K 2000 (1982-1986)

David Hasselhoff et son inoubliable voiture parlante redressent les torts dans cette série mythique des années 1980…

KNIGHT RIDER

 

1982/1986 – USA

 

Créée par Glen A. Larson

 

Avec David Hasselhoff, William Daniels, Edward Mulhare, Patricia McPherson, Rebecca Holden, Peter Parros, Richard Basehart

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Série mythique des années 1980 créée par Glen A. Larson (Magnum, Galactica), K 2000 met en vedette David Hasselhoff dans le rôle d’un policier brillant, Michael Long, laissé pour mort alors qu’il tente d’arrêter un dangereux criminel. Il est recueilli par Wilton Knight (Richard Basehart), patron d’une fondation secrète œuvrant pour le gouvernement. Contraint de changer de visage et d’identité, Long devient Michael Knight. Travaillant désormais pour la fondation, Michael, accompagné d’une voiture intelligente nommée K.I.T.T, dernier cri en matière d’innovation technologique, va de ville en ville pour combattre le crime et protéger ceux dans le besoin… Entrée dans la légende, la voix off du générique de K 2000 nous présente son héros en ces termes : « Les exploits d’un chevalier solitaire dans un monde dangereux. Le chevalier et sa monture. Un héros moderne, dernier recours des innocents, des sans-espoir, victimes d’un monde cruel et impitoyable. »

Qui ne se souvient pas des exploits de Michael Knight et de son véhicule intelligent à travers des courses poursuites haletantes, de multiples cascades, des gadgets sophistiqués et bien sûr la voix de K.I.T.T avec sa « bouche » lumineuse et rouge ? Voilà une série qui aura marqué les esprits. Dans la première saison de 22 épisodes, nous commençons naturellement par la présentation des différents personnages récurrents. Aux côtés de Michael Long devenu Michael Knight, nous découvrons Bonnie Barstow (Patricia McPherson), Devon Miles (Edward Mulhare) et bien sûr la fameuse voiture noire… Même si les épisodes ne se valent pas tous en termes de qualité scénaristique ou d’action – certains sont sans doute trop longs -, cette première saison reste une franche réussite, à l’image de celles qui suivront. C’est forcément un plaisir – coupable ? –  de revoir ces épisodes qui ont bercé beaucoup d’enfances et suscité un indiscutable engouement pour les voitures.

Le chevalier et sa monture

Devant la caméra, on note bien sûr la présence d’un David Hasselhoff encore tout jeune, plusieurs années avant son rôle de Mitch Buchannon dans la série phare Alerte à Malibu, mais aussi celles de Patricia McPherson (MacGyver) et d’Edward Mulhare (Les Rues de San Francisco). Pour les seconds rôles, on reconnaîtra le visage de Richard Basehart (Voyage au fond des mers), ainsi que ceux de Richard Anderson (L’Homme qui valait trois milliards), Barret Oliver (L’Histoire sans fin), Keith Coogan (Les Contes de la Crypte) ou encore Don Stroud (Madame Columbo). Bref, c’est toujours avec joie qu’on retrouve K 2000, cette série dynamique désormais empreinte de nostalgie où Michael Knight et sa voiture intelligente n’en finissent plus de combattre les malfrats. En 1991 fut diffusé le téléfilm K 2000 : La nouvelle arme, censé conclure le show et introduire une histoire originale pour une nouvelle série qui n’a finalement pas vu le jour. D’autres productions mineures réutilisèrent le concept comme le téléfilm Knight Rider 2010 en 1994 et la série Nom de Code : TKR en 1997, pour une seule saison de 22 épisodes. Il y eut également un remake en 2008 avec la série Le Retour de K 2000, où l’on suivait les aventures du fils de Michael Knight interprété par Justin Bruening avec une toute nouvelle voiture. Malheureusement le succès ne fut pas au rendez-vous et la série s’arrêta au bout d’une seule saison.

 

© Grégory

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HOMME INVISIBLE (L’) (1975-1976)

Pour capitaliser sur le célèbre roman de H.G. Wells dont il possède encore les droits, le studio Universal lance une série TV modernisant le mythe…

THE INVISIBLE MAN

 

1975/1976 – USA

 

Créée par Harve Bennett et Steven Bochco

 

Avec David McCallum, Melinda O. Fee, Craig Stevens, Paul Kent, William Prince, Jackie Cooper, Nancy Kovack, John Vernon, Nehemiah Persoff, Barbara Anderson

 

THEMA HOMMES INVISIBLES

Le scientifique Daniel Westin (David McCallum) travaille à un projet révolutionnaire qui permettrait de téléporter de la matière. Mais un dysfonctionnement de son appareil projette un éclair qui atteint le chercheur. Ce dernier constate par la suite que personne ne le voit. Il doit se rendre à l’évidence : il est devenu invisible ! Son épouse Kate (Melinda O. Fee), également scientifique, l’aide à chercher le moyen de renverser le processus… La série L’Homme invisible doit sa naissance au fait que la firme Universal possédait les droits du roman de H. G. Wells. Productrice du film de James Whale The Inivisible Man en 1933, qui apporta à l’acteur Claude Rains une popularité inédite pour un acteur apparaissant si peu dans un film, la firme avait commandité plusieurs séquelles : The Invisible Man Returns (1940), The Invisible Man’s Revenge (1944) et même The Invisible Woman (1940) et The Invisible Agent (1942), où l’homme invisible affronte la Gestapo ! La rencontre des comiques Abbott et Costello avec le personnage dans Deux nigauds contre l’homme invisible (1951) fut également commise par le studio, toujours présent en 2000 lorsque SciFi Channel commande à son tour une série basée sur le roman « L’Homme invisible. »

En 1975, donc, quelqu’un au studio estima que ce serait une excellente idée de réinventer le thème en surfant sur la vague des séries plus ou moins apparentées au genre super-héros. C’est d’ailleurs au producteur de L’Homme qui valait trois milliards, Harve Bennett, qu’est confiée la tâche de produire cette nouvelle déclinaison. Il s’adresse, lui, à Steven Bochco, alors scénariste au sein du studio. Depuis L’Homme de Fer, en 1967, le jeune Bochco a collaboré à Columbo, The Bold Ones : The New Doctors, Les Règles du jeu, McMillan, Griff et collaboré aussi au scénario du film Silent Running de Douglas Trumbull. Il écrit et produit le téléfilm pilote de L’Homme invisible, que NBC diffuse le 6 mai 1975. L’audience étant satisfaisante, Universal commande une série hebdomadaire diffusable à la rentrée 1975.

