ALIEN VS PREDATOR (2004)

Le crossover le plus attendu de l'histoire de la science-fiction n'aura finalement été qu'un pétard mouillé

ALIEN VS PREDATOR

2004 – USA

Réalisé par Paul W.S. Anderson

Avec Sanaa Lathan, Raoul Bova, Lance Henriksen, Ewen Bremner, Colin Salmon, Tommy Flanagan, Joseph Rye, Carsten Norgaard

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA ALIEN I PREDATOR

La fin d’Alien : la Résurrection restait ouverte sur une invasion probable de la Terre du futur par les redoutables extra-terrestres au sang acide. Mais au lieu d’orienter la franchise dans ce sens, la Fox décida de profiter du succès du Freddy contre Jason initié par New Line pour proposer Alien vs. Predator, un crossover longtemps annoncé qui naquit d’abord sous forme de bande dessinée chez Dark Horse Comics. L’enthousiasme du fan de science-fiction fut largement émoussé par le choix du réalisateur. Car pour succéder à Ridley Scott, James Cameron, David Fincher, Jean-Pierre Jeunet, John Mc Tiernan et Stephen Hopkins (excusez du peu !), c’est Paul W.S. Anderson qui fut sélectionné. Les titres de gloire du jeune cinéaste étant les peu mémorables Mortal KombatEvent Horizon et Resident Evil, on doutait quelque peu de ses capacités à prendre la relève de cette glorieuse ascendance. Et effectivement, Alien vs. Predator fait l’effet d’un pétard mouillé, sous-exploitant terriblement le potentiel de ses deux monstres vedettes. 

Au cours d’un prologue qui traîne en longueur et cherche vaguement l’inspiration du côté de Stargate et Abyss, le milliardaire Charles Bishop Weyland (Lance Henriksen, qui joue trop souvent dans tout et n’importe quoi) réunit une équipe de scientifique pour partir explorer une pyramide récemment découverte sous le sol de l’Antarctique. A l’intérieur, des Predators retiennent captive une reine Alien. Dès que nos protagonistes pénètrent les lieux, nous revoilà dans une situation standard usée jusqu’à la corde : les humains pris au piège dans un lieu clos et assaillis par des monstres tapis dans l’ombre. Toutes les séquences qui suivent ont été vues ailleurs, l’effet de surprise n’ayant donc plus cours. Comme en outre Anderson semble avoir été particulièrement marqué par Cubedont il avait copié l’un des pièges dans Resident Evil, il remet ça en dotant la pyramide d’une architecture à géométrie variable. Restent les monstres, qui s’avèrent de belles réussites visuelles. Tour à tour créatures mécaniques dues au duo Tom Woodruff & Alec Gillis et images de synthèse supervisées par John Bruno, ils volent la vedette aux humains à l’occasion d’une première séquence d’affrontement assez monumentale. 

« Quel que soit le vainqueur, nous sommes perdants… »

Le plat de résistance du film, en termes d’effets spéciaux, est la reine des rliens, qui s’avère être une petite merveille technologique. « La tête de la reine que nous avons construite pour Alien vs. Predator était assez similaire à celle d’Aliens, mais elle était beaucoup plus mobile grâce aux avancées de l’animatronique », explique Tom Woodruff. « Son armature était mise en mouvement par des mécanismes hydrauliques. Huit manipulateurs la faisaient bouger avec des joysticks. Etant donnée qu’elle était reliée à un ordinateur, il était possible d’enregistrer ses mouvements et de les reproduire. Elle pouvait s’accroupir, se redresser du haut de ses quatre mètres trente, puis tourner brusquement sa tête vers la caméra, ouvrir sa mâchoire et laisser sortir sa seconde mâchoire télescopique. Il y avait aussi une reine des aliens en images de synthèse, mais nous avons essayé d’utiliser la version mécanique chaque fois que c’était possible. La nôtre ne pouvait pas courir sur un sol gelé, par exemple. Dans ce cas, la version numérique devait prendre le relais. C’était un bon exemple de mélange des techniques. » (1) Le pugilat final, qui met en scène ce monstre colossal, s’avère de fait impressionnant. La mise en scène y est nerveuse et la chorégraphie surprenante, mais comme ces combats n’ont aucun véritable enjeu dramatique, leur issue nous importe peu. « Quel que soit le vainqueur, nous sommes perdants » disait le slogan. « Quel que soit le vainqueur, nous sommes indifférents » pourrait-on ajouter. Vers la fin, comble du ridicule, l’héroïne fait ami-ami avec un Predator pour éradiquer la menace des aliens, jusqu’à un faux happy end des plus éculés. Et pour couronner le tout, le compositeur Harald Kloser (Passé virtuelLe Jour d’après) signe là une partition lourdingue et martiale qui ne cherche même pas à recycler les thèmes mythiques créés par Jerry Goldsmith et Alan Silvestri. Bref, rien ne va plus dans ce crossover sans inspiration qui ferait presque passer Freddy contre Jason pour un chef d’œuvre. Ce qui n’est pas peu dire.


