JUSQU’EN ENFER (2009)

Après son aventure au pays des super-héros, Sam Raimi revient à ses premières amours avec ce film d'horreur délicieusement régressif

DRAG ME TO HELL

2009 – USA

Réalisé par Sam Raimi

Avec Alison Lohman, Justin Long, Lorna Raver, Dileep Rao, David Paymer, Adrianna Barraza, Chelcie Ross, Reggie Lee

THEMA DIABLE ET DEMONS

Ah, quelle joie de retrouver Sam Raimi sur le terrain qui fit sa gloire : le film d’horreur décomplexé ! Ce retour aux sources s’explique en partie du fait que le scénario de Jusqu’en enfer date de 1992, époque où le réalisateur venait d’achever L’Armée des ténèbresSpider-Man n’avait pas encore fait sauter le box-office. Mais après un troisième épisode témoignant d’un petit essoufflement de la saga arachnéenne, Raimi a décidé de laisser le monte-en-l’air rouge et bleu se reposer pour revenir à ses premières amours, en compagnie de son frère et co-auteur Ivan Raimi. Jusqu’en enfer s’intéresse à Christine Brown (Alison Lohman), modeste employée d’une banque pour laquelle elle gère les prêts en attendant une promotion qu’elle guette avec espoir. Fiancée à un sympathique et jeune médecin (Justin Long), elle constate que ses origines modestes déplaisent quelque peu à des beaux-parents fortunés. Alors qu’elle flotte dans le doute et la frustration, le drame survient : une vieille gitane, à qui elle refuse un prêt, l’attaque violemment dans le parking de la banque et lui jette un sort redoutable. Dès lors, un démon terrifiant, le Lamia, la harcèle jour et nuit, prélude au moment fatidique au cours duquel il l’entraînera dans les entrailles brûlantes de l’Enfer. Comment échapper à une telle malédiction ?

Entouré de comédiens solides, Raimi ose le grand écart entre le drame humain réaliste et l’horreur outrancière. Les tourments de la jeune héroïne sont touchants, crédibles et palpables, les seconds rôles savamment ciselés, et les scènes « banales » (dans la banque, chez les beaux-parents) ne manquent jamais de saveur. Mais dès que le Fantastique pointe le bout de son nez, le cinéaste s’en donne à cœur joie, lorgnant parfois du côté de Tex Avery comme il le fit jadis dans Evil Dead 2. D’ailleurs, plusieurs motifs visuels – comme le possédé qui danse en apesanteur, le chiffon vivant qui se comporte comme un toon hargneux ou le monstre femelle dont les yeux s’éjectent de leurs orbites pour venir se coller sur le visage de Christine – évoquent directement le second volet des aventures d’Ash, tandis que la voiture fétiche du réalisateur, la fameuse Oldmobile Delta 88 de 1973 de la trilogie Evil Dead, joue ici un rôle clef.

Sincérité et générosité

En pleine régression au stade oral, les frères Raimi se servent de la bouche de leur infortunée protagoniste comme véritable défouloir. Tout y entre ou sort, de la mouche aux hectolitres de sang en passant par des amas de vers grouillants, des liquides visqueux variés et même un bras entier ! Pourtant, malgré cette démesure, le ton du film demeure miraculeusement juste, probablement parce que Sam Raimi croit à son histoire et aborde son genre préféré avec sincérité et générosité. Cerise sur le gâteau, Christopher Young compose à l’occasion une magnifique partition digne de son sublime travail sur Hellraiser, laissant la part belle à un violon tzigane soliste qui évoque évidemment les origines de la malédiction et les diverses manifestations du démon. Un twist final délectable clôt le spectacle sur une note dantesque – au sens propre – et finit par susciter la fébrile interrogation : à quand Evil Dead 4 ?!! Une question à laquelle Raimi répondra lui-même en offrant au public la délirante série Ash vs. Evil Dead.

 

© Gilles Penso

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MR NOBODY (2009)

Jaco Van Dormael étudie les caprices du destin à travers un jeu vertigineux sur le thème des réalités alternatives

MR. NOBODY

2009 – BELGIQUE

Réalisé par Jaco Van Dormael

Avec Jared Leto, Diane Kruger, Rhys Ifans, Juno Temple, Sarah Polley, Tony Regbo, Daniel Mays, Linh Dan Pham, Ben Mansfield

THEMA MONDES PARALLELES ET MONDES VIRTUELS

Jaco Van Dormael avait créé un petit événement avec Le Huitième jour en 1996, récipiendaire d’un double prix d’interprétation à Cannes pour Daniel Auteuil et Pascal Duquenne. Depuis, le réalisateur belge s’est consacré à l’enseignement de son art tout en s’attelant à l’écriture d’un projet extrêmement ambitieux qui, treize ans plus tard, allait devenir Mr Nobody. Les chiffres du film laissent songeur : sept ans de gestation, trente-trois millions d’euros de budget, six mois de tournage entre la Belgique, le Canada et l’Allemagne. Fidèle à Van Dormael depuis son premier film Toto le héros, le producteur Philippe Godeau, confiant, laisse la bride sur le cou de son « poulain » et lui donne les moyens de ses vastes ambitions.

