LES CAVALIERS DE L’APOCALYPSE (2009)

Dennis Quaid mène l'enquête dans ce film policier horrifique qui cherche l'inspiration du côté de Seven

HORSEMEN

2009 – USA

Réalisé par Jonas Akerlund

Avec Dennis Quaid, Zang Ziyi, Lou Taylor Pucci, Chelcie Ross, Clifton Collins Jr, Barry Shabaka Henley, Peter Stormare

THEMA TUEURS

Le scénario des Cavaliers de l’apocalypse, signé David Callaham, semble vouloir retrouver les recettes du succès de Seven. Il s’agit donc d’une nouvelle enquête policière liée à des meurtres atroces dont le mode opératoire trouve son inspiration dans les textes bibliques. Si ce n’est qu’ici, les sept péchés capitaux ont été troqués contre la prophétie des Cavaliers de l’Apocalypse. Pensant tenir là un nouveau champion du box-office, les producteurs Michael Bay, Andrew Form et Brad Fuller se mirent en quête d’un nouveau David Fincher qu’ils crurent dénicher en la personne de Jonas Akerlund, spécialiste suédois du vidéoclip et du spot publicitaire. Hélas, comparer Les Cavaliers de l’apocalypse à Seven reviendrait à mettre sur le même pied d’égalité Les Dents de la mer et Les Sous-doués en vacances !

Le film part pourtant avec de sérieux atouts en poche, l’un des moindres n’étant pas Dennis Quaid. Buriné par les ans, l’ancien héros de L’Aventure intérieure n’a rien perdu de son charisme et occupe l’écran avec toujours autant de présence et d’intensité. Il incarne ici Aidan Breslin, un policier marqué par la mort de sa femme qui se réfugie tête baissée dans son travail, quitte à délaisser ses deux jeunes fils. Or le voilà accaparé par une série de meurtres pervers où les victimes sont suspendues par des crochets entamant leurs chairs. Sur chaque scène de crime, une inscription rouge sang stigmatise les murs en ces termes : « Viens et vois… » Il s’agit en fait d’une citation biblique qui associe les meurtres aux fameux quatre Cavaliers de l’Apocalypse, chacun étant décrit dans les « saintes écritures » sous un jour bien peu amène. Le cavalier blanc est un maître de la tromperie, le cavalier rouge un guerrier qui dresse les hommes les uns contre les autres, le cavalier noir un tyran manipulateur, et le cavalier pâle un bourreau surhumain. Or Aidan semble avoir un lien direct avec les différents suspects…

Des tortures façon Hellraiser

A la prestation de Dennis Quaid s’ajoutent quelques savoureux seconds rôles, notamment la sublime Zhang Ziyi en victime ambiguë, le truculent Peter Stormare en père de famille au lourd secret, ou l’excellent Eric Balfour dont la courte apparition est l’une des scènes les plus marquantes du film. Car Les Cavaliers de l’apocalypse présente l’intérêt de s’intéresser avant tout à ses personnages, sans reculer pour autant devant les scènes horrifiques les plus éprouvantes, sorte de version hyper-réaliste des sévices de la saga Hellraiser. Mais l’alchimie ne prend pas, car le produit manque cruellement de spontanéité et de cohérence. Les ingrédients du récit semblent avoir été minutieusement dosés pour cibler large (les fans d’horreur, les amateurs de films policiers, les amoureux du drame psychologique) et les répercussions familiales du récit ont toutes les apparences d’un prétexte « respectable » pour que le film puisse se racheter une conduite et mieux justifier les scènes de torture qu’il inflige aux spectateurs avec un total manque de recul. La morale douteuse que véhicule le scénario et sa fin en queue de poisson achèvent de placer Les Cavaliers de l’apocalypse dans la catégorie « facultatif ». Il y a sûrement un moyen plus intéressant de passer deux heures de son temps.

© Gilles Penso

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LA POSSIBILITÉ D’UNE ÎLE (2008)

Michel Houellebecq réalise lui-même l'adaptation d'un de ses romans et accouche d'un film de science-fiction audacieux mais désespérément hermétique

LA POSSIBILITE D’UNE ILE

2008 – FRANCE

Réalisé par Michel Houellebecq

Avec Benoît Magimel, Ramata Koite, Patrick Bauchau, Andrzej Seweryn, Jordi Dauder, Jean-Pierre Malo, Serge Larivière