Annulé au bout de 13 épisodes

Le concept de L’Homme invisible n’a pourtant pas rencontré l’adhésion du public, qui reproche notamment le manque d’action de la série et les difficultés à suivre le héros lorsqu’il est invisible. Pour remédier à ce problème, la voix off a été l’option choisie par la production. Plusieurs idées visuelles intéressantes émaillent pourtant la réalisation, notamment l’utilisation de masques à son effigie que confectionne le héros dans une matière baptisée « dermaplex » (d’où certaines séquences de suspense qui semblent héritées de Mission impossible). Le show bénéficie aussi de pointes d’humour bienvenues et du capital sympathie de son acteur principal. Mais les téléspectateurs ne répondent pas à l’appel et la série est annulée au bout de treize épisodes. Avant de devenir le scientifique Daniel Westin, David McCallum avait déjà connu un grand succès avec Des Agents très spéciaux, dans le rôle de l’espion Illya Kuryakin entre 1964 et 1968. En 2003, après de nombreuses apparitions sur les petits écrans, il est devenu le professeur Mallard dans NCIS : enquêtes spéciales.

 

© Histoire de la science-fiction


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STAR TREK STRANGE NEW WORLDS (2022-2023)

La huitième série « live » de l'univers Star Trek se concentre sur l’un des tout premiers personnages de la saga : le capitaine Christopher Pike…

STAR TREK STRANGE NEW WORLDS

 

2022/2023 – USA

 

Créé par Akiva Goldsman, Alex Kurtzman et Jenny Lumet

 

Avec Anson Mount, Rebecca Romijn, Ethan Peck, Babs Olusanmokun, Christina Chong, Cecilia Rose Gooding, Jess Bush, Melissa Navia, Bruce Horak

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR TREK

Dans le dyptique « The Menagerie » de la première saison de Star Trek la série originale, nous découvrions le personnage de l’amiral Christopher Pike, second capitaine de l’Enterprise avant James T. Kirk mutilé à la suite d’un grave accident. Pour mémoire, ce double épisode reprenait de très larges extraits du pilote « The Cage » avec Jeffrey Hunter dans le rôle de Pike. Ce personnage et le mythique astronef sont réintroduits dans les deux premières saisons de Star Trek Discovery car ils ouvrent un pan supplémentaire de la mythologie trekienne antérieure de dix ans aux événements que nous connaissons. Ils permettent également le retour de quelques figures historiques de la saga. Ainsi, Spock est présent puisqu’avant de seconder Jim Kirk, il servit sous les ordres de Pike en tant qu’officier scientifique de l’Enterprise, comme le rappelait d’ailleurs « The Menagerie ». Outre le célèbre vulcain, nous découvrons plusieurs personnages de la série originale avant qu’ils ne soient dans leurs futures fonctions. C’est le cas de Nyotha Uhura. Encore cadette à l’époque de Pike, elle se forme à son futur rôle d’officier en charge des transmissions et de la xéno-linguistique. Nous découvrons aussi James T. Kirk alors qu’il n’est encore qu’un jeune lieutenant fougueux de Starfleet servant sur l’USS Faragut. Citons également Number One également présentée dans « The Menagerie », et à l’époque personnifiée par Majel Barret avant qu’elle ne devienne ultérieurement l’infirmière Christine Chapel dont le personnage est aussi présent dans Strange News Worlds. On l’aura compris, cette huitième déclinaison télévisuelle en prises de vues réelles est donc un lien direct avec l’univers imaginé par Gene Roddenberry il y a six décennies.

Mais si Star Trek Discovery et Star Trek Picard commençaient en trombe, Strange New Worlds démarre au petit trot. La première moitié de la première saison peine quand même à « passer la seconde ». Les choses sérieuses débutent vraiment à partir du cinquième épisode, « Spock hors contrôle », où notre vulcain préféré en vient à échanger son katra (son esprit) avec celui de son épouse T’Pring. Chacun des deux se retrouve ainsi dans le corps de l’autre. Le meilleur de tous est probablement « Tous ceux qui errent ». Ce neuvième chapitre de la première saison est un remake particulièrement réussi du Aliens de James Cameron. Tous les ingrédients sont réunis pour rappeler l’ambiance oppressante qui règne dans le long-métrage du réalisateur de Titanic et Avatar. Faisant appel au voyage dans le temps, une thématique qui réussit très souvent à la franchise, le dernier épisode de Strange New Worlds réadapte très habilement les événements de « Zone de terreur », quatorzième épisode de la première saison de la série originale. Basé sur le film Torpilles sous l’Atlantique (1957 avec Robert Mitchum et Curd Jürgens), cet épisode voyait l’Enterprise, et surtout son capitaine, jouer au chat et à la souris avec le capitaine d’un vaisseau romulien interprété par Mark Lenard (avant qu’il ne devienne Sarek, le père de Spock), l’un des principaux antagonistes de la Fédération des Planètes Unies. Cet ultime épisode s’achève sur l’arrestation de Number One, ce qui laisse entrevoir un retour prometteur pour la saison 2.