L’histoire de Mr Nobody est celle d’un petit garçon prénommé Nemo (en hommage à Jules Verne, Winsor Mc Cay ou Pixar, on ne saurait dire). Ses parents (Rhys Ifans et Natasha Little) s’aiment, mais la romance s’étiole et tourne au vinaigre, jusqu’à l’inévitable séparation. C’est là que survient l’instant crucial. Dans une gare, Nemo est condamné à un choix impossible : doit-il rester sur le quai avec son père ou prendre le train avec sa mère ? Une multitude de vies possibles vont découler de ce choix, toutes plus dissemblables les unes que les autres. « C’est un film sur le doute, mais je peux me tromper », résume le réalisateur sous forme de boutade. Ainsi, à la manière des exercices de style auxquels se prêtait volontiers Alain Resnais dans ses œuvres les plus expérimentales, Jaco Van Dormael s’interroge sur la destinée, sur les univers parallèles et, à l’extrême, sur son propre métier de raconteur d’histoire, depuis les balbutiements du scénario jusqu’aux peaufinages du montage.

Les mondes de Nemo

Mais le cinéaste ne se contente pas d’appréhender son sujet sous un angle purement intellectuel. Sans complexes, il en aborde les aspects les plus science-fictionnels, nous offrant des visions généreuses de voyages spatiaux et de mondes futuristes, sous influence visiblement kubrickienne. C’est l’un des gros atouts du film. L’autre est son excellent casting. Adulte, nemo prend les traits de Jared Leto (Lord of War), tandis que les trois femmes de sa vie sont respectivement campées par Diane Kruger (Inglorious Bastards), Sarah Polley (L’Armée des morts) et Linh-Dan Pham (Dante 01). Père ordinaire de trois enfants dans une vie, homme richissime et lassé dans une autre, sans-abri transi d’amour dans une troisième, centenaire en l’an de grâce 2092, Nemo vit donc plusieurs existences concomitantes. Laquelle est vraie ? Ne sont-elles pas toutes fantasmées ? Ces questions demeurent bien entendu sans réponse et le thème demeure passionnant. Mais au fil de son intrigue à tiroirs, étalée sur deux heures vingt de métrage, Mr Nobody finit par tourner un peu à vide. Jaco Van Dormael devient trop démonstratif, piétine un peu, et fixe les limites de son concept. Une vraie progression dramatique, des révélations en cours de récit et une chute digne de ce nom auraient dû s’immiscer dans le film. Or en l’état, Mr Nobody ne se hisse pas au-delà du statut d’exercice de style, sans doute passionnant en termes d’écriture et de montage, mais quelque peu frustrant pour un spectateur un peu abandonné en cours de route.

© Gilles Penso

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2010, L’ANNEE DU PREMIER CONTACT (1984)

Miraculeusement, Peter Hyams réussit à doter le chef d'œuvre de Stanley Kubrick d'une séquelle magistrale se déployant sur le terrain de la politique-fiction

2010, THE YEAR WE MAKE CONTACT

1984 – USA

Réalisé par Peter Hyams

Avec Roy Scheider, John Lithgow, Helen Mirren, Bob Balaban, Keir Dullea, Madolyn Smith, Dana Elcar, Taliessin Jaffe

THEMA FUTUR I SPACE OPERA

En 1983, Richard Franklin osait l’un des paris les plus risqués de l’histoire du cinéma en réalisant une suite de Psychose, s’en tirant sans génie, certes, mais avec les honneurs. Un an plus tard, Peter Hyams s’empare d’un autre classique intouchable des années 60, 2001 l’Odyssée de l’espace, et le dote d’une séquelle en tout point remarquable. Il faut dire qu’Hyams n’en est pas à sa première tentative dans le domaine de la science-fiction réaliste, novatrice et quelque peu subversive, comme en témoignent Capricorn One et Outland. Ici, il s’appuie sur un roman d’Arthur C. Clarke, « 2010 : Odyssée Deux », et marque une rupture volontaire de ton avec Kubrick, éclaircissant quelques points d’ombre du film précédent et collant de plus près aux préoccupations géopolitiques du moment. Car le début des années 80 marquait un regain d’intensité inquiétant de la guerre froide russo-américaine et une course à l’armement alarmante entre l’Est et l’Ouest. D’où une vogue de films catastrophes ouvertement pessimistes tels que Le Jour d’après, Le Dernier Testament ou la mini-série La Troisième Guerre Mondiale

