ESKALOFRIO (2007)

Un adolescent qui ne supporte pas la lumière du soleil s'isole dans un village reculé où les meurtres s'accumulent…

ESKALOFRIO

2007 – ESPAGNE

Réalisé par Isidro Ortiz

Avec Junio Valverde, Blanca Suarez, Francesc Orella, Jimmy Barnatan, Mar Sodupe, Roberto Enriquez

THEMA VAMPIRES

Tous les bons films fantastiques espagnols ne connaissent pas le fabuleux destin des [Rec] et autre L’Orphelinat, soit une belle diffusion internationale. En France, en dépit de sa sélection dans plusieurs festivals reconnus (Berlin dans la section Panorama, Gérardmer, Neuchâtel…) et des critiques généralement favorables, Eskalofrio file directement à la case TV (l’une des chaînes d’Orange), dans l’indifférence générale, sous un titre déjà utilisé (Frisson), traduction de l’original. Heureusement, une sortie DVD se profile début 2013, chez Antartic Vidéo. Petite séance de rattrapage. Bien, mais ce film-là aurait au moins mérité une petite sortie en salles. Dans un style qui sait ménager des moments de pure angoisse sans sombrer dans l’esbroufe, Isidro Ortiz (Fausto 5.0) y fait d’abord le portrait de Santi, un adolescent à priori comme les autres. Élevé par sa seule mère, une traductrice, Santi présente cependant une caractéristique : il ne peut supporter la lumière du soleil. Pas un enfant lune, mais presque…

Sachant que son état de santé se dégradera grandement dans l’environnement urbain surchauffé de Barcelone, il s’installe dans un village isolé du nord du pays. Encaissé, le bourg ne bénéficie effectivement que d’un ensoleillement minimal. L’occasion d’une existence presque normale pour l’adolescent. Naturellement, son arrivée y  coïncidence avec un premier meurtre sauvage, puis deux. Et tout l’accuse : sa présence sur les lieux, les rumeurs que suscite sa maladie, la peur de l’étranger… Alors que son père réapparaît, que la fille du policier qui enquête s’intéresse à lui, Santi tente de se disculper, de découvrir qui est vraiment le tueur. Une bête féroce ? Un serial killer champêtre ? Un monstre quelconque ? Pas vraiment…

Les ombres de la forêt

Habile, classique et bien charpenté le scénario d’Eskalofrio. Isidro Ortiz en exploite efficacement le meilleur : des personnages bien cernés, une montée graduelle de la tension, une révélation finale assez surprenante… Mais, s’il y a quelque chose que le réalisateur aime à filmer, cadrer et éclairer, c’est bien la forêt. Une forêt dense et ombragée de contes de fée, superbe et inquiétante dont le chef opérateur Josep Civit (Angoisse de Bigas Luna, déjà…) capte toutes les nuances de lumière, la profondeur, l’étendue et la topographie. Un travail remarquable au service d’une esthétique cependant sobre, jamais tentée par les grosses combines plastiques du fantastique ordinaire. Aucun halo de lumière bleue dans Eskalofrio ; les nuits y sont noires, profondes et seuls la lueur faible de la lune, les phares des voitures ainsi que le faisceau des lampes torches en percent l’obscurité impénétrable, propice à toutes les présences… Un choix pour beaucoup dans l’atmosphère de peur tangible, palpable qui se dégage des images. Certes modeste dans ses intentions, mais maîtrisé, réellement effrayant à l’occasion de deux ou trois scènes particulièrement réussies, Eskalofrio vaut largement de sortir de l’anonymat dans lequel il est enfermé depuis cinq ans.

 

© Marc Toullec

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DE LA TERRE A LA LUNE (1958)

Byron Haskin adapte l'un des premiers romans de science-fiction de l'histoire de la littérature, œuvre d'un Jules Verne visionnaire

FROM THE EARTH TO THE MOON

1958 – USA

Réalisé par Byron Haskin

Avec Joseph Cotten, George Sanders, Debra Paget, Don Dubbins, Patric Knowles, Carl Esmond, Henry Daniell, Melville Cooper 

THEMA SPACE OPERA

En 1865, Jules Verne donne à la science-fiction littéraire son véritable coup d’envoi avec « De la Terre à la Lune », imaginant le lancement d’une capsule spatiale depuis une base située en Floride… plus de cent ans avant l’envol de la mission Apollo 11 depuis Cap Canaveral ! Georges Méliès s’inspirera de l’aspect le plus loufoque de cette aventure pour Le Voyage dans la Lune, mais c’est à la fin des années 50 que le cinéma s’intéresse « sérieusement » à ce roman séminal, profitant du succès mondial d’une autre adaptation de Jules Verne, le somptueux 20 000 Lieues sous les mers de Richard Fleischer.Alors que la guerre de Sécession vient de s’achever, le fabricant d’armes Victor Barbicane (Joseph Cotten) réunit ses plus prestigieux confrères pour leur proposer une alternative à la période de vaches maigres qui s’annonce. Il s’agit de la puissance X, un redoutable explosif de son invention qui serait capable d’anéantir des cités entières. Sa théorie est la suivante : si chaque nation du monde acquiert une arme aussi redoutable, la menace d’une destruction planétaire évitera tout conflit. Farouche concurrent de Barbicane, Stuyvesant Nicholl (George Sanders) crie à qui veut l’entendre qu’un tel projet est l’œuvre du Diable en personne. Lorsque le Président des Etats-Unis lui-même s’interpose, Barbicane se voit contraint de changer ses plans. Il utilisera la puissance X non comme arme mais comme propulseur d’une capsule en partance vers la Lune.

