrianne Paliciki ( « Mocking Bird » dans la série Agents of Shield) est clairement le pilier de la série. Celle-ci a reçu une forme d’adoubement dans la mesure où des acteurs issus de Star Trek sont venus y faire une petite apparition, notamment Robert Picardo et Tim Russ (Star Trek Voyager) ou encore Marina Sirtis (Star Trek TNG) et John Billingsley (Star Trek Enteprise). Il est également possible d’apercevoir quelques guest-stars comme Charlize Theron ou Liam Neeson. Mais cela suffira-t-il à The Orville pour s’imposer comme Star Trek l’a fait avant elle ? The Orville n’a malheureusement pas bénéficié d’un contexte très favorable dans la mesure où le tournage de la troisième saison a été retardée en raison des contraintes liées à la pandémie de Covid-19. Celle-ci a finalement été diffusée sur Hulu entre le 2 juin et le 4 août 2022. Au moment où sont écrites ces lignes (31 juillet 2022), une quatrième saison reste encore incertaine.

 

© Antoine Meunier


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DEAD ZONE (2002-2007)

Inspirée partiellement du film qu’en tira David Cronenberg, cette adaptation télévisée du célèbre roman de Stephen King réserve son lot de surprises…

DEAD ZONE

 

2002-2007 – USA

 

Créé par Michael Piller et Shawn Piller

 

Avec Anthony Michael Hall, Nicole deBoer, David Odgen Stiers, Chris Bruno, Sean Patrick Flannery

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA STEPHEN KING

Au début des années 2000, période propice aux remakes et aux séquelles, Michael et Shawn Piller s’inspirent du roman “Dead Zone“ pour proposer une nouvelle version télévisée des aventures de Johnny Smith, jadis incarné par Christopher Walken sous la direction de David Cronenberg. Tournée au Canada et diffusée sur CBS à partir du 16 juin 2002, la série Dead Zone puise beaucoup d’éléments dans le livre de Stephen King pour bâtir son propre arc narratif. Le prologue, situé en 1976, provient directement du roman. Pendant un match de hockey sur glace, le tout jeune Johnny tombe et se cogne la tête. Il a alors la vision d’un accident qui va se dérouler quelques minutes plus tard. Un de ses camarades tombe en effet dans le lac glacé et est sauvé à la dernière minute. Vingt ans plus tard, Johnny (Anthony Michael Hall) est devenu professeur de sciences naturelles. Très apprécié par ses étudiants, il coule un amour paisible avec Sarah (Nicole deBoer), professeur de musique, tandis que sa mère Vera (Anna Hagan) est en couple avec le révérend Purdy (David Odgen Stiers), que Johnny n’aime pas beaucoup et qui nous inspire d’emblée une certaine méfiance. Si Johnny a des intuitions qui ne sont pas loin de faire de lui un médium, elles ne sont pas suffisamment spectaculaires pour déplacer les foules. Un soir, à la fête foraine, Sarah gagne ainsi beaucoup d’argent à la Roue de la Fortune grâce à lui. Plus tard dans la soirée, la voiture de Johnny entre en collision avec un poids lourd. C’est le black-out.

Après cet accident qui aurait pu lui être fatal, Johnny reste dans le coma, victime de blessures cérébrales sérieuses. Alors que tout le monde le croit condamné, il se réveille soudain au bout de six ans, empoigne la main de son infirmière et voit aussitôt la fillette de cette dernière prisonnière d’une maison en feu. Il ne s’agit pas d’une simple vision. Johnny a l’impression de se trouver lui-même au cœur de l’incendie. Rob Lieberman, réalisateur du pilote de la série, s’approprie ainsi les idées de mise en scène de David Cronenberg et les décline au cours d’autres scènes surréalistes, comme lorsque Johnny se promène en flash-back au milieu de personnages en arrêt pendant un bombardement à Saïgon, évoluant entre eux et observant les détails. Cet « emprunt » à Cronenberg prouve que la série Dead Zone n’est pas une simple réadaptation du roman de King mais aussi un remake partiel du long-métrage de 1983. Johnny découvre que son coma l’a privé d’événements importants liés à sa vie personnelle. Sa mère est décédée et Sarah a épousé Walt Banerman (Chris Bruno), un policier avec qui elle a eu un fils prénommé Johnny. Notre héros découvrira plus tard que cet enfant portant son prénom est de lui, une situation absente du roman qui suscite des rebondissements intéressants au sein d’un triangle amoureux complexe. Lorsque Walt enquête sur une série de meurtres commis sur des jeunes femmes, Johnny vient lui prêter main forte et permet de confondre le coupable, qui se suicide de manière plus « propre » que chez Cronenberg.

La nouvelle vie de Johnny Smith

Après le pilote en deux parties, la série atteint sa vitesse de croisière et met en place un mécanisme quasiment immuable. Chaque épisode commence par une image de Johnny, face à la caméra, qui explique le concept du programme. « J’avais une vie parfaite jusqu’à ce que je me retrouve dans le coma pendant six ans », raconte-t-il. « Quand je me suis réveillé j’ai découvert que ma fiancée était mariée à un autre homme. Mon fils ignore qui je suis. Tout a changé, y compris moi. Un seul contact et je vois des choses. Des choses qui se sont passées. Des choses qui vont se passer. Vous devriez voir ce que je vois. » Tous les éléments narratifs se mettent alors en place pour les épisodes suivants : la reprise des activités de professeur de Johnny, l’intrusion d’une journaliste trop curieuse qui lui tourne autour et enquête sur lui, les activités louches du révérend montées grâce à l’argent de la défunte Vera Smith… Chaque nouvelle prédiction de John donne lieu à un épisode distinct. Il résout des énigmes, sauve des situations, anticipe des catastrophes, tandis qu’en toile de fond se dessine une intrigue plus grande au sein de laquelle va s’insérer le politicien véreux Greg Stillson (Sean Patrick Flannery). Le principe étant déclinable à l’infini, les comédiens s’avérant attachants et la mise en scène très soignée, la série occupera les petits écrans pendant six saisons, à raison d’un total de 80 épisodes.

