SUPERMAN CONTRE LES ROBOTS (1967)

Contrairement à ce que laisse croire son titre trompeur, ce Superman italien n'a rien à voir avec Clark Kent

ARGOMAN SUPER DIABOLICO

1967 – ITALIE

Réalisé par Sergio Grieco

Avec Roger Browne, Dominique Boschero, Eduardo Fajardo, Dick Palmer, Nadia Marlowa, Dario de Grassi, Edoardo Toniolo

THEMA SUPER-HEROS I ROBOTS

Avant de parler de Superman contre les Robots, il convient d’éviter toute confusion. Précisions donc que ce Superman n’a rien à voir avec l’Homme d’Acier de chez DC Comics, puisque dans son Italie natale il se nomme Argoman. On pourrait de fait le confondre avec Superargo, autre justicier masqué transalpin qui fut la même année la vedette de Superargo contre les Robots. Mais non, ce sont deux personnages bien distincts. Superman contre les Robots fut d’ailleurs affublé de plusieurs titres alternatifs en France, comme Le Diabolique Superman ou plus sobrement Argoman. Les choses étant clarifiées, entrons dans le vif du sujet. Le film démarre en plein Londres, dans une ambiance très Panthère Rose, voire Fantomas façon André Hunebelle. Scotland Yard est en émoi car la couronne d’Angleterre vient d’être dérobée par Jénabelle, une redoutable criminelle qui restitue aussitôt le bien royal pour prouver qu’elle est insaisissable. Aussitôt, elle commet un autre forfait en dérobant des tonnes de billets à la Banque de France et en menaçant de les distribuer gratuitement afin de provoquer une immense inflation, à moins que le gouvernement n’accepte de lui livrer le plus gros diamant du monde.

Il est donc temps de faire appel à Sir Reginald Hoover (Roger Browne), un dandy expert en criminologie qui possède des pouvoirs surnaturels (télékinésie, force surhumaine) et joue les justiciers sous le costume – parfaitement grotesque – d’Argoman. Pour entacher davantage la crédibilité de ce super-héros affublé d’un collant jaune, d’une cape rouge, d’un slip noir et d’une cagoule à visière, les doubleurs français ont choisi de prononcer son nom « argoment » et n’hésitent d’ailleurs devant aucun dialogue absurde, du type : « Comment dois-je t’appeler ? Sir Reginald Hoover ou Argoman le Superman diabolique ? » Ce fier justicier masqué a tout de même un point faible : les femmes. Macho en diable (il choisit ses partenaires sexuelles par écran de contrôle interposé, comme on commanderait un meuble chez Ikea), notre homme perd tous ses pouvoirs lorsqu’il monte au septième ciel, et doit alors attendre six heures avant de les recouvrer. Cette idée amusante aurait pu générer des moments de suspense triviaux, mais elle n’est pas vraiment exploitée dans le scénario.

Livrée en pâture au robot géant

En revanche, une scène mythique surgit au beau milieu du métrage, lorsque Jénabelle capture la petite amie de Hoover et la fait attacher à moitié nue sur un lit métallique pour la livrer aux tortures de son redoutable robot (autrement dit une espèce de boîte de conserve sur pattes comme on n’en voyait plus depuis les serials des années 30). Le combat totalement ridicule mais diablement jouissif qui oppose ce bibendum en fer blanc à Argoman est de toute évidence le moment fort de Superman contre les Robots et explique en partie son titre français. En partie seulement, car Jénabelle fabrique aussi des humanoïdes sosies de grandes personnalités dans sa base futuriste, à l’aide d’un canon géant et du fameux diamant géant. Un climax vaudevillesque oppose cette super-vilaine haute en couleurs au gesticulant Argoman, avant un gag ultime résumant à lui seul toute la futilité de cet excentrique long-métrage.

 

© Gilles Penso

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BAT WOMAN (1968)

Une super-héroïne catcheuse mi-femme mi-chauve souris qui n'a rien à voir avec DC Comics malgré les apparences

LA MUJER MURCIELAGO

1968 – MEXIQUE

Réalisé par René Cardona

Avec Maura Monti, Roberto Cañedo, Héctor Godoy, David Silva, Crox Alvarado, Armando Silvestre, Manuel Capetillo, Ofelia Chavez