De la Terre à la Lune est clairement scindé en deux parties. Celle qui précède le voyage est ancrée dans un réalisme historique non dénué d’images d’Epinal. La bande originale y joue volontiers la carte de la symbolique, avec une emphatique reprise de « Glory Alleluya » dès qu’il est fait allusion à la Maison Blanche, ou les accords enjouées de « Oh Suzannah » lorsque les plans larges nous révèlent une plaine de l’Ouest en pleine expansion. La seconde partie du film, quant à elle, bascule dans un délicieux univers de science-fiction steampunk avant la lettre. Les décors y sont bardés de rivets à la Gustave Eiffel, les trois astronautes s’équipent d’uniformes d’officiers de la Navy, et la bande son réutilise les célèbres bruitages de Planète interdite.

Plus important que les faits : l'imagination

Réalisateur de La Guerre des mondes, Byron Haskin exploite avec talent les possibilités visuelles du Technicolor et s’appuyant sur des effets visuels tantôt très convaincants (la foule massée au pied de la fusée), parfois plus maladroits (la maquette de la capsule qui crachote des étincelles devant un fond spatial rudimentaire). Selon un principe courant, le texte initial, jugé trop masculin, est remanié afin d’intégrer un joli minois, en l’occurrence celui de Debra Paget dans le rôle de Virginia, la fille de Nicholl qui tombe amoureuse de l’assistant de Barbicane. Cette romance n’apporte pas grand-chose à l’intrigue et en atténue même parfois l’impact. Mais De la Terre à la Lune reste un grand moment de SF à l’ancienne, qui s’achève sur l’apparition savoureuse de Jules Verne en personne (sous les traits de l’acteur Carl Esmond), qui conclue le récit en ces termes : « Je m’intéresse à quelque chose de bien plus important que les faits : l’imagination ».

© Gilles Penso

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LE JOUR DES MORTS (2009)

Malgré la présence de Steve Miner derrière la caméra, cette variante sur le mythe du zombie produite dans la foulée de L'Armée des Morts n'apporte rien de bienneuf

DAY OF THE DEAD

2009 – USA

Réalisé par Steve Miner

Avec Mena Suvari, Nick Cannon, Michael Welch, Anna Lynne McCord, Stark Sands, Matt Rippy, Pat Kilbane, Ving Rhames

THEMA ZOMBIES

Day of the Dead n’est ni le remake du film homonyme de George Romero, ni la suite de L’Armée des morts de Zack Snyder, mais plutôt une nouvelle variation sur le thème du zombie reprenant à son compte la thèse de la contamination des humains par un virus redoutable, très en vogue depuis 28 jours plus tard. Et si Ving Rhames, déjà à l’affiche de L’Armée des morts, est ici de retour, c’est dans un rôle très différent, celui d’un officier supérieur de l’armée américaine chargé de mettre une petite ville du Colorado en quarantaine suite à l’apparition d’une espèce de grippe très virulente et très contagieuse. L’origine de la pandémie est un agent biochimique créé par l’armée pour neutraliser les troupes ennemies en paralysant momentanément leur système nerveux. Evidemment, l’arme bactériologique a échappé au contrôle de ses créateurs irresponsables. Après 25 minutes de prologue, la panique s’empare donc de la ville et le massacre peut commencer. La mutation se déroule en trois phases. La victime est d’abord en proie à des saignements de nez et des toux insistantes, puis elle se fige brusquement tandis que son corps chute en température, avant de se muer en créature féroce au faciès subitement décomposé, laissant libre cours à l’imagination des maquilleurs spéciaux (en l’occurrence Brian Penikas et Yiana Stoyanova).

Des effets numériques basiques mais efficaces viennent compléter les maquillages, notamment pour donner plus d’ampleur à la destruction des zombies (par balles, par le feu, par toutes sortes d’armes tranchantes). Signe des temps, ces zombies-là ne traînent pas la patte mais piquent des sprints frénétiques en grommelant, effectuent des bonds dignes des plus grands athlètes ou grimpent carrément au plafond façon Spider-Man. Les « morts-vivants » sont donc devenus des « hystériques hurlants » et l’univers de George Romero nous semble bien lointain malgré le titre du film et les noms des personnages directement empruntés à ceux du Jour des Morts-Vivants (Sarah, Logan, Rhodes, Bud, Salazar). D’ailleurs, ici ce sont les militaires qui ont le beau rôle et les scientifiques qui assurent celui des sales types, à l’encontre de tout ce que Romero racontait dans son propre film.

