BLOOD FEAST (1963)

En portant à l'écran les excès sanglants du Grand-Guignol, Herschell Gordon Lewis réalise le premier film gore de l'histoire du cinéma

BLOOD FEAST

1963 – USA

Réalisé par Herschell Gordon Lewis

Avec William Kerwin, Mal Arnold, Connie Mason, Lyn Bolton, Scott H. Hall, Toni Calvert, Ashlyn Martin

THEMA TUEURS

En réalisant Blood Feast, Herschell Gordon Lewis ne se rendait sans doute pas compte du tournant qu’il faisait prendre au cinéma d’horreur. Spécialisé jusqu’alors dans les « nudies », des petits films érotiques concoctés avec la complicité du producteur David Friedman, il eut l’idée de reprendre à son compte les débordements sanglants du Grand-Guignol. Née en 1897 sur la scène parisienne d’une salle de spectacle qui lui donna son nom, cette forme théâtrale pour le moins singulière consistait à offrir aux spectateurs en mal d’émotions fortes des pièces vaudevillesques dans lesquelles l’horreur outrancière remplaçait la comédie de boulevard. 

Le Grand-Guignol eut son heure de gloire, mais l’intérêt du public s’émoussa quelque peu au bout de six décennies, et la toute dernière représentation eut lieu en 1962. Le génie d’H.G. Lewis fut donc de reprendre le flambeau, en quelque sorte, et de transposer les folies sanglantes théâtrales sur un écran de cinéma. Avec un script signé Allison Louise Downe, ex-membre de la police, et moins de dix jours pour boucler son tournage, Lewis situe son film à Miami et raconte l’histoire de Fuad Ramsès, un traiteur égyptien aux fortes tendances psychopathes. Engagé par une famille américaine pour assurer le repas d’anniversaire de Suzette, leur fille de vingt ans, il obtient ses ingrédients en assassinant ou mutilant de nombreuses jeunes femmes. Ces sanglantes exactions lui permettent de célébrer le culte de la déesse Ishtar, qu’il entend bien ramener à la vie. Il arrache ainsi une langue, un cerveau, une jambe… Un policier sauve à temps Suzette, destinée à une cérémonie religieuse, et Fuad finira ses jours broyé dans une benne à ordures. 

Meurtres mystico-religieux en série

Maladroite, jouée par des amateurs, filmée et éclairée sans soins, structurée autour d’un scénario filiforme, Blood Feast est malgré tout exemplaire à un titre : il s’agit officiellement du premier film gore de tous les temps. Effectivement, l’horreur sanguinolente y bat son plein, rythmant méthodiquement l’intrigue : une femme se fait arracher la jambe dans son bain, une autre est décervelée sous les yeux de son fiancé, une troisième a la langue extirpée, une dernière est fouettée jusqu’au sang puis massacrée sur une table… L’énormité des meurtres, et surtout leur prétexte mystico-religieux, désamorcent toute épouvante au profit d’une répulsion instinctive basique… et de nombreux fous rires dans la mesure où il est impossible de prendre cette intrigue au premier degré. Lewis, passant outre son budget anémique, réalise des effets spéciaux astucieux à base de mannequins en plastique et de viande fournie par la boucherie du coin, le tout étant noyé dans des mares vermillon de sang synthétique. Le pire de tous les comédiens est probablement Thomas Wood, dans le rôle d’un policier balourd – que le scénario tente de nous faire passer pour la perspicacité personnifiée. Il met un temps fou à recouper des éléments aux rapports pourtant évidents : les meurtres rituels, les sacrifices d’Ishtar, Fuad Ramses… Et lorsqu’il a fait enfin le lien, il explique longuement le processus de ses déductions à son patron, au cas où quelques spectateurs très distraits n’auraient pas suivi.

 

© Gilles Penso

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LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES (2003)

Sean Connery dirige une équipe de monstres et de personnages aux capacités hors du commun pour partir combattre le mal

THE LEAGUE OF EXTRAORDINARY GENTLEMEN

2003 – USA

Réalisé par Stephen Norrington

Avec Sean Connery, Naseeruddin Shah, Peta Wilson, Tony Curran, Stuart Townsend, Shane West, Jason Flemyng

THEMA HOMMES INVISIBLES I VAMPIRES I JEKYLL ET HYDE

Librement adapté d’une BD inventive d’Alan Moore et Kevin O’Neill, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires prend pour héros quelques-unes des figures les plus célèbres de la littérature fantastique et épique. On y retrouve ainsi pêle-mêle des personnages imaginés par H. Rider Haggard (Alan Quatermain), Bram Stoker (Mina Harker), Jules Verne (le capitaine Némo), H.G. Wells (l’homme invisible), Oscar Wilde (Dorian Gray), Mark Twain (Tom Sawyer) et Robert Louis Stevenson (Jekyll et Hyde), avec en prime des allusions à Edgar Poe et Conan Doyle. Un tel concept ne pouvait qu’exciter la curiosité, et la première demi-heure du film s’avère plutôt gratifiante. On y apprend qu’en cette fin de 19ème siècle, un maléfique individu surnommé « Le Fantôme » utilise des armes révolutionnaires pour provoquer une guerre mondiale. Le gouvernement britannique déniche Quatermain au fin fond de l’Afrique pour qu’il unisse une équipe d’agents spéciaux hors du commun.

