HOMME DE L’ATLANTIDE (L’) (1977-1978)

Un homme capable de respirer sous l’eau et de nager comme un poisson est découvert sur une plage californienne. Qui est-il ?

MAN FROM ATLANTIS

 

1977/1978 – USA

 

Créée par Mayo Simon et Herbert F. Solow

 

Avec Patrick Duffy, Belinda Montgomery, Alan Fudge, Victor Buono, Robert Lussier, Kenneth Tigar, Ted Neeley, Fred Beir, Richard Laurance Williams, J. Victor Lopez

 

THEMA SUPER-HÉROS

Il était mignon tout plein, Patrick Duffy, avec son slip de bain jaune, ses mains palmées et ses cheveux qui s’ébouriffaient sous l’eau dans le rôle de cet étrange Atlantéen dont les aventures semblaient presque vouloir poursuivre en chair et en os les exploits dessinés de l’Aquaman de DC Comics et du Submariner de Marvel. La grande majorité des adolescentes ayant découvert L’Homme de l’Atlantide à la fin des années 70 et au début des années 80 ne s’en sont toujours pas remises ! Quant aux garçons, ils essayaient tous d’imiter sa technique de nage très particulière pour faire les malins à la plage et à la piscine. Duffy n’était pas encore le Bobby Ewing du feuilleton fleuve Dallas et semblait donc surgi de nulle part, émergeant des flots comme une version masculine de la Venus de Botticelli. Produit par la compagnie Solow Production, branche « live » du célèbre studio d’animation Hanna-Barbera, ce show aquatique créé par Mayo Simon et Herbert F. Solow a connu une diffusion atypique : d’abord quatre téléfilms sur le réseau NBC entre mars et juin 1977, puis une saison de 13 épisodes hebdomadaires jusqu’en juin 1978.

Le point de départ de L’Homme de l’Atlantide est très intriguant. Après une violente tempête en mer, le corps inerte d’un homme est retrouvé sur la plage près d’un centre de recherche océanique gouvernemental. Doté de mains palmées et de branchies à la place des poumons, il peut respirer sous l’eau, nager plus vite qu’un dauphin et plonger à plus de dix kilomètres de profondeur. Serait-il le dernier survivant de la légendaire Atlantide ? Le docteur Elizabeth Merrill (Belinda Montgomery) le soigne et lui donne le nom de Mark Harris. En échange, Mark accepte d’aider la marine américaine à retrouver un submersible disparu transportant de hauts responsables militaires. Dans les profondeurs de l’océan, Mark découvre un énorme habitat sous-marin construit par Monsieur Schubert. Ce savant fou exubérant campé par Victor Buono sera le super-vilain récurrent de la série. Au fil des épisodes, Mark Harris va donc prêter main forte à la fondation et aux membres de l’équipage du sous-marin le Cétacé.

Comme un poisson hors de l’eau

Grâce aux effets spéciaux miniatures supervisés par Gene Warren (La Machine à explorer le temps, Les Aventures de Tom Pouce), le Cétacé s’enfonce avec grâce dans les fonds marins, tandis que le maquilleur Fred Philips (Star Trek) est chargé de doter Mark Harris de ses mains et de ses pieds palmés, ainsi que d’une paire de lentilles de contact inconfortables lui donnant un regard presque félin. Si les premiers épisodes – et notamment les téléfilms initiaux – abordent avec un certain sérieux les sujets environnementaux et scientifiques via le prisme de la science-fiction, la série finit par partir un peu dans tous les sens en mettant en scène des créatures fantaisistes n’ayant plus rien de crédible, de la sirène au diablotin en passant par le jumeau maléfique. La palme revient tout de même à « Oscar », un hippocampe géant à deux têtes joué par un acteur dans un costume de caoutchouc qu’on croirait échappé des séries Ultraman ou Spectreman. « Ce monstre était ridicule et en plus j’étais plus grand que lui », se souvient Patrick Duffy. « J’étais censé me battre contre lui, comme s’il était terrifiant. Pour être honnête, j’avais du mal à garder mon sérieux devant cette espèce de Muppet ! J’avais l’impression de jouer dans un épisode de Batman ! » (1) L’audience finit donc par baisser et la série – jugée par ailleurs trop coûteuse – est annulée à l’issue de sa première saison. En France, elle fut d’abord diffusée en 1979 sous le titre de L’Homme qui venait de l’Atlantide avant le retitrage plus condensé L’Homme de l’Atlantide à partir de 1986.

 

(1) Extrait d’une interview parue dans « Famous Monsters of Filmland » en juillet 2016.

 

© Gilles Penso


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HEROES (2006-2010)

Suite à une éclipse solaire, plusieurs personnes ordinaires qui ne se connaissent pas sont soudain dotées de super-pouvoirs…

HEROES

 

2006/2010 – USA

 

Créée par Tim Kring

 

Avec Hayden Panettiere, Milo Ventimiglia, Adrain Pasdar, Zachary Quinto, Santiago Cabrera, Jack Coleman, Greg Grunberg, Tawny Cypress, Noah Gray-Cabey

 

THEMA SUPER-HÉROS

Alors que les super-héros de chez Marvel et DC commencent à s’activer avec de plus en plus d’intensité et de succès sur les grands écrans, Tim Kring, créateur de la série policière Preuve à l’appui, décide d’ajouter sa pierre à l’édifice en inventant de toutes pièces de nouveaux justiciers aux pouvoirs surhumains au sein d’une série chorale extrêmement ambitieuse. Après plusieurs discussions créatives avec son confrère Damon Lindelof, producteur exécutif de Lost, Kring se lance et propose son concept à la chaîne NBC qui l’accueille à bras ouverts. Le principe de Heroes est de raconter l’histoire de personnes apparemment ordinaires qui n’ont à priori aucun lien entre elles et qui se découvrent soudain des capacités surnaturelles. Ces dernières vont bien sûr avoir une répercussion directe sur leur vie privée mais aussi à plus grande échelle sur la survie du monde tel que nous le connaissons. Pour raconter en parallèle tous ces récits interconnectés, Kring veut s’appuyer sur une narration très proche de celle des albums de bande-dessinée. Chaque saison est donc chapitrée sous forme de plusieurs volumes comportant chacun des intrigues principales et des récits secondaires, au fil d’un découpage scénaristique virtuose où s’entremêlent les destins croisés de chacun.