Romero interprété de travers

Inutile, donc, de chercher le moindre propos social ou politique au sein de ce Day of the Dead qui limite ses ambitions à son caractère récréatif. Quelques motifs hérités du Jour des Morts-Vivants original sont malgré tout intégrés à l’intrigue, notamment le repli des survivants dans un bunker militaire et la présence d’un zombie « amical » qu’on tente de domestiquer. Derrière la caméra, Steve Miner, coutumier du genre (Le Tueur du vendredi, Halloween 20 ans après, Lake Placid) donne dans la routine, malgré quelques idées visuelles étonnantes (une plongée dans le cerveau d’un homme au moment précis où il se transforme en mort-vivant), une poignée de gags qui font mouche (le zombie cul-de-jatte qui mange son propre œil, les soldats zombies armés de fusils), et une ou deux scènes de suspense plutôt réussies (notamment la poursuite dans les conduits d’aération de l’hôpital). Rien de bien révolutionnaire malgré tout…

© Gilles Penso 

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STRIPPERS VS. WEREWOLVES (2011)

Des loups-garous, des strip-teaseuses et quelques guest stars sur le retour : un cahier des charges modeste et pleinement assumé

STRIPPERS VS. WEREWOLVES

2011 – GB

Réalisé par Jonathan Glendening

Avec Adele Silva, Billy Murray, Martin Compston, Barbara Nedeljakova, Sarah Douglas, Martin Kemp, Steven Berkoff, Robert Englund, Dominic Burns

THEMA LOUPS-GAROUS

En 2007, Robert Englund, anciennement Freddy Krueger d’Elm Street, mettait sa réputation d’horror star à contribution dans Zombie Strippers, une triviale zombie comedy. Quatre ans plus tard, il remet ça dans le britannique Strippers vs. Werewolves. Plutôt modestement d’ailleurs, sa présence n’y dépassant pas les trois ou quatre minutes dans le rôle d’un chef loup-garou incarcéré dans une geôle sinistre où lui rend visite l’actuel chef d’un clan de lycanthropes  gangsters.  Robert Englund n’est pas la seule guest-star de Strippers vs. Werewolves. S’y croisent aussi Sarah Douglas (la méchante Ursa des deux premiers Superman avec Christopher Reeve), Martin Kemp (l’un des Frères Krays), Lysette Anthony, Steven Berkoff, et même Billy Chainsaw, le rédacteur en chef du magazine Bizarre. Du beau monde donc, invités d’une farce pileuse qui lance ses hostilités dans le club de strip-tease Vixens. Là, au cours d’un effeuillage, une fille plante un stylo en argent dans l’œil d’un client qui s’avère être un loup-garou. Naturellement, les membres de sa meute hurlent vengeance, revanche qu’anticipe la propriétaire de l’établissement, celle-ci sachant à quel prédateur elle se frotte. Une complication dans le bon déroulement du différend : l’une des filles roucoule en compagnie de l’un des loups-garous ennemis. Comme un échantillon de « Roméo et Juliette »… 

Passablement idiot, bas du plafond ce script-là ? Certainement, mais le réalisateur semble l’assumer avec une absence totale de complexe, allant jusqu’au bout des scènes les plus exposées à une profonde débilité. Même pas peur du ridicule, surtout quand trois des strip-teaseuses, déguisées en chaperons rouges, tiennent en haleine un public d’une poignée de lycanthropes au moment de la pleine lune. L’occasion pour le réalisateur d’étaler des maquillages, davantage conçus pour le rire que pour le frémir, ceux-ci réduisant les créatures à truffes humides à leur plus élémentaire caricature. Amusant, ainsi que certaines tirades des dialogues. La plus savoureuse : « je te ferais si longtemps souffrir que ton permis de conduire aura le temps d’expirer ! »

Moyens réduits mais travail soigné

Tout conscient soit-il de la  portée limitée de son script, le réalisateur n’en porte pas moins une grande attention à la forme. Usage de l’écran divisé (jusqu’à trois cases !), inserts façon comics, éclairages étudiés, bande originale années 80 habilement compilée et intégrant opportunément le « Hungry like the wolf » de Duran Duran… En dépit de moyens réduits, la production soigne le travail dans ses moindres détails, réussissant à donner un certain lustre esthétique à un ensemble généralement voué au laxisme, surtout dans ce type d’exercice parodique. Le cinéphile sourcilleux aura, pour sa part, le loisir d’apprécier l’allusion à Lon Chaney (Le Loup-Garou d’Universal des années 40) par l’intermédiaire du nom du pénitencier où croupit Robert Englund. Le réalisateur et les deux scénaristes avouent aussi avoir semé moult références à Monster Squad et au Loup-Garou de Londres tout au long du récit et des répliques. Tout l’intérêt réside à les identifier !