 

© Gilles Penso


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STAR TREK : PICARD (2020-2021)

Dans cette septième série live consacrée à la franchise de Gene Roddenberry, l’amiral Picard sort de sa retraite pour mener une enquête périlleuse…

STAR TREK : PICARD

 

2020/2021 – USA

 

Créée par Alex Kurtzman

 

Avec Patrick Stewart, Isa Briones, Alison Pill, Santiago Cabrera, Michelle Hurd, Harry Treadaway, Evan Evagora, Brent Spiner, Jeri Ryan, Jonathan Del Arco, Jonathan Frakes, Marina Sirtis, John Ales

 

THEMA SPACE OPERA I FUTUR I EXTRA-TERRESTRES I ROBOTS I SAGA STAR TREK

En 2002, Star Trek Nemesis, le 4ème long métrage avec les acteurs de la série Star Trek Next Generation, s’était achevé sur un final tragique avec le sacrifice d’un des personnages les plus charismatiques de la série : l’androïde Data incarné par Brent Spiner. Mais cet opus n’avait pas convaincu le public et encore moins le casting. S’il fut un temps envisagé de donner une suite un peu plus concluante à cet opus mitigé, la Paramount décida finalement de mettre en sommeil l’iconique franchise créée par Gene Roddenberry, compte tenu des piètres résultats de cet épisode réalisé par Stuard Baird (Ultime décision, US Marshalls). Un film médiocre, comme l’admettait lui-même Patrick Stewart en 2020 dans « L’Écran Fantastique ». Le mythique interprète du capitaine Picard (et du professeur Xavier dans les X-Men) n’envisageait cependant pas de repartir explorer la galaxie Star Trek. Mais en 2017 Stewart change d’avis à la suite d’une rencontre avec les producteurs Alex Kurtzman (en charge notamment de Star Trek Discovery) et Akiva Goldsman, ainsi qu’avec le scénariste Michael Chabon. L’approche proposée finit par convaincre l’acteur shakespearien de reprendre du service. Si Star Trek : Picard est aux antipodes de ce film de 2002, la série s’appuie néanmoins sur certains de ses éléments.

A l’aube du 25ème siècle, nous retrouvons donc l’Amiral Picard dans sa propriété de Château-Picard située à La Barre dans la Haute-Saône. Vingt ans après les événements survenus dans Nemesis, l’homme qui commanda l’Enterprise NCC-1701/D, puis son successeur l’Enterprise NCC-1701/E, reste profondément affecté par la mort de Data. Quatorze ans auparavant, en 2385, Picard avait réussi à convaincre la Fédération d’aider les Romuliens, dont le monde natal Romulus allait être détruit par une supernova, à se reloger sur différentes planètes à l’abri de la catastrophe. Mais à la suite d’une attaque d’androïdes sur les chantiers martiens d’Utopia Planitia, la Fédération cessa toute aide aux Romuliens. En désaccord avec sa hiérarchie, Picard n’eut pas d’autre choix que de démissionner de Starfleet, coulant désormais des jours plus ou moins paisibles dans sa demeure familiale bourguignonne. C’est alors qu’une jeune femme, Dhaj, vient lui demander son aide pour échapper à un groupe d’assassins romuliens. Il s’agit en fait d’une androïde biologique créée par le Docteur Bruce Maddox, un cybernéticien qui tenta autrefois de désassembler Data afin de pouvoir le répliquer. L’Amiral Picard décide d’aider la jeune fugitive qui sera malheureusement assassinée. L’ex-officier de Starfleet perçoit qu’une vérité plus complexe se cache derrière ce meurtre. Il décide donc de sortir de sa retraite pour mener son enquête. Il va, pour cela, s’entourer de quelques nouveaux et vieux amis…

L’ancienne et la nouvelle garde

La nostalgie est un sentiment fort, mais Star Trek : Picard, septième série en prises de vue réelles de la franchise, ne joue pas uniquement sur cette carte. Il faut en effet réintroduire d’anciens visages connus mais aussi présenter de nouveaux visages. Nous sommes vingt ans après les derniers événements de La Nouvelle Génération. Starfleet et la Fédération ne sont plus forcément les garants d’une société égalitaire telle que décrite jusqu’à présent dans l’univers de la franchise. Les anciens ont donc choisi de partir vers d’autres chemins. La scène des retrouvailles entre Picard, l’ex conseiller de l’Enterprise Deanna Troy et son mari le commander William Riker s’avère très émouvante. Les comédiens Marina Sirtis et Jonathan Frakes semblent eux-mêmes touchés de revenir, même s’il s’agit surtout d’une apparition. Idem pour Brent Spiner dont le personnage de Data reste incontestablement le plus emblématique de sa carrière. La présence de la belle Jeri Ryan, Seven of Nine, s’avère également un atout très important, notamment pour les scènes d’action qui réintroduisent entre autres les Borgs. Pour la première fois, nous découvrons un cube de l’intérieur. Du côté des nouveaux arrivants, mention particulière à Michelle Hurd, aperçue aux côtés de Harrison Ford dans L’ombre d’un soupçon ainsi qu’à Santiago Cabrera (vu dans le biopic consacré à Che Guevera). Du point de vue esthétique, la photographie de Star Trek : Picard s’avère, comme celle de Star Trek Discovery, particulièrement réussie avec un budget en conséquence. La concurrence, notamment les productions Marvel, a donné le ton. Terminons cette chronique par le maitre des lieux : Patrick Stewart. L’acteur anglais est désormais un beau jeune homme d’un peu plus de 80 printemps qui ne boude pas son plaisir, comme le nôtre, de repartir arpenter la galaxie. Malgré son âge, le légendaire capitaine Picard rien perdu de sa noblesse au figuré comme au propre. Il conserve une belle énergie physique et le prouve en se payant le luxe de quelques scènes d’actions. Une seconde saison ayant été enclenchée en 2021, le voyage de la Nouvelle Génération est encore loin d’être fini.

