BIG FISH (2003)

En entremêlant étroitement la fantaisie et la réalité, Tim Burton raconte de manière symbolique la relation conflictuelle qu'il vécut lui-même avec son père

BIG FISH

2003 – USA

Réalisé par Tim Burton

Avec Ewan McGregor, Albert Finney, Billy Crudup, Jessica Lange, Alison Lohman, Marion Cotillard, Helena Bonham Carter

THEMA CONTES I SAGA TIM BURTON

Après le cynique Mars Attacks !, le désabusé Sleepy Hollow et l’impersonnel Planète des singes, on croyait Tim Burton définitivement perdu dans les abîmes d’un cinéma hollywoodien anonyme. Mais ô joie, ce Big Fish nous réconcilie avec le poète qui osa porter à l’écran BeetlejuiceEdward aux mains d’argent et Ed Wood. Sans atteindre l’extravagante beauté de ces pures merveilles, Big Fish s’inscrit dans leur continuité, avec la même naïveté, le même sens de l’absurde et la même démesure. Oscillant en permanence entre le réalisme brut et le fantastique onirique, le scénario prend pour protagoniste Edward Bloom, un homme à l’article de la mort qui reçoit la visite de Will, son fils désormais adulte, marié et bientôt père de famille. Longtemps fâchés, les deux hommes tentent de renouer un ultime contact. Will en profite pour essayer de savoir enfin qui est réellement son père.

Car celui-ci a toujours raconté sa propre vie sous la forme d’un conte de fée extravagant, dans lequel il aurait côtoyé une sorcière borgne, un géant affamé, un bateleur loup-garou, deux sœurs siamoises chanteuses de cabaret, des sirènes, des araignées sauteuses et des poissons géants. Au fil des saynettes surréalistes qui narrent la vie romancée d’Edward Bloom, le film renoue avec l’une des thématiques récurrentes de Burton, le charme des êtres hors norme, et évoque les meilleures folies de Terry Gilliam, période Bandits BanditsBrazil et Les Aventures du Baron de Münchausen. Mais Big Fish ne serait qu’une belle prouesse artistique et visuelle s’il se contentait d’aligner les tableaux fantasmagoriques, exercice dans lequel Burton a prouvé à maintes reprises qu’il était passé maître, le fleuron en la matière étant probablement L’Etrange Noël de monsieur Jack.

Deux acteurs pour un seul rôle

Or la force du film réside surtout dans la relation entre Edward et son père, dans ce gigantesque fossé qui s’est peu à peu creusé entre eux et qu’il semble impossible de combler en si peu de temps, alors que l’heure tourne et que les jours sont comptés. La portion « réaliste » du film s’orne des interprétations pleines de grâce d’une Jessica Lange dans la force de l’âge qui n’a rien perdu de sa beauté et d’une Marion Cotillard surprenante en tel contexte, qui apporte une « french touch » exotique du plus bel effet. Il faut aussi saluer l’incroyable performance des deux hommes qui donnent leur visage à Edward Bloom : Ewan McGregor, jovial et sautillant dans les jeunes années fantasmées, et Albert Finney, malicieux et l’œil rieur dans les derniers jours. « Au lieu de dissocier la réalité et le rêve, j’ai toujours pensé qu’il était plus intéressant d’utiliser le monde de la fantaisie et de l’imagination pour mieux explorer le monde réel » (1), explique Tim Burton, résumant en quelques mots le propos de Big Fish et de la majeure partie de son œuvre. Seule ombre au tableau : une partition un peu fade de Danny Elfman, efficace, certes, mais sans saveur. Comme si ce descendant moderne de Tchaïkovski et Saint-Saëns avait fait le tour de ses expérimentations musicales, de ses violons tziganes, de ses chœurs aériens, de ses basses bancales et de ses boîtes à musique lancinantes, sans parvenir désormais à se renouveler. Fort heureusement, la suite de sa filmographie nous prouvera le contraire. Burton, quant à lui, trouvera là un nouveau souffle salvateur, redorant son blason et enchaînant avec un savoureux Charlie et la chocolaterie qui, lui aussi, utilisera le conte de fée pour narrer les aléas complexes d’une relation entre un père (symbolique celui-ci) et son fils.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2010

 

© Gilles Penso

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ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (2010)

En s'attaquant au conte de Lewis Carroll, Tim Burton semble se perdre en chemin, malgré la flamboyance picturale dont il dote son film

ALICE IN WONDERLAND

2010 – USA

Réalisé par Tim Burton

Avec Mia Wasikowska, Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Crispin Glover, Anne Hathaway, Matt Lucas