2010 prend un parti différent et nous fait découvrir l’impressionnant vaisseau spatial Leonov, dont l’équipage russo-américain navigue vers Jupiter à la recherche du Discovery, mystérieusement disparu en 2001. Tandis que les navigateurs russes assurent la bonne marche du Leonov, les scientifiques américains ont été plongés en hibernation. Mais un mois avant la date prévue, on réveille son chef, Heywood Floyd (Roy Scheider). La mission prend une tournure inattendue. D’abord intervient le monolithe noir extra-terrestre, dont les intentions semblent incompréhensibles. Puis éclate la guerre entre Russes et Américains sur Terre, ce qui oblige l’équipage à se séparer et provoque de nombreuses tensions. Et voici qu’apparaît David Bowman (Keir Dullea), l’astronaute disparu neuf ans plus tôt dans le Discovery, pour prévenir Floyd qu’il faut s’éloigner de Jupiter avant deux jours, car « une chose merveilleuse » va arriver…

« Une chose merveilleuse va arriver… »

Porté par un excellent casting aux allures spielbergiennes (l’excellent Scheider et le lunaire Balaban sont respectivement transfuges des Dents de la mer et Rencontres du troisième type2010 regorge de remarquables partis pris artistiques et narratifs, preuve que Peter Hyams était alors au faîte de son inspiration (quel dommage qu’un homme si talentueux se soit peu à peu mué en faiseur anonyme à la solde du cinéma d’action hollywoodien décérébré !). Et si 2001 l’Odyssée de l’Espace demeure une œuvre inégalée, somptueuse et révolutionnaire (en avance de plusieurs mois sur les premiers pas de l’homme sur la Lune), 2010 se présente comme une alternative moins hermétique et plus portée sur la narration que la contemplation, sans se soustraire pour autant aux développements métaphysiques inhérents à son postulat. Orné de sublimes effets visuels plongeant les vaisseaux spatiaux dans des semi-ténèbres extrêmement réalistes, 2010 s’achève sur un dénouement magnifique dont les répercussions résonnent dans l’esprit du spectateur longtemps après le générique de fin.

 

© Gilles Penso

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MAX ET LES MAXIMONSTRES (2009)

Spike Jonze adapte le livre pour enfants de Maurice Sendak pour en tirer une œuvre bizarre et déstabilisante

WHERE THE WILD THINGS ARE

2009 – USA

Réalisé par Spike Jonze

Avec Max Records, Catherine Keener, Mark Ruffalo, James Gandolfini, Lauren Ambrose, Chris Cooper, Forrest Whitaker

THEMA CONTES

« Max et les Maximonstres » est un classique de la littérature enfantine écrit et dessiné par Maurice Sendak en 1963. Au fil d’une trentaine de grandes illustrations légendées, Sendak y narre les aventures d’un petit garçon turbulent découvrant une île peuplée de grands monstres qui symbolisent les différentes facettes de sa personnalité. Cette belle métaphore trône aujourd’hui encore dans les bibliothèques des enfants du monde entier, et l’idée d’en tirer un film émergea un jour à Hollywood. Savoir Spike Jonze à la tête du projet avait de quoi titiller la curiosité, les deux films précédents du cinéaste (Dans la peau de John Malkovich et Adaptation) s’étant avérés particulièrement novateurs et atypiques.

Précédé d’une réputation très enthousiaste, Max et les Maximonstres version cinéma est pourtant une grosse déception, entraînant deux constats manifestes : le concept même du long-métrage était probablement une fausse bonne idée, et Jonze n’est au meilleur de sa forme qu’en compagnie du scénariste Charlie Kaufman, qui brille ici par son absence. Certes, le premier quart d’heure du film, décrivant les frustrations du jeune Max dans un environnement familial aimant mais trop distant à son goût, emporte l’adhésion grâce au naturalisme du jeune Max Records. Mais dès que notre héros prend la fuite pour partir vagabonder dans la forêt de son imagination, l’intrigue se met à patiner, refusant obstinément de se développer et d’évoluer. Car soyons clair : il ne se passe absolument rien sur l’île des Maximonstres, si ce n’est quelques gesticulations désordonnées, des batailles de boue et des promenades dans le désert. Et lorsque Max rentre finalement chez lui, le film exhale même une morale digne du plus pudibond des contes de Charles Perrault, qu’on pourrait résumer ainsi : « les enfants doivent être sages et rentrer dans le rang s’ils veulent apprécier la chaleur de leur foyer ». Nous qui classions Spike Jonze dans la catégorie des réalisateurs turbulents et marginaux, nous voilà quelque peu désarçonnés !

Un fantastique qui ne s'assume pas ?