Heroes commence par une éclipse solaire, à la suite de laquelle des personnes du monde entier se découvrent des superpouvoirs : mimétisme, régénération, manipulation de l’espace-temps, capacité de voler, télépathie… Il s’agit notamment d’un infirmier (Milo Ventimiglia), d’une cheerleader (Hayden Panettiere), d’un employé de bureau (Masi Oka), d’un politicien (Adrian Pasdar) et d’un policier (Greg Grunberg). Tandis que tous ces nouveaux « surhommes » apprennent à gérer ces nouvelles capacités et s’efforcent de les intégrer tant bien que mal dans leur vie quotidienne, une organisation secrète, la Compagnie, se met à leur recherche pour pouvoir les contrôler. Alors que l’agent Noah Bennet (Jack Coleman), engagé par cette organisation top-secrète, mène ses investigations, le chercheur en génétique Mohinder Suresh (Sendhil Ramamurthy) poursuit les recherches de son défunt père sur la source biologique des super-pouvoirs. Pour compliquer davantage les choses, l’un des êtres nouvellement dotés de capacités surnaturelles, l’horloger Sylar (Zachary Quinto), s’est mis en tête de tous les éliminer…

Plus dure sera la chute

Sans doute Heroes a-t-il commencé trop fort. Comment ne pas décevoir après une entrée en matière aussi puissante, aussi prometteuse, aussi captivante ? Car il faut reconnaître que les 23 premiers épisodes, diffusés une première fois entre le 25 septembre 2006 et le 21 mai 2007 sur NBC, ont attiré un nombre record de téléspectateurs. La chaîne n’avait pas connu ça depuis plusieurs années. La précision d’écriture des scénarios, la qualité de la mise en scène (jouant en virtuose avec les codes visuels des comic books), la justesse des acteurs et l’élaboration habile de cliffhangers en fin d’épisode laissant volontairement le public sur sa faim ont concouru de concert à créer un phénomène d’addiction télévisuelle quasiment sans précédent. Mais c’était trop beau pour durer. Après cette première saison exemplaire, Heroes s’essouffle puis bascule peu à peu dans la confusion, l’incohérence et l’absurdité, générant une frustration grandissante qui provoquera l’annulation de la série au bout de quatre ans d’existence. Mieux vaut donc revoir cette première saison en tous points remarquables et s’arrêter là, quitte à imaginer soi-même une suite idéale qui n’existera donc que dans l’imagination de chaque téléspectateur.

 

© Gilles Penso


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GAME OF THRONES (2011-2019)

Adaptée des écrits de George R.R. Martin, cette série historico-fantastique à grande échelle a bouleversé à tout jamais les codes de la fiction télévisée…

GAME OF THRONES

 

2011/2019 – USA

 

Créée par David Benioff et D.B. Weiss

 

Avec Peter Dinklage, Lena Headey, Emilia Clarke, Kit Harrington, Sophie Turner, Maisie Williams, Nikolaj Coster-Waldau, Iain Glen, John Bradley

 

THEMA HEROIC FANTASY I DRAGONS I SORCELLERIE ET MAGIE I ZOMBIES

Porter à l’écran la saga littéraire « Le Trône de fer » de George R.R. Martin n’était pas une chose simple. Plusieurs producteurs y songèrent par le passé, envisageant des adaptations pour le cinéma. L’écrivain passa cependant son tour, persuadé que la densité du matériau écrit serait impossible à condenser sous forme d’un long-métrage, voire même plusieurs. Lorsque le scénariste David Benioff (La 25ème heure, Troie, Stay) tente sa chance à son tour, c’est avec en tête une transposition des romans pour le petit écran, via une série au long cours libérée des contraintes habituelles de la censure et bénéficiant de budgets confortables. La chaîne HBO a en effet prouvé ses capacités dans ce domaine, notamment avec la série exemplaire Rome qui ne se réfrénait ni sur les gros moyens, ni sur la violence, ni sur le sexe, se hissant presque par moments au même niveau que le pourtant titanesque Gladiator de Ridley Scott. Après une longue conversation avec Benioff, Martin est convaincu et HBO donne son feu vert, allouant à chaque épisode un budget colossal d’au moins six millions de dollars. L’histoire de la télévision ne sera désormais plus la même. Il y aura un avant et un après Game of Thrones.