Étant donné que l’aventurier sur le retour est incarné par Sean Connery et que son contact se fait appeler « M », James Bond vient naturellement s’ajouter à la liste des influences de ce film patchwork. Quatermain va donc s’allier la technologie très avant-gardiste du capitaine Némo, l’invisibilité du scientifique Skinner, les pouvoirs redoutables de Mina Harker, l’indestructibilité de Dorian Gray et l’habileté du jeune Tom Sawyer, un personnage dénué de super-pouvoirs que les scénaristes ont cru bon d’ajouter un peu artificiellement à l’équipe, et dont le film aurait facilement pu se passer. Un dernier membre manque à cette incroyable ligue : le redoutable Mister Hyde, qui sème la panique dans les rues de Paris. A contre-courant des visualisations habituelles de l’alter ego de Jekyll, Hyde est ici un colosse de trois mètres de haut, au torse exagérément musclé, aux bras longs comme ceux d’un gorille, et à la mâchoire bestiale délivrant force grognements. A vrai dire, nous sommes plus proches ici de Hulk que de Stevenson, ce que confirment les spectaculaires séquences de transformation du savant en monstre.

Trop excessif pour convaincre

Hélas, passée la fort prometteuse introduction, le film vire un peu au n’importe quoi, accumulant des séquences d’action et des effets spéciaux tellement énormes qu’ils en deviennent absurdes. Témoin ce Nautilus en 3D, dix fois trop grand et exagérément effilé, qui évolue sans souci sur les bords de la Tamise, sur les quais de Paris et dans les canaux de Venise, sans parler de la destruction de la mythique cité italienne qui n’en finit plus de s’écrouler comme un château de cartes, ou encore de ce climax qui multiplie les explosions à loisir. Visiblement, Stephen Norrington n’a pas su trouver la limite entre l’exubérance de l’univers d’une BD et le manque de crédibilité le plus total, fut-ce en pareil contexte. L’aventure se clôt par un homérique combat opposant Hyde à un monstre trois fois plus colossal que lui, fruit de l’absorption par le bras droit du Fantôme d’un trop-plein de potion créée par Jekyll. Le savant/monstre est d’ailleurs le plus intéressant des membres de la ligue, grâce à la complexité de sa personnalité en perpétuel équilibre instable.

 

© Gilles Penso 

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L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU (1996)

Une production cauchemardesque qui aura accouché d'un film malade avec des acteurs en totale roue libre

THE ISLAND OF DR MOREAU

1996 – USA

Réalisé par John Frankenheimer

Avec Marlon Brando, David Thewlis, Val Kilmer, Fairuza Balk, Ron Perlman, Mark Dacascos, Temuera Morrison, Peter Elliott

THEMA MEDECINE EN FOLIE

L’initiative de cette troisième version du roman de Wells vint de Richard Stanley, réalisateur d’Hardware et du Souffle du Démon. Mais suite à des violents différends avec Val Kilmer, Stanley fut débarqué du film après seulement quatre jours de tournage, et c’est le vétéran John Frankenheimer qui fut contacté pour le remplacer. « Ce fut une expérience extrêmement difficile, probablement la pire de toute ma carrière », nous avouait Frankenheimer peu de temps avant sa disparition. « Il n’y avait que deux choses qui me motivaient dans ce film : gagner de l’argent et diriger Marlon Brando. C’étaient de mauvaises raisons. Ceci dit, je ne le raye pas complètement de ma filmographie, parce qu’il contient des éléments intéressants, notamment la présence de Brando et une atmosphère assez oppressante. » (1) Celle-ci s’affirme dès le somptueux générique d’ouverture, héritier des trouvailles visuelles de Saul Bass et Maurice Binder, scandé par une partition tribale de Gary Chang. Le film est dès lors marqué par une photographie monochrome, aux couleurs chaudes, presque étouffantes, et par une bande-son surchargée en cris d’animaux.