THEMA CONTES I DRAGONS I SAGA TIM BURTON

Tim Burton et Alice au pays des merveilles : l’équation semblait logique, mais était-elle souhaitable ? Quand on se souvient du désastre artistique de Hook, résultat de la rencontre de Steven Spielberg avec son héros d’enfance Peter Pan, il était permis d’en douter. Un point commun relie d’ailleurs ces deux projets. Dans les deux cas, un long-métrage Disney sert de référence, et le scénario du film pend la forme d’une séquelle nous présentant le personnage principal devenu adulte pour s’immerger malgré lui dans l’univers fantastique de son enfance. Qu’on se rassure, les ressemblances s’arrêtent là. Car s’il est loin d’être le film le plus novateur et le plus personnel de Tim Burton, Alice au pays des merveilles se situe au-dessus du niveau du triste Hook.

L’héroïne a aujourd’hui 19 ans, et la voilà promise à un jeune homme profondément ennuyeux mais dont le statut aristocratique semble tout à fait convenable pour une jeune londonienne de l’époque victorienne. Au cours de la garden party organisée pour que le futur fiancé fasse sa demande officielle, Alice croit apercevoir un lapin en gilet qui court dans les fourrés. En le suivant, elle tombe dans un terrier, et la voilà replongée dans le Pays des Merveilles, celui qu’elle croyait onirique mais qui semble être un univers parallèle bien tangible. Là, la cruelle Reine Rouge (Helena Bonham Carter), flanquée de son valet Stayne (Crispin Glover), fait régner la terreur. Or selon les présages, Alice est la seule capable de renverser son règne pour permettre le retour de la Reine Blanche (Anne Hathaway). Aidée par toute une ménagerie loufoque et par le Chapelier Fou (Johnny Depp), elle se prépare donc à affronter l’arme ultime de la Reine Rouge, le redoutable dragon Jabberwocky…

Une étrange glorification du conformisme

D’un point de vue purement artistique, Alice au pays des merveilles est un spectacle inédit, porté par les dernières technologies en matière d’effets numériques et d’images de synthèse. Les animaux fantaisistes qui peuplent le Pays des Merveilles sont donc de toute beauté (avec une mention spéciale pour le fauve Bandersnatch, la chenille Absolem qui parle avec la voix doucereuse d’Alan Rickman et le Jabberwocky auquel Christopher Lee prête son timbre inimitable), tout comme certaines innovations délirantes telles que la tête surdimensionnée de la Reine Rouge ou le corps démesuré de Stayne. Mais sans vouloir donner dans le « bon vieux temps », l’époque où Burton disposait de moins de technologie et de plus de liberté, celle de Beetlejuice et d’Edward aux mains d’argent, semblait résolument plus inventive. Débarrassé de tous ses atours esthétiques, Alice au pays des merveilles ne raconte en effet rien de bien palpitant, et véhicule même des thématiques qui semblent contredire tout ce que le réalisateur d’Ed Wood semblait défendre jusqu’alors. Oubliés les sympathiques « freaks » qui défendent bec et ongle leur singularité face à une société trop uniforme. Ici, on célèbre la défaite des monstres et la victoire d’une reine conformiste jusqu’à la caricature. Bizarre. Il nous restera toujours, pour nous consoler, la sublime partition de Danny Elfman, bien plus émouvante et enivrante que le film lui-même.

 

© Gilles Penso

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BEETLEJUICE (1988)

Une fois n'est pas coutume, Tim Burton nous raconte une histoire de maison hantée en adoptant le point de vue des fantômes

BEETLEJUICE

1988 – USA

Réalisé par Tim Burton

Avec Alec Baldwin, Geena Davis, Michael Keaton, Jeffrey Jones, Winona Ryder, Catherine O’Hara, Glenn Shadix

THEMA FANTÔMES I SAGA TIM BURTON

Bien qu’il traite d’un sujet familier, celui de la maison hantée, Beetlejuice ne ressemble à rien de connu. Adam et Barbara Maitland (Alec Baldwin et Geena Davis, pas encore têtes d’affiche à l’époque), jeunes mariés qui habitent une pittoresque maison au cœur du Connecticut, meurent dès le début du film dans un accident de voiture, en évitant un chien sur la route. Devenus fantômes, ils voient avec horreur leur maison envahie par les Deetz, une riche et bruyante famille new-yorkaise. A l’instar du « Fantôme inexpérimenté » imaginé par H.G. Wells, qui ne sait pas comment hanter une maison, les Maitland tentent en vain de chasser leurs envahisseurs. Ils demandent conseil à une vieille femme bien placée dans la hiérarchie de l’au-delà. Mises en pratique, les recettes destinées à se débarrasser des intrus échouent lamentablement. Ultime recours : l’exorciste hystérique Betelgeuse, alias Michael Keaton rendu méconnaissable sous un savant maquillage de Robert Short.

