BRAZIL (1984)

Terry Gilliam adapte très librement le roman 1984 et brosse un tableau mi-hilarant mi-terrifiant d'un monde gangréné par l'administration

BRAZIL

1984 – GB

Réalisé par Terry Gilliam

Avec Jonathan Pryce, Robert de Niro, Katherine Helmond, Ian Holm, Bob Hoskins, Michael Palin, Ian Richardson

THEMA FUTUR

Terry Gilliam avait déjà réalisé un long-métrage en solo, Bandits Bandits, mais Brazil marque son extraction définitive de la période Monty Pythons. L’idée de ce film est née à partir d’une image insolite et un brin naïve, celle d’un homme, assis sur une plage, écoutant à la radio la chanson « Brazil » des années 30. C’est à partir de cette icône que s’est peu à peu construit le scénario. Dans un monde futuriste où la société est au top niveau de l’organisation informatisée et aseptisée, Sam Lowry (Jonathan Pryce), un modeste employé du Ministère des Renseignements Généraux, rêve toutes les nuits de la femme de sa vie (Katherine Helmond), une figure angélique que lui-même, sous forme d’un Icare étincelant, vient secourir des griffes d’un monstrueux samouraï. Un jour, ennuyé par un insecte, il chasse la bête qui tombe dans un ordinateur, lequel fait une faute de frappe et envoie à l’abattoir un ingénieur du chauffage central, Harry Buttle au lieu d’Harry Tuttle (Robert de Niro). Chargé d’indemniser la famille du malheureux, Sam entrevoit Jill Layton, qui ressemble trait pour trait à la femme de ses rêves. Mais celle-ci est une terroriste qui appartient à un groupe dont Harry Tuttle est justement le chef…

Si le carton du pré-générique nous annonce que l’intrigue se déroule « quelque part au 20ème siècle », l’univers créé de toutes pièces par Terry Gilliam mêle allègrement des éléments empruntés aux années 50, aux années 80 et à un futur imaginaire. Pourtant, le résultat est d’une cohérence et d’un réalisme exemplaires. Tout – costumes, accessoires, véhicules, décors – concourt à créer une unité esthétique et fonctionnelle à ce monde irréel finalement très plausible.  « Je storyboarde tout », explique le cinéaste, « mais c’est surtout pour donner des informations à tous les membres de l’équipe. Une fois que l’on commence à tourner, chacun peut ajouter sa touche personnelle. Il n’est pas question de rester bloqué sur le storyboard. Il faut être flexible et accepter les idées qui viennent au dernier moment si elles sont meilleures que celles que vous avez prévues. » (1)

Entre Orwell et Kafka

Cinglant réquisitoire contre la bureaucratie, l’administration, la « communication » par procuration (téléphone, télévision, ordinateurs, fax), la paperasserie, et surtout pour la liberté individuelle, Brazil s’affirme comme une adaptation très libre du « 1984 » de George Orwell, moins littérale que celle, très officielle, réalisée la même année par Michael Wadleigh. Les décors des deux films se ressemblent d’ailleurs beaucoup. L’autre grande influence de Brazil est manifestement l’univers de Franz Kafka. Les trouvailles visuelles du film sont époustouflantes (notamment les effets spéciaux inventifs de George Gibbs à base de maquettes et de perspectives forcées), et l’ensemble oscille constamment entre comédie, drame, satire et science-fiction. La bataille qui opposa  Gilliam à Universal est entrée dans la légende, le studio cherchant à imposer un happy end alors que le cinéaste s’efforçait de préserver son montage initial. Bien sûr, c’est lui qui avait raison, ce film « maniaco-dépressif » et « cathartique », comme il le définissait lui-même, étant un chef d’œuvre absolu, probablement le long-métrage le plus abouti de son imaginative carrière.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2009


© Gilles Penso

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UN CIMETIÈRE POUR LES MORTS-VIVANTS (1965)

L'un des nombreux films d'épouvante gothique que produisit l'Italie dans les années 60, illuminé par la présence de Barbara Steele

5 TOMBE PER UN MEDIUM

1965 – ITALIE

Réalisé par Massimo Pupillo

Avec Barbara Steele, Walter Brandi, Mirella Maravidi, Alfredo Rizzo, Riccardo Garrone, Luciano Pigozzi, Tilde Till

THEMA ZOMBIES

Réalisé simultanément avec Vierges pour le bourreau par le même réalisateur Massimo Pupillo (qui accepta que le producteur américain Ralph Zucker soit crédité à sa place au générique), Un Cimetière pour les Morts-Vivants s’inscrit dans la vogue des films d’épouvante gothique que l’Italie produisait à tour de bras dans les années 60. La recette commune de ces œuvres souvent anecdotiques consistait à mêler le mystère au surnaturel avec un soupçon d’horreur et d’érotisme, dans les limites alors autorisées par la censure. Un Cimetière pour les Morts-Vivants respecte scrupuleusement ce cahier des charges, mais se hisse au-dessus du panier notamment grâce à une mise en scène très soignée et à la présence envoutante de la belle Barbara Steele.