© Marc Toullec

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AUX FRONTIERES DE L’AUBE (1987)

Kathryn Bigelow réinvente le mythe du vampirisme en puisant dans l'imagerie du western spaghetti

NEAR DARK

1987 – USA

Réalisé par Kathryn Bigelow

Avec Jenny Wright, Adrian Pasdar, Lance Henriksen, Bill Paxton, Jenette Golstein, Joshua Miller, Marcie Leads

THEMA VAMPIRES

Aux frontières de l’aube représente une étape importante dans la mesure où il propose un renouveau total du thème du vampirisme. Dès lors, les films abordant le mythe allaient se diviser en deux catégories : les « classiques » et les « modernes ». Certes, la démarche n’est pas inédite, et quelques œuvres phares comme Martin ou Soif de sang posaient déjà les jalons d’une approche hyper-réaliste des buveurs de sang, sans capes ni dents longues. Mais l’œuvre de Kathryn Bigelow a marqué les mémoires par son esthétisme magnifique et ses idées foisonnantes. Alors qu’il traîne en ville, Caleb Colton (Adran Pasdar), un jeune homme aux allures de cow-boy moderne, remarque une jeune fille qu’il tente d’aborder. Au fur et à mesure que la nuit s’étire, elle se fait de plus en plus mystérieuse. Son baiser se transforme en morsure. À l’aube, elle s’enfuit. Le jeune homme découvre alors son nouvel état… c’est un vampire ! Sauf que ce mot n’est jamais prononcé au cours du film, et que la trouvaille visuelle se passe de tout commentaire : tandis que le soleil se lève dans le ciel, le jeune homme faiblit, sa peau brunit et son corps exhale une fumée croissante…

Car ici, les vampires exposés au soleil sont victimes de douloureuses combustions spontanées, qui peuvent s’achever par de spectaculaires explosions incandescentes. John Carpenter s’en souviendra sans doute lorsqu’il réalisera son Vampires. Conscient qu’il vient d’être « converti » malgré lui au monde des non-morts, Caleb n’a plus qu’une alternative : rejoindre la jeune fille et le groupe de vampires auquel elle appartient, une bande de desperados crasseux et noctambules qui traversent les grands espaces de l’Oklahoma dans un van aux fenêtres soigneusement occultées pour éviter la lumière du soleil. Le film prend alors les allures de western sombre et violent, émaillé de séquences choc comme l’attaque sanglante du bar, et de véritables morceaux d’anthologie, notamment l’embuscade dans la chambre d’hôtel au cours de laquelle chaque impact de balle tirée par la police trace un rai de lumière qui menace de brûler la peau des hors-la loi vampires. 

Un air de famille avec James Cameron

Aux frontières de l’aube reflète aussi plus que tout autre film les similitudes entre les univers de Kathryn Bigelow et James Cameron, dont elle fut à l’époque l’égérie. Ce parallélisme s’affirme par le choix des comédiens, avec en tête un Lance Henriksen impérial et un Bill Paxton surexcité, par le choix d’une musique 100% synthétique, signée ici Tangerine Dream, et par certaines séquences clefs, notamment la poursuite en semi-remorque qui présente d’indéniables ressemblances avec celle de Terminator. Bref, Aux frontières de l’aube est une indiscutable réussite visuelle, narrative, dramatique et émotionnelle, qui se paye en plus le luxe d’offrir pour la première fois un remède imparable contre le vampirisme : une transfusion sanguine ! Il fallait y penser… Signe des temps, comme la plupart des œuvres « modernes » des années 80, le film de Bigelow est très marqué par l’époque à laquelle il fut réalisé, paré désormais d’une patine indélébile.

 


© Gilles Penso

 

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MONSTRO ! (2010)

Trois bad girls qu'on croirait échappées d'un film de Russ Meyer se retrouvent confrontées à un monstre marin tentaculaire

EL MONSTRO DEL MAR !

2010 – AUSTRALIE

Réalisé par Stuart Simpson

Avec Nelli Scarlet, Kyrie Capri, Karli Madden, Kate Watts, Norman Yemm, Scott Brennan, Steven Stagg, David Grannon

THEMA MONSTRES MARINS

Dix ans durant, à partir du milieu des années 70, le cinéma australien fut l’un des contributeurs les plus originaux, les plus novateurs du  fantastique. Le temps béni des Pique-nique à Hanging RockPatrickLong week-end et  Mad Max. Depuis, si le genre suscite encore des vocations, plus de  mouvement collectif, sinon des cas isolés, sporadiques, tel notablement Andrew Traucki via Dark Water et The Reef. Stuart Simpson peut-il prétendre avec Monstro ! insuffler à ce cinéma-là un sang neuf ? Négatif. Ce n’était d’ailleurs pas son intention. Son ambition : ficeler vaille que vaille une petite production décalée, sous influence avouée de Quentin Tarantino et en hommage aux séries B produites ou réalisées par Roger Corman. Pourtant, Monstro ! ne démarre justement pas comme un Roger Corman, mais plutôt manière Faster, Pussycat, Kill, Kill ! de Russ Meyer. Il en reprend les trois pétroleuses vachardes (deux brunes, une blonde), doublées de serial-killeuses tatouées.

