JUDGE DREDD (1995)

Une adaptation qui fit grincer les dents de tous les amateurs du comic book original, mais qui aurait tendance à se bonifier un peu en vieillissant

JUDGE DREDD

1995 – USA

Réalisé par Danny Cannon

Avec Sylvester Stallone, Armand Assante, Jürgen Prochnow, Diane Lane, Rob Schneider 

THEMA SUPER-HEROS I FUTUR

Si depuis leur création à la fin des années 30 les super-héros et les super-vilains se sont sagement positionnés dans les camps bien définis des bons et des méchants, le manichéisme des comic books s’est progressivement étiolé au cours des années 70. On a coutume de dire que ce bouleversement des valeurs est rattaché à la guerre du Vietnam et au scandale du Watergate, semant définitivement le doute sur les certitudes ancrées jusqu’alors dans l’inconscient collectif américain. Cette période correspond ainsi à l’avènement de héros aux méthodes discutables, à la violence exacerbée et aux idéaux frôlant dangereusement le fascisme. Trois ans après Frank Castle, le fameux Punisher de Marvel, naissait ainsi Judge Dredd dans le magazine « Science Fiction 2000 A.D. » Une adaptation au cinéma était inévitable, mais elle tarda à se concrétiser et entre temps plusieurs films de science-fiction s’inspirèrent largement du juge/policier/bourreau expéditif créé par John Wagner et Carlos Ezquerra, notamment Robocop et Demolition Man. Lorsqu’un Judge Dredd cinématographique pointa enfin le bout de son nez, l’originalité ne fut donc pas la qualité principale qui frappa les spectateurs.

Sur une splendide partition d’Alan Silvestri, le générique de début s’efforce pourtant de remettre les pendules à l’heure, affichant les couvertures du comics original pour légitimer un retour aux sources. Les premières images de la mégalopole du futur nous coupent le souffle, et force est de constater que les effets spéciaux, les décors et la direction artistique du film sont de toute beauté. Lorsque Dredd apparaît pour la première fois afin de défaire une émeute, la mise en scène de Danny Cannon joue la carte de l’iconisation, et le film semble partir sous les meilleurs auspices. Mais on sent déjà que le grand public est visé (budget pharaonique oblige) et que l’édulcoration guette. Un premier indice nous est donné lorsque le caractère impartial du personnage est tourné en dérision. Quand sa collègue lui suggère d’éprouver de temps en temps des émotions, il rétorque ainsi : « des émotions ? Ce devrait être interdit par la loi. »

Sacrilège : Dredd retire son casque !

Au bout d’un quart d’heure, le sacrilège ultime nous frappe alors de plein fouet : Dredd retire son casque ! C’était à prévoir. Le studio Disney (sous le label Hollywood Pictures) ne pouvait pas masquer pendant une heure et demie le visage de sa superstar, et malgré tout le bien que nous pensons de Stallone, l’embaucher pour jouer Dredd était de toute évidence une fausse bonne idée. Dès lors, le film alterne le meilleur et le pire. Le méchant psychopathe incarné par Armand Assante, le terrifiant robot animatronique réactivé après des décennies de sommeil, la secte religieuse cannibale ou l’éveil des clones de Dredd font partie des moments mémorables – et très réussis – de Judge Dredd. Mais parallèlement, il faut subir les pitreries d’un faire-valoir comique inutile (Rob Schneider), les prémisses d’une love story hors sujet et quelques scènes d’action poussives (la poursuite des motos volantes). Le bilan est donc mitigé, mais le film ne méritait pas la cabale dont il fut victime au moment de sa sortie. Il aurait même tendance à se bonifier en vieillissant.

 

© Gilles Penso

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MAGGIE (2015)

Arnold Schwarzenegger campe le père d'une adolescente infectée par un virus qui s'apprête à la muer en zombie

MAGGIE

2015 – USA

Réalisé par Henry Hobson

Avec Arnold Schwarzenegger, Abigail Breslin, Joely Richardson, Mattie Liptak, Laura Cayouette 

THEMA ZOMBIES

Dans une Amérique post-apocalyptique, un terrible virus infecte et tue la population. Les malades se retrouvent mis en quarantaine, dans l’attente d’une transformation (et d’un décès) atroce. Wade (Arnold Schwarzenegger dans un rôle prévu au départ pour Paddy Considine) apprend que sa fille adolescente, Maggie (Abigail Breslin qui remplace au pied levé Chloë Grace Moretz), est contaminée. Il décide de s’isoler à la campagne avec elle pour accompagner dignement ses derniers jours… Disons-le sans ambages, cette chronique d’une mort annoncée est un ratage quasi-total. L’intention était pourtant très louable et même excitante sur le papier : la première véritable composition dramatique de Schwarzenegger (si l’on excepte son personnage alcoolique de La Fin des temps de Peter Hyams). A 68 ans bientôt, le chêne autrichien affiche une belle stature d’homme qui a vécu. La barbe fournie, les yeux fatigués, l’allure de monsieur-tout-le-monde, l’acteur se veut anti-iconique au possible. Malheureusement, il ne suffit pas d’adopter une mine déconfite ou d’écraser une larme pour émouvoir. Les limites de jeu du Governator sont ici palpables, mais il n’est pas seul en cause, loin de là.