Une fois n’est pas coutume, le point de vue adopté est ici celui des fantômes. Nous n’avons donc pas affaire à une chasse aux fantômes mais bel et bien à une chasse aux humains, qui représentent les véritables intrus du film. Tim Burton a une vision très personnelle de la mort. Pour lui, l’au-delà est une administration kafkaïenne et multicolore où les trépassés, dans l’état où ils ont quitté la vie (un plongeur avec un requin en train de le dévorer, un explorateur à la tête réduite, une femme coupée en deux, un homme brûlé des pieds à la tête), attendent leur tour, un ticket à la main. Quant à la tâche ingrate des fonctionnaires, elle échoit aux suicidés. A ces géniales trouvailles scénaristiques se greffe une multitude d’idées visuelles concrétisées par des effets spéciaux parfois maladroits mais inventifs et pleins de charme. Leur supervision fut confiée à Alan Munro, ancien dessinateur de storyboards qui tomba d’accord avec le réalisateur sur l’emploi de techniques le plus souvent artisanales. L’animation image par image y occupe une place de choix, ce qui semble logique étant donnés l’attrait de Tim Burton pour ce mode d’expression, comme en témoigne son premier court-métrage Vincent.

L'au-delà selon Burton

Les spectateurs ébahis découvrent ainsi une rampe d’escalier se muant en serpent géant, des vers des sables titanesques (émules de ceux de Dune) rampant autour de la maison des Maitland ou encore des sculptures hideuses qui prennent soudain vie. « Tim Burton a essayé de retrouver l’esprit d’un dessin animé en réalisant Beetlejuice, et on peut dire qu’il a réussi son coup ! » (1), déclare à ce propos Doug Beswick, responsable des séquences d’animation Le délire bat donc son plein tout au long du film (au cours d’une séquence mythique, les habitants, hantés par les fantômes, chantent soudain le « Day O » de Harry Belafonte en plein repas) et la musique de Danny Elfman rythme l’ensemble de manière trépidante, imposant les gimmicks incontournables qui feront sa réputation (violon galopant, piano en contrepoint, chœurs enjoués). Même si la dernière partie du film se laisse aller à une surenchère un peu excessive, Beetlejuice demeure l’une des œuvres maîtresses de Tim Burton, l’un de ses films les plus populaires et les plus appréciés.

 

(1) propos recueillis par votre serviteur en avril 1998

 

© Gilles Penso

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AMER (2009)

Une œuvre expérimentale qui déclare sa flamme aux giallos italiens en offrant aux spectateurs une expérience sensorielle surprenante

AMER

2009 – FRANCE / BELGIQUE

Réalisé par Hélène Cattet et Bruno Forzani

Avec Cassandra Forêt, Charlotte Eugène Guibeaud , Marie Bos, Delphine Brual, Harry Cleven, Bianca Maria d’Amato

THEMA TUEURS

Le magnifique poster d’Amer, œuvre du dessinateur Gilles Vranckx, et les propos des réalisateurs Hélène Cattet et Bruno Forzani, s’attaquant là à leur premier long-métrage, nous laissaient espérer un bel hommage au giallo, ce fameux courant filmique italien des années 60/70 qui mixait l’enquête policière et l’horreur graphique avec une touche de surréalisme et d’érotisme. Notre déception n’en est que plus grande. Car si les auteurs de cette co-production franco-belge semblent connaître sur le bout des doigts l’œuvre de Mario Bava et Dario Argento, leur réinterprétation du genre laisse songeur. A vrai dire, Amer (pourtant récipiendaires de nombreux prix internationaux) ressemble bien plus à un exercice de style expérimental qu’à un film de fiction, tant il s’évertue à effacer toute dramaturgie, tout dialogue et toute intrigue au profit d’une approche purement sensorielle des états d’âme de son héroïne. Celle-ci, Ana, nous est présentée à trois âges clefs de sa vie. Enfant, elle est effrayée dans la grande villa familiale. Il faut dire que le corps de son grand-père décédé, les ébats violents de ses parents et le comportement inquiétant de sa vieille nounou ont de quoi faire vagabonder son imagination fébrile… Adolescente, elle s’éveille au désir charnel, troublée par les présences masculines rôdant dans son village… Adulte, elle revient sur les lieux de son enfance pour affronter ses propres démons…

La plupart des giallos transcendaient leur intrigue – souvent très classique – par des décalages violents et surprenants. Effets de mise en scène déconcertants, design sonore insolite, direction artistique baroque, autant de bizarreries empreintes de poésie engendrant des morceaux d’anthologie inscrits dans toutes les mémoires cinéphiliques. Or dans Amer, Hélène Cattet et Bruno Forzani ont décidé de ne conserver que les étrangetés sans s’encombrer de structure narrative digne de ce nom. Du coup, le contraste n’existe plus et la dynamique du récit s’annihile. Face à cet enchaînement ininterrompu de très gros plans, d’effets sonores oppressants et de cadrages biscornus, l’intérêt du spectateur s’attise dans un premier temps, puis s’étiole en cours de métrage et finit par se muer en profond ennui.