(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2014

 

© Gilles Penso

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KING KONG S’EST ÉCHAPPÉ (1968)

Après avoir lutté contre Godzilla, le King Kong japonais revient sur les écrans pour se mesurer à son double robotisé

KINGU KONGU NO GYAKUSHU / KING KONG ESCAPES

1968 – JAPON

Réalisé par Inoshiro Honda

Avec Rhodes Reason, Akira Takarada, Eisei Amamoto, Linda Miller, Mie Hama, Haruo Nakajima

THEMA SINGES I DINOSAURES I ROBOTS I SAGA KING KONG

L’équipe de King Kong contre Godzilla se lança six ans plus tard dans ce King Kong s’est échappé joyeusement délirant qui ne constitue pas vraiment une suite au film mythique opposant le dinosaure atomique et le gorille géant, mais adapte plutôt une série animée de 78 épisodes diffusée sur les petits écrans en 1966. Co-produit par la Toho et Rankin-Bass, King Kong s’est échappé est ainsi construit autour d’un scénario qui s’avère digne d’un serial de science-fiction des années 30, tout en s’imprégnant de l’ambiance des James Bond alors très en vogue sur les écrans du monde entier. Le récit s’amorce sur le sous-marin atomique américain « Explorer », qui patrouille dans les eaux du Pacifique Sud, près de Java. L’ « Explorer » ayant besoin de réparations, le commandant Nelson, la scientifique Susan et le lieutenant Nomura explorent la région et font face à un serpent de mer et à un tyrannosaure (traduisez un homme dans une panoplie en caoutchouc écailleuse) à qui l’équipe du film donna le petit nom de Gorosaurus, car au Japon tous les monstres ont un nom. 

Attiré par Susan comme il le fut 35 ans plus tôt par Fay Wray, le légendaire King Kong survient, toujours aussi pataud dans son costume velu endossé par Haruo Nakajima. Kong anéantit les deux monstres, le combat contre le T-Rex se démarquant maladroitement de l’une des plus célèbres séquences du King Kong original, et s’achevant comme on pouvait s’y attendre par l’écartèlement de la mâchoire du saurien. Entre-temps, au pôle Nord, le docteur Who (aucun lien avec celui de la série britannique) et madame Piranha (!) tentent d’extraire des profondeurs l’élément X, une substance nucléaire dont la possession assurerait à un état, si petit soit-il, le contrôle du monde entier. Afin de récupérer ce précieux minerai, le Dr Who a construit un gigantesque robot à l’image de King Kong, Mechanic-Kong. Mais les radiations sont si puissantes que le robot échoue. Le Dr Who enlève alors King Kong lui-même pour lui faire forer la mine. Emprisonné, sous hypnose et sous l’effet de sédatifs, Kong travaille à la mine, mais l’hypnose s’estompe. Who fait alors enlever Nelson et Susan pour qu’ils collaborent. Mais Kong s’échappe et combat son double robotisé au cours d’un vertigineux climax.

Place à Mechanic-Kong !

Même si le scénario de King Kong s’est echappé est un hallucinant fourre-tout qui part dans tous les sens, et même si le mythique gorille géant créé par Schoedsack et Cooper n’est plus ici qu’un faire valoir gentillet aux tendances comiques, le film se suit avec un entrain indiscutable. Distrayant en diable, bourré d’idées folles et de séquences visuelles inventives, King Kong s’est échappé s’avère bien plus jouissif que son prédécesseur, d’autant qu’il s’adresse sans équivoque à un jeune public très friand de gros monstres et de gadgets futuristes. Distribué initialement en France sous le titre La Revanche de King Kong, le film est ressorti en 1977, dans la mouvance du King Kong de Guillermin, avec le titre que nous lui connaissons maintenant, King Kong s’est échappé, assorti d’un poster se référant au chef d’œuvre de Schoedsack et Cooper, histoire de tromper sur la marchandise en faisant croire à un tout nouveau film.

 

© Gilles Penso

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LE FILS DE KONG (1933)

Une suite très facultative du chef d'œuvre de 1933, réalisé avec la même équipe et sorti dans la foulée de son illustre prédécesseur

SON OF KONG

1933 – USA

Réalisé par Ernest B. Schoedsack

Avec Robert Armstrong, Helen Mack, Frank Reicher, Noble Johnson, Steve Clemento, Victor Wong, John Marston