Le souci majeur réside dans la mise en scène appliquée d’Henry Hobson, auparavant responsable de l’incrustation des titres dans les génériques des Sherlock Holmes de Guy Ritchie ou du jeu vidéo The Last of Us (dont l’influence se fait ici sentir). Le novice confond émotion et afféterie, récitant avec redondance le manuel du petit film indépendant illustré, avec force jump-cuts, décadrages et autres caméras portées et tremblotantes. L’univers visuel est à l’avenant, pillant sans personnalité aucune La Route ou The Walking Dead. Les protagonistes sont taillés à la serpe et mal dégrossis, ne parvenant pas à exister (la belle-mère incarnée par Joely Richardson est celle qui souffre le plus de cette non-caractérisation), et certaines sous-intrigues ne servent carrément à rien (le sort tragique de la famille de voisins).

Le manuel du petit film indépendant illustré

La seule à tirer son épingle du jeu demeure la toujours juste Abigail Breslin (on la préférera dans le très bon Haunter de Vincenzo Natali), qui arrive au détour de certaines scènes à toucher au cœur, notamment lors de son rendez-vous amoureux avec un autre infecté. Sa complicité avec son père n’est tristement effleurée que deux fois, un sourire échangé suffisant à insuffler un peu de vie à l’ensemble. L’atmosphère neurasthénique confine à l’ennui total, et l’issue fatale étant certaine dès le départ, le suspense est inexistant. Sur un sujet similaire, mieux vaut revoir le traumatisant Moi, zombie, chronique de la douleur de l’anglais Andrew Parkinson, autrement plus fort et abouti. Le pauvre Arnold manque donc encore une fois son retour en grâce malgré ses efforts d’humilité, et ne sera jamais meilleur que lorsqu’il est bien dirigé – McTiernan, Cameron ou Verhoeven auront tiré ses meilleures performances.

 

 © Julien Cassarino

ZOMBIE HONEYMOON (2004)

Danny et Denise sont fous amoureux, mais leur couple survivra-t-il à la transformation de l'un d'eux en zombie anthropophage ?

ZOMBIE HONEYMOON

2004 – USA

Réalisé par David Gebroe

Avec Tracy Coogan, Graham Sibley, Tonya Cornelisse, David M. Wallace, Neal Jones, Maria Bermudez, Phil Catalano

THEMA ZOMBIES

Une histoire d’amour avec un zombie ? Pourquoi pas ? Tel est en tout cas le postulat de Zombie Honeymoon, dont le titre prête à sourire mais dont le propos s’articule avec une gravité qui fait parfois froid dans le dos. Le film s’amorce pourtant sur un ton léger. Éperdument amoureux, Danny et Denise sont incarnés par deux jeunes comédiens pleins de fraicheur, accompagnés par une caméra portée qui les suit pas à pas pendant leur voyage de noces. Puis vient ce moment étrange où un homme surgit lentement de l’eau, alors que notre couple se détend sur la plage. Hagard, blafard et ensanglanté, l’inconnu arpente le sable en se dirigeant pesamment vers Danny, qui sommeille paresseusement, puis se jette sur lui et laisse couler le sang de sa bouche vers son visage. Cliniquement mort, le jeune marié se réveille pourtant dix minutes après son arrêt cardiaque. Cette expérience traumatisante pousse Denise et Danny à concrétiser aussitôt les projets qu’ils prévoyaient pour le long terme. Ils démissionnent, vendent leur appartement et envisagent de s’installer au Portugal. Evidemment, lorsqu’elle constate que Danny a des accès de cannibalisme soudains, Denise déchante ! Au moment où les pulsions le prennent, son amoureux se jette en effet sur les gens qui passent à sa portée et les dévore sans préavis.

On retrouve là plusieurs thématiques du Mort-Vivant de Bob Clark, si ce n’est qu’ici la comédie romantique se substitue au drame sur la guerre. Le sida semble avoir remplacé le traumatisme des combattants, même si le zombie reste le symbole idéal de l’exclusion. Le motif du mort-vivant assoiffé de sang humain et protégé par sa bien-aimée évoque aussi La Morte-Vivante de Jean Rollin. Plus le film avance, plus le malheureux Danny se décompose, et plus son avidité s’avère incontrôlable. Plusieurs scènes mémorables ponctuent le métrage, comme la lecture des lignes de la main (qui s’accompagne de la vision furtive d’un cadavre décomposé) ou le dîner aux chandelles au cours duquel Denise est quasiment prête à s’offrir aux mâchoires de son époux. Quelques gags référentiels s’immiscent aussi dans le récit, à l’image de ce vendeur de vidéoclub qui porte un t-shirt L’Enfer des Zombies et de son client mécontent qui vient lui rendre la cassette d’un mauvais film (signé David Gebroe, qui est justement le réalisateur de Zombie Honeymoon !).

