LES CICATRICES DE DRACULA (1970)

Dracula n'est plus qu'un figurant grimaçant dans cet opus qui accentue la violence et l'érotisme pour marquer l'entrée dans les seventies

SCARS OF DRACULA

1970 – GB

Réalisé par Roy Ward Baker

Avec Christopher Lee, Dennis Waterman, Jenny Hanley, Patrick Troughton, Michael Ripper, Michael Gwynn, Wendy Hamilton 

THEMA DRACULA I VAMPIRES I SAGA DRACULA DE LA HAMMER

L’excellent diptyque Dracula et les Femmes et Une Messe pour Dracula marquait la fin d’une ère. En entrant dans les années 70, le studio Hammer change de politique et s’efforce de s’adapter aux goûts des spectateurs. Le principe consiste alors à laisser les récits se reposer sur leurs acquis en accentuant leur caractère sanglant. C’est dans ce cadre rigide que le cinéaste Roy Ward Baker (auteur des Monstres de l’espace) signe Les Cicatrices de Dracula, probablement l’un des opus les plus faibles de la saga. Les films précédents essayaient tant bien que mal de trouver une explication, si étrange soit-elle, pour ressusciter le vampire après sa mort rituelle. Ici, l’auteur Anthony Hinds ne s’embarrasse pas de circonvolutions scénaristiques. Une chauve-souris en plastique surgit dans le château de Dracula et crache un peu de sang sur son tombeau. Deux volutes de fumigène et quelques fondus enchaînés plus tard, Christopher Lee apparaît, ouvre les yeux et contemple l’horizon d’un regard colérique, que l’on peut interpréter au choix comme une nouvelle menace à l’encontre de l’humanité, ou comme la lassitude extrême d’un comédien condamné à jouer les vampires quasi-muets au lieu de mieux exploiter son potentiel d’acteur.

Après la découverte d’une jeune fille vidée de son sang, le cou percé de deux orifices écarlates, les villageois partent à l’assaut du château, armés comme il se doit de fourches et de torches. Mais pendant que les hommes incendient les lieux, une chauve-souris vampire massacre les femmes, d’où cette vision macabre d’un amoncellement de cadavres ensanglantés jonchant le lieu saint. En se transportant dans le bourg de Kleinenberg, le film s’adjoint une pointe d’humour (avec les frasques du jeune Paul Carlson) et d’érotisme (la fille du bourgmestre qui se promène les fesses à l’air) pour ratisser large. Par un concours de circonstance vaudevillesque, Paul se retrouve dans le château de Dracula, accueilli par le comte lui-même, mais aussi par un serviteur patibulaire et une jeune femme au décolleté affriolant. Découvrant bien vite dans quel traquenard il est tombé, le jeune homme tente de s’évader, tandis que son frère Simon et son amie Sarah partent à sa recherche.

Grandguignolesque et anecdotique

A partir de là, le scénario n’offre plus rien de consistant, s’appuyant vaguement sur les mécanismes narratifs hérités de Bram Stoker et n’en finissant plus de répéter les mêmes péripéties. Les protagonistes font donc d’incessants allers-retours entre le château et la taverne du coin, quand ils n’arpentent pas les couloirs de l’antre de Dracula en se cherchant les uns les autres. Pour mieux s’accorder avec la violence du cinéma des années 70, Les Cicatrices de Dracula accumule les sévices : coups de poignards répétés, gros plans sur des visages déchiquetés, cadavre découpé à la machette et à la scie, marquage au fer rouge, cadavre empalé… L’aspect érotique n’est pas non plus négligé, quoique de manière moins démonstrative, la morsure du vampire suscitant des râles extatiques chez les victimes féminines. Mais le cocktail a un goût frelaté, et le dénouement grandguignolesque clôt absurdement cet épisode anecdotique.

 

© Gilles Penso

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UNE MESSE POUR DRACULA (1969)

Un épisode cynique et féroce qui relance la saga aux dents longues sous un angle inattendu

TASTE THE BLOOD OF DRACULA

1969 – GB

Réalisé par Peter Sasdy

Avec Christopher Lee, Gwen Watford, Linda Hayden, Ralph Bates, Geoffrey Keen, Peter Sallis, Anthony Higgins

