MATANGO (1963)

A travers ce récit d'hommes se métamorphosant en champignons monstrueux, le réalisateur de Godzilla dresse un portrait pessimiste de la nature humaine

MATANGO

1963 – JAPON

Réalisé par Inoshiro Honda

Avec Akira Kubo, Kumi Mizuno, Kenji Sahara, Hiroshi Koizumi, Hiroshi Tachikawa, Yoshio Tsuchiya, Miki Yashiro

THEMA MUTATIONS I VÉGÉTAUX

Entre deux films de science-fiction généreux en monstres géants et en exubérances, King Kong contre Godzilla et Ataragon, Inoshiro Honda marque une rupture de ton surprenante en réalisant Matango, un film pessimiste, oppressant et désenchanté dont la noirceur n’est pas sans évoquer celle du tout premier Godzilla. Comme pour matérialiser cette rupture, Honda joue la carte du contraste abrupt dès les premières minutes de Matango. Après un prélude anxiogène au cours duquel un homme contemple Tokyo depuis la fenêtre de sa chambre, hanté par un souvenir traumatisant, le générique démarre en fanfare sur une musique enjouée évoquant les comédies légères des années 60, tandis qu’à l’écran un yacht fend les eaux bleues estivales. A son bord se trouvent le capitaine Naoyuki, son second Senzô, ainsi que cinq vacanciers japonais en mal d’évasion : le richissime Masafumi Kasai, la chanteuse professionnelle Mami, le romancier Yoshida, le professeur de psychologie Kenji et l’étudiante Akiko. Tous quittent Tokyo pour un séjour placé sous le jour de la détente, et le film prend presque des allures de comédies musicales lorsque Mami se met à pousser la chansonnette en s’accompagnant d’un ukulélé.

Mais ce n’est qu’une accalmie précédant la tempête. L’expression est d’ailleurs à prendre ici au pied de la lettre, puisqu’un violent orage éclate en pleine nuit et endommage sérieusement le beau voilier, provoquant sa lente dérive au milieu de l’océan, jusqu’à une île tropicale enveloppée dans un épais brouillard. A partir de là, le rêve se mue progressivement en cauchemar, Inoshiro Honda construisant une atmosphère poisseuse et lugubre qui ne quittera plus le spectateur jusqu’à la fin du métrage. La maestria du cinéaste nous frappe lors de cette vision sinistrement poétique d’une épave de navire se découpant sur le sable embrumé, vers laquelle se dirigent pesamment les sept naufragés. L’intérieur du bâtiment abandonné, recouvert d’une étrange moisissure, leur sert de refuge. Au fil des jours qui s’égrènent, et de la vaine quête de nourriture sur cette île isolée, le huis clos devient accablant, le vernis craque, la tension sexuelle augmente (deux femmes pour cinq hommes, le déséquilibre est périlleux) et les vraies personnalités affleurent. L’égoïsme et la lâcheté s’avérant prédominants, on peut affirmer sans risque que Matango est une œuvre profondément misanthrope, ou tout du moins très pessimiste quant à la nature humaine. 

L'expression primaire des instincts les plus bas

Du coup, le mot exotique qui sert de titre au film – et qui désigne ici un homme perdant son humanité – autorise deux niveaux de lecture. Au premier degré, il s’agit de la lente mutation des naufragés se changeant en champignons humains à l’issue d’une douloureuse métamorphose. Au second, c’est l’expression primaire des instincts les plus bas. De véritables scènes de terreur ponctuent Matango, de l’attaque des « zombies » mi-hommes mi-végétaux envahissant le navire à la forêt de champignons géants qui prend vie pour assaillir les survivants. Bien sûr, derrière cette mutation se cache la peur du péril nucléaire, un traumatisme qu’Inoshiro Honda trimballe depuis ses jeunes années sur le front et qui donna naissance, neuf ans plus tôt, au plus célèbre des monstres nippons.

 

© Gilles Penso

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DONNIE DARKO (2001)

Une œuvre troublante et vertigineuse qui mêle la jeunesse à la dérive et les paradoxes temporels

DONNIE DARKO

2001 – USA

Réalisé par Richard Kelly

Avec Jake Gyllenhaal, Mary McDonnell, Drew Barrymore, Katarine Ross, Patrick Swayze, James Duval, Holmes Osborne

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS

Pour son premier long-métrage, Richard Kelly s’est attaqué à une œuvre assez troublante, à mi-chemin entre l’épouvante, la science-fiction et le drame social. L’adolescent qui donne son nom au film (interprété par Jake Gyllenhaal) souffre de troubles psychiatriques depuis de nombreuses années. Son cadre familial est plutôt stable, entre deux parents aimants et deux sœurs complices, et son niveau scolaire des plus satisfaisants. Mais il a des hallucinations de plus en plus fréquentes, notamment celles d’un ami imaginaire du nom de Frank qui a les allures d’un lapin en peluche géant arborant un horrible faciès squelettique. Cet inquiétant messager incite Donnie à perpétrer des actes violents, notamment l’inondation de son école et l’incendie d’une maison, et lui annonce la fin du monde dans vingt-huit jours. Plus le récit avance, plus il devient probable que Frank existe réellement, et qu’il s’agit d’un jeune homme affublé d’un costume d’Halloween… Si ce n’est qu’il semble appartenir à un autre espace-temps, et qu’il ne sera physiquement tangible que plus tard.