Le malaise s’installe définitivement après la visite du héros dans un bidonville sordide hanté par une cour des miracles aux anatomies grotesques mêlant avec anarchie traits humains et bestiaux. Mais les effets de style frôlent parfois le maniérisme artificiel, lorsque paraissent pour la première fois le docteur Moreau, ridiculement fardé de blanc et voilé, et la belle Aïssa, se déhanchant sur une musique pseudo-orientale dans une séquence clipée quelque peu déplacée. Le casting, pour le moins surprenant, s’avère inégal, mais il faut s’incliner devant la performance de Brando, qui compose le plus ambigu des Moreau interprétés jusqu’alors. La scène où il tente de raisonner en douceur quelques-unes de ses créatures, furieuses et insoumises, venues jusque dans ses appartements pour assouvir leur vengeance, est un morceau de choix. Fairuza Balk, en femme-panthère qui retrouve peu à peu ses attributs félins, est l’autre bonne surprise de la distribution. En revanche, Val Kilmer cabotine sans trop justifier l’existence du Montgomery qu’il interprète, et David Thewlis se révèle extrêmement insipide dans le rôle du héros Douglas.

Des guest-stars savamment grimées

Du côté des « humanimaux », on note quelques guest-stars savamment grimées par Stan Winston (y compris Richard Stanley lui-même, venu visiter clandestinement le plateau du film qui lui fut retiré des mains), l’image de synthèse prenant le relais pour les actions lointaines et rapides. Le mixage des deux techniques est intéressant, même si la rapidité extrême des créatures numériques s’accorde mal avec les mouvements plus lents des comédiens maquillés. Ainsi, dans cette scène où Douglas fait face à plusieurs petits êtres hybrides sautillants, on repense aux démons de The Gate, simples figurants costumés alignés en perspective forcée qui créaient une illusion autrement plus frappante à l’écran. La dernière réserve qu’on peut émettre à l’encontre de cette Ile du Docteur Moreau concerne l’inégalité de son rythme et de sa tension dramatique durant son ultime quart d’heure. En réalité, le dernier acte du film pèche par sa tentative maladroite de fidélité au roman, la littérature et le cinéma, on le sait, n’étant guère soumis aux mêmes contraintes rythmiques.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 1998

 

© Gilles Penso

TERREUR DANS LE SHANGHAI EXPRESS (1972)

Peter Cushing, Christopher Lee et Telly Savalas embarquent à bord d'un train qui transporte une étrange créature…

PANICO EN EL TRANSIBERIANO / HORROR EXPRESS

1972 – GB / ESPAGNE

Réalisé par Eugenio Martin

Avec Christopher Lee, Peter Cushing, Alberto de Mendoza, Silvia Tortosa, Julio Peña, Angel del Pozo, Helga Line, Telly Savalas

THEMA YETIS ET CHAÎNONS MANQUANTS

Producteur des westerns Les Quatre Mercenaires d’El Paso et Pancho Villa, Bernard Gordon fit en 1971 l’acquisition de la maquette de train utilisée pour Nicholas et Alexandra de Franklin J. Schaffner. L’idée de concevoir un film autour de cette maquette donna naissance à Terreur dans le Shangaï Express, une co-production anglo-espagnole au casting international qu’Eugenio Martin réalisa sous le pseudonyme jazzy de Gene Martin. Nous sommes en 1903, en Mandchourie, où le paléontologue Alexandre Saxton (Christopher Lee) découvre un hominien fossilisé vieux de deux millions d’années. A mi-chemin entre le yéti et le chaînon manquant, la créature doit être ramenée par le transsibérien, au départ de Shangaï. Mais sur le quai de la gare, un malfaiteur tente de voler la cargaison dans l’espoir de la monnayer. Peu après, on le retrouve mort, les yeux blancs et le visage blafard. Le moine Pujardov, présent sur les lieux, en conclut aussitôt : « c’est le fait de Belzébuth ! » Pas démonté pour autant, Saxton embarque son colis préhistorique. Dans le train, il fait connaissance avec quelques prestigieux passagers, notamment la belle comtesse polonaise Irina Petrovska (Silvia Tortosa) et le peu scrupuleux professeur Wells (Peter Cushing).

La nuit venue, la main velue et gluante du monstre surgit de la caisse et ouvre la serrure. Son visage, plongé dans la pénombre, bénéficie d’un maquillage plutôt réussi. Mélange de singe et de zombie, les yeux rouge vif et les dents proéminentes, il fait son petit effet. Le monstre hypnotise illico le préposé aux bagages qui s’écroule, les yeux blancs et le visage ensanglanté. Lorsque les autorités débarquent, la bête a disparu. Saxton est contrarié, évidemment, sans témoigner pour autant la moindre sympathie pour les victimes : « Un simple employé et un petit voleur ? Oui je l’avoue, j’ai quelque peine à m’y intéresser. » Dans la bouche de Christopher Lee, un tel mépris hautain s’avère savoureusement détestable. Après autopsie, il s’avère que les victimes ont le cerveau parfaitement lisse, comme si la créature avait absorbé leur mémoire, leur esprit, leur intelligence et leurs connaissances.