Fétichisme et déviances

Alors certes, le fétichisme du cuir inhérent aux giallos est ici omniprésent, l’érotisme déviant est de la partie, et une scène de meurtre à l’arme blanche plutôt éprouvante nous est livrée en prime vers la fin du film. Est-ce suffisant pour nous captiver ? Loin s’en faut. D’autant que les choix musicaux du film, pour leur part, cèdent à la facilité. Au lieu de demander à un compositeur de réinterpréter à sa manière les célèbres bandes originales de l’époque, Cattet et Forzani se sont contentés de les réutiliser tels quels, compilant des extraits directement empruntés à Bruno Nicolaï, Stelvio Cipriani et Ennio Morricone. En attendant que les jeunes duettistes mettent leur sensibilité au service d’une véritable histoire, avec des personnages, des enjeux et des rebondissements, mieux vaut se replonger dans Six femmes pour l’assassin, L’Oiseau au plumage de cristal ou Les Frissons de l’angoisse dont les moments de grâce fulgurants n’empêchaient pas une construction dramatique solide, bien au contraire.

 

© Gilles Penso

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LA HORDE (2009)

Un film de zombies français mis en scène conjointement par deux amoureux inconditionnels du genre

LA HORDE

2009 – FRANCE

Réalisé par Yannick Dahan et Benjamin Rocher

Avec Eriq Ebouaney, Jean-Pierre Martins, Jo Prestia, Aurélien Recoing, Claude Perron, Alain Figlarz, Doudou Masta, Yves Pignot

THEMA ZOMBIES

C’est en réalisant plusieurs reportages sur le cinéma de genre français que Yannick Dahan et Benjamin Rocher laissent germer l’idée de leur premier long-métrage, envisagé comme « le premier film de zombies français ». Le titre est abusif, puisque même s’ils n’entreront dans aucun panthéon, Le Lac des Morts-Vivants, L’Abîme des Morts-Vivants, La Morte-Vivante et La Revanche des Mortes-Vivantes ont précédé nos duettistes de trois décennies. Considérons plutôt La Horde comme le premier film de zombies hexagonal depuis l’arrivée de la « nouvelle vague fantastique française » lancée par Alexandre Aja. La structure de La Horde se calque sur celle d’Une nuit en enfer, glissant progressivement du thriller vers l’horreur. Cinéphiles et téléphages, nos deux hommes décident de construire leurs protagonistes sur le modèle des flics ripoux de la série The Shield et de les envoyer, ivres de vengeance, à l’assaut d’une tour HLM dans laquelle se sont barricadés des gangsters responsables de la mort de l’un des leurs. Bientôt déboule sans crier gare une horde de zombies, obligeant policiers et malfrats à s’unir pour se laisser une chance de survivre dans cet enfer.

Le concept n’est pas révolutionnaire, et l’ambition des deux réalisateurs se limite visiblement à un jeu de massacre savamment orchestré pour satisfaire leur double passion du cinéma d’horreur et du jeu vidéo. « Le gros avantage est d’être deux réalisateurs est qu’aucune de nos idées n’est dictée par un plaisir égoïste », atteste Rocher. (1) « Le thème du zombie n’est pas politique mais philosophique », avance Yannick Dahan. « On parle de morts qui reviennent pour manger des vivants. A partir de là, pas besoin d’en rajouter ». (2) Mais face à l’affluence de films de zombies sur les écrans depuis le début des années 2000, La Horde peine à sortir du lot, n’évitant guère les situations classiques, les personnages archétypaux et les figures imposées.