THEMA SUPER-HEROS I MONSTRES MARINS

Le succès de la série TV Batman engendra maintes imitations aux quatre coins du monde, la moins étrange n’étant pas cette Bat Woman mexicaine qui échappa par miracle au procès pour plagiat. Comme son confrère Bruce Wayne, notre ravissante femme chauve-souris (Maura Monti) est une riche bienfaitrice qui, dès que le crime sévit, endosse sa tenue de super-héroïne et lutte contre le mal. Imaginez donc une jolie fille en bikini affublée du masque, de la cape, des gants et des bottes de Batman, et vous aurez une idée assez précise du look délicieusement kitsch de cette Bat Woman. Evidemment, lorsque notre justicière assiste à une autopsie dans cette tenue improbable et se frotte pensivement le menton en élaborant diverses théories, le spectateur doit fournir un effort considérable pour la prendre au sérieux sans pouffer. Au volant d’une grande décapotable inspirée de la Batmobile, armée de gadgets très féminins (un petit miroir qui se transforme en pistolet), elle pousse l’élégance jusqu’à faire varier quelque peu sa panoplie : des palmes et une bouteille de plongée pour les excursions sous-marines, un pantalon à bretelles pour faire plus chic, et même un justaucorps complet lorsqu’elle catche (car notre demoiselle pratique la Lucha Libre, le sport le plus populaire du Mexique, et s’érige aussi du même coup en penchant féminin du légendaire Santo). 

C’est d’ailleurs le milieu du catch qui la sollicite dans le film, car plusieurs lutteurs kidnappés à Acapulco sont retrouvés sans vie et mobilisent les services de police. Le coupable est le docteur Eric Williams, qui pratique sur son yacht d’étranges expériences. En compagnie d’un assistant prénommé Igor comme il se doit, il place dans un même aquarium un petit poisson et un Big Jim en plastique, fait bouillonner l’eau, et s’étonne de n’obtenir aucun résultat. Mais notre homme est tenace. En kidnappant des catcheurs, qui représentent à ses yeux les êtres humains les plus proches de la perfection, il prélève leur glande pinéale et la greffe à des poissons. Pourquoi, me direz-vous ? Pour créer une race d’hommes-poissons mutants invincibles capables d’évoluer sur terre et dans les mers. Sans doute a-t-il trop regardé Frankenstein et L’Etrange créature du lac noir  dans sa jeunesse. 

Un grand moment de cinéma bis décomplexé

Evidemment, Batwoman ne l’entend pas de cette oreille (pointue) et débarque sur le bateau, distribuant les coups de tatane et jetant de l’acide au visage de Williams. Désormais défiguré, il ne rêve plus que de vengeance. Et quoi de mieux, pour assouvir une vengeance, qu’un bon homme-poisson ? Son expérience réussit enfin, et notre savant s’extasie face à la beauté plastique de sa créature (un homme dans un costume en caoutchouc qui plisse, avec une tête de gargouille hypertrophiée, des yeux gros comme des balles de tennis, des mains et des pieds palmés et une mignonne petite queue). Désormais, Williams est prêt pour la seconde phase de son projet (roulements de tambour) : la création d’une femme-poisson ! Avec son héroïne sexy, son monstre ahurissant et son savant fou caricatural, cette Bat Woman latino est donc un grand moment de cinéma bis décomplexé, scandé par une partition jazzy joyeusement sixties.

 

© Gilles Penso 

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SUPERARGO CONTRE DIABOLIKUS (1966)

Un film de super-héros masqué qui s'inspire autant des catcheurs mexicains que des aventures de James Bond

SUPERARGO CONTRO DIABOLIKUS

1966 – MEXIQUE / ITALIE / ESPAGNE

Réalisé par Nick Nostro

Avec Giovanni Cianfriglia, Gerhard Tichey, Monica Randall, Loredana Nusciak, Giulio Battiferri

THEMA SUPER-HEROS

Pur produit des sixties acidulées qui virent naître la mythique série TV BatmanSuperargo contre Diabolikus se situe au confluent de plusieurs sources d’inspiration. Imaginez le catcheur mexicain Santo qui s’habillerait comme le Fantôme du Bengale et se lancerait dans une mission spéciale façon 007, et vous aurez une petite idée du patchwork que représente le film de Nick Nostro. Les cinq premières minutes du métrage racontent le combat de catch musclé entre le valeureux Superargo (qui ne quitte jamais son collant rouge et son masque noir, même dans les moments d’intimité avec sa petite amie) et son adversaire et ami El Tigre. Hélas, ce dernier finit le combat les deux pieds devant, et notre lutteur écarlate, traumatisé, décide de quitter définitivement le ring. Demandant conseil au colonel Kinski, sous lequel il servit jadis pendant la guerre, et qui dirige désormais les Services Secrets du pays, Superargo accepte une mission très spéciale en guise de rédemption. Il s’agit de contrer le sinistre Diabolikus qui multiplie les actes de piraterie maritimes pour voler une importante quantité d’uranium et de mercure. Et voilà notre fier justicier masqué, au volant de son bolide blindé, lancé aux trousses du vilain et de ses sbires.