THEMA DRACULA I VAMPIRES I SAGA DRACULA DE LA HAMMER

Suite directe de Dracula et les FemmesUne Messe pour Dracula prend le parti intéressant de s’ouvrir sur un prologue nous montrant le climax du film précédent sous un nouvel angle. Ainsi, nous découvrons qu’au moment précis où le comte vampire expire, empalé sur une croix métallique, un commerçant itinérant, égaré en pleine campagne, assiste à la scène. Ne perdant guère le Nord, il récupère le sang du vampire et son amulette, dans l’espoir de pouvoir les monnayer. Le récit se concentre alors sur trois hommes de la haute bourgeoisie, fréquentant consciencieusement l’église, imposant à leurs enfants une éducation stricte, et consacrant une soirée par mois à une œuvre de charité. En réalité, ce rendez-vous rituel n’est qu’un prétexte qui permet aux trois respectables aristocrates de plonger dans le stupre et la fornication, au beau milieu d’une maison close dont ils sont les clients les plus réguliers. Très tôt, Une Messe pour Dracula annonce ainsi un parti pris féroce et cynique. Il faut y voir un signe des temps (nous sommes en 1969, ère de la remise en cause des valeurs établies) mais aussi la patte du cinéaste anglais d’origine hongroise Peter Sasdy (futur réalisateur de Countess Dracula et La Fille de Jack l’Eventreur).

Avides de nouvelles expériences, les trois hommes se laissent convaincre par Lord Courtley, un jeune oisif superbement incarné par Ralph Bates (qui allait nous offrir d’inoubliables prestations dans Les Horreurs de Frankenstein et Docteur Jekyll et Sister Hyde). Celui-ci leur propose de célébrer une messe noire, en acquérant le sang et l’amulette de Dracula. Les quatre compères investissent donc une vieille cathédrale abandonnée, et Courtley mêle son sang à celui du vampire. Prenant peur, les aristocrates assassinent le jeune homme puis quittent les lieux précipitamment. Il est évidemment trop tard, et l’impressionnant Christopher Lee surgit enfin, la cape immense, le regard rouge et la canine acérée, jurant de se venger. Alors, redoublant de malicieuse ingéniosité, Dracula décide de punir les hommes par l’intermédiaire de leurs filles qu’il vampirise et hypnotise.

La soumission des victimes féminines

La soumission des féminines victimes à leur maître vampire articule ainsi la seconde moitié du récit, l’une des images les plus fortes en la matière étant celle de la jeune Alice (Linda Hayden), langoureusement allongée à plat ventre sur la tombe entrouverte de Dracula qui sommeille en attendant la nuit. Une Messe pour Dracula s’affirme donc comme une œuvre ouvertement subversive, bouleversant le manichéisme généralement établi en pareil contexte et donnant quasiment au comte vampire le rôle de révélateur. C’est en effet par lui que le vernis craque et que l’hypocrisie d’une société victorienne bien pensante est exposée au grand jour. Curieusement, le scénario abandonne son cynisme au moment du final pour basculer dans un premier degré déconcertant. Car Dracula, au beau milieu de la cathédrale, est soudain tétanisé par des chants religieux oniriques qui le conduisent à sa perte. Il s’écroule alors sur un autel et son corps tombe lentement en poussière… Une mort tout à fait provisoire, évidemment.

 

© Gilles Penso

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DRACULA ET LES FEMMES (1968)

Freddie Francis prend le relais de Terence Fisher et fait monter d'un cran l'érotisme inhérent au mythe vampirique

DRACULA HAS RISEN FROM THE GRAVE

1968 – GB

Réalisé par Freddie Francis

Avec Christopher Lee, Veronica Carlson, Michael Ripper, Rupert Davies, Barbara Ewing, Barry Andrews, Ewan Hooper

THEMA DRACULA I VAMPIRES I SAGA DRACULA DE LA HAMMER

Succéder à Terence Fisher, après les deux coups d’éclat que furent Le Cauchemar de Dracula et Dracula, Prince des Ténèbres, n’était pas une mission  facile. Freddie Francis, ancien chef opérateur reconverti à la mise en scène via des œuvres telles que L’Empreinte de Frankenstein, s’est pourtant acquitté de la tâche avec beaucoup de talent, et sans le moindre complexe. En fait, Fisher était logiquement prévu pour signer ce troisième épisode de la saga Dracula/Christopher Lee, mais un accident de voiture l’en rendit incapable. Cinéaste de substitution, Francis marque cette troisième aventure d’une réalisation nerveuse, comme le prouve cette scène d’introduction étonnante où le cadavre ensanglanté d’une jeune femme est découvert pendu dans la cloche d’une église. L’action nous transporte ensuite un an après les événements de Dracula, Prince des Ténèbres. Monseigneur Müller (Rupert Davies), un évêque qui n’a pas froid aux yeux, décide de revenir sur les lieux où sévit jadis le vampire pour vérifier que tout est en ordre. Malgré les avertissements des villageois, il gravit le chemin escarpé qui mène au château de Dracula, en compagnie du curé du village, et scelle la porte avec une grande croix métallique. Mais le curé prend peur, trébuche sur les rochers acérés, se blesse au front, et son sang vient couler sur la glace… à l’endroit précis où Dracula fut retenu prisonnier à la fin du film précédent, comme quoi le hasard fait tout de même bien les choses !

