FEAR STREET : PROM QUEEN (2025)

Déconnecté de la trilogie précédente, ce quatrième opus de la saga inspirée par l’écrivain R.L. Stine transforme un bal de fin d’année en bain de sang…

FEAR STREET : PROM QUEEN

 

2025 – USA

 

Réalisé par Matt Palmer

 

Avec India Fowler, Suzanna Son, Fina Strazza, Katherine Waterston, Lili Taylor, Chris Klein, Ariana Greenblatt, David Iacono, Darrin Baker, Ella Rubin

 

THEMA TUEURS I SAGA FEAR STREET

Diffusée sur la plateforme Netflix en 2021, la trilogie Fear Street connut un succès très honorable et sut satisfaire les amateurs du genre malgré un certain nombre de facilités et de clichés. Inspirés librement d’une série d’ouvrages de R.L. Stine (l’écrivain derrière la franchise Chair de poule), ces trois films réalisés par Leigh Janiak se laissaient volontiers inspirer par Scream et Vendredi 13 pour bâtir leur propre univers, centré autour d’une malédiction frappant la petite ville de Shadyside en trois périodes distinctes : 1666, 1978 et 1994. L’idée d’un quatrième opus germe rapidement mais tarde à se concrétiser. Contrairement au triptyque initial, ce nouvel épisode est envisagé comme un film autonome dont l’intrigue serait déconnectée de ses prédécesseurs. Initialement envisagée pour diriger le film, Chloe Okuno (signataire du drame horrifique Le Voyeur) cède finalement la place à Matt Palmer (réalisateur du thriller Calibre). Ce dernier co-écrit Fear Street : Prom Queen avec Donald McLeary et se laisse largement inspirer – comme l’indique assez explicitement le titre du film – par Le Bal de l’horreur de Paul Lynch.

En 1988, la classe de terminale du lycée de Shadyside se prépare pour le bal de promo. Lori Granger (India Fowler) se porte candidate au titre de reine du bal face à un groupe très populaire surnommé « la meute », menée par l’arrogante Tiffany Falconer (Fina Serazza) et ses amies Melissa McKendrick (Ella Rubin), Debbie Winters (Rebecca Ablack) et Linda Harper (Ilan O’Driscoll). Lori est mise à l’écart par les autres élèves à cause de rumeurs selon lesquelles sa mère aurait tué son père, bien qu’elle ait été déclarée innocente. La vice-principale Brekenridge (Lili Taylor) espère que le bal permettra de redorer l’image de Shadyside, ternie par sa mauvaise réputation. Mais la veille du bal, l’une des candidates est sauvagement assassinée par un tueur caché derrière un masque et une capuche écarlate. Lorsque s’ouvrent les festivités, la tension monte entre les potentielles reines du bal. Mais le vrai danger se tapit ailleurs. Le tueur s’est en effet dissimulé dans les couloirs du lycée et s’apprête à frapper de nouveau…

Fan des années 80

Précédé d’une campagne marketing maligne reproduisant le look des vieilles jaquettes VHS des années 80 ou détournant plusieurs posters célèbres (Carrie, Halloween, Le Bal de l’horreur), Fear Street : Prom Queen assume pleinement sa volonté de s’engouffrer dans la nostalgie eighties portée aux nues par Stranger Things. Tous les lieux communs attendus sont convoqués. La bande originale au synthétiseur est donc ponctuée de tubes de l’époque (chantés par Billy Idol, Judas Priest, Bananarama, Eurythmics, Laura Branigan, Duran Duran ou Grandmaster Flash) et le film s’encombre d’une surabondance de références pop (Phantasm II et Appel d’urgence sont projetés dans le cinéma local, on loue la cassette vidéo de Génération perdue, on tapisse les murs de photos de Patrick Swayze, Johnny Depp ou Prince). La palme revient à la meilleure amie de l’héroïne, un personnage parfaitement improbable qui lit le magazine Fangoria, bricole des effets spéciaux et décore sa chambre avec un poster de L’Enfer des zombies. A trop se concentrer sur ce jeu d’accumulation, le film peine à construire une intrigue intéressante. Car ces petites rivalités mesquines entre futures reines du bal stéréotypées sont évidemment d’un intérêt tout relatif. Fort heureusement, les séquences de meurtres ne lésinent pas sur le gore excessif à l’ancienne, quelques moments de suspense fonctionnent bien et les ultimes rebondissements sont très récréatifs. Mais le spectateur aguerri a déjà l’impression d’avoir déjà vu tout ça un millier de fois. Le postmodernisme a ses limites. Fear Street : Prom Queen le prouve à chaque minute.

 

© Gilles Penso

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LE TERRITOIRE DES OMBRES : LE MONDE INTERDIT (2010)

L’ambitieux diptyque que consacre le réalisateur espagnol José Luis Amemán à H.P. Lovecraft s’achève ici sur une note spectaculaire…

LA HERENCIA VALDEMAR II : LA SOMBRA PROHIBIDA

 

2010 – ESPAGNE

 

Réalisé par José Luis Alemán

 

Avec Daniele Liotti, Óscar Jaenada, Laia Marull, Silvia Abascal, Rodolfo Sancho, Ana Risueño, Norma Ruiz, Santi Prego, José Luis Torrijo, Jesús Olmedo

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

Dédié à la mémoire de Paul Naschy, dont ce sera le dernier film avant son décès en novembre 2009, Le Monde interdit est le second volet du diptyque Le Territoire des ombres entamé avec Le Secret de Valdemar. Si les deux films se raccordent directement, ils se distinguent par une atmosphère différente. Le premier épisode se déroulait en effet majoritairement au 19ème siècle, via une reconstitution historique minutieuse à l’esthétique soignée, alors que celui-ci prend place dans un contexte contemporain. Force est de constater que ce changement d’époque nuit au résultat final et lui ôte une grande partie de son charme. De fait, les passages les plus intéressants de ce Monde interdit sont les brefs flash-backs nous ramenant quelques siècles dans le passé, dans une atmosphère gothique qui doit autant à Edgar Allan Poe qu’à H.P. Lovecraft. À la fin du film précédent, qui s’achevait sur le destin tragique de Leonor Valdemar (Laia Marull) jetée dans les griffes d’une créature démoniaque surgie à l’issue d’un rituel ancestral, nous revenions dans le présent pour assister à la capture de l’experte en biens immobiliers Luisa Llorente (Silvia Abascal) par les membres d’une confrérie aux noirs desseins. Le suspense était donc à son comble.