L’absurdité du concept nous arrache fatalement quelques rires, car on imagine mal l’efficacité d’un tel agent spécial, aussi peu discret qu’un éléphant dans un magasin de porcelaines. Mais qu’importe ! Le visionnage d’un film qui s’appelle Superargo contre Diabolikus nécessite une sérieuse dose de suspension d’incrédulité. Ce qui saute surtout aux yeux, c’est l’influence omniprésente de la saga James Bond sur cette production majoritairement italienne. Ce quasi-remake de James Bond contre Docteur No nous offre ainsi un super-vilain en costume rétro-futuriste  ayant installé sa base secrète sur une île isolée, un hangar des services secrets empli d’armes sophistiquées et de gadgets en tout genre, un combat sous-marin contre des hommes-grenouilles, l’incontournable explosion finale du repaire du méchant et une bande originale qui imite régulièrement le « 007 theme » de John Barry.

Un mix de Sean Connery et Santo

Mais notre James Bond en collants ne se contente pas ici de marcher sur les traces de Sean Connery et d’imiter les faits et gestes de Santo. Il a des super-pouvoirs. Certes, il ne vole pas, pas plus qu’il ne lance des rayons par les yeux. Mais sa force et son endurance dépassent toutes les limites connues. Capable de retenir sa respiration pendant sept minutes, doté d’un sang qui coagule à la vitesse grand V, insensible à la congélation ou à l’électrocution, il mérite sans détour le titre de super-héros. « L’organisme de Superargo est identique à celui de n’importe quel autre individu », nous explique Kinski, « mais sa conformation physique et son métabolisme sont si bien équilibrés que sa capacité de résistance est presque surhumaine. »  Epatant, non ? Gentiment distrayant mais truffé de clichés balourds et empêtré dans des péripéties mollassonnes, Superargo contre Diabolikus séduisit suffisamment le public pour avoir droit à une séquelle l’année suivante sous la direction de Paolo Bianchi : Superargo contre les Robots.

 

© Gilles Penso

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BULK L’INVINCIBLE (2010)

Une imitation de Hulk tellement ratée, tellement cheap et tellement grotesque qu'elle en deviendrait presque culte

THE AMAZING BULK

2010 – USA

Réalisé par Lewis Schoebrun

Avec Shevaun Kastl, Jordan Lawson, terence Lording, Randal Malone, Jed Rowen, Deirdre V. Lyons, Juliette Angeli

THEMA SUPER-HEROS I MÉDECINE EN FOLIE

Quand on a une filmographie ornée de titres tels que Dr Chopper, Death Sisters, Queen Cobra ou Aliens vs. Avatars, on est généralement dénué de complexes. C’est le cas de Lewis Schoebrun, un réalisateur habitué aux budgets anémiques et aux concepts bizarres. Avec Bulk l’invincible, notre homme décide de proposer sa propre variante de L’Incroyable Hulk, si ce n’est qu’il dispose en tout et pour tout de 14 000 dollars pour boucler son film. Shoebrun choisit donc de filmer tous ses comédiens devant un grand fond vert et d’utiliser exclusivement des images de synthèse pour les arrière-plans, ce qui renforcera selon lui l’aspect comic book du long-métrage.

Pourquoi pas ? Après tout, Sin City et 300 avaient prouvé la viabilité d’un tel parti pris. Seulement voilà : sans le sou, le cinéaste achète ses fonds numériques dans les banques d’image les moins onéreuses du monde (y compris sur Ebay !) et se retrouve avec des images de synthèse disparates à peu près aussi élaborées que celles d’un jeu vidéo des années 80 ! Bulk l’invincible raconte l’histoire d’Henry Howard, un jeune savant plein d’ambition qui cherche à mettre au point un sérum capable d’augmenter la masse musculaire des êtres humains et dont la fiancée, la jolie Hannah, se trouve être la fille du général Darwin, son irascible employeur. Expérimentant le sérum sur lui-même, Henry se transforme aussitôt en Bulk. Les mots nous manquent pour décrire cette créature. Imaginez un croisement impensable entre le Troll de La Communauté de l’Anneau et le Bibendum Marshmallow de S.O.S. Fantômes, qui aurait été modélisé et animé par un enfant de huit ans sur un ordinateur du siècle dernier.

Les images de synthèse les plus laides de tous les temps

La peau violette, les bras ballants, la bedaine molle, les fesses à l’air, cette chose difforme se déplace exclusivement en trottinant comme un jogger du dimanche et laisse les spectateurs totalement incrédules. Lâché dans la ville, ce colosse hideux s’oppose au sinistre docteur Kantlove qui menace de faire exploser la Lune avec son armada de missiles. Le jeu des acteurs est globalement catastrophique mais c’est un moindre mal, car nos yeux ahuris sont surtout obnubilés par cet enchaînement d’atroces incrustations sur fond vert, au sein d’animations numériques d’une laideur inouïe. Voir Henry et Hannah gambader en faisant du sur place, tandis que défile derrière eux un paysage de campagne numérique aux pixels gros comme des camions, est un spectacle assez hallucinant. Tout le film est à l’avenant, l’action se situant dans un environnement à mi-chemin entre la forêt de Oui-Oui, l’animation Powerpoint bas de gamme et le jeu vidéo période Space Invaders. Le réalisateur tente bien de se racheter en recourant au second degré (les trois logos qui ouvrent le film parodient ceux d’Universal, 20th Century Fox et Paramount, la poursuite finale se déroule au milieu d’un bestiaire en animation totalement absurde) mais le film est trop disgracieux, trop bâclé, trop stupide pour que ces traits d’humour surréalistes puissent le racheter, ne serait-ce que partiellement. Sur le papier, l’idée d’un faux Hulk violet semi-parodique pouvait légitimement attiser la curiosité. Mais dans les faits, Bulk l’invincible est une purge innommable dont le visionnage s’apparente à une douloureuse épreuve.