THEMA SINGES I DINOSAURES I DRAGONS I SAGA KING KONG

Le succès de King Kong fut tellement gigantesque que la même équipe se lança immédiatement dans une séquelle joyeusement titrée Le Fils de Kong. Et oui, le grand singe avait un rejeton ! Espérons qu’un jour on nous présentera sa mère ! Le scénario, qui semble s’inspirer en partie d’un film muet de 1927 baptisé The Enchanted Island, se centre autour du personnage de Carl Denham, croulant sous les dettes et ruiné depuis que son gorille géant a ravagé la moitié de New York. Il entend un jour parler d’un trésor qui serait caché quelque part sur l’île du Crâne. Il décide alors d’y retourner avec le capitaine Englehorn, le cuisinier Lumpy et un personnage louche nommé Helstrom. Tous trois font escale sur le port malais de Dakang, où ils rencontrent la jeune Hilda. Celle-ci survit avec son père alcoolique grâce à l’exploitation d’un numéro minable de singe savant. Après un incendie criminel qui met fin aux jours de son père, Hilda décide de partir avec Denham et son équipage. Arrivés sur l’île, ils trouvent une version un peu plus petite de Kong, à la fourrure blanche peu touffue, qu’ils arrachent aux sables mouvants. La créature joueuse les prend dès lors en amitié.

Assez ressemblant à son père, bien que moins grand, couvert de poils blancs, Kong junior roule des épaules en se dandinant comme un bouledogue de Tex Avery. Ainsi, alors que la première partie du film, reprenant l’histoire quelques mois après la fin du film précédent, a des tonalités réalistes, sérieuses, voire mélodramatiques, la suite en revanche, qui se déroule sur l’île du crâne, bascule dans le délire le plus total et prend des allures de cartoon. Le premier adversaire de Kong junior est un ours des cavernes, censé mesurer quatre mètres et demi de haut. Son combat avec le gorille est un peu longuet, mais c’est une vraie petite merveille du point de vue de l’animation. Plus tard, notre Kong miniature se heurte à un dinosaure quadrupède fantaisiste aux grands yeux blancs et aux allures de dragon chinois. L’affrontement de Kong Jr contre cet étrange animal, filmé dans une très belle maquette de temple antique, s’inspire de ceux de du Kong original contre les sauriens de son île. Nous demeurons donc en terrain connu.

Une fantasie « sério-comique »

Parmi les autres monstres qui hantent les lieux, on note un styracosaure échappé des scènes coupées de King Kong et un monstre marin qui surgit brusquement pour dévorer un marin, tous animés de main de maître par un Willis O’Brien pourtant bien peu motivé par cette séquelle manquant d’ampleur et d’inspiration. D’autant que le final, abrupt et imprévu, est un sommet d’incohérence. Annoncée comme « A Serio-Comic Phantasy », Le Fils de Kong engrangea bon nombre de spectateurs au début de son exploitation, grâce à l’aura de son prédécesseur, mais son succès s’avéra éphémère, le film ayant fini par sombrer un peu dans l’oubli. Il faut dire qu’on a du mal à croire que cette fantaisie sans prétention ait été réalisée la même année et avec la même équipe que le monumental King Kong

 

© Gilles Penso

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PIRANHA (1995)

Un remake terne du film de Joe Dante, produit directement pour le format vidéo par Roger Corman

PIRANHA

1995 – USA

Réalisé par Scott P. Levy

Avec William Katt, Alexandra Paul, Monte Markham, Darleen Carr, Mila Kunis, Soleil Moon Frye, Kehli O’Byrne, James Karen 

THEMA MONSTRES MARINS I SAGA PIRANHAS

Remake version années 90 du Piranhas de Joe Dante, toujours produit par Roger Corman, ce téléfilm laisse imaginer, via sa séquence d’intro, une réjouissante variante sur le genre, à base d’excès polissons (une jeune fille à la poitrine démesurée se dévêt allègrement), de clins d’œil cinéphiliques (il y est fait allusion à L’Etrange Créature du Lac Noir et L’Attaque des Crabes Géants) et de références marquées (la scène se démarque à peine du prologue des Dents de la Mer). Mais la suite manque singulièrement de fantaisie et entraîne le désenchantement généralisé. A vrai dire, ce film suit les péripéties de son modèle avec une fidélité et une aliénation telles qu’on se demande sincèrement l’intérêt de sa mise en chantier. Il y est donc toujours question d’une jolie détective privée (Alexandra Paul, ex-sirène d’Alerte a Malibu) faisant équipe avec un pêcheur porté sur la bouteille (William Katt, héros récurrent de Ralph Super-Héros et Perry Mason) pour retrouver la trace d’un jeune couple disparu dans une région écartée et montagneuse, le fin mot de l’énigme étant une race de piranhas mutants de trente centimètres de long créés par l’armée et répondant au doux nom d’« opération dents tranchantes ». 