Lorsque ce second épisode commence, deux groupes distincts se mettent à la recherche de Luisa : deux employés de l’agence immobilière d’un côté, un détective spécialisé dans le surnaturel et l’émissaire d’une mystérieuse fondation de l’autre. Tout ce beau monde finit par tomber entre les griffes d’une secte qui a réussi à mettre la main sur le Necronomicon, le fameux Livre des Morts. Grâce à ce grimoire maudit, au sacrifice de 666 victimes humaines et à la pratique d’un rituel ancestral, les membres de cette organisation secrète entendent bien ouvrir la porte de notre monde pour libérer les Grands Anciens, notamment le redoutable et tentaculaire Cthulhu qui dort dans les entrailles de la Terre en attendant de pouvoir revenir régner à la surface. Est-il trop tard pour les arrêter ?

L’appel de Cthulhu

Le gros de l’intrigue située à notre époque n’est d’un intérêt que très relatif, se résumant principalement à montrer Luisa Llorente qui est capturée, s’échappe, est à nouveau capturée… C’est donc dans les flash-backs situés au 19ème siècle que les spectateurs trouveront les éléments les plus attrayants du film. On y aperçoit non sans émotion Paul Naschy dans la peau d’un serviteur mettant en garde Lazara Valdemar (Daniele Liotti) contre les dangers que représente le Necronomicon. H.P. Lovecfaft lui-même y fait une apparition, sous les traits de l’acteur Luis Zahera. L’écrivain entre ainsi dans la fiction et s’efforce de récupérer le livre maudit avant qu’il ne cause d’irrémédiables dégâts. « Beaucoup d’inconscients pensent qu’ils sauront l’utiliser ou faire fortune avec », dit-il à Valdemar. « C’est le livre qui vous possède, et non l’inverse » ajoute-t-il, avant de d’annoncer gravement qu’« aucun détenteur de ce livre n’a jamais survécu. » De retour à notre époque, le film nous offre un climax à grande échelle, situé dans un beau décor de grotte souterraine où Cthulhu lui-même fait enfin son apparition. Et malgré le faible budget à sa disposition, Alemán nous en donne pour notre argent. Conforme à la morphologie qu’on imagine, la créature titanesque – reconstituée en images de synthèse – est une belle réussite, même si son rôle se limite à celui d’un grand monstre agressif et rugissant, qui sera finalement englouti dans les profondeurs par une entité encore plus puissante que lui. C’est donc sur une note spectaculaire, à défaut d’être pleinement convaincante, que s’achève Le Territoire des ombres, dont on ne pourra pas reprocher le manque d’ambition.

 

© Gilles Penso

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HELLZAPOPPIN’ (1941)

Cette comédie délirante, l’une des plus folles de l’histoire du cinéma, a influencé des générations entières de cinéastes et d’humoristes…

HELLZAPOPPIN

 

1941 – USA

 

Réalisé par H.C. Potter

 

Avec Ole Olsen, Chic Johnson, Martha Raye, Hugh Herbert, Jane Frazee, Robert Paige, Mischa Auer, Richard Lane, Lewis Howard, Clarence Kolb, Nella Walker

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

À la fin des années 30, Hellzapoppin’ est un phénomène scénique hors normes. Créée à Broadway en 1938 par le duo comique Olsen et Johnson, la revue est un chaos jubilatoire, truffé de sketches absurdes, de gags visuels et d’interactions déjantées avec le public. Son succès est tel que Hollywood ne tarde pas à flairer l’opportunité : en 1941, Universal Pictures décide d’en produire une adaptation cinématographique. Le défi est immense. Comment capturer sur pellicule une œuvre aussi incontrôlable, construite sur l’improvisation et la rupture des conventions ? Pour relever ce pari fou, le studio confie la réalisation à H.C. Potter, connu pour ses comédies classiques. Mais rapidement, Potter comprend qu’il ne s’agit pas de faire une simple captation : Hellzapoppin’ doit éclater les règles du langage cinématographique comme il a dynamité celles du théâtre. Le scénario, coécrit avec Nat Perrin et Warren Wilson, s’autorise toutes les folies. Chaque scène devient un prétexte pour déconstruire le cinéma lui-même. Potter, loin de freiner cette anarchie créative, l’encourage, usant de montages frénétiques et d’effets spéciaux ingénieux pour traduire l’esprit surréaliste du spectacle original. Or le studio impose des éléments plus conventionnels : une romance chantée, quelques numéros musicaux et une intrigue tournant autour d’un spectacle en préparation. Potter et les scénaristes tournent ce compromis à leur avantage en muant ces « passages obligatoires » en vecteurs supplémentaires de parodies.