S’appuyant officiellement sur des écrits d’Edgar Poe, le scénario évoque surtout Bram Stoker lorsque le notaire Albert Kovac, qui officie dans une petite ville d’Europe de l’Est, reçoit une lettre étrange frappé d’un seau d’un autre âge. Son auteur, Jeronimus Hauff, désire rédiger son testament. Mais lorsqu’il arrive dans la demeure des Hauff, un manoir austère perdu dans une forêt sinistre, Kovac découvre que Jeronimus est mort depuis un an. Sa fille Corinne (Mirella Maravidi) et sa seconde épouse Cleo (Barbara Steele) l’accueillent sans comprendre l’origine du document. Le charme indéniable des deux femmes contraste avec la morbidité du décor, témoignage des recherches occultes menées par le défunt. La vaste demeure regorge ainsi de crânes humains, de mains momifiées et de bustes effrayants.

Entre Poe, Stoker et Lovecraft

L’ambiance du film se rapproche de celle des écrits de Lovecraft lorsque le notaire, qui passe la nuit dans la chambre de Jeronimus, écoute sur un gramophone le témoignage de ses expériences de nécromant. L’angoisse se renforce lorsque la voix ralentit en même temps que le rythme de la machine, la dotant d’un timbre d’outre-tombe, ou lorsque le grincement des charrettes d’antan s’invite dans la bande son. Lorsqu’elle ne donne pas dans les effets attendus (chaque réplique cruciale est soulignée par un coup de tonnerre, un zoom intempestif ou une déflagration musicale), la mise en scène sait ménager d’intéressantes surprises, collecter des images insolites comme ce cadavre de hibou niché dans le moteur d’une voiture, ou ménager quelques chocs à l’image du gros plan de ce visage horriblement défiguré par l’acide, ou cette autre figure ravagée par une peste purulente. La légende qui sous-tend le récit est elle-même riche en suggestion, puisqu’elle concerne une épidémie de peste propagée par des hommes chargés de nettoyer jadis les corps malades, et dont l’âme, privée de repos éternel, hante désormais les lieux. Ce sont eux, les terribles morts-vivants du titre. L’enquête policière et l’horreur se mêlent ici en un savoureux cocktail, que Barbara Steele et Mirella Maravidi teintent d’une pincée d’érotisme en se dévêtant chastement au fil du film. Annonciatrice de plusieurs motifs des films de zombie de Lucio Fulci et de certaines récurrences du giallo (notamment la comptine enfantine), l’œuvre est finalement bien moins mineure qu’elle n’y paraît de prime abord.

 

© Gilles Penso

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SKYFALL (2012)

Sam Mendes s'approprie l'univers James Bond auquel il apporte une esthétique et une sensibilité très personnelles

SKYFALL

2012 – GB / USA

Réalisé par Sam Mendes

Avec Daniel Craig, Ralph Fiennes, Javier Bardem, Helen McCrory, Ben Whishaw, Judi Dench, Naomie Harris

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Une silhouette noire, à peine humaine, avance en dehors du champ de netteté de la caméra, accompagnée par un éclat de cuivres puissant. En quelques secondes, James Bond retrouve le statut d’icône que les deux épisodes précédents avaient eu tendance à gommer volontairement. Daniel Craig surgit alors sur le lieu d’une fusillade sanglante. Sa cible est un homme en fuite dans les rues d’Istanbul. L’enjeu semble crucial, M et tout le MI6 sont sur le qui-vive, prêts à sacrifier des vies précieuses pour ne pas laisser filer le fuyard. La poursuite s’engage sur le toit d’un train et prend une tournure spectaculaire, tandis qu’un agent de terrain seconde 007 à distance. Mais l’opération tourne mal… En dire plus serait déflorer une intrigue qui, par ses rebondissements, accumule les surprises, les paris osés et les chocs au sein d’une franchise qu’on croyait pourtant parfaitement balisée. Toute la singularité du 23ème James Bond officiel repose sur des choix à priori antithétiques : assurer une continuité directe avec la saga tel qu’elle fut redéfinie par Casino Royale, marquer de nombreuses ruptures souvent déstabilisantes tout en se référant aux premiers films de la série.