Trois cents créatures frénétiques

Certes, la réalisation est limpide, les scènes d’action souvent efficaces, et les maquillages spéciaux d’Olivier Afonso et son équipe (Mutants, Vertiges) impeccables. « Yannick et Benjamin envisageaient leurs zombies comme des gens hébétés qui viennent de subir un accident, des rescapés couverts de blessures et assoiffés de sang », nous explique ce dernier.  « Ils ne souhaitaient pas que leurs créatures aient un aspect animal trop marqué. Ils voulaient conserver avant tout leur côté humain, avec l’idée que ce sont des créatures en souffrance. » (3) Clou du spectacle : l’assaut d’un des héros, perché sur le toit d’une voiture, par trois cents créatures frénétiques, assurément la séquence la plus impressionnante et la plus graphique du film, tournée avec une armada de figurants venus gracieusement se prêter au jeu pour le plaisir d’incarner des zombies ! Une poignée de scènes de cet acabit valent le détour, tout comme l’interprétation irrésistible d’Yves Pignot dans le rôle d’un ancien combattant trop heureux de démastiquer du mort-vivant pour se rappeler le bon vieux temps de Dien-Bien-Phu ! Quelques minutes de grâce qui surnagent au sein d’un film par ailleurs peu mémorable faute d’une originalité intrinsèque, de personnages mieux construits et d’un véritable discours.

 

(1) (2) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2010

 

© Gilles Penso

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WOLFMAN (2010)

Joe Johnston réalise un remake très réussi du classique des années 40 et transforme Benicio del Toro en lycanthrope

THE WOLFMAN

2010 – USA

Réalisé par Joe Johnston

Avec Benicio del Toro, Anthony Hopkins, Emily Blunt, Hugo Weaving, Geraldine Chaplin, Art Malik, Michael Cronin

THEMA LOUPS-GAROUS

Le remake de La Momie réalisé en 1999 par Stephen Sommer avait prouvé que le studio Universal pouvait ressusciter les franchises de l’âge d’or du fantastique avec panache et bon goût. Dix ans plus tard, une nouvelle version du Loup-Garou de George Waggner semblait donc de bon aloi. Mais les difficultés précédant sa concrétisation (changements de réalisateurs et de compositeurs, tournages additionnels, date de sortie sans cesse repoussée) laissaient craindre le pire. Or face au résultat, toutes les craintes s’évaporent : le Wolfman de Joe Johnston est une superbe relecture du mythe lycanthropique, très respectueuse du film original mais proposant de nouveaux rebondissements inattendus. Benicio del Toro reprend le rôle de Lawrence Talbot, tenu en 1941 par Lon Chaney Jr. Forcé de revenir au domaine familial de Blackmoor suite à la disparition de son frère, il recontacte à contrecœur son père (Anthony Hopkins) et prend connaissance d’une superstition locale, selon laquelle un monstre transforme ses victimes en loups-garous les nuits de pleine lune. Evidemment, ce n’est pas une simple légende, et Talbot se retrouve bientôt victime du lycanthrope

Si l’ambiance mélancolique et folklorique du film de Waggner a été conservée telle quelle (avec en prime la reprise du fameux poème inventé par Curt Siodmak : « même un homme dont le cœur est pur, et qui récite ses prières le soir, peut devenir un loup »), ce remake est truffé de séquences gore inimaginables à l’époque, concoctées par le maestro Rick Baker. Du coup, Wolfman est le seul film classé R (restricted) de Joe Johnston, ce dernier s’étant jusqu’alors habitué au divertissement familial (Chérie j’ai rétréci les gosses, Rocketeer, Jurassic Park 3). Baker était le candidat idéal pour visualiser ce loup-garou rétro, tout le monde ayant gardé en mémoire son travail exceptionnel sur Le Loup-Garou de Londres. S’il ne surpasse pas les métamorphoses qu’il créa pour John Landis (mais quelqu’un les surpassera-t-elles un jour ?), le génial maquilleur rend en vibrant hommage à son prédécesseur Jack Pierce en concevant un faciès de loup-garou très similaire à celui qu’arborait Lon Chaney Jr.

Les tourments de Larry Talbot

Les transformations ont évidemment été modernisées, bénéficiant de l’apport des effets numériques, mais c’est surtout d’un point de vue narratif qu’elles s’avèrent marquantes, notamment lorsque le pauvre Talbot est exhibé dans une école de médecine, face à une audience incrédule, alors que la pleine lune s’apprête à provoquer l’inéluctable métamorphose… Les séquences inédites imaginées pour ce nouveau Wolfman, en particulier une incroyable course-poursuite dans les rues de Londres, s’entremêlent sans heurt avec celles empruntées au classique des années 40. Le parti pris de Joe Johnston s’oppose à celui de La Momie de Sommers, dans la mesure où son film s’appréhende au premier degré, évitant tout humour décalé ou toute digression afin de mieux cerner le drame de ses protagonistes et les tourments de leurs destinées, preuve que deux approches résolument opposées peuvent donner lieu à deux films tout autant réjouissants, pour peu que leurs auteurs soient amoureux du sujet au point de lui déclarer leur flamme avec enthousiasme et sincérité.