Car c’est bien de paradoxes temporels qu’il est question ici. Comme en témoignent cet ouvrage baptisé « La Philosophie des Voyages dans le Temps » écrit par une scientifique devenue folle, ces discussions entre Donnie et son professeur de physique à propos des théories de Stephen Hawkins, ou encore ces allusions à Retour vers le Futur. Les paradoxes temporels permettraient donc à priori de boucler l’intrigue à l’issue du mois fatidique, et expliqueraient peut-être l’intrusion incongrue de ce réacteur d’avion venu s’écraser sur la maison de la famille Darko. Car l’appareil à qui appartient cette imposante « pièce détachée » demeure introuvable. Sans doute est-ce parce qu’il ne faut pas le chercher dans l’espace mais dans le temps. Les troubles de Donnie ne vont pas à s’arrangeant. Bientôt, il est frappé de visions récurrentes dans lesquelles des tunnels s’ouvrent dans la poitrine des gens. Tout ça ne l’aide guère à construire une idylle avec la jolie Gretchen Ross (Jena Malone). Le film de Kelly accumule ainsi les mystères et les indices insolites. Mais la frustration du public est légitime, car le dénouement, loin de remettre enfin le puzzle dans l’ordre, laisse bon nombre de questions en suspens et ne clôt pas vraiment cette fameuse boucle temporelle. 

Une énigme dont l'auteur a gardé la clef

Donnie Darko reste donc une énigme dont l’auteur a conservé la clef, rapprochant en cela sa démarche de celle d’un David Lynch, notamment celui de Lost Highway« Je vois de la science-fiction là où d’autres ne la chercheraient pas, comme dans les films de David Lynch par exemple », nous avouait Richard Kelly. « Certains d’entre eux représentent à mes yeux quelques-uns des films de SF les plus élaborés qui m’aient jamais été donnés de voir. » (1) Et si Donnie Darko reste encore longtemps en tête après son visionnage, c’est moins pour les circonvolutions de son scénario que pour la force de sa mise en scène et la grande conviction de ses comédiens. A ce titre, Jake Gyllenhaal est très étonnant, tout comme les guest-stars qui l’entourent : Drew Barrymore en professeur d’anglais, Katharine Ross en psychiatre, ou encore Patrick Swayze en auteur d’une ridicule méthode de bien-être et de positivisme intérieur, typique des années post-reaganiennes. Car Donnie Darko, dont l’intrigue se situe en 1988, est aussi un véritable flash-back au cœur des années 80, empreint d’un doux mélange de cynisme et de nostalgie.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2009.

 

© Gilles Penso

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TOYS (1992)

Une fable antimilitariste dans laquelle Robin Williams joue un adulte aux yeux d'enfants affrontant des jouets guerriers

TOYS

1992 – USA

Réalisé par Barry Levinson

Avec Robin Williams, Michael Gambon, Joan Cusack, Robin Wright, LL Cool J, Donald O’Connor, Arthur Malet, Jack Warden 

THEMA JOUETS

En gestation dans l’esprit de Barry Levinson depuis le début des années 80, Toys, qu’il co-écrivit avec Valeri Curtin, se concrétisa enfin sous l’égide de la 20th Century Fox au début des années 90. Entre-temps, le cinéaste eut largement l’occasion de faire ses preuves en réalisant quelques perles comme Le Secret de la pyramideGood Morning Vietnam et Rain Man. Le scénario de Toys interpelle l’enfant qui sommeille encore chez chaque spectateur adulte, et tire une bonne partie de son inspiration visuelle du courant surréaliste. Sentant sa fin prochaine, l’excentrique Kenneth Zevo (Donald O’Connor) confie la responsabilité de sa fabrique de jouets à son frère, le général Leland Zevo (Michael Gambon), car il juge ses enfants Leslie (Robin Williams) et Alsatia (Joan Cusack) encore trop immatures. Leland, qui est du genre à utiliser un pistolet pour se débarrasser d’une mouche, se sent pris au piège dans cette entreprise familiale, mais il comprend vite tout le parti qu’il peut en tirer. Il projette en effet de transformer les jouets en armes sophistiquées et de récupérer la passion que les jeunes développent pour les jeux vidéo violents afin de la canaliser vers la réalité militaire. Il trouve un aide de camp idéal, spécialiste du contre-espionnage et du camouflage, en la personne de Patrick (LL Cool J), son propre fils. Tous deux transforment l’usine en véritable camp retranché, avec des zones où n’ont accès ni Leslie ni Alsatia. Désormais, les enfants de Kenneth Zevo, alliés à Gwen Tyler (Robin Wright), une employée de l’usine, vont affronter leur oncle avec leurs propres armes.