Hellzapoppin’ est un film qui défie toute forme de narration classique. Louie (Shemp Howard), projectionniste du Universal Theatre, lance la projection d’un grand spectacle musical avec des danseuses dévalant un escalier. Mais la scène tourne rapidement au chaos lorsque l’escalier s’effondre, se transformant en toboggan et envoyant les danseuses tout droit en enfer, où elles sont torturées par des démons. C’est dans ce tourbillon de folie que Ole Olsen et Chic Johnson (interprétant leurs propres rôles) font leur entrée, débarquant en taxi et se mêlant au chaos ambiant. Après quelques gags burlesques, nous découvrons qu’ils se trouvent en réalité sur un plateau de tournage de cinéma. Très vite, le réalisateur du film (Richard Lane) leur explique que leur humour débridé ne correspond pas aux attentes d’Hollywood, tandis que le scénariste timide Harry Selby (Elisha Cook, Jr.) propose d’adapter la pièce théâtrale en une romance traditionnelle. Ole et Chic, mécontents de voir leur revue transformée en un film classique hollywoodien, commencent à perturber le déroulement de l’intrigue et à saboter la romance centrale par tous les moyens possibles…

La fusion de Tex Avery, les ZAZ, Mel Brooks, les Monty Pythons et les Nuls

Hellzapoppin’ est un cas unique dans l’univers du cinéma comique, un phénomène isolé dont l’écho ne se fera entendre que quarante ans plus tard, grâce au trio Zucker-Abrahams-Zucker. Ces derniers avoueront sans détour l’influence évidente du film en reprenant littéralement un gag dans Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? (« Prenons des photos ! »). Hellzapoppin’ convoque le nonsense des burlesques muets et l’énergie frénétique des dessins animés de Tex Avery, notamment lorsqu’un panneau demande à un spectateur de quitter la salle. Ce dernier, sous la forme d’une ombre chinoise projetée à l’écran, se lève et quitte effectivement les lieux ! Une scène tout aussi délirante intervient lorsque la projection du film se dérègle et que l’image, inversée, nous dévoile le bas de l’écran en haut. Dans une ambiance qui fait écho aux grands musicals hollywoodiens (chorégraphies, chansons et acrobaties dans une piscine), le film semble n’exister que pour accumuler une avalanche de gags, reléguant l’intrigue à un rôle accessoire. Certains de ces gags sont devenus des classiques, comme cette scène où les personnages discutent tranquillement alors que des flèches se plantent derrière eux, ou encore ces changements de tenues au gré des décors, parfois accompagnés de trucages inventifs signés John P. Fulton (L’Homme invisible). La revue musicale, elle aussi remplie d’incidents absurdes, préfigure les maladresses hilarantes de Peter Sellers dans les films de Blake Edwards. Sans oublier le plongeon dans les Enfers ou l’apparition fugitive du monstre de Frankenstein. Hellzapoppin’ reste une œuvre presque expérimentale, sacrifiant son scénario sur l’autel d’un comique surréaliste. Son influence sur le cinéma comique est immense : ni Mel Brooks, ni les Monty Pythons, ni le trio ZAZ, ni les Nuls n’auraient été ce qu’ils sont sans ce film.

 

© Gilles Penso

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TOTAL RECALL : MÉMOIRES PROGRAMMÉES (2012)

Le réalisateur de la saga Underworld prend le pari risqué de réinventer le film culte de Paul Verhoeven en donnant la vedette à Colin Farrell…

TOTAL RECALL

 

2012 – USA

 

Réalisé par Len Wiseman

 

Avec Colin Farrell, Kate Beckinsale, Jessica Biel, Bryan Cranston, Bokeem Woodbine, Bill Nighy, John Cho, Will Yun Lee, Milton Barnes

 

THEMA FUTUR I MONDES VIRTUELS ET PARALLÈLES

En 2012, Len Wiseman décide de s’attaquer à un projet ambitieux : revisiter Total Recall, déjà adapté par Paul Verhoeven en 1990. Pour le réalisateur, c’est l’occasion de collaborer à nouveau avec sa compagne Kate Beckinsale, dans un film qui, pour une fois, n’est pas lié à la saga Underworld. Le scénario de cette nouvelle version est confié à Kurt Wimmer, auteur de Sphère (1998), L’Affaire Thomas Crown (1999), et réalisateur d’œuvres futuristes comme Equilibrium (2002) et Ultraviolet (2006). Colin Farrell sort alors tout juste du remake de Fright Night et hérite ici du rôle de Douglas Quaid, tenu jadis par Arnold Schwarzenegger. Malgré les dénégations de la production, le film s’inspire visiblement beaucoup plus du film précédent que de la nouvelle de Philip K. Dick, We Can Remember It for You Wholesale. En pleine promotion, Jessica Biel, soutiendra fermement qu’il ne s’agit pas d’un remake mais d’une réadaptation de Dick — alors que son personnage, Melina, n’y figure même pas. Cohaagen, Harry, la Résistance ou encore les noms Quaid et Lori viennent également du film de 1990. Budgété à 125 millions de dollars, le film amorce son tournage à Toronto le 16 mai 2011 et s’achève quatre mois plus tard. Mais malgré son casting quatre étoiles et son esthétique futuriste léchée, ce Total Recall aura bien du mal à nous faire oublier son illustre prédécesseur.

Au XXIe siècle, la Terre est en grande partie devenue inhabitable. Ne subsistent que deux zones opposées : la Fédération Unie de Grande-Bretagne, centre néo-impérialiste autoritaire, et la Colonie, installée sur les ruines de l’Australie. Un seul lien les unit : The Fall, un train à grande vitesse traversant littéralement le cœur de la planète. Doug Quaid (Colin Farrell), ouvrier désabusé dans une usine de fabrication de robots militaires, étouffe dans une vie sans perspective. Obsédé par un rêve récurrent d’action et de liberté, il pousse un jour la porte de Rekall, une société promettant d’implanter de faux souvenirs aussi vivaces que la réalité. Mais l’expérience tourne court : à peine le protocole lancé, Doug est attaqué par les forces de sécurité. Dans le chaos, des compétences d’espion et de combattant surgissent en lui… qu’il ne se connaissait pas. Son existence s’effondre lorsque Lori (Kate Beckinsale), sa femme, révèle être un agent infiltré chargé de le surveiller. Traqué, Doug fuit et tombe sur Melina (Jessica Biel), une mystérieuse combattante de la Résistance. Peu à peu, il découvre qu’il a autrefois travaillé pour Cohaagen (Bryan Cranston), le dirigeant brutal de la Fédération, avant de trahir le régime. Son ancienne identité dissimulerait des informations cruciales pouvant faire basculer le pouvoir. Mais est-ce bien la réalité ? Ou tout cela fait-il partie d’un implant Rekall défectueux ?