Non sans avoir saigné deux automobilistes, Beretta, Blondie et Snowball débarquent donc dans un minuscule village de pêcheurs. Au programme du repos des guerrières : défonce, bière, rock’n roll et baignade. L’occasion pour le réalisateur de montrer qu’il connaît bien ses classiques : l’une de ses garces porte le même bikini que la pin-up Betty Page dans les années 50. Naturellement, les tueuses auraient dû déguerpir au plus vite, un vieux paralytique les ayant averties de la menace. Et quel danger ! Une créature tentaculaire apparentée au Kraken de la mythologie… Lequel monstre assiège bientôt les survivants (deux des vilaines, le vieux et sa fille) reclus dans une cabane. Le climax d’un spectacle qui ne perd guère de temps en palabres, le film ne durant que le strict nécessaire : une heure quinze, générique de fin compris. Précisément comme les Roger Corman auxquels il se réfère. Le minutage d’un puriste.

Un Kraken old school

Autre preuve de l’orthodoxie de Stuart Simpson : des effets spéciaux rustiques. Plutôt que le très pratique tout numérique, désormais accessible à tous (y compris aux plus fauchés), il opte pour des trucages à l’ancienne, du caoutchouc, du latex, une petite équipe d’opérateurs pour les tentacules du Kraken… Un brin anachronique, mais encore assez efficace, pas si mal fait pour un projet dont le budget ne doit pas excéder les 100.000 $. Une somme pour l’essentiel visiblement investie dans la créature des profondeurs et quelques mignardises horrifiques, elles aussi sur le mode vintage. Pur exercice de style construit sur l’autel d’une cinéphilie fervente, Monstro ! aurait cependant gagné à des personnages moins stéréotypés, incarnés par des comédiennes plus douées. Celles-ci sont carrément catastrophiques à imiter le jeu de Tura Satana et autres interprètes sévèrement bustées de Russ Meyer. Deux bonnets au-dessous, elles n’altèrent cependant pas le plaisir passablement coupable qu’on peut prendre à ce drôle de petit film qui ne peut vraiment fonctionner qu’auprès d’un public de connaisseurs. Les seuls aptes à beaucoup lui pardonner.

 

© Marc Toullec

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BATTLESHIP (2012)

Le jeu de la bataille navale (touché, coulé !) sert d'inspiration à cette épopée de science-fiction balourde qui cherche à retrouver l'esprit des blockbusters de Michael Bay

BATTLESHIP

2012 – USA

Réalisé par Peter Berg

Avec Taylor Kitsch, Rihanna, Liam Neeson, Alexander Skarsgard, Brooklyn Decker, Tadanobu Asano, Hamish Linklater

THEMA EXTRA-TERRESTRES

D’ordinaire, Peter Berg est un réalisateur assez fréquentable. Il fut entre autres à l’initiative de Friday Night Lights (le film et la série), plongeon réaliste dans les coulisses du football américain universitaire, et aux commandes de Hancock, dynamitage culotté de l’univers des super-héros. Mais pourquoi diable a-t-il décidé de mettre sa personnalité et son savoir-faire au service d’un projet tel que Battleship ? Quel est l’intérêt artistique d’un film dont le cahier des charges consiste à reproduire le plus fidèlement possible les blockbusters de Michael Bay ? Car il n’est pas difficile d’y trouver, reproduits quasiment à l’identique, les séquences et les effets de style les plus voyants d’Armageddon, Pearl Harbor et de la trilogie Transformers.

Tout y est : la glorification emphatique de l’armée américaine, la bande originale synthético-symphonique de Steve Jablonsky, les titanesques machines extra-terrestres qui se déplacent à la vitesse de l’éclair pour tout ravager avec fracas, les buildings décapités qui s’effondrent sur la foule paniquée, les navires militaires qui chavirent sous les tirs nourris ennemis, la bimbo sculpturale qui titille le garçon turbulent dont l’héroïsme et le courage sauveront finalement le monde… Le travail de photocopie est minutieux, et la pratique du jeu des comparaisons peut s’avérer distrayante quelques minutes. Mais pour le spectateur, au-delà de la gratification pyrotechnique que suscitent les prodigieux effets visuels concoctés par les petits génies d’ILM, l’intérêt d’un tel spectacle reste très mineur. Le sujet se résume d’ailleurs en quelques lignes : au large d’Hawaï, en plein océan Pacifique, des vaisseaux extra-terrestres émergent des eaux pour coloniser la Terre et se heurtent aux fiers bâtiments de l’US Navy, dernier rempart contre l’invasion…