Une parabole du deuil et de son acceptation

Tourné entièrement au New Jersey, le film souffre parfois de son absence de moyens et du semi-amateurisme de son équipe. C’est ce qui explique sans doute le manque de réalisme des maquillages spéciaux et le jeu parfois approximatif de Tracy Coogan, interprète de Denise (laquelle ne s’offusque que mollement lorsqu’elle voit Danny dévorer ses semblables). Mais la sincérité manifeste de Gebroe emporte l’adhésion, le jeune cinéaste appuyant une partie de son récit sur une véritable expérience de drame familial (le film est dédié à son défunt beau-frère). Sous ses oripeaux de film d’horreur, Zombie Honeymoon peut donc s’appréhender comme une parabole de la perte d’un être cher et de la difficulté d’en faire son deuil. En ce sens, la démarche est plus réussie que celle des Revenants de Robin Campillo qui brassait les mêmes thèmes.

 

© Gilles Penso

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GHOST RIDER : L’ESPRIT DE VENGEANCE (2012)

Pouvait-on faire pire que le premier
Ghostrider de Mark Steven Johnson ? Apparemment oui, preuve que Nicolas Cage n'a peur de rien !

GHOST RIDER : SPIRIT OF VENGEANCE

2012 – USA

Réalisé par Mark Neveldine et Brian Taylor

Avec Nicolas Cage, Ciaran Hinds, Violante Placido, Idris Elba, Christophe Lambert, Johnny Whitworth 

THEMA SUPER-HEROS I DIABLE ET DEMONS I SAGA MARVEL

Mais qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête des dirigeants de Marvel lorsqu’ils ont donné le feu vert à ce second Ghost Rider ? Le film précédent était pourtant une catastrophe de grande ampleur, probablement le pire film de super-héros jamais réalisé, à côté duquel même les Captain America des années 70 mériteraient d’être revus à la hausse. Des lancements ratés de franchise, comme le Hulk de Ang Lee ou le Punisher de Jonathan Heinsleigh, ont été rebootés pour bien moins que ça. L’existence de ce Ghost Rider : l’Esprit de Vengeance est donc déjà en soi une sorte d’aberration contre-nature. Mais c’est lorsqu’on contemple le spectacle qu’on peut constater pleinement l’étendue des dégâts, avec en filigrane une interrogation lancinante : ne serait-il pas temps que Nicolas Cage change d’agent ? Comment un comédien aussi talentueux peut-il tomber aussi bas ? Pourquoi l’homme qui nous époustoufla dans Leaving Las Vegas, Sailor et Lula et Volte/Face continue-t-il à faire le pitre sur sa moto enflammée alors qu’il pourrait irradier tant d’autres films de sa présence magnétique ? Mystère. 

Séquelle tardive de la purge signée Mark Steven Johnson, Ghost Rider : l’Esprit de Vengeance se situe logiquement huit ans après les événements précédemment narrés. Johnny Blaze vit désormais isolé au fin fond de la Roumanie, avec le fol espoir de se débarrasser de la malédiction qui le mue en cavalier fantôme au crâne incandescent. Or un jour, l’énigmatique Moreau (Idris Belda affublé d’étranges lentilles de contact) lui demande instamment de sauver un enfant, Danny, capturé par le maléfique Roarke. Ce dernier serait un démon dont les plans viseraient à ressusciter Satan en personne. Il y a donc péril en la demeure, et notre Ghost Rider accepte de reprendre du service. 

Un super-héros qui urine des flammes

Bien vite, on comprend que le personnage d’Idris Belda ne sert à rien d’autre qu’à expliquer au héros – et aux spectateurs – tous les tenants et les aboutissants d’un scénario qui, du reste, n’intéresse personne. Pourquoi le Diable veut-il récupérer Danny ? En quoi le sacrifice qu’il prépare consiste-t-il ? A quoi correspond la fameuse prophétie et comment la contrer ? Ne cherchez pas, Idris sait tout et débite de longues tranches de dialogues explicatifs pour nous tenir régulièrement au courant des événements. Entre deux scènes inutiles (une course de motos pour amuser Danny) ou grotesques (la vision du Ghost Rider qui urine des flammes !), le film avance donc pesamment, accompagné pas à pas par une bande originale mi-rock mi-orchestrale aussi subtile qu’un marteau piqueur. Les amateurs de nanars seront tout de même récompensés par l’intervention inespérée de Christophe Lambert en personne, le visage couvert de tatouages, dans le rôle improbable du chef d’une secte religieuse réfugiée dans le désert. Avec ses séquences de combat absurdes, ses effets spéciaux qui n’hésitent pas à en faire des tonnes et ses rebondissements aberrants, Ghost Rider 2 tient finalement du prodige, dans la mesure où il parvient à faire pire que son prédécesseur. Vivement le troisième opus, tiens !

