PRISONNIÈRES DES MARTIENS (1957)

Un grand classique de la science-fiction japonaise qui, avec la patine du temps, s'est mué en icône pop de la fin des années 50

CHIKYU BOEIGUN

1957 – JAPON

Réalisé par Inoshiro Honda

Avec Kenji Sahara, Yumi Shirakawa, Momoko Kochi, Akihiko Hirata, Takashi Shimura, Susumu Fujita, Fuyuki Murakami

THEMA EXTRA-TERRESTRE

Premier film de science-fiction japonais à bénéficier du format cinémascope couleur, Prisonnières des Martiens s’est érigé dès sa sortie en classique du genre, et ce malgré une intrigue des plus improbables qui semble avoir inspiré celle de Mars Needs Women. La jolie fête des moissons qui ouvre le film est soudain perturbée par un curieux incendie de forêt, suivi par un glissement de terrain et par l’arrivée impromptue d’un robot géant et dévastateur. Les habitants de Mystéroïd (et non de Mars, contrairement à ce que laisse imaginer le titre français) ont débarqué sur Terre suite à la destruction de leur planète par une catastrophe nucléaire et exigent deux choses : une parcelle de terrain et surtout quelques jolies terriennes triées sur le volet afin d’assurer leur descendance. Les effets de la radioactivité les empêchent en effet de se reproduire entre eux. Fasciné par les pouvoirs et l’intelligence des envahisseurs, un jeune savant humain se rallie à leur cause. A cette collaboration s’oppose un mouvement de résistance, reflet à peine caché des expériences personnelles qu’Inoshiro Honda vécut pendant la seconde guerre mondiale.

Un véritable grain de folie nimbe la direction artistique et les effets spéciaux du film, assurés par Eiji Tsuburaya, truqueur attitré de tous les premiers Godzilla. Hélas, la réalisation technique s’avère rarement à la hauteur des ambitions initiales. D’où des lignes de cache bien visibles (comme lorsque les protagonistes contemplent l’effet d’un glissement de terrain) et des incrustations sur fond bleu franchement épouvantables (notamment le tank qui avance vers le dôme extra-terrestre). Mais la palme du ridicule revient tout de même au robot des Mysterians, un bibendum caoutchouteux et pataud au vague look de samouraï, affublé d’un bec d’oiseau et de petites antennes, qui sème une panique godzillesque au début du film. Quelques jolies maquettes évoquent les Thunderbirds, mais la plupart d’entre elles ressemblent trop à des jouets pour qu’on puisse y croire une seconde.

Des femmes pour les Martiens

Par ailleurs, certains grands moments d’humour involontaire émaillent le film : le présentateur TV qui, après l’attaque du robot et l’invasion des soucoupes volantes, affirme « cela confirmerait peut-être l’existence des extra-terrestres », ou encore les Mysterians qui choisissent d’après photo les femmes dont ils ont besoin pour se reproduire ! Si on ajoute le look Bio Man avant l’heure des extra-terrestres et les soucoupes volantes à la Ed Wood, on comprend à quel point il est difficile de prendre le film au sérieux, malgré son statut d’œuvre référentielle aux yeux de nombreux fantasticophiles. La seconde moitié de Prisonnières des Martiens est structurée autour d’un affrontement épique entre extra-terrestres et militaires, au cours duquel le rayon des envahisseurs fait fondre les canons et les tanks de l’armée, comme le faisait Gort dans Le Jour où la Terre s’arrêta. Le Japon et les Nations-Unies parviendront finalement à éradiquer la menace grâce à la mise au point des « markalites », de gigantesques antennes paraboliques conçues pour bombarder les Mysterians avec un rayon destructeur imparable.

 

© Gilles Penso

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L’INVASION VIENT DE MARS (1986)

Tobe Hooper réalise un remake décomplexé et très distrayant du classique Les Envahisseurs de la planète rouge

INVADERS FROM MARS

1986 – USA

Réalisé par Tobe Hooper

Avec Hunter Carson, Karen Black, James Karen, Timothy Bottoms, Larraine Newman, Louise Fletcher

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Tobe Hooper à la réalisation, Dan O’Bannon au scénario, Menahem Golan et Yoram Globus à la production : cette équipe avait déjà fait ses preuves sur Lifeforce, même si le public n’avait pas particulièrement ovationné cette histoire de vampires mâtinée de science-fiction. Pas démontés pour autant, nos quatre hommes se retrouvent à l’occasion d’un remake des Envahisseurs de la planète rouge. Les familiers du « classique » de William Cameron Menzies ne sont pas dépaysés, dans la mesure où le récit du film original n’a pas bougé d’un poil. Une nuit, le petit David Gardner (Hunter Carson) croit apercevoir un ovni qui atterrit derrière une colline, à deux pas de sa maison. Alerté, son père (Timothy Bottoms) se rend sur place, mais lorsqu’il revient son comportement devient étrange. Bientôt, la mère de David (Larren Newman) agit elle aussi très bizarrement, tout comme les policiers du coin, sans compter son institutrice, la très revêche madame McKelch (Louise Fletcher), que David surprend en train de dévorer une grenouille vivante ! Cette déshumanisation inquiétante de tout son entourage s’étend même à sa petite camarade Heather. Tous les « contaminés » ont un point commun : ils portent une blessure étrange sur la nuque. Paniqué, David trouve refuge auprès de Linda Magnusson (Karen Black), l’infirmière de l’école. Celle-ci demeure cependant incrédule, jusqu’à ce que David ne l’emmène dans le repaire souterrain des extra-terrestres…