« C'est l'œil de Satan ! »

Lorsqu’on parvient enfin à l’abattre, on découvre dans l’humeur vitrée de son œil des images de la terre vue de l’espace. Tandis que le moine, qui a toujours un bon mot, déclare « c’est l’œil de Satan », les scientifiques en tirent une conclusion pour le moins surprenante : ils ont affaire à une entité extra-terrestre, s’étant jadis logé dans le corps du fossile, et habitant désormais celui d’un des passagers. Mais lequel ? Et quand l’inspecteur déclare aux savants : « qu’arrivera-t-il si l’un de vous est le monstre ? », Wells rétorque avec flegme : « Le monstre ? Mais nous sommes Anglais, voyons ! ». On le voit, malgré son fort potentiel horrifique, Terreur dans le Shangaï Express ne recule devant aucun trait d’humour. En tête d’affiche, Telly Savalas n’intervient pourtant que dans la dernière demi-heure, dans le rôle d’un cosaque haut en couleur, tyrannique, violent et exubérant, montant à bord du train pour y faire régner l’ordre. Le final, apocalyptique, lorgne carrément vers La Nuit des Morts-Vivants, le monstre ressuscitant toutes ses victimes dans la panique la plus générale.

 

© Gilles Penso

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LE FANTÔME DE L’OPERA (1989)

Une version gore du classique de Gaston Leroux, avec Robert Englund dans le rôle du célèbre Fantôme

PHANTOM OF THE OPERA

1989 – USA

Réalisé par Dwight H. Little

Avec Robert Englund, Alex Hyde-White, Terence Harvey, Jill Schoelen, Emma Rawson, Molly Shannon, Bill Nighy

THEMA SUPER-VILAINS

Les années 80 déclinantes s’étant découvertes un nouveau croquemitaine en la personne de Freddy Krueger, le comédien Robert Englund se mua en icône moderne de l’épouvante, s’efforçant d’incarner maints personnages maléfiques du répertoire classique. Certains producteurs espéraient ainsi en faire le digne successeur de Boris Karloff, Bela Lugosi, Peter Cushing ou Vincent Price, mais le talent et le charisme fort limités d’Englund ne lui permirent jamais d’assumer dignement ce prestigieux héritage. Le voilà ici dans la peau d’un nouveau Fantôme de l’Opéra, reprenant le flambeau de Lon Chaney, Claude Rains et Herbert Lom. Les prémisses du film laissent imaginer une version modernisée du roman de Gaston Leroux, car l’intrigue prend place à New York de nos jours. L’étudiante en musique Christine Day y découvre une partition du 19ème siècle, « Don Juan triomphant », signée par un certain Erick Destler. Au cours d’une audition, elle choisit de chanter un extrait de cette partition. Aussitôt, elle s’évanouit, et nous changeons dès lors d’époque. Le film se propulse un siècle plus tôt, en plein Londres, et Christine y est choriste à l’opéra. S’agit-il d’un flash-back ? D’une hallucination ? D’une réincarnation ? Nous ne le saurons jamais, et le scénario prend le parti de rester très évasif à ce propos, comme si le prologue moderne n’avait qu’une seule vocation : éviter de rebuter les fans de Freddy et de Vendredi 13 en leur présentant de prime abord un contexte familier et contemporain. 

Toujours est-il que l’intrigue se contente alors de reprendre vaguement la trame du roman de Leroux, transposant sans véritable justification le Paris initial dans un Londres brumeux capté dans de très beaux décors naturels à Budapest. Hélas, le sujet réclamait une certaine élégance et une certaine classe, ce dont Dwight Little, réalisateur de plusieurs épisodes de la série Les Cauchemars de Freddy et d’un peu mémorable Halloween 4, se montre assez dépourvu. D’autant que les passages musicaux sont plutôt pesants, la voix de Christine Day étant loin de nous subjuguer. Quand elle chante le monologue du miroir de Faust, on pense même carrément à la Castafiore d’Hergé, c’est dire ! Robert Englund lui-même cabotine plus que de raison, nous rejouant une version tourmentée de Freddy Krueger.

Un air de famille avec Freddy Krueger

Et lorsqu’il part en croisade meurtrière contre les critiques ayant eu la maladresse d’incendier la prestation de Christine, on repense à Théâtre de Sang, la finesse en moins. Ce Fantôme de l’Opéra se distingue surtout par son approche résolument gore. Le Fantôme écorche vive ses victimes, poignarde avec force jets de sang, et les maquillages spéciaux conjointement signés Kevin Yagher et John Buechler ne font pas dans la demi-mesure. L’une des scènes les plus impressionnantes, en la matière, est celle où Erik découd son visage fait de peaux humaines, façon Leatherface, pour révéler son faciès défiguré. Un épilogue ridicule et incohérent achève de rabaisser cette version du mythe au rang d’œuvrette anecdotique, conçue pourtant en pleine vogue de la comédie musicale d’Andrew Lloyd Webber.