 

© Gilles Penso

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STREET TRASH (1987)

À 22 ans, Jim Muro réalise un film bête et méchant qui rivalise en débordements gore avec les premiers longs-métrages de Peter Jackson

STREET TRASH

1987 – USA

Réalisé par Jim Muro

Avec Mike Lackey, Bill Chepil, Marc Sferazza, Jane Arakawa, Nicole Potter, Pat Ryan

THEMA MUTATIONS 

Dans les bas-fonds de Manhattan où vivent des épaves humaines, des sans abris réfugiés dans une casse de voitures et des laissés pour compte, deux adolescents à la dérive, Fred et Kevin, tentent de survivre malgré l’animosité que leurs vouent leurs antipathiques voisins de rue. Un jour, l’épicier du coin découvre dans sa cave une caisse remplie d’une boisson inconnue. Il se met à vendre ces bouteilles à très bas prix, rameutant rapidement toute la faune locale. Mais cet alcool a des effets désastreux. Ceux qui en boivent meurent en effet dans d’épouvantables souffrances, transformés en flaques de bouillie jaunâtre… Dans le domaine du mauvais goût outrageux, Jim Muro, à peine âgé de 22 ans pendant le tournage, réussit à battre le Peter Jackson de Bad Taste sur son propre terrain. Viol collectif, nécrophilie, émasculation, scatologie et gore excessif sont au programme de Street Trash qui joue la carte de la surenchère sans le moindre garde fou. Le summum du délire est atteint lorsque les clochards absorbent l’alcool toxique : les corps gonflent, explosent, fondent, se décomposent, se liquéfient, dans un festival d’éclaboussures sans retenue. 

L’auteur de ces effets spéciaux bien dégoulinants est Jennifer Aspinall, qui avait eu l’insigne honneur de donner naissance au Toxic Avenger quelques années plus tôt. Jim Muro désamorce cette accumulation de sang, de vomi, d’urine, de chair putréfiée et de cadavres disloqués par un ton burlesque systématique qui donne souvent à Street Trash les allures d’un Tex Avery version hard. L’épilogue, qui se déroule pendant le générique de fin, semble carrément échappé d’un film des ZAZ. Parmi les délires gras du film, on note aussi la bouteille de gaz qui est propulsée dans les airs et décapite salement un colosse barbu dont la tête va s’échouer quelques mètres plus loin. Et puis une mention toute spéciale à la partie de volley entre clochards dans laquelle la balle est remplacée par un pénis fraîchement arraché ! 

Une certaine misanthropie désemparée

Pour éviter les foudres de la censure, Muro procède de la même manière que Sam Raimi pendant le tournage d’Evil Dead 2, c’est-à-dire en évitant les giclées de sang écarlate. Si des fluides innombrables inondent l’écran tout au long de Street Trash, ils sont volontiers multicolores, muant du coup tout effet sanglant en abstraction pure. Bizarrement, au beau milieu de ce délire bien gras semblent émerger un désenchantement et un désespoir qui mueraient presque ce « splatter » en film d’auteur. Cet enchaînement de violences et de bassesses va même jusqu’à évoquer – toutes proportions gardées – certaines des toutes premières œuvres d’Abel Ferrara et Martin Scorsese. Un peu comme si Jim Muro s’était servi du véhicule « film d’horreur » pour traduire une sorte de misanthropie désemparée. Toujours est-il que Street Trash sera son unique film, notre homme se tournant par la suite vers de plus sages activités, c’est-à-dire le maniement virtuose d’une steadicam dans bon nombre de films d’action, notamment pour James Cameron (Terminator 2Titanic), Martin Scorsese (Casino) et Katherine Bigelow (Strange Days). Pour l’anecdote, Bryan Singer, futur réalisateur d’Usual Suspects et X-Men, fit ses débuts sur Street Trash en tant qu’assistant.