 

© Gilles Penso 

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CONJURING : LES DOSSIERS WARREN (2013)

Le réalisateur de Saw se lance dans une histoire de maison hantée et crée une nouvelle franchise

THE CONJURING

2013 – USA

Réalisé par James Wan

Avec Lili Taylor, Hayley McFarland, Patrick Wilson, Vera Farmiga, Ron Livingston, Joey King

THEMA FANTÔMES I DIABLE ET DEMONS I JOUETS I SAGA CONJURING

Avant Amityville, il y avait Harrisville… Dans cette petite bourgade de Rhode Island, les Perrons vivent l’enfer dans leur nouvelle demeure. Hormis quelques finitions à opérer çà et là (des plinthes se décollent, le papier peint n’est pas tout frais), la maison abrite quelques esprits malfaisants dans les rangs desquels on compte un gamin mort noyé et une sorcière pendue. Quant aux grincements de portes succèdent des cadres explosés et des colin-maillard fantomatiques, la famille décide de faire appel à Ed et Lorraine Warren (Patrick Wilson et Vera Farmiga, incroyables de classe), experts en démonologie et chasseurs d’esprits à temps plein… S’il est une assertion qui ne fait aucun doute c’est que James Wan, à partir d’un micro-budget, est à même de composer un maxi-hit. Le coup d’éclat Sawen est une preuve flagrante : à partir d’une enveloppe d’un million de dollars, le film en rapporte cent fois plus et engendre l’une des franchises les plus rentables de l’histoire du cinéma d’horreur. Pendant ce temps, le cinéaste se désolidarise à demi-mot de cette saga qui se transforme en culte du gore et du twist capillotracté pour renouer avec un style plus classique (Dead Silence) rappelant les fleurons des productions Hammer.

En 2010, avec Insidious, Wan néglige la tendance ravivée par le succès de Paranormal Activity pour composer un film de maison hantée dissonant qui préfère mettre mal à l’aise le spectateur qu’à le faire bondir de son siège. La première heure du métrage constitue à coup sûr le morceau d’horreur le plus terrifiant de la décennie, avant que le dernier acte, plus onirique, ne se transforme en monument du cheap. Quoiqu’il en soit, Wan, en prenant le contre-pied complet de la production hollywoodienne, redonne à l’horreur ses lettres de noblesse en déblayant les racines du genre depuis recouvertes par une mousse verdâtre. Fidèle aux préceptes du démonologue Ed Warren, James Wan installe la pression en respectant les niveaux de manifestation des esprits. Dans un premier temps, les habitants sont victimes de « l’infestation » : des chuchotements, des courants d’air, des odeurs de pourriture, des bruits de pas. Ensuite, c’est « l’oppression » dès que la force s’invite physiquement dans la maison et se manifeste matériellement. Enfin vient « la possession » et l’emprise totale sur un membre de la maisonnée, souvent le plus fragile.

Une valse à trois temps avec le Malin

The Conjuring n’est rien d’autre qu’une valse à trois temps avec le Malin, avec les ténèbres, avec la peur. Ou les peurs : du noir, des poupées (ces objets fétichisés par l’auteur depuis la marionnette de Jigsaw en passant par celle de Dead Silence pour en arriver à la terrifiante Annabelle), des reflets du miroir, des armoires entrouvertes, des caves poussiéreuses. La valse, conduite tambour battant par Wan, s’annonce vertigineuse, au contraire des œuvrettes imposant des scènes d’exposition à rallonge et requérant du spectateur qu’il scrute les quatre coins de l’écran dans l’espoir d’apercevoir quelque chose à se coller sur la rétine. Ces Dossiers Warren (qu’on imagine devenir une série de films consacrés aux enquêtes les plus terrifiantes du couple) nous entraînent dans un train fantôme que rien ne pourrait faire dérailler tant il évolue sur des rails minutieusement huilés (pas d’effet facile pour créer des jump scares mais un recours perpétuel aux regards, au hors-champ, aux cordes stridentes). Un grand huit de la trouille qui, à force de déborder de générosité, flirte parfois avec le grotesque mais s’avère tellement éprouvant qu’il s’érige indubitablement en mètre-étalon de l’horreur actuelle. Au point de côtoyer La Maison du diable de Robert Wise ou La Maison des damnés de John Hough…  

 

© Damien Taymans

 