 

© Gilles Penso

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L’ABOMINABLE DOCTEUR PHIBES (1971)

Transformé en squelette ambulant, Vincent Price se livre à un jeu de massacre en s'inspirant des plaies d'Egypte

THE ABOMINABLE DOCTOR PHIBES

1971 – GB

Réalisé par Robert Fuest

Avec Vincent Price, Peter Jeffrey, Joseph Cotten, Virginia North, Terry-Thomas, Hugh Griffiths, Caroline Munro, Alex Scott

THEMA SUPER-VILAINS

Le docteur Phibes est probablement l’un des super-vilains les plus originaux de l’histoire du cinéma d’épouvante, même s’il présente de nombreux points communs avec L’Homme au masque de cire, déjà interprété par Vincent Price en 1953. En effet, à l’instar du sculpteur fou qui tient la vedette dans le chef d’œuvre d’André de Toth, Phibes est un artiste de génie laissé pour mort dans un accident, qui fomente dès lors une vengeance méthodique, cachant son visage défiguré sous un masque imitant les traits qu’il avait autrefois. Mais au lieu d’être brûlée au dernier degré, sa figure est carrément réduite à l’état de tête de mort grimaçante, dont seul le regard semble encore animé par un semblant de vie. Cette vision de cauchemar, délicieusement surréaliste et digne du Fantôme de l’Opéra version Lon Chaney, préfigure la célèbre affiche d’Evil Dead 2. Ancien spécialiste de music-hall, organiste de talent et mécanicien génial, Anton Phibes a basculé dans la folie après la mort de sa femme Virginia, due à l’incompétence des chirurgiens qui l’opéraient. Dès lors, réfugié dans une vaste demeure londonienne, il donne de grands concerts d’orgue, avec pour seule compagnie un orchestre d’automates et une jeune fille aux tenues extravagantes qui répond au doux prénom de Vulnavia. Son identité et ses relations avec Phibes resteront un mystère. Un des premiers jets du scénario la décrivait d’ailleurs comme un automate aux traits humains, née sous les mains habiles de Phibes.

Son titre de docteur, notre « héros » le doit à un doctorat en théologie, et c’est là qu’il puise l’inspiration de sa redoutable vengeance : les dix plaies qui frappèrent l’Égypte. Ainsi les membres de l’équipe médicale qui ne surent sauver son épouse meurent-ils un à un dans des conditions abominables : piqué à mort par des milliers de guêpes, agressé en pleine nuit par une nuée de chauves-souris, envahi par des rats féroces dans un cockpit d’avion, congelé dans une voiture, la tête écrabouillée par un masque de grenouille rétrécissant, le corps entièrement vidé de son sang, le poitrail transpercé par une licorne en bronze, le visage dévoré par des sauterelles… Quant au chirurgien en chef, interprété par Joseph Cotten, il doit opérer son propre fils en six minutes seulement et lui extraire une clef du corps, afin d’ouvrir un cadenas et d’éviter qu’un flot d’acide ne se déverse sur lui ! James Wan et Leigh Whannell retiendront la leçon en concoctant les pièges diaboliques de Saw. Le scénario prend pas mal de libertés avec la bible, mixant allégrement certaines vraies plaies (le sang, les grenouilles, les sauterelles, la grêle, les ténèbres, la mort des premiers-nés) avec d’autres plaies complètement fantaisistes (les boursouflures, les chauve-souris, les rats, ou carrément les licornes !). Mais cela importe peu, dans la mesure où c’est l’impact dramatique qui prime ici.

L'ancêtre de Saw ?

Ciselé avec une précision d’horloger, L’Abominable docteur Phibes évite l’aspect mécanique et répétitif inhérent à un tel récit, et se pare de savoureux dialogues, échangés par une poignée de comédiens excellents. Les joutes entre l’inspecteur chargé de l’enquête et son supérieur, notamment, sont de mémorables morceaux de comédie typiquement british. Quant à la mise en scène de Robert Fuest, elle rappelle par moments les meilleurs épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir période Emma Peel, dont cet Abominable docteur Phibes retrouve parfois l’esprit, le goût de l’insolite et les situations surréalistes. Ce n’est pas un hasard, puisque Fuest fut l’un des piliers de cette série culte au début des années soixante. Non crédité au générique comme scénariste, il réécrivit pourtant la majorité du script initial pour mieux l’adapter à ses goûts. En 1971, date de la sortie du film, Vincent Price était une légende du cinéma fantastique, en même temps qu’un acteur extrêmement prolifique. La promotion de l’époque en tira grandement parti, estampillant L’Abominable docteur Phibes comme « le centième film de Vincent Price ». Dans le rôle de la défunte épouse, Caroline Munro fait de brèves mais inoubliables apparitions, sous forme de photos ou d’un joli cadavre embaumé à la toute fin du film. Encore méconnue du public, cette brune sculpturale aux yeux de velours allait ensuite crever l’écran dans Captain Kronos tueur de vampires, Dracula 73, Le Voyage fantastique de Sinbad, Star Crash ou encore L’Espion qui m’aimait.