Le Comte aux dents longues fait du curé son esclave, et jure de se venger de l’évêque en le rejoignant dans la petite ville de Keinenberg. Nous retrouvons dès lors le schéma traditionnel mis en place par le roman de Bram Stoker, chaque personnage étant ici un reflet de ceux imaginés par l’écrivain. Ainsi, tandis que le curé possédé et l’évêque en croisade se substituent habilement à Renfield et Van Helsing (on note que ce dernier, pour la seconde fois consécutive après Dracula, Prince des Ténèbres, est remplacé par un homme d’église), le bel étudiant Paul (Barry Andrews) assume le rôle du héros Jonathan Harker, et « les femmes » du titre, autrement dit la vulgaire mais gironde Zena (Barbara Ewing) et la splendide Maria (Veronica Carlson, héroïne du Retour de Frankenstein), remplacent Lucy et Mina.

Plus bestial et inquiétant que jamais

Pour autant, Dracula et les Femmes n’est pas un remake du Cauchemar de Dracula, le scénario d’Anthony Hinds ménageant son lot de surprises et se parant d’un Christopher Lee plus bestial et inquiétant que jamais. L’érotisme vampirique avance d’ailleurs d’un cran, avec cette séquence mémorable où Maria se laisse séduire puis mordre par l’altier Dracula venu la visiter nuitamment dans sa chambre. En bon esthète, Freddie Francis se paie de très beaux décors de studio magnifiquement éclairés, en particulier les toits de la ville où déambule la belle pour retrouver nuitamment son bien-aimé et la sinistre cave de l’hôtel où repose la tombe de Dracula. Ce dernier finira cette aventure empalé sur une croix, celle-là même que l’évêque employa pour le contrecarrer au début du film, le tout aux accents d’une musique très emphatique de James Bernard dont les cuivres n’hésitent pas à en faire des tonnes pour inquiéter le spectateur.

 

© Gilles Penso

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LA MALÉDICTION DES PHARAONS (1959)

Peter Cushing et Christopher Lee tiennent le haut de l'affiche dans cette relecture en couleurs du classique du studio Universal

THE MUMMY

1959 – GB

Réalisé par Terence Fisher

Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Yvonne Furneaux, Eddie Byrne, Felix Aylmer, Raymond Huntley, George Pastell 

THEMA MOMIES

La Malédiction des Pharaons est un remake officieux de La Momie de Karl Freund, et si les noms et les dates ont été modifiés, l’intrigue des deux films reste profondément similaire. Nous sommes en Egypte en 1895, sur un site de fouilles archéologiques menées par l’éminent professeur Stephen Banning, son frère et son fils John (Peter Cushing, plus classe et distingué que jamais). Mettant à jour la tombe somptueuse de la grande prêtresse Ananka, ils sont mis en garde par un autochtone qui leur délivre un solennel avertissement : s’ils violent cette sépulture, une terrible malédiction s’abattra sur eux. Evidemment, il en faut plus pour dissuader les fiers archéologues britanniques, rompus à ce genre de menace. Banning pénètre donc les lieux, mais bientôt son hurlement retentit dans la vallée toute entière, et on le retrouve à moitié fou sur le tombeau d’Ananka. Trois ans plus tard, il sort d’une longue léthargie dans l’institution psychiatrique où il est interné, pour annoncer à son fils que la menace dont ils ont fait l’objet est réelle. D’après lui, une momie vivante va venir les agresser. Bien sûr, personne ne croit à cette histoire abracadabrante.

Parallèlement, l’Égyptien adorateur des anciens dieux qui avait proféré la menace a fait rapatrier en Angleterre une « relique » mystérieuse. Les deux cochers chargés de transporter le précieux colis, plus ivrognes l’un que l’autre, font trébucher leur carriole sur les rochers d’une route sauvage, et la caisse atterrit au fond d’un marécage. Peu perturbé, le commanditaire chasse les intrus, lit le « rouleau de la vie », et aussitôt une gigantesque momie émerge des marais nocturnes et embrumés. Cette séquence, magnifique, surréaliste et effrayante, est l’un des moments forts du film. Comme il l’avait fait dans Frankenstein s’est échappé, Christopher Lee reprend l’un des personnages mythiques incarnés par Boris Karloff, prêtant sa haute stature et son regard perçant à cette momie très impressionnante bénéficiant de surcroît d’un maquillage fort réussi, ce qui n’est pourtant pas habituellement le point le plus fort des productions Hammer.