 

© Antoine Meunier

 

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STAR TREK DISCOVERY (2017-2021)

Cette sixième série “live” consacrée à l’univers créé par Gene Roddenberry se situe dix ans avant les aventures de Kirk et Spock

STAR TREK DISCOVERY

 

2017 – USA

 

Créée par Bryan Fuller et Alex Kurtzman

 

Avec Sonequa Martin-Green, Michelle Yeoh, Jason Isaacs, Doug Jones, Shazad Latif, Wilson Cruz, Mary Wiseman, James Frain, Ethan Peck, Anson Mout, Wilson Cruz, Rebecca Romijn

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR TREK

En 2009, la franchise Star Trek renaissait de ses cendres au cinéma pour un excellent reboot, avec J.J. Abrams derrière la caméra, sept ans après le fort médiocre Star Trek Nemesis (un dernier film qui clôturait alors la saga avec les acteurs de Star Trek la nouvelle génération). A la télévision, il s’est en revanche écoulé douze ans entre la dernière aventure de l’équipage de l’Enterprise NX-01 de Star Trek Enterprise et l’arrivée de Star Trek Discovery. Sixième série de la saga en prise de vues réelles, Discovery conte les aventures de Michael Burnham (Sonequa Martin-Green, transfuge de The Walking Dead), une humaine adoptée par Sarek et Amanda, les parents de Spock, à la suite du décès de son père et de sa mère biologique survenu lors d’une attaque des Klingons alors qu’elle n’avait que douze ans. Promue à un brillant avenir d’officier au sein de Starfleet et unique humaine à avoir étudié à l’Académie des sciences de Vulcain, elle est déchue de ses fonctions de commandant en second de l’USS Shenzhou à la suite de sa mutinerie auprès du capitaine Philippa Georgiou (Michelle Yeoh). La mésentente des deux femmes déclenche accidentellement le conflit qui oppose la Fédération aux Klingons. Le Shenzhou est détruit et plusieurs officiers sont tués, y compris le capitaine Georgiou. Cet incident entraine la chute de Michael qui se retrouve condamnée à une peine de prison pour haute trahison après avoir été traduite en Cour Martiale. Mais Gabriel Lorca (Jason Isaacs), capitaine de l’USS Discovery, l’autre fleuron de la flotte de Starfleet après l’Enterprise, ne l’entend pas de cette oreille. Il fait donc intercepter la navette transportant Burnham au moment de son transfert vers le pénitencier de la Fédération, invoquant un cas d’urgence. Lorca propose alors à la jeune femme de se joindre à l’équipage du Discovery pour l’aider à mettre au point une nouvelle technologie de propulsion permettant le déplacement instantané d’un navire spatial d’un point à l’autre de la galaxie.

Voilà planté le point de départ de cette nouvelle déclinaison télévisée de l’univers créé par Gene Roddenberry au milieu des années 60. Discovery est cependant située dix ans avant les aventures de Jim Kirk et de son équipage. S’il n’est pas simple de renouveler un concept qui a plusieurs décennies d’existence, cette sixième variation sur un même thème s’avère être une excellente surprise alors que la précédente, Enterprise, s’était révélée plutôt décevante. Ainsi, l’une des forces de Discovery est de savoir dynamiter les codes établis par Gene Roddenberry… pour mieux les respecter ! Même au 23ème Siècle, explorer l’espace reste une activité dangereuse. Si des nouveautés sont introduites, ce qui est nécessaire pour faire évoluer un univers, Discovery n’oublie cependant pas ses origines. Des références à la série originale sont donc nombreuses, notamment pour le personnage du capitaine Pike (Anson Mount qui succède à Jeffrey Hunter et Bruce Greenwood), délaissant temporairement la passerelle de l’Enterprise pour venir commander celle du Discovery. Rappelons que nous sommes dix ans avant les aventures de la série classique. L’Enterprise en est à son second capitaine après Robert April et juste avant Kirk. C’est donc très logiquement que le personnage de Numéro 1, autrefois interprété par Majel Barret dans le premier épisode pilote (« The Cage »), est réintroduit et joué ici par la jolie Rebecca Romijn, ex Raven de la saga X-Men. De plus, si les personnages et l’univers trekiens paraissaient parfois un peu trop lisse, il n’en est absolument rien ici. Tous ont une part d’ombre qui est à un moment ou un autre révélée.

Repousser les limites

Le crédo de Star Trek ayant toujours été de s’aventurer « là où l’homme n’est jamais allé » et de prôner la diversité, le Discovery est le premier vaisseau de la franchise commandé par un alien, en l’occurrence le kelpien Saru incarné par l’impressionnant Doug Jones (l’homme amphibien dans La Forme de l’eau de Guillermo del Toro). Une autre nouveauté : deux personnages importants sont homosexuels. Le docteur Hugh Culber (Wilson Cruz) et l’ingénieur de bord Paul Stamets (Anthony Rapp) vivent ainsi leur relation au grand jour au sein de l’équipage de l’USS Discovery. Cette donnée n’était que suggérée avec le personnage de Sulu dans le film Star Trek sans limites en 2016, mais s’inscrit aujourd’hui parfaitement dans ce que préconisait autrefois Gene Roddenberry : accepter la diversité. Côté narration, si les histoires de chaque épisode sont indépendantes, elles forment néanmoins un tout cohérent. Voir les épisodes dans l’ordre est donc préférable pour une meilleure compréhension, surtout si l’on est pas familier de Star Trek. Au cours de la saison 2, l’intrigue s’étale ainsi sur la totalité des 14 épisodes. A noter : la présence de Jonathan Frakes, le commander Riker de l’Enterprise 1701-D dans The Next Generation, qui réalise 3 des 29 premiers épisodes des deux premières saisons. Ce qui est une manière supplémentaire de montrer que la série reste fidèle à ses racines. On saluera aussi la superbe qualité des images dont le format cinéma apporte une ampleur et un espace que n’avaient peut-être pas les séries précédentes. Et les aventures de l’USS Discovery semblent bien parties pour durer. Juste avant la diffusion de la troisième saison en octobre 2020, il fut annoncé la mise en chantier d’une quatrième saison. L’aventure ne fait que commencer… !