 

© Gilles Penso

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A LA POURSUITE DE DEMAIN (2015)

Brad Bird, réalisateur de quelques-uns des films d'animation les plus marquants des années 90/2000, s'attaque à un ambitieux récit de science-fiction live

TOMORROWLAND

2015 – USA

Réalisé par Brad Bird

Avec Brittany Robertson, George Clooney, Raffey Cassidy, Hugh Laurie, Judy Greer, Kathryn Hahn, Thomas Robinson

THEMA FUTUR

Peu de cinéastes peuvent se targuer d’avoir amorcé leur carrière par un parcours sans faute. Brad Bird est de cette trempe. Après ses premières armes sur les séries Histoires fantastiques et les Simpsons, Bird a réalisé l’un des plus beaux films d’animation de tous les temps (Le Géant de fer), deux chefs d’œuvres pour les studios Pixar (Les Indestructibles et Ratatouille) et l’un des meilleurs – le meilleur ? – opus de la saga Mission Impossible : Protocole Fantôme. Hélas, avec A la poursuite de demain, le niveau baisse drastiquement, la quasi-perfection cède le pas à l’approximation, la grâce fait place à la confusion. Entendons-nous bien : A la poursuite de demain est loin d’être un échec artistique, mais son ambition démesurée et sa quête désespérée d’originalité jouent paradoxalement en sa défaveur. Le célèbre adage d’Alfred Hitchcock « mieux vaut partir du cliché qu’y arriver » s’applique malheureusement au scénario co-écrit par Bird, Jen Jensen et Damon Lindelof.

Certes, le film sait titiller notre intérêt dès son entame. Deux parcours parallèles s’offrent à nous simultanément. D’un côté, nous faisons connaissance dans les années 50 avec le tout jeune Frank Walker (Thomas Robinson), inventeur en herbe venu présenter son projet de jet-pack à un jury dirigé par l’austère David Nix (Hugh Laurie), et pénétrant soudain dans un univers parallèle futuriste hérissé de buildings vitrés, empli de robots multifonctions et traversé par toutes sortes de vaisseaux volants. De l’autre, nous suivons les pas d’une adolescente du 21ème siècle, Casey Newton (Brittany Robertson), qui se retrouve en possession d’un pin’s aux pouvoirs surprenants : dès qu’elle le touche, elle a des visions du même monde futuriste que celui découvert par Frank soixante ans plus tôt. Tandis que le mystère s’épaissit, une seule personne semble pouvoir apporter des réponses : Athena (Raffey Cassidy), une fillette qui n’a pas pris une ride depuis les années 50 et qui s’apprête à organiser une rencontre entre Casey et Frank devenu adulte (George Clooney)… Visiblement, A la poursuite de demain ne sait pas trop sur quel pied danser, cherchant à séduire autant le jeune public que les amateurs de science-fiction pure et dure sans trop parvenir à se décider.

Un fil narratif sans doute trop distendu

En cherchant à complexifier coûte que coûte sa narration – de peur que le nœud de l’intrigue ne paraisse finalement trop simpliste ? – le film se cherche en permanence, alternant les morceaux de bravoure (la séquence de la découverte du pin’s est extraordinaire) et les séquences frisant le ridicule (le voyage à Paris). Bien sûr, Brad Bird n’a rien perdu de sa virtuosité et sait nous époustoufler par sa mise en scène inspirée, soutenu par l’orchestre emphatique du fidèle Michael Giacchino, tout en dirigeant avec beaucoup de finesse un casting impeccable (George Clooney est parfait, tout comme les deux jeunes comédiennes qui lui donnent la réplique). Mais le fil narratif est décidément trop distendu pour captiver, d’autant que la tendance du film à abuser d’auto-citations de l’univers Disney (le prologue situé à Disneyland, les allusions aux animatroniques du parc, les références pataudes à Star Wars) et de placements produits (ah, la scène du Coca Cola !) finit par agacer. 

 

© Gilles Penso

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TANK GIRL (1994)

Rachel Talalay adapte sans finesse une bande dessinée culte de la fin des années 80, muant Lori Petty en héroïne punk d'un futur post-apocalyptique

TANK GIRL

1994 – USA

Réalisé par Rachel Talalay

Avec Lori Petty, Ice-T, Naomi Watts, Malcolm McDowell, Iggy Pop, Don Harvey, Jeff Kober, Reg E. Cathey, Scott Coffey, Ann Cusack

THEMA FUTUR

Même si les deux premiers longs métrages de Rachel Talalay, La Fin de Freddy : l’Ultime Cauchemar et Ghost in the Machine, pouvaient largement prêter le flanc à moult critiques, ils témoignaient au moins d’une vraie passion pour le fantastique le plus débridé. Tank Girl, adapté d’une bande dessinée très branchée qu’Alan Martin et Jamie Hewlett créèrent en 1988, s’inscrit dans la même lignée, s’affirmant comme une œuvre décapante embourbée hélas dans une montagne de maladresses. Dans un futur post-apocalyptique dévoré par la sècheresse, que le scénario situe en 2033, la population, peuplée de mutants, convoite l’eau avec avidité. Après l’assassinat de ceux qu’elle aimait, Rebecca Buck, une jeune fille incarnée par Lori Petty, devient rebelle et vole un tank. Aidée par les Rippers, des mutants mi-hommes mi-animaux vivant sous terre, et de la timide Jet Girl (Naomi Watts), elle affronte la compagnie Water Power de Kesslee (Malcolm McDowell), qui détient le monopole des dernières ressources de la Terre. Tourné « à l’esbroufe », s’encombrant d’une bande originale racoleuse, s’exprimant visuellement par le tape à l’œil, Tank Girl érode peu à peu l’intérêt que les premières péripéties suscitent chez le spectateur. Pourtant, ce futur désertique (avec un navire échoué sur le sable, façon Rencontres du Troisième Type), cette armée malfaisante menée par l’impérial Malcolm McDowell ou encore cette blonde héroïne qui change de look à chaque scène (une vingtaine de tenues en tout, dont une allusion à l’accoutrement des « drougies » d’Orange Mécanique) éveillent la curiosité dans un premier temps. 