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SUPERMEN DÖNÜYOR (1979)

Une version turque de Superman qui pille sans vergogne le film de Richard Donner et bricole ses effets spéciaux avec une touchante maladresse

SUPERMEN DÖNÜYOR

1979 – TURQUIE

Réalisé par Kunt Tulgar

Avec Tayfun Demir, Güngör Bayrak, Yildirim Gencer, Esref Kolçak, Nejat Özbek, Resit Hazar, Seref Çokseker, Reha Yurdakul

THEMA SUPER-HEROS I EXTRA-TERRESTRES

Les cinéastes turcs d’antan se souciaient autant des copyrights que de leur première liquette. Ils initièrent donc au cours des années 70 plusieurs adaptations cheap et illégales des aventures de Superman. Avec le succès du Superman de Richard Donner, une nouvelle version s’imposait. Et c’est avec une touchante maladresse que le réalisateur Kunt Tulgar se lance dans un remake désargenté de la superproduction produite par les frères Salkind. Côté musique, pas de problème : on puise au hasard dans les bandes originales de Superman, Goldfinger, Bons baisers de Russie, Midnight Express, Cosmos 1999… Apparemment, personne ne vient réclamer le moindre droit d’auteur aux confins de l’Asie et de l’Europe. Pour les images, c’est moins simple, et les premières minutes du film soulignent cruellement le décalage entre les intentions et le résultat. Sur un fond spatial constitué de décorations de sapins de Noël suspendues devant un grand carton noir, une voix off nous raconte la destruction de la planète Krypton et la venue sur Terre d’un rescapé miraculeux. Puis surgit le logo de Superman, méticuleusement dessiné et découpé à la main.

Lorsque notre héros apparaît à l’âge adulte, c’est sous les traits patauds du comédien Tayfun Demir, sélectionné pour sa haute stature et son regard d’azur, mais ridiculement desservi par une paire de lunettes aussi volumineuse qu’un masque de plongée. Dans le film, le fils prodige ne se nomme pas Clark mais Tayfun, et sa famille adoptive ne cherche pas à ressembler à des fermiers texans mais bien à de modestes paysans turcs (le père arbore la vénérable moustache de circonstance et la mère porte le foulard traditionnel). Ainsi Supermen Dönüyor intègre-t-il le mythe de l’homme d’acier dans son contexte culturel d’origine, prouvant quelque part l’universalité du concept imaginé par Shuster et Siegel. Cet aspect du film n’est pas inintéressant, mais ne le sauve évidemment pas du naufrage artistique global, bien au contraire.

De gros éclats de rire involontaires

Quand papa et maman expliquent à leur grand dadais de fils qu’il a été adopté, la finesse du jeu des comédiens ne saute pas vraiment aux yeux. Lorsque Tayfun hérite d’une pierre de sa planète natale et découvre dans une grotte l’image spectrale de son défunt père biologique avant de se muer en Superman (cherchant à porter la célèbre panoplie avec autant d’aplomb que Christopher Reeve), nos rires sont difficiles à réfréner. Et quand, enfin, notre super-héros fend fièrement les cieux, l’hilarité éclate sans retenue. Comment réagir autrement face à ce Big Jim en plastique suspendu devant un écran projetant des vues aériennes d’Istanbul ? Tayfun travaille comme journaliste aux côtés de la belle Alev (équivalent turc de Loïs Lane) qui se trouve être la fille d’un savant ayant découvert le moyen de tout transformer en or grâce à un fragment de kryptonite relié à un pistolet laser. Quand il ne sauve pas Alev, Superman utilise ses pouvoirs pour que sa machine à écrire tape ses articles toute seule ou pour que les jolies secrétaires lui apparaissent en sous-vêtements. Sinon, des méchants interviennent et mettent régulièrement nos héros en danger façon serial (collision de train imminente, tapis roulant relié à une guillotine), mais tout rentre évidemment dans l’ordre avec une naïveté désarmante.

 

© Gilles Penso

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L’INCROYABLE HOMME PUMA (1980)

Au panthéon des films de super-héros les plus absurdes et les plus risibles de tous les temps, celui-ci occupe une place de choix

L’UOMO PUMA

1980 – ITALIE

Réalisé par Alberto de Martino

Avec Walter George Alton, Donald Pleasence, Miguel Angel Fuentes, Sydne Rome, Silvano Tranquili, Benito Stefanelli 