 

© Gilles Penso

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TERREUR EXTRATERRESTRE (1980)

Cet ancêtre à petit budget de Predator lâche dans la campagne américaine un alien venu ajouter les humains à son tableau de chasse

WITHOUT WARNING

1980 – USA

Réalisé par Greydon Clark

Avec Jack Palance, Martin Landau, Cameron Mitchell, Neville Brand, Larry Storch, Ralph Meeker, Sue Ann Langdon

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Ancien acteur pour les productions fauchées de Al Adamson (Satan’s Sadist, Dracula contre Frankenstein), Greydon Clark passa à la mise en scène au début des années 70 en signant une série de petits films destinés aux salles d’exploitation, le plus célèbre d’entre eux étant Terreur Extraterrestre. Le film se situe dans une bourgade au milieu de la campagne américaine où deux jeunes couples partent camper au bord d’un lac. La situation est connue, dans la mesure où maints slashers des années 70/80 démarrent de la même façon. La suite ne dément pas cet effet de déjà vu, puisque nos joyeux drilles s’arrêtent dans une station-service sinistre que tient un autochtone patibulaire (Jack Palance) leur conseillant fortement d’abandonner leur projet de camping. Bravant ses conseils, le quatuor s’engage dans les bois. Et lorsque la nuit tombe, le cauchemar commence… Les sources d’inspiration de Greydon Clark ne sont pas difficiles à déceler. Coup sur coup, La Nuit des Masques et Alien viennent de se tailler une place de choix au box-office. L’idée de Terreur Extraterrestre consiste donc à capitaliser sur ces deux succès en mixant les codes du slasher avec ceux de la SF.

Mais le film de Clark bénéficie de son propre style, collectant quelques moments d’épouvante mémorables. Certes, le jeu des jeunes comédiens manque souvent de finesse, mais la patine granuleuse du film parvient miraculeusement à effacer ces traces d’amateurisme pour préserver l’essentiel : une atmosphère délétère. Si Greydon Clark donne la vedette à des acteurs peu confirmés, il réserve une place de choix à plusieurs « gueules » du cinéma de genre. Outre Palance, le spectateur retrouve avec joie Cameron Mitchell, Neville Brand et surtout Martin Landau sous la défroque d’un ancien vétéran du Viêt-Nam totalement paranoïaque. Autour de son film, Greydon Clark réunit aussi une brochette d’artistes promis pour la plupart à un bel avenir, les moindres n’étant pas le directeur de la photographie Dean Cundey (La Nuit des MasquesFogThe ThingJurassic Park) et le maquilleur spécial Greg Cannom (Dracula, The Mask, BladeWatchmen) en charge de créer l’alien vedette.

Les soucoupes dévoreuses

Engoncé dans une combinaison sombre et tribale, la stature haute, le visage blafard, le crâne hypertrophié, les traits grimaçants, le regard noir, l’extra-terrestre servit probablement d’inspiration à l’extraterrestre de Predator. Les deux films partagent en effet le même concept d’un alien venu sur Terre pour s’adonner à la chasse aux humains. C’est d’ailleurs le même comédien qui endosse les deux costumes : Kevin Peter Hall. Le film reste aussi mémorable pour les fameuses « soucoupes dévoreuses » dont l’alien se sert pour attaquer ses victimes humaines. Phosphorescentes, équipées d’appendices acérés qui s’enfoncent sous la peau, exsudant un liquide verdâtre gluant, ces petites choses volantes contribuent beaucoup à la popularité de Terreur Extraterrestre qui, malgré l’extrême exiguïté de ses moyens (150 000 dollars de budget et trois semaines de tournage), aura durablement marqué les mémoires et généré quelques prestigieux émules.

 

© Gilles Penso

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LE BAL DE L’HORREUR (1980)

Deux ans après Halloween, Jamie Lee Curtis affronte un nouveau tueur en série psychopathe

PROM NIGHT

1980 – USA

Réalisé par Paul Lynch

Avec Jamie Lee Curtis, Leslie Nielsen, Robert Silverman, Casey Stevens, Eddie Benton, Mary Beth Rubins