Rihanna et Liam Neeson en militaires improbables

Quand on sait que Battleship est né de l’envie d’Hasbro de produire un film dans la veine des Transformers en s’inspirant cette fois-ci des jouets de bataille navale dont raffolent les bambins depuis les années 30, on se doute bien que le scénario assurera le minimum syndical. Du côté des comédiens, la prestation est à l’unisson. Taylor Kitsch (simultanément en tête d’affiche de John Carter) cabotine dans le rôle du bad boy qui se repent, Brooklyn Decker assure une fonction de potiche totalement assumée (dans la droite lignée de Megan Fox et Rosie Huntington-Whiteley, les « Transformers Girls »), la chanteuse Rihanna fait ses débuts à l’écran en jouant l’archétype de la soldate dur à cuire et Liam Neeson paie ses impôts en incarnant sans trop y croire l’amiral autoritaire à la tête des grandes manœuvres. Aucun des lieux communs inhérents au genre n’est oublié, avec comme point d’orgue l’intervention des vétérans de la flotte américaine qui débarquent comme la cavalerie et se mettent à marcher au ralenti, le sourcil froncé, le pas assuré et la moustache frémissante, sous le regard humide de l’ensemble du casting. Battleship ne nous épargne quasiment rien en matière d’emphase patriotique, sauf le discours du président des Etats-Unis galvanisant les troupes, sans doute parce que le cinéma de Roland Emmerich n’était pas inscrit dans la liste des films à imiter. 

© Gilles Penso

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AFTER HOURS (1985)

Martin Scorsese nous raconte la nuit sans fin d'un homme pris dans les mailles inextricables d'un enchaînement d'événements incontrôlables…

AFTER HOURS

1985 – USA

Réalisé par Martin Scorsese

Avec Griffin Dunne, Rosanna Arquette, Verna Bloom, Tommy Chong, Linda Fiorentino, Teri Garr, John Heard, Cheech Marin 

THEMA CONTES

En 1985, Martin Scorsese est au plus mal. Le tournage de La dernière tentation du Christ, projet qui lui tient à cœur, vient d’être avorté, les producteurs frileux de la Paramount ayant retiré leurs billes par peur du scandale. Le réalisateur frustré et déçu parle même de mettre un terme à sa carrière, et est animé par une rage de tourner sans limites. Cette rage s’exprimera à plein régime dans After Hours, objet filmique non identifié totalement hybride dans son œuvre. Il y gagnera le prix de la mise en scène à Cannes. Nous nous retrouvons immergés dans la folle nuit d’un informaticien timide, Paul Hackett (le trop rare Griffin Dunne, ici dans le rôle de sa vie), qui rencontre une beauté fatale, Marcy (hypnotisante Rosanna Arquette) et se retrouve ainsi entraîné dans des péripéties aussi absurdes qu’inextricables. Scorsese est déchaîné, sa caméra en mouvement constant, épaulé par un montage au cordeau et un thème entêtant d’Howard Shore. Dès le début, nous épousons totalement le point de vue de Paul et ne le quitterons plus. Impossible pour cet antihéros (et donc pour nous, spectateurs) de regagner un sécurisant domicile, Soho et sa faune bigarrée le happant pour ne plus le lâcher. Scorsese a d’ailleurs tourné le film entièrement de nuit, même les scènes en intérieur, par souci de réalisme. Le New York que traverse Paul ressemble à celui de Taxi Driver, inquiétant et peuplé de personnages pittoresques, mais en version décalée. La référence au Magicien d’Oz faite au détour d’un dialogue est à ce sujet assez parlante. Paul EST Dorothy, personnage innocent perdu loin de chez lui, plongé dans un rêve semi-éveillé pouvant passer de l’euphorie au cauchemar en un éclair, et qui n’aspire au final qu’à rentrer à la maison. Il croise sur sa route des protagonistes étranges qui vont le guider dans sa quête ou lui mettre des bâtons dans les roues, le tout dans une atmosphère chimérique.

Le motif de la tornade qui aspire Dorothy est ici repris dans une construction en spirale délibérément répétitive, où le personnage principal n’a de cesse de repasser dans les mêmes endroits et de croiser les mêmes personnes, toutes subtilement reliées entre elles, sans pour autant sembler progresser, constamment acculé (un insert montre même un rat brusquement pris dans un piège). Partant de cette subtile analogie et pervertissant le conte pour enfant (la motivation première de Paul est sexuelle, il lit même Tropique du cancer d’Henry Miller, écrivain obsédé par le vice), le film pratique avec délice la rupture de ton perpétuelle, tantôt hilarant (les répliques sont cultes, surtout en vf), tantôt effrayant (la traque menée par les voisins en colère), provoquant comme par accident la situation triviale qui dérape (on pense à Hitchcock et Polanski), cherchant le détail qui intrigue ou dérange. La différence majeure avec Le Magicien d’Oz est l’extrême solitude de Paul, qui, bien que très entouré du début à la fin de l’histoire, ne parvient jamais à se faire entendre ou à susciter une quelconque compassion chez les autres, trop préoccupés par leurs propres soucis ou verrouillés dans leurs névroses (thématique reprise plus tard de façon détournée par Coline Serreau dans La Crise).