 

© Antoine Meunier

 

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LES MYSTÈRES DE L’OUEST (1965-1969)

Pour s’inscrire dans la 007 mania des sixties, Michael Garrisson crée un « James Bond à cheval » avec Robert Conrad et Ross Martin

THE WILD WILD WEST

 

1965/1969 – USA

 

Créée par Michael Garrisson

 

Avec Robert Conrad, Ross Martin, Michael Dunn, Richard Kiel, Ricardo Montalban Roy Engel, Charles Aidman, Boris Karloff, Martin Landau, Sammy Davies Jr, Ida Lupino, Burgess Meredith, Agnès Moorehead

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Avec quatre films au compteur en 1965, James Bond – sous les traits de Sean Connery – occupe la (presque) totalité des salles obscures du monde entier. La mode est aux agents secrets et la petite lucarne n’échappe pas non plus à la règle puisque nombre des principaux héros des séries télévisées de cette période sont des espions. C’est donc pile au milieu de cette décennie 60 que Les Mystères de l’Ouest s’invitent sur le petit écran. Créée par Michael Garrisson et présentée par ce dernier comme un « James Bond à cheval », la série met en scène les agents du Service Secret James West et Artemus Gordon, chargés notamment de protéger le président Ulysse S. Grant et les intérêts de l’Union. La première mission confiée à notre duo d’espions, toujours impeccablement habillé, est diffusée le 17 septembre 1965 sur les ondes du réseau CBS. Sur ordre du président Grant lui-même, Jim West se voit confier la tâche délicate de neutraliser au Nouveau-Mexique le dangereux terroriste Juan Manolo, campé par l’épatant Victor Buono, qui tente de s’emparer des territoires de l’Ouest américain. Si l’intrigue de ce pilote est assez classique, elle permet de présenter efficacement le duo d’espions. Jim West est l’homme d’action dandy, amateur de belles femmes, tandis qu’Artemus Gordon est son binôme, un fin stratège capable de se fondre dans la masse grâce à ses dons pour le déguisement. Tous deux disposent également de tous les moyens modernes que la technologie de la fin du XIXème siècle peut leur offrir pour remplir leurs missions télévisuelles (104 au total) durant les quatre années de diffusion de la série. L’objet le plus iconique est bien sur le train qui leur sert de quartier général. Avec James Bond, les gadgets sont à la mode, et Jim West dispose d’un arsenal dissimulé dans ses costumes. Les plus célèbres sont le petit colt Derringer, astucieusement caché sous la manche droite du Spencer de Robert Conrad, et le poignard à cran d’arrêt caché dans la semelle de sa botte.

Si l’action prend place dans l’Amérique post Guerre de Sécession, l’ensemble est un cocktail réussi de western, d’espionnage, de fantastique et de science-fiction. Pour cette dernière, il ne serait d’ailleurs pas inexact de dire que Les Mystères de l’Ouest s’inscrit pleinement dans le courant « Steampunk ». Durant leurs aventures, les deux héros rencontreront certes des Indiens (nous sommes au Far West) mais aussi tout un panel de méchants aussi exotiques que farfelus, et souvent créateurs d’inventions complètement anachroniques. Le plus emblématique de tous les vilains croisés par Jim West et son compagnon d’armes est incontestablement le machiavélique docteur Miguelito Loveless, incarné par Michael Dunn à dix reprises lors de la série. Celui-ci n’hésitera pas à concevoir un sosie de Jim West (« La Nuit de la ville sans voix », saison 1) ou encore un robot tueur mu par un piano mécanique dans « La Nuit de la revanche » (Saison 4, ultime apparition du docteur Loveless). De nombreux guests fameux honoreront la série de leur présence. Retenons notamment le grand Boris Karloff qui joue un maharajah (« La Nuit du cobra d’or, » saison 2) kidnappant James West pour qu’il enseigne à ses rejetons ses techniques de combat. Ce fut d’ailleurs le dernier rôle du vivant du célèbre interprète de la créature de Frankenstein. Citons également Ricardo Montalban qui apporte sa classe naturelle au colonel Noel Bartley Vautrain, officier en retraite gravement blessé et qui dispose d’un moyen lui permettant de voyager à travers le temps et donc de changer le cours de l’histoire, dans l’excellent « La Nuit hors du temps » (saison 2). Pour sa part, le chanteur Sammy Davies Jr incarne un médium capable de communiquer avec les animaux dans l’angoissant « La Nuit des revenants » (saison 2).

Une violence excessive ?

Série sans équivalent, à l’exception peut-être de Chapeau melon et bottes de cuir, Les Mystères de l’Ouest fera mondialement connaitre ses deux principaux interprètes. Un crossover entre les aventures de James West et John Steed aurait d’ailleurs été savoureux. Comme son homologue britannique, la création de Michael Garrisson est un incroyable théâtre de l’absurde. Particularité à souligner : le titre de chacun des épisodes commence par « La Nuit de… ». En cette fin des années 60, les audiences du show étaient excellentes. Alors que toute l’équipe se préparait pour une cinquième saison, la série fut brutalement retirée des grilles des programmes sur décision des responsables de la CBS à cause d’une violence qui, pour l’époque, était jugée comme excessive. Un constat qui aujourd’hui fait sourire face au niveau atteint dans un show comme Game of Thrones… ! Après 104 épisodes, dont les 28 premiers en noir et blanc, Robert Conrad et Ross Martin prennent donc leur retraite des services de renseignement américains. Mais ils réendossent leurs costumes dix ans plus tard dans le cadre de deux téléfilms, The Wild Wild West (1979) et More Wild Wild West (1980). Un troisième opus était même prévu mais il ne verra malheureusement jamais le jour, à cause du décès de Ross Martin des suites d’une crise cardiaque. Vingt ans plus tard, la série sera transposée sur le grand écran avec Will Smith et Kevin Kline dans les rôles principaux. Mais le long-métrage réalisé par Barry Levinson ne parviendra pas à se hisser au même niveau de qualité que celui de la série dont le succès ne s’est jamais démenti depuis sa toute première diffusion en 1965.