Sitôt vu, sitôt oublié

Quand un film culte fait l’objet d’un remake, le scepticisme et la perplexité sont naturellement de mise. En s’attaquant à Total Recall, Wiseman s’aventure donc en territoire miné. Là où l’original brillait par son ambiguïté permanente — rêve ou réalité ? —, cette version de 2012 choisit de tout verbaliser, levant rapidement le mystère. Le doute s’efface, la paranoïa se dissipe, et avec elle une grande partie du sel de l’intrigue. Le film s’amuse néanmoins à citer Verhoeven : la femme à la douane, la mutante aux trois seins, ou encore les robots qui évoquent Robocop. Mais ces hommages relèvent plus du clin d’œil pour les fans que du véritable recyclage malin. Et puis, il faut l’avouer, Mars faisait quand même plus rêver que ce tunnel à gravité qui perce la planète pour relier la Colonie à la Grande-Bretagne. Colin Farrell, lui, prend visiblement son rôle au sérieux. Pas de punchlines à la Schwarzie, mais un jeu au premier degré qui cherche à crédibiliser son personnage et une pleine implication physique, notamment dans les combats. Mais si les scènes d’action sont soignées, elles fleurent bon le déjà vu (comme cette poursuite automobile directement héritée de Minority Report, qui mettait d’ailleurs déjà en scène Colin Farrell). Le vrai souci, c’est que l’univers dickien n’est plus une nouveauté. En 1990, les questionnements sur l’identité et la réalité étaient encore rares au cinéma. En 2012, ils sont devenus monnaie courante. Résultat : ce Total Recall perd de sa singularité en arrivant après la vague de films post-Matrix. Bref, le film s’oublie aussitôt après avoir été vu. Un comble pour une histoire de mémoire programmée !

 

© Gilles Penso

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DESTINATION FINALE : BLOODLINES (2025)

Chassez la mort, et elle revient au galop ! Voici donc le sixième opus d’une saga qu’on croyait terminée, et qui ressuscite ici avec perte et fracas…

FINAL DESTINATION : BLOODLINES

2025 – USA

Réalisé par Zach Lipvosky et Adam B. Stein

Avec Kaitlyn Santa Juana, Teo Briones, Rya Kihlstedt, Richard Harmon, Owen Patrick Joyner, Anna Lore, Alex Zahara, April Telek, Tinpo Lee, Tony Todd

THEMA MORT I CATASTROPHES I SAGA DESTINATION FINALE

 

Quatorze années se sont écoulées depuis Destination finale 5, et de nombreuses pistes de suites ont entretemps été formulées puis abandonnées. Continuer à faire fructifier la franchise restait une priorité pour New Line Cinema, encore fallait-il trouver la bonne idée. Le très inégal Jon Watts (à la tête des Spider-Man du Marvel Cinematic Universe et de la sympathique série Skeleton Crew) étant embarqué dans ce sixième opus tardif en tant que coproducteur et coscénariste, on ne savait trop quoi penser de la teneur du projet. Mais le nom des deux réalisateurs finalement sélectionnés – après une longue phase de sélection – se révélait plutôt rassurant. Zach Lipvosky et Adam B. Stein nous ont en effet offert le très recommandable Freaks en 2018. Cela dit, comment surprendre encore le public habitué à une franchise aussi codifiée ? Autant dire que l’exercice n’était pas simple, pour ne pas dire périlleux. D’un autre côté, trop s’éloigner de la formule aurait pu être considéré comme un acte de trahison par les aficionados de la saga. En quête du juste équilibre, les scénaristes et les cinéastes se sont creusé les méninges pour finalement trouver une solution plutôt habile. Car si la mécanique ne change pas – la Mort vient faucher ceux qu’elle a ratés la première fois en orchestrant de diaboliques réactions en chaîne propres à hérisser les poils des spectateurs -, son inscription dans le scénario change un peu la donne.

Le prologue du film, spectaculaire comme il se doit, parvient encore à nous époustoufler en jouant la carte du vertige, quelque part à mi-chemin entre le naufrage de Titanic et la scène de la caravane suspendue du Monde perdu. Dès cette entame, située à la fin des années 60, nous comprenons que le concept a été réadapté. La suite des péripéties, qui nous ramène à l’époque contemporaine, prend un tour différent puisque, comme l’indique le sous-titre Bloodlines, il est question ici d’hérédité, ou plutôt de très lourd héritage familial. Une fois n’est pas coutume, les héros ne sont donc pas des amis liés par un destin funeste mais des parents, des enfants et des cousins aux liens distendus bientôt embarqués dans une galère dont la Camarde tient les rênes. Et comme personne ne semble croire à cette malédiction familiale, à part la protagoniste incarnée par Kaitlyn Santa Juana, le phénomène d’identification fonctionne à plein régime, notamment dans cette séquence tendue au cours de laquelle elle tente d’anticiper sur les relations de cause à effet qui pourraient provoquer à tout moment un trépas violent dans une rue tranquille…

La mort dans le sang

Le film construit dès lors ses séquences de suspense à partir de tout et n’importe quoi : deux enfants qui jouent au football sur le trottoir, une enceinte qui vibre, une porte à tambour, la moindre étincelle, la plus petite pièce de monnaie… Et ça marche ! Les codes du film d’horreur (généreux en effets gore) et du cinéma catastrophe (avec force explosions et destructions massives) s’entrechoquent une fois de plus avec fracas. Au détour du jeu de massacre, c’est non sans émotion que nous retrouvons Tony Todd pour un dernier tour de piste avant que l’inoubliable interprète de Candyman tire sa révérence. Son personnage s’enrichit et se redéfinit ici de manière inattendue. « Pour briser le cycle, il faut mourir » dit-il, alors très malade, saisissant pleinement la cruelle ironie de cette réplique avant d’ajouter : « La vie est précieuse, profitez de chaque seconde ». Todd s’éteindra quelques mois après la fin du tournage du film, qui lui est dédié. Soutenu par une très belle musique orchestrale de Tim Wynn (déjà à l’œuvre sur Freaks), partagé entre l’humour noir, l’horreur et la chronique familiale, Destination finale : Bloodlines trouve en ce domaine l’équilibre qui faisait cruellement défaut à The Monkey d’Osgood Perkins. Bref, voici sans doute l’un des opus les plus réjouissants de cette longue série initiée par James Wong et Glen Morgan 25 ans plus tôt.