Skyfall est donc un exercice d’équilibrisme, dont les inévitables incohérences sont liées au statut paradoxal de son héros : un espion qui a connu la guerre froide et sévit toujours dans les années 2010, dont le visage change tous les dix ans, dont l’entourage professionnel vieillit ou rajeunit au fil des épisodes, et qui semble finalement appartenir à toutes les époques. Mais chaque parti pris de Skyfall, si outrancier soit-il, parvient à séduire. L’action y demeure époustouflante (et parfaitement lisible, contrairement aux séquences frénétiques de Quantum of Solace), les décors mémorables (avec une mention spéciale pour cette île abandonnée jonchée d’immeubles en ruine), la photographie somptueuse (le combat en ombres chinoises à Shangaï est une trouvaille géniale), les seconds rôles savoureux (Ralph Fiennes intègre l’équipe avec bonheur), et le méchant troublant. Malgré un look disco excessif, Javier Bardem est saisissant sous la défroque d’un super-vilain psychopathe aux motivations complexes. Sa première apparition, dans un long plan-séquence qui le révèle progressivement tandis qu’il conte un récit morbide, marque l’adéquation parfaite entre le jeu du comédien et la mise en scène.

Un pan du passé jusqu'alors inconnu

Sam Mendes, habitué jusqu’alors aux drames réalistes (American Beauty, Les Noces rebelles), se réapproprie ainsi avec talent le mythe Bond auquel il greffe l’un de ses collaborateurs réguliers, le compositeur Thomas Newman. Lorsque le film décide de revenir aux sources, il ne se contente pas de cligner de l’œil vers les années 60 (avec le retour en force de la célèbre Aston Martin de Goldfinger) mais révèle un pan du passé jusqu’alors inconnu de notre agent très spécial, nous transportant dans la lande écossaise où se prépare un climax brutal digne des Chiens de paille. Cerise sur le gâteau, une émotion vive et sincère nous étreint en fin de métrage et perdure pendant le générique de fin, tandis que la signature « James Bond reviendra » emplit tout l’écran, une promesse familière qui ne cesse de transporter le public depuis maintenant cinq décennies.


© Gilles Penso

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LOCK OUT (2011)

Un film futuriste produit par Luc Besson qui puise la majorité de ses idées scénaristiques dans New York 1997

LOCK OUT

2011 – FRANCE / IRLANDE

Réalisé par James Mather et Stephen St Leger

Avec Guy Pearce, Maggie Grace, Vincent Regan, Peter Stormare, Joseph Gilgun, Tim Plester

THEMA FUTUR

« D’après une idée originale de Luc Besson », placarde le générique. Vraiment « originale » ? Douteux car,  dans ce script-là, on peut tour à tour identifier des éléments empruntés à New York 1997 et Los Angeles 2013 (le principe de l’infiltration en milieu hostile et l’identité du colis à livrer), Fortress (le cadre carcéral spatial), et même au plus obscur Wedlock (les colliers explosifs)… Quant au jeu de miroir qui disculpe le héros, il présente aussi des airs de déjà-vu. Alors, non, Lock Out n’a rien, mais vraiment rien, d’original, n’en déplaise à son influent producteur et co-scénariste. Point de départ de Lock Out : inculpé du meurtre du meurtre d’un Colonel de ses amis, l’agent Snow de C.I.A. (Guy Pearce qui se la joue à la Kurt Russell/Snake Plissken) n’a pas d’autre choix que d’accepter une mission à haut risque en cette année 2073. Il infiltre le pénitencier spatial MS One où, à demi congelés, les 500 délinquants les plus dangereux de la Terre purgent de très longues peines. Profitant de la visite humanitaire d’Emilie Warnock (Maggie Grace, l’optimiste Shannon Rutherford de Lost), un détenu fausse compagnie à ses geôliers et délivre les autres prisonniers, dont son frère qui prend immédiatement les rênes de la mutinerie. Naturellement, il tente de négocier avec les autorités. Pour cela, il possède un moyen de pression : des otages, dont surtout la fille du Président des Etats-Unis, Emilie Warnock justement. À Snow de l’arracher à ce guêpier…

Vraiment, rien que des ingrédients recyclés dans ce script que les deux réalisateurs, les Irlandais James Mather et Stephen Saint Leger, comparent à Piège de cristal et à African Queen (pour le côté querelleur du couple vedette) plutôt qu’à New York 1997 et sa suite, Los Angeles 2013. Cela change-t-il quelque chose ? Négatif, tant le tandem fait ce que Luc Besson lui demande : de l’action science-fiction à gros traits, du cinéma bourrin que rythment les plaisanteries régulièrement balancées par le héros. Aucune patte personnelle dans cet exercice qui relève du contrat à remplir, du cahier des charges à respecter à la lettre. Si James Mather et Stephen Saint Leger montrent avec plusieurs courts-métrages qu’ils en veulent, qu’ils en ont dans le ventre et qu’ils possèdent les capacités à un long-métrage, ils déçoivent à rentrer immédiatement dans le rang, à se plier à tous les compromis commerciaux dictés par leur producteur.