Comble de l’absurdité de ce remake, l’humour et le gore ont ici complètement été évacués. Exit le cynisme insolent de Joe Dante et les effets spéciaux inventifs de Rob Bottin. Les vues des bancs de piranhas et les gros plans furtifs de « grignotage » intempestif sont tout simplement des stock-shots du film précédent. Les quelques effets additionnels du film sont dus à John Carl Buechler et son équipe (Re-Animator et From Beyond) mais n’apportent strictement rien de neuf. C’est d’autant plus surprenant que 17 ans séparent les deux films et que les techniques, en la matière, ont sensiblement évolué. Pour couronner le tout, le casting de ce nouveau Piranha est d’une triste fadeur. Dans le film de Dante, il y avait tout de même Barbara Steele, Dick Miller, Kevin McCarthy et Paul Bartel dans de réjouissants seconds rôles. Là, nous n’avons droit qu’à d’anciennes « gloires » du petit écran guère convaincantes, peu aidées il est vrai par un réalisateur en manque total d’inspiration (Scott Levy, habitué aux « direct to video » sans éclat).

Quelques gouttes d'eau salée dans un océan d'inspidité

Certes, il y a bien quelques scènes de suspense habilement ficelées (notamment la course pour éviter l’ouverture des vannes et l’attaque de la colonie de vacances par les piranhas), une poignée de clins d’œil amusants (une allusion à un cabinet d’avocats nommé Dante & Sayles, qui sont les noms respectifs du réalisateur et du scénariste du premier film) et de timides écarts horrifiques (comme le bras arraché d’une nageuse, allusion à la jambe tranchée des Dents de la Mer, ou quelques blessures sanglantes assez gratinées), mais ce ne sont que des gouttes d’eau salées dans un océan d’insipidité. Bref, voilà encore un remake inutile et indigent, à ranger aux côtés du Psycho de Gus Van Sant et du Fog de Rupert Wainwright. Cela dit, nous sommes sans doute passés à côté du pire : personne, en effet, n’a encore eu l’idée saugrenue de mettre en chantier une séquelle de Piranhas 2 les tueurs volants !

 

© Gilles Penso

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PIRANHA 3DD (2012)

La suite du remake de Piranhas commence à ressembler à une mauvaise photocopie qui mise tout sur l'humour gras, le gore et l'érotisme

PIRANHA 3DD

2012 – USA

Réalisé par John Gulager

Avec Danielle Panabaker, Matt Bush, Katrina Bowden, Jean-Luc Bilodeau, David Koechner, Ving Rhames, David Hasselhoff 

THEMA MONSTRES MARINS I SAGA PIRANHAS

Dans la foulée du succès du Piranha 3D d’Alexandre Aja, une séquelle ne tarda pas à pointer le bout de son museau, signée par John Gulager (réalisateur des trois Feast). Le DD de son titre est à la fois une boutade autour de la 3D (le film bénéficie lui aussi du relief) et une allusion au bonnet double D des soutiens-gorge. On l’aura compris, Piranha 3DD surfe lui aussi sur la triple tendance du gore, de l’érotisme et de l’humour noir. En ce domaine, le sommet est probablement atteint avec la scène la plus mythique du film, celle où une jeune femme ayant avalé par mégarde un œuf de piranha fait l’amour avec son petit ami jusqu’au moment où un monstre vorace surgit de son intimité pour refermer ses mâchoires acérées sur le sexe de son partenaire ! Ce cocktail d’horreur viscérale et de parodie potache s’achève par une auto-émasculation sanglante. 

Mais le reste du métrage n’est pas aussi extrême, Gulager s’avérant beaucoup moins inventif qu’Aja en matière de séquences gore. Le scénario lui-même ne donne pas vraiment dans l’originalité. Après le massacre survenu à Lake Viktoria, les piranhas préhistoriques mangeurs d’hommes se préparent un nouveau festin à l’occasion de l’inauguration de Big Wet, un parc d’attractions aquatique ouvert à un public familial, à l’exception d’une section « adulte » gorgée de sirènes dénudées qui s’ébattent dans l’eau javellisée pour le plus grand bonheur des visiteurs mâles à la libido exacerbée. Emule féminin du Roy Scheider des Dents de la Mer, la jolie Maddy (Danielle Panabaker) pressent très tôt le danger et s’efforce de prévenir son père, patron du parc Big Wet. Mais l’appât du gain aveugle ce dernier, et ce qui devait arriver arrive : les poissons anthropophage s’immiscent dans tous les bassins pour transformer les piscines en bouillons écarlates et sanguinolents. 

David Hasselhoff à la rescousse !

L’humour quasi omniprésent est principalement véhiculé par les guest stars du film : Christopher Lloyd et Ving Rhames, qui reprennent les rôles qu’ils tenaient dans Piranha 3D, ainsi que David Hasselhoff, trop heureux de se parodier lui-même sans le moindre complexe. Adepte de l’autodérision depuis belle lurette, l’ancienne star de K 2000 joue ici son propre rôle, s’offusque en découvrant qu’un petit garçon n’a jamais entendu parler de lui (il essaie en vain de lui rafraîchir la mémoire en lui citant sa filmographie, sans omettre Anaconda 3 !), et s’efforce de sauver les baigneurs en détresse en courant au ralenti, sa planche à la main, comme dans le générique d’Alerte à Malibu ! Bien sûr, cette bonne humeur et cette légèreté sont communicatives, mais le film semble finalement un peu vain, et cette vacuité se confirme au moment du générique de fin (qui dure presque un quart d’heure, alors que le film lui-même dure moins d’une heure et demie) : un enchaînement ininterrompu de bêtisiers, de prises ratées et de private-jokes s’y déroule joyeusement. Sans doute trop conscient de son propre potentiel comique, Piranha 3DD oublie en cours de route son objectif principal – nous effrayer – même si son grain de folie peut s’interpréter comme un hommage sincère à la spontanéité mi-horrifique mi-humoristique du Piranhas original signé par Joe Dante.