THEMA TUEURS

L’année 1980 marque le démarrage d’une vogue massive du slasher. Deux ans après les méfaits de Michael Myers dans La Nuit des masques, des tueurs désaxés surgirent ainsi à tous les coins de rue pour massacrer des victimes plus ou moins innocentes. Quasi-simultanément, les écrans du monde entier projetèrent Vendredi 13Happy BirthdayLe Monstre du trainLes Yeux de la terreur et ce Bal de l’horreur qui sort du lot grâce à sa mise en scène stylisée. Au cours du prologue, quatre enfants provoquent la mort accidentelle d’une petite fille pendant une partie de cache-cache. Ils décident de ne jamais en parler, ignorant qu’un témoin a assisté à la scène. Six ans plus tard, les voilà devenus lycéens. En plein préparatifs du bal de fin d’année, dans une ambiance qui n’est pas sans évoquer Carrie, ils vont devoir assumer les conséquences de leurs actes… Contrairement à la majorité des praticiens du genre à la même époque, Paul Lynch ne calque pas sa réalisation sur celle de John Carpenter. Il possède son propre univers visuel, portant les stigmates de celui, brut et âpre, de plusieurs œuvres des années 70. Des effets de montage surpenants (employant des plans de coupe abrupts qui alternent les mêmes protagonistes adolescents et enfants), l’usage étrange d’une voix off intérieure, la bande originale singulière, le jeu des reports de point et des avant-plans comme vecteurs de suspense contribuent à la construction d’un climat oppressant. 

Sous la direction de Lynch, on découvre une poignée de visages familiers, notamment Jamie Lee Curtis, qui capitalise sur le succès de La Nuit des masques tout en s’éloignant volontairement du personnage de Laurie Strode qui la rendit célèbre, et ce bon vieux Leslie Nielsen dans le rôle du père endeuillé. La même année, le comédien aux cheveux blancs allait voir sa carrière décoller grâce à Y’a-t-il un pilote dans l’avion ?, premier d’une longue série de rôles burlesques qu’il endossera avec une bonne humeur souvent communicative. Alors que le bal de fin d’année bat son plein, aux accents d’une musique disco sous influence des Bee Gees, Jamie Lee Curtis et son cavalier se livrent à une longue chorégraphie qui semble échappée de La Fièvre du samedi soir sur le dancefloor lumineux. Mais dans l’ombre, un tueur cagoulé et armé d’éclats de miroirs commence à faire couler le sang… 

Une singularité rafraîchissante

A contre-courant d’Halloween et de Vendredi 13, le premier meurtre est brutal mais se déroule hors champ, au ralenti, la bande son s’emplissant des pensées confuses de l’assassin et de la musique lointaine du bal. Le massacre s’accélère pendant la dernière demi-heure, sans se priver de quelques touches d’humour noir, comme lorsqu’une jeune fille s’exclame « je me souviendrai de ce jour toute ma vie » avant de se faire transpercer la gorge, tandis que son compagnon, pris de panique, précipite son van dans un ravin. Le film s’achève par une décapitation spectaculaire et par une révélation étonnante qui fait basculer l’atmosphère du film de l’horreur vers le pathétique, confirmant la singularité rafraîchissante de ce Bal de l’horreur moins prévisible qu’il n’y paraît.

 

© Gilles Penso

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DRACULA UNTOLD (2014)

Une tentative maladroite de faire fusionner le Dracula fictif imaginé par Bram Stoker avec le véritable Vlad Tepes qui l'inspira

DRACULA UNTOLD

2014 – USA

Réalisé par Gary Shore

Avec Luke Evans, Charles Dance, Dominic Cooper, Sarah Gadon, Art Parkinson

THEMA DRACULA I VAMPIRES

Dracula, saigneur de la nuit, tout le monde connaît. Mais qu’est-ce qui a pu conduire ce prince transylvanien à sortir les crocs et à mener une vie immortelle en quête d’hémoglobine ? C’est ce que veut nous raconter Dracula Untold, énième variation sur le personnage mythique créé par Bram Stoker. Le film du fils de pub Gary Shore prend le parti de la préquelle alternative, un peu à la manière de ce qui avait été fait il y a quelques mois avec I, Frankenstein, unanimement conspué par la critique et les spectateurs. Alors, cape ou pas cape ? Avant de devenir le comte Dracula, le prince transylvanien Vlad, dit Vlad l’empaleur, mena une vie faite de batailles acharnées sous l’étendard des Turcs, ennemis de la Transylvanie, l’ayant formé dès sa plus tendre enfance à devenir une machine de guerre implacable et crainte de tous. Une fois ce contexte vite évacué via une rapide introduction, le film prend place des années après cette carrière de boucher et nous emmène à la rencontre d’un bon prince ne désirant qu’une chose : mettre les bains de sang derrière lui et prendre soin de sa femme et de son fils en bon père de famille. Le retour de l’armée turque et la découverte d’une créature inconnue et meurtrière risquent fort de contrarier les plans du mari et père modèle qu’il est devenu.

Ne comptez pas sur les scénaristes pour insuffler de la psychologie justifiant le destin hors normes du personnage. Les origines de sa malédiction peuvent se résumer en une simple phrase : Vlad désire obtenir la force de pourfendre l’armée ennemie et accepte de boire le sang d’un vampire, lui conférant des pouvoirs hors du commun en lui promettant le retour à sa forme humaine si le prince résiste à l’appel du sang durant trois jours entiers. Pas de mythologie étoffée ici, on va droit au but en créant un suspense n’ayant au final pas lieu d’être, l’aboutissement de la trame étant scellé dès le titre-même du film.