L'éveil de la momie

Le cadavre en bandelettes va donc s’employer de tuer tous ceux qui ont profané la tombe d’Ananka. Un flash-back luxueux (riche en costumes d’époque, en décors somptueux et en figurants) nous révèle en effet qu’avant d’être une momie, Kharis (c’est son nom) était un prêtre amoureux d’Ananka, et c’est en s’efforçant de la ressusciter qu’il fut condamné à la damnation éternelle. Alors qu’il s’apprête à occire John Banning, Kharis est interpellé par la beauté de son épouse (Yvonne Furneaux, magnifique et dont le rôle eut mérité d’être plus étoffé), qui lui rappelle trait pour trait sa bien-aimée. Comme toujours chez la Hammer, le casting est impeccable, ce qui nous vaut une savoureuse confrontation verbale entre Banning et l’adorateur d’Ananka. Chacun se provoque, la tension est croissante, mais le dialogue demeure courtois et la menace n’en est que plus insidieuse. La Malédiction des Pharaons ne trahit donc jamais son illustre modèle, s’en distinguant même par un rythme plus nerveux et une construction scénaristique plus élaborée.

 

© Gilles Penso

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POLTERGEIST (2015)

Un remake du classique de Tobe Hooper et Steven Spielberg qui pâlit fatalement de la comparaison avec son modèle

POLTERGEIST

2015 – USA

Réalisé par Gil Kenan

Avec Sam Rockwell, Rosemarie DeWitt, Jared Harris, Jane Adams, Saxon Sharbino, Kyle Catlett, Kennedi Clements 

THEMA FANTÔMES I SAGA POLTERGEIST

Après avoir produit des remakes de The Grudge et de son propre Evil Dead, Sam Raimi a choisi de s’attaquer au monumental Poltergeist et d’en confier la relecture à Gil Kenan, réalisateur de Monster House et La Cité de l’Ombre. Mais comment décemment emboîter le pas de deux géants tels que Tobe Hooper et Steven Spielberg ? Le doute était permis. Pourtant, ce nouveau Poltergeist démarre plutôt bien. Au cours du générique, un visage monstrueux et squelettique  émerge de l’écran empli de parasites. Serions-nous déjà en présence des esprits frappeurs ? Non. Il s’agit d’un faux départ. Un zoom arrière nous révèle en effet une tablette sur laquelle un jeune garçon s’immerge dans un jeu vidéo empli de monstres à abattre. Le gag est cocasse, d’autant que l’enfant, blasé par les horreurs virtuelles qui s’animent sous ses yeux, se révèlera plus tard dans le film bien plus impressionnable face aux terreurs « à l’ancienne » : le clown, l’orage, les amis imaginaires de sa petite sœur ou l’arbre colossal.

Pour marquer une rupture avec son modèle, le Poltergeist de Gil Kenan s’inscrit pleinement dans son époque, d’un point de vue technologique mais aussi social. En 1982, l’emménagement d’une famille de la middle class dans un quartier résidentiel était synonyme d’ascension et d’épanouissement. Mais en 2015, la donne a changé. La famille Bowen s’établit ici en zone pavillonnaire par dépit, suite à la perte de l’emploi du père incarné par Sam Rockwell. Quand les premiers phénomènes étranges surviennent au sein de ce cercle familial à l’équilibre fragile, la mise en scène de Gil Kenan sait jouer la carte de la subtilité. Hélas, tout bascule au moment du déchainement des forces surnaturelles dans la maison hantée. Soudain, la subtilité n’est plus de mise et l’envie d’en mettre plein la vue aux spectateurs prend le pas sur toute ambition artistique. Le film n’est alors plus qu’une imitation servile de son modèle, dont il essaie maladroitement de reprendre les scènes les plus célèbres en les surchargeant d’effets numériques souvent grossiers. La peur naissant souvent de la suggestion et de l’incompréhension, Kenan fait ici fausse route en cherchant à tout montrer et tout expliquer. Un chuchotement dans les ténèbres est pourtant tellement plus inquiétant qu’une horde de morts-vivants en image de synthèse !

Une subversion politiquement correcte

Même les petits écarts subversifs du premier Poltergeist (les parents s’autorisant l’allumage d’un joint après avoir couché leurs enfants) ont été sérieusement revus à la baisse. L’herbe a été remplacée par du whisky, que notre héros va plus tard s’empresser de vider dans l’évier pour sacrifier au sacro-saint politiquement correct. Et que dire de ce médium de télé-réalité à l’emphase caricaturale qui joue les exorcistes sans une once de crédibilité ? Plus le film avance, plus l’étendue du ratage s’accroît. Comme en outre le compositeur Marc Streintenfeld se contente d’apposer des déflagrations sonores sur chaque effet choc, alors que Jerry Goldsmith avait jadis su nous inquiéter avec une envoûtante mélopée chantée par des chœurs d’enfants, on réalise que ce Poltergeist n’a finalement qu’un seul véritable intérêt : nous donner furieusement envie de revoir l’original, le seul, le vrai !