Déjà vu

Encore faut-il leur reconnaître une certaine efficacité sur le plan technique, cependant altérée par des effets spéciaux numériques parfois franchement fauchés, telle cette poursuite moto/hélico effrayante d’amateurisme et si mal fichue qu’elle ressemble davantage à une maquette grossière qu’à une séquence achevée. Les personnages sont à l’avenant : grossiers eux aussi, les méchants si chargés de tares qu’ils en deviennent risibles, grotesques, porteurs d’une violence puérile. Les dialogues et répliques supposées drôles aggravent encore leur cas, détruisant au passage les quelques îlots de crédibilité et d’intensité dramatique que le spectacle aurait pu préserver. En clair, hormis une entrée en matière assez amusante, Lock Out donne constamment l’impression d’avoir été sabordé par ses propres auteurs, conscients de s’être rabaissés à bien basse besogne. Encore auraient-ils pû s’en tirer avec les honneurs s’ils avaient bénéficié d’une certaine autonomie. Vraiment pas le cas, comme le prouvent les grosses vannes pas drôles envoyées par le héros à la moindre occasion. L’une des marques de fabrique du divertissement selon Luc Besson.

 
© Marc Toullec

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STARGATE, LA PORTE DES ETOILES (1994)

Déclarant plus que jamais sa flamme au cinéma de Steven Spielberg, Roland Emmerich signe ici l'un de ses meilleurs films

STARGATE

1994 – USA

Réalisé par Roland Emmerich

Avec Kurt Russell, James Spader, Viveca Lindfors, Alexis Cruz, Mili Avital, Leon Rippy, Djimon Hounsou, Jaye Davidson

THEMA EXTRA-TERRESTRES

En s’attelant à Stargate, Roland Emmerich s’est mis en tête de livrer au public un spectacle de science-fiction susceptible de raviver les émotions suscitées par les épopées de Steven Spielberg, George Lucas et James Cameron. Le scénario, qui semble s’inspirer d’un concept développé en 1977 par le romancier Frederick Pohl dans « La Grande Porte », commence en 1928. Un groupe d’archéologues découvre en Égypte, sur le site de la grande pyramide de Gizeh, un gigantesque anneau de pierre et d’acier. Durant plusieurs décennies, les scientifiques cherchent l’origine de cette étrange construction et tentent de décrypter les hiéroglyphes qui y sont gravés. En 1994, Daniel Jackson, jeune égyptologue de génie, est réquisitionné par l’armée américaine pour résoudre l’énigme de l’anneau mystérieux. En quelques jours, il trouve le secret de l’immense objet : il s’agit d’une porte des étoiles. Derrière cette porte, projetés à des milliers d’années-lumière, le colonel O’Neil et ses hommes, accompagnés de Jackson, découvrent une étrange planète où Râ, tyran mi-homme mi-dieu, règne sur une population d’esclaves…

Roland Emmerich a toujours flirté avec la science-fiction, mais de manière jusqu’alors très anecdotique, à travers trois séries B dénuées de la moindre finesse : JoeyMoon 44 et Universal Soldier. Rien ne laissait donc présager la réussite de Stargate. Les deux rôles principaux, antithétiques, sont assurés par James Spader (un jeune scientifique surdoué et introverti qui s’inscrit dans la lignée directe des personnages campés par Richard Dreyfuss chez Spielberg) et Kurt Russell (un militaire dépressif et désabusé qui reprend du service à contrecœur). Le prologue situé sur un site archéologique égyptien évoque Les Aventuriers de l’Arche Perdue. La planète désertique qui ressemble à Tatooine et ses mastodontes velus rappellent La Guerre des étoiles. Les gigantesques scènes de figuration ravivent le souffle épique des péplums de la grande époque. Le « trip » que représente le passage de la porte semble rendre hommage à 2001 l’Odyssée de l’espace. Quant à la partition symphonique de David Arnold, elle s’inspire largement des travaux de John Williams.

Les civilisations antiques auraient-elles été visitées par des entités extra-terrestres ?

Étrangement, cette collection de références n’empêche pas Stargate de posséder son propre univers. Le spectacle grandiose (le majestueux vaisseau-pyramide, les guerriers imitant la morphologie des divinités égyptiennes, l’assaut des armadas volantes) se double ici d’une fascinante remise en question des civilisations antiques et des croyances religieuses. Il est difficile de ne pas être transporté par le lyrisme et la majesté du film, servi par des effets spéciaux exceptionnels qui mixent les technologies de pointe (effets numériques, morphings, image de synthèse) aux bons vieux trucages d’antan (maquettes, effets mécaniques). A peine déplore-t-on quelques maladresses embarrassantes qui, hélas, deviendront la marque de fabrique future de Roland Emmerich (notamment le salut militaire échangé par Kurt Russell et tous les esclaves devenus libres). Stargate donnera naissance à deux séries TV à succès : Stargate SGI (1997) et Stargate Atlantis (2004).