 

© Antoine Meunier

 

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SLOANE, AGENT SPÉCIAL (1979)

L’agent James West change d’époque mais conserve ses attributs d’espion pour ce show TV qui mêle l’action, l’humour et la science-fiction

A MAN CALLED SLOANE

 

1979 – USA

 

Créée par Cliff Gould

 

Avec Robert Conrad, Ji-Tu Combuka, Dan O’Herlihy, Michele Carey, Karen Purcill, Robert Culp, Eric Braeden, Roddy Mac-Dowall

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

En 1979, Robert Conrad échange son Corsair et ses galons de commandant de l’escadrille des Têtes brulées ainsi que sa tenue de trappeur de Colorado pour le blazer sombre et la chemise ouverte de l’agent secret amateur de belles femmes Thomas Sloane. Il s’agit d’un espion free-lance qui accomplit des missions ponctuelles pour le compte de l’agence gouvernementale américaine UNIT. Cette organisation fictive, dont le quartier général se trouve camouflé derrière la devanture d’un magasin de jouets à Los Angeles, combat KARTEL, une organisation criminelle qui souhaite dominer le monde. Dans ses missions, Thomas Sloane est secondé par Torque, incarné par l’acteur afro-américain Ji-Tu Combuka. Ce dernier est équipé d’une main droite métallique pourvue de divers gadgets. Quand ils doivent partir en opération, les deux hommes bénéficient du soutien logistique d’Effie, un ordinateur ultra perfectionné doué de raison et pourvu d’une sensuelle voix féminine (en VO l’actrice américaine Michele Carey, aperçue dans la plupart des grandes séries des années 60 et 70). Ils sont également soutenus dans leurs aventures par Kelly, équivalent féminin de « Q », et supervisés par le Directeur (l’acteur Dan O’Herlihy, nominé en 1954 pour l’Oscar du meilleur rôle masculin dans Robinson Crusoe et que l’on apercevra quelques années plus tard dans Robocop). Thomas Sloane est majoritairement confronté à des personnages peu recommandables que l’on peut classifier dans la catégorie des savants fous dont le noir dessein est, bien entendu, d’asservir l’humanité. Tout un programme !

L’ambition du méchant est la même d’un épisode à un autre, seul change le modus operandi. Dans « Collision Course », l’antagoniste de Sloane veut dévier la trajectoire d’une comète pour l’écraser sur Terre. Dans « La Potion Magique », un robot s’est retourné contre son créateur qui entendait asservir l’humanité. Créée par Cliff Gould, la série se compose d’une unique saison et d’un téléfilm pilote où le rôle principal est incarné par l’acteur Robert Logan. Celui-ci est rapidement remplacé par le producteur Fred Silverman, qui souhaite voir Robert Conrad à sa place. Dans ce même pilote, Torque est présenté comme un méchant. Avec le recul des années, Sloane, agent spécial apparait comme un (très) lointain cousin de Des Agents très spéciaux, qui connut un joli succès dans la seconde moitié des années soixante, avec Robert Vaughn et David MacCallum. Mais le côté décalé et absurde qui prévalait au cours des sixties ne s’accommode absolument pas avec la période disco qui bat alors son plein. Les producteurs, pour être dans le ton de l’époque, ont tenu à donner une touche bondienne à la série. Mais la mayonnaise ne prend clairement pas.

Parodie involontaire ?

Côté interprétation, si le talent de Robert Conrad n’est plus à démontrer depuis Les Mystères de l’Ouest, les situations qu’il rencontre dans Sloane relèvent finalement plus du loufoque que de l’action pure. Et l’acteur donne parfois l’impression de ne pas y croire lui-même. Les dialogues, de leur côté, donnent lieu à des échanges parfois surréalistes. « Vous ressemblez à un homme que j’ai tué », déclare ainsi la vedette en s’adressant à Eric Braeden (Victor Newman de la série Les Feux de l’amour) lors de leur toute première rencontre, ou encore Roddy McDowall à sa jeune assistante : « Je me demandais combien de temps votre désarmante naïveté allait persister », dans l’épisode « La Potion Magique ». L’inoubliable interprète de César dans La Planète des singes semble s’être ici réincarné en un clone de Jimmy Bond, le neveu idiot de 007 dans le Casino Royale de 1967, grâce au doublage de Gérard Hernandez. Idem pour Ji-Tu Combuka qui, dans le rôle de Torque, parait aujourd’hui un peu ridicule avec sa main métallique dont l’index peut notamment se transformer à loisir en laser ou en clé passe-partout. De Sloane, agent spécial, il reste aujourd’hui une musique particulièrement insupportable de Patrick Williams et douze missions télévisuelles (treize si l’on compte le pilote sans Conrad). Ce dernier retrouva ensuite le costume d’un autre espion qui fit sa gloire dix ans plus tôt : celui beaucoup plus classieux de James West, toujours en compagnie de Ross Martin, pour un second et ultime téléfilm des Mystères de l’Ouest après celui de 1978.

 

© Antoine Meunier



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AGENT CARTER (2015)

La bien-aimée de Captain America, que le super-héros quittait bien malgré lui après le film de Joe Johnston, a droit à sa propre série TV

AGENT CARTER

 

2015 / 2016 – USA

 

Créée par Christopher Markus et Stephen Mac-Feely

 

Avec Hayley Atwell, James d’Arcy, Dominic Cooper, Chad Michael Murray, Enver Gjokaj et Shea Whigham

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL

La fin de la Seconde guerre mondiale marque le début d’une nouvelle période importante de l’Histoire contemporaine : celle de la reconstruction de notre monde. S’il s’agit d’une reconstruction à la fois physique et économique, elle est également psychologique. La perte des disparus nécessite une guérison pour effacer ou atténuer les traumatismes subsistant encore chez les vivants. Et en ce début de l’année 1946, nous retrouvons ainsi Peggy Carter battant le pavé de New York. Toujours agent de la Section Scientifique de Réserve – la SSR, l’entité qui préfigure le futur SHIELD -, la jolie Peggy cherche à se consoler de la perte de l’amour de sa vie, Steve Rogers alias Captain America, qui a fait le sacrifice ultime en écrasant l’avion de Crane Rouge dans l’Atlantique Nord. En bute au machisme de ses collègues de la SSR, Peggy ronge son frein en accomplissant des tâches subalternes. Mais le destin remet sur sa route le milliardaire Howard Stark (sous les traits de Dominic Cooper) qui, injustement accusé de trahison au profit des soviétiques, lui demande d’enquêter secrètement afin de récupérer des inventions qui lui ont été dérobées. Aidée de Jarvis, le majordome de Stark, notre intrépide agent se trouve donc obligée de mener ses investigations en toute discrétion de ses collègues de la SSR. Voici donc, brièvement résumé, le point de départ de cette suite directe au film Captain America First Avenger dont quelques plans finaux sont d’ailleurs réutilisés pour lancer l’épisode pilote d’Agent Carter.