Idéalisé et sans aspérité

Les scènes mettant en exergue l’amour inconditionnel du prince pour sa petite famille n’aident pas non plus à la caractérisation du personnage, ces séquences sonnant franchement faux et présentant un Vlad idéalisé et sans aucune aspérité. Heureusement, ce Dracula Untold peut compter sur quelques morceaux de bravoure vaillamment exécutés et mettant en scène de façon admirable les pouvoirs ahurissants du futur vampire, le transformant en une sorte de super-héros des temps anciens. Ce panache et l’interprétation plus que convaincante de Luke Evans font de Dracula Untold un honnête casse-croûte, certes dispensable et n’apportant rien à l’univers mis en place par Bram Stoker et ses suiveurs, mais suffisamment efficace et bien emballé pour maintenir l’intérêt durant sa courte durée.

 

© Seb Brunclair

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AMERICAN PSYCHO (2000)

Christian Bale entre dans la peau d'un golden boy couronné de succès qui trompe son ennui en massacrant son entourage à tour de bras

AMERICAN PSYCHO

2000 – USA / CANADA

Réalisé par Mary Harron

Avec Christian Bale, Willem Dafoe, Justin Theroux, Josh Lucas, Bill Sage, Chloe Sevigny, Reese Witherspoon, Samantha Mathis

THEMA TUEURS

L’idée de mettre en vedette un golden boy new-yorkais tellement comblé et blasé qu’il n’y a guère plus que le meurtre pour tromper son ennui et susciter chez lui un semblant d’émotion était brillante. Les lecteurs ne l’ont pas démenti en faisant un véritable triomphe au roman de Bret Easton Ellis, satire très controversée et franchement gore de l’Amérique des années 80, celle de Wall Street, des yuppies et de Ronald Reagan. Malheureusement, l’adaptation qu’en a signée Mary Harron, auteur de quelques épisodes choc des séries Homicide et Oz, n’en est qu’un pâle reflet, insipide et ennuyeux à mourir. Il y avait pourtant là toutes les bonnes bases d’un film mémorable et saillant, notamment le choix de Christian Bale dans le rôle-titre. Celui-ci incarne avec une dureté, un cynisme et une inhumanité presque dérangeants Patrick Bateman, respectable employé chez la compagnie imaginaire Pierce & Pierce le jour (comme Tom Hanks dans Le Bûcher des Vanités), assassin sanguinaire la nuit. Parmi la vingtaine de personnes qu’il extermine, on compte des prostituées, des sans-abri, des amis et des collègues de travail. Son frigo et son appartement regorgent d’ailleurs de morceaux de cadavres ensanglantés. Et parfois, lorsqu’il est un peu éméché, il n’hésite pas à avouer aux barmaids qu’il adore disséquer les filles tant son esprit est dérangé. Evidemment, personne ne prête la moindre attention à de telles déclarations, volontiers mises sur le compte de l’alcool ou de la provocation gratuite.

D’ailleurs, tous ces meurtres sont-ils bien réels, ou ne fleurissent-ils pas quotidiennement dans l’imagination malade de Bateman ? Et dire que Christian Bale interprétait le gentil petit garçon dans l’Empire du Soleil de Steven Spielberg… Que de chemin parcouru depuis ! Hélas, cet étonnant comédien demeure l’unique intérêt d’American Psycho. Mal rythmé, mal structuré, le film de Mary Harron joue maladroitement la carte de la confusion entre réalité et fantasme, sans trop savoir sur quel pied danser. Du coup, les massacres à la tronçonneuse, à la hache, au couteau ou au pistolet qui scandent le récit laissent froid, tant ils sont distanciés par une narration hésitante. Au moment où l’inspecteur Donald Kimball (un Willem Dafoe désespérément sous-exploité) entre en scène, on espère quelques rebondissements scénaristiques. Mais il n’en est rien, et l’histoire continue de piétiner tranquillement.

La guerre des cartes de visite

Même la restitution de l’ambiance des années 80, élément indispensable du récit imaginé par Bret Easton Ellis, est ratée. Car si l’on excepte quelques extraits musicaux empruntés à Huey Lewis, Genesis et Robert Palmer, le film donne plutôt l’impression de se dérouler dans les années 90 ou 2000. D’autant que les obsessions décrites ici – le culte de l’apparence, la recherche maladive du corps parfait, l’impitoyable lutte hiérarchique au sein des grandes entreprises et le matérialisme sous sa forme la plus excessive – sont autant d’actualité aujourd’hui que vingt ans plus tôt. Dommage que le film entier ne soit pas à l’image de cette scène extraordinaire au cours de laquelle tous les yuppies comparent avec jalousie la qualité respective de leurs cartes de visite, la bave aux lèvres et le regard fou…

 

© Gilles Penso

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