 

© Gilles Penso

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LILO ET STITCH (2025)

C’était à craindre : ce remake « live » du film d’animation ultra-populaire de 2002 manque singulièrement de personnalité et de surprise…

LILO & STITCH

 

2025 – USA

 

Réalisé par Dean Fleischer Camp

 

Avec Maia Kealoha, Sydney Agudong, Zach Galifanakis, Billy Magnussen, Tia Carrere, Courtney B. Vance, Kaipo Dudoit, Amy Hill, Jason Scott Lee, Chris Sanders

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Chaque fois qu’un film d’animation Disney passe le cap d’une relecture « live », la légitimité d’une telle entreprise laisse perplexe. L’argument financier est évidemment la motivation première de ce type d’initiative, quoique l’échec cuisant du Blanche Neige de Mark Waters au box-office laisse entendre qu’il ne suffit pas de capitaliser sur des propriétés intellectuelles connues du public et de les resservir avec d’autres sauces pour forcément remplir les tiroir-caisse. Trois familles de films se dégagent de ce flot de remakes réinventant les grands classiques dans l’espoir d’attirer de nouveaux spectateurs : les réadaptations libres et personnelles portées par des cinéastes désireux d’apporter leur patte personnelle (Peter et Eliott, Dumbo), les « origin stories » revisitant certains personnages célèbres depuis leurs débuts (Cruella, Maléfique) et les remakes fidèles. Lilo et Stitch entre confortablement dans cette troisième catégorie, ce qui est d’autant plus dommage que le concept initial offrait des opportunités artistiques infinies, pour peu qu’on se donne la peine de réadapter le sujet original – clairement conçu pour le médium animé, avec la pureté de ses traits, la simplicité de son animation et la beauté de ses couleurs pastel – pour le transposer dans un univers en prises de vues réelles.

Pour raconter Lilo et Stitch au milieu d’acteurs en chair et en os, la solution la plus logique et la plus efficace aurait sans doute été de reprendre le mètre étalon en la matière, autrement dit E.T. : l’inscription du récit dans un contexte réaliste, avec des personnages crédibles et attachants, prélude au surgissement dans un second temps de la créature extra-terrestre et de l’impact de sa présence sur les protagonistes. La campagne marketing du film valorisant son tournage à Hawaï avec des acteurs locaux pour plus d’authenticité, cette approche tombait sous le sens. Mais ce remake choisit l’imitation structurelle de son modèle et démarre donc son intrigue dans l’espace, au beau milieu du conseil intergalactique présidant aux destinées du savant fou Jumba et de sa création démoniaque, l’expérience 626. Pour réadapter cette séquence, la production fait le choix logique de l’image de synthèse. Mais le design, la modélisation, le rendu et l’animation des personnages nous semblent d’un autre âge, comme échappés d’un Pixar ou d’un Dreamworks des années 2000. Lorsque le film se déplace ensuite sur Terre, le décalage abyssal entre les scènes « humaines » et ce prologue animé en 3D saute aux yeux, comme s’il s’agissait de deux films distincts. Et lorsque les personnages animés – Stitch, Jumba et Pleakley – surgissent au milieu des acteurs, le grand écart esthétique se creuse davantage.

Lilo et les Minimoys

Car voilà bien le problème majeur de ce Lilo et Stitch : son incapacité à opérer des choix artistiques cohérents. Ce n’est pourtant pas la première fois que des créatures numériques cartoonesques côtoient des humains à l’écran. Mais pour que le rendu tienne la route, encore faut-il que les premiers soient intégrés de manière fluide dans l’action – à la manière du Rocket Racoon des Gardiens de la galaxie par exemple. Or ici, nos deux chasseurs extra-terrestres s’agitent de manière saccadée comme s’ils parodiaient la frénésie du Bob Razowski de Monstres et compagnie ou du Tilt des 1001 pattes. L’harmonie de ce traitement avec le cadre naturaliste dans lequel se situe l’intrigue est donc sérieusement mise à mal (on se croirait par moments dans le dernier opus d’Arthur et les Minimoys !). Stitch s’en sort mieux, grâce à une animation plus fluide, un travail de texture remarquable (son museau humide et sa fourrure bleue sont très réalistes) et surtout une interaction parfaite avec la petite Maia Kealoha, géniale trouvaille de casting qui est probablement la meilleure surprise du film. Mais l’abatage savoureux de cette star en herbe ne suffit pas à nous convaincre pleinement, les scénaristes et le réalisateur Dean Fleischer Camp – pourtant signataire d’un très sympathique Marcel le coquillage (avec ses chaussures) – renonçant tant à choisir la tonalité du film qu’ils affublent le film d’une infinité d’épilogues, surlignant lourdement tout ce que les spectateurs sont pourtant suffisamment intelligents pour comprendre ou imaginer seuls. Bilan ? Un film honnêtement très agréable mais un peu vain, comme la grande majorité des versions « live action » du patrimoine animé de Disney.