 

© Gilles Penso

 

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EVIL TWINS (2006)

Un slasher volontairement excessif qui fleure bon les années 80 et donne le premier rôle à l'inimitable Crispin Glover

SIMON SAYS

2006 – USA

Réalisé par William Dear

Avec Crispin Glover, Margo Harshman, Greg Cipes, Kelly Vitz, Artie Baxter, Carrie Finklea, Lori Lively, Bruce Glover, Blake Lively

THEMA TUEURS

Evil Twins est la « traduction » française de Simon Says, les distributeurs ayant jugé que le recours au cliché du jumeau maléfique sonnait mieux que « Jacques a dit » pour un film d’horreur. Sans doute ont-ils eu raison, d’autant qu’il est bien question de gémellité et de perversion dans ce slasher qui fleure bon les années 80. Deux noms rattachés aux eighties se détachent d’ailleurs de l’équipe du film : le réalisateur William Dear, dont on n’avait plus de nouvelle depuis Bigfoot et les Henderson, et le comédien Crispin Glover, inoubliable George McFly dans Retour vers le futur. Mais si ces deux comédies fantastiques touchaient un public large et familial, Evil Twins donne quant à lui dans l’horreur la plus débridée, comme si nos deux hommes se défoulaient des deux côtés de la caméra, loin des sentiers « mainstream ».

Les premières scènes du film accumulent sans vergogne tous les poncifs hérités de Massacre à la tronçonneuse et Vendredi 13 : le van empli de jeunes lycéens stéréotypés partis camper dans la montagne, les autochtones patibulaires, la légende urbaine inquiétante, rien ne semble manquer à l’appel… Mais dès qu’un tueur psychopathe entre en jeu, le gore outrancier transforme l’addition de lieux communs en jeu de massacre franchement réjouissant. Car notre psychopathe, dont le frère jumeau travaille à la station-service la plus proche, concocte des pièges complexes à base de pioches, de mécanismes et d’objets tranchants divers, provoquant toutes sortes d’amputations, de démembrements, d’éventrements et de décapitations extrêmement graphiques, toutes ces joyeusetés étant confiées aux bons soins du maquilleur spécial Michael Broom (qui a fait du chemin depuis, concevant notamment les créatures de The Mist, Aliens VS Predator Requiem, Starship Troopers 3 et le futur Predators de Nimrod Antal).

Visions macabres

Les effets visuels, les décors, la direction de la deuxième équipe et les cascades, de leur côté, sont signés Oliver Dear, un homme-orchestre qui n’est autre que le propre fils du réalisateur. Quelques visions macabres additionnelles parsèment le métrage, en particulier des cadavres décomposés grimaçants, une fille transformée en poupée mange-disque horriblement surréaliste ou encore un brûlé vif très impressionnant. Évidemment, la gratuité d’un tel étalage de viande saute aux yeux, comme en témoigne cette scène parfaitement inutile – d’un point de vue scénaristique – au cours de laquelle tous les membres d’une équipe de paintball se font massacrer à tour de rôle. Mais plus le film avance, plus il gagne en intérêt, et le dernier tiers, qui évoque non seulement le dîner lugubre de Massacre à la tronçonneuse mais aussi le climax de Psychose, bénéficie d’une intensité dramatique indéniable et de moments de suspense franchement éprouvants. Partagé entre l’épouvante psychologique, l’horreur visuelle et l’humour noir, Evil Twins se déguste sans modération. Dommage que Crispin Glover, qui nous offrit des prestations si remarquables dans Charlie Angels, Willard et La Légende de Beowulf, en fasse ici des tonnes, amenuisant par son absence de retenue le caractère effrayant de sa double interprétation.

 

© Gilles Penso

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PERCY JACKSON LE VOLEUR DE FOUDRE (2010)

Une tentative de modernisation de la mythologie grecque qui surfe visiblement sur le succès de la saga Harry Potter

PERCY JACKSON & THE OLYMPIANS : THE LIGHTING THIEF

2010 – USA

Réalisé par Chris Columbus

Avec Logan Lerman, Brandon Jackson, Alexandra Daddario, Jake Abel, Sean Bean, Pierce Brosnan, Steve Coogan, Uma Thurman

THEMA MYTHOLOGIE

Percy Jackson semble être un lycéen ordinaire. Mais en réalité, il est le fils du dieu des océans Poséidon. Accusé à tort d’avoir volé la foudre de Zeus, il se retrouve au cœur d’une guerre ouverte entre les divinités de l’Olympe et va devoir affronter plusieurs redoutables créatures mythologiques… En imaginant le personnage de Percy Jackson à la fin des années 90, l’écrivain Rick Riordan s’est mis en tête de dépoussiérer l’imagerie traditionnelle des mythes gréco-romains en les transposant dans le monde moderne, tout en choisissant comme protagoniste un adolescent susceptible de créer auprès des jeunes lecteurs un pôle idéal d’identification. Cette démarche et les ressorts dramatiques qui en découlent évoquent beaucoup les romans de J.K. Rowling, et il n’est sans doute pas fortuit de trouver aux commandes de l’adaptation cinématographique des aventures du demi-dieu new-yorkais le réalisateur Chris Columbus, qui dirigea justement les deux premiers Harry Potter.