Formellement, Max et les Maximonstres présente tout de même l’avantage de nous offrir une galerie de créatures de toute beauté. Mixage de techniques à l’ancienne (des comédiens dans de magnifiques costumes animatroniques conçus par l’atelier Jim Henson) et d’effets visuels high-tech (des retouches numériques pour affiner l’expression de leur visage et leur donner des proportions colossales par rapport au petit garçon), ces monstres constituent le seul véritable intérêt du film et s’avèrent très fidèles à leurs modèles dessinés. Dommage que le cinéaste n’ait pas apporté autant de soin aux autres aspects fantasmagoriques de son œuvre, optant pour une mise en scène libre, en caméra souvent portée, et pour une bande originale typique du cinéma indépendant américain, autrement dit gorgée de musiquettes pour petites formations orchestrales et de chansons pop. Refusant d’assumer le genre de son film en se camouflant sous des apparats « branchés », évitant les codes habituels du conte pour enfants dans le but de séduire les adultes, Spike Jonze se trompe finalement de cible et risque bien de passer à côté de son public…

 

© Gilles Penso

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AVATAR (2009)

Après le triomphe de Titanic, James Cameron repousse encore les limites en inventant de toutes pièces un univers entier

AVATAR

2009 – USA

Réalisé par James Cameron

Avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Michelle Rodriguez, Giovanni Ribisi, Joel David Moore

THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES

Au cours des douze ans qui séparent Avatar de Titanic, James Cameron s’est penché sur les dernières avancées technologiques en matière de capture de performance d’acteurs, de caméras virtuelles et de prises de vues en relief. Ce titanesque travail préparatoire est extrêmement payant, comme en atteste le résultat à l’écran. Mais avant d’être une réussite technique, Avatar est un rêve devenu réalité pour tous les amateurs purs et durs de science-fiction. Ces planètes sauvages et lointaines, ces créatures extra-terrestres aux morphologies surprenantes, ces machines guerrières et futuristes, toutes ces icônes chères aux couvertures colorées des pulps des années 50 et 60 prennent vie à l’écran avec une vivacité et un pouvoir évocateur proprement étourdissants. « Avatar est la concrétisation de tous les univers fantastiques que j’imaginais lorsque, enfant, je dévorais des romans de science-fiction », raconte Cameron. (1)

Au-delà des monstres et des vaisseaux, des images de synthèse criantes de réalisme et des effets en relief extrêmement performants, Avatar conte une aventure humaine, chargée en émotions exacerbées et portée par un casting exceptionnel. Les humains ayant progressivement épuisé toutes les ressources de la Terre, ils convoitent le précieux minerai qu’abrite la planète Pandora. Mais son extraction est compromise dans la mesure où les habitants locaux, les Na’vis, refusent qu’on abatte le moindre arbre de leur forêt. Jake Sully (Sam Worthington), ex-militaire paraplégique, accepte de participer à une mission d’infiltration. Allongé dans un caisson étanche, il « téléguidera » à distance un avatar, autrement dit un corps conçu génétiquement à l’aide de cellules Na’vi… « Lorsque vous supprimez l’environnement, votre imagination reconstruit l’espace », explique Zoé Saldana à propos des séances de « performance capture » qui l’ont transformée en la belle indigène Neytiri. « Nous étions comme des enfants s’amusant dans un lieu virtuel. » (2) « Dans un tel espace, notre confiance est mise en avant », ajoute Sam Worthington. « On doit croire à nos personnages, et James Cameron met tout en œuvre pour que ce soit possible. » (3)

La somme de toutes les passions de Cameron

Œuvre somme, Avatar exacerbe les thématiques et les figures stylistiques propres à l’univers de James Cameron. Attiré par les personnages féminins forts et déterminés, il réserve ici une place de choix au docteur Grace (Sigourney Weaver) et à l’indigène Neytiri (Zoe Saldana), toutes deux « accouchant » quasiment du héros que Jake Sully s’apprête à devenir. Fasciné par les engins futuristes, il filme avec un enthousiasme communicatif des armadas de vaisseaux, véhicules, robots et exo-squelettes aux designs remarquables. Féru de science, il crée une surprenante analogie entre le monde sauvage de Pandora et un réseau informatique, chaque être vivant animal ou végétal étant capable de se connecter aux autres par l’entremise de cordons naturels pour pouvoir télécharger des données. Quant à la couleur bleue qui nimbe chacune de ses œuvres, elle s’installe ici sur l’épiderme des Na’vis avec un naturel désarmant. Parallèlement, Cameron continue à développer la complexe relation d’amour/haine qui le lie aux machines, éléments récurrents de son cinéma. Tout autant séduit qu’effrayé par le Terminator ou le Titanic (dans les rouages desquels les hommes finissent par périr à petit feu), il prend ici ouvertement la défense de la Nature contre les engins destructeurs des hommes, quitte à chagriner les esprits cyniques peu sensibles au discours environnemental et anti-colonialiste. A la fois œuvre humaniste, pamphlet écologique, film de guerre, fable de science-fiction et love story, Avatar est un chef d’œuvre de plus à porter à l’actif de James Cameron, l’un des réalisateurs les plus ingénieux et les plus audacieux de ces vingt-cinq dernières années.