Si Agents of SHIELD démarrait sur les chapeaux de roue, la première saison de ce spin-off s’avère malheureusement bien poussive. Et ce n’est vraiment qu’à partir du cinquième épisode (sur huit que compte la première saison) que la série commence à nous tenir en haleine. L’intégration de personnages présents dans le premier Captain America (dont les Commandos Hurlants ou encore le docteur Arnim Zola) n’y est sans doute pas pour rien. Les créateurs d’Agents Of SHIELD avaient fait de même en réintroduisant les personnages de Lady Sif (Thor), de l’agent Hill et du directeur Fury (Avengers et Spider-Man). Doté de deux épisodes supplémentaires par rapport à la première, soit dix au total, la seconde saison d’Agent Carter impose quand même un rythme plus soutenu grâce à une intrigue s’étalant sur plusieurs épisodes en introduisant (entre autres) des éléments qui seront visibles dans Agent of SHIELD dont « l’Element Zéro » qui devient le « Gravitonium ».

Des questions en suspens

Côté casting, Hayley Atwell forme un duo avec James d’Arcy (Jarvis) qui évoque par moments celui formé en son temps par Patrick MacNee et Diana Rigg dans Chapeau melon et bottes de cuir. Mais si John Steed et Emma Peel s’opposaient de manière suggérée, l’agent Carter et Jarvis n’hésitent pas à s’opposer frontalement. Le second étant marié, la tension sexuelle est évacuée au profit d’un respect mutuel teinté avant tout de professionnalisme, la mission devant passer avant tout. Même si le cœur de Peggy commence à balancer pour l’agent Daniel Souza (incarné par Enver Gjokaj), Jarvis s’avérant un adjoint bienveillant avant tout, les relations entre les personnages restent cependant peu exploitées. N’ayant pas trouvé son public, Agent Carter, bien qu’utilisant les mêmes principes qu’Agent of SHIELD et malgré une fin ouverte, s’arrête après deux minuscules saisons de 18 épisodes, laissant encore inexploré tout un pan du MCU et dont notamment la genèse du SHIELD.

 

© Antoine Meunier



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CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR (1961-1977)

La plus culte des séries TV britanniques mêle l’espionnage, la science-fiction, le fantastique et un sens de l’humour délicieusement loufoque

THE AVENGERS

 

1961/1977 – GB

 

Créée par Sydney Newman

 

Avec Patrick Macnee, Honor Blackman, Diana Rigg, Linda Thorson, Joanna Lumley, Gareth Hunt, Ian Hendry, Christopher Lee, Peter Cushing, Charlotte Rampling, Donald Sutherland

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Les années 60 sont une période faste pour les séries télévisées britanniques. Le Saint, Le Prisonnier, Les Sentinelles de l’Air figurent sans doute parmi les plus emblématiques. Mais Chapeau Melon et Bottes de Cuir est très certainement la plus iconique de toutes. Mêlant espionnage, science-fiction et fantastique, Chapeau Melon débarque sur la petite lucarne anglaise dès 1961 avec Ian Hendry et Patrick Macnee dans les rôles titres. Les deux hommes forment un improbable duo : le premier est le docteur David Keel, un médecin cherchant à venger la mort de sa fiancée. Le second est John Steed, un enquêteur habillé d’un austère trenchcoat. Ce duo hétéroclite mène une lutte contre le crime pendant les 26 épisodes de la toute première saison. Mais dès l’année suivante, des changements majeurs s’opèrent. Steed devient le personnage principal et change de look pour devenir l’archétype du gentleman britannique avec costume trois pièces, chapeau melon et parapluie de rigueur, bref tout ce qui fait la distinction à l’anglaise. Il se voit également adjoindre une équipière : Vénus Smith, incarnée par Julie Stevens durant six épisodes. Mais c’est surtout Cathy Gale (Honor Blackman) qui restera dans les mémoires. Pour la première fois, une femme tient un rôle central dans une série télévisée. Archétype de la femme à poigne, indépendante et experte en arts martiaux, Cathy Gale fait jeu égal avec John Steed. Honor Blackman pratiquait d’ailleurs le judo à ses heures perdues et ne fut pas doublée pour les scènes de combats. Cette première formule d’un duo mixte télévisuel va s’avérer payante et connaitra un énorme succès.

Patrick Macnee représente l’incarnation vivante du flegme et de l’humour So British en toute situation, et Honor Blackman est son miroir féminin. Mais après deux saisons, cette dernière quitte la série en pleine gloire pour incarner le personnage de Pussy Galore dans Goldfinger, le troisième opus des aventures de l’agent 007. Elle est alors remplacée par l’actrice shakespearienne Diana Rigg qui tient le rôle d’Emma Peel lors des quatrième et cinquième saisons. Cette dernière marque aussi l’arrivée des premiers épisodes en couleur. Emma Peel est incontestablement le personnage féminin le plus abouti de Chapeau Melon et botte de cuir. Indépendante et sexy comme Cathy Gale, elle s’habille de combinaisons moulantes et pratique elle aussi les arts martiaux. Sa biographie fictive lui prête aussi des compétences de chimiste. Elle est également la femme d’un explorateur disparu en Amazonie. Les amateurs de voiture auront quant à eux noté qu’elle conduit généralement une Lotus Elan. Après 51 épisodes, Diana Rigg quitte à son tour la série pour devenir la seconde « Steed Girl » à rejoindre le casting d’un James Bond, en l’occurrence Au service secret de Sa Majesté en 1969. C’est la toute jeune actrice canadienne Linda Thorson (21 ans à l’époque) qui lui succède dans le rôle de Tara King pour la sixième saison (celle qui eut le plus de succès dans nos contrées). Véritable théâtre de l’absurde, Chapeau Melon s’autorise absolument toutes les excentricités. Au cours de leurs aventures, John Steed et ses complices féminines affronteront notamment des robots tueurs dans Le tryptique Le Cybernaute – Le retour du Cybernaute et Le Dernier des Cybernautes (épisode de 1977). Ils connaitront un transfert de leur esprit dans un autre corps dans Qui suis-je ? Ils voyageront même dans le temps dans Remontons le Temps. Steed et Tara King achèveront la sixième saison en s’envolant à bord d’une fusée.