 

Ultime pirouette

Le sujet profond du film se révèle alors : l’impossibilité de communiquer avec l’Autre. Chaque nouvelle rencontre se solde par un cuisant échec dans le dialogue, un malentendu. La non écoute mutuelle ne peut déboucher que sur du négatif et de la frustration. La seule respiration pour notre informaticien (qui sait parfaitement expliquer le fonctionnement de programmes complexes à un tiers mais n’arrive pas à faire passer ses émotions et envies avec des mots) n’arrivera que sur le tard, dans une magnifique scène de danse muette avec une mystérieuse dame âgée. Là, en suspens, sur le tempo lancinant de « Is that all there is » de Peggy Lee (chanson sur l’insatisfaction et la désacralisation),  sans se parler, deux solitudes s’unissent et se comprennent enfin… Jusqu’à ce que la folie des habitants du quartier les rattrape et vienne tout briser. Paul se retrouve alors piégé une fois de plus, cette fois-ci littéralement statufié dans son incompréhension, par cette dame qui veut enfermer avec lui ce précieux instant de complicité et le conserver pour toujours. Une ultime pirouette absurde le libérera, hirsute, épuisé et recouvert de blanc, tel un clown triste, et le relâchera dans son monde rassurant au lever du jour. Aura-t-il retenu les leçons de son expérience nocturne ou persistera-t-il malgré tout dans son aveuglement ? Libre à chacun d’imaginer sa réponse, la caméra de Scorsese est déjà repartie à toute vitesse, virevoltant de plus belle au beau milieu de la vacuité des bureaux et des ordinateurs, laissant notre héros loin, loin derrière… 

© Julien Cassarino

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HUNGER GAMES (2012)

Le réalisateur de Pleasantville adapte le roman à succès de Suzanne Collins et livre un film routinier aux forts relents de déjà-vu

HUNGER GAMES

2012 – USA

Réalisé par Gary Ross

Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Woody Harrelson, Elizabeth Banks, Lenny Kravitz, Stanley Tucci

THEMA FUTUR I SAGA HUNGER GAMES

Malgré son origine littéraire, en l’occurrence la trilogie « Hunger Games » écrite par Suzanne Collins et publiée avec un grand succès à partir de 2008, le troisième long-métrage de Gary Ross se démarque à grand-peine d’un riche passif filmique au sujet voisin. Il est en effet difficile d’apprécier Hunger Games sans penser tour à tour à Punishment Park, Rollerball, Le Prix du danger, Les Traqués de l’an 2000 ou Battle Royale, pour n’en citer qu’une poignée. Mais si les films de Peter Watkins, Norman Jewison, Yves Boisset, Brian Trenchard-Smith et Kinji Fukasaku partagent de nombreuses thématiques, ils possèdent chacun leur propre personnalité et véhiculent les idées radicales de cinéastes au caractère bien trempé. On ne peut pas vraiment en dire autant de Hunger Games, malgré tout le bien qu’on pense du réalisateur de Pleasantville. L’idée initiale, celle qui inspira les livres de Collins, fut de mixer le sensationnalisme de la télé-réalité avec le mythe de Thésée (notamment le sacrifice de jeunes gens jetés en pâture au Minotaure dans le labyrinthe du roi Minos). Nous sommes donc dans une cité futuriste, l’ex-Amérique du Nord. La nation de Panem est désormais divisée en douze districts où le peuple survit péniblement dans une société qui semble avoir régressé jusqu’au moyen âge.

Seule la capitale est peuplée de nantis et de riches oisifs qui se repaissent d’un jeu cruel et spectaculaire : les « Hunger Games » (autrement dit « les jeux de la faim »). Le principe à consiste à tirer au sort annuellement un couple de jeunes citoyens par district. Ces 24 « tributs » doivent s’affronter dans une forêt hostile, en s’aidant d’armes disséminées sur le terrain et de vivres chichement distribuées par d’éventuels sponsors. Un seul d’entre eux doit survivre. Tous les coups sont donc permis. Une fois ce contexte posé, le récit s’intéresse à la jeune Katniss (Jennifer Lawrence), qui se porte volontaire pour prendre la place de sa sœur cadette et se jette donc dans la fosse aux lions, face à des adversaires impitoyables et surentraînés. Ses seuls atouts : une détermination d’acier, une dextérité hors norme dans le maniement de l’arc, et la loyauté de son compagnon d’infortune Peeta (Josh Hutcherson).