THEMA MEDECINE EN FOLIE I FUTUR

Ayant fait ses preuves en tant qu’écrivain, Michel Houellebecq décide de passer à la mise en scène en adaptant son roman « La possibilité d’une île ». Le pari est osé, car les thématiques développées dans le texte original ne sont pas évidentes à transposer à l’écran. S’appuyant sur l’expertise technique de Philippe Harel – qui lui met le pied à l’étrier en tant que conseiller à la réalisation – et sur la prestation de Benoît Magimel – qui assure au film un certain potentiel commercial – Houellebecq tente sa chance… et se casse hélas les dents face à la complexité de son sujet. Le film nous fait découvrir une petite secte, les Elohim, qui promet rien moins que le bonheur et la vie éternelle pour tous. Son gourou et prophète, incarné par Patrick Bauchau, annonce avec emphase : « dans un seul cerveau humain, il y a plus de possibilités de connexions entre les cellules nerveuses qu’il n’y a de molécules dans l’ensemble de l’univers ». Son maigre auditoire étant principalement constitué de vieillard imbibés d’alcool et de vagabonds solitaires, échoués par hasard dans une petite salle des fêtes provinciale, le message n’a pas beaucoup d’impact.

Pourtant, quelques années plus tard, la secte a pris une importance considérable, comptant 80 000 adeptes et touchant plus de soixante territoires. Leur objectif consiste à s’appuyer sur les dernières avancées technologiques afin de créer le « néo-humain », autrement dit l’homme du futur, dans l’espoir de vaincre la mortalité. Au lieu du clonage cher aux raëliens (qui servent visiblement d’inspiration à Houellebecq), la technique envisagée est la retranscription des données d’un cerveau humain sur un corps neuf, le mode de nutrition traditionnel étant remplacé par la photosynthèse. Acceptant d’être le cobaye de l’expérience, le jeune homme incarné par Benoît Magimel nous apparaît à travers une série de flash-forwards situés dans une caverne futuriste. Lorsqu’il en sort enfin et affronte le monde extérieur, c’est comme si nous assistions à sa renaissance, et son errance dans la nature hostile filmée sur l’île de Lanzarote évoque les premiers pas d’un homme préhistorique (c’est d’ailleurs là que fut tourné Un million d’années avant JC).

Un terrain vague en guise de monde post-apocalyptique

Dans ce futur post-apocalyptique, la terre a été ravagée par des catastrophes écologiques et des tribus primitives et violentes se sont constituées. Hélas, cet avenir sombre nous est raconté par la voix off de Magimel, mais rien ne nous est montré, à part quelques ruines sur un terrain vague, aux accents d’une bande originale symphonique exagérément grandiloquente. Nébuleux, austère, hermétique, La Possibilité d’une île faillit donc à sa tâche principale – captiver l’intérêt du spectateur – et cherche sa voie métaphysique quelque part entre un Kubrick et un Tarkovsky sans parvenir à s’ériger en spectacle digne de ce nom. On y trouve même des scènes d’une aberrante gratuité – l’élection de Miss Bikini dans un hôtel des Canaries, les tribulations d’une touriste belge, l’intervention d’Arielle Dombasle – dont on se questionne encore sur la pertinence et l’intérêt. Tourné dans un généreux format Cinémascope, le film est certes soigné dans sa facture, mais de là à dire que l’écrivain s’est mué en prometteur cinéaste, il y a un grand pas qui, de toute évidence, reste encore à franchir.


© Gilles Penso

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LA FORTERESSE NOIRE (1983)

En pleine seconde guerre mondiale, un détachement de l'armée allemande est décimé par une entité démoniaque…

THE KEEP

1983 – USA

Réalisé par Michael Mann

Avec Scott Glen, Alberta Watson, Jurgen Prochnow, Robert Prosky, Ian Mc Kellen, Gabriel Byrne, Michael Carter

THEMA DIABLE ET DEMONS

La Forteresse noire adapte le roman homonyme de F. Paul Wilson, publié en 1981 et dédié à H.P. Lovecraft, Robert Howard et Clark Ashton Smith. Mais le vampire assoiffé de sang du texte initial s’est ici mué en démon colossal et exterminateur aspirant l’énergie vitale de ses victimes. L’intrigue prend place en 1943. Un détachement de l’armée allemande est envoyé au cœur de la Transylvanie afin d’investir une gigantesque et antique forteresse. Ces hommes sont dirigés par le capitaine Klaus Woermann, intentionnellement éloigné de l’Allemagne par les nazis. Dès qu’il observe de plus près la forteresse, Woermann reconnaît l’architecture d’une prison. Abriterait-elle quelqu’un ? Alors qu’ils inspectent l’imposante bâtisse, deux soldats décident de dérober les croix en argent qu’ils découvrent.