Joyeusement anti-militariste, Toys fourmille d’idées passionnantes : les adultes qui se comportent comme des enfants (un domaine dans lequel Robin Williams s’en donne à cœur joie, sous un chapeau melon qui se réfère directement à René Magritte), la profusion inquiétante des jouets guerriers, les conflits mondiaux de plus en plus assimilable à des jeux vidéo (une notion déjà remarquablement illustrée dans Jeu de Guerre de Philip Noyce). Mais Barry Levinson se soustrait souvent à toute rigueur, tant et si bien que la consistance de ses personnages en pâtir, frôlant la caricature, et que les péripéties, par trop excessives, se succèdent sans toujours parvenir à nous captiver.

Des squelettes bottés et casqués

L’opulente direction artistique, qui n’hésite pas à en faire des tonnes en matière de kitsch, évoque souvent l’univers visuel de Tim Burton, et on se prend à rêver à ce que l’auteur d’Edward aux Mains d’Argent aurait pu tirer d’un tel sujet. Certes, de belles séquences ponctuent Toys, comme la réunion radiographiée des militaires (vus sous la forme de squelettes bottés et casqués) ou la bataille homérique entre les tanks miniatures et les jouets innocents d’un autre âge, par la grâce d’effets spéciaux particulièrement inventifs. Restent quelques décors somptueusement multicolores, œuvre de Ferdinando Scarfiotti qui signa notamment ceux de La Féline, Scarface et Le Dernier Empereur et s’éteignit deux ans après la sortie de Toys. Les cinéphiles les plus attentifs auront repéré une réplique du général Zevo tentant de chasser les jouets rivés contre lui : « Klaatu Barada Niktoo», clin d’œil savoureux au Jour où la Terre s’Arrêta.

 

© Gilles Penso 

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L’HOMME BICENTENAIRE (1999)

Robin Williams incarne un robot plein d'empathie dans ce film fleuve inspiré des écrits de Isaac Asimov

BICENTENNIAL MAN

1999 – USA

Réalisé par Chris Columbus

Avec Robin Williams, Embeth Davidtz, Sam Neill, Oliver Platt, Wendy Crewson, Kiersten Warren, Hallie Kate Eisenberg

THEMA ROBOTS I FUTUR

La mythologie robotique imaginée par le romancier Isaac Asimov est d’une telle richesse qu’elle inspira au scénariste Nicholas Kazan et au réalisateur Chris Columbus une véritable saga. De la nouvelle « L’Homme Bicentenaire » et du roman « L’Homme Positronique », qu’Asimov co-écrivit avec Robert Silverberg, les deux hommes tirèrent ainsi un film fleuve étalant son intrigue sur de nombreuses décennies et suivant le destin de plusieurs générations. Dans un « avenir pas si lointain », selon le carton d’introduction, la famille Martin fait l’acquisition d’un robot domestique NDR-114 de chez Northam Robotics qu’ils baptisent Andrew (diminutif d’androïde) et que Robin Williams interprète sous un masque et une combinaison conçus par l’équipe de Steve Johnson. Si Richard (Sam Neill), le père, est fasciné par cette machine intelligente, son épouse et ses deux filles ne partagent pas à priori le même enthousiasme. Très vite, Andrew fait preuve de créativité et développe des sentiments. Lorsque Richard en parle aux employés de Northam Robotics, ces derniers n’y voient qu’une anomalie et proposent de le rembourser ou de l’échanger, ce à quoi Richard s’oppose farouchement. « C’est de l’électroménager, et vous le traitez comme un homme », s’entend-il dire. « L’individualité n’a pas de prix », répond-il.

Les années passent, les fillettes deviennent adolescentes et s’opposent bientôt en tout, au risque de basculer dans le cliché un tant soit peu caricatural : Amanda, la jeune rebelle en tenue pseudo-futuriste, et Grace, la fille modèle en robe blanche. Les parents ont eux aussi pris un coup de vieux, mais Andrew, bien entendu, n’a pas changé d’un poil, si ce n’est qu’il a largement dépassé les données intégrées dans sa programmation initiale. Virtuose au piano, doué en sculpture, doté d’un sens de l’humour indéniable, il démontre également d’incroyables talents d’horloger. Soutenu par Richard, il réclame un jour aux responsables de Northam Robotics un visage plus expressif.  « Vous voulez que vos idées et vos émotions se lisent sur votre visage ? » lui dit-on. « Oui, comme le mépris se lit sur le vôtre » répond-il nonchalamment.