Si le scénario des Envahisseurs de la planète rouge reste quasiment inchangé, O’Bannon et Hooper évacuent la paranoïa très premier degré, typique des années 50, au profit d’un humour référentiel qui semble hérité des œuvres de Joe Dante et John Landis. David regarde ainsi un extrait de Lifeforce sur son téléviseur, son école s’appelle Menzies, et Jimmy Hunt, qui incarnait le jeune héros du film original, joue ici un policier lâchant la réplique imparable : « Je suis déjà venu ici quand j’étais petit ». Les dialogues ne font d’ailleurs pas dans la dentelle, notamment lorsque le vénérable général Wilson (James Karen) affirme fièrement : « C’est pas des Martiens globuleux qui vont arrêter nos marines ! »

«C'est pas des Martiens globuleux qui vont arrêter nos marines ! »

Les extra-terrestres sont la vraie surprise du film. Conçus par un Stan Winston en plein essor (avec déjà à son actif Terminator et Aliens), ils défient toutes les lois anatomiques et rendent difficilement décelable la présence des comédiens sous leur costume animatronique. Massifs, courts sur pattes, affublés de bras démesurés  et d’immenses gueules garnies de dents, ils témoignent d’une belle inventivité. Tout comme l’« intelligence suprême », relecture audacieuse du « bébé-méduse » initial. A ces trouvailles s’adjoint une direction artistique en rupture avec celle de Cameron Menzies, les décors et la technologie des Martiens révélant des atours organiques et bio-mécaniques dignes de H.G. Giger. Mais la réussite artistique du film ne parvient pas à transcender son script désespérément convenu et ses péripéties poussives. L’Invasion vient de Mars ne fera donc pas de merveilles au box-office et infléchira sérieusement la carrière de Tobe Hooper.

 

© Gilles Penso

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MARS ATTACKS ! (1997)

Après l'échec de son très beau Ed Wood, Tim Burton s'arme de cynisme et orchestre un gigantesque jeu de massacre

MARS ATTACKS !

1997 – USA

Réalisé par Tim Burton

Avec Jack Nicholson, Glenn Close, Pierce Brosnan, Natalie Portman, Michael J. Fox, Sarah Jessica Parker, Martin Short 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA TIM BURTON

« Quand j’ai réalisé Mars Attacks !, je ne me sentais pas en phase avec la dynamique de mon pays et avec les grandes décisions du gouvernement », raconte Tim Burton. « Je me sentais moi-même comme un extra-terrestre. D’où mon envie de décrire une lutte entre ce qui semble normal et ce qui ne l’est pas. » (1) Mars Attacks ! s’inspire de cartes illustrées datant de 1962 et décrivant une invasion extraterrestre gore et burlesque. Dès le début du film, des milliers de soucoupes volantes venues de Mars encerclent la Terre. Quelle attitude adopter face à une telle situation ? C’est la question qui tourmente le président des Etats-Unis. Le général Decker prône l’attaque armée et l’extermination, et le professeur Kessler le dialogue et la compréhension. Lorsque les Martiens révèlent leur vraie nature, c’est hélas le premier qui semblait avoir raison. 

Burton est parvenu à réunir un casting de rêve, comme à l’époque des films catastrophe des années 70. En tête d’affiche, Jack Nicholson hérite du double rôle d’un président affable et d’un businessman avisé, deux interprétations conjointes évoquant la triple performance de Peter Sellers dans Docteur Folamour. Cette référence se confirme lors des grandes scènes de débats houleux dans la Salle de Guerre ornée d’une vaste carte du monde. La femme du président a pris les traits de Glenn Close, et sa fille ceux de Natalie Portman. A proximité, en professeur pacifiste et optimiste, Pierce Brosnan nous offre une composition extraordinaire, à mille lieues de James Bond. A leurs côtés, on trouve Michael J. Fox, Sarah Jessica Parker, Annette Bening, Danny de Vito, Martin Short, Pam Grier, Rod Steiger, Tom Jones, bref du beau monde. 