Bien mal inspirés, ils viennent de réveiller Molassar, une entité monstrueuse qui va désormais massacrer les intrus un à un. Woermann, terrifié, tente en vain d’opposer une résistance à la créature qui extermine ses soldats. Il lance un message alarmé à l’état major des forces allemandes, afin de quitter au plus tôt le lieu maudit. Mais les nazis ont d’autres objectifs : ils préfèrent envoyer des renforts de SS, dirigés par l’officier tortionnaire Kaempfer. Woermann et Kaempfer n’ont rien en commun, et une animosité croissante va les opposer. Mais les morts répétées dans le donjon prennent le pas sur ce conflit d’autorité. Il semble que le docteur Cuza, un Juif déporté, soit la seule personne capable de résoudre cette énigme…

Le démon qui sommeille en chacun de nous

Vétéran de séries TV policières dans les années 70 et 80, Michael Mann réalisait ici son second long-métrage, après Le Solitaire mettant en vedette James Caan. La Forteresse noire se pare d’un casting impeccable, avec en tête Jurgen Prochnow (Le Bateau), Scott Glenn (Le Silence des Agneaux), Gabriel Byrne (Usual Suspects) et Ian McKellen (Le Seigneur des Anneaux). Esthète en diable,  le futur metteur en scène de Heat et Révélations dote son film d’une atmosphère très étrange, le nimbant de clairs-obscurs monochromes et embrumés, et optant pour les angles de prise de vue surprenants. Cette mise en forme, très en accord avec les luxueux films publicitaires et clips musicaux du début des années 80, évoque beaucoup les premiers travaux de Ridley Scott. D’où le choix d’un directeur de la photographie aux partis pris tranchés, en l’occurrence Alex Thompson qui allait justement œuvrer plus tard pour Scott à l’occasion de Legend. Mann marque également ici ses goûts prononcés pour les partitions électroniques, confiant la bande originale de son film au groupe Tangerine Dream. L’œuvre est donc somptueuse et très graphique, mais elle sous-exploite quelque peu son potentiel d’épouvante, l’intérêt du réalisateur étant visiblement ailleurs. Car même si le monstre Molassar, conçu par le dessinateur Bilal, est une création inspirée et fort impressionnante, il fonctionne moins comme un archétype des terreurs primales frappant dans les ténèbres (façon Alien) que comme une métaphore du démon qui sommeille en chaque homme, en l’occurrence les nazis qu’elle élimine impitoyablement.

© Gilles Penso

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LA COLLINE A DES YEUX 2 (2007)

Cette suite du remake du film de Wes Craven n'est pas le remake de la suite du film de Wes Craven… Vous suivez ?

THE HILLS HAVE EYES 2

2007 – USA

Réalisé par Martin Weisz

Avec Daniella Alonso, Michael McMillian, Jessica Stroup, Jacob Vargas, Lee Thompson Young, Ben Crowley, Eric Edelstein

THEMA TUEURS I CANNIBALES I SAGA LA COLLINE A DES YEUX

Au milieu des années 80, Wes Craven donna une suite à son excellent La Colline a des yeux, et les malheureux spectateurs qui s’y aventurèrent se souviennent encore avec effroi de l’ampleur des dégâts. Etant donné le succès du remake d’Alexandre Aja, il était inévitable qu’un nouveau La Colline a des yeux 2 voie le jour. Aja et son compère Grégory Levasseur ayant décidé de ne pas s’impliquer dans cette séquelle, c’est Wes Craven lui-même qui reprit les rênes du projet, signant le scénario avec son fils Jonathan et confiant la mise en scène à Martin Weisz. Réalisateur d’un certain nombre de clips, ce dernier avait également signé en 2006 le long-métrage Rohtenburg, inspiré d’un fait divers lié au cannibalisme. Si le principe de La Colline a des yeux 2 est le même que celui de son prédécesseur, et si le décor n’a pas changé, aucun des personnages du film d’Aja n’a été conservé, tant du côté des humains que de celui des mutants anthropophages.

Les protagonistes sont ici les jeunes soldats d’une unité de la Garde Nationale en plein exercice. Obéissant à tous les clichés d’usage (la tête brûlée, l’intello, le boy scout, le chef qui crie sur tout ce qui bouge), ils font une halte dans un avant-poste du Nouveau-Mexique afin de livrer du matériel à des scientifiques œuvrant pour le gouvernement. Or le campement qu’ils découvrent est désert. Après avoir repéré un signal de détresse dans la montagne voisine, les soldats partent à la recherche des savants disparus. Ils s’apprêtent sans le savoir à jouer dans un remake du « Petit Poucet », le rôle de l’ogre étant tenu par une famille dégénérée et cannibale terrée dans la colline. Évidemment, si on le compare à celui d’Alexandre Aja, le survival de Martin Weisz fait bien pâle figure, évacuant toute personnalité et toute tentative d’innover, d’autant que le principe des militaires attaqués par des monstres ne nous étonne plus depuis La Forteresse noire, Aliens ou Dog Soldiers. Mais si l’on accepte de faire abstraction de cette cruelle carence d’imagination, il faut reconnaître que La Colline a des yeux 2 est un divertissement tout à fait honorable.