La machine qui voulait être un homme

Ce pas en avant vers l’humanisation externe étant franchi, Andrew demande à sa famille d’adoption d’obtenir sa liberté officielle et se met en quête de tous ses semblables. Or les NDR qu’il rencontre aux quatre coins du monde le confortent dans son impression première : il est unique en son genre. Lorsqu’il croise le chemin de Rupert Burns (Oliver Platt), un génial bricoleur passionné d’androïdes, il lui demande de lui donner l’apparence physique d’un être humain. C’est alors que se posent concrètement plusieurs questions fondamentales : un robot peut-il tomber amoureux d’un être humain ? La réciproque est-elle envisageable ? Et jusqu’où un robot doit-il aller pour être considéré par les hommes comme l’un des leurs ? Passionnantes, toutes les thématiques développées dans L’Homme Bicentenaire sont hélas affaiblies par le ton exagérément mélodramatique du film et par quelques longueurs superflues. Le mordant et l’ironie des textes d’Asimov n’ont pas vraiment droit de cité ici. Du coup, Columbus passe un peu à côté de son sujet et ne livre pas le grand film sur les robots qu’on aurait pu espérer. Reste la prestation de Robin Williams, magnifique. L’une des plus étonnantes de sa prolifique carrière.

 

© Gilles Penso

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HERCULE (1983)

Le réalisateur de Star Crash confie à Lou Ferrigno le rôle du puissant Hercule et invente un nouveau genre : le space opera mythologique

HERCULES

1983 – ITALIE

Réalisé par Luigi Cozzi

Avec Lou Ferrigno, Mirella D’Angelo, Sybil Danning, Ingrid Anderson, William Berger, Brad Harris, Claudio Cassinelli

THEMA MYTHOLOGIE I DRAGONS

Au début des années 80, les producteurs Menahem Golan et Yoran Globus, spécialisés dans le film de genre via leur compagnie « Cannon », décident de se lancer dans un long-métrage mettant en vedette Lou Ferrigno, qui connaît alors un certain succès télévisé dans le rôle de L’Incroyable Hulk. Celui-ci, fan depuis toujours de l’acteur Steve Reeves, héros de nombreux péplums dans les années 60, suggère une nouvelle version des aventures d’Hercule. Les deux producteurs engagent donc Luigi Cozzi, sur la foi de son clinquant Star Crash, et celui-ci réadapte le récit à la sauce space-opera, histoire de profiter du succès de la trilogie de La Guerre des Etoiles. Le scénario de cet Hercule d’un nouveau genre, œuvre de Cozzi et Egle Guarino, se centre sur le maléfique roi Minos et sa fille Ariane, qui font régner la terreur chez les humains. Zeus décide d’envoyer au secours des hommes un champion doté d’une force prodigieuse : Hercule. Mais Héra, l’épouse de Zeus, est irritée par l’importance accordée à Hercule et, prise d’un désir de vengeance, envoie deux serpents dans le berceau du bébé qui n’a aucun mal à les tuer de ses mains.

Adopté par un couple de paysans, l’enfant grandit et devient un colosse. Un jour, son père adoptif est tué par un monstrueux grizzly. Hercule, furieux, lance la bête si fort dans le ciel qu’elle devient une constellation. Minos se rend compte que tant qu’Hercule est en vie, son règne est menacé. Il requiert alors les services d’une divinité qui lui fabrique trois monstres mécaniques… Ici, les Dieux ne sont plus que trois (Héra, Athéna et un Zeus aux allures de Père Noël), les personnages se promènent allègrement de planète en planète, au gré des délires du scénario, et se battent à coup de rayons laser… Bref, c’est un peu tout et n’importe quoi. Restent les effets spéciaux d’Armando Valcauda, colorés et très nombreux malgré des contraintes de temps extrêmement serrées.

Les robots de l'antiquité

Il se lance ainsi dans la construction de bon nombre de maquettes très photogéniques, à défaut d’être réalistes, notamment l’entrée des Enfers en forme de gigantesque crâne grimaçant ou les écuries d’Augias, qui ont ici l’apparence de deux statues de cheval monumentales. Valcauda supervise aussi les effets optiques divers (Lou Ferrigno qui atteint des proportions gigantesques et crée les colonnes d’Hercule) et l’animation image par image. Dans ce dernier domaine, on est un peu déçu, car si les monstres sont animés avec talent et habilement intégrés dans les prises de vues réelles, leur look, lui, laisse à désirer, dans la mesure où ce sont des robots. Le dragon mécanique à trois têtes qui crache des rayons laser, le robot mi-humanoïde mi-cheval qui tire des flèches lumineuses et la machine volante qui attaque notre héros semblent respectivement s’inspirer de l’Hydre de Lerne, des centaures et des oiseaux du lac Stymphale présents dans la véritable légende d’Hercule. Finalement, cet Hercule aura marqué un regain aussi soudain qu’éphémère du péplum héroïque et musclé italien, un feu de paille qui donnera tout de même naissance à une séquelle directement destinée au marché de la vidéo.