Il en est de même pour le style narratif, intercalant en guise de transitions des dessins (animés ou simplement filmés au banc-titre) qui évoquent la BD originale, et pour les thématiques générales du film qui défendent des idées séduisantes. Anticonformisme, lutte contre l’oppression et individualisme sont en effet les maîtres mots de Tank Girl. Mais bien vite, le scénario marque ses propres limites et finit par épuiser ses possibilités. Le décrochage complet de l’attention peut se situer assez précisément au moment de l’intervention des Rippers, des hommes animaux qui n’auraient pas dépareillé dans La Cité des Monstres. Créés par l’atelier de Stan Winston, ces kangourous anthropomorphes sont d’indéniables réussites techniques, mais n’offrent aucun intérêt dramatique, si ce n’est le prétexte à une love story quelque peu zoophile et à un affrontement final en règle contre les méchants.

Une love story zoophile

Et comme un film qui veut s’ériger de force en « cult movie » à grands coups de musique très mode (techno et rap y compris), de looks destroy (mi grunge, mi punk), de numéros musicaux parodiques (où plane l’ombre du Rocky Horror Picture Show), et d’effets de mise en scène sous influence (les onomatopées dessinées qui rythment le combat final sont tout droit héritées du Batman des sixties) devient rapidement agaçant, Tank Girl finit par susciter plus d’ennui que d’amusement. C’est d’autant plus dommage que ses deux héroïnes (Lori Petty, jusqu’alors bien sage second rôle de Point Break et Sauvez Willy, et Naomi Watts, future héroïne du Cercle et de King Kong) sont pleines d’attrait, que les effets spéciaux visuels sont très réussis et que le ton général est joyeusement loufoque.

 

© Gilles Penso

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LE DERNIER COMBAT (1983)

Le premier long-métrage de Luc Besson est une fable muette post-apocalyptique tournée en noir et blanc

LE DERNIER COMBAT

1983 – FRANCE

Réalisé par Luc Besson

Avec Pierre Jolivet, Jean Bouise, Fritz Wepper, Jean Reno, Christiane Krüger, Maurice Lamy, Pierre Carrive

THEMA FUTUR I SAGA LUC BESSON

Luc Besson se destinait à priori à une carrière d’océanographe, mais à l’âge de 17 ans, il tomba amoureux du cinéma en visitant un plateau de tournage, et désormais plus rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Après des années de stages et d’assistanat, il réalise en 1981 le court-métrage L’Avant Dernier. Dans un décor post-apocalyptique filmé au beau milieu d’immeubles en ruines, Pierre Jolivet, son co-scénariste, et Jean Réno, déniché pendant le casting des Bidasses aux Grandes Manœuvres, y incarnent les derniers survivants de l’humanité, le tout dans un magnifique scope noir et blanc. « C’est le bruiteur André Naudin qui nous a donné l’idée de tirer un long-métrage de ce film », se souvient Besson (1). Remettant à plus tard son projet Subway, le jeune cinéaste se lance alors dans Le Dernier Combat, entraînant avec lui la même équipe et composant comme il peut avec un budget de trois millions et demi de francs.

Écrit en dix jours, et quelque peu influencé par la Guerre Froide, le scénario nous décrit un futur indéterminé. Après la destruction de la civilisation et l’oubli du langage articulé chez les humains, un homme (Jolivet) survit au sommet d’une tour engloutie par les sables, préparant son départ vers l’horizon. Là, il découvre d’autres survivants qui ont organisé leur existence sous les ordres d’un chef sanguinaire (Réno). Il rencontre aussi, dans Paris détruit, un vieux médecin traumatisé (Jean Bouise), qui s’est retranché dans les décombres d’une clinique et se protège contre les agressions d’un monstre à figure humaine. Sur un thème difficile, car souvent sujet aux clichés et aux redites, Luc Besson opte pour une approche entomologique, anecdotique, voire humoristique, dénuée du moindre dialogue. Le Dernier Combat brosse ainsi la vie quotidienne d’un individu évoluant sans héroïsme ni sauvagerie (archétypes de ce type de récit), au milieu d’un univers dévasté et recyclé. Le cinéaste y fait déjà montre d’une belle maîtrise technique, surtout en regard des petits moyens à sa disposition, et égraine des séquences insolites comme le vol en ULM, la pluie de poissons ou la tempête de sable.