 

© Gilles Penso

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INSIDIOUS CHAPITRE 2 (2013)

Les protagonistes de cette séquelle efficace repartent à la chasse aux entités maléfiques sous la direction habile de James Wan

INSIDIOUS CHAPTER 2

2913 – USA

Réalisé par James Wan

Avec Patrick Wilson, Rose Byrne, Ty Simpkins, Lin Shayne, Barabara Hershey, Leigh Whannell, Angus Sampson

THEMA FANTÔMES I DIABLES ET DEMONS I SAGA INSIDIOUS

Le succès d’Insidious était mérité, James Wan et Leigh Whannell ayant su remettre au goût du jour les thèmes classiques de la maison hantée et de la possession diabolique en créant leur propre mythologie. En accord avec leur producteur Oren Peli (à qui nous devons la « saga » Paranormal Activity), ils ne tardèrent pas à mettre en chantier une séquelle. Artistiquement, le défi et la prise de risques étaient minimaux, et sans doute les duettistes décidèrent-ils de donner eux-mêmes à Insidious un deuxième chapitre pour éviter de le confier à quelqu’un qui risquerait de le décliner maladroitement (Saw est à ce titre un bon exemple de franchise dénaturée dès son second épisode). Le film commence par un flash-back situé en 1986 et nous met en présence de trois personnages clé de l’épisode précédent : Josh Lambert, alors enfant, sa mère Lorraine et la voyante Elise Rainier, ici flanquée d’un assistant nommé Carl. Tous s’efforcent de chasser l’entité maléfique qui hante Josh et de lui faire oublier sa capacité à sortir de son enveloppe corporelle pour visiter l’entre-deux-mondes qu’Elise nomme « Lointain ».

La suite se raccorde directement avec la fin des événements du premier Insidious, s’appuyant sur un suspense lié aux motivations de Josh (Patrick Wilson). Est-il possédé par l’esprit maléfique de la Dame en Noir qu’il a lui-même ramené de son dernier voyage dans le « Lointain » ? Est-il coupable du meurtre d’Elise ? Sa famille court-elle un danger en restant à son contact ? Dans la maison, son épouse Renai (Rose Byrne) est à nouveau témoin de choses étranges : le piano joue tout seul, son bébé est sorti du lit comme par enchantement, une femme fantomatique fait son apparition… On retrouve ainsi la dynamique du premier film, dans lequel Renai assistait à des phénomènes paranormaux et se heurtait à l’incrédulité de son mari. Josh n’étant pas lui-même, la situation prend bien sûr une tournure différente. Si le couple Lambert tenait la vedette dans Insidious, les choses se rééquilibrent ici différemment dans la mesure ou le duo de « chasseurs de fantômes » Specs et Tucker (Leigh Whannell et Angus Sampson) prend désormais autant d’importance qu’eux, s’efforçant d’entrer en communication avec l’esprit d’Elise pour élucider sa mort.

Clins d'œils aux classiques du genre

L’une des idées intéressantes du scénario est de déployer sa narration sur plusieurs espaces-temps, les défunts et les visiteurs du « Lointain » étant capable de revisiter certains épisodes passés et d’interagir avec les vivants, d’où la relecture sous un autre angle d’une des scènes du film précédent mais aussi du flash-back du prologue de celui-ci. Toujours soucieux de se rattacher à leurs racines, Wan et Whannel citent au fil du métrage quelques classiques tels que PsychoseShining ou L’Invasion des Profanateurs. L’efficacité de cette séquelle est cependant amenuisée par une propension un peu systématique à multiplier jusqu’à l’excès les rebondissements et les révélations, comme si Whannell et Wan n’avaient pas suffisamment confiance en leur récit pour le laisser se dérouler naturellement. Insidious chapitre 2 n’a donc pas autant d’impact que son prédécesseur, malgré quelques séquences d’angoisse particulièrement réussies.