Les nouveaux mutants

La mise en scène de Weisz est d’une grande efficacité, ses séquences d’action fort bien troussées, les décors naturels marocains toujours aussi photogéniques et les effets gore plus extrêmes que jamais, les morts violentes ne manquant pas de piquant (l’homme réfugié dans les toilettes, le soldat plié en deux dans un terrier). Aux notions de meurtre sauvage et de cannibalisme s’ajoute ici celle de la reproduction de l’espèce, les mutants s’accouplant avec toutes les femmes qui leur tombent entre les mains pour perpétuer leur race. Certes, les maquillages spéciaux de KNB ne donnent pas franchement dans la finesse, et les nouveaux mutants cannibales manquent souvent de crédibilité. Mais d’excellentes idées visuelles s’en dégagent, notamment ce «freak» qui s’adonne au mimétisme dans les rochers grâce à sa peau rugueuse digne de la Chose des Quatre Fantastiques. Quant au père Hadès (incarné par le colossal Michael Bailey Smith), il s’avère particulièrement impressionnant, ce qui nous vaut un climax déchaîné empli de fureur et de violence.

 

© Gilles Penso

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HURLEMENTS (1981)

Joe Dante se réapproprie le mythe de la lycanthropie et met en scène les plus beaux loups-garous de l'histoire du cinéma

THE HOWLING

1981 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Dee Wallace, Patrick MacNee, Robert Picardo, Dennis Dugan, Belinda Balaski, Kevin McCarthy, John Carradine, Slim Pickens

THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA HURLEMENTS

Fantasticophile accompli, Joe Dante choisit avec Hurlements d’approcher le thème de la lycanthropie sous un angle à priori policier. Ainsi, le film s’ouvre sur l’assassinat mystérieux d’une dizaine de femmes à Los Angeles. Une journaliste de télévision, Karen White (Dee Wallace), enquête sur le tueur, Eddie (Robert Picardo). Sa rencontre avec le psychopathe dans une cabine de sex-shop la traumatise au point qu’elle doit, sous les conseils du docteur Waggner (Patrick MacNee), passer quelques jours dans la « colonie », un endroit sauvage et serein qu’il dirige. Là, Karen se rend compte que la pleine lune transforme tous les patients du docteur en loups-garous, y compris son mari, mordu par la belle Marsha, et Waggner lui-même, chef de la troupe.

Ce film marque une date assez importante, dans la mesure où le mythe du loup-garou y connaît un renouveau décisif, tant dans son approche thématique que dans sa mise en image. Dante s’amuse à mêler le classicisme (la pleine lune, les balles d’argent) et la modernité (le reportage télévisé, le serial killer urbain), et assume pleinement les implications psychanalytique de ses hommes-loups. Ces derniers atteignent souvent l’apogée de leur bestialité lors d’excitations sexuelles, le monstre symbolisant alors le Ça dans toute sa splendeur. Cette audace trouve un répondant dans des effets spéciaux révolutionnaires, donnant à voir des loups-garous très impressionnants, bipèdes, féroces et gigantesques. Dès lors, il ne sera plus possible de se contenter de maquillages à la Belle et la Bête dans ce domaine. Cette charnière visuelle est due en particulier à Rob Bottin, auteur des maquillages spéciaux, qui réalise ici la métamorphose d’homme en loup la plus spectaculaire jamais vue à l’écran.

John Steed chez les lycanthropes

Aux effets de Bottin s’ajoutent la surréaliste transformation en dessin animé d’un couple au bord d’un feu de camp, et un plan large hélas trop furtif d’un trio de lycanthropes animés image par image par David Allen. A l’origine, le film devait contenir plus de monstres animés, Joe Dante étant un fan irréductible de Ray Harryhausen. Mais les créations de Rob Bottin, tardivement achevées, se sont avérées très différentes, morphologiquement, des figurines de David Allen, ce qui posa d’évidents problèmes de raccords. « La décision de ne pas utiliser mes plans d’animation fut douloureuse pour moi, parce que ça représentait beaucoup de travail », nous avouait tristement Allen à ce propos, « mais je suppose qu’elle était logique à une plus grande échelle. » (1) Fidèle à son habitude, Dante multiplie les clins d’œil cinéphiliques. Ainsi, il donne à ses personnages des noms de réalisateurs de films de loups-garous (Waggner, Kenton, Francis, Newfield, William Neil, Fisher, Barton, Landers), il fait apparaître des guest-stars (Roger Corman, Forry Ackerman, et surtout John Carradine) et montre un loup de Tex Avery à la télé pendant l’attaque d’un lycanthrope. En médecin ambigu, Patrick McNee s’avère étonnant, à mille lieues du John Steed de Chapeau melon et bottes de cuir dont il conserve malgré tout l’impeccable charisme. Le film s’achève sur une note émouvante, spectaculaire et terriblement cynique.

(2) Propos recueillis par votre seviteur en avril 1998.