Le starting-block d'une carrière spectaculaire

Tourné en dix jours, principalement dans les décombres des anciennes usines Citroën, le film bénéficie de costumes très astucieux signés Martine Rapin, d’un design sonore extrêmement fouillé et de l’apport de deux futurs collaborateurs réguliers de Besson : le chef opérateur Carlo Varini et surtout le compositeur Eric Serra, qui signe là sa première bande originale de film, optant pour des orchestrations et des mélodies un peu trop carrées, répétitives et systématiques pour convaincre totalement. « Pour moi, le compositeur est un co-dialoguiste », explique Besson. « La réplique d’un acteur commence une phrase, la musique la termine. Il y a donc une connivence d’écriture. Or plus on se connaît, mieux on écrit ensemble. D’ailleurs, on ne compte plus les réalisateurs qui ont un compositeur attitré : Spielberg avec Williams, Hitchcock avec Herrmann, Leone avec Morricone » (2). Le Dernier Combat finira par rapporter douze prix à travers le monde, notamment au Festival du Film Fantastique d’Avoriaz, et lancera la carrière triomphale de Luc Besson.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 2006

 

© Gilles Penso

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WATERWORLD (1995)

Une relecture aquatique de l'univers de
Mad Max qui a plutôt bien vieilli malgré les nombreux problèmes qui surgirent pendant sa mise en production

WATERWORLD

1995 – USA

Réalisé par Kevin Reynolds

Avec Kevin Costner, Dennis Hopper, Jeanne Tripplehorn, Tina Majorino, Michael Jeter

THEMA FUTUR

Suite à la fonte de la calotte polaire, la Terre est désormais recouverte par les océans. Les rares survivants de cet univers désormais baptisé « Waterworld » vivent de troc, dérivant sur toutes sortes d’embarcations ou s’établissant dans des atolls. Evidemment, la piraterie ne tarde pas à s’instaurer, notamment la redoutable bande des « Smokers » dirigée par Deacon (Dennis Hopper). Tous rêvent d’une contrée mythique nommée « Dryland ». Lorsque l’étrange Mariner (Kevin Costner) fait son apparition, l’opinion se divise : les uns veulent le condamner à mort dans la mesure où il s’agit d’un mutant, les autres pensent qu’il peut les conduire jusqu’à Dryland… Inévitablement, Waterworld ne peut échapper à la comparaison avec Mad Max 2, les deux films présentant une foule de similitudes : futur post-apocalyptique, costumes et véhicules recyclant les déchets de la civilisation, héros solitaire et endurci, bandes de pillards barbares, quête commune de tous les personnages… « Ça m’a rappelé étrangement quelque chose », nous avouait George Miller non sans ironie. « Je n’ai pas bien saisi où se situait la frontière entre l’hommage et le plagiat. » (1) 

Le look même des protagonistes évoque le chef d’œuvre de George Miller, mais Waterworld parvient finalement à s’extirper avec habileté de ce refrain trop souvent ressassé. Le film de Kevin Reynolds se distingue bien entendu par son environnement, puisque la quasi-totalité de la planète est ici submergée par les eaux. Ce choix narratif et visuel offre des séquences inédites : la forteresse marine assiégée par les pillards chevauchant hors-bords et motos des mers, le gigantesque cargo rouillé mis en mouvement par des milliers de rames, ou encore la vision surréaliste des buildings et des rues d’une grande ville noyés sous des kilomètres d’eau. Costner campe un personnage étrange, pas très positif, peu loquace, guère social, produit d’une mutation, et même si sa cohabitation forcée avec une femme et un enfant éveille en lui une philanthropie prévisible (affection paternelle pour l’enfant, amour pour la femme), il conserve son caractère insolite et distant. Sorte de super-héros mi-homme mi-poisson, réminiscence lointaine du Submariner des Marvel Comics ou même de L’Homme de l’Atlantide, il s’avère doté d’une force surhumaine, d’une adresse hors du commun pour les plongeons vertigineux, et d’une capacité illimitée pour respirer sous l’eau.