 

© Gilles Penso

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LES BARBARIANS (1987)

Le réalisateur de Cannibal Holocaust demande à deux jumeaux blagueurs de jouer des émules de Conan le Barbare dans une heroic fantasy en carton pâte

THE BARBARIANS

1987 – ITALIE

Réalisé par Ruggero Deodato

Avec David Paul, Peter Paul, Richard Lynch, Eva La Rue, Virginia Briant, Michael Berryman, George Eastman

THEMA HEROIC FANTASY

Jamais à cours d’idée pour recycler les grands succès du moment, Menahem Golan et Yoram Globus, les patrons de la mythique société de production Cannon, se posèrent un jour une question cruciale : que se passerait-il si Conan avait un frère jumeau ? Imaginez donc : deux montagnes de muscles pour le prix d’une ! Ainsi naquit Les Barbarians, l’un des nanars les plus euphorisants de la fin des années 80, mixant le mauvais goût quasi-proverbial des productions Cannon aux excès plagiaires du cinéma bis transalpin, puisque le film fut intégralement tourné par une équipe italienne sous la direction de Ruggero Deodato, le légendaire réalisateur de Cannibal Holocaust

Une troupe d’artistes itinérants, les Ragnicks, y est attaquée par des guerriers difformes et barbares, au cours d’une séquence d’introduction généreuse en effets gore (hache dans la tête, visage brûlé, giclures de sang). Le chef de cette horde sauvage, Kadar (Richard Lynch), capture la belle Canary, reine des Ragnicks, pour profiter de ses pouvoirs magiques, lesquels trouvent leur origine dans un rubis caché. Mais deux jeunes frères jumeaux, adoptés par Canary, se révoltent contre le vilain et lui arrachent deux doigts à coups de dents ! Passablement agacé – on le serait à moins – Kadar enferme Canary dans son harem et emmène les jumeaux pour les entraîner au combat. Séparés et enfermés dans « le puits des morts », les charmants bambins (qui répondent aux noms improbables de Kutchek et Gore !) grandissent au milieu des gladiateurs, subissant maints sévices de la main d’un bourreau grimaçant incarné par Michael Berryman (inoubliable depuis sa prestation dans La Colline a des Yeux). Seize ans plus tard, Kutchek et Gore sont devenus deux colosses bodybuildés, tandis que, bizarrement, aucun des autres personnages ne semble avoir pris une ride. Le suspense qui sous-tend leurs retrouvailles – on les envoie se combattre à mort dans l’arène en cachant leur visage sous des casques – est éventé en quelques secondes puisque les jumeaux se reconnaissent immédiatement et s’évadent. 

Gore, gags, nudité et monstres en caoutchouc

A partir de là, le film – qui se prenait plus ou moins au sérieux – bascule dans la farce semi-parodique. Car David et Peter Paul, interprètes des deux lourdauds en pagne, se déplacent comme des gorilles, poussent des cris de gorets et se chamaillent puérilement à coups de répliques grotesques. De toute évidence, Ruggero Deodato, face à la prestation navrante des deux « comédiens » culturistes, a renforcé volontairement l’aspect comique d’un film conçu initialement au strict premier degré. « Les producteurs m’avaient demandé initialement de réaliser un film d’heroïc fantasy très violent et très brutal, une sorte de mixage entre Conan le barbare et Cannibal Holocaust », raconte Deodato. « C’est pour cette raison que j’ai été embauché sur ce film. Ce parti pris explique pourquoi le film commence avec des tueries et des massacres, à grand renfort de cascades et de maquillages spéciaux. Mais en découvrant les deux acteurs principaux Peter et David Paul, j’ai été contraint de changer mon fusil d’épaule. Je me suis dit que je ne pouvais pas envisager un film sérieux avec ces deux-là. D’où l’orientation comique des Barbarians. » (1) Entre deux grimaces des frères Paul, Les Barbarians tente de nous distraire avec des scènes de bagarre pataudes (dont une mettant en vedette George Eastman, alias Anthropophagous), des orgies où s’ébattent des figurantes dénudées, et le surgissement de monstres en caoutchouc délicieusement ridicules dans un marécage de studio garni de machines à fumée. Même le compositeur Pino Donaggio, d’ordinaire fort inspiré (Carrie, PulsionsHurlements), se met au diapason en nous assénant une abominable partition synthétique de bas étage, le film s’achevant comme il se doit par une chanson pop saugrenue.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2016

 

© Gilles Penso 

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LUCY (2013)

Luc Besson décline une fois de plus l'imagerie de Nikita en y ajoutant cette fois un étrange argument de science-fiction

LUCY

2013 – FRANCE / USA

Réalisé par Luc Besson

Avec Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Choi Min-sik, Amr Waked, Analeigh Tipton