Retour aux sources

Visuellement, Strange New Worlds bénéficie des mêmes apports que ceux de Discovery et Picard. Les effets spéciaux s’avèrent donc aussi soignés que ceux des deux précédentes déclinaisons. Le générique nous fait rester en territoire connu puisqu’il débute par la célèbre réplique « Espace, frontière de l’infini vers laquelle voyage notre vaisseau… ». Sa construction graphique rend un hommage évident à celui d’un autre dérivé de la franchise, en l’occurrence Star Trek Voyager. Côté casting, Anson Mount joue de manière plutôt académique son rôle de capitaine, conscient du funeste destin qui va le toucher dans quelques années, comme cela est révélé dans le 12ème épisode de la seconde saison de Discovery, le très bon « La vallée des ombres ». Ethan Peck (petit-fils du grand Gregory Peck), également présent dans Discovery, s’est vu confier la lourde tâche de reprendre le rôle de Spock et s’en tire avec les honneurs bien qu’il ne soit clairement pas évident de passer après Leonard Nimoy et Zachary Quinto au cinéma. Quant à Rebecca Romijn, qui joua autrefois Mystique dans la première trilogie X-Men, son personnage de Number One reste malheureusement sous-exploité dans cette première saison. Pour sa part, Jess Bush incarne une Christine Chapel dont le caractère déluré tranche avec la réserve de Majel Barret dans la toute première série. A noter également, la présence de Christina Chong dans le rôle de La’an Noonien-Singh. Chef de la sécurité de l’Enterprise, elle est aussi une descendante directe du terrible Kahn. Si Strange New Worlds présente des défauts, la série ne manque pas non plus d’atouts. L’un de ses points forts est de renouer avec ce qui a fait le succès des premières séries, à savoir des intrigues uniques bien que la production n’exclut pas, semble-t-il, de développer des intrigues sur plusieurs épisodes. Saura-t-elle s’imposer comme l’une des nouvelles références de l’univers trekkien ? Son aventure dans la galaxie télévisuelle ne fait que commencer…

 

© Antoine Meunier

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ORVILLE (THE) (2017-2022)

Seth MacFarlane se lance dans une série de science-fiction conçue comme un hommage assumé à l’incontournable saga Star Trek

THE ORVILLE

 

2017 / 2022 – USA

 

Créée par Seth MacFarlane

 

Avec Seth MacFarlane, Adrianne Palicki, Penny Johnson Jerald, Scott Grimes, Peter Macon, Halston Sage, J. Lee, Mark Jackson, Jessica Szohr, Anne Winters.

 

THEMA SPACE OPERA I FUTUR

Sur la thématique de l’exploration, l’univers de Star Trek reste la référence absolue depuis pratiquement six décennies. Avec à ce jour près de dix déclinaisons et treize long-métrages, Il parait difficile d’imposer une nouvelle série sur le même thème. Alors plutôt que de tenter d’innover, The Orville nous propose une vision identique du futur mais avec tout de même quelques variations. Nous sommes au 25ème siècle et la Terre appartient à un collectif de civilisations qui peuplent la galaxie : l’Union Planétaire qui fait écho à la Fédération des Planètes Unies de la franchise de Gene Roddenberry. Cette Union dispose d’une flotte de trois mille vaisseaux dont le Orville, un navire de classe intermédiaire. Le Capitaine Ed Mercer (Seth Mc Farlane) se voit nommé à la tête de l’équipage du Orville avec son ex-femme comme second, le commandeur Kelly Grayson (Adrianne Palicki). Hors Mercer a surpris Kelly en galante compagnie un an plus tôt et il tente à présent de l’oublier. Cette situation vaudevillesque est le point de départ de la mission d’exploration de l’Orville.

Aux commandes de The Orville, Seth MacFarlane nous avait plutôt habitué à la comédie potache notamment avec l’ours parlant de Ted et sa suite Ted 2. Si, au départ, The Orville lorgne elle aussi vers la plaisanterie estudiantine, la série prend malgré tout le même chemin que Star Trek dont elle est un clone parfaitement assumé – ou plutôt une variation sur un même thème, diront les plus diplomates, autrement dit celui de l’exploration et de la découverte de nouveaux mondes. Dans Star Trek, le vaisseau Enterprise renvoie à celui de la marine anglaise du 18ème siècle mais aussi à tous les navires ayant portés le même nom, y compris la toute première navette spatiale de la NASA. Le nom Orville est, quant à lui, un hommage à Orville Wright, pionnier de l’aviation en 1903 avec son frère Wilbur.

Déclaration d’amour à Star Trek

L’équipage du vaisseau de Seth MacFarlane est joyeusement anticonformiste et évoque plutôt Les Gardiens de la galaxie, celui de l’Enterprise paraissant à côté gentiment « collé-monté ». Certaines situations du show ne sont pas forcément de très bon goût et l’humour gras ne fait pas mouche à tous les coups. En son temps, Galaxy Quest était nettement plus subtil. Du côté des décors, The Orville adopte, pour se démarquer de son glorieux aîné, un look plus ou moins kitsch. Le vaisseau semble ainsi sorti du Enemy Mine de Wolfgang Petersen. Malgré ses défauts – et quand elle ne lorgne pas vers le potache -, The Orville parvient à nous livrer quelques très bons épisodes dans sa seconde saison, dont les diptyques « Kaylon » (une invasion de la Terre) et « Sept ans de réflexion » qui traite du paradoxe temporel. Côté casting, le duo formé par Seth MacFarlane et la belle Adrianne Paliciki ( « Mocking Bird » dans la série Agents of Shield) est clairement le pilier de la série. Celle-ci a reçu une forme d’adoubement dans la mesure où des acteurs issus de Star Trek sont venus y faire une petite apparition, notamment Robert Picardo et Tim Russ (Star Trek Voyager) ou encore Marina Sirtis (Star Trek TNG) et John Billingsley (Star Trek Enteprise). Il est également possible d’apercevoir quelques guest-stars comme Charlize Theron ou Liam Neeson. Mais cela suffira-t-il à The Orville pour s’imposer comme Star Trek l’a fait avant elle ? The Orville n’a malheureusement pas bénéficié d’un contexte très favorable dans la mesure où le tournage de la troisième saison a été retardée en raison des contraintes liées à la pandémie de Covid-19. Celle-ci a finalement été diffusée sur Hulu entre le 2 juin et le 4 août 2022. Au moment où sont écrites ces lignes (31 juillet 2022), une quatrième saison reste encore incertaine.