© Gilles Penso

 

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VENDREDI 13 CHAPITRE FINAL (1984)

Le quatrième volet de la saga Vendredi 13 est loin d'être le dernier, contrairement à ce que clame son sous-titre mensonger

FRIDAY THE 13TH THE FINAL CHAPTER

1984 – USA

Réalisé par Joseph Zito

Avec Kimberley Beck, Corey Feldman, Erich Anderson, Barbara Howard, Crispin Glover, Lawrence Monoson, Ted White

THEMA TUEURS I SAGA VENDREDI 13

En sous-titrant « chapitre final » ce quatrième épisode de la saga Vendredi 13, le producteur Frank Mancuso Jr souhaitait réellement en découdre une bonne fois pour toute avec Jason Voorhees. D’où un prégénérique mixant en un habile montage les moments forts des trois opus précédents, et le retour de Tom Savini aux effets spéciaux, histoire de boucler définitivement la boucle. Le film démarre sur le lieu du massacre survenu dans Meurtres en trois dimensions. La police y découvre onze cadavres, dont celui de Jason aussitôt transporté à la morgue. Evidemment, notre croquemitaine n’est pas vraiment mort, et lorsqu’il assiste aux ébats d’un couple d’infirmiers, une étincelle de vie le ranime (souvenir de sa noyade due aux coucheries de ses anciens moniteurs de colonie de vacances ?). Après le meurtre gratiné des deux tourtereaux en blouse blanche (une décapitation à la scie et un éventrement au scalpel), Jason retourne du côté de Crystal Lake, se fait la main avec une auto-stoppeuse corpulente (d’un coup de couteau en travers de la gorge) puis s’intéresse de près à un groupe de jeunes qui, comme par hasard, sont venus s’installer dans le coin pour festoyer, se saouler, se baigner nus dans le lac et forniquer comme des bêtes.

Parmi ces têtes à claque, on repère Crispin Glover, dont le talent allait éclater l’année suivante dans Retour vers le futur, et qui nous livre ici, le temps d’une brève scène musicale, une chorégraphie digne d’entrer dans les annales ! Le film met également en scène Tommy Jarvis, un petit garçon incarné par Corey Feldman (vu la même année dans Gremlins) qui vit dans le coin avec sa mère et sa sœur et dont le personnage semble s’inspirer des propres souvenirs d’enfance de Tom Savini, puisqu’il passe son temps à fabriquer d’impressionnants masques de monstres en latex ! Un dernier protagoniste se joint à la petite équipe : un jeune homme soucieux de venger la mort de sa sœur, tuée par Jason, et bien décidé à occire l’indestructible assassin.

Beaucoup de vitres cassées

La routine habituelle du scénario s’assortit d’incohérences hallucinantes. Jason massacre ainsi tout ce qui passe à sa portée, dans la maison occupée par les jeunes, avec un vacarme épouvantable (il jette même une fille à travers une vitre jusqu’à ce qu’elle atterrisse avec fracas sur le toit d’une voiture) mais personne ne semble s’en rendre compte… D’ailleurs, tout le monde prend un malin plaisir à passer à travers les vitres dans ce film, y compris les chiens ! Quelques idées sont empruntées ailleurs (le téléviseur fracassé sur la tête du tueur, une scène visiblement inspirée par Mother’s Day) et la musique d’Harry Manfredini continue tranquillement d’imiter celle de Bernard Herrmann à grands coups de violons stridents. Rien de bien neuf dans ce quatrième volet, en définitive, si ce n’est une certaine montée en puissance du point de vue du gore et de l’érotisme, sans qu’il n’y ait pour autant de quoi défrayer la chronique. Comme le titre le laisse imaginer, Jason meurt bien à la fin du film. Mais avec près de 33 millions de dollars de recette (pour un investissement d’un million huit), il eut été dommage de tuer la poule aux œufs d’or. Sa résurrection fut donc célébrée dès l’année suivante.

 
© Gilles Penso

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UNBORN (2008)

Une étudiante en proie à de terrifiants cauchemars serait-elle sur le point d'être possédée par un démon insatiable ?

UNBORN

2009 – USA

Réalisé par David S. Goyer

Avec Odette Yustman, Gary Oldman, Cam Gigandet, Meagan Good, Idris Elba, Jane Alexander, Atticus Shaffer, James Remar

THEMA ENFANTS I DIABLE ET DEMONS

S’il s’est souvent avéré être un scénariste de très haut niveau (The Crow, Dark City, Blade 2The Dark Knight, sur un CV ça en jette tout de même !), les activités de David S. Goyer en tant que réalisateur sont plus inégales, comme en témoignent des titres tels que Blade Trinity ou InvisibleUnborn était donc attendu avec une certaine prudence. Or Goyer, délaissant pour une fois les super-héros qui lui tiennent tant à cœur, livre un bel exercice d’épouvante. Certes, la finesse n’est pas toujours au rendez-vous, mais il faut reconnaître que ce thriller horrifique ne faillit jamais à sa mission première : faire peur. Tous les ingrédients sont sollicités par le cinéaste, dès la première séquence onirique qui convoque pêle-mêle le surréalisme de David Lynch, les angoisses de M. Night Shyamalan et les figures récurrentes de la ghost story japonaise.