Le monde médiéval de Game of Thrones n’a au départ pas grand-chose de fantastique. La magie, le surnaturel, les envoûtements et les monstres semblent être de lointains souvenirs, dans un contexte finalement très réaliste qui semble puiser une partie de son inspiration dans les guerres bien réelles « des Cent Ans » et « des Deux-Roses » ayant frappé l’Europe du quatorzième et du quinzième siècle. Sur les deux continents imaginés par George R.R. Martin, Westeros et Essos, la série s’articule autour de trois arcs dramatiques simultanés : la guerre civile au sein de Westeros pour la conquête du trône de fer des sept royaumes, les menaces permanentes que font peser sur les habitants de Westeros les peuples barbares des Terres du Nord et d’Essos, et les tentatives d’un monarque déchu et exilé pour récupérer sa couronne. Les intrigues politiques, romantiques, familiales et militaires qui se déploient telles des tentacules sur l’ensemble de la série n’auraient rien de foncièrement palpitant si la mise en scène n’était pas si solide, les dialogues si incisifs et les personnages si truculents (à ce titre le casting est un véritable tour de force, chaque acteur donnant corps à merveille à cette galerie de figures rarement sympathiques). Car tel est le paradoxe de Game of Thrones : réussir à faire passer par la force de sa mise en forme une structure narrative pas toujours très rigoureuse, s’appesantissant parfois pour laisser un acteur faire son numéro ou pour jouer un peu gratuitement la carte de la provocation.

La chair et le sang

En effet, débridée grâce à son indépendance, la chaîne HBO autorise tous les excès et Game of Thrones en profite. Certes, les temps médiévaux n’étaient pas tendres, tout le monde le sait. Mais l’on ne peut s’empêcher d’appréhender les séquences de violence et de nudité qui ponctuent chaque épisode sur un rythme métronomique comme l’obéissance un peu puérile à un cahier des charges inutilement racoleur. Du sang et des fesses, pourquoi pas, mais à condition que l’intrigue y gagne quelque chose ! Il suffit de regarder La Chair et le sang de Paul Verhoeven pour s’en convaincre. Ce systématisme aura cependant tendance à s’atténuer au fil des saisons, alors même que le fantastique s’invite peu à peu dans un contexte jusqu’alors très terre-à-terre. Et c’est justement grâce à la crédibilité de l’univers bâti pendant les premières saisons que les téléspectateurs acceptent sans sourciller le surgissement des sorcières, des géants, des morts-vivants et des dragons (d’autant que les effets spéciaux sollicités pour leur donner corps sont de très grande qualité). Plus la série avance, plus les séquences de bataille se révèlent spectaculaire, cherchant presque à rivaliser avec les échauffourées monstrueuses de la saga du Seigneur des anneaux. Plus qu’un succès télévisuel, Game of Thrones s’est mué en phénomène de société aux répercussions planétaires. Il n’est pas rare que des enfants nés pendant sa diffusion aient été affublés du nom de certains des personnages de la série. Quant au thème musical épique composé par Ramin Djawadi, il aura été décliné à toutes les sauces, y compris dans la série spin-off House of the Dragon.

 

© Gilles Penso


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FOLLOWING (2013-2015)

Kevin Bacon affronte un redoutable tueur psychopathe et son culte d’assassins sanglants que rien ne semble pouvoir arrêter…

THE FOLLOWING

 

2013/2015 – USA

 

Créée par Kevin Williamson

 

Avec Kevin Bacon, James Purefoy, Shawn Ashmore, Jessica Stroup, Valorie Curry, Nico Tortorella, Adan Canto, Kyle Catlett, Maggie Grace, Annie Parisse

 

THEMA TUEURS

Aussi surprenant que ça puisse paraître, la série Following existe parce que Kevin Williamson n’a pas pu écrire le scénario de Scream 3. Suite au succès fracassant des deux premiers volets de la saga du tueur Ghostface mis en scène par Wes Craven et écrits par Williamson, ce dernier est naturellement sollicité par Bob et Harvey Weinstein pour scénariser le troisième épisode. Notre homme imagine alors une histoire dans laquelle Sidney Prescott affronterait toute une armée de tueurs psychopathes membres d’un culte à la gloire de Ghostface. Échaudés par une série d’actes de violence bien réels survenus dans la foulée des sorties respectives de Scream et Scream 2 (et que la presse s’empresse de rapprocher des films de Craven, accusés d’avoir une influence néfaste sur la jeunesse), les Weinstein refusent de donner leur feu vert à un tel scénario et sortent Kevin Williamson de l’équation. Scream 3 sera finalement écrit par Ehren Kruger. Quelques années plus tard, Williamson décide de ressortir son histoire des cartons et d’en faire la base d’une série télévisée mêlant les codes de l’horreur et de l’enquête policière en effaçant bien sûr toute référence à Scream. Très admiratif de la série 24 heures chrono, il calque son héros sur le Jack Bauer incarné par Kiefer Sutherland et se tourne vers le même diffuseur, autrement dit Fox Télévision.

Tête d’affiche de Following, Kevin Bacon incarne Ryan Hardy, un ancien agent du FBI qui reprend du service après l’évasion du tueur en série Joe Carroll (James Purefoy) qu’il avait mis derrière les barreaux. Hardy découvre avec stupeur que Carroll a profité de son incarcération pour créer toute une secte d’assassins fanatiques. Grâce à son charisme, son pouvoir de persuasion et son statut de gourou, le dangereux psychopathe a en effet rallié à sa cause un nombre incalculable de « suiveurs » (ou de « followers », d’où le titre de la série) qui partagent dès lors ses mêmes idées et ses mêmes pulsions sanguinaires. Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, Carroll fait enlever par ses disciples son propre fils Joey Matthews (Kyle Catlett) dans le but de retrouver son ex-femme Claire (Natalie Zea). Submergé par la menace croissante de cette armada de copycats, Hardy se jette dans la gueule du loup, épaulé par des collègues du FBI bien obligés de composer avec ses méthodes peu orthodoxes…