 

© Antoine Meunier


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DEAD ZONE (2002-2007)

Inspirée partiellement du film qu’en tira David Cronenberg, cette adaptation télévisée du célèbre roman de Stephen King réserve son lot de surprises…

DEAD ZONE

 

2002-2007 – USA

 

Créé par Michael Piller et Shawn Piller

 

Avec Anthony Michael Hall, Nicole deBoer, David Odgen Stiers, Chris Bruno, Sean Patrick Flannery

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA STEPHEN KING

Au début des années 2000, période propice aux remakes et aux séquelles, Michael et Shawn Piller s’inspirent du roman “Dead Zone“ pour proposer une nouvelle version télévisée des aventures de Johnny Smith, jadis incarné par Christopher Walken sous la direction de David Cronenberg. Tournée au Canada et diffusée sur CBS à partir du 16 juin 2002, la série Dead Zone puise beaucoup d’éléments dans le livre de Stephen King pour bâtir son propre arc narratif. Le prologue, situé en 1976, provient directement du roman. Pendant un match de hockey sur glace, le tout jeune Johnny tombe et se cogne la tête. Il a alors la vision d’un accident qui va se dérouler quelques minutes plus tard. Un de ses camarades tombe en effet dans le lac glacé et est sauvé à la dernière minute. Vingt ans plus tard, Johnny (Anthony Michael Hall) est devenu professeur de sciences naturelles. Très apprécié par ses étudiants, il coule un amour paisible avec Sarah (Nicole deBoer), professeur de musique, tandis que sa mère Vera (Anna Hagan) est en couple avec le révérend Purdy (David Odgen Stiers), que Johnny n’aime pas beaucoup et qui nous inspire d’emblée une certaine méfiance. Si Johnny a des intuitions qui ne sont pas loin de faire de lui un médium, elles ne sont pas suffisamment spectaculaires pour déplacer les foules. Un soir, à la fête foraine, Sarah gagne ainsi beaucoup d’argent à la Roue de la Fortune grâce à lui. Plus tard dans la soirée, la voiture de Johnny entre en collision avec un poids lourd. C’est le black-out.

Après cet accident qui aurait pu lui être fatal, Johnny reste dans le coma, victime de blessures cérébrales sérieuses. Alors que tout le monde le croit condamné, il se réveille soudain au bout de six ans, empoigne la main de son infirmière et voit aussitôt la fillette de cette dernière prisonnière d’une maison en feu. Il ne s’agit pas d’une simple vision. Johnny a l’impression de se trouver lui-même au cœur de l’incendie. Rob Lieberman, réalisateur du pilote de la série, s’approprie ainsi les idées de mise en scène de David Cronenberg et les décline au cours d’autres scènes surréalistes, comme lorsque Johnny se promène en flash-back au milieu de personnages en arrêt pendant un bombardement à Saïgon, évoluant entre eux et observant les détails. Cet « emprunt » à Cronenberg prouve que la série Dead Zone n’est pas une simple réadaptation du roman de King mais aussi un remake partiel du long-métrage de 1983. Johnny découvre que son coma l’a privé d’événements importants liés à sa vie personnelle. Sa mère est décédée et Sarah a épousé Walt Banerman (Chris Bruno), un policier avec qui elle a eu un fils prénommé Johnny. Notre héros découvrira plus tard que cet enfant portant son prénom est de lui, une situation absente du roman qui suscite des rebondissements intéressants au sein d’un triangle amoureux complexe. Lorsque Walt enquête sur une série de meurtres commis sur des jeunes femmes, Johnny vient lui prêter main forte et permet de confondre le coupable, qui se suicide de manière plus « propre » que chez Cronenberg.

La nouvelle vie de Johnny Smith

Après le pilote en deux parties, la série atteint sa vitesse de croisière et met en place un mécanisme quasiment immuable. Chaque épisode commence par une image de Johnny, face à la caméra, qui explique le concept du programme. « J’avais une vie parfaite jusqu’à ce que je me retrouve dans le coma pendant six ans », raconte-t-il. « Quand je me suis réveillé j’ai découvert que ma fiancée était mariée à un autre homme. Mon fils ignore qui je suis. Tout a changé, y compris moi. Un seul contact et je vois des choses. Des choses qui se sont passées. Des choses qui vont se passer. Vous devriez voir ce que je vois. » Tous les éléments narratifs se mettent alors en place pour les épisodes suivants : la reprise des activités de professeur de Johnny, l’intrusion d’une journaliste trop curieuse qui lui tourne autour et enquête sur lui, les activités louches du révérend montées grâce à l’argent de la défunte Vera Smith… Chaque nouvelle prédiction de John donne lieu à un épisode distinct. Il résout des énigmes, sauve des situations, anticipe des catastrophes, tandis qu’en toile de fond se dessine une intrigue plus grande au sein de laquelle va s’insérer le politicien véreux Greg Stillson (Sean Patrick Flannery). Le principe étant déclinable à l’infini, les comédiens s’avérant attachants et la mise en scène très soignée, la série occupera les petits écrans pendant six saisons, à raison d’un total de 80 épisodes.

 

© Gilles Penso


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STAR TREK PICARD (2020-2021)

Dans cette septième série live consacrée à la franchise de Gene Roddenberry, l’amiral Picard sort de sa retraite pour mener une enquête périlleuse…

STAR TREK : PICARD

 

2020/2021 – USA

 

Créée par Alex Kurtzman

 

Avec Patrick Stewart, Isa Briones, Alison Pill, Santiago Cabrera, Michelle Hurd, Harry Treadaway, Evan Evagora, Brent Spiner, Jeri Ryan, Jonathan Del Arco, Jonathan Frakes, Marina Sirtis, John Ales

 

THEMA SPACE OPERA I FUTUR I EXTRA-TERRESTRES I ROBOTS I SAGA STAR TREK

En 2002, Star Trek Nemesis, le 4ème long métrage avec les acteurs de la série Star Trek Next Generation, s’était achevé sur un final tragique avec le sacrifice d’un des personnages les plus charismatiques de la série : l’androïde Data incarné par Brent Spiner. Mais cet opus n’avait pas convaincu le public et encore moins le casting. S’il fut un temps envisagé de donner une suite un peu plus concluante à cet opus mitigé, la Paramount décida finalement de mettre en sommeil l’iconique franchise créée par Gene Roddenberry, compte tenu des piètres résultats de cet épisode réalisé par Stuard Baird (Ultime décision, US Marshalls). Un film médiocre, comme l’admettait lui-même Patrick Stewart en 2020 dans « L’Écran Fantastique ». Le mythique interprète du capitaine Picard (et du professeur Xavier dans les X-Men) n’envisageait cependant pas de repartir explorer la galaxie Star Trek. Mais en 2017 Stewart change d’avis à la suite d’une rencontre avec les producteurs Alex Kurtzman (en charge notamment de Star Trek Discovery) et Akiva Goldsman, ainsi qu’avec le scénariste Michael Chabon. L’approche proposée finit par convaincre l’acteur shakespearien de reprendre du service. Si Star Trek : Picard est aux antipodes de ce film de 2002, la série s’appuie néanmoins sur certains de ses éléments.