 

© Gilles Penso

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KALIDOR, LA LEGENDE DU TALISMAN (1985)

Brigitte Nielsen fait ses premiers pas face à la caméra de Richard Fleischer dans cette version féminine de Conan le Barbare

RED SONJA

1985 – USA

Réalisé par Richard Fleischer

Avec Brigitte Nielsen, Arnold Schwarzenegger, Sandahl Bergman, Paul L. Smith, Ernie Reyes Jr, Ronald Lacey, Pat Roach 

THEMA HEROIC FANTASY

Guerrière farouche des temps anciens, « Sonja la rouge », née sous la plume de Robert Howard en 1934, est souvent considérée comme une version féminine de Conan. Les dessinateurs de Marvel Comics ne s’y tromperont pas, puisqu’ils reprendront à leur compte le personnage et l’intègreront dans l’univers du barbare Cimmérien à partir de 1973. Avec le succès du film de John Milius et celui – plus modeste – de sa séquelle, Dino de Laurentiis décida de battre un fer encore chaud et propulsa la « diablesse à l’épée » sur le grand écran. Arnold Schwarzenneger reprend du service, non dans le rôle de Conan (des problèmes juridiques s’interposèrent), mais dans celui du guerrier Kalidor (depuis Terminator, le suffixe « or » lui sied plutôt bien !). Pour donner corps à la fière barbare en armure rouge, on opta pour une athlétique Danoise d’un mètre 85 répondant au nom rugueux de Brigitte Nielsen. Effectuant là ses premiers pas devant une caméra, cet ex-mannequin allait accéder à la célébrité dès l’année suivante en épousant Sylvester Stallone. Car il faut bien avouer que Kalidor n’a pas fait d’elle la star que De Laurentiis escomptait. La belle s’en sort pourtant bien sous le bikini cuirassé de Sonja, mais le scénario a bien peu d’intérêt et le pauvre Richard Fleischer, qui nous offrit tant de joyaux, s’essouffle définitivement, hélas !

Notre héroïne cherche ici à se venger de la maléfique reine Gedren (Sandahl Bergman, elle aussi échappée de Conan). Celle-ci a en effet tué ses parents et sa sœur pour pouvoir s’emparer d’un talisman possédant un terrible pouvoir de destruction. Alors que des prêtres étaient sur le point de détruire cette dangereuse relique, Gedren et son armée les massacrent impitoyablement et récupèrent le précieux objet. Désormais, rien ne semble pouvoir empêcher la redoutable mégère d’asservir le monde. Et pour bien nous faire comprendre que c’est elle, la méchante du film, on nous la montre chouchouter un étrange animal de compagnie – une araignée grosse comme un chien ! – tout en arborant un glacial masque doré, tandis que son alchimiste semble capable de voir partout grâce à une machine complexe de son invention.

Une aventure restée sans suite

Sonja se forme alors au combat auprès d’un vénérable maître asiatique, avant que le valeureux Kalidor ne rallie sa cause. Dans leur quête, ils sont bientôt accompagnés par un prince enfant insupportable (jouant le rôle bien inutile de faire-valoir comique) et par son massif serviteur. Il faut tout de même reconnaître à Kalidor quelques atouts, comme ses combats bien troussés, quelques séquences audacieuses (notamment l’attaque d’un serpent de mer géant) et des décors grandioses souvent conçus à l’aide de matte-paintings et de maquettes d’avant-plan. On se souviendra en particulier de cette statue géante qui orne le camp d’entraînement du maître asiatique, cette colossale sculpture en forme de bovidé, ou encore ce squelette d’animal géant qui sert de pont au-dessus d’un précipice. Le film bénéficie également d’une entraînante partition d’Ennio Morricone. Mais sous cette patine cosmétique, Kalidor fait bien pâle figure et restera d’ailleurs sans suite.

 

© Gilles Penso

 

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THE HOLE (2009)

Anticipant sur la vogue spectaculaire de la 3D, Joe Dante tourne en relief la mésaventure de deux frères confrontés à l'inconnu…

THE HOLE

2009 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Chris Massoglia, Haley Bennett, Nathan Gamble, Teri Polo, Bruce Dern, Quinn Lord, John Desantis, Doug Chapman 