(1), (2) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 2009

 

© Gilles Penso

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REC 2 (2009)

Le succès du premier Rec appelait une suite que les duettistes Balaguero et Plaza conçoivent en se laissant inspirer par Aliens

[REC] 2

2009 – ESPAGNE

Réalisé par Jaume Balaguero et Paco Plaza

Avec Oscar Sanchez Zafra, Ariel Casas, Alejandro Casaseca, Pablo Rosso, Manuela Velasco, Ferran Terraza, Javier Botet

THEMA ZOMBIES I DIABLE ET DEMONS I SAGA REC

Pour capitaliser sur le succès de [Rec] et tenter la mise en place d’une franchise, Jaume Balaguero et Paco Plaza se sont prêtés au jeu de la séquelle. Le modèle narratif des deux cinéastes semble être Aliens, puisque les protagonistes sont ici une brigade d’intervention spéciale envoyée dans l’appartement barcelonais qui fut le théâtre du drame du premier film. Leur mission officielle consiste à éradiquer la menace et sauver les éventuels survivants. Mais officieusement, les choses s’avèrent un peu plus complexes… La première originalité de [Rec]2 consiste à multiplier les points de vue tout en conservant le principe de la mise en scène « subjective ». Car chaque membre de l’équipe de choc porte un casque équipé d’une caméra, offrant aux spectateurs la possibilité de suivre en parallèle plusieurs actions simultanées. Plus tard au cours de l’intrigue, d’autres caméras permettent d’ajouter des angles de vue additionnels et de nouvelles informations. Ce choix artistique permet de démarquer quelque peu [Rec]2 de son prédécesseur et d’assumer davantage son rapprochement avec l’univers d’un jeu vidéo de type « shoot’em up ». Le spectateur entre donc dans la peau des soldats, arpente les couloirs avec eux, attend que surgissent les créatures et dégaine aussi vite qu’il le peut. Les habitués d’immersions vidéoludiques sont ainsi en terrain connu.

La seconde originalité du film est plus liée à son écriture qu’à sa mise en scène. Avec leur co-auteur Manu Diez, Balaguero et Plaza ont en effet souhaité s’éloigner peu à peu de l’univers de George Romero pour chercher plutôt l’inspiration du côté de William Friedkin. Plus proche de L’Exorciste que de Zombie, [Rec]2 nous apprend en effet que les habitants de l’immeuble mués en monstres féroces ne sont ni des cadavres ambulants, ni des infectés façon 28 jours plus tard, mais de pauvres hères possédés par le démon ! Cette relecture du thème des zombies n’est certes pas inédite (Evil Dead et Démons mêlaient déjà avec bonheur morts-vivants et possession diabolique), mais elle permet à l’intrigue de rebondir là où on ne l’attend pas forcément et donne une dimension inattendue au huis-clos oppressant de cet appartement mué en véritable train fantôme.

Un sentiment de déjà-vu

Malgré ces idées nouvelles, force est de constater que [Rec]2 se contente d’arpenter les sentiers battus par le film précédent, accumulant des situations que nous connaissons déjà dans un lieu qui nous est désormais familier, jouant sur les mêmes mécaniques scéniques (le long couloir silencieux, les hurlements brusques et stridents, la caméra qui tremble, les protagonistes qui s’affolent, le son qui s’assourdit provisoirement, les prises de vue au night-shot) et ne bénéficiant plus véritablement de l’effet de surprise. A cet effet de déjà vu persistant s’ajoutent quelques incohérences difficiles à avaler (notamment liées à l’intrusion dans les lieux de nouveaux protagonistes) et l’incapacité du film à s’extraire du statut de simple exercice de style. Dans un domaine voisin, avec le même principe des caméras multiples, George Romero élaborait un discours passionnant dans Diary of the Dead, alors que [Rec]2 se contente d’exploiter l’aspect récréatif de son procédé sans jamais chercher à le transcender.

© Gilles Penso

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LE SEUIL DU VIDE (1974)

Recluse dans son appartement, une jeune femme découvre qu'une pièce condamnée donne accès à un autre pan de réalité

LE SEUIL DU VIDE

1974 – FRANCE

Réalisé par Jean-François Davy

Avec Dominique Erlanger, Jean Servais, Pierre Vaneck, Catherine Rich, Odette Duc, Georgette Anys, Claude Melki, Roland Topor