Adieu à la stop-motion

D’un point de vue technique, Tim Burton a opté pour des effets spéciaux ultra-sophistiqués, sans évacuer pour autant le parfum de nostalgie qui lui est cher. Du coup, les vaisseaux martiens sont les copies conformes de ceux des Soucoupes volantes attaquent animés par Ray Harryhausen. « J’ai détruit le Monument de Washington longtemps avant Tim Burton ! » nous confirmait ce dernier en riant (2). Le robot géant qui pourchasse l’un des héros évoque aussi la SF des fifties, et lorsque les soucoupes s’échouent en mer, on croirait visionner le final des Survivants de l’Infini. Les Martiens eux-mêmes sont extraordinairement expressifs, d’autant que c’était la première fois qu’un long-métrage mettait en scène autant de personnages humanoïdes en 3D. Visuellement, Mars Attacks ! est donc une vraie réussite. Mais les personnages n’étant finalement que des pions dans ce gigantesque jeu de massacre, le spectateur a parfois du mal à leur accorder l’intérêt qu’ils sont supposés susciter. L’humour noir de Burton et son sens permanent de la dérision rattrapent souvent les carences de ce scénario-prétexte, mais l’auteur d’Edward aux mains d’argent semble avoir oublié en cours de route la naïveté qui le guidait jusqu’alors, celle-là même qu’il prônait dans Ed Wood. Ici, le cynisme a pris le relais, et Burton ne croit plus à ce qu’il nous raconte. Cette réponse anarchique au premier degré navrant d’Independence Day est certes joussive, mais on ne peut s’empêcher de préférer les films dans lesquels Burton aime ses personnages envers et contre tous.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2012

(2) Propos recueillis par votre serviteur en février 2004

 

© Gilles Penso 

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THE GREEN HORNET (2011)

Un film de super-héros réalisé par Michel Gondry n'est forcément pas comme les autres, surtout si le cinéaste ajoute à sa caisse à outils des effets ludiques en 3D

THE GREEN HORNET

2011 – USA

Réalisé par Michel Gondry

Avec Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz, Tom Wilkinson, Christoph Waltz, David Harbour, Edward James Olmos

THEMA SUPER-HEROS

Le scénario de The Green Hornet reprend dans les grandes lignes le principe de la série télévisé homonyme de 1966, elle-même inspirée d’un feuilleton radiophonique créé par George W. Trendle. Le personnage principal est Britt Reid, rédacteur en chef du Daily Sentinel qui décide de combattre le crime sous l’identité du « Frelon Vert » aux côtés de son valet Kato, expert en arts martiaux et chauffeur d’une voiture truffée de gadgets. Mais la linéarité du concept initial est ici brisée par un second degré permanent érodant sérieusement le caractère héroïque du protagoniste. Britt Reid nous est décrit comme un enfant gâté dont l’arrogance le dispute à la stupidité, et qui s’avère bien incapable de diriger l’empire médiatique dont il a hérité sans l’aide de la solide équipe rédactionnelle qui l’entoure. Ses exploits sont tout aussi patauds, et sans le génie, la pugnacité et le courage de son sidekick Kato, le Frelon Vert ne vaudrait pas grand-chose. Ce parti pris est osé. Car si, dès la série TV, il était clair que le « personnage secondaire » incarné par Bruce Lee l’emportait allègrement sur le héros » campé par Van Williams, le Frelon Vert n’était pas pour autant l’idiot congénital ici décrit. Pire qu’un anti-héros, ce nouveau Frelon Vert s’avère inculte, égoïste, couard et imbu de lui-même. Comment diable s’attacher à pareille engeance ?

Grâce à la prestation de Seth Rogen, également co-scénariste et co-producteur exécutif du film qui, sans chercher à racheter son personnage, parvient à développer à son égard l’empathie du public grâce à de nombreuses failles finalement très humaines. Il en est de même pour le méchant, un mafieux russe nommé Chudnofsky qui, malgré sa mainmise sur le crime organisé, traverse une crise de la quarantaine qui le plonge en plein doute existentiel. L’idée est excellente, tout comme celle de confier le rôle à Christoph Walz, révélation d’Inglorious Bastards. La véritable star de The Green Hornet est cependant Jay Chou. Sans jamais chercher à marcher sur les traces de Bruce Lee, le héros de Shaolin Basket crève ici l’écran dans le rôle énergique, nerveux et cabot de Kato.

Split-screens en poupée russe

Et Michel Gondry dans tout ça ? S’il est clair que The Green Hornet est un film de commande, ce n’est pas un projet incongru dans les mains du talentueux cinéaste français. Gondry envisageait déjà d’adapter la série dans les années 90, et sa folie visuelle a largement trouvé de quoi s’étancher au fil des exploits déjantés du duo Britt/Kato. Moins voyants qu’à l’accoutumée, ses effets de style demeurent exemplaires, et l’analyse de certaines des techniques déployées laisse totalement pantois. Témoins ces split-screen qui s’enchaînent tels des poupées russes et où les personnages, réunis dans un même plan, se séparent soudain, chacun empruntant un chemin différent tout en étant suivi simultanément par la caméra. Ou ces scènes de combat au cours desquelles les belligérants n’adoptent pas tous la même vitesse de déplacement, ralenti et accéléré cohabitant de manière surréaliste, le tout aux accents d’une bande originale trépidante signée James Newton Howard. Quant à la 3D, extrêmement ludique, elle s’apprécie comme un livre « pop-up » où les décors et les personnages jaillissent sous nos yeux d’enfants ébahis.