THEMA DIABLE ET DEMONS

Quels que soient les genres qu’ils abordent ou l’époque à laquelle ils sont réalisés, les films de Joe Dante ont tous un point commun : ce sont toujours des œuvres attachantes et sincères, empreintes sur chacun de leur photogramme de l’amour que le réalisateur porte au cinéma qui le berça dans son enfance. The Hole ne déroge évidemment pas à la règle, s’inscrivant dans un sous-genre auquel Dante lui-même donna ses lettres de noblesse avec Gremlins : le film d’horreur destiné à un jeune public. En ce sens, l’esprit des productions Amblin des années 80 n’est pas bien loin. Les héros du film sont Dane et Lucas Thompson, deux frères qui suivent malgré eux leur mère célibataire pour un énième déménagement, cette fois-ci dans la petite ville tranquille de Bensonville. Un traumatisme semble avoir marqué cette famille en équilibre instable, mais nous ne le comprendrons qu’au fur et à mesure, au fil d’indices que le scénario dissémine parcimonieusement. Pour l’heure, Dane et Lucas s’installent avec lassitude dans leur nouvelle maison et font connaissance avec Julie, leur jolie voisine. Leur vie s’apprête à basculer lorsqu’ils découvrent dans la cave une trappe fermée par des dizaines de cadenas. Après quelques coups de pince coupante, les liens métalliques cèdent et la lourde porte en bois s’ouvre sur un grand trou qui semble sans fond. Qu’abrite-t-il ? Les conjectures vont bon train, jusqu’au jour où des phénomènes inquiétants se mettent à ponctuer le quotidien du jeune trio.

Suivant la voie tracée par quelques scènes mémorables de Poltergeist tout en se laissant influencer par la vogue des films de fantômes japonais, Joe Dante convoque alors nos peurs les plus intimes et les plus primales, celles de l’enfance. D’où cette poupée de clown grimaçant qui semble animée d’une vie propre (dont les exactions culminent dans une séquence mi-horrifique mi-comique à mi-chemin entre Sam Raimi et la série Puppet Master) ou cette petite fille blafarde aux mouvements saccadés qui surgit régulièrement pour susciter d’insidieux frissons. Nos protagonistes échafaudent alors toutes sortes de théories liées au trou mystérieux, du passage vers l’au-delà au tunnel donnant accès à des mondes parallèles, en passant par une porte de l’Enfer.

Une mise en perspective vertigineuse des décors

Pionnier dans l’usage de la 3D numérique, The Hole utilise les effets de relief de manière souvent expérimentale, parfois par goût du gimmick (Lucas envoie sa balle de base ball en direction de la caméra, comme jadis le bateleur de L’Homme au masque de cire avec sa raquette de ping pong), mais la plupart du temps dans un souci de mise en perspective vertigineuse de décors souvent extrêmement photogéniques (la cave, la salle aux ampoules), voire carrément expressionniste (la maison biscornue et surdimensionnée du climax, relecture en couleurs et en 3D des délires architecturaux du Cabinet du docteur Caligari). Fidèle à ses habitudes, Dante ne recule jamais devant la possibilité de clins d’œil cinéphiliques, comme cet extrait de Gorgo diffusé à la télévision, cette fabrique de gants baptisée Orlac ou ces guest-stars référentielles (l’incontournable Dick Miller en livreur de pizza ou le vénérable Bruce Dern dans la peau de « Carl le zarbe »). Conte de fées moderne (le final e nourrit notamment de la chute dans le vide d’Alice au Pays des Merveilles et de l’ogre du Petit Poucet), The Hole bénéficie – ce qui ne gâche rien – d’une très belle partition de Javier Navarette.

 

© Gilles Penso

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DESTINATION FINALE (2000)

On ne triche pas avec la mort : si vous avez pu échapper miraculeusement à votre destin fatidique, la Faucheuse saura vous retrouver !

FINAL DESTINATION

2000 – USA

Réalisé par James Wong

Avec Devon Sawa, Ali Larter, Kerr Smith, Tony Todd, Kristen Cloke, Sean William Scott, Daniel Roebruck

THEMA MORT I SAGA DESTINATION FINALE

Destination finale s’amorce comme un film catastrophe spectaculaire, avec la mise en scène d’un des crashs aériens les plus traumatisants jamais montrés à l’écran. Vues de l’intérieur d’une carlingue disloquée, les victimes s’embrasent dans un hurlement d’horreur collectif qui glace le sang… Mais tout ceci n’est qu’un rêve. Ou plutôt une vision prémonitoire. Le récit s’oriente alors vers les voies du thriller paranormal, en se concentrant sur Alex Chance Browning (Devon Sawa), un étudiant qui devait faire partie du vol et qui s’est enfui juste avant le décollage car il avait prévu la catastrophe. Ce postulat étant posé, Destination finale prend sa vraie tournure, celle d’un slasher parsemé de meurtres violents et singuliers. A la différence près qu’ici, l’assassin n’est pas un simple tueur en série, c’est la Mort en personne. Fâchée qu’une poignée de personnes ait échappé à l’explosion de l’avion à laquelle elles étaient destinées, la Grande Faucheuse entreprend de corriger cette erreur. Ainsi, James Wong et Glen Morgan, ex-scénaristes de la série X-Files, nous offrent-ils l’un des films d’épouvante les plus originaux et les plus terrifiants de ce début de vingt-et-unième siècle.