 

© Gilles Penso

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DOLAN’S CADILLAC (2009)

Assassinée par des trafiquants d’êtres humains, une jeune femme réapparaît sous forme de fantôme pour aider son époux à se venger…

DOLAN’S CADILLAC

 

2009 – USA

 

Réalisé par Jeff Beesley

 

Avec Christian Slater, Emmanuelle Vaugier, Wes Bentley, Greg Bryk, Aidan Devine, Al Sapienza, Karen LeBlanc, Cory Generoux, Vivian Ng, Patrick Bird, Eugene Clark

 

THEMA TUEURS I FANTÔMES I SAGA STEPHEN KING

La nouvelle de Stephen King La Cadillac de Dolan, parue en 1993 dans le recueil Rêves et cauchemars, intéresse d’abord beaucoup la réalisatrice Stacy Title (L’Ultime souper) qui ne parvient malheureusement pas à mener son projet d’adaptation à terme après des années de développement. Sylvester Stallone et Kevin Bacon avaient pourtant donné leur accord pour y tenir les rôles principaux, ce qui aurait pu permettre au film d’accéder à un budget confortable et à un large circuit de distribution international. Le film redémarre momentanément avec le réalisateur canadien Erik Canuel (qui participa à la série Dead Zone), mais ce dernier jette l’éponge à son tour face aux coupes budgétaires de dernière minute, cédant la place au spécialiste des séries télévisées Jeff Beesley. Sur un scénario de Richard Dooling (co-auteur de Kingdom Hospital, le remake américain de la série L’Hôpital et ses fantômes), Beesley signe un thriller très soigné, à la mise en scène racée et à la photographie somptueuse se déployant sur toute la largeur du format Cinémascope.

Alors qu’elle se promène à cheval dans le désert, Elizabeth Robinson (Emmanuelle Vaugier), une jeune institutrice, assiste à une tractation sanglante autour d’un trafic d’êtres humains. Elle panique et prend aussitôt la fuite. Mais le gangster James Dolan (Christian Slater), qui se déplace dans une Cadillac 4×4 blindée, est prêt à tout pour faire taire ce témoin gênant. S’ensuit une vision de cauchemar : pour l’inciter à oublier ce qu’elle a vu, on a placé chez Elizabeth le cadavre d’une clandestine dont le doigt a été cousu à la bouche, dans une position qui intime le silence. Terrifiée, la jeune femme veut tout de même témoigner, malgré l’avis de son mari Tom (Wes Bentley), lui aussi instituteur. On assure alors leur protection jusqu’au procès. Mais le jour où elle sort pour acheter un test de grossesse, Elizabeth meurt dans l’explosion de sa voiture piégée. Dévasté, Tom achète un revolver et prépare sa vengeance. C’est alors que le spectre de sa défunte épouse lui apparaît pour l’aider dans sa mission…

La place du mort

A priori, Dolan’s Cadillac n’est pas un film fantastique mais plutôt un polar émaillé d’accès de violence. Le surnaturel occupe pourtant une place particulière dans l’intrigue, car le fantôme d’Elizabeth, le visage à moitié brûlé, vient régulièrement rendre visite à Tom au cours de sa quête vengeresse. Dans la nouvelle, le héros n’entendait qu’une voix intérieure, écho de sa propre conscience, et avait de temps en temps le sentiment de sentir le contact de doigts d’outre-tombe. « J’eus l’impression qu’une main glacée me caressais la nuque » raconte-t-il ainsi à la première personne. Ici, la revenante prend corps de manière plus concrète. Péchant par fidélité, le film utilise parfois la voix off du personnage pour traduire ses états d’âme, mais le processus est un peu artificiel et surtout inutile, puisqu’il se contente de paraphraser la narration. La vengeance elle-même est une merveille de machination digne de Mission Impossible, que Stephen King élabora avec l’aide de son frère Dave, professeur de mathématiques, et que le film restitue avec la même précision diabolique.

 

© Gilles Penso

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LE VOLEUR DE BAGDAD (1924)

Douglas Fairbanks s’investit devant et derrière la caméra pour donner corps à l’un des plus célèbres contes des mille et une nuits…

THE THIEF OF BAGDAD

 

1924 – USA

 

Réalisé par Raoul Walsh

 

Avec Douglas Fairbanks, Snitz Edwards, Charles Belcher, Julanne Johnston, Sojin Kamiyama, Anna May Wong, Brandon Hurst, Tote Du Crow, Noble Johnson

 

THEMA MILLE ET UNE NUITS I DRAGONS I ARAIGNÉES

 

En 1924, Douglas Fairbanks est l’icône absolue du cinéma d’aventure. Après avoir enchaîné les succès avec Le Signe de Zorro, Les Trois Mousquetaires et Robin des Bois, il cherche un nouveau terrain de jeu pour repousser les limites du cinéma muet. En visionnant Le Cabinet des figures de cire de Paul Leni, il découvre un segment orientaliste qui lui inspire la mise en chantier du Voleur de Bagdad. Pleinement investi, il signe lui-même le scénario sous le pseudonyme d’Elton Thomas, produit le film et en tient bien sûr le rôle principal. Pour la mise en scène, il fait appel au vétéran Raoul Walsh et s’entoure d’une équipe de haut niveau. La photographie est ainsi assurée par Arthur Edeson (Frankenstein, Casablanca), les décors par William Cameron Menzies (qui marquera l’histoire du cinéma en devenant le premier « production designer » officiel sur Autant en emporte le vent) et les costumes par Mitchell Leisen, futur réalisateur spécialisé dans la comédie (La Baronne de minuit, La Vie facile). Quant aux effets spéciaux, très en avance sur leur temps, ils sont supervisés par Howard Lydecker (déjà à l’œuvre sur Le Signe de Zorro et Les Trois Mousquetaires), épaulé par Coy Watson et Hampton Del Ruth. Le tournage, étalé sur vingt-huit semaines, mobilise des milliers de figurants et donne lieu à une des plus grandes productions hollywoodiennes de l’époque, avec un souci du détail et de la démesure qui en font un projet hors normes.