 

© Gilles Penso

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LE MONDE DE NARNIA : L’ODYSSÉE DU PASSEUR D’AURORE (2010)

La trilogie cinématographique du Monde de Narnia se clôt sur ce film anecdotique mais paré de jolies séquences fantasmagoriques

THE CHRONICLES OF NARNIA : THE VOYAGE OF THE DAWN TREADER

2010 – USA / GB

Réalisé par Michael Apted

Avec Georgie Henley, Skandar Keynes, Ben Barnes, Will Poulter, Gary Sweet, Terry Norris, Bruce Spence, Billie Brown

THEMA CONTES I HEROIC FANTASY I MYTHOLOGIE I DRAGONS I SAGA LES CHRONIQUES DE NARNIA

Malgré un accueil public et critique plutôt positif, Le Prince Caspian, second volet cinématographique de la saga Narnia, se comporta modestement au box-office, entraînant le retrait d’un studio Disney avide de recettes plus confortables. Walden Media se retrouve donc seul à la tête de ce troisième opus, qui respecte dans les grandes lignes le cahier des charges de ses prédécesseurs : la légitimité des romans de C.S. Lewis, de jeunes aventuriers affrontant l’adversité sous toutes ses formes, des créatures fantastiques, de la magie à foison et une quête initiatique. Le récit prend place comme toujours en pleine guerre, dans notre monde. Edmund et Lucy Pevensie, une fois de plus, se languissent de leurs fantastiques aventures. Aussitôt, un tableau représentant un navire isolé en plein océan se met à s’animer et à les projeter, en compagnie de leur détestable cousin Eustache, dans le royaume de Narnia. Là, ils rejoignent Caspian, devenu roi, ainsi que la souris guerrière Ripitchip à bord du majestueux drakkar « Le Passeur d’Aurore ». En mettant le cap sur les îles mystérieuses de l’Est, ils partent à la recherche de sept épées légendaires et s’apprêtent à lutter contre leurs propres démons…

Finalement, toute cette Odyssée du Passeur d’Aurore (un très joli titre au demeurant) est à l’image de la scène du tableau vivant entraînant les protagonistes dans la fantaisie de Narnia : une merveille visuelle dont l’impeccable cosmétique ne dissimule guère les scories d’un scénario paresseux utilisant la magie comme solution idéale à tous les problèmes. Nos héros s’ennuient ? Hop, un tour de magie et les revoilà à Narnia. Ils ignorent la teneur de leur mission future ? Qu’à cela ne tienne : un magicien surgit au bon moment dans son palais invisible pour leur expliquer en détail l’objet de leur quête et les dangers qu’ils devront affronter. Tout le film est à l’avenant. Les solutions n’étant jamais initiées par les personnages mais offertes par une multitude de « deus ex-machina » externes, tout enjeu dramatique digne de ce nom s’estompe aussitôt. Témoin l’apparition en guest star du lion Aslan qui, après avoir longtemps joué l’Arlésienne, intervient finalement pour dénouer les fils de l’intrigue d’un coup de baguette – ou plutôt de museau – magique.

Les dangers de la tentation

La thématique majeure du récit, centrée autour des dangers de la tentation, est elle-même très édulcorée, car en lieu et place des combats annoncés contre les désirs les plus inavouables, on découvre un banquet, un trésor et quelques fantômes féminins évanescents… En termes de tentation, on a connu moins sage. Restent bien sûr de magnifiques séquences d’effets spéciaux, jouant la carte du cocasse (les nains monopodes provisoirement invisibles), du surréalisme majestueux (les vagues en suspension qui marquent l’entrée dans le territoire d’Aslan), ou marchant sur les prestigieuses traces de Ray Harryhausen. En ce sens, le beau dragon récalcitrant qui surgit en milieu de métrage, ou le titanesque serpent de mer auquel se heurte l’équipage du Passeur d’Aurore en plein climax, valent assurément le détour. Mais c’est loin de suffire pour rendre le film inoubliable.