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA LUC BESSON

Luc Besson et EuropaCorp poursuivent dans leur stratégie ambitieuse de produire des blockbusters made in France capables de rivaliser avec leurs homologues américains. C’est dans cette logique que s’inscrit Lucy, un thriller SF porté par la populaire Scarlett Johansson et nanti du plus gros budget jamais levé pour une production estampillée EuropaCorp : 40 millions de dollars. L’histoire d’une jeune femme sans histoire qui, à la suite d’un hasard malencontreux, se retrouve infectée par une drogue nouvelle génération lui ouvrant les portes des zones dormantes de son cerveau. Car comme on le sait tous, l’homme n’utilise qu’approximativement 10% de ses capacités cérébrales. Et si demain, il avait la faculté d’en utiliser les 100% ? Le pitch de Lucy n’est pas sans rappeler le très bon Limitless de Neil Burger avec Bradley Cooper. Transcendance aussi, dans une moindre mesure. Si l’on pouvait s’attendre à une énième série B répondant à tous les codes du marketing à la sauce Besson/EuropaCorp, Lucy surprend.

Emmené par un casting international trois étoiles (sexy Scarlett, le « old man » Morgan Freeman et le coréen fêlé Choi Min-sik), ce nouvel effort bessonien est probablement l’un des meilleurs exercices du bonhomme, ces dernières années. Emballé avec énergie, inspiration et non sans une pointe d’intelligence, Lucy est un divertissement haletant qui a le double mérite de faire passer un bon moment tout en s’octroyant le droit de poser une petite réflexion sur le genre humain, aussi sommaire sera-t-elle considéré par certains. Mélange de thriller hargneux, de film de gangsters violent et de cinéma d’anticipation, Lucy est tout à tour efficace et barré, jonglant entre le classicisme d’un actioner expéditif et le film de SF à la limite du métaphysique avec paraboles illustrées à l’appui. Un pari audacieux pour papa Besson, qui s’en tire avec les honneurs malgré quelques défauts évidents et une cohérence globale très discutable. En premier lieu, une durée qui applique un principe de concision trop extrême. Réduit à un peu moins d’1h30, Lucy paraît trop court, filant sur l’écran à la vitesse de la lumière là où l’on aurait aimé voir le cinéaste davantage creuser son récit.

Succinct, rapide et déséquilibré

Car mine de rien, il a des choses intéressantes à dire le Besson et il soulève des points qui, malheureusement, ne sont pas assez exploités, peut-être par peur de tomber soit dans la prétention, soit dans l’inefficacité. Clairement, on n’aurait pas rechigné sur une petite demi-heure en plus, histoire de contrebalancer les trop nombreux délires visuels bisseux rendant parfois le film abscons, par une histoire davantage étoffée. Trop succinct dans sa structure, sa narration, trop rapide dans sa progression, Lucy souffre d’un certain déséquilibre qui lui donne une apparence furtive. Reste néanmoins une honnête surprise, pas le chef d’œuvre de l’année, mais un effort divertissant, rondement mené et palpitant, ne cédant pas à la surenchère vulgaire mais au contraire, recherchant une forme de maturité même si elle s’avère parfois maladroite, notamment dans l’abondance des métaphores sur la nature, qui laissent parfois sceptiques. Et quelle belle héroïne badass aux allures de Nikita version SF !  

 

© Nicolas Rieux

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LE PRESTIGE (2006)

En adaptant le roman "The Prestige" de Christopher Priest, Christopher Nolan trouve un nouveau terrain d'expérimentation filmique propice à tous les paradoxes

THE PRESTIGE

2006 – USA

Réalisé par Christopher Nolan

Avec Hugh Jackman, Christian Bale, Michael Caine, Scarlett Johansson, David Bowie, Andy Serkis, Rob Arbogast

THEMA DOUBLES

Même s’il a intégré sans complexe les grands studios hollywoodiens, Christopher Nolan demeure un cinéaste à part, imprégnant chacun de ses films d’une forte personnalité et d’une stylisation raffinée. Confiez-lui le remake d’un polar norvégien, il concocte un somptueux Insomnia dépassant en audace et en noirceur son modèle. Demandez-lui de reprendre la franchise Batman, il la dynamite en bonne et due forme pour revenir aux sources du comic book. On ne s’étonne donc guère, lorsqu’il s’attaque à l’adaptation du roman « Le Prestige » de Christopher Priest, de découvrir un film hors norme, surprenant d’un bout à l’autre et ciselé au millimètre près. Situé à Londres au début du siècle dernier, Le Prestige nous conte la rivalité entre deux jeunes magiciens surdoués, Robert Angier et Alfred Borden. Lorsque la mort de la femme du premier est provoquée par une erreur du deuxième, leur compétition amicale se mue en véritable guerre impitoyable dans laquelle tous les coups sont permis. Un jour, Borden met au point un tour spectaculaire, « l’homme transporté », dans lequel il semble se dédoubler sur scène. Fou de jalousie, Angier décide d’en percer le secret. Ce sera le début de la fin…