THEMA SUPER-HEROS I EXTRA-TERRESTRES

En 1978, Superman de Richard Donner rafle tout sur son passage et se hisse au sommet du box-office. Découvrant soudain que les super-héros peuvent faire recette, les cinéastes du monde entier décident de s’y coller, en oubliant souvent que sans effets spéciaux à la hauteur, les sous-Supermen sont voués au ridicule. Pas démonté pour autant, Alberto de Martino, signataire de solides péplums (Les Sept gladiateurs, Persée l’invincible, Le Triomphe d’Hercule) et de films fantastiques ambitieux (La Maison de la terreur, L’Antéchrist, Holocaust 2000) tente sa chance sur le créneau super-héroïque… et réalise le film le plus grotesque de toute sa carrière. Le ton est donné d’emblée. Sur fond d’étoiles, un texte s’affiche : « Une Antique légende Aztèque nous dit que dans la nuit des temps un Dieu Blanc est venu de l’espace sur terre et fut le Premier Homme Puma. » Nous en prenons bonne note, sans trop savoir que faire de cette explication. Aussitôt, une maquette de soucoupe volante sphérique survole des dolmens, tandis que résonne une voix sentencieuse : « Avec ce gage, je serai toujours présent parmi vous. Mon fils en sera le gardien, ainsi que les fils des fils qui naîtront de lui. Pendant des millénaires, il conservera mes pouvoirs, les pouvoirs d’un Homme Dieu, les pouvoirs d’un Homme Puma ! »

Et c’est parti pour 90 minutes de délire non-stop. L’Incroyable Homme Puma est d’autant plus drôle qu’il se veut sérieux. Dans son repaire digne d’un méchant de James Bond, Kobras (Donald Pleasence, qui avouera plus tard n’avoir jamais tourné dans pire long-métrage) utilise un masque d’or extraterrestre pour hypnotiser la jeune chercheuse Jane Dobson (Sydne Rome) et tendre un piège à l’homme puma. Mais ce dernier reste introuvable. Parallèlement, Vadinho (Miguel Angel Fuentes), un colossal prêtre aztèque, est lui aussi à la recherche de l’homme puma. Sa méthode est plus expéditive : il jette des gens par la fenêtre en attendant que l’un d’entre eux survive à la chute !

Donald Pleasence tout de cuir vêtu !

N’empêche que cette technique porte ses fruits, puisque le surhomme tant convoité apparaît enfin. Il s’agit d’un paléontologue américain, le professeur Tony Farms (Walter George Alton). D’abord incrédule, notre homme se trouve bientôt contraint d’attacher autour de sa taille la ceinture de son ancêtre. Aussitôt, il revêt une belle panoplie de super-héros et vole dans les airs (via d’hideuses incrustations soutenues par une partition musicale indescriptible). A partir de là, l’intrigue s’embourbe dans une molle enquête au cours de laquelle l’homme puma expérimente ses pouvoirs (vision nocturne, super-force, capacité de traverser les murs ou de se téléporter), tandis que Vadinho joue les mentors et distribue à l’occasion quelques coups de poing. Certes, voir Donald Pleasence tout de cuir vêtu jouer les grands méchants dans sa salle de contrôle ornée de sculptures à l’effigie des humains qu’il hypnotise à distance a quelque chose d’indiscutablement distrayant. Mais même l’amateur de nanars finit par trouver le temps long, et de l’avis général, L’Incroyable Homme Puma figure sans conteste dans le palmarès des films de super-héros les plus calamiteux de l’histoire du cinéma.

 

© Gilles Penso

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SGT KABUKIMAN N.Y.P.D. (1990)

Après avoir créé Toxic Avenger, le super-héros le plus gluant de tous les temps, la compagnie Troma donne naissance à un justicier tout aussi improbable

SGT KABUKIMAN N.Y.P.D.

1990 – USA

Réalisé par Lloyd Kaufman et Michael Herz

Avec Rick Gianasi, Susan Byun, Bill Weeden, Thomas Crnkovich, Larry Robinson, Noble Lee Lester, Brick Bronsky, Pamela Alster 

THEMA SUPER-HEROS

Face au succès inespéré de Toxic Avenger, Lloyd Kaufman, le joyeux patron de la Troma, cherchait à créer un nouveau super-héros burlesque apte à compléter le bestiaire improbable de sa compagnie de production. Le projet lui arriva pour ainsi dire sur un plateau alors qu’il tournait Toxic Avenger 2 au Japon. Sur place, Kaufman et son partenaire Michael Herz rencontrèrent les responsables de la firme Namco qui leur proposèrent l’idée d’un justicier inspiré du théâtre kabuki. Sgt Kabukiman N.Y.P.D. était né. Mais le film ne se fit pas sans heurt. Si les vétérans nippons du jeu vidéo rêvaient à une comédie fantastique familiale susceptible de se décliner sur plusieurs plateformes multimédia, Lloyd Kaufman tenait à conserver la ligne éditoriale des productions Troma, autrement dit du gore, du sexe et de l’humour gras. D’où un résultat hybride qui peina quelque peu à trouver sa cible, trop trash pour le grand public et trop soft pour les aficionados de Toxic et Atomic College. Le sympathique Rick Gianasi, sorte de Chevy Chase du pauvre, incarne l’inspecteur de police Harry Griswold, pris au milieu d’une fusillade en plein spectacle kabuki. Alors qu’il rend son dernier souffle, le plus vieux des comédiens lui transmet les pouvoirs sacrés du Kabuki.