 

© Gilles Penso

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JURASSIC WORLD (2015)

22 ans après Jurassic Park, la franchise créée par Steven Spielberg redémarre en allant au bout du concept initial : un parc d'attractions empli de dinosaures

JURASSIC PARK

2015 – USA

Réalisé par Colin Trevorrow

Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Nick Robinson, Ty Simpkins, Irfan Khan, Vincent d’Onofrio, Omar Sy 

THEMA DINOSAURESSAGA JURASSIC PARK

Malgré leurs morceaux de bravoure, les deux séquelles de Jurassic Park n’arrivaient guère à la cheville de leur illustre modèle. La franchise s’interrompit donc en 2001, faute d’idées neuves et d’engouement du public. Pourquoi la ressusciter quatorze ans plus tard ? Et comment le réalisateur Colin Trevorrow, signataire d’un film indépendant primé à Sundance, allait-il pouvoir prendre à bras le corps un projet aussi pharaonique ? Les premières images du film dissipent nos doutes en quelques secondes, le temps d’une allusion au premier film (l’éclosion d’œufs de raptors), d’un hommage aux pionniers Willis O’Brien et Ray Harryhausen (les images du film Le Monde des Animaux) et d’un gag visuel surprenant (la patte griffue d’un T-rex mais qui s’avère en réalité être celle d’un petit oiseau). Au-delà de son jeu sur les faux semblants, cette facétie visuelle nous ramène aux écrits de Michael Crichton, qui rapprochait la morphologie des oiseaux de celle des dinosaures.

A bien y réfléchir, Jurassic World serait même presque plus proche que Jurassic Park de l’univers de Crichton, reprenant fidèlement le schéma narratif de son film Mondwest : un parc d’attractions futuriste propose une immersion dans le passé à des foules de visiteurs enthousiastes, jusqu’à ce qu’une faille dans le système ne provoque une catastrophe. Dans le film, il est établi que les dinosaures ont été ressuscités depuis deux décennies et n’étonnent plus personne. Un tyrannosaure dévorant une chèvre ou de titanesques sauropodes arpentant les plaines sont désormais des spectacles banals auxquels les teenagers prêtent à peine attention. D’où l’idée de créer une nouvelle espèce de dinosaure mutante susceptible d’attirer à nouveau les foules. Le film nous propose du coup une mise en abîme vertigineuse qui prend sa source dans le premier Jurassic Park. A l’époque, personne n’avait encore jamais vu d’images de synthèses aussi réalistes. Mais 22 ans plus tard, les tours de magie des créateurs d’effets spéciaux ne surprennent plus. C’est exactement ce que raconte Jurassic World, utilisant la résurrection des dinosaures comme métaphore idéale de la révolution numérique.

Les dinosaures n'étonnent plus personne

En adéquation avec son propos, Colin Trevorrow ne cherche jamais à nous en mettre plein la vue. Ses dinosaures sont bien sûr extrêmement impressionnants, mais au lieu de faire jaillir des centaines de créatures aux quatre coins de l’écran, Jurassic World ménage ses effets pour mieux nous surprendre. De fait, le fameux Indominus Rex mutant ne nous est exposé que progressivement, son comportement nous effrayant beaucoup plus que sa simple morphologie. Ce parti pris n’empêche pas la profusion de séquences d’action extrêmement spectaculaires, notamment une battue nocturne qui vire au bain de sang ou une attaque massive de ptérosaures qui fondent sur la foule avec une frénésie destructrice rappelant irrésistiblement Les Oiseaux. Cette volonté permanente de retour aux sources se manifeste aussi par l’utilisation des codes du cinéma de divertissement à l’ancienne. Les deux jeunes héros ressemblent aux enfants des productions Amblin des années 80 et les relations conflictuelles du couple incarné par Chris Pratt et Bryce Dallas Howard évoquent les chamailleries d’Harrison Ford et Kate Capshaw dans Indiana Jones et le Temple Maudit, elles-mêmes héritées du cinéma d’aventure hollywoodien des années 50. Jurassic World est donc un divertissement de très grande qualité, doublé d’un hommage énamouré au premier Jurassic Park et d’une réflexion passionnante sur l’évolution des goûts du public. Voilà de quoi redémarrer sur d’excellentes bases la saga jurassique initiée jadis par Michael Crichton et Steven Spielberg.

 

© Gilles Penso

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LES MILLE ET UNE NUITS (1961)

Un casting surprenant s'anime dans cette version caricaturale des aventures d'Aladin et de sa lampe magique

LA MERAVIGLIE DI ALADINO

1961 – ITALIE / FRANCE / BELGIQUE

Réalisé par Mario Bava et Henry Levin

Avec Donald O’Connor, Vittorio de Sica, Mario Girotti, Noelle Adam, Aldo Fabrizzi, Michèle Mercier, Milton Reid, Terence Hill