 

© Gilles Penso

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INSIDIOUS (2010)

Les créateurs de la saga Saw nous emmènent dans une maison hantée à mi-chemin entre modernisme et classicisme

INSIDIOUS

2010 – USA

Réalisé par James Wan

Avec Patrick Wilson, Rose Byrne, Ty Simpkins, Andrew Astor, Lin Shayne, Barabara Hershey, Leigh Whannell

THEMA FANTÔMES I DIABLES ET DEMONS I SAGA INSIDIOUS

Saw était un coup de maître. James Wan et Leigh Whannell y révélaient leurs talents respectifs de réalisateur, de scénariste et d’acteur. Mais face à l’orientation de cette franchise vers une escalade de gore évacuant leurs influences initiales (Dario Argento, Mario Bava, Robert Fuest, Alfred Hitchcock), ils décidèrent de concocter un film d’épouvante à l’ancienne : Dead Silence. Les intentions étaient louables, mais le résultat pataud et quelque peu anachronique. Insidious est donc l’œuvre du rééquilibrage, cherchant à se réinscrire dans un contexte moderne sans trahir pour autant leurs sources d’inspiration premières. On décèle d’ailleurs quelques clins d’œil au répertoire classique tout au long du métrage, notamment Poltergeist et L’Exorciste, tandis que la présence de Barbara Hershey est motivée par sa prestation inoubliable dans L’Emprise de Sidney J. Furie. Le film s’ouvre sur l’installation de la famille Lambert dans une nouvelle maison, suffisamment spacieuse pour accueillir Josh (Patrick Wilson), Renai (Rose Byrne) et leurs trois enfants. Un soir, leur fils aîné Dalton tombe d’une échelle. Le lendemain matin il ne se réveille pas, tombé dans un coma soudain et inexplicable. La médecine étant impuissante, il ne reste pas à l’hôpital et regagne la demeure familiale, installé dans une chambre médicalisée. C’est là que les événements surnaturels commencent à se manifester…

Le prologue d’Insidious nous laisse craindre un train fantôme reprenant les codes du film de maison hantée en les saupoudrant d’effets choc artificiels n’ayant d’autre but que le sursaut régulier du spectateur sur son fauteuil. Mais en réalité le traitement choisi par James Wan s’avère plus subtil. Le cinéaste instille en effet la peur en douceur, par touches successives. Le visage derrière la fenêtre, la voix dans le babyphone, les coups à la porte en pleine nuit sont bien plus effrayants que ne le seraient des effets spéciaux spectaculaires. Même lorsque les visions se précisent, notamment cet individu surgissant dans la maison pour agresser Renai ou cet enfant inconnu courant de chambre en chambre, la retenue reste de mise. Dans le rôle de l’épouse qui, la première, perçoit l’anormalité de la situation, Rose Byrne s’avère touchante, les yeux toujours embués, prête à craquer d’une seconde à l’autre. A ses côtés, Patrick Wilson est tout autant crédible, certains détails de la vie quotidienne (ses applications de crème antiride le soir avant de se coucher) renforçant le réalisme de leur couple. 

S.O.S. Fantômes

Mais la demi-mesure n’est pas toujours au menu. Lorsque débarque l’improbable trio de parapsychologues constitué de deux adolescents attardés (Leigh Whannell et Angus Sampson) et d’une femme joviale (Lin Shaye), Wan joue volontairement la carte du contraste pour renforcer la dynamique de son film. Certes, les ultimes rebondissements en font sans doute trop et semblent obéir un peu artificiellement à une marque de fabrique que Wan et Whannell se sont imposés : le fameux « twist » final. Mais à cette réserve près, Insidious est une réussite assez exemplaire parvenant à convoquer chez le spectateur ses peurs les plus intimes et les plus primaires.

 

© Gilles Penso

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INSIDIOUS CHAPITRE 3 (2015)

Un troisième épisode en forme de prequel dans lequel James Wan cède la mise en scène à Leigh Whannell, plus porté sur le réalisme et l'intimisme

INSIDIOUS CHAPTER 3

2015 – USA

Réalisé par Leigh Whannell 

Avec Lin Shaye, Stefanie Scott, Dermot Mulroney, Angus Sampson, Leigh Whannell, Ele Keats, Steve Coulter 

THEMA FANTÔMES I DIABLES ET DEMONS I SAGA INSIDIOUS

Affubler une saga d’épouvante d’un troisième épisode en forme de prequel est une habitude qui marque généralement une perte d’inspiration, comme en témoignent pèle mêle Cube zéro, Ring 0, Dragon Rouge ou [Rec] 3 : Genesis. Leigh Whannell, promu réalisateur après le départ de son compère James Wan parti tourner Fast and Furious 7, nous livre pourtant un épisode de haute tenue évitant les écueils de mise en pareille situation. Il s’éloigne d’ailleurs volontairement des effets de style marqués de Wan pour proposer une approche plus classique et plus directe. L’adéquation avec le récit est idéale, puisque le scénario d’Insidious chapitre 3 cherche justement à éviter l’un des défauts de l’épisode précédent, accumulant à outrance les rebondissements et les révélations, pour réduire le nombre de personnages principaux et d’intrigues secondaires et du coup gagner en efficacité. 