Dès les premières minutes, Le Prestige séduit par le charisme sans faille de Hugh Jackman et Christian Bale, deux ex-super-héros (respectivement dans X-Men et Batman Begins) livrant là l’une de leurs prestations les plus fines, les plus complexes et les plus tourmentées. A tel point que dans cette escalade à la destruction d’autrui, on ne sait trop pour lequel prendre fait et cause, tant la profondeur et les souffrances de chacun de leur personnage provoque l’empathie. L’habileté de leurs jeux de main est due à un entraînement intensif aux côtés du célèbre prestidigitateur Ricky Jay, rompu à l’art du coaching. A leurs côtés, on se délecte des excellentes prestations de Michael Caine, mentor avisé et ingénieux inventeur, de Scarlett Johansson, assistante au rôle complexe, et du trop rare David Bowie, incarnant un personnage bien réel, le génial scientifique Nikola Tesla qui vécut toujours dans l’ombre de son émule Thomas Edison. « Vous cherchez le secret », déclare dès le prologue Michael Caine à l’attention du spectateur. « Mais vous ne le trouverez pas parce que vous ne regardez pas vraiment. Vous ne voulez pas vraiment connaître le secret. Vous voulez être berné ». 

Quand la science devient magie

Plus le récit du Prestige avance, plus il devient évident qu’il dépasse le cadre de la prestidigitation classique pour basculer vers la magie véritable, pas celle des sorciers et des alchimistes, mais celle des scientifiques avant-gardistes dont les inventions transcendent les lois élémentaires de la physique. Le Prestige est donc un film de science-fiction. C’est là que réside une grande part de son originalité, mais aussi de ses faiblesses. Car dès que cette nouvelle donnée est assumée, l’intrigue perd de sa cohérence, les coïncidences prennent une tournure invraisemblable et les rebondissements, pour inattendus qu’ils soient, n’ont plus grand-chose de crédible. Dommage, car sous ses fanfreluches et ses haut de forme, Le Prestige n’était pas loin du chef d’œuvre inclassable, redéfinissant d’une manière inédite l’univers peu connu des magiciens et de leurs secrets.

 

© Gilles Penso

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FAHRENHEIT 451 (1966)

Quand l'un des maîtres de la Nouvelle Vague française s'intéresse à un classique de la littérature de science-fiction, le résultat possède un indéniable supplément d'âme

FAHRENHEIT 451

1966 – GB

Réalisé par François Truffaut

Avec Oskar Werner, Julie Christie, Cyril Cusack, Anton Diffring, Jeremy Spenser, Bee Duffell, Alex Scott, Noel Davis

THEMA FUTUR

François Truffaut et la science-fiction, le mélange semble antithétique, et l’auteur des 400 Coups avouait n’avoir à priori aucune affinité avec le genre. Mais il a trouvé dans le roman de Ray Bradbury matière à nourrir son univers tout en livrant une fable d’anticipation de haute tenue, s’attelant pour l’occasion à son unique film tourné en langue anglaise (ce qui fut une véritable gageure dans la mesure où, à l’époque, le cinéaste maîtrisait fort mal la langue de Shakespeare). Le monde futuriste de Fahrenheit 451 interdit à la population la détention de livres, quels qu’ils soient, car ils ont été jugés provocateurs de comportements antisociaux. Les pompiers n’ont donc pas comme mission d’éteindre les incendies, mais de brûler tous les ouvrages qu’ils trouvent chez les gens en marge de la loi. Le film est donc régulièrement scandé par les déplacements du camion des pompiers et par divers autodafés tous plus révoltants les uns que les autres. Le plus violent d’entre eux montre une vieille dame refuser d’abandonner ses livres et se laisser mourir au milieu du brasier.

Truffaut est parvenu à capter l’horrible photogénie des ouvrages qui brûlent, certaines pages se recroquevillant comme des pétales fanés. Parmi les livres promis au bûcher, on note « Mein Kampf », « Les Chroniques Martiennes » et un exemplaire des « Cahiers du Cinéma » avec A Bout de Souffle en couverture ! Dans cet univers totalitaire, les journaux ne comportent que des dessins, la population est incitée à la délation, des brigades anti-cheveux longs tondent les jeunes aux coupes non-conformistes, la télévision s’appelle « la famille », et le sommet de l’ascension sociale consiste à posséder plusieurs grands écrans muraux. Même si le plaidoyer en faveur de la lecture passe forcément mieux en livre qu’en film, l’adaptation de Truffaut et de son co-scénariste Jean-Louis Richard est une réussite indiscutable. Sa mise en scène s’amuse d’ailleurs à opposer en permanence la télévision et les livres, notamment lorsqu’un pompier découvre une pile d’ouvrages cachés derrière l’écran d’un téléviseur, ou lorsque le héros se sert de la lumière du grand écran pour lire en pleine nuit.