Entre le Submariner et L'Homme de l'Atlantide

A l’époque, Waterworld était le film le plus cher de l’histoire du cinéma (175 millions de dollars), notamment à cause des multiples dépassements et autres déconvenues dues à un tournage en mer, ce qui l’affubla avant même sa sortie en salles d’une réputation peu flatteuse. Il est fréquemment admis que Kevin Costner remplaça lui-même le réalisateur Kevin Reynolds en cours de route (avec qui il avait déjà collaboré sur Robin des Bois prince des voleurs), terminant le tournage sans lui. N’ayant rapportée aux Etats-Unis que la moitié de son budget, cette superproduction fut longtemps considérée comme un considérable échec financier, et il fallut attendre les ventes télé et vidéo pour que Waterworld rentre enfin dans ses frais.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 1996

 

© Gilles Penso

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MAD MAX FURY ROAD (2015)

Ni séquelle, ni remake, ce quatrième opus réinvente non seulement la saga Mad Max mais aussi tout le genre post-apocalyptique

MAD MAX FURY ROAD

2015 – AUSTRALIE / USA

Réalisé par George Miller

Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Zoe Kravitz, Nicholas Hoult, Rosie Hunthington-Whiteley, Natan Jones, Riley Keough

THEMA FUTUR I SAGA MAD MAX

Ajouter tardivement une nouvelle pierre à l’édifice d’une franchise culte entrée dans la culture populaire est un exercice risqué. On ne compte plus les cinéastes qui se sont cassés les dents en essayant maladroitement de raviver la flamme d’une gloire passée. Mais Mad Max Fury Road est un projet longuement mûri. George Miller y travaille depuis 1997, et malgré les innombrables obstacles semés sur sa route (conditions météorologiques désastreuses, échecs commerciaux successifs, changements de politique des studios et même invasion de l’Irak par l’armée américaine), le réalisateur a tenu bon. A ce titre, il symbolise assez bien l’opiniâtreté de son héros, jamais entravée au fil d’un parcours du combattant particulièrement éprouvant. D’emblée, Mad Max Fury Road échappe à toute classification. Ni remake, ni séquelle, ni prequel, ni reboot, il s’agit plutôt d’une variante sur la trilogie précédente, qui tient compte des événements déjà narrés tout en les réinventant. Le trauma que trimballe Max tout au long du film, par exemple, semble clairement rattaché à la perte de sa famille lors du premier Mad Max, à l’époque où il était encore policier sur les routes sauvages d’une Australie pré-apocalyptique. Mais les flash furtifs qui surgissent régulièrement dans son esprit troublé ne collent pas avec l’imagerie du film de 1979. Miller entretient sciemment le doute, et du coup le remplacement de Mel Gibson par Tom Hardy passe comme une lettre à la poste. Ce nouveau Max n’est pas exactement celui que nous avons connu trente-cinq ans plus tôt, l’ex-Bane de The Dark Knight Rises se le réappropriant avec un impeccable charisme. 

Les premières séquences du film donnent le vertige. Dans une citadelle dantesque où l’homme-esclave est relégué à l’état d’outil – on pense fortement à Metropolis – et où erre une cour des miracles digne de Jodorowsky, la dictature s’est imposée au sein de la barbarie et du chaos. Le tout-puissant Immortan Joe règne sur une population anémiée en contrôlant la distribution de l’eau, assure sa descendance par l’entremise d’un harem qu’il s’est constitué de force et conditionne les jeunes hommes pour les transformer en guerriers décérébrés prêts à donner leur vie pour la bonne cause – avec au bout du sacrifice une place au Valhalla. Indépendamment de la référence au paradis viking, il est difficile de ne pas voir chez ces « war boys » blafards au crâne rasé et au treillis froissé une parabole des jarheads de l’armée américaine partis en croisade dans les déserts d’Irak. Car George Miller est avant tout un cinéaste politisé et engagé. Ses détournements insidieux des codes du film pour enfant (les deux Happy Feet, les deux Babe) en témoignent. Ici, au milieu de ses brutes épaisses et fétichistes dopées au carburant et au bitume, il ose une fois de plus le contre-courant en développant un féminisme affirmé.

Quand Furiosa vole la vedette à Max

Tout au long du métrage, Furiosa (Charlize Theron) vole presque la vedette à Max dont elle tolère la présence à condition qu’il n’entrave pas sa mission : une libération définitive de la femme – au sens propre et figuré – et l’établissement d’une société matriarcale idéalisée. Toutes ces thématiques, tous ces plaidoyers, toutes ces métaphores s’insèrent dans l’une des courses poursuites les plus incroyables de l’histoire du cinéma. Comme en 1982 avec Mad Max 2, il y aura clairement un avant et un après Mad Max Fury Road. Transformés en véritables monstres des routes hérissés de pointes, d’appendices, de griffes et de gueules affamées, les véhicules customisés se déchainent dans un désert namibien mué en zone de guerre incandescente. Les assauts jaillissent de toutes parts, les cris et la fureur saturent l’écran, la vitesse est la seule échappatoire, et les cascades les plus folles s’enchaînent avec une frénésie qui nous laisse sur les rotules. Avec Mad Max Fury Road, George Miller aura une fois de plus redéfini de manière irréversible les codes du cinéma d’action. Pour y parvenir, il fallait beaucoup de culot, une bonne dose de génie et un sacré grain de folie. C’est la marque des plus grands cinéastes.

 

© Gilles Penso

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