Marquée par le décès de sa mère et persuadée que celle-ci cherche à lui envoyer un message depuis l’au-delà, la jeune Quinn Brenner (Stefanie Scott) se tourne vers les dons de médium d’Elise Rainier (Lin Shaye). Mais celle-ci ne veut plus communiquer avec les défunts depuis une expérience traumatisante qui l’a marquée à vie. Elle se ravisera en découvrant que Quinn est régulièrement agressée par une entité maléfique capable de s’immiscer dans sa chambre et de la tourmenter jour et nuit. Force est de constater que Whannell a fait le bon choix en optant pour une prequel. Il eut été en effet invraisemblable de faire subir à la famille Lambert, héroïne des deux premiers Insidious, de nouveaux outrages d’origine paranormale, sous peine de sombrer dans le grotesque accumulatif. Se focaliser sur un autre démon tourmentant une autre famille était donc judicieux. 

« Quand on communique avec un défunt,
tous les morts entendent… »

D’autre part, les scènes d’épouvante à répétition distillées dans les films précédents étaient astucieusement contrebalancées par la présence de deux jeunes chasseurs de fantôme exubérants, Specs (Leigh Whannell) et Tucker (Angus Sampson), et de la médium Elise. Cette dernière ayant passé l’arme à gauche à la fin du premier Insidious, il était impossible de retrouver ce joyeux trio en respectant la chronologie classique. Le scénario choisit donc de revenir dans le temps, pour faire d’Elise son personnage central, et de nous raconter sa première rencontre avec Tucker et Specs. L’intervention des deux compères en deuxième partie de métrage offre aux spectateurs une respiration humoristique bienvenue. Car par ailleurs, Insidious chapitre 3 ne prête guère à rire. On y parle de maladie au stade terminal, de dépression, de mort, et de nombreuses séquences savent provoquer une de ces peurs primales comme en n’en ressent plus beaucoup au cinéma. Or Whannell ne recours jamais à la violence physique ou au gore, comme s’il voulait prendre le contrepied de la tournure ultra-sanglante prise par la saga Saw qu’il avait initiée avec James Wan dix ans plus tôt. Le pari est réussi : nous ne sommes pas près d’oublier cet horrible démon rachitique au masque respiratoire, ni cette phrase inquiétante d’Elise annonçant à Quinn : « Attention : quand on communique avec un défunt, tous les morts entendent ». 

 

© Gilles Penso

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DRACULA VIT TOUJOURS A LONDRES (1973)

Christopher Lee / Dracula et Peter Cushing / Van Helsing s'affrontent une dernière fois pour le compte du studio Hammer

THE SATANIC RITES OF DRACULA

1973 – GB

Réalisé par Alan Gibson

Avec Christopher Lee, Peter Cushing, Michael Coles, William Franklyn, Freddie Jones, Joanna Lumley, Richard Vernon 

THEMA DRACULA I VAMPIRES I SAGA DRACULA DE LA HAMMER

Poursuivant la modernisation du mythe de Dracula qu’il avait amorcée avec Dracula 73, Alan Gibson situe en toute logique cette séquelle au milieu des années 70. La séquence d’introduction nous décrit une messe noire dans la plus pure tradition : femme nue prête à être sacrifiée, coq égorgé, grande prêtresse, hommes en capuche, tout y est. Infiltré dans le groupe pour mieux le dénoncer, un homme est repéré par les satanistes, et il a tout juste le temps de s’échapper et de témoigner auprès de Scotland Yard avant de mourir de ses blessures. Les photos qu’il a prises sur place démontrent que les participants de ce sanglant rituel sont tous des notables fort respectables : un général, un ministre, un riche propriétaire et un prix Nobel de médecine. Dépêché par les enquêteurs, le professeur Lorimer Van Helsing, descendant du célèbre chasseur de vampires, accepte de leur prêter main-forte, et c’est toujours l’incontournable Peter Cushing qui lui prête ses traits émaciés. Spécialiste des sciences occultes, Van Helsing ne tarde pas à soupçonner le comte Dracula, qu’il avait détruit à la fin du film précédent, mais qui semble être revenu à la vie par réincarnation.

Cette explication fantaisiste ressemble fort à un raccourci scénaristique évasif, d’autant que la résurrection du vampire ne nous est jamais montrée. Le grand Christopher Lee se contente d’ailleurs de faire de la simple figuration pendant la majeure partie du film, comme s’il jouait à contrecœur son personnage fétiche dans un ultime épisode pâlissant de la comparaison avec ses illustres prédécesseurs. Il faut avouer que ce Dracula vit toujours à Londres manque beaucoup de crédibilité et se perd dans de longues scènes dialoguées ralentissant sérieusement son rythme. D’autant que la confrontation tant attendue entre Lee et Cushing n’intervient qu’au bout d’une bonne heure de métrage. Il y a pourtant de bonnes idées dans le scénario de Doug Houghton, notamment l’idée de muer Dracula en homme important de la société londonienne, à la tête d’une puissante multinationale. Mais le parallèle entre vampirisme et capitalisme est à peine exploité, et le plan machiavélique de Dracula s’avère invraisemblable, puisqu’il consiste à anéantir purement et simplement l’humanité à l’aide d’une nouvelle peste, se condamnant du coup lui-même à l’extinction.