Guidé par la belle Lotus (Susan Byun), Griswold va se transformer en Kabukiman, un super-héros parfaitement grotesque qui porte un kimono multicolore, un maquillage outrancier, une coupe de cheveux indescriptible, et déploie des super-pouvoirs de haut niveau. S’il vole comme Superman, Kabukiman peut aussi éviter les balles avec son éventail blindé ou projeter des sushis mortels au visage de ses adversaires. Désormais, il est de taille à s’opposer au maléfique businessman Reginald Stuart (Bill Weeden), maître du crime new-yorkais. Suivant la volonté de Lloyd Kaufman, Sgt Kabukiman N.Y.P.D. cultive l’humour au-dessous de la ceinture (le gag de la fellation sous le bureau) et le recours aux effets gore (l’éventrement en gros plan en début de film). Quant à la mise en scène, elle demeure très approximative. Surjoué, mal filmé, mal éclairé, mal monté et paré d’une abominable bande originale synthétique, le long-métrage frôle dangereusement l’amateurisme.

La métamorphose du grand méchant

Deux séquences valent tout de même le détour. La première est une poursuite automobile burlesque, dans laquelle notre héros a pris malgré lui les allures d’un clown ventripotent, et qui s’achève par le vol plané à 360° d’une voiture qui atterrit en explosant. Très fier de cette séquence, Kaufman la réutilisera dans une demi-douzaine d’autres films Troma. La seconde est la métamorphose du grand méchant, qui se mue en espèce d’invertébré géant visqueux d’où surgit une créature hideuse proche des Démons de Lamberto Bava, et dont chaque main se prolonge par une tête monstrueuse et grimaçante ! Hélas, son affrontement final avec Kabukiman est escamoté en quelques plans avant de céder la place à un happy end bâclé. Extrêmement déçus par le film, les pontes de Namco refusèrent de le distribuer. Sgt Kabukima N.Y.P.D. erra donc pendant plusieurs années au marché du film de Cannes avant de connaître une distribution tardive en 1996. 

 

© Gilles Penso

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CATWOMAN (2004)

Malgré son charme indiscutable, Halle Berry ne nous convainc pas une seconde dans la peau de la langoureuse femme-chat de DC Comics

CATRWOMAN

2004 – USA

Réalisé par Pitof

Avec Halle Berry, Sharon Stone, Lambert Wilson, Benjamin Bratt, Alex Borstein, Frances Conroy, Michael Massee 

THEMA SUPER-HEROS I SAGA DC COMICS

Deux questions nous taraudent pendant le visionnage de Catwoman : pourquoi avoir attendu si longtemps pour mettre en branle ce spin-off de Batman le défi, et surtout pourquoi en avoir confié la mise en scène à Pitof, alias Jean-Christophe Comar ? Certes, ce sympathique cinéaste est un pilier des effets spéciaux visuels, qu’il pratiqua intensivement tout au long de sa carrière sur les films français les plus ambitieux des années 90. Mais il est également l’auteur de Vidocq, qu’on ne peut pas décemment qualifier de réussite artistique et technique. Cela dit, avec un tel scénario, il était difficile de tirer son épingle du jeu. Qu’on en juge : Patience Philips (Halle Berry) est une directrice artistique œuvrant pour la société Hedare Beauty, dirigée d’une poigne de fer par l’antipathique George Hedare (Lambert Wilson) et par son épouse Laurel (Sharon Stone), une ancienne mannequin ayant connu son heure de gloire. Or Beau-Line, le nouveau produit de beauté que s’apprête à commercialiser Hedare, présente des risques terribles pour la clientèle. Certes il renforce et rajeunit la peau. Mais si on cesse de l’utiliser, les effets secondaires sont quelque peu indésirables : dépendance, vomissements, vertiges et décomposition de l’épiderme ! Travaillant tard le soir, Patience découvre l’horrible vérité mais n’a pas le temps de la révéler, car les gorilles du couple Hedare lui règlent son compte et la laissent pour morte. Mais c’était sans compter sur « Minuit », un chat égyptien venu du fond des âges pour la ressusciter grâce à ses pouvoirs magiques.

A partir de là, c’est le point de non-retour. Le look de cette nouvelle Catwoman, loin du cuir moulant ultra-sexy de Michelle Pfeiffer, ressemble à une tenue de carnaval à peine digne d’un bal masqué, et ses acrobaties en image de synthèse imitent sans vergogne celles du Spider-Man de Sam Raimi sans jamais en égaler la grâce. Au scénario absurde et aux dialogues laborieux (fruit du travail commun de quatre auteurs !) s’ajoute une mise en scène pataude. Certes, Pitof a calmé le jeu depuis les effets hystériques de Vidocq, mais le bon goût et la subtilité continuent à briller par leur absence. Grotesque, vulgaire et caricatural, ce massacre en règle de la féline imaginée par Bob Kane enchaîne sans vergogne les séquences embarrassantes au cours desquelles les comédiens en font des tonnes sans le moindre garde-fou.