Car la Mort n’apparaît pas ici sous les traits d’une créature encapuchonnée et cadavérique, pas plus que ses interventions ne prennent un tour surnaturel. Au contraire, tout ressemble à une série d’accidents anodins, des coïncidences fâcheuses, des concours de circonstance qui font qu’une personne, seule chez elle au milieu de ses appareils ménagers, risque à tout moment de périr noyée, électrocutée ou égorgée… Voilà toute la force des séquences d’angoisse viscérales véhiculées par le scénario de Destination finale : le pire pourrait arriver n’importe quand, à n’importe qui. Sauf qu’ici, le hasard n’a pas vraiment son mot à dire. C’est la Camarde qui tire les ficelles, qui planifie la moindre fuite d’eau, la plus petite étincelle, jusqu’à ce que ses victimes soient fauchées en plein vol. On repense alors aux moments de frayeur que nous avait fait connaître le trop méconnu Démon dans l’île de Francis Leroi, dans lequel les objets de tous les jours se retournaient contre leurs possesseurs.

Une minutie démoniaque

Le film de Wong est en outre servi par un groupe de comédiens convaincants et une mise en scène diaboliquement efficace, qui joue à titiller les nerfs du spectateur avec une minutie démoniaque. Petit détail amusant : comme l’avait fait Joe Dante dans Hurlements, Wong et Morgan ont donné à leurs personnages les noms de réalisateurs ou d’acteurs de l’âge d’or du cinéma d’épouvante. Ainsi se côtoient les Browning, Lewton, Hitchcock, Schreck, Waggner, Chaney, Murnau, Dreyer et autre Siegel. Le succès du film le mua en premier épisode d’une longue saga. Cet hommage à tout un pan de l’histoire du fantastique passe aussi par la mise en place d’un personnage relais, dans l’esprit de la Gitane du Loup-Garou, incarnée par Maria Ouspenkaya, qui délivrait aux protagonistes et aux spectateurs les informations nécessaires à la compréhension du drame en cours. Ce rôle est ici assumé par Tony Todd, ex-Candyman reconverti en mémorable messager funèbre.

 

© Gilles Penso

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L’INVASION DES PROFANATEURS (1979)

Philip Kaufman réinvente le classique de Don Siegel qu'il inscrit dans un contexte d'autant plus oppressant qu'il est réaliste

INVASION OF THE BODY SNATCHERS

1979 – USA

Réalisé par Philip Kaufman

Avec Donald Sutherland, Brooke Adams, Jeff Goldblum, Veronica Cartwright, Leonard Nimoy, Art Hindle, Kevin McCarthy

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA BODY SNATCHERS

Il est toujours délicat de s’attaquer au remake d’un classique. Pour éviter de pâlir de la comparaison face à son modèle L’Invasion des profanateurs de sépultures, le chef d’œuvre de Don Siegel, Philip Kaufman a choisi de remplacer l’angoisse paranoïaque et les effets suggérés par une narration lente ponctuée d’effets choc, le tout dans un contexte hyperréaliste. Matthew Bennel (Donald Sutherland), inspecteur de l’institut national de la consommation, réalise peu à peu que tous ceux qu’il côtoie, y compris ses proches, adoptent un comportement étrange. Plus tard, il découvre qu’ils ont été tous remplacés par des envahisseurs extra-terrestres. Des fleurs venues d’outre espace se transforment en effet en cosses de haricots géants qui sont animées d’une vie propre et imitent à la perfection l’enveloppe extérieure des êtres humains… Typique des années 50, un tel sujet aurait pu dépareiller en 1979, mais grâce au naturalisme de la mise en scène et à la justesse des comédiens (Sutherland et Brooke Adams en tête), ces plantes extra-terrestres passent comme une lettre à la poste. Certains dialogues se teintent du coup d’un second degré savoureux, comme lorsque Nancy (Veronica Carthwright) lance :  « Pourquoi pas des fleurs de l’espace ? Pourquoi nous attendons-nous toujours à des vaisseaux métalliques ? » Ce à quoi son époux Jack (Jeff Goldblum) rétorque : « Je ne me suis jamais attendu à des vaisseaux métalliques ! »

Parmi les séquences d’épouvante viscérale qui ponctuent le film, on retiendra en particulier le corps féminin qui tombe littéralement en miettes dans les bras de notre héros et le chien à tête humaine qui gambade sinistrement dans la rue. Ces effets particulièrement impressionnants sont l’œuvre du maquilleur Tom Burman. Le casting offre à chacune des guest stars un rôle taillé sur mesure (en particulier un Leonard Nimoy taciturne et un Jeff Goldblum cynique), et réserve même une apparition très symbolique à Kevin McCarthy, jouant le même personnage que dans le film de Don Siegel, le temps d’un clin d’œil, avant d’être submergé par une horde d’envahisseurs. Siegel lui-même apparaît furtivement dans le film en chauffeur de taxi. Cette manière amusante de passer le relais s’accompagne d’autres figurants de luxe, comme Robert Duvall en prêtre se balançant bizarrement sur une balançoire, ou Kaufman lui-même en quidam s’impatientant devant une cabine téléphonique.