THEMA DOUBLES

Qualifié fort justement de cinéaste « inclassable » lors de la réédition en DVD de ses films phares, Jean-François Davy s’est essayé au drame (L’attentat), à l’érotisme (La débauche), au documentaire sulfureux (Exhibition), à la pornographie débridée (La Grande extase, Double pénétration et autres joyeusetés dont il fut producteur) et à la comédie (Chaussette surprise) avec comme seule ligne directrice une grande liberté de ton et une soif d’indépendance. Grâce au Seuil du Vide, il s’attaquait pour la première fois au fantastique, genre qu’il évitait jusqu’alors de peur de ne pas pouvoir accéder aux budgets nécessaires. Le scénario s’appuie sur le roman homonyme d’André Ruellan, écrit sous le pseudonyme de Kurt Steiner en 1956. De toute évidence, l’influence de Roman Polanski (et notamment de Répulsion et Rosemarys’s Baby) pèse sur ce long-métrage, notamment à travers cette protagoniste recluse dans un appartement et gagnée peu à peu par des accès paranoïaques dont on ne saurait dire s’ils sont justifiés ou non. En tête d’affiche, Dominique Erlanger (épouse de Davy à l’époque) incarne Wanda Leibovitz, une jeune femme marquée par une séparation douloureuse qui loue une chambre de bonne à Paris pour tourner la page, chasser son chagrin et s’adonner à la peinture. L’appartement est plutôt sinistre et de forme triangulaire, ce que nous démontre une vertigineuse prise de vue en plongée rendue possible grâce au tournage en studio que Davy put obtenir via son co-producteur Neyrac.

Lorsque la vieille propriétaire des lieux interdit à Wanda de pénétrer dans une chambre de l’appartement qui a été condamnée depuis de nombreuses années, le mythe de Barbe Bleue s’immisce dans l’intrigue et, bien évidemment, la jeune femme ne résiste pas longtemps à la tentation. Or derrière la porte ne se cache pas quelque inavouable secret mais un phénomène pour le moins curieux : la pièce est noire, et aucune lumière ne semble capable de dissiper les ténèbres. Voilà donc le seuil du vide annoncé par le titre. De plus en plus fascinée par cette pièce noire, Wanda décide d’y installer son chevalet car l’inspiration lui vient subitement au milieu du néant et les couleurs de ses toiles y gagnent singulièrement en richesse. Mais il y a un revers à cette médaille…

Un film aussi inclassable que son réalisateur

A mi-chemin entre la science-fiction, l’épouvante et le conte de fée, Le Seuil du Vide aborde plusieurs thèmes fascinants : la faille spatio-temporelle, le transfert des âmes, la jeunesse éternelle… Aussi inclassable que son réalisateur, le film n’entre dans aucune catégorie prédéfinie mais assume pleinement son statut fantastique, évitant l’intellectualisation et la nébulosité avec laquelle les cinéastes français avaient tendance à le traiter à l’époque. L’intrigue demeure intelligible, la mise en scène limpide, et Dominique Erlanger remportera un prix d’interprétation au festival de Trieste. Ce sera hélas la seule tentative de Jean-François Davy dans le genre, après un projet d’anticipation avorté baptisé « Le 32 décembre ». Le cinéaste reviendra à ses premières amours (les coquineries déshabillées) tandis que l’auteur André Ruellan partagera la suite de sa carrière entre les romans de SF et les scénarios de comédie (notamment celui du Distrait de Pierre Richard).

© Gilles Penso

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ARTHUR ET LA VENGEANCE DE MALTAZARD (2009)

Un deuxième épisode qui prend tout son temps pour ne pas raconter grand-chose et multiplie les flash-backs jusqu'à sombrer dans la parodie involontaire

ARTHUR ET LA VENGEANCE DE MALTAZARD

2009 – FRANCE

Réalisé par Luc Besson

Avec Freddie Highmore, Mia Farrow, Ronald Crawford, Penny Baflour, Robert Stanton, et les voix de Rohff et Gérard Darmon 

THEMA CONTES I PETITS MONSTRES I SAGA ARTHUR ET LES MINIMOYS I LUC BESSON

Le succès d’Arthur et les Minimoys appelait inévitablement une séquelle, d’autant qu’il suffisait à Luc Besson de puiser dans le matériau littéraire dont il abreuva les librairies pour concocter une nouvelle aventure avec l’auteur Céline Garcia. Mais si le premier opus surprenait agréablement par ses facéties et ses tours de force techniques, celui-ci prend plus les allures d’une opération marketing que d’un film à part entière. Prenant exemple sur quelques prestigieux aînés, le réalisateur scinde en effet sa narration en deux afin d’achever son film sur un climax appelant un troisième épisode prometteur. Le principe n’est pas mauvais en soi et a déjà largement fait ses preuves. Mais il ne fonctionne que si chaque film possède de manière autonome une structure narrative complète et cohérente, une évolution des personnages, une progression des enjeux et un rythme allant crescendo.