Le culte des copycats

Le concept des tueurs multiples adeptes d’un mentor machiavélique permet à Following de se distinguer fortement des infinités de séries américaines bâties sur la confrontation d’un agent du FBI avec un serial killer. Mais au-delà de son originalité, cette idée concourt à la création d’un climat extrêmement oppressant. Ne sachant jamais qui sont les suiveurs, où ils sont cachés ni ce qu’ils s’apprêtent à faire (leur mode opératoire étant impossible à anticiper, dans la mesure où leur seule motivation semble être de verser le sang), les téléspectateurs sont comme notre héros : sans cesse aux aguets. La lame du couteau peut surgit de n’importe où et frapper n’importe quel personnage. Le cercle des victimes se rapproche donc sans cesse autour de l’agent Hardy, en un festival d’atrocités qui a provoqué la levée de plusieurs boucliers. Nombreux sont en effet ceux qui ont reproché à Following sa violence jugée excessive. Mais telle était la volonté initiale de Kevin Williamson : repousser les limites de ce que la télévision permettait pour y injecter les ingrédients du cinéma d’horreur, le tout sur un tempo infernal hérité de 24 heures chrono. Résultat : une série haletante au rythme implacable qui – c’était à prévoir – a fortement divisé l’opinion.

 

© Gilles Penso


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FAMILLE ADDAMS (LA) (1964-1966)

Quatre accords à l’orgue, deux claquements de doigts… Bienvenue dans la famille la plus macabrement drôle de l’histoire de la télévision

THE ADDAMS FAMILY

 

1964/1966 – USA

 

Créée par David Levy

 

Avec Carolyn Jones, John Astin, Jackie Coogan, Lisa Loring, Ted Cassidy, Marie Blake, Ken Weatherwax, Felix Silla, Parley Baer, Eddie Quillan, Vito Scotti

 

THEMA FREAKS I MAINS VIVANTES

Féru d’humour noir, le dessinateur Charles Addams commence à publier dans le magazine The New Yorker une série de dessins humoristiques consacrés à une famille drôle et sinistre à laquelle il donne son propre nom. Dès leur première publication en 1938, ces histoires en noir et blanc gorgées de gags macabres remportent un grand succès. Scénariste et producteur pour la télévision américaine depuis le début des années 50, David Levy décide au milieu de la décennie suivante de porter à l’écran les dessins d’Addams. Il convainc même ce dernier de participer à la future série TV qu’il a en tête. Le dessinateur donne donc un nom à chacun des personnages – qui n’en portaient pas dans ses publications originales. L’un des atouts artistiques clés de cette Famille Addams télévisée sera le producteur Nat Perrin, scénariste de plusieurs films des Marx Brothers. Son sens de la satire, de l’humour visuel, des dialogues comiques et des gags absurdes sera déterminant pour définir la tonalité du show. Ainsi naît une sitcom pas comme les autres, dont le grain de folie irradie chacun de ses épisodes de 30 minutes dans une atmosphère gothico-lugubre saisie par la photographie en noir et blanc d’Archie R. Dalzell (La Petite boutique des horreurs).

Il n’était évidemment pas simple de trouver des contreparties en chair et en os des personnages dessinés par Charles Addams. Le parti pris de la série n’est pas de jouer la carte du mimétisme à tout prix mais de trouver des interprètes charismatiques au fort potentiel comique que les départements costumes et maquillages se chargeront de faire ressembler à leurs modèles en 2D. Habituée du cinéma fantastique (L’Homme au masque de cire, L’Invasion des profanateurs de sépulture), Carolyn Jones entre dans la peau de la femme fatale Morticia Addams, une mère de famille beaucoup plus sexualisée que ses contreparties télévisées de l’époque. Son époux Gomez, qui la couvre de baisers et de mots doux, est campé par le vétéran de la télévision John Astin, qui trouve là le rôle le plus marquant de sa carrière. Les rejetons délicieusement sinistres de Morticia et Gomez, Mercredi et Pugsley, sont incarnés par Lisa Loring et Ken Weatherwax. C’est dans leur grand manoir aux allures de musée des horreurs que se déroule la grande majorité des épisodes de la série et où évolue – en s’appuyant bien souvent sur les mécanismes comiques du Vaudeville – une galerie de personnages mémorables, notamment le majordome Lurch (Ted Cassidy) aux allures de monstre de Frankenstein, la main coupée la Chose, le très bizarre oncle Fester (Jackie Coogan), le chevelu cousin Itt (Felix Silla) ou encore la grand-mère Grandmama (Marie Blake) férue de potions douteuses.

Humour noir

Les effets comiques de La Famille Addams s’appuient beaucoup sur le décalage qui se crée naturellement entre les mœurs atypiques de nos héros et la réaction qu’elles provoquent chez leurs visiteurs « normaux ». Au-delà des éclats de rire, c’est justement la question de la normalité que pose en substance la série, avec d’autant plus d’acuité que Charles Addams lui-même partageait avec ses héros le goût de l’étrangeté, du gothisme et des ornementations macabres. L’ambiance « soirée d’Halloween » que dégage La Famille Addams n’est donc pas un simple environnement visuel attrayant mais presque une philosophie de la vie. Comment ne pas se laisser séduire par cette faune hétéroclite qui semble s’aimer avec sincérité et intensité justement parce qu’elle n’obéit pas aux normes classiques qu’impose la société guindée de son époque ? Le succès de La Famille Addams, dont chaque épisode s’ouvre sur l’inoubliable générique composé et chanté par Vic Mizzy, sera quelque peu tempéré à l’époque par la diffusion d’une autre série aux thématiques très proches, Les Monstres. Mais depuis, l’histoire a repositionné le show de David Levy à la place de choix qui lui revient. Plusieurs autres séries (animées ou non) et quelques longs-métrages prendront la suite pour raconter à leur manière les aventures rocambolesques de cette famille joyeusement sépulcrale.