 

© Gilles Penso

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BLACK CHRISTMAS (2006)

Le remake d'un slasher séminal des années 70, dirigé par un des réalisateurs récurrents de la série X-Files

BLACK CHRISTMAS

2006 – USA

Réalisé par Glenn Morgan

Avec Katie Cassidy, Michelle Trachtenberg, Kristen Cloke, Mary Elizabeth Winstead, Lacey Chabert, Andrea Martin, Chrystal Lowe

THEMA TUEURS

Source d’inspiration majeure de La Nuit des masques, le Black Christmas original, réalisé en 1974 par Bob Clark, est souvent considéré comme le mètre étalon du slasher moderne. La plupart des codes du genre y étaient en effet mis en place et exploités avec beaucoup d’originalité. Il était évident que tôt ou tard, la grande foire aux remakes des années 2000 se penche sur le sujet. C’est Glenn Morgan, pilier de la série X-Files et déjà réalisateur du remake d’un classique des seventies, Willard, qui se chargea de la relecture de ce « Noël Noir ». Un groupe d’étudiantes de la Clement University de Boston décide de réveillonner ensemble dans une maison où, jadis, vécut le psychopathe Billy Lenz. Maltraité par une mère alcoolique durant son enfance, enfermé dans le grenier, il donna naissance à Agnes, fruit de ses amours incestueux avec une génitrice décidément détestable. Au cours d’une révolte sanglante, il assassina cette dernière et la dévora avant d’atterrir dans une institution psychiatrique sous haute surveillance. Or aujourd’hui, Billy vient de s’évader de sa cellule et repart hanter la maison de son enfance avec une seule idée en tête : passer Noël en famille. Ce qui équivaut, dans son esprit dérangé, à transformer en chair à saucisse toutes les jeunes filles réunies chez lui pour les muer en sanglants trophées…

Contre toute attente, Glenn Morgan se débarrasse chaque fois que possible des oripeaux traditionnels du slasher pour tendre ouvertement vers une épouvante plus graphique, héritée des giallos italiens des années 60. Voir les gants noirs et les bottes du Père Noël filmés à la manière de ceux des tueurs de Mario Bava vaut déjà largement le détour ! D’ailleurs, l’emploi entêtant d’une ritournelle (en l’occurrence la « Danse de la Fée Dragée » de Tchaikovsky) s’inscrit dans la droite lignée des travaux de Dario Argento. Saturant ses couleurs, brisant l’horizontalité de ses cadrages, exagérant jusqu’à l’outrance ses effets gore, le réalisateur plonge ainsi dans le baroque le plus débridé et transcende du même coup ce qui n’aurait pu être qu’une simple variante d’Halloween et Scream version 24 décembre. Enfin, en apparence tout du moins.

Un tueur givré - au sens propre !

Car si toutes les scènes de flash-back nagent dans des eaux troubles et souvent malsaines (on y aborde frontalement l’inceste, la pédophilie, le cannibalisme) tout en basculant dans une horreur quasi-surréaliste, les séquences situées au présent n’apportent rien de neuf au genre, se contentant d’aligner des protagonistes sans saveur ni caractère pour mieux les massacrer selon une méthode éliminatoire galvaudée. Certes, la mise en scène de Morgan continue à surprendre (la mort dans la voiture couverte de neige), quelques trépas ne reculent devant aucune exubérance (le crâne transpercé par une stalactite) et ce tueur givré (au sens propre) qui arrache les yeux de ses victimes pour les dévorer sort un peu du lot. Mais l’ombre de Michael Myers et de Jason Voorhes plane d’un peu trop près sur ce Black Christmas. Restent les transgressions de l’imagerie de Noël (avec comme point d’orgue ce sapin orné de têtes décapitées !), toujours bienvenues en ces périodes de fêtes grasses et exagérément euphoriques.

 

© Gilles Penso

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JACK BROOKS, TUEUR DE MONSTRES (2007)

Cet hommage décomplexé aux films de monstres des années 80 refuse tout net les effets numériques au profit des bonnes vieilles techniques à l'ancienne

JACK BROOKS : MONSTER SLAYER

2007 – CANADA

Réalisé par Jon Knotz

Avec Trevor Matthews, Daniel Kash, David Fox, Dean Hawes, Rachel Skarsten, James A. Woods, Ashley Bryant

THEMA DIABLE ET DEMONS

Comme son titre le laisse imaginer, Jack Brooks, tueur de monstres est un film excessif et décomplexé qui nous ramène aux glorieuses années 80, en un temps révolu où les images de synthèse n’avaient pas droit de cité à l’écran et où l’horreur et le burlesque faisaient bon ménage. Après avoir conçu un certain nombre de courts-métrages très remarqués au sein de leur compagnie Brookstreet Pictures, le réalisateur Jon Knotz et l’acteur/producteur Trevor Matthews eurent l’idée de ce film abracadabrant. Le Jack Brooks du titre (incarné par Matthews) est un homme en proie à d’incontrôlables accès de colère et de violence. Traumatisé depuis le massacre de sa famille par une bête aux allures de lycanthrope alors qu’il était encore enfant, Jack est devenu plombier, consulte régulièrement un psychiatre (Daniel Kash) sans grands résultats et suit des cours du soir auprès d’un jovial professeur de chimie (Robert Englund).