THEMA MILLE ET UNE NUITS

Dans cette version caricaturale des aventures d’Aladin et la lampe magique, Donald O’Connor incarne sans finesse un garçon turbulent qui vit avec sa mère, chapardant ce qui passe à sa portée avec bonhomie et bonne humeur. Pour éviter qu’il ne se blesse le soir lors de ses nombreuses escapades sur les toits de la ville, sa mère lui offre un jour une petite lampe qu’elle déniche chez un vendeur du marché. Elle ignore évidemment que cet accessoire bon marché renferme un génie extrêmement puissant. Celui-ci surgit par hasard, alors qu’Aladin est dans le pétrin, et lui permet d’échapper à ses assaillants en pleine rue, se ralliant la cause du massif Omar qui devient dès lors son serviteur. Rêvant d’assister au mariage princier qui va se tenir à Basora, Aladin ne se doute pas qu’il s’apprête à déjouer une tentative d’assassinat fomentée par le sinistre vizir (Fausto Tozzi)… 

L’un des attraits de ces Mille et Une Nuits est son casting surprenant, au détour duquel Michèle Mercier incarne la princesse, Terence Hill le prince, Raymond Bussières le magicien du vizir, Vittorio de Sica le génie et Milton Reid l’impressionnant Omar. Mais cette curieuse distribution internationale ne suffit pas à sauver complètement les meubles (surtout pour les férus de contes arabes qui on eu la joie, trois ans plus tôt, de découvrir Le 7ème Voyage de Sinbad). Il est bien difficile de reconnaître la patte du réalisateur Mario Bava (qui co-signe le film avec Henry Levin) dans cette pantalonnade en pantalons bouffants. Donald O’Connor gesticule maladroitement, les gags semblent conçus pour un tout jeune public et le fantastique, discret, se cantonne aux apparitions du génie en surimpression et à quelques-uns de ses prodiges : la transformation d’Aladin en géant pour faire fuir ses ennemis, la disparition subite du héros hors de la chambre à coucher de la reine des Amazones et son échappée finale avec la belle Djalma (Noëlle Adam) sur un tapis volant approximativement incrusté dans les cieux. 

Les effets de style de Mario Bava

La séquence des Amazones paie d’ailleurs visiblement son tribut au péplum, très influent en Italie au début des années 60. Car ces « guerrières » improbables en jupette semblent s’être échappées de la mythologie grecque revue et corrigée façon Cinecitta. Le réalisateur du Masque du Démon semble tout de même pouvoir faire émerger son style personnel au gré de quelques séquences sises dans le palais du vizir. Là, d’inquiétants mannequins humains plus ou moins achevés ornent le laboratoire d’un magicien et le méchant lui-même s’apprête à torturer avec de l’acide sa captive suspendue à moitié nue dans un antre souterrain qui évoque plusieurs perles du cinéma d’horreur italien des années 60. Quelques moments d’horreur furtifs émaillent d’ailleurs bizarrement ce métrage par ailleurs très inoffensif, notamment lorsqu’un sbire maladroit est jeté à des lions qui le déchiquètent sauvagement. L’érotisme aussi se permet quelques percées suggestives, lorsque la nudité de Djalma devient furtivement intégrale. La même année, la société de production Lux continua dans la voie du conte des mille et une nuits « péplumisé » avec un sympathique Voleur de Bagdad mettant en vedette Steve Reeves.

 

© Gilles Penso

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HOWARD : UNE NOUVELLE RACE DE HEROS (1986)

Une adaptation impensable d'un comics Marvel, considérée comme un terrible nanar par les uns ou comme une œuvre culte par les autres…

HOWARD THE DUCK

1986 – USA

Réalisé par Willard Huyck

Avec Lea Thompson, Jeffrey Jones, Tim Robins, Ed Gale, Chip Zien, Paul Guilfoyle, Liz Sagal, Dominique Davalos

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA MARVEL

Dès ses premières secondes, Howard cultive un étrange sens du décalage. La musique envoûtante de John Barry, jazzy et lyrique, véhicule ou doux parfum de nostalgie, et l’on se demande assez rapidement si elle n’a pas été écrite pour un autre projet que celui-ci. Car lorsqu’on découvre le héros du film, un canard extra-terrestre (entendez un comédien nain costumé) dont la planète est une espèce de pastiche bizarre de la Terre (les posters, les magazines et la culture en général sont des variantes de la nôtre, si ce n’est que les humains y sont remplacés par des palmipèdes), on saisit mal l’adéquation entre cet univers parodique et la mélodie nostalgique du génial compositeur des James Bond. 