Ode à l’absurde et au surréalisme

L’ultime déclinaison télévisée aura lieu en 1976. Steed revient pour 26 nouveaux épisodes flanqué de 2 équipiers : Joanna Lumley, quatrième Steed Girl, est Purdey. Avant d’être l’acolyte de Steed, elle fut James Bond Girl dans Au Service secret de sa Majesté. Le nom de son personnage a été choisi d’après une marque de fusils de chasse. Gareth Hunt complète le trio dans le rôle de Mike Gambit, second équipier masculin de Steed qui assure la majeure partie des scènes d’action de ces deux dernières saisons coproduites par TF1. Si la tension sexuelle entre Steed est au plus fort avec les personnages d’Emma Peel et de Tara King, elle est ici grandement atténuée par la présence de Mike Gambit. Steed n’a plus autant la part belle que dans les six premières saisons. Et seule une poignée d’épisodes surnage de des 7ème et 8ème saison, mention particulière au diptyque Le Long Sommeil, scénarisé par Brian Clemens.  Celui-ci est d’ailleurs l’auteur des meilleures histoires de la série dont le mythique Le Club de l’Enfer (4ème saison). Véritable ode à l’absurde et au surréalisme, Chapeau Melon et bottes de cuir n’a eu qu’un seul équivalent : Les Mystères de l’Ouest avec Robert Conrad et Ross Martin. On peut regretter que les deux séries n’aient d’ailleurs pas donné lieu à un épisode cross-over temporel, ce qui aurait pu s’avérer particulièrement savoureux. Les aventures de John Steed seront toutefois transposées sur grand écran en 1998 avec Ralph Fiennes dans le rôle principal et Uma Thurman dans celui de Madame Peel. Et comme le monde de l’espionnage est décidément tout petit, (Patrick Macnee était présent aux côtés de Roger Moore dans Dangereusement vôtre), c’est Sean Connery qui incarnera le rôle du méchant August de Wynter. Malheureusement, cette adaptation cinématographique s’avèrera être une amère déception. Preuve en est que le passage du petit au grand écran reste un art difficile.

 

© Antoine Meunier

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LES AGENTS DU SHIELD (2013-2020)

Le Marvel Cinematic Universe débarque sur les petits écrans…

MARVEL’S AGENTS OF SHIELD

2013-2020 – USA

Créée par Joss Whedon, Jed Whedon et Maurissa Tancharoen

Avec Clark Gregg, Ming-Na Wen, Chloe Bennet, Ian de Caestecker, Elisabeth Hentsridge, Brett Dalton, Henry Simmons, Adrianne Palicki, Nick Blood, Natalia Cordova-Buckley, Kyle Mac-Laclan, John Hannah

THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL

Au cours de la spectaculaire bataille à bord de l’héliporteur dans le tout premier Avengers, nous avions assisté impuissants au décès de l’agent Phil Coulson. Celui qui est un grand admirateur de Captain America est lâchement assassiné par le dieu Loki qui le transperce avec son sceptre. Mais le SHIELD ayant des ressources secrètes, le directeur Nick Fury parvient à remettre sur pied son fidèle bras droit qui reprend du service pour l’agence. Cette fois-ci, pas question pour Coulson de rejoindre les Avengers, qui ne sont pas informés de sa résurrection. Il se voit donc confier par le directeur Fury le commandement d’une toute nouvelle équipe d’enquêteurs qu’il dirige à partir d’un QG volant, un Boeing C-17 Globemaster entièrement refondu par les services techniques du SHIELD. Parmi leurs missions figure bien entendu la lutte contre Hydra ainsi que d’autres menaces susceptibles de provoquer le chaos sur Terre. Ce groupe hétéroclite est composé des scientifiques Gemma Simmons et Leopold Fitz, de l’aviatrice experte en arts martiaux Melinda May et de Grant Ward, agent rompu aux missions tactiques les plus délicates. Mais cette équipe intègre également dans ses rangs la jeune Skye, une pirate informatique membre d’un groupe de hackeurs prônant la liberté d’expression, qui va nouer très rapidement un rapport père-fille avec l’agent Coulson.

Agents du Shield

Le passage d’un univers cinématographique à la télévision pourrait susciter bien des méfiances. La série issue des films La Planète des Singes dans les années 70 en est l’illustration. Pour éviter le même genre d’écueil, Marvel a fait le pari de la continuité en faisant appel à Joss Whedon, créateur de Buffy et surtout réalisateur des deux premiers Avengers, pour la conception des Agents du SHIELD. Et c’est un pari réussi, car le point de départ de cette déclinaison télévisée de l’univers Marvel est l’agent Coulson lui-même, sur qui repose l’intrigue de départ (et toute la série). Dès le début, le tempo imprimé permet à l’épisode pilote de démarrer sur les chapeaux de roue. Pour ne pas déstabiliser les nombreux fans de la franchise, la série s’appuie également sur des éléments connus. Il faut bien sûr garder de la cohérence avec les films. Tout au long de la série, il est ainsi fait allusion à plusieurs des métrages du MCU dont Iron Man 3Avengers : l’ère d’Ultron ou encore Captain America : le Soldat de l’Hiver pour ne citer qu’eux. Certains personnages connus, et moins connus, aperçus dans les films, font également une apparition en début de série. Mais si celle-ci se rapproche de l’univers familier du MCU, elle sait également s’en éloigner. L’action est omniprésente, les temps morts sont (très) rares, les personnages n’ont pas le temps de souffler et sont très souvent malmenés. L’univers dans lequel ils évoluent est en permanence remis en question. C’est donc un doux euphémisme de dire que les apparences sont souvent trompeuses dans Les Agents du SHIELD.