La jeune Casey Bell (délicieuse Odette Yustman, déjà remarquée dans Cloverfield) y découvre sur une route enneigée un chien portant un masque humain, avant de déterrer un fœtus qui semble encore vivant… Ce n’est que le premier d’une série de cauchemars agitant le sommeil de la belle étudiante, toujours marquée par le fait d’avoir été abandonnée par sa mère alors qu’elle était enfant. Mais s’agit-il vraiment de cauchemars ? Ces insectes envahissants et repoussants, ces visions atroces et spectrales ne sont-ils pas le symptôme d’un mal plus profond ? C’est ce que laisse penser un étrange phénomène biologique qui change peu à peu la couleur de ses yeux. Croyant trouver des réponses chez une ancienne amie de sa mère, une rescapée de la Shoah passant ses vieux jours dans une maison de retraite, la jeune fille n’est pas au bout de ses surprises. Son salut semble résider auprès du rabbin Sendak (Gary Oldman). Avec son aide, elle découvre l’origine du mal dont est victime sa famille depuis l’Allemagne nazie : le « dibbouk », une créature capable d’habiter corps et objets et que chaque possession rend plus fort. Or ce démon insatiable semble vouloir prendre forme à travers le frère jumeau de Casey qui mourut à l’état embryonnaire. 

L'enfant qui hurle dans l'armoire

Fantômes, démons, possessions démoniaques, kabbale, enfants maléfiques… Goyer puise l’inspiration partout pour pouvoir effrayer son spectateur, et si cette variante surprenante sur le thème de L’Exorciste mange un peu à tous les râteliers, la terreur est souvent au rendez-vous. Comment oublier ce garçon décharné qui hurle dans une armoire à pharmacie (sursaut garanti), cette femme dont le visage n’est plus qu’une mâchoire difforme (via un maquillage particulièrement saisissant) ou ce vieillard se déplaçant comme une araignée (une créature à mi-chemin entre William Friedkin et Takashi Shimizu) ? Produit par Michael Bay via sa société Platinum Dunes, Unborn présente le mérite de changer un peu des remakes auxquels le réalisateur d’Armageddon s’est confortablement habitué (Massacre à la tronçonneuse, Amityville, Hitcher, Vendredi 13) et va puiser dans les légendes juives une inspiration autant originale qu’inattendue, soutenue par l’interprétation très convaincante d’Odette Yustman, Gary Oldman et Meagan Good, que l’on découvrit sous les traits d’un redoutable prédateur vampire dans Twilight.

© Gilles Penso

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MEURTRES EN TROIS DIMENSIONS (1982)

Le troisième épisode de la franchise Vendredi 13 sacrifie à la mode du moment en donnant du relief aux meurtres de Jason

FRIDAY THE 13TH PART 3

1982 – USA

Réalisé par Steve Miner

Avec Dana Kimmell, David Katims, Paul Kratka, Richard Brooker, Nick Savage, Rachel Howard, Larry Zerner, Tracie Savage

THEMA TUEURS I SAGA VENDREDI 13

Steve Miner reprend du service pour cette seconde séquelle de Vendredi 13. Fidèles à la mécanique établie un an plus tôt, les cinq premières minutes de Meurtres en trois dimensions reprennent la fin du Tueur du vendredi. Puis soudain, sans préavis, une musique disco outrancière retentit avec emphase, tandis que le titre en relief envahit tout l’écran. Car comme son titre français l’indique clairement, le troisième Vendredi 13 se paie le luxe de la troisième dimension, s’inscrivant dans un éphémère phénomène de mode qui donnera naissance à Amityville 3D et Jaws 3D. La scène d’intro se situe dans une espèce d’épicerie crasseuse tenue par un couple caricatural, bientôt trucidé à coup de hachoir et de lance. Puis survient l’indécrottable groupe de jeunes écervelés, au sein duquel sévit le « comique » de service, une espèce de sosie de Michel Boujenah qui multiplie les blagues potaches et simule des morts sanglantes tout au long du film. C’est pourtant lui qui offrira son fameux masque de hockey à Jason, le tueur puisant cet accessoire dans la panoplie du pathétique farceur. Ainsi, au départ simple gimmick, le masque entre définitivement dans la légende.