 

© Gilles Penso


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DOLLHOUSE (2009-2010)

Un centre futuriste top-secret loue les services d’agents dont les souvenirs ont été effacés pour leur confier les missions les plus variées…

DOLLHOUSE

 

2009/2010 – USA

 

Créée par Joss Whedon

 

Avec Eliza Sushku, Harry Lennix, Fran Kranz, Tahmoh Penikett, Enver Gjokaj, Dichen Lachman, Olivia Williams, Amy Acker, Reed Diamond, Miracle Laurie

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE I ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Buffy contre les vampires, Firefly, Angel… Depuis la fin des années 90, Joss Whedon s’est imposé comme un homme à suivre de très près, friand de concepts originaux détournant les codes du cinéma fantastique et de science-fiction pour concocter des séries TV extrêmement populaires. Lorsqu’il débarque avec l’idée de Dollhouse, Fox télévision lui déroule le tapis rouge et lui garantit une première saison de treize épisodes renouvelables. Le principe de ce show d’action, de charme et de SF confirme la fertilité visiblement intarissable de son imagination. Le centre « Dollhouse » (autrement dit « maison de poupées ») est un laboratoire dont l’existence est tenue secrète. Ce lieu étrange et futuriste, caché quelque part dans Los Angeles, abrite de nombreux agents, des hommes et des femmes programmés pour accomplir différentes missions d’espionnage, de protection, d’assassinat ou de prostitution. Après chaque contrat, leur mémoire est effacée afin qu’une nouvelle identité leur soit affectée. Toutes ces « poupées humaines » sont des gens qui ont accepté de donner cinq ans de leur vie, en échange d’une très large compensation financière, afin que leur corps soit vidé de tout ce qu’il contient pour ne plus être qu’une enveloppe manipulable comme une marionnette. Mais un jour, l’une d’entre elles voit ses souvenirs réels refaire peu à peu surface…

Même si cette « maison de poupées » est un centre totalement illégal jalousement dissimulé par un consortium d’hommes puissants qui en tirent parti pour leurs besoins personnels ou professionnels, elle possède un caractère militaire, ne serait-ce qu’à travers le nom duquel sont affublés tous les « corps à louer » : Alpha, Sierra, Victor, Whiskey, autrement dit les mots utilisés pour l’alphabet phonétique de l’OTAN. Parmi tous ces « actifs », l’une se distingue du lot. Il s’agit d’Echo, incarnée par Eliza Sushku. Whedon retrouve ainsi l’une de ses actrices fétiches qui tenait le rôle de Faith dans Buffy et Angel. Le défi est ici intéressant, dans la mesure où la comédienne doit endosser dans chaque épisode un rôle radicalement différent, jouant à loisir avec les changements de looks et d’attitudes. D’une certaine manière, cet exercice rappelle celui auquel se livra Jennifer Garner dans la série Alias, si ce n’est qu’ici le personnage d’Echo ignore tout de ce que fait son corps pendant chacune de ses missions. Ce sera pourtant elle, le grain de sable prêt à gripper cette mécanique qui semblait pourtant bien huilée…

Une poupée qui dit non

Dans la peau de ce personnage aux multiples visages qui ignore sa véritable personnalité mais commence à ressentir des émotions qui n’ont rien à voir avec les identités que les programmateurs du centre n’en finissent plus de lui attribuer, Eliza Sushku donne de sa personne et porte une grande partie du show sur ses épaules. À ses côtés, il faut saluer la performance convaincante de Tahmoh Penikett (le capitaine Agathon de Battlestar Galactica) dans la peau d’un agent du FBI s’efforçant en vain de persuader ses supérieurs que cette « Dollhouse » n’est pas une légende urbaine et existe bel et bien. Au-delà de son originalité, le concept de la série permet de varier les plaisirs à l’infini, puisque chaque épisode présente de nouveaux enjeux, avec en fil rouge le lent éveil à la conscience d’Echo. Malgré des audiences décevantes, Fox renouvelle la série pour une seconde saison, mais ce sera la dernière, Whedon ayant pourtant prévu un grand arc narratif étalé sur cinq saisons. L’auteur/producteur/réalisateur prendra sa revanche sur grand écran à travers des films comme La Cabane dans les bois, Avengers et Beaucoup de bruit pour rien.

 

© Gilles Penso


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DEXTER (2006-2022)

Membre de la police scientifique de Miami le jour, serial killer la nuit, Dexter Morgan applique sa propre justice selon un rituel immuable…

DEXTER

 

2006/2022 – USA

 

Créée par James Manos Jr.