Des choix artistiques discutables

Le sentiment de déjà vu, omniprésent, s’adjoint à des choix artistiques discutables. Visiblement en quête de prises de vues brutes et dynamiques, Gary Ross abuse ainsi d’une caméra portée (ou plutôt tremblée) et d’un surdécoupage nerveux (même dans les scènes les plus anodines) qui sont d’une efficacité toute relative. Sans compter ces visions grotesques de la capitale où cohabitent costumes bariolés, visages fardés et perruques fluorescentes, comme si la cour de Louis XVI et les années 80 avaient fusionné en un mixage contre-nature. Voir Stanley Tucci jouer les présentateurs TV hilares avec une moumoute bleue sur le crâne est un spectacle pour le moins consternant. En guest stars, Woody Harrelson et Donald Sutherland assurent quant à eux le service minimum. Hunger Games se rattrape partiellement grâce aux nombreuses séquences situées pendant le jeu lui-même, et au cours desquelles le suspense est souvent intense. Dommage que l’ensemble du film ne soit pas à l’avenant.

© Gilles Penso

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LES IMMORTELS (2011)

Le futur Superman de Zack Snyder incarne Thésée dans cette interprétation libre de la mythologie grecque

IMMORTALS

2011 – USA

Réalisé par Tarsem Singh

Avec Henry Cavill, Mickey Rourke, Stephen Dorff, Freida Pinto, Luke Evans, John Hurt, Isabel Lucas, Kellan Lutz, Joseph Morgan 

THEMA MYTHOLOGIE

C’est le succès de 300 qui présida à la naissance du projet Les Immortels. Soucieux de retrouver les ingrédients qui composèrent l’épopée de Zack Snyder, les producteurs Mark Canton et Gianni Nunnari se penchèrent vers la mythologie grecque, remise au goût du jour par le remake du Choc des Titans, et engagèrent un réalisateur au style visuel très marqué, en l’occurrence Tarsem Singh (The Cell). Les Immortels partage ainsi avec 300 les combats sanglants privilégiant les actions au ralenti, le courage sans faille de guerriers galvanisés face à un agresseur mille fois plus puissant, les muscles bombés, les décors aux allures de peintures de la Renaissance, les effets visuels omniprésents et le basculement dans le fantastique pur. Tarsem cherche malgré tout à s’approprier le matériau légendaire de manière suffisamment personnelle pour y injecter des éléments autobiographiques. Ainsi les rapports complexes qu’il entretient avec la foi religieuse (il est athée alors que sa mère a toujours prié avec ferveur pour sa réussite) se retrouvent-ils injectés respectivement dans le personnage de Thésée et de sa génitrice.

L’une des meilleures idées du film consiste à avoir confié à Mickey Rourke le rôle du sanguinaire roi Hyperion. Révolté contre les dieux qui ont laissé périr sa famille, ce colosse sans foi ni loi, à la tête d’une armée impitoyable, a décidé de libérer les Titans, enfermés au cœur du Mont Tartare, afin de faire chuter l’Olympe et de régner sur l’humanité. Chacune des apparitions de l’ancienne star d’Angel Heart fait froid dans le dos, sa voix caverneuse, sa corpulence impressionnante et son regard noir magnétisant immédiatement les spectateurs tout en suscitant un climat de menace sourde et palpable. Face à lui, Henry Cavill ne démérite pas dans la peau de Thésée. Transfuge de l’excellente série Les Tudors, il prête son physique sculptural au valeureux héros, un rôle qui constituera le starting-block de sa future prestation dans Man of Steel réalisé par… Zack Snyder justement.

Où sont les monstres ?

Souvent somptueux d’un point de vue graphique (et aussi musical par l’entremise de la puissante partition cuivrée de Trevor Morris), Les Immortels aborde l’histoire de Thésée en évacuant ses aspects les plus classiques. Les monstres et merveilles inhérents à la mythologie grecque se voient ainsi réserver la portion congrue, comme ces Titans visualisés ici sous forme de simples guerriers humanoïdes se distinguant simplement par une vitesse d’action inhabituelle et des grognements bestiaux, ou le fameux Minotaure qui n’est plus ici qu’un lutteur bodybuildé affublé d’un casque métallique en forme de tête de taureau ! Quant au labyrinthe de Minos et à la douce Ariane, ils brillent ici par leur absence. Ces écarts avec le mythe initial ne seraient guère rédhibitoires si Tarsem Singh n’avait osé doter les dieux de l’Olympe d’attributs aussi grotesques. Comment ne pas sourire face à ces post-ados épilés de près aux pectoraux gonflés, coiffés de casques improbables et dotés de pouvoirs de super-héros ? Les Immortels ne convainc donc qu’à moitié, mais il rachète ses maladresses narratives et artistiques par quelques fulgurances sublimement lyriques.

© Gilles Penso

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