Scénariste de talent (Gremlins, Le Secret de la pyramide), Columbus n’a en revanche jamais brillé par l’originalité ou la pertinence de sa mise en scène, souvent anonyme. Percy Jackson ne déroge pas à la règle, et les morceaux de bravoure du film reposent bien plus sur les effets visuels et les décors – souvent magnifiques – que sur la réalisation elle-même.  Une belle galerie de créatures orne le métrage : la Méduse (Uma Thurman), l’Hydre de Lerne, le centaure Chiron (Pierce Brosnan), le satyre Grover (Brandon T. Jackson), le dieu Hadès (Steve Coogan), une harpie déchaînée ou encore un minotaure colossal. Tous évoquent les travaux de Ray Harryhausen sur deux de ses films les plus populaires, Jason et les Argonautes et Le Choc des Titans. D’ailleurs, le patronyme Percy Jackson est visiblement une américanisation des noms de Persée et Jason, les deux héros valeureux des films pré-cités.

Le jeu des anachronismes

L’anachronisme inhérent au concept du film est à la fois savoureux et réducteur. Car si le surgissement de Poséidon (Kevin McKidd) sur la côte new-yorkaise donne lieu à une vision pré-générique joliment surréaliste, la transposition de l’Olympe dans l’Empire State Building et la relocalisation de toutes les figures clefs de la mythologie aux Etats-Unis laisse quelque peu perplexe. La Grèce n’eut-elle pas été un site géographique plus logique ? La saga Harry Potter avait au moins eu le bon goût de prendre racine sur le vieux Continent, plus propice à la perpétuation des vieux récits de sorcellerie médiévaux que le sol américain. Mais de toute évidence, Percy Jackson ne cherche pas d’alibi culturel, pas plus qu’il n’essaie de capitaliser sur l’inestimable richesse symbolique des mythes de la Grèce antique (le vol de la foudre, motif prométhéen par excellence, n’est ici qu’un prétexte scénaristique dénué du moindre sous-texte métaphorique). Son objectif est celui d’un simple divertissement tout public, et de ce point de vue sa réussite est indiscutable. Si le succès est au rendez-vous, les séquelles ne tarderont pas à débarquer sur les écrans, la saga littéraire de Percy Jackson étant déjà riche de nombreux volumes.

 

© Gilles Penso

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LOVELY BONES (2009)

Entre deux gigantesques épopées, Peter Jackson se penche sur une histoire de fantôme intimiste

THE LOVELY BONES

2009 – NOUVELLE-ZELANDE

Réalisé par Peter Jackson

Avec Saoirse Ronan, Mark Wahlberg, Rachel Weisz, Stanley Tucci, Susan Sarandon, Michael Imperioli, Rose McIver, Reece Ritchie

THEMA FANTÔMES I MORT

Après les quatre mastodontes cinématographiques que représentaient la saga du Seigneur des Anneaux et King Kong, Peter Jackson se penche sur un récit plus intimiste, constellé de nostalgie et empreint d’éléments autobiographiques. Puisant son inspiration dans le roman « La nostalgie des anges » d’Alice Sebold, le cinéaste néo-zélandais signe une œuvre riche et complexe qui oscille entre le drame, la comédie, le thriller et le fantastique pur. A la manière de Sunset Boulevard, Lovely Bones commence par la voix-off d’un défunt, un narrateur d’outre-tombe qui prend ici les traits de la jeune Susie Salmon nous déclarant tout de go : « j’avais quatorze ans quand on m’a assassinée ». Jackson plante ses caméras dans l’Amérique du début des années 70, encore nimbée d’insouciance, et dresse le portrait d’une famille classique, portée par un casting confondant de justesse.

Aux côtés de valeurs sûres telles que Mark Wahlberg, Rachel Weisz et Susan Sarandon, campant respectivement les parents aimants et la grand-mère truculente, le jeune talent de Saoirse Ronan, aux yeux de poupée et au visage ingénu, éclate dans le rôle de Susie Salmon. Errant entre le monde des morts et celui des vivants, cette dernière assiste au déchirement des siens, inconsolables, tout en se préparant à basculer dans l’au-delà, tandis que l’assassin court toujours. Ce dernier, point de mire de toutes les haines, est prodigieusement incarné par un Stanley Tucci quasi-méconnaissable. A l’instar de Créatures célestes, Lovely Bones situe sa narration dans deux univers parallèles et complémentaires : le monde réel et celui conçu par l’imagination fébrile d’une adolescente. Car Susie n’est pas encore passée « de l’autre-côté ».