 

Avec Michael C. Hall, Julie Benz, Jennifer Carpenter, Erik King, Lauren Vélez, David Zayas, James Remar, C.S. Lee, Desmond Harrington, Aimee Garcia, Geoff Pierson

 

THEMA TUEURS

C’est le roman « Ce cher Dexter » de Jeff Lindsay, publié en 2004, qui donne à James Manos Jr. l’impulsion pour créer l’une des séries les plus perturbantes, les plus atypiques et les plus populaires de sa génération. A mi-chemin entre l’enquête policière, la comédie, l’horreur et le drame, Dexter est un cas à part qui se réapproprie les ingrédients de tous ces genres très codifiés (surtout sur le petit écran) pour en faire jaillir un mélange unique. Cette alchimie presque miraculeuse opère dès le générique, petit chef d’œuvre à lui seul qui, rythmé sur un thème musical faussement enjoué composé par Rolfe Kent, détourne tous les gestes quotidiens d’une matinée ordinaire (le réveil, la douche, le petit déjeuner) pour leur donner un double sens évoquant le meurtre et le passage de vie à trépas. Dexter repose ainsi sur sa mise en scène au cordeau, son écriture millimétrée et son casting hors pair. En tête d’affiche, Michael C. Hall crève l’écran. Dans Six Feet Under, il endossait déjà un rôle complexe et montrait toute l’étendue de son talent. Ici, il entre dans la peau d’un personnage incroyablement attachant et qui pourtant souffre de ne ressentir aucune émotion, d’être étranger à l’empathie et d’être sans cesse guidé par une pulsion qui le pousse à tuer sur un rythme régulier.

Orphelin à l’âge de trois ans, alors qu’il est témoin du meurtre brutal de sa mère à la tronçonneuse, Dexter est adopté par Harry Morgan, un policier de Miami. Reconnaissant le traumatisme du garçon et le développement ultérieur de ses tendances sociopathes, Harry le manipule pour qu’il canalise son inextinguible soif de sang, lui apprenant à tuer les criminels inexcusables qui ont échappé à la justice. Désormais adulte, Dexter travaille au sein de la police de Miami en tant qu’analyste médico-légal, spécialisé dans l’analyse des éclaboussures de sang. Cette activité est la couverture idéale pour qu’il puisse assouvir ses penchants psychopathes. Chaque fois qu’il a repéré une victime susceptible d’entrer dans son « code », il l’endort avec une injection soporifique, l’attache dans une salle d’exécution entièrement recouverte de plastique, lui plante un couteau dans le cœur, découpe son cadavre et s’en débarrasse en jetant les morceaux dans l’océan Atlantique, non sans avoir prélevé au préalable un goutte de sang qu’il conserve précieusement dans sa collection de trophées. Dexter a donc deux personnalités bien distinctes qui cohabitent en parfaite harmonie : l’homme affable entouré d’amis et de collègues d’un côté, l’assassin assoiffé de sang de l’autre. Mais cet équilibre aura maintes occasions d’être mis à rude épreuve.

« Le passager noir »

Pour mieux jouer la carte du contraste, Dexter se déroule dans une atmosphère colorée et lumineuse, sous le soleil de Miami, aux accents d’une bande originale qui intègre régulièrement des standards de la salsa. Le héros lui-même arbore volontiers des chemises à fleurs et des tenues estivales bien peu conformes à ses activités secrètes inavouables. Aux côtés de Michael C. Hall, une galerie de personnages secondaires concourt à bâtir l’atmosphère de la série et à se ranger dans deux camps bien distincts : ses alliés et ses obstacles. Jennifer Carpenter (qu’on avait découverte dans L’Exorcisme d’Emily Rose) campe à merveille la sœur de Dexter, une femme-flic dure à cuire qui cache derrière sa carapace de nombreuses failles. Le vétéran James Remar (Les Guerriers de la nuit, Cruising, 48 heures, Cotton Club), de son côté, incarne le père de Dexter, mort depuis longtemps mais rendant régulièrement visite à son fils sous forme d’un fantôme peu avare en conseils et en recommandations. C’est lui qui guide notre tueur en série et lui apprend à gérer son « passager noir », autrement dit la part sombre de sa personnalité. Quelques guest-stars font également une apparition remarquée, notamment John Lithgow sous la défroque d’un redoutable tueur qui, à partir de la saison 4, va sérieusement compliquer la tâche de notre « héros ». Dexter s’achève en 2013 au bout de huit saisons, puis réapparaît le temps d’un ultime tour de piste avec huit épisodes diffusés en 2022. Ce « revival » tardif en a déçu plus d’un, ce qui n’empêche pas Dexter d’être l’une des séries les plus marquantes des années 2000, comme en témoigne la pluie de prix dont elle fut récompensée.

 

© Gilles Penso


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GALACTICA (1978-1979)

Le vétéran de la télévision Glen A. Larson surfe sur le triomphe de La Guerre des étoiles en concoctant son propre space opéra pour petit écran…

BATTLESTAR GALACTICA

 

1978/1979 – USA

 

Créée par Glen A. Larson

 

Avec Lorne Greene, Richard Hatch, Dirk Benedict, Herbert Jefferson, John Colicos, Maren Jensen, Noah Hathaway, Laurette Spang, Anne Lockhart, Terry Carter

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA GALACTICA

Réponse directe au succès de La Guerre des étoiles, la série Galactica en reprend de très nombreux motifs visuels (ainsi que son superviseur des effets spéciaux John Dykstra), imitant plusieurs de ses personnages archétypaux (les mercenaires de l’espace, ses méchants engoncés dans une armure et masqués par un casque, les extra-terrestres aux morphologies fantasques), sa partition symphonique ample et lyrique (composée ici par Stu Philips) et ses innombrables batailles spatiales, moments forts – quoiqu’un peu répétitifs – de la série. Pour autant, le concept concocté par le producteur Glen A. Larson et ses scénaristes diffère de celui de George Lucas dans la mesure où l’intrigue ne se situe pas « il y a bien longtemps dans une lointaine galaxie » mais dans le futur et avec des protagonistes humains. Parmi ces derniers, on reconnaît quelques visages familiers comme Lorne Greene (Bonanza, Tremblement de terre), Richard Hatch (Les Rues de San Francisco) ou Dirk Benedict (L’Agence tous risques).