Un soir, en effectuant un dépannage dans la maison de ce dernier en question, il éveille sans le savoir un démon ancestral enterré dans une vieille caisse. A l’intérieur gît un squelette poussiéreux et un cœur encore vivant qui possède soudain l’enseignant. Au cours d’une scène hilarante, l’homme se mue soudain en monstre boursouflé face à des étudiants médusés, triplant de volume tout en faisant jaillir de son corps difforme des tentacules interminables qui capturent ses proies humaines pour les dévorer vives ou les muer en démons à son service. Face à ce déchaînement de forces maléfiques, Jack Brooks prend les armes et se met en tête de pourfendre l’immonde créature…

Robert Englund en monstre glouton

Malgré l’outrance des séquences qu’il met en scène, Jon Knotz ne traite jamais son long-métrage sous l’angle de la parodie, pas plus qu’il ne s’attache à cligner de l’œil vers son public pour citer ses sources cinéphiliques. C’est donc avec un premier degré improbable que Jack Brooks nous est conté. L’humour découle naturellement des séquences hallucinantes qui ponctuent le film, des monstres aberrants qui s’y agitent et du jeu savoureux de Robert Englund (décidément très à l’aise dans le registre de la comédie). Le rejet opiniâtre des effets numériques induit des effets spéciaux rafraîchissants, presque anachroniques, à base d’animatronique, de maquillages spéciaux, de trucages mécaniques et de prothèses animées, sous la supervision d’Allan Cook (Resident Evil Apocalypse, Land of the Dead, Outlander). A mi-chemin entre Jack Burton, Histoires de fantômes chinois et la saga Freddy, ces effets résolument « eighties » manquent souvent de finesse (le cyclope de la forêt fleure bon le latex !) mais confèrent au film un charme irrésistible. Chaque apparition du monstre glouton qu’est devenu Robert Englund (une marionnette grandeur nature manipulée par une demi-douzaine d’animateurs) est une véritable source de ravissement pour les amateurs que nous sommes. Conçue comme le premier épisode d’une série de longs-métrages riches en créatures excentriques, cette fantaisie au budget modeste (deux millions et demie de dollars canadiens) connaîtra en 2010 une séquelle conçue par la même équipe de joyeux drilles.

© Gilles Penso

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L’OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL (1970)

Le premier long-métrage de Dario Argento porte déjà en substance tout son univers, son esthétique et ses thématiques

L’UCCELLO DALLE PIUME DI CRISTALLO

1970 – ITALIE

Réalisé par Dario Argento

Avec Tony Musante, Suzy Kendall, Enrico Maria Salerno, Eva Renzi, Umberto Raho, Renato Romano

THEMA TUEURS I SAGA DARIO ARGENTO

Premier film de Dario Argento, L’Oiseau au plumage de cristal contient déjà en substance tout ce qui fera l’œuvre future du cinéaste : un recyclage du « giallo » que son mentor Mario Bava et maints autres cinéastes italiens ont longuement pratiqué (meurtres à l’arme blanche, assassins vêtus et gantés de noir, belles victimes féminines), quelques éléments thématiques et visuels empruntés à Hitchcock (en particulier à Psychose), un titre animalier poétique et mystérieux, et surtout un récit concentré sur une énigme liée à un souvenir faussé. Le film se déroule à Rome et prend pour héros Sam Dalmas (Tony Musante), un écrivain américain qui assiste en pleine nuit à l’agression d’une jeune femme par un homme tout de noir vêtu, à travers la vitrine d’une exposition d’art. La galerie étant fermée, Sam ne peut porter secours à la jeune femme qui se traîne de douleur, et il n’a pu apercevoir que la silhouette de l’agresseur. Mais son intervention permet au moins à l’assassin de s’enfuir avant de tuer sa victime. Devenu témoin numéro un, l’Américain voit sa vie menacée à plusieurs reprises, tandis que le tueur en série multiplie ses victimes. Sam essaie désespérément de se souvenir précisément du meurtre, mais tout s’est passé très vite, et il sent qu’un détail important échappe à sa mémoire. Sur l’enregistrement de plusieurs coups de téléphone anonymes que reçoit Sam, la police entend en arrière-plan un son répétitif, métallique, qui se révèle être le cri d’un oiseau rarissime, exposé dans un zoo à Rome. Cet élément va permettre aux enquêteurs de situer l’adresse du suspect…

Composant très adroitement sur le thème de l’interprétation arbitraire d’un événement aperçu brièvement, Argento renforce avec un talent alors très prometteur l’identification du public au personnage principal. « Ce qui m’intéressait dans ce film, c’était de jouer sur les à priori des spectateurs », nous explique-t-il. « Notre culture veut que si nous voyons une jeune femme en blanc lutter avec un homme tout en noir, nous pensions automatiquement qu’elle est la victime et lui l’agresseur. Cela altère nos perceptions, fausse notre jugement, et du coup nous croyons voir des choses alors qu’il n’en est rien. » (1) Ce motif deviendra récurrent dans l’œuvre d’Argento, et donnera naissance à quelques-unes de ses plus belles réussites.