Tempo soutenu et renouveau permanent…

Si ce show doit beaucoup à ses scénaristes, il repose aussi grandement sur ses interprètes, à commencer par Clark Gregg qui réendosse le costume de l’agent Coulson pour notre plus grand plaisir. Son personnage, sous son apparence de fonctionnaire propre sur lui, au sourire naturel, cache en réalité un être complexe et déterminé, prêt à franchir les limites si cela s’avère nécessaire. Ming-Na Wen, qui incarne son bras droit, est parfaite dans le rôle de l’agent May et n’a absolument pas à rougir d’une comparaison avec Scarlett Johansson (la Veuve Noire). L’alchimie du duo Elisabeth Henstridge (Simmons) – Ian de Caestecker (Fitz) fonctionne elle aussi très bien. Pour sa part, Brett Dalton prête ses traits au « ténébreux » agent Ward. Quant à Chloé Bennet, elle fait merveille dans le rôle de Skye – Daisy Johnson dont le personnage ne cesse de s’étoffer au fil des saisons jusqu’à faire jeu égal avec Coulson et May. D’autres personnages viennent renforcer l’équipe, dont la sublime Adrianne Palicki qui personnifie l’agent Barbara Morse (« Mocking Bird ») et Nick Blood dans le rôle de son ex-mari l’agent Lance Hunter. Ce duo apporte une touche d’humour appréciable et on peut regretter leur (émouvant) départ au cours de la saison 3. Mais le tempo soutenu de la série, qui propose une intrigue par saison et pas des histoires différentes à chaque épisode, impose un renouveau permanent. Ce même rythme s’est finalement s’interrompu au terme de la septième saison dont les épisodes devaient être diffusés à partir de la fin du mois de mai 2020.

© Antoine Meunier

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THE MANDALORIAN (2020)

La première série « live » dérivée de l'univers Star Wars nous plonge dans une étrange atmosphère de western spaghetti…

THE MANDALORIAN

2020 – USA

Créée par Jon Favreau

Avec Pedro Pascal, Gina Carano, Carl Weathers, Nick Nolte, Werner Herzog, Taïka Waititi, Emily Swallow, Omid Abtahi, Ming-Na Wen, Giancarlo Esposito

THEMA SPACE OPERASAGA STAR WARS

Depuis que Lucasfilm est passée dans le giron de Disney en 2012, les produits estampillés Star Wars ont méthodiquement poussé comme des champignons. Trois épisodes supplémentaires, dont les scénarios sont franchement médiocres, sont venus enrichir l’univers classique. Deux autres long-métrages « spin-off » ont également été réalisés : le très bon Rogue One (en 2016) situé immédiatement avant l’Episode IV et le fort moyen Solo (en 2018), qui revient sur la jeunesse de notre chasseur de primes préféré. Quant à l’idée d’une série télévisée en prises de vue réelles de l’univers Star Wars, elle n’est pas nouvelle. Elle fut évoquée par George Lucas, lui-même, lors de la promotion du quatrième Indiana Jones en 2008. Cette série, baptisée Star Wars Underworld, devait se passer entre les épisodes III (La Revanche des Sith) et IV (Un Nouvel Espoir). Pour des raisons de coûts, le créateur de la saga galactique la plus célèbre du cinéma n’a malheureusement pas concrétisé cet autre segment de son univers, malgré l’attente évidente des fans. Mais avec l’arrivée de The Mandalorian, l’absence d’une série télévisée dans l’univers Star Wars est maintenant comblée.

baby-yoda

The Mandalorian est situé juste après Le Retour du Jedi. Cinq ans se sont écoulés depuis la bataille d’Endor et l’Empire n’en finit plus de s’effondrer. La nouvelle république tente de restaurer la démocratie face à l’émergence de multiples seigneurs de guerre qui tentent de s’approprier le pouvoir. Dans cet univers en décomposition, à l’atmosphère de western, nous faisons la connaissance sur la planète Nevarro de Mando, un chasseur de primes mandalorien qui exécute de basses besognes pour survivre. Moyennant une prime très élevée, il se voit un jour assigné comme mission de récupérer un enfant de la même espèce que Yoda (tout de même âgé de 50 ans) pour un commanditaire protégé par une meute de stormtroopers désœuvrée, et visiblement ancien officier de l’Empire. Après avoir livré sa proie et touché sa prime, Mando finit par se raviser et revient sauver l’enfant qui, à la grande surprise du chasseur de primes, parait maitriser la Force. Dès lors, Mando devient la cible de tous les chasseurs de primes de la galaxie qui se lancent à sa poursuite. Il parvient à quitter d’extrême justesse la planète Nevarro pour un road trip à travers la galaxie où il va croiser de multiples personnages qui tentent, eux aussi, de se reconstruire après le terme du conflit entre l’Alliance Rebelle et les force de l’Empire. Mention particulière à Gina Carano qui joue la sculpturale Cara Dune et Carl Weathers qui interprète l’ambigu Greef Karga, ex-magistrat et chef peu scrupuleux de la guilde des chasseurs de primes.

Cinq ans après Le Retour du Jedi

Créé par Jon Favreau, que l’on connait bien sous les traits de Happy Hogan, l’attachant garde du corps de Tony Stark dans le MCU, The Mandalorian s’avère être une excellente surprise. La production est particulièrement soignée. L’univers visuel mélange savamment les CGI et les personnages réels. Les aliens par exemple sont incarnés par des comédiens déguisés. Le pari était risqué mais la série parvient à retrouver le charme de la trilogie originale. D’indispensables éléments familiers, qui constituent autant de clins d’œil, sont présents tout au long de cette courte saison de huit épisodes. Il faut satisfaire les attentes des fans de la franchise qui restent particulièrement exigeants. Le rythme est lent, les épisodes ne s’embarrassent pas de fioritures et vont à l’essentiel et…ça marche ! En avançant dans la série, on se surprend à s’attacher à cet énigmatique chasseur de primes qui, comme Django Fett et son fils Boba, garde ostensiblement sa tête couverte par son casque. Mais le personnage qui lui vole la vedette est incontestablement « The Child », la petite marionnette affectueusement rebaptisée « Baby Yoda » par les fans, enjeu de bien des convoitises dans cette galaxie lointaine. Les deux protagonistes principaux que sont Mando et Baby Yoda forment un improbable duo que tout oppose mais que les aventures communes vont rendre interdépendants. Réussite scénaristique et artistique, The Mandalorian devrait s’étaler sur au moins trois saisons. 

 

© Antoine Meunier

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