Nous sommes dans un système stellaire lointain, au moment clé de l’histoire de l’humanité où les Douze Colonies ont réussi à faire cesser une guerre millénaire les opposant aux Cylons, des robots guerriers créés par une race reptilienne ayant disparu depuis longtemps (ont-ils été détruits par leur propre création, comme des docteurs Frankenstein ?). Mais cette paix n’est qu’illusoire, comme le prouve une attaque surprise des Cylons contre les colonies humaines. Protégés par le dernier grand vaisseau de guerre, le bien nommé Galactica, les survivants s’enfuirent à bord des véhicules spatiaux encore en état de marche. C’est le Commandant Adama qui dirige avec bienveillance cette flotte de fugitifs à la recherche d’un nouveau foyer. Toute la série se structure alors autour de cette quête d’un refuge, avec en ligne de mire une planète légendaire qui s’appellerait la Terre. En ce sens, l’enjeu majeur de Galactica n’est pas sans rappeler celui de Cosmos 1999 qui, lui aussi racontait les mésaventures d’un équipage spatial à la dérive désireux de regagner sa planète natale.

La Terre promise

Sous ses atours de grande saga de science-fiction, Galactica n’hésite pas à recycler chaque fois que possible les bonnes vieilles recettes héritées du western, brossant notamment à travers le personnage du sympathique Starbuck le portrait d’un cowboy de l’espace visiblement inspiré de Han Solo. Bien sûr, en filigrane se dessine aussi une relecture sur fond cosmique de l’Exode, Adama se substituant alors à Moïse et les Cylons jouant le rôle des vils Égyptiens lancés à leurs trousses, tout ce beau monde rêvant d’une Terre promise qui, hélas, restera un rêve abstrait. Car Galactica s’interrompt en pleine diffusion. La première saison est pourtant très appréciée du public (générant même des épisodes plus longs exploités au cinéma sur certains territoires), mais la chaîne ABC change sa case de diffusion en cours de route, provoquant un désistement inattendu du public, et finit par l’interrompre totalement au bout de 24 épisodes. Galactica est donc une histoire sans fin, comme le fut en son temps Les Envahisseurs de Larry Cohen. Une suite anecdotique sera diffusée l’année suivante sous le titre Galactica 1980, avant la réinvention totale du show à l’occasion de Battlestar Galactica en 2004.

 

© Gilles Penso


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CODE QUANTUM (1989-1993)

En testant lui-même son prototype de machine à explorer le temps, un savant est propulsé dans le passé et voyage dès lors de corps en corps…

QUANTUM LEAP

 

1989/1993 – USA

 

Créée par Donald P. Bellisario

 

Avec Scott Bakula, Dean Stockwell, Deborah Pratt, Dennis Wolfberg, W.K. Stratton, Carolyn Seymour, Fran Bennett, Brad Silverman, Michael Bellisario, Adam Logan

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS

De toutes les séries télévisées qu’il a produites (Les Têtes brûlées, Galactica, Supercopter, Magnum, puis plus tard NCIS : Enquêtes spéciales), Donald P. Bellisario a souvent déclaré que Code Quantum était sa préférée. Sans doute parce qu’à travers son argument de science-fiction audacieux, elle permet d’alterner la comédie, le drame, le suspense et la chronique sociale avec un équilibre qui tient presque du miracle. L’idée initiale est partiellement empruntée à la série Au cœur du temps (1966-1967) dont elle reprend le postulat : un projet de voyage dans le temps financé par le gouvernement qui menace de couper ses subventions, poussant les chercheurs à expérimenter leur invention eux-mêmes et à se retrouver perdus dans les limbes du temps en sautant d’une époque à l’autre. À cette idée, Code Quantum en ajoute une autre qui fait toute la différence. En s’inspirant du Défunt récalcitrant (1941) et de son remake Le Ciel peut attendre (1978), dans lesquels un héros passé trop tôt de vie à trépas redescend sur Terre en occupant le corps d’un homme qui n’est pas le sien, Bellisario trouve la formule magique et propulse Code Quantum au rang des « séries-concept » les plus originales et les plus populaires de l’histoire de la télévision.

Le docteur Sam Beckett (Scott Bakula) travaille sur un projet gouvernemental top secret visant à explorer les possibilités des voyages dans le temps. Selon lui, il est possible de se déplacer sur le fil temporel de sa propre existence, depuis la naissance jusqu’au temps présent. Le financement de son projet étant sur le point d’être supprimé, Sam teste la machine avant qu’elle ne soit totalement achevée et disparaît dans le passé. Il se retrouve alors dans le corps d’un pilote d’essai de la fin des années 1950. Petit problème : il n’a aucune idée de la manière dont on pilote un avion. Pour lui prêter main forte, son collègue Al (Dean Stockwell) parvient à envoyer à ses côtés un hologramme de lui-même. À l’aide des informations recueillies par leur ordinateur Ziggy, Al et Sam déduisent qu’ils ne sont pas là par hasard : ils doivent sauver la vie du pilote. Ce n’est qu’à cette condition que Sam pourra rentrer chez lui. Mais ce n’est pas si simple. En effet, une fois sa mission accomplie, Sam se retrouve dans un autre corps, puis dans un autre. Chaque épisode lui fait donc vivre une expérience unique et inattendue de laquelle il ne peut s’extirper qu’en réglant un problème lié à la personne dont il occupe le corps…

« Oh, bravo ! »