Rien de tel ici, hélas. Arthur et la Vengeance de Maltazard ressemble à un prologue qui n’en finit plus de mettre en place les situations sans bénéficier lui-même d’une intrigue digne de ce nom, les véritables péripéties étant visiblement réservées à Arthur et la guerre des deux mondes dont la sortie est programmée pour octobre 2010. Lorsque le film démarre, Arthur (Freddie Highmore) est au comble de l’excitation, car la fin du dixième cycle de la lune approche, ce qui va lui permettre de rejoindre enfin le monde des Minimoys et de revoir la charmante princesse Selenia. Or lorsqu’arrive le jour tant attendu, le père d’Arthur (Robert Stanton) décide de plier bagage et de quitter plus tôt que prévu la maison de sa grand-mère (Mia Farrow), suite à une altercation avec le grand-père Archibald (Ron Crawford). Alors qu’il s’apprête à partir à contrecœur, Arthur découvre un message de détresse inscrit sur un grain de riz et déposé par une araignée. Visiblement, les Minimoys sont en danger. Faisant fi de l’autorité parentale, il décide de voler au secours de ses amis, quitte à tomber dans le piège de Maltazard qui semble prêt à tout pour prendre sa revanche.

Une intrigue qui avance à pas de fourmis

Voilà un point de départ plutôt engageant. Or le scénario prend tout son temps pour raconter ce qui, honnêtement, aurait pu tenir sur quinze minutes de métrage. Lorsqu’enfin Arthur bascule dans l’autre monde, l’intrigue continue à progresser à pas de fourmis. Car dès lors le mini-rasta Max prend la vedette, entraînant le jeune héros dans un quartier populaire et anachronique empli de bestioles étranges avant de participer à un affrontement entre CRS et jeunes de banlieue – version Minimoys – assez édifiant. Certes, les idées visuelles foisonnent, notamment via les mille et une manières de convertir les insectes en véhicules ou en machines aux usages divers, et quelques séquences d’action méritent le détour, en particulier une bataille aérienne mouvementée au cours de laquelle Arthur et Bétamèche tentent d’échapper à de tenaces poursuivants. Il faut également souligner le remarquable travail de Buf, dont les images de synthèse rivalisent sans peine avec les travaux de Pixar et Dreamworks. Regrettons simplement que toute cette énergie ne soit mise au service que d’un « demi-film ».

 

© Gilles Penso

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2012 (2009)

Roland Emmerich casse tout ce qui passe à sa portée dans ce qui peut être considéré comme le film catastrophe ultime

2012

2009 – USA

Réalisé par Roland Emmerich

Avec John Cusack, Chiwetel Ejiofor, Amanda Peet, Oliver Platt, Thndie Newton, Danny Glover, Woody Harrelson

THEMA CATASTROPHES

Selon une prophétie maya, le 21 décembre 2012 marquera la date de la fin du monde, suite à l’alignement particulier des planètes de notre système solaire et à la série de cataclysmes naturels qui en découlera. Grâce à ce prétexte paranoïaque, Roland Emmerich se livre avec un enthousiasme manifeste à son exercice favori : le film catastrophe. Si Le Jour d’après faisait quelque peu illusion dans le genre, grâce à une poignée de séquences franchement impressionnantes, on ne peut pas en dire autant d’Independence Day et Godzilla, dont les effets spéciaux spectaculaires ne rachetaient pas la stupidité des intrigues et l’absurdité des relations humaines. Certes, 2012 se situe largement au-dessus du niveau artistique de ces deux blockbusters décérébrés, mais il ne brille pas tout à fait par la fraîcheur de son scénario. Car à tout bien réfléchir, nous sommes ici en présence d’un remake officieux du Choc des mondes de Rudolf Maté, un classique de 1951 dans lequel, déjà, des vaisseaux spatiaux étaient bâtis pour sauver quelques humains d’une catastrophe inexorable menaçant la Terre. Outre cette influence première, Emmerich ne peut s’empêcher de chercher l’inspiration du côté de son maître à penser Steven Spielberg. Ici, c’est La Guerre des mondes qui sert visiblement de référence, le romancier Jackson Curtis (incarné par John Cusack) marchant sur les traces de Tom Cruise en s’efforçant, lui aussi, de sauver sa famille recomposée lorsque le désastre survient.

Si l’on ajoute quelques coïncidences improbables qui relient bizarrement chaque protagoniste du drame et de grossières allusions politiques (le gouverneur de Californie qui a le même accent autrichien qu’Arnold Schwarzeneger, l’accident sous le pont de l’Alma), on comprend que 2012 ne donne pas tout à fait dans la finesse. Restent les effets spéciaux. De ce point de vue, rien à redire. Au premier tiers du film, les hostilités sont lancées avec la destruction de Los Angeles, une séquence d’anthologie qui restera dans toutes les mémoires par son ahurissante démesure. Au milieu des bâtiments qui s’effondrent à la manière d’un château de carte, le véhicule de nos héros tente d’éviter de monstrueux obstacles, du train qui déraille à l’avion qui s’écrase, tandis que les vues aériennes du cataclysme coupent littéralement le souffle. Le réalisateur de Stargate n’a donc pas perdu la main.