A l’aube du 25ème siècle, nous retrouvons donc l’Amiral Picard dans sa propriété de Château-Picard située à La Barre dans la Haute-Saône. Vingt ans après les événements survenus dans Nemesis, l’homme qui commanda l’Enterprise NCC-1701/D, puis son successeur l’Enterprise NCC-1701/E, reste profondément affecté par la mort de Data. Quatorze ans auparavant, en 2385, Picard avait réussi à convaincre la Fédération d’aider les Romuliens, dont le monde natal Romulus allait être détruit par une supernova, à se reloger sur différentes planètes à l’abri de la catastrophe. Mais à la suite d’une attaque d’androïdes sur les chantiers martiens d’Utopia Planitia, la Fédération cessa toute aide aux Romuliens. En désaccord avec sa hiérarchie, Picard n’eut pas d’autre choix que de démissionner de Starfleet, coulant désormais des jours plus ou moins paisibles dans sa demeure familiale bourguignonne. C’est alors qu’une jeune femme, Dhaj, vient lui demander son aide pour échapper à un groupe d’assassins romuliens. Il s’agit en fait d’une androïde biologique créée par le Docteur Bruce Maddox, un cybernéticien qui tenta autrefois de désassembler Data afin de pouvoir le répliquer. L’Amiral Picard décide d’aider la jeune fugitive qui sera malheureusement assassinée. L’ex-officier de Starfleet perçoit qu’une vérité plus complexe se cache derrière ce meurtre. Il décide donc de sortir de sa retraite pour mener son enquête. Il va, pour cela, s’entourer de quelques nouveaux et vieux amis…

L’ancienne et la nouvelle garde

La nostalgie est un sentiment fort, mais Star Trek : Picard, septième série en prises de vue réelles de la franchise, ne joue pas uniquement sur cette carte. Il faut en effet réintroduire d’anciens visages connus mais aussi présenter de nouveaux visages. Nous sommes vingt ans après les derniers événements de La Nouvelle Génération. Starfleet et la Fédération ne sont plus forcément les garants d’une société égalitaire telle que décrite jusqu’à présent dans l’univers de la franchise. Les anciens ont donc choisi de partir vers d’autres chemins. La scène des retrouvailles entre Picard, l’ex conseiller de l’Enterprise Deanna Troy et son mari le commander William Riker s’avère très émouvante. Les comédiens Marina Sirtis et Jonathan Frakes semblent eux-mêmes touchés de revenir, même s’il s’agit surtout d’une apparition. Idem pour Brent Spiner dont le personnage de Data reste incontestablement le plus emblématique de sa carrière. La présence de la belle Jeri Ryan, Seven of Nine, s’avère également un atout très important, notamment pour les scènes d’action qui réintroduisent entre autres les Borgs. Pour la première fois, nous découvrons un cube de l’intérieur. Du côté des nouveaux arrivants, mention particulière à Michelle Hurd, aperçue aux côtés de Harrison Ford dans L’ombre d’un soupçon ainsi qu’à Santiago Cabrera (vu dans le biopic consacré à Che Guevera). Du point de vue esthétique, la photographie de Star Trek : Picard s’avère, comme celle de Star Trek Discovery, particulièrement réussie avec un budget en conséquence. La concurrence, notamment les productions Marvel, a donné le ton. Terminons cette chronique par le maitre des lieux : Patrick Stewart. L’acteur anglais est désormais un beau jeune homme d’un peu plus de 80 printemps qui ne boude pas son plaisir, comme le nôtre, de repartir arpenter la galaxie. Malgré son âge, le légendaire capitaine Picard rien perdu de sa noblesse au figuré comme au propre. Il conserve une belle énergie physique et le prouve en se payant le luxe de quelques scènes d’actions. Une seconde saison ayant été enclenchée en 2021, le voyage de la Nouvelle Génération est encore loin d’être fini.

 

© Antoine Meunier

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STAR TREK DISCOVERY (2017-2021)

Cette sixième série “live” consacrée à l’univers créé par Gene Roddenberry se situe dix ans avant les aventures de Kirk et Spock

STAR TREK DISCOVERY

 

2017 – USA

 

Créée par Bryan Fuller et Alex Kurtzman

 

Avec Sonequa Martin-Green, Michelle Yeoh, Jason Isaacs, Doug Jones, Shazad Latif, Wilson Cruz, Mary Wiseman, James Frain, Ethan Peck, Anson Mout, Wilson Cruz, Rebecca Romijn

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR TREK

En 2009, la franchise Star Trek renaissait de ses cendres au cinéma pour un excellent reboot, avec J.J. Abrams derrière la caméra, sept ans après le fort médiocre Star Trek Nemesis (un dernier film qui clôturait alors la saga avec les acteurs de Star Trek la nouvelle génération). A la télévision, il s’est en revanche écoulé douze ans entre la dernière aventure de l’équipage de l’Enterprise NX-01 de Star Trek Enterprise et l’arrivée de Star Trek Discovery. Sixième série de la saga en prise de vues réelles, Discovery conte les aventures de Michael Burnham (Sonequa Martin-Green, transfuge de The Walking Dead), une humaine adoptée par Sarek et Amanda, les parents de Spock, à la suite du décès de son père et de sa mère biologique survenu lors d’une attaque des Klingons alors qu’elle n’avait que douze ans. Promue à un brillant avenir d’officier au sein de Starfleet et unique humaine à avoir étudié à l’Académie des sciences de Vulcain, elle est déchue de ses fonctions de commandant en second de l’USS Shenzhou à la suite de sa mutinerie auprès du capitaine Philippa Georgiou (Michelle Yeoh). La mésentente des deux femmes déclenche accidentellement le conflit qui oppose la Fédération aux Klingons. Le Shenzhou est détruit et plusieurs officiers sont tués, y compris le capitaine Georgiou. Cet incident entraine la chute de Michael qui se retrouve condamnée à une peine de prison pour haute trahison après avoir été traduite en Cour Martiale. Mais Gabriel Lorca (Jason Isaacs), capitaine de l’USS Discovery, l’autre fleuron de la flotte de Starfleet après l’Enterprise, ne l’entend pas de cette oreille. Il fait donc intercepter la navette transportant Burnham au moment de son transfert vers le pénitencier de la Fédération, invoquant un cas d’urgence. Lorca propose alors à la jeune femme de se joindre à l’équipage du Discovery pour l’aider à mettre au point une nouvelle technologie de propulsion permettant le déplacement instantané d’un navire spatial d’un point à l’autre de la galaxie.