Dès le tournage du premier épisode, Scott Bakula improvise la réplique « Oh, boy ! » (« Oh, bravo ! » dans la version française) au moment de son baptême du saut temporel. Cette phrase anodine est depuis devenue la signature de la série, que prononce Sam Beckett chaque fois qu’il intègre un nouveau corps. Inventive, la mise en scène joue sur ce « partage des personnalités », notamment dans les séquences de miroir où le reflet montre le visage de Bakula, quelle que soit l’enveloppe corporelle qu’il occupe. Le principe de la série permet surtout – sous des dehors extrêmement divertissants et récréatifs – d’aborder bon nombre de sujets sociaux (le racisme, l’intolérance, l’homosexualité, le sexisme). Plus d’une fois, Sam intègre ainsi le corps d’une femme ou d’un personnage appartenant à une minorité ethnique. Le champ des possibles d’un tel concept est infini et permet même l’apparition amusante de quelques futures célébrités comme Woody Allen, Bill Clinton, Sylvester Stallone, Michael Jackson ou Stephen King. Mainte fois récompensée, la série a eu droit à un remake en 2022 qui, bien sûr, n’a pas du tout la même aura auprès des téléspectateurs.

 

© Gilles Penso


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BELPHÉGOR OU LE FANTÔME DU LOUVRE (1965)

Panique sur Paris : un être fantomatique erre dans les galeries du musée du Louvre et commet ses forfaits en toute impunité…

BELPHÉGOR OU LE FANTÔME DU LOUVRE

 

1965 – FRANCE

 

Créée par Claude Barma

 

Avec Juliette Gréco, Isaac Alvarez, Yves Rénier, Christine Delaroche, René Dary, François Chaumette, Sylvie, Paul Crauchet, Marguerite Muni, René Alone

 

THEMA FANTÔMES

Au milieu des années 60, une révolution débarque sur les petits écrans français : un feuilleton étrange, haletant, mystérieux, drôle et inquiétant, bourré de rebondissements invraisemblables, de surréalisme et de séquences de suspense intenses. Entre le 6 et le 27 mars 1965, pas moins de dix millions de téléspectateurs restent scotchés devant leur poste pour ne pas perdre une miette de Belphégor, à une époque où moins de la moitié de la population possède un téléviseur. Chaque semaine, la question se répand comme une traînée de poudre dans toutes les villes et tous les villages de l’hexagone : qui se cache derrière le masque de Belphégor ? L’auteur de ce phénomène sans précédent est Claude Barma, scénariste et réalisateur vétéran de la télévision depuis ses premiers balbutiements à la fin des années 40. « Belphégor » est d’abord un roman à épisodes d’Arthur Bernède, publié une première fois dans le journal « Le Petit Parisien » en 1927, parallèlement à sa première adaptation à l’écran sous forme d’un long-métrage muet en quatre parties signé Henri Desfontaines. Lorsque Barma décide de s’emparer à son tour de ce récit à aux confluents du policier et du fantastique, il en confie le scénario à Jacques Armand (Croquemitoufle, Le Rideau rouge, La Grande Bretèche, L’inspecteur Leclerc enquête).

Nous sommes à Paris, au cœur de l’été 1964. Une nuit, dans les salles d’antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, le gardien Gautrais (Paul Crauchet) entend un étrange bruit mécanique puis voit apparaître un individu fantomatique, engoncé dans une longue robe noire et portant un masque de cuir, qui s’intéresse de près à la statue du dieu Belphégor. Gautrais lui tire dessus sans parvenir à l’arrêter. Son témoignage ne convainc pas grand-monde, d’autant que son entourage a pris l’habitude de le surnommer « Glouglou » à cause de son penchant notoire pour la bouteille. Les dirigeants du Louvre préférant éviter toute mauvaise publicité, ils ne préviennent pas la police et doublent l’effectif des gardiens la nuit suivante. Mais le lendemain matin, leur chef est retrouvé assassiné. Un jeune étudiant, André Bellegarde (Yves Rénier, plusieurs années avant de devenir l’Inspecteur Moulin), décide de percer ce mystère. Il mène donc l’enquête avec le commissaire Ménardier (René Dary) dont la fille Colette (Christine Delaroche) ne le laisse pas indifférent.

Charme, mystère et addiction

Alors que le mystère s’épaissit, il est difficile de ne pas se prendre au jeu de ce feuilleton incroyablement addictif malgré des scénarios qui mettent souvent à mal notre suspension d’incrédulité. Car l’atmosphère anxiogène de ces quatre épisodes de 70 minutes (plus tard redécoupés sous forme de 13 épisodes de 26 minutes), la somptueuse photographie achrome de Jacques Lemare, la musique envoûtante d’Antoine Duhamel ou les décors somptueux de Maurice Valay (contraint de reproduire en studio les galeries du Louvre, le prestigieux musée n’ayant pas autorisé l’équipe de tournage à s’installer entre ses murs) frappent l’imagination avec une force quasiment hypnotique. La présence de l’actrice/chanteuse Juliette Gréco, dans le double rôle de Laurence Borel et de sa sœur jumelle Stéphanie Hiquet, participe grandement au charme suranné de cette série unique en son genre. Il y aura d’autres adaptations ultérieures plus ou moins proches du matériau littéraire original, comme le long-métrage La Malédiction de Belphégor de Georges Combret et Jean Maley en 1967, la série animée Belphégor de Gérard Dupeyrot en 2001 ou le très dispensable Belphégor, le fantôme du Louvre de Jean-Paul Salomé en 2001. Mais aucune n’a su raviver la magie troublante du feuilleton de Claude Barma.

© Gilles Penso


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