Une franchise morte-née dès le premier épisode

Il faut voir Sharon Stone jouer la duplicité avec la finesse d’un cartoon des Looney Tunes ou Halle Berry manger des boites de ronron et se frotter à de l’herbe à chat ! Et que dire de ce personnage féminin invraisemblable (mais très pratique pour les scénaristes) qui surgit de nulle part, sait tout sur les femmes-chats et raconte à notre héroïne ses nouvelles attributions avant de lui donner son masque de super-héroïne ! Quant à la scène-clef du film, le combat à mort entre Patience et Laurel qui nécessita pas moins de neuf jours de tournage, elle nous offre une ascension directe sur les sommets du ridicule. Bref voilà une belle franchise morte-née dès son premier épisode. Catwoman réapparaîtra sous les traits de Anne Hathaway dans The Dark Knight Rises. Quant à Pitof, il s’échoua dans les direct-to-DVD anonymes. Notre femme-chat, elle, attend toujours le long-métrage qui lui restituera l’éclat qu’elle mérite.

 

© Gilles Penso

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AMITYVILLE 2 : LE POSSEDE (1982)

Damiano Damiani réalise une prequel terrifiante du classique de Stuart Rosenberg qui s'avère beaucoup plus effrayant que son modèle

AMITYVILLE 2 : THE POSSESSION

1982 – USA / MEXIQUE

Réalisé par Damiano Damiani

Avec James Olson, Burt Young, Rutanya Alda, Jack Magner, Andrew Prine, Diane Franklin, Moses Gunn

THEMA FANTÔMES I DIABLES ET DEMONS I SAGA AMITYVILLE

Trois ans après Amityville la maison du diable, succès public mou du genou réalisé par un Stuart Rosenberg peu inspiré, l’appel du profit pousse le nabab fou Dino de Laurentiis à produire une suite, en fait une préquelle à la triste histoire (vraie) des Lutz. Le massacre au fusil de chasse de sa propre famille par le jeune Ronald de Feo (brièvement résumé dans le prologue du premier opus), sera ici le corps du film. Damiano Damiani, artisan italien chevronné habitué du western et du polar, se lance dans son premier film fantastique, décidé à respecter humblement les codes du genre, mais aussi à briser tous les tabous possibles. Là où Rosenberg posait une belle atmosphère mais peinait à injecter du rythme et des péripéties à son histoire, sclérosé dans un classicisme soporifique, Damiani fait le choix payant d’une approche frontale de la peur et d’un onirisme bienvenu. Sa mise en scène est le point fort du film : personnalisant le démon venu posséder le fils aîné de la maison au moyen d’une utilisation classieuse de la Steadycam, ample et subjective, elle rappelle le Carpenter de La Nuit des masques ou le Sam Raimi d’Evil Dead. Les mouvements frénétiques de la caméra virevoltant autour des personnages créent une terreur palpable, optimisée par des éclairages baroques à la Mario Bava, de solides effets spéciaux et une partition anxiogène de Lalo Schifrin (qui pioche dans le score original). Car oui, le film fait peur, comme rarement.

Cette réussite est due également au soin apporté à l’écriture des personnages : le script de Tommy Lee Wallace (Ça, Halloween 3) met à mal la sacro-sainte famille américaine, n’hésitant pas à aborder sans ambages l’inceste entre frère et sœur, le viol conjugal ou l’infanticide. Impossible d’imaginer de telles thématiques à l’écran aujourd’hui… En cela Amityville 2 évoque l’ambition désinhibée et le caractère désespéré de Simetierre. L’interprétation est au diapason, de Burt Young livrant une version extrémiste de son Paulie de Rocky au marquant Jack Magner, meurtrier malgré lui suscitant autant la pitié que la terreur. L’intelligence du film est de ne jamais vraiment juger cette famille dysfonctionnelle et malsaine, nous la présentant même sous un jour touchant lors de la séquence de l’anniversaire.

Sous l'influence de L'Exorciste

Contre toute attente, la tuerie attendue survient bien avant la fin (traumatisante à souhait), et l’œuvre s’en va soudain braconner sur les terres de L’Exorciste, le citant même directement au détour de quelques plans. Cette dernière partie pourrait faiblir, gâchée par l’impression d’être en terrain connu, mais le savoir-faire et les idées du réalisateur font merveille et parviennent même à rendre le personnage de Sonny plus effrayant que celui de la mythique Regan (rejoignant le meilleur ersatz du film de Friedkin, L’Antéchrist d’Alberto de Martino). Pour son premier (et unique) essai dans le fantastique, Damiano Damiani ne signe rien de moins qu’un des fleurons du genre. Il cèdera malheureusement la place à un Richard Fleischer vieillissant pour l’inéluctable et raté Amityville 3.

 

© Julien Cassarino

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