Les pompiers volants et les hommes-livres

Pour incarner Montag, le pompier qui refuse peu à peu d’assumer son rôle destructeur, Truffaut a choisi Oskar Werner, avec qui il venait de tourner Jules et Jim. Pour donner corps aux deux personnages féminins antithétiques, l’épouse conformiste et la voisine rebelle, il a opté pour une seule et même comédienne, la belle Julie Christie. A la fin du film, Montag quitte la ville, fuit une escouade de pompiers volants qui annoncent les brigades aériennes de Minority Report et rejoint les hommes-livres. Ce sont des marginaux qui ont chacun entrepris d’apprendre un livre par cœur, pour que la mémoire littéraire perdure à travers les temps. Une idée d’une magnifique poésie, née de l’imagination fertile de l’auteur des « Chroniques Martiennes », et que le film prolonge par un générique où les noms ne sont pas écrits mais dits à voix haute. Grand admirateur d’Alfred Hitchcock, Truffaut a eu la joie de confier la partition de son film à l’immense Bernard Herrmann. Onze ans plus tard, le cinéaste allait retrouver l’univers de la science-fiction en jouant l’improbable linguiste Lacombe dans Rencontres du Troisième Type.

 

© Gilles Penso

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LA SENTINELLE DES MAUDITS (1977)

Une histoire de fantômes insolite avec un John Carradine effrayant et d'impressionnants maquillages de Dick Smith

THE SENTINEL

1977 – USA

Réalisé par Michael Winner 

Avec Cristina Raines, Chris Sarandon, Martin Balsam, John Carradine, José Ferrer, Ava Gardner, Burgess Meredith

THEMA FANTÔMES

Film de fantômes relativement atypique, La Sentinelle des Maudits adapte un roman que Jeffrey Konvitz publia en 1975. Interprétée par une Cristina Raines pleine de charme, qui jouait la même année dans Les Duellistes de Ridley Scott, l’héroïne de ce récit tourmenté est le mannequin Alison Parker. Elle enchaîne avec succès les séances photo (avec Jeff Goldblum dans le tout petit rôle du photographe), est fiancée avec un jeune avocat brillant (Chris Sarandon) et vient d’emménager dans un bel appartement de Brooklyn. Les choses se gâtent lorsque son père meurt d’un cancer. Au cours d’un flash-back qui ne fait pas dans la dentelle, Alison se souvient avoir surpris ce dernier en train de faire l’amour avec deux grosses bonnes femmes, et avoir sous le choc tenté de se suicider. Désormais, la voilà sujette à de violentes migraines en pleines séances de travail. Lorsqu’elle fait connaissance avec ses nouveaux voisins, elle découvre une belle brochette d’excentriques : un homme affable qui vit avec un chat et un oiseau, deux lesbiennes exhibitionnistes, un couple étrange, une vieille dame qui tient des propos incohérents…

Sans compter ce vieux prêtre aveugle qui vit au dernier étage et ne bouge jamais de sa fenêtre (incarné par un John Carradine au visage frippé, aux cheveux argentés en bataille et aux yeux blancs). Mais sa surprise est immense lorsque son agent immobilier Miss Logan (Ava Gardner) lui affirme qu’à l’exception du prêtre, l’immeuble est entièrement vide depuis trois ans. Qui sont donc ces voisins ? Des fantômes ? Des hallucinations ? Une nuit, alertée par des bruits inquiétants au-dessus de son appartement, Alison se retrouve carrément nez à nez avec le fantôme blafard de son propre père. Prise de panique, agressée par le revenant, elle le défigure et le tue à coups de couteau (ce qui permet au génial maquilleur Dick Smith de s’en donner à cœur joie, nous gratifiant d’un nez tranché et d’un œil littéralement découpé en gros plan !). Un inspecteur de police et son adjoint (Eli Wallach et Christopher Walken) mènent une enquête de routine, tandis que le fiancé d’Alison pousse plus loin les investigations au sein même de l’immeuble, découvrant qu’il s’agit d’un accès direct vers l’Enfer, protégé par un ordre secret de l’église catholique répondant au nom de « Confrérie des Protecteurs »…

Un train fantôme empli de spectres hideux

La Sentinelle des Maudits est avant tout un film d’atmosphère, distillant une insidieuse ambiance d’épouvante croissante, et gratifiant le spectateur d’un véritable défilé de comédiens familiers (aux noms cités, on peut ajouter Martin Balsam, le détective de Psychose, ainsi que Tom Berenger dans un minuscule rôle à la fin du film). Le climax s’avère quant à lui grand guignolesque, muant l’immeuble en véritable train fantôme empli de spectres plus hideux et difformes les uns que les autres. Reposant sur un manichéisme de catéchisme assez basique, le scénario de La Sentinelle des Maudits a un peu de mal à convaincre, d’autant qu’il multiplie les incohérences. Et pourtant, miracle, le film fonctionne plutôt bien, en grande partie grâce à la mise en scène efficace de Michael Winner, à la qualité de son interprétation, et à l’intrigante étrangeté de son propos.

 

© Gilles Penso

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