À Bagdad, Ahmed (Douglas Fairbanks), voleur espiègle et acrobate, vit de rapines et de malice. Un jour, il s’introduit dans le palais du Calife (Brandon Hurst) et tombe éperdument amoureux de sa fille (Julanne Johnston). Pour l’approcher, il se fait passer pour un prince venu demander sa main, comme les autres prétendants rassemblés dans la cité. Mais son imposture est découverte. Trahi et emprisonné, Ahmed parvient à s’évader et se lance dans une quête périlleuse, à travers des royaumes enchanteurs et hostiles, pour rapporter à la belle une cassette magique. Ce périple épique l’emmène aux confins du monde. Il affronte un dragon redoutable, escalade les mille marches d’un escalier vertigineux, brave les flammes d’une caverne ardente, échappe à une araignée géante, capture un cheval volant et résiste aux sortilèges envoûtants de sirènes sous-marines. Chaque épreuve le rapproche un peu plus de son but et transforme le voleur en héros. Mais lorsqu’il revient triomphant à Bagdad, la ville est en proie au chaos : des envahisseurs barbares, alliés à l’un des princes rivaux, assiègent les murailles. Grâce au pouvoir de la cassette magique, Ahmed invoque alors une armée de cent mille guerriers pour libérer la cité…

Fairbanks l’acrobate

À 41 ans, Fairbanks impressionne encore par sa forme physique, multipliant les acrobaties avec une aisance intacte. Il porte le film de bout en bout, y injectant une énergie vive, presque juvénile, et un goût manifeste pour le spectacle visuel. En phase avec sa star, Raoul Walsh privilégie un récit linéaire ponctué d’épreuves fantastiques. L’intrigue, simple mais efficace, sert ainsi de prétexte à une succession de séquences mémorables, à la fois naïves et spectaculaires. Malgré les gros moyens déployés, le système D fonctionne à plein régime : le tapis volant de Fairbanks est suspendu à une grue via des câbles presque invisibles, les scènes sous-marines sont filmées à travers un voile de gaze pour simuler l’immersion avant d’être teintées en bleu, et des enfants sont utilisés comme figurants pour accentuer la disproportion dans la séquence du singe géant. Les somptueux décors de William Cameron Menzies, quant à eux, multiplient les architectures impossibles, les perspectives exagérées et les arabesques oniriques. Sans oublier la musique de Mortimer Wilson, composée comme une véritable partition symphonique avec des leitmotivs pour chaque personnage, à la demande expresse de Fairbanks, une bande originale qui témoigne d’un souci rare d’intégration image/son à une époque encore peu sensible à cette logique. Toujours aussi époustouflant tant d’années après sa réalisation, Le Voleur de Bagdad est devenu une pierre angulaire du film d’aventure fantastique, au sein de laquelle de nombreux cinéastes puiseront leur inspiration.

 

© Gilles Penso

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LE VAMPIRE DE L’ESPACE (1988)

Traci Lords affronte un extra-terrestre en quête de sang frais dans ce remake d’un petit classique de la SF des années 50…

NOT OF THIS EARTH

 

1988 – USA

 

Réalisé par Jim Wynorski

 

Avec Traci Lords, Arthur Roberts, Lenny Juliano, Ace Mask, Roger Lodge, Rebecca Perle, Michael DeLano, Becky LeBeau, Monique Gabrielle, Roxanne Kernohan

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Alors qu’il est en pleine post-production de Big Bad Mama II, le réalisateur Jim Wynorski tombe sur une vieille copie de Pas de cette Terre, petit classique de la science-fiction réalisé à bas prix par Roger Corman en 1957, et propose d’en faire un remake dans les mêmes conditions qu’à l’époque : même planning de tournage express, même budget (rajusté à l’inflation) et même trame. Corman accepte bien sûr avec enthousiasme. Comme son modèle, Le Vampire de l’espace raconte les mésaventures d’une infirmière confrontée à un extraterrestre vampire. Si le scénario est le même, Wynorski tient à injecter dans sa version de l’humour et du sexe. Les victimes de l’alien en perdition sont donc de préférence jeunes, jolies, en petite tenue ou carrément nues (y compris des prostituées et des strip-teaseuses). Pour le rôle féminin principal, le réalisateur choisit Traci Lords qui, après un début de carrière hyperactif dans l’industrie du X, cherche à rejoindre le cinéma « mainstream ». Cela dit, si l’actrice tient cette fois-ci à jouer la plupart des séquences du Vampire de l’espace en restant habillée, elle sacrifie au cliché de la tenue de l’infirmière court-vêtue et continue à dévoiler généreusement son anatomie (en sortie de bain, en maillot, tous les prétextes sont bons). Sa présence dans le film est de toute évidence un argument marketing majeur.

À ces écarts impudiques près, Le Vampire de l’espace reprend fidèlement l’intrigue de Pas de cette Terre. La plupart des scènes sont reproduites quasiment à l’identique, y compris celle du vendeur d’aspirateur jadis joué par Dick Miller (et incarné ici par Michael DeLano). L’avenante infirmière Nadine Stacy (Traci Lords), employée du docteur Rochelle (Ace Mask), fait donc la rencontre d’un patient inhabituel, Monsieur Johnson (Arthur Roberts), qui est habillé en noir, trimballe une mallette énigmatique, porte des lunettes de soleil et demande de toute urgence une transfusion sanguine. Après avoir analysé le sang de Johnson, le docteur découvre avec surprise qu’il possède des caractéristiques très inhabituelles. Johnson propose d’engager Nadine pour travailler chez lui et lui administrer des transfusions régulières. Avec l’aide de son petit ami Harry (Roger Lodge), la jeune femme découvre bientôt que Johnson est un émissaire de la planète Davanna, qui cherche à se procurer le sang humain dont son peuple a besoin pour survivre…