Trois loubards improbables alimentent vaguement une intrigue secondaire avant de se faire démastiquer dans une grange, tandis que l’apparition du magazine Fangoria, lu par une future victime, permet un hommage au maquilleur Tom Savini. Plus que jamais, Steve Miner se laisse influencer par la mise en scène de John Carpenter, notamment lors de ses cardages nocturnes en cinémascope, où l’emploi de la courte focale lui permet de faire entrer brusquement dans le champ la silhouette sombre de Jason, impact musical à l’appui. Mais le film se distingue surtout par ses effets en relief gratuits et souvent ridicules : un homme pointe un bâton vers la caméra, un serpent jaillit hors de sa cage, un rat avance sur une planche, une batte de base ball envahit tout l’écran, sans parler du yoyo, des balles de jonglage ou des pop corns qui sautent ! L’effet du harpon qui fonce vers nous est déjà plus intéressant, d’autant qu’il se solde par un effet gore assez gratiné. Mais le meilleur meurtre – et le meilleur effet de relief – est sans conteste celui de l’homme à la tête compressée par les mains de Jason, dont l’œil sort de son orbite et jaillit vers le spectateur !

Un climax qui relève le niveau

S’il calque sa structure sur celui du Tueur du vendredi, le climax de Meurtres en trois dimensions relève tout de même le niveau, concentrant en quelques minutes toute l’action et le suspense qui font défaut au reste du métrage. Jason y est bien plus dynamique que dans ses prestations zombiesques ultérieures, et la jeune fille qui l’affronte redouble d’inventivité pour lui échapper. Le visage difforme du tueur apparaît d’ailleurs plus distinctement que dans le film précédent, évoquant les anthropophages congénitaux de La Colline a des yeux. Ce maquillage saisissant est l’œuvre de Douglas J. White, Allan Apone et Frank Carrisosa. Nouveau succès (37 millions de recette pour une mise de départ de 4 millions), Meurtres en trois dimensions déclencha aussitôt une nouvelle séquelle, abusivement titrée Vendredi 13 chapitre final.

© Gilles Penso

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WATCHMEN – LES GARDIENS (2008)

Après la tentative avortée de Terry Gilliam, Zack Snyder adapte avec audace le célèbre comics d'Alan Moore et Dave Gibbons

WATCHMEN

2008 – USA

Réalisé par Zack Snyder

Avec Jackie Earle Haley, Patrick Wilson, Malin Akerman, Matthew Goode, Billy Crudup, Jeffrey Dean Morgan, Carla Gugino

THEMA SUPER-HEROS

Lorsqu’ils furent publiés en 1986, les six tomes de « Watchmen » firent l’effet d’une bombe dans le milieu de la bande dessinée. Le manichéisme inhérent au thème du super-héros y était sérieusement mis à mal, sous la plume acerbe d’Alan Moore et le crayon expressif de Dave Gibbons. Inscrite dans le contexte paranoïaque de la guerre froide, l’intrigue à tiroirs mettait en scène sept justiciers masqués mis à la retraite suite à une loi interdisant leurs activités : l’acrobatique Ozymandias, le redoutable Rorschah, la sculpturale Miss Jupiter, l’inventif Hibou, l’insaisissable Docteur Manhattan et le brutal Comédien. Inspirés des personnages des univers Marvel et DC, chacun d’eux permettait de soulever des questions jusqu’alors rarement évoquées . Les «exploits» des super-héros ne présentent-ils pas les risques d’une dérive d’autodéfense à la limite du fascisme ? Comment les justiciers masqués vivent-ils leur cessation d’activité ? Quelle est leur prise de position face aux événements politiques qui secouent leur pays ?

L’envie de porter à l’écran ce comic book atypique titilla très tôt Hollywood, et de nombreux réalisateurs s’y frottèrent, de Terry Gilliam à Daren Aronofsky en passant par Michael Bay et Paul Greegrass. Mais chaque tentative échoua, et l’on ne peut que se réjouir de la récupération du projet par Zack Snyder. Même si Alan Moore refusa catégoriquement de s’impliquer dans le film (comme ce fut le cas pour les adaptations précédentes de ses œuvres – From Hell, La Ligue des gentlemen extraordinaires, V pour Vendetta), comment pouvait-on rêver meilleure transposition à l’écran ? Incroyablement fidèle au matériau d’origine, pourtant foisonnant, Snyder ne se laisse pas pour autant tenter par l’esthétisation extrême de son propre 300, inscrivant au contraire son film dans une Amérique des années 80 réaliste et alternative – où Nixon est président.