Summum du pessimisme

Le cinéaste dissémine avec une démoniaque habileté les détails qui sèment le trouble et l’étrangeté : regards inquiétants, comportements insolites, cadrages surprenants… Summum du pessimisme, ce remake étouffant va jusqu’à surpasser les séries Le Prisonnier et Les Envahisseurs en matière de paranoïa, ce qui n’est pas peu dire. Quant à la chute finale, inoubliable, elle hisse l’angoisse à son paroxysme, et sera depuis reprise dans de nombreux films d’épouvante, sans qu’aucun d’entre eux ne parvienne toutefois à en égaler l’impact. Pour accroître encore le sentiment de malaise provoqué par cette chute, le générique de fin défile sur un silence de mort, à la manière de celui de La Planète des singes.

© Gilles Penso

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BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR (2012)

Oubliez l'imagerie de Walt Disney : cette relecture du célèbre conte cherche plutôt son inspiration chez Peter Jackson et Hayao Miyazaki

SNOW WHITE AND THE HUNTSMAN

2012 – USA

Réalisé par Rupert Sanders

Avec Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron, Sam Claflin, Sam Spruell, Ian McShane, Bob Hoskins

THEMA CONTES I HEROIC-FANTASY

Le conte de Blanche-Neige, tel qu’il fut mis en forme par les frères Grimm, a très tôt titillé les cinéastes aux quatre coins du monde. Mais la vision qu’en offrit Walt Disney à la fin des années 30 marqua tant les esprits qu’elle devint le mètre étalon en la matière. Les autres adaptations s’y conformèrent donc naturellement, malgré quelques variantes audacieuses comme le Blanche Neige de Michael Cohn, dont la noirceur glaciale était soutenue par le jeu savoureux de Sigourney Weaver en reine maléfique. Le parti pris de Rupert Sanders et Evan Daugherty, respectivement réalisateur et scénariste de Blanche-Neige et le chasseur, puise son originalité dans la multiplicité de ses sources d’inspiration.

Quelque part à mi-chemin entre l’heroïc-fantasy de Peter Jackson et la féerie écologique d’Hayao Miyazaki, cette relecture sombre du mythe n’évacue pas pour autant les motifs principaux édictés par le dessin animé de Disney. Ainsi retrouve-t-on le miroir parlant, les bois sombres tapissés de regards inquiétants, la forêt enchantée peuplée d’animaux magiques, les sept nains mineurs, la pomme empoisonnée ou encore l’ultime baiser résurrecteur. La réussite magistrale de ce premier long-métrage (Sanders n’avait jusqu’alors réalisé qu’une poignée de courts-métrages et de spots publicitaires) réside en grande partie dans sa capacité à fusionner ces influences distinctes en un tout cohérent, à les parer d’une direction artistique somptueuse et à complexifier les liens unissant des personnages qu’on ne connaissait jusqu’alors qu’archétypaux. A ce titre, les trois rôles principaux, qui mirent beaucoup de temps à trouver leurs interprètes respectifs, sont magnifiquement campés par Kristen Stewart (une Blanche Neige qui a troqué sa robe de princesse contre la panoplie d’une combattante), Chris Hemsworth (déclinant certaines facettes du héros tourmenté qu’il incarnait dans Thor) et Charlize Theron (effrayante sous la défroque d’une reine Ravenna qui n’a rien à envier à la comtesse Bathory).

Le fantastique contamine la réalité

L’univers de Blanche-Neige et le chasseur est d’abord empreint de réalisme. Nous sommes sur une terre médiévale tangible, que Rupert Sanders nous décrit sans fioritures. Mais lorsque la blanche héroïne échappe à l’emprise de sa vampirique belle-mère, le fantastique s’immisce partout. Deux forêts antithétiques s’y succèdent. La première, noire, mourante, en décomposition, pullule de créatures répugnantes et d’eaux stagnantes. Elle abrite également un monstre titanesque que n’aurait pas renié Ray Harryhausen et qui nous donne droit à une spectaculaire séquence de combat épique. La seconde, féerique, lumineuse et gorgée de vie, nous émerveille par la richesse de son bestiaire, fusion incroyable entre la faune et la flore. Les carapaces des tortues y sont couvertes de fleurs, les bois des cerfs ressemblent à des arbres séculaires, et les poitrines des oiseaux abritent des elfes facétieux. Peu à peu, le récit s’achemine vers un affrontement épique, ou l’héroïne mène les troupes telle une Jeanne d’Arc exaltée. Blanche-Neige et le chasseur excelle ainsi là où l’Alice au pays des merveilles de Tim Burton échouait, muant avec panache une figure classique du conte de fée en superbe icône guerrière.

© Gilles Penso

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