Voilà planté le point de départ de cette nouvelle déclinaison télévisée de l’univers créé par Gene Roddenberry au milieu des années 60. Discovery est cependant située dix ans avant les aventures de Jim Kirk et de son équipage. S’il n’est pas simple de renouveler un concept qui a plusieurs décennies d’existence, cette sixième variation sur un même thème s’avère être une excellente surprise alors que la précédente, Enterprise, s’était révélée plutôt décevante. Ainsi, l’une des forces de Discovery est de savoir dynamiter les codes établis par Gene Roddenberry… pour mieux les respecter ! Même au 23ème Siècle, explorer l’espace reste une activité dangereuse. Si des nouveautés sont introduites, ce qui est nécessaire pour faire évoluer un univers, Discovery n’oublie cependant pas ses origines. Des références à la série originale sont donc nombreuses, notamment pour le personnage du capitaine Pike (Anson Mount qui succède à Jeffrey Hunter et Bruce Greenwood), délaissant temporairement la passerelle de l’Enterprise pour venir commander celle du Discovery. Rappelons que nous sommes dix ans avant les aventures de la série classique. L’Enterprise en est à son second capitaine après Robert April et juste avant Kirk. C’est donc très logiquement que le personnage de Numéro 1, autrefois interprété par Majel Barret dans le premier épisode pilote (« The Cage »), est réintroduit et joué ici par la jolie Rebecca Romijn, ex Raven de la saga X-Men. De plus, si les personnages et l’univers trekiens paraissaient parfois un peu trop lisse, il n’en est absolument rien ici. Tous ont une part d’ombre qui est à un moment ou un autre révélée.

Repousser les limites

Le crédo de Star Trek ayant toujours été de s’aventurer « là où l’homme n’est jamais allé » et de prôner la diversité, le Discovery est le premier vaisseau de la franchise commandé par un alien, en l’occurrence le kelpien Saru incarné par l’impressionnant Doug Jones (l’homme amphibien dans La Forme de l’eau de Guillermo del Toro). Une autre nouveauté : deux personnages importants sont homosexuels. Le docteur Hugh Culber (Wilson Cruz) et l’ingénieur de bord Paul Stamets (Anthony Rapp) vivent ainsi leur relation au grand jour au sein de l’équipage de l’USS Discovery. Cette donnée n’était que suggérée avec le personnage de Sulu dans le film Star Trek sans limites en 2016, mais s’inscrit aujourd’hui parfaitement dans ce que préconisait autrefois Gene Roddenberry : accepter la diversité. Côté narration, si les histoires de chaque épisode sont indépendantes, elles forment néanmoins un tout cohérent. Voir les épisodes dans l’ordre est donc préférable pour une meilleure compréhension, surtout si l’on est pas familier de Star Trek. Au cours de la saison 2, l’intrigue s’étale ainsi sur la totalité des 14 épisodes. A noter : la présence de Jonathan Frakes, le commander Riker de l’Enterprise 1701-D dans The Next Generation, qui réalise 3 des 29 premiers épisodes des deux premières saisons. Ce qui est une manière supplémentaire de montrer que la série reste fidèle à ses racines. On saluera aussi la superbe qualité des images dont le format cinéma apporte une ampleur et un espace que n’avaient peut-être pas les séries précédentes. Et les aventures de l’USS Discovery semblent bien parties pour durer. Juste avant la diffusion de la troisième saison en octobre 2020, il fut annoncé la mise en chantier d’une quatrième saison. L’aventure ne fait que commencer… !

 

© Antoine Meunier

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MYSTÈRES DE L’OUEST (LES) (1965-1969)

Pour s’inscrire dans la 007 mania des sixties, Michael Garrisson crée un « James Bond à cheval » avec Robert Conrad et Ross Martin

THE WILD WILD WEST

 

1965/1969 – USA

 

Créée par Michael Garrisson

 

Avec Robert Conrad, Ross Martin, Michael Dunn, Richard Kiel, Ricardo Montalban Roy Engel, Charles Aidman, Boris Karloff, Martin Landau, Sammy Davies Jr, Ida Lupino, Burgess Meredith, Agnès Moorehead

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Avec quatre films au compteur en 1965, James Bond – sous les traits de Sean Connery – occupe la (presque) totalité des salles obscures du monde entier. La mode est aux agents secrets et la petite lucarne n’échappe pas non plus à la règle puisque nombre des principaux héros des séries télévisées de cette période sont des espions. C’est donc pile au milieu de cette décennie 60 que Les Mystères de l’Ouest s’invitent sur le petit écran. Créée par Michael Garrisson et présentée par ce dernier comme un « James Bond à cheval », la série met en scène les agents du Service Secret James West et Artemus Gordon, chargés notamment de protéger le président Ulysse S. Grant et les intérêts de l’Union. La première mission confiée à notre duo d’espions, toujours impeccablement habillé, est diffusée le 17 septembre 1965 sur les ondes du réseau CBS. Sur ordre du président Grant lui-même, Jim West se voit confier la tâche délicate de neutraliser au Nouveau-Mexique le dangereux terroriste Juan Manolo, campé par l’épatant Victor Buono, qui tente de s’emparer des territoires de l’Ouest américain. Si l’intrigue de ce pilote est assez classique, elle permet de présenter efficacement le duo d’espions. Jim West est l’homme d’action dandy, amateur de belles femmes, tandis qu’Artemus Gordon est son binôme, un fin stratège capable de se fondre dans la masse grâce à ses dons pour le déguisement. Tous deux disposent également de tous les moyens modernes que la technologie de la fin du XIXème siècle peut leur offrir pour remplir leurs missions télévisuelles (104 au total) durant les quatre années de diffusion de la série. L’objet le plus iconique est bien sur le train qui leur sert de quartier général. Avec James Bond, les gadgets sont à la mode, et Jim West dispose d’un arsenal dissimulé dans ses costumes. Les plus célèbres sont le petit colt Derringer, astucieusement caché sous la manche droite du Spencer de Robert Conrad, et le poignard à cran d’arrêt caché dans la semelle de sa botte.