Un drame apocalyptique

Intelligent, le casting évacue toute superstar pour mieux coller aux personnages dessinés, et l’empathie qu’ils suscitent n’en est que plus forte. Dès lors, les presque trois heures du métrage passent comme une lettre à la poste et l’on suit avec passion ce drame apocalyptique rompant régulièrement sa chronologie pour mieux exposer le passé des protagonistes et l’origine de leur « vocation ». Ponctué d’extraits musicaux surprenants et de quelques clins d’œil cinéphiliques inattendus  (notamment à Apocalypse Now pendant la guerre du Viêt-Nam et à Docteur Folamour dans la grande salle de réunion de la Maison Blanche), Watchmen s’orne également d’effets spéciaux hallucinants. Par la magie du « performance capture », un Docteur Manhattan 100% numérique s’anime ainsi en calquant son physique et ses attitudes sur celui que Gibbons dessina quelque vingt ans plus tôt, preuve qu’une adaptation fidèle du roman graphique eut été bien plus délicate sans les dernières avancées technologiques. Alors que Iron Man, Hancock et The Dark Knight sont encore dans toutes les mémoires, Watchmen bouleverse à son tour le motif du super-héros, oscillant sans cesse entre l’action, la peur, le rire et l’émotion pour mieux questionner la nature humaine et le statut du héros dans nos sociétés tourmentées.

 

© Gilles Penso

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MARTYRS (2008)

Un film choc, brutal et radical, qui vaudra à Pascal Laugier quelques démêlées avec la censure

MARTYRS

2008 – FRANCE

Réalisé par Pascal Laugier

Avec Mylène Jampanoï, Morjana Alaoui, Catherine Bégin, Robert Toupin, Patricia Tulasne, Juliette Gosselin, Xavier Dolan-Tadros

THEMA MORT

Avec Saint-Ange, Pascal Laugier avait démontré un indéniable savoir-faire et une culture fantasticophile sans accrocs (Argento et Fulci en tête), même si cette première œuvre souffrait d’un rythme languide et d’une certaine carence de péripéties. Mais quelles que fussent les qualités de Saint-Ange, rien ne nous préparait au choc de Martyrs. Débarrassé de références cinéphiliques et d’effets de styles esthétisants, Laugier s’est lancé à corps perdu dans un récit brutal, éprouvant et ultra-violent, au sein duquel émerge pourtant une tendresse désenchantée et désespérée. Voilà un film qui se vit comme une expérience, laisse des traces indélébiles et témoigne de l’humeur alors très anxieuse de son auteur. En élaborant Martyrs, Pascal Laugier était triste et en colère. Et ça se sent.

Le film démarre en 1971. Lucie, une fillette de dix ans, disparue quelques mois plus tôt, est retrouvée errant sur la route. Traumatisée, enfermée dans un mutisme quasi-autistique, elle présente de très nombreuses traces de maltraitances physiques. Les raisons de son enlèvement demeurent mystérieuses, et elle semble en proie à des hallucinations prenant la forme d’une créature agressive et difforme. Mais s’agit-il vraiment d’hallucinations ? Placée dans un hôpital spécialisé, Lucie se lie d’amitié avec Anna, une fille de son âge. Quinze ans plus tard, Lucie est persuadée d’avoir reconnu ses bourreaux sur la photo d’un journal. Armée d’un fusil, elle débarque chez eux, une famille tout ce qu’il y a de plus ordinaire… et le massacre commence.

Extrême et jusqu'au boutiste

Extrême à tous les points de vue, Martyrs n’a rien en commun avec l’horreur surréaliste d’un Audition ou le gore obscène d’un Hostel, même s’il semble partager avec Takashi Miike et Eli Roth plusieurs motifs thématiques. Le film de Laugier frappe en effet là où on ne l’attend pas, le crescendo dans l’abomination atteignant rapidement un point de non-retour et la violence physique assénée aux protagonistes étant presque partagée par le spectateur. En ce sens, Martyrs est quasiment une œuvre interactive. Rebondissant sans cesse, l’intrigue ne se révèle qu’au fur et à mesure de son déroulement, et le propos du cinéaste ne s’explicite totalement qu’à l’issue d’un dénouement hallucinant, quasi-christique, au cours duquel le titre du film prend tout son sens. Il n’y avait guère que Richard Grandpierre, déjà producteur de Saint-Ange et du très controversé Irréversible de Gaspard Noé, pour oser se lancer dans une telle expérience cinématographique. Échappant de peu à l’interdiction aux moins de 18 ans, qui faillit l’enfermer dans le ghetto du cinéma X, Martyrs sortit discrètement en salles, mais tous ceux qui eurent la possibilité de le découvrir sur grand écran en furent durablement bouleversés. Car Martyrs n’est pas un film qui laisse indemne. Cette œuvre tourmentée et douloureuse peut également s’apprécier comme le testament du maquilleur Benoît Lestang, un artiste au talent souvent sous-exploité, qui conçut pour Pascal Laugier l’un de ses travaux les plus aboutis (comment oublier ces corps horriblement marqués par la souffrance, ces apparitions décharnées et grimaçantes, ces visions dantesques dignes d’Hellraiser ?) et mit fin à ses jours quelques mois avant la sortie du film.

 
© Gilles Penso

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