Destructions massives

Mais l’aspect résolument spectaculaire d’une telle scène se prive d’impact émotionnel, tant le cinéaste force le trait et exagère les péripéties. Là où Spielberg savait nous ébranler (qu’on se souvienne de l’incroyable plan-séquence de la voiture de La Guerre des mondes), Emmerich se contente d’une dynamique de jeu vidéo. Pourquoi pas ? Sauf qu’en mêlant à son jeu de destruction des détails qu’on croirait issus des attentats du 11 septembre (les habitants des buildings s’accrochant désespérément aux parois qui s’effondrent puis se jetant dans le vide), il crée un mélange des genres au goût souvent discutable. Tout 2012 est à l’avenant. Ceux qui cherchent une intrigue solide aux fortes implications humaines ont donc tout intérêt à passer leur chemin. Mais les amateurs d’effets spéciaux vertigineux et de destructions massives en auront largement pour leur argent.

 

© Gilles Penso

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L’IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS (2009)

Endeuillée par la mort de Heath Ledger, cette œuvre atypique propose un voyage troublant de l'autre côté du miroir de l'imagination

THE IMAGINARIUM OF DR. PARNASSUS

2009 – GB

Réalisé par Terry Gilliam

Avec Heath Ledger, Christopher Plummer, Tom Waits, Liliy Cole, Andrew Garfield, Johnny Depp, Colin Farell, Jude Law

THEMA DIABLE ET DEMONS

Désireux de revenir aux sources de ses premières œuvres, Terry Gilliam a concocté de toutes pièces une de ces histoires abracadabrantes dont il a le secret. Sur un postulat scénaristique qui n’est pas sans évoquer Le Cirque du docteur Lao de George Pal, nous découvrons les pérégrinations d’un cirque ambulant anachronique abritant le vénérable docteur Parnassus (Christopher Plummer), sa fille Valentina (Lily Cole), son comédien Anton (Andrew Garfield) et son assistant Percy (Verne Troyer). Leur numéro rétro n’attire guère les foules des cités modernes, mais ce théâtre mobile et poussiéreux abrite un secret. Grâce à un miroir magique dissimulé derrière un rideau, le docteur Parnassus a le pouvoir de faire voyager les gens dans leur propre imagination. A l’issue de chacun de ces voyages, un choix est nécessaire, et le Diable (Tom Waits) attend les visiteurs au tournant. Car Parnassus a passé un pacte avec le Malin, qui viendra réclamer Valentina dès ses seize ans révolus. Toute cette petite mécanique se grippe avec l’arrivée d’un homme étrange, Tony (Heath Ledger), qui se mêle à la troupe et semble lui-même dissimuler sa véritable nature… Film hybride et quelque peu décousu, L’Imaginarium du docteur Parnassus souffre probablement d’un trop plein d’idées et du traitement évasif d’un scénario qui eut mérité plus de rigueur.

Mais c’est également un concentré de tout ce que Terry Gilliam sait faire de mieux : des dialogues cultivant l’absurde jusqu’au surréalisme (les policiers cherchant le terme le moins vexant possible pour qualifier l’assistant nain Percy), un humour souvent désenchanté (les rencontres répétées de Parnassus et du Diable) et des séquences fantastiques prenant souvent des proportions titanesques (Tony qui cherche à atteindre les nuages grâce à une échelle immense, le flash-back dans le temple antique)… « J’ai voulu que Le docteur Parnassus soit une sorte de “best of“ de tout ce que j’avais pu faire avant », reconnaît le cinéaste (1). A l’instar du Don Quichotte qu’il prépara avec Johnny Depp et Jean Rochefort, Le Docteur Parnassus a bien failli ne jamais voir le jour suite à la mort prématurée de Heath Ledger.

Quatre acteurs pour un seul rôle

« Le choc fut terrible pour nous tous, et il n’était pas question que je recommence le tournage avec un autre acteur », raconte-t-il. « Mais toute l’équipe m’a poussé à reprendre le film et à le terminer, ne serait-ce que pour finir ce que Heath avait commencé. J’ai alors eu l’idée de faire changer son visage chaque fois qu’il traversait le miroir, puisqu’il se retrouve dans un lieu qui reflète l’imagination des gens. Voilà comment Johnny Depp, Colin Farell et Jude Law ont repris son personnage à tour de rôle. » (2) Transcendant le drame pour doter son œuvre d’un supplément d’âme nouveau, Gilliam n’a pas seulement sauvé son film. Il a également prouvé qu’un personnage peut prendre le pas sur son (ou ses) interprète(s). A tel point qu’en observant les performances respectives de Depp, Law et Farell, les superstars s’effacent et l’on jurerait continuer à apprécier le travail de Ledger sous d’autres visages. L’expérience est fascinante et quelque peu troublante, dotant le film d’une dimension inattendue.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2009

 

© Gilles Penso

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