Un style déjà très affirmé

A mi-chemin entre le récit policier et le film d’horreur, le réalisateur injecte déjà dans L’Oiseau au plumage de cristal un style très personnel, pas encore très marqué, certes, mais déjà fort reconnaissable. Les angles de prise de vue surprennent souvent, tout comme plusieurs rebondissements scénaristiques qui annoncent beaucoup ceux de Ténèbres. L’enquête policière, qui aurait pu emprunter la voie du classicisme, sert de prétexte à de nombreuses idées originales (la plus mémorable étant indiscutablement le bruit pendant l’appel téléphonique, qui donne au titre tout son sens, et dont l’idée sera reprise entre autres dans Peur sur la ville de Henri Verneuil et Le Fugitif d’Andrew Davis) ainsi qu’à des scènes d’épouvante relativement tempérées en regard des futures œuvres horrifiques de Dario Argento.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 1994.

 

© Gilles Penso

 

Pour en savoir plus

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SUSPIRIA (1977)

Dario Argento s'éloigne des intrigues policières horrifiques dont il s'était fait une spécialité pour basculer dans le fantastique cauchemardesque

SUSPIRIA

1977 – ITALIE

Réalisé par Dario Argento

Avec Jessica Harper, Stefania Casini, Flavio Bucci, Miguel Bosé, Barbara Magnolfi, Susanna Javicoli, Udo Kier, Alida Valli

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA LES TROIS MERES I SAGA DARIO ARGENTO

Suspiria est la première incursion de Dario Argento dans l’univers du fantastique pur, la sorcellerie servant ici de base à l’intrigue. L’étrangeté s’y immisce d’emblée, dès l’arrivée de son héroïne Suzie (Jessica Harper) à l’aéroport. En pays étranger (elle est Américaine et vient s’inscrire dans une école de danse européenne, la prestigieuse Académie Talm), la jeune fille plonge dans un univers quasi-parallèle, ce que semble confirmer l’attitude bizarrement inquiétante des employés de l’établissement. Le surnaturel n’intervient pourtant pas tout de suite, Argento reprenant une partie des codes du « giallo » pour décrire un meurtre préliminaire extrêmement spectaculaire, au cours duquel une jeune fille est percée d’une dizaine de coups de couteau, le dernier perforant son cœur mis à nu. La victime traverse un vitrail et finit suspendue dans le vide. Pour autant, le traitement de l’horreur n’a rien de réaliste dans Suspiria. Le sang y ressemble à de la peinture rouge, muant presque la violence en une abstraction, une vue de l’esprit. D’ailleurs le rouge vif est très présent dans les décors et la lumière, évoquant le titre original d’un autre classique d’Argento, Profondo Rosso (Les Frissons de l’angoisse). Pour renforcer le caractère insolite du film, le cinéaste multiplie les cadrages inattendus, plaçant parfois sa caméra derrière une ampoule, à la place d’un verre de vin ou au-dessus d’un lavabo. 

Avec ce fameux premier meurtre, Argento exploite l’idée d’un témoin qui n’a aperçu que les bribes déformées d’un événement et tente d’en reconstituer le puzzle, comme dans L’Oiseau au plumage de cristal, récurrence que le cinéaste a toujours partagée avec Brian de Palma. On trouve également des correspondances avec l’univers de Lucio Fulci qui réutilisera plusieurs motifs de Suspiria : la pluie d’asticots (Frayeurs), l’agression du chien d’aveugle (L’Au-delà), l’attaque de la chauve-souris (La Maison près du cimetière). A pas feutrés, Suspiria bascule dans le Fantastique avec un grand F, les inquiétantes respirations nocturnes qui résonnent dans l’école de danse annonçant l’apparition furtive mais marquante d’une sorcière répondant à tous les critères physiques énoncés dans les contes des frères Grimm. « Pour ce film, je me suis beaucoup inspiré des contes de fées qu’on me racontait dans mon enfance, et même de certains dessins animés de Walt Disney », nous avoue d’ailleurs Argento. « Quand j’ai vu Blanche Neige et les sept nains, j’étais très jeune et le film m’avait sacrément effrayé. C’était une sorte de film d’horreur pour enfants. J’ai donc réutilisé toute cette imagerie pour Suspiria. C’est en quelques sortes un conte de fées moderne et horrifique. Voilà pourquoi on y trouve une héroïne innocente et fragile confrontée à l’adversité et à une méchante sorcière. Tous les symboles des contes traditionnels sont dans le film : la magie, l’école de jeunes filles, et même le loup (qui s’est transformé ici en chien d’aveugle dévorant son maître). » (1)