Un plan machiavélique mais absurde

Les effets de cette arme bactériologique nous sont d’ailleurs montrés sur un malheureux dont la peau se décompose à la vitesse grand V. Le maquillage n’est guère subtil, certes, mais l’effet répulsif est fort réussi. L’horreur et l’érotisme sont donc plus présents que dans les autres épisodes de la série, assortis de quelques fusillades sanglantes visiblement inspirées par les Bonnie and Clyde et autres Parrain qui triomphaient à l’époque. Quelques scènes de suspense réussies émaillent également le film, notamment l’attaque de la fille de Van Helsing (interprétée par Joanna Lumley) par quatre femmes-vampires dans une grange. Mais on sent bien que la franchise est en bout de course. Les cinéastes de la Hammer, incapables de renouveler davantage le mythe, abandonneront donc là leur personnage favori.

 

© Gilles Penso

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DRACULA 73 (1972)

Pour se mettre dans l'air du temps, le studio Hammer arrache Dracula à son environnement gothique et le fait débarquer au milieu des années 70

DRACULA A.D. 72

1972 – GB

Réalisé par Alan Gibson

Avec Christopher Lee, Peter Cushing, Stephanie Beacham, Christopher Neame, Michael Coles, Marsha Hunt, Caroline Munro

THEMA DRACULA VAMPIRES I SAGA DRACULA DE LA HAMMER

Avec Les Cicatrices de Dracula, le studio Hammer prouvait qu’il avait atteint les limites de la franchise tirée de Bram Stoker et que les variantes autour du mythe commençaient sérieusement à tourner en rond. D’où la volonté, en ces jeunes années 70, de remettre le comte vampire au goût du jour en le transposant à l’époque moderne. Pour que la transition se fasse relativement en douceur, le prologue, situé en 1872, nous montre un affrontement entre Dracula et Van Helsing sur une carriole lancée à vive allure. A l’issue du combat, les deux belligérants périssent, Dracula se retrouvant empalé par l’une des roues du véhicule. Miraculeusement présent sur les lieux, un adepte du vampire (Christopher Neame) récupère ses cendres et les enterre dans un mausolée. Aussitôt, le film nous transporte cent ans dans le futur, au beau milieu des seventies du plus mauvais goût qui soit. Aux accents d’une musique pop hystérique, nous nous retrouvons dans une party pas piquée des vers. Les filles en maillot de bain se déhanchent, les coupes de cheveu sont improbables, les costumes semblent échappés de Hair.

C’est dans cette ambiance mi-funky mi-hippie qu’un groupe d’amis décide de tromper son ennui en se prêtant au jeu de la messe noire. Cette idée leur est soufflée par le fêtard Johnny Alucard (sic), qui n’est autre que l’adorateur de Dracula que nous croisions un siècle plus tôt, et qui n’a pas pris une ride depuis. Le scénario emprunte donc l’une des idées maîtresses d’Une Messe pour Dracula, les aristocrates blasés étant simplement remplacés par des adolescents… tout aussi blasés. Parmi les jeunes gens réunis au cimetière ce soir-là, on reconnaît la toute belle Caroline Munro, peu encore familière du grand écran, dans le rôle de l’ingénue Laura. A l’issue de la cérémonie, Alucard verse son sang dans les cendres de Dracula et asperge la belle du mélange peu ragoûtant qu’il obtient. Aussitôt, le comte aux dents longues ressuscite, avec force fumigènes, et Laura sera sa première victime. Mais le vampire et son adorateur visent en réalité un autre membre du petit groupe d’amis : Jessica Van Helsing (Stephanie Beacham), dont le grand-père (Peter Cushing) descend en droite lignée du célèbre chasseur de vampires.

Le vampire qui voyageait dans le temps

Tout est donc prêt pour un duel au sommet, mais Dracula 73 fait bien pâle figure face aux épisodes précédents. Il faut dire qu’à trop vouloir être dans l’air du temps, le film d’Alan Gibson finit par sombrer dans le ridicule, d’autant qu’ici, plus que jamais, Christopher Lee n’est plus qu’un figurant dont on sent bien la lassitude et le manque de conviction. Restent quelques dialogues amusants, comme Van Helsing qui déclare solennellement « le Diable existe » et se voit répondre par un inspecteur de Scotland Yard : « Naturellement, voilà pourquoi il y a la police ». D’autres répliques soulèvent d’intéressants points de vue, notamment lorsque le même Van Helsing compare les vampires au Phénix de la mythologie, qui renaît systématiquement de ses cendres. Mais c’est insuffisant pour que la mayonnaise prenne. On note qu’en France et en Espagne, le titre original Dracula A.D. 72 se mua en Dracula 73 à cause du décalage de sa sortie en salles.

 

© Gilles Penso