Du sang pour Davanna

Le générique de début donne immédiatement le ton, puisqu’il s’agit d’un joyeux fourre-tout où s’assemblent dans l’anarchie la plus totale toute une série d’extraits de films d’horreur et de science-fiction produits par Roger Corman (Piranhas, Les Mercenaires de l’espace, Mutant, Les Monstres de la mer) qui n’ont aucun rapport avec Le Vampire de l’espace mais permettent à Wynorski de saturer l’écran de monstres et d’hémoglobine sans rien dépenser, le tout sur une musique électronique survoltée de Chuck Cirino. Le film se joue volontairement de tout réalisme. Le décor du cabinet du médecin, par exemple, est orné de fioles emplies de liquides de toutes les couleurs, tandis que tous les personnages féminins du film ont des mensurations de playmates. Y compris une extra-terrestre en bikini (Rebecca Perle) qui se fait transfuser de l’hémoglobine contaminée et se transforme en tueuse assoiffée de sang avant de mourir de la rage ! Les effets vidéo utilisés pour montrer le regard aveuglant de l’alien et le flux d’énergie qui s’échappe de ses victimes sont extrêmement kitsch, mais ils ne tranchent pas avec le ton et le style de ce remake déjanté. Car si Le Vampire de l’espace est plutôt mal fichu, il se regarde avec plaisir. Le film est sans prétention, ne se prend jamais au sérieux et laisse deviner une certaine bonne humeur communicative derrière la caméra. Il connaîtra d’ailleurs un gros succès lors de son exploitation en vidéo à la fin des années 80.

 

© Gilles Penso

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ANACONDAS : À LA POURSUITE DE L’ORCHIDÉE SAUVAGE (2004)

Un groupe de biologistes part pour Bornéo à la recherche d’une fleur aux propriétés miraculeuses et se heurte à un serpent gigantesque…

ANACONDAS : THE HUNT FOR THE BLOOD ORCHID

 

2004 – USA

 

Réalisé par Dwight Little

 

Avec Johnny Messner, KaDee Strickland, Matthew Marsden, Nicholas Gonzalez, Eugene Byrd, Karl Yune, Salli Richardson

 

THEMA REPTILES ET VOLATILES

Anaconda ayant connu un petit succès et quasiment donné naissance à un sous-genre du cinéma d’horreur peuplé de serpents géants, comme le prouvent les Python, Boa, Snake et autre King Cobra qui rampèrent dans son sillage, les producteurs du premier volet se sont mis en tête d’en initier une tardive séquelle. C’est d’ailleurs la sortie de King Cobra qui aura précipité la mise en scène de ce second opus, le « direct-to-video » de David et Scott Hillenbrand étant sorti sur certains territoires sous le titre abusif d’Anaconda 2. Pour la mise en scène, on sollicite Dwight Little, habitué du cinéma d’horreur (Halloween 4, Le Fantôme de l’opéra) et d’action (Désigné pour mourir, Rapid Fire, Meurtre à la Maison Blanche). À vrai dire, Anacondas : à la poursuite de l’orchidée sauvage n’est pas techniquement une suite du premier Anaconda (même si les faits survenus dans le film original sont vaguement évoqués le temps d’une réplique) mais plutôt une sorte de remake avec d’autres personnages. Force est de constater hélas que ce deuxième volet s’avère à peu près aussi inepte que son modèle, proposant les mêmes péripéties et les mêmes séquences, tout en se privant de têtes d’affiches telles que Jennifer Lopez et Jon Voight au profit d’un groupe de jeunes comédiens désespérément dénués de charisme.

L’histoire se concentre sur une équipe de botanistes ayant obtenu le parrainage d’une société pharmaceutique pour monter une expédition à Bornéo afin de trouver la rare orchidée sauvage qui ne fleurit qu’une fois tous les sept ans, dans une vallée reculée, et qui pourrait être la solution miracle capable de stopper le vieillissement humain. Mais l’expédition arrive en pleine saison des pluies et le seul propriétaire de bateau qui accepte de les emmener en amont est un skipper peu engageant nommé Bill Johnson (Johnny Messner). Après avoir affronté de nombreux dangers à bord du Bloody Mary, le bateau branlant de Johnson, s’être écrasés contre une chute d’eau et fait naufrage, nos chercheurs poursuivent leur route à pied. Or ils découvrent bien vite qu’ils sont poursuivis par un anaconda ayant atteint des proportions gigantesques après avoir ingéré l’orchidée sauvage. Comme si ça ne suffisait pas, la saison des amours a poussé toute une série d’autres serpents géants à se rassembler dans la région. Et pour couronner le tout, un traitre parmi les membres de l’équipe est déterminé à obtenir à tout prix des échantillons de la précieuse orchidée, quitte à saboter les chances de survie de l’expédition…

Les créatures du marais

Le travail sur les images de synthèse ne se révélant pas beaucoup plus soigné que sur le premier Anaconda et les personnages étant caractérisés à coup de serpe (le faire valoir comique, l’aventurier musclé, le traitre, l’indigène sage et courageux), il est très difficile de s’attacher à cette intrigue exotique bardée de clichés. D’autant que Dwight Little essaie d’effrayer ses spectateurs avec les trucs les plus éculés du monde (caméra subjective, coups de violons stridents, petit singe qui entre dans le champ en criant…), quitte à plagier allègrement au passage Les Dents de la mer ou même les vieux Tarzan avec Johnny Weissmuller (le temps d’un combat contre un crocodile). Certes, le film ne manque pas de générosité dans ses exubérances, nous offrant quelques séquences de suspense réussies (comme celle de la gigantesque silhouette du monstre qui nage dans le marais au milieu des héros) et un climax spectaculaire au-dessus d’un nid de serpents géants. Mais Anacondas : à la poursuite de l’orchidée sauvage s’oublie aussitôt après son visionnage, se distinguant finalement bien peu des autres films de monstres géants à tout petit budget de chez Nu Image ou Asylum.

 

© Gilles Penso

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