L'antre de la folie

Avec Suspiria se met en place la mythologie des « Trois Mères » que Dario Argento déclinera sur deux autres longs-métrages, Inferno et Mother of Tears. Un psychiatre que consulte Suzie lui apprend ainsi que l’Académie Talm a été fondée en 1895 par Elena Marcos, une sorcière répondant au doux surnom de « Reine Noire », avant d’affirmer avec matérialisme que « le malheur ne vient pas des miroirs fêlés mais des cerveaux fêlés ». Suspiria serait-il donc une allégorie de la folie ? « La folie et la magie ont toujours été associées dans l’histoire de l’humanité », nous répond Argento. « Les gens possédés par le démon sont systématiquement taxés de malades mentaux par la science et la médecine. La plupart de ceux qui prétendent disposer de dons paranormaux ou de pouvoirs magiques sont considérés comme des fous. Mais les choses ne sont peut-être pas aussi simples. D’ailleurs, dans cette même scène, un autre psychologue, beaucoup moins rationnel, affirme : “la magie est une chose à laquelle tout le monde a toujours cru“. C’est Rudolf Schündler, un acteur qui jouait dans de vieux films de Fritz Lang, qui interprète ce personnage. Je ne l’ai pas choisi au hasard ! » (2) A l’extraordinaire direction artistique du film s’ajoute une inoubliable bande originale du groupe Goblin, jouant sur les sonorités des boîtes à musique et les halètements oppressants, et parachevant ce que d’aucuns considèrent comme LE chef d’œuvre de Dario Argento.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en février 2011

 

© Gilles Penso

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LA PLANETE DES DINOSAURES (1978)

Un groupe d'astronautes s'échoue sur une planète peuplée de créatures préhistoriques, dont un redoutable T-rex qui entend bien défendre son territoire

PLANET OF DINOSAURS

1977 – USA

Réalisé par James K. Shea

Avec James Whitworth, Pamela Bottaro, Harvey Shain, Louie Lawless, Charlotte Speer, Chuck Pennington, Derna Wylde

THEMA DINOSAURES

Voilà ma foi un petit film indépendant fort sympathique qui utilise un scénario de science-fiction prétexte pour accumuler de magnifiques séquences d’animation image par image mettant en scène des dinosaures très réussis et surtout très nombreux. Explorant les confins de notre galaxie, une fusée terrienne découvre une planète inconnue. Contraints d’abandonner leur vaisseau spatial, qui s’enfonce dans le lac sur lequel ils se sont posés, les nouveaux naufragés vont devoir affronter un monde peuplé de monstres préhistoriques agressifs ardemment décidés à protéger leur territoire. Conçus par James Aupperle, tous les animaux sont sculptés et moulés par Stephen A. Czerkas, spécialisé dans les reconstitutions de dinosaures pour les musées, les académies de sciences et les centres d’éducations, et principalement animés par le talentueux Doug Beswick (Evil Dead 2, Freddy 3, Beetlejuice).

Le premier saurien à faire son apparition est un massif brontosaure qui mâchonne tranquillement des fougères en observant les visiteurs. Bien plus pugnace, un quadrupède cornu aux allures de tricératops se met bientôt à courser l’un des hommes jusqu’au bord d’un précipice avant de lui planter sa corne dans le ventre, en une variante sanglante de la scène du chasmosaure de Quand les dinosaures dominaient le monde. Parmi les autres rencontres guère engageantes de l’équipage se trouve une araignée géante qui attaque l’une des naufragées dans une grotte. Mais la star du film est un redoutable tyrannosaure qui lutte contre un stégosaure, dévore un jeune allosaure et tue un sosie du Monstre des temps perdus, le temps d’un clin d’œil pour le moins inattendu au maître incontesté de la stop-motion. « C’était un vrai bonheur de faire bouger une créature que Ray Harryhausen avait animée avant moi ! » reconnaît avec joie Doug Beswick (1). Le tyrannosaure vedette finit d’ailleurs empalé sur un pieu, comme l’allosaure de Un million d’années avant JC.

D'excellentes séquences en stop-motion

C’est donc un véritable festival non-stop qui ne peut que combler les fans d’animation. Certes, les mouvements et les « expressions » des créatures ne vont pas aussi loin que les merveilles que nous offrirent jadis Ray Harryhausen et Jim Danforth, mais les monstres préhistoriques de La Planète des dinosaures restent dans le domaine des plus réussis jamais vus à l’écran, ce qui constitue un véritable exploit pour un film aussi modeste. En outre, les rétro-projections, les sols miniatures et les caches qui permettent la confrontation avec les humains ne trahissent jamais le travail des animateurs. Il faut également signaler les belles peintures sur verre de Jim Danforth qui prolongent les paysages réels. « Il fallait trouver des tas d’idées pour que rien ne coûte trop cher, car le budget de ce film était très faible », se souvient Beswick (2). Le seul véritable regret qu’on puisse formuler, en dehors du jeu très approximatif des comédiens, concerne la musique synthétique, assez peu audible. Quelque dix ans plus tard, Fred Olen Ray réutilisera des plans de ces dinosaures très photogéniques pour The Phantom Empire. Ces sauriens, qui ont décidément la vie longue, réapparaîtront également sous forme de stock-shots dans Galaxy of Terror en 1992.

 

(1) et (2) Produits recueillis par votre serviteur en avril 1998. 

© Gilles Penso

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