Si l’action prend place dans l’Amérique post Guerre de Sécession, l’ensemble est un cocktail réussi de western, d’espionnage, de fantastique et de science-fiction. Pour cette dernière, il ne serait d’ailleurs pas inexact de dire que Les Mystères de l’Ouest s’inscrit pleinement dans le courant « Steampunk ». Durant leurs aventures, les deux héros rencontreront certes des Indiens (nous sommes au Far West) mais aussi tout un panel de méchants aussi exotiques que farfelus, et souvent créateurs d’inventions complètement anachroniques. Le plus emblématique de tous les vilains croisés par Jim West et son compagnon d’armes est incontestablement le machiavélique docteur Miguelito Loveless, incarné par Michael Dunn à dix reprises lors de la série. Celui-ci n’hésitera pas à concevoir un sosie de Jim West (« La Nuit de la ville sans voix », saison 1) ou encore un robot tueur mu par un piano mécanique dans « La Nuit de la revanche » (Saison 4, ultime apparition du docteur Loveless). De nombreux guests fameux honoreront la série de leur présence. Retenons notamment le grand Boris Karloff qui joue un maharajah (« La Nuit du cobra d’or, » saison 2) kidnappant James West pour qu’il enseigne à ses rejetons ses techniques de combat. Ce fut d’ailleurs le dernier rôle du vivant du célèbre interprète de la créature de Frankenstein. Citons également Ricardo Montalban qui apporte sa classe naturelle au colonel Noel Bartley Vautrain, officier en retraite gravement blessé et qui dispose d’un moyen lui permettant de voyager à travers le temps et donc de changer le cours de l’histoire, dans l’excellent « La Nuit hors du temps » (saison 2). Pour sa part, le chanteur Sammy Davies Jr incarne un médium capable de communiquer avec les animaux dans l’angoissant « La Nuit des revenants » (saison 2).

Une violence excessive ?

Série sans équivalent, à l’exception peut-être de Chapeau melon et bottes de cuir, Les Mystères de l’Ouest fera mondialement connaitre ses deux principaux interprètes. Un crossover entre les aventures de James West et John Steed aurait d’ailleurs été savoureux. Comme son homologue britannique, la création de Michael Garrisson est un incroyable théâtre de l’absurde. Particularité à souligner : le titre de chacun des épisodes commence par « La Nuit de… ». En cette fin des années 60, les audiences du show étaient excellentes. Alors que toute l’équipe se préparait pour une cinquième saison, la série fut brutalement retirée des grilles des programmes sur décision des responsables de la CBS à cause d’une violence qui, pour l’époque, était jugée comme excessive. Un constat qui aujourd’hui fait sourire face au niveau atteint dans un show comme Game of Thrones… ! Après 104 épisodes, dont les 28 premiers en noir et blanc, Robert Conrad et Ross Martin prennent donc leur retraite des services de renseignement américains. Mais ils réendossent leurs costumes dix ans plus tard dans le cadre de deux téléfilms, The Wild Wild West (1979) et More Wild Wild West (1980). Un troisième opus était même prévu mais il ne verra malheureusement jamais le jour, à cause du décès de Ross Martin des suites d’une crise cardiaque. Vingt ans plus tard, la série sera transposée sur le grand écran avec Will Smith et Kevin Kline dans les rôles principaux. Mais le long-métrage réalisé par Barry Levinson ne parviendra pas à se hisser au même niveau de qualité que celui de la série dont le succès ne s’est jamais démenti depuis sa toute première diffusion en 1965.

 

© Antoine Meunier

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SLOANE, AGENT SPÉCIAL (1979)

L’agent James West change d’époque mais conserve ses attributs d’espion pour ce show TV qui mêle l’action, l’humour et la science-fiction

A MAN CALLED SLOANE

 

1979 – USA

 

Créée par Cliff Gould

 

Avec Robert Conrad, Ji-Tu Combuka, Dan O’Herlihy, Michele Carey, Karen Purcill, Robert Culp, Eric Braeden, Roddy Mac-Dowall

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

En 1979, Robert Conrad échange son Corsair et ses galons de commandant de l’escadrille des Têtes brulées ainsi que sa tenue de trappeur de Colorado pour le blazer sombre et la chemise ouverte de l’agent secret amateur de belles femmes Thomas Sloane. Il s’agit d’un espion free-lance qui accomplit des missions ponctuelles pour le compte de l’agence gouvernementale américaine UNIT. Cette organisation fictive, dont le quartier général se trouve camouflé derrière la devanture d’un magasin de jouets à Los Angeles, combat KARTEL, une organisation criminelle qui souhaite dominer le monde. Dans ses missions, Thomas Sloane est secondé par Torque, incarné par l’acteur afro-américain Ji-Tu Combuka. Ce dernier est équipé d’une main droite métallique pourvue de divers gadgets. Quand ils doivent partir en opération, les deux hommes bénéficient du soutien logistique d’Effie, un ordinateur ultra perfectionné doué de raison et pourvu d’une sensuelle voix féminine (en VO l’actrice américaine Michele Carey, aperçue dans la plupart des grandes séries des années 60 et 70). Ils sont également soutenus dans leurs aventures par Kelly, équivalent féminin de « Q », et supervisés par le Directeur (l’acteur Dan O’Herlihy, nominé en 1954 pour l’Oscar du meilleur rôle masculin dans Robinson Crusoe et que l’on apercevra quelques années plus tard dans Robocop). Thomas Sloane est majoritairement confronté à des personnages peu recommandables que l’on peut classifier dans la catégorie des savants fous dont le noir dessein est, bien entendu, d’asservir l’humanité. Tout un programme !

L’ambition du méchant est la même d’un épisode à un autre, seul change le modus operandi. Dans « Collision Course », l’antagoniste de Sloane veut dévier la trajectoire d’une comète pour l’écraser sur Terre. Dans « La Potion Magique », un robot s’est retourné contre son créateur qui entendait asservir l’humanité. Créée par Cliff Gould, la série se compose d’une unique saison et d’un téléfilm pilote où le rôle principal est incarné par l’acteur Robert Logan. Celui-ci est rapidement remplacé par le producteur Fred Silverman, qui souhaite voir Robert Conrad à sa place. Dans ce même pilote, Torque est présenté comme un méchant. Avec le recul des années, Sloane, agent spécial apparait comme un (très) lointain cousin de Des Agents très spéciaux, qui connut un joli succès dans la seconde moitié des années soixante, avec Robert Vaughn et David MacCallum. Mais le côté décalé et absurde qui prévalait au cours des sixties ne s’accommode absolument pas avec la période disco qui bat alors son plein. Les producteurs, pour être dans le ton de l’époque, ont tenu à donner une touche bondienne à la série. Mais la mayonnaise ne prend clairement pas.