Produit par George Lucas, en quête de nouvelles franchises, et réalisé par Willard Huyck, co-scénariste d’Indiana Jones et le Temple MauditHoward adapte le comic book créé par Steve Gerber pour Marvel Comics. Notre canard y est propulsé par une force irrésistible, qui le déplace depuis son salon jusqu’à Cleveland sur Terre. Là, il rencontre la rockeuse Beverly (Lea Thompson) et le professeur Jenning (Jeffrey Jones) qui va tout tenter pour l’aider à rentrer chez lui. Mais le rayon laser que ce dernier utilise touche la planète des monstres noirs. L’un de ces démons s’incarne alors dans le corps du professeur qui enlève Beverly et prépare l’arrivée de ses semblables… Les recettes que Howard s’efforce d’appliquer sont assez évidentes. La présence de Lea Thompson, le choix de protagonistes adolescents, le traitement de la science-fiction sous l’angle de la comédie, tous ces ingrédients semblent provenir de Retour vers le Futur dont Willard Huyck et George Lucas tentent maladroitement de retrouver l’alchimie. 

Coup dur pour George Lucas

Mais il eut fallu que les auteurs du film sachent plus précisément ce qu’ils avaient envie de raconter et surtout quel ton adopter. Car il devient vite évident que le film échappe à ses créateurs pour se muer en patchwork bizarre soumis à des choix artistiques et techniques qui laissent perplexe. Les effets spéciaux en sont un bon exemple. A côté du costume animatronique grotesque que portent à tour de rôle les huit interprètes du canard, le film recours aux splendides effets en stop-motion de Phil Tippett pour visualiser le professeur Jenning au stade final de sa transformation. Le démon est si réussi, si effrayant et si spectaculaire (« J’ai imaginé une chose que je n’aurais pas aimée avoir dans l’estomac, une sorte de cancer qui aurait atteint son stade terminal » (1) explique Tippett) qu’il n’a rien à faire dans un tel film, nouvelle démonstration du décalage permanent qui définit Howard et le mue finalement en objet fascinant. Avec un budget de 37 millions de dollars et des bénéfices de 16 millions, autant dire que le flop fut retentissant. George Lucas n’en ressortit pas indemne, dans la mesure où il comptait beaucoup sur les recettes du film pour renflouer ses caisses après l’achat exorbitant du Skywalker Ranch (50 millions de dollars). Pour rentrer dans ses frais, le père de Star Wars vendit donc à bas prix le département effets numériques d’ILM à son ami Steve Jobs. C’est ainsi que naquit le studio d’animation Pixar.

 

(1) Propos Recueillis par votre serviteur en avril 1998

 

© Gilles Penso

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PIRANHAS (1978)

Avec la bénédiction de son producteur Roger Corman, Joe Dante surfe sur le succès des Dents de la Mer en dirigeant un banc de poissons particulièrement voraces

PIRANHA

1978 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Bradford Dillman, Heather Menzies, Barbara Steele, Paul Bartel, Dick Miller, Kevin McCarthy, Keenan Wynn, Bruce Gordon

THEMA MONSTRES MARINS I SAGA PIRANHA

Toujours à l’affût des grands succès du moment, Roger Corman ne pouvait décemment passer à côté du raz de marée des Dents de la Mer au box-office. En quête d’un réalisateur capable de surfer sur la vague, il pensa à Joe Dante, qui travaillait pour lui depuis 1974 comme monteur de bandes annonces et avait fait ses débuts de metteur en scène aux côtés d’Allan Arkush à l’occasion de Hollywood Boulevard. Capable de faire des miracles avec des moyens réduits, Dante semblait l’homme de la situation. Corman décida tout de même de limiter la casse en ne lui allouant que trente jours de tournage et une enveloppe de 650 000 dollars. Articulé autour d’un scénario de John Sayles, Piranhas remplace le grand requin blanc de Spielberg par une race de poissons mutants capables de se reproduire et de survivre hors de leur milieu naturel, fruits de recherches entreprises à la demande du gouvernement. Carnassiers et particulièrement voraces, les piranhas sont libérés par inadvertance et remontent le courant, laissant augurer un beau massacre. 

Dès ce premier long-métrage en solo, Dante parvient à affirmer un style très personnel. On y trouve un cynisme désenchanté, une salve impitoyable contre les grandes institutions, de nombreuses références cinématographiques, un humour à froid et quelques guest stars héritées des œuvres fantastiques qui bercèrent l’enfance du cinéaste. Parmi celles-ci, la grande Barbara Steele (sorcière inoubliable du Masque du Démon de Mario Bava) incarne le glacial docteur Mengers à l’origine de la mutation des poissons, tandis que Kevin McCarthy (héros de L’Invasion des Profanateurs de Sépulture qu’on retrouvera dans la majorité des futurs films de Dante) joue le docteur Hoak.