Parodie involontaire ?

Côté interprétation, si le talent de Robert Conrad n’est plus à démontrer depuis Les Mystères de l’Ouest, les situations qu’il rencontre dans Sloane relèvent finalement plus du loufoque que de l’action pure. Et l’acteur donne parfois l’impression de ne pas y croire lui-même. Les dialogues, de leur côté, donnent lieu à des échanges parfois surréalistes. « Vous ressemblez à un homme que j’ai tué », déclare ainsi la vedette en s’adressant à Eric Braeden (Victor Newman de la série Les Feux de l’amour) lors de leur toute première rencontre, ou encore Roddy McDowall à sa jeune assistante : « Je me demandais combien de temps votre désarmante naïveté allait persister », dans l’épisode « La Potion Magique ». L’inoubliable interprète de César dans La Planète des singes semble s’être ici réincarné en un clone de Jimmy Bond, le neveu idiot de 007 dans le Casino Royale de 1967, grâce au doublage de Gérard Hernandez. Idem pour Ji-Tu Combuka qui, dans le rôle de Torque, parait aujourd’hui un peu ridicule avec sa main métallique dont l’index peut notamment se transformer à loisir en laser ou en clé passe-partout. De Sloane, agent spécial, il reste aujourd’hui une musique particulièrement insupportable de Patrick Williams et douze missions télévisuelles (treize si l’on compte le pilote sans Conrad). Ce dernier retrouva ensuite le costume d’un autre espion qui fit sa gloire dix ans plus tôt : celui beaucoup plus classieux de James West, toujours en compagnie de Ross Martin, pour un second et ultime téléfilm des Mystères de l’Ouest après celui de 1978.

 

© Antoine Meunier

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AGENT CARTER (2015)

La bien-aimée de Captain America, que le super-héros quittait bien malgré lui après le film de Joe Johnston, a droit à sa propre série TV

AGENT CARTER

 

2015 / 2016 – USA

 

Créée par Christopher Markus et Stephen Mac-Feely

 

Avec Hayley Atwell, James d’Arcy, Dominic Cooper, Chad Michael Murray, Enver Gjokaj et Shea Whigham

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL

La fin de la Seconde guerre mondiale marque le début d’une nouvelle période importante de l’Histoire contemporaine : celle de la reconstruction de notre monde. S’il s’agit d’une reconstruction à la fois physique et économique, elle est également psychologique. La perte des disparus nécessite une guérison pour effacer ou atténuer les traumatismes subsistant encore chez les vivants. Et en ce début de l’année 1946, nous retrouvons ainsi Peggy Carter battant le pavé de New York. Toujours agent de la Section Scientifique de Réserve – la SSR, l’entité qui préfigure le futur SHIELD -, la jolie Peggy cherche à se consoler de la perte de l’amour de sa vie, Steve Rogers alias Captain America, qui a fait le sacrifice ultime en écrasant l’avion de Crane Rouge dans l’Atlantique Nord. En bute au machisme de ses collègues de la SSR, Peggy ronge son frein en accomplissant des tâches subalternes. Mais le destin remet sur sa route le milliardaire Howard Stark (sous les traits de Dominic Cooper) qui, injustement accusé de trahison au profit des soviétiques, lui demande d’enquêter secrètement afin de récupérer des inventions qui lui ont été dérobées. Aidée de Jarvis, le majordome de Stark, notre intrépide agent se trouve donc obligée de mener ses investigations en toute discrétion de ses collègues de la SSR. Voici donc, brièvement résumé, le point de départ de cette suite directe au film Captain America First Avenger dont quelques plans finaux sont d’ailleurs réutilisés pour lancer l’épisode pilote d’Agent Carter.

Si Agents of SHIELD démarrait sur les chapeaux de roue, la première saison de ce spin-off s’avère malheureusement bien poussive. Et ce n’est vraiment qu’à partir du cinquième épisode (sur huit que compte la première saison) que la série commence à nous tenir en haleine. L’intégration de personnages présents dans le premier Captain America (dont les Commandos Hurlants ou encore le docteur Arnim Zola) n’y est sans doute pas pour rien. Les créateurs d’Agents Of SHIELD avaient fait de même en réintroduisant les personnages de Lady Sif (Thor), de l’agent Hill et du directeur Fury (Avengers et Spider-Man). Doté de deux épisodes supplémentaires par rapport à la première, soit dix au total, la seconde saison d’Agent Carter impose quand même un rythme plus soutenu grâce à une intrigue s’étalant sur plusieurs épisodes en introduisant (entre autres) des éléments qui seront visibles dans Agent of SHIELD dont « l’Element Zéro » qui devient le « Gravitonium ».

Des questions en suspens

Côté casting, Hayley Atwell forme un duo avec James d’Arcy (Jarvis) qui évoque par moments celui formé en son temps par Patrick MacNee et Diana Rigg dans Chapeau melon et bottes de cuir. Mais si John Steed et Emma Peel s’opposaient de manière suggérée, l’agent Carter et Jarvis n’hésitent pas à s’opposer frontalement. Le second étant marié, la tension sexuelle est évacuée au profit d’un respect mutuel teinté avant tout de professionnalisme, la mission devant passer avant tout. Même si le cœur de Peggy commence à balancer pour l’agent Daniel Souza (incarné par Enver Gjokaj), Jarvis s’avérant un adjoint bienveillant avant tout, les relations entre les personnages restent cependant peu exploitées. N’ayant pas trouvé son public, Agent Carter, bien qu’utilisant les mêmes principes qu’Agent of SHIELD et malgré une fin ouverte, s’arrête après deux minuscules saisons de 18 épisodes, laissant encore inexploré tout un pan du MCU et dont notamment la genèse du SHIELD.

 

© Antoine Meunier



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