Un monstre géant finalement abandonné

La bande originale fut confiée à Pino Donaggio, alors alter ego musical de Brian de Palma, et les effets spéciaux à deux débutants débordant de talent : Rob Bottin et Phil Tippett. Avec un budget rachitique de 50 000 dollars, Bottin conçut des attaques de piranhas extrêmement efficaces (ce sont généralement des maquettes accrochées à des grandes perches) et des blessures assez sanglantes. Tippett, de son côté, anima en stop-motion une petite créature bipède mutante en hommage direct aux travaux de Ray Harryhausen. « Nous avions prévu de montrer une version géante de cette créature plus tard dans l’histoire, à l’occasion d’une grande scène de poursuite finale », raconte Dante. « Mais les moyens nous manquaient pour concrétiser cette idée. » (1) En l’état, Piranhas est un petit bijou, et si Corman regretta de ne pouvoir sortir le film avant Les Dents de la mer 2ème partie, il se frotta les mains en constatant qu’il tenait là le film le plus rentable jamais produit par sa compagnie New World Pictures. Face aux nombreuses similitudes entre Piranhas et Les Dents de la mer, les cadres de chez Universal envisagèrent un temps d’intenter un procès à Corman, mais Steven Spielberg lui-même, séduit par cette variante irrévérencieuse de son grand succès aquatique, les en dissuada. De fait, Dante et Spielberg collaborèrent avec succès quelques années plus tard à l’occasion du génial Gremlins

(1) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 2011.

 

© Gilles Penso

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28 SEMAINES PLUS TARD (2007)

Une séquelle très efficace du shocker de Danny Boyle, dans laquelle les zombies/infectés servent de métaphore à la destruction d'une cellule familiale

28 WEEKS LATER

2007 – GB

Réalisé par Juan Carlos Fresnadillo

Avec Robert Carlyle, Rose Byrne, Jeremy Renner, Catherine McCormack, Mackintosh Muggleton, Imogen Poots

THEMA ZOMBIES I SAGA 28 JOURS PLUS TARD

Difficile de succéder à 28 Jours plus Tard, qui redéfinissait les codes du film de zombies avec une indéniable originalité. D’autant qu’entre-temps, les variantes n’ont cessé de fleurir sur les écrans. Comment, dans ce cas, capitaliser sur le succès du film de Danny Boyle tout en préservant la fraîcheur du concept initial ? En dénichant un auteur/réalisateur hors du serail hollywoodien, doté d’un sens visuel hors norme. En jetant leur dévolu sur Juan Carlos Fesnadillo, à qui nous devons l’excellent Intacto, Boyle et son co-producteur Andrew Mac Donald ont eu la main heureuse. L’idée semblait d’autant plus judicieuse que les réalisateurs hispaniques n’en finissaient plus, à l’époque, de redynamiser les grands mythes du cinéma fantastique en leur insufflant une vibration toute personnelle, comme le prouvaient les bouleversants FragileLes Fils de l’Homme ou Le Labyrinthe de Pan

Dans cette mouvance, Fesnadillo succède au réalisateur de Trainspotting  en livrant une séquelle au moins aussi époustouflante que son prestigieux modèle. Six mois après que le terrible virus ait transformé la quasi-totalité de la population britannique en monstres sanguinaires, les forces américaines d’occupation déclarent que l’infection est éradiquée et que la reconstruction du pays est en route. Survivant des terribles événements, Don (Robert Carlyle) est rongé par la culpabilité depuis la mort de son épouse. Lorsqu’il retrouve ses enfants à Londres, il tente de reconstituer son noyau familial. Mais la situation s’apprête à empirer…  « Le scénario n’a cessé d’évoluer, et nous n’avons abouti à la version définitive qu’au bout d’un an de labeur », nous raconte Fesnadillo. « L’une des difficultés était de mettre en place un contexte qui ne dépayse pas les fans du premier film tout en développant des éléments entièrement nouveaux » (1).

Dans la mouvance de George Romero

A plus d’un titre, le diptyque 28 Jours/28 Semaines se rattache à la saga des morts-vivants de George Romero. Ici aussi, le monde bascule dans le chaos, l’armée et les scientifiques n’adoptent pas les mêmes méthodes mais s’avèrent incapables de lutter intelligemment contre la menace croissante, et les monstres semblent être les seuls vainqueurs possibles d’une telle guerre. Autre rapprochement : si la situation décrite dans chaque film est la même, les protagonistes diffèrent, nous offrant des points de vues variés et des histoires distinctes. Malgré ces évidentes filiations, Boyle et Fesnadillo rejettent sans appel le terme « zombie », bien peu approprié selon eux au fléau qu’ils décrivent. « Ici, nous parlons de gens qui sont encore en vie », explique Fesnadillo. « Ils sont contaminés par un virus qui les transforme en bêtes enragées. La rage est un sentiment vivant. Ce n’est pas un sentiment lié à la mort. Du coup, nos contaminés sont pleins d’énergie, ils sont rapides, agressifs… Rien à voir avec des morts-vivants » (2). A mi-chemin entre la film d’horreur, la satire politique, le film d’action, le drame familial et le film catastrophe, 28 Semaines plus tard est une œuvre d’exception, laissant une impression durable longtemps après sa projection, et ouvrant grand la porte vers un éventuel troisième épisode. 

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2007

 

© Gilles Penso

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