« De l'autre-côté… »

Les décors surréalistes dans lesquels elle évolue ne sont donc pas les visions fantasmées d’un paradis judéo-chrétien, façon Au-delà de nos rêves, mais celles d’une jeune fille nourrie par l’imagerie « new age » des années 70 (d’où le choix judicieux de Brian Eno pour signer la bande originale du film). Susie construit ainsi elle-même le berceau de son errance post-mortem, nourri de métaphores délicieusement poétiques (le kiosque, la forêt, les bateaux mis en bouteille). « Les métaphores utilisées ne devaient pas être trop simplistes, pour éviter les clichés, mais pas trop hermétiques non plus, afin que les spectateurs puissent les comprendre sans mal », explique Jackson. « Lorsque son père cueille un camélia fané et que ce dernier se met à éclore dans sa main, c’est littéralement la métaphore d’une idée qui éclot. A ce moment précis, le père de Susie comprend quelle est l’identité du tueur. Sa fille lui a soufflé cette idée d’outre-tombe. » (1) Au fil de l’intrigue, le réalisateur concocte une poignée de séquences de suspense diaboliquement efficaces. Très hitchcockiennes sur le fond mais complètement novatrices dans la forme, elles vissent les spectateurs sur leurs fauteuils et jouent durablement sur leurs nerfs, via un découpage ciselé au millimètre près, un travail d’orfèvre sur la bande son et un usage inédit des caméras endoscopiques. Capable d’adapter son style polymorphe à tous les sujets, Jackson nous confirme une fois de plus son statut de cinéaste hors norme et d’artiste passionnant.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 2009

 

© Gilles Penso

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SHERLOCK HOLMES (2009)

Redevenu le chouchou du grand public depuis Iron Man, Robert Downey Jr incarne le célèbre détective de Conan Doyle et se confronte à la magie noire

SHERLOCK HOLMES

2009 – USA / GB

Réalisé par Guy Ritchie

Avec Robert Downey Jr, Jude Law, Mark Strong, Rachel McAdams, Keilly Reilly, Eddie Marsan, Robert Maillet

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Toutes les variantes cinématographiques et télévisuelles semblaient avoir déjà été tentées autour du mythique enquêteur imaginé en 1887 par Arthur Conan Doyle, de la plus classique à la plus burlesque. Mais Lionel Wigram (producteur des derniers Harry Potter) et le scénariste Michael Robert Johnson tentèrent pourtant une nouvelle approche, via une modernisation radicale du traitement des personnages et des séquences d’action. Le producteur Joel Silver (L’Arme fatale, Die Hard, Matrix) et le réalisateur Guy Ritchie (Snatch) se joignirent bientôt à l’entreprise, promettant par leur association un cocktail pour le moins explosif. Les fans de Ritchie ne sont pas dépaysés : une intrigue à tiroirs qui ne s’appréhende totalement qu’à l’issue d’un certain nombre de flash-backs, une galerie de personnages hauts en couleur, une partition ultra-dynamique, un jeu fréquent sur les ralentis extrêmes pour mieux détailler certaines actions…

Le choix des acteurs principaux confirme la volonté de bousculer les idées reçues et les icônes classiques liées au célèbre duo d’enquêteurs. Débarrassé de son fameux chapeau de chasse, Robert Downey Jr nous offre une version très singulière du détective de Baker Street. Guère flegmatique, d’une élégance toute relative, c’est un homme cynique, pugnace, nerveux et très physique. Le Watson campé par Jude Law n’a plus grand-chose à voir, lui non plus, avec les interprétations passées du personnage. L’homme rondouillard, à la traîne et dépassé par les événements auquel nous avons été habitués s’est mué en médecin athlétique et séduisant, rompu à l’art du combat sur les champs de bataille d’Afghanistan, et rivalisant souvent d’intelligence avec Holmes.

Grain de folie

Respectueuse du goût de Conan Doyle pour le fantastique et le surnaturel, l’intrigue met en scène le sinistre Lord Blackwood (Mark Strong). Capturé en pleine séance de magie noire, Blackwood est condamné au gibet. Mais il revient bientôt d’entre les morts pour continuer à semer la terreur… L’action s’installe au cœur d’une magnifique reconstitution du Londres de 1890, mélange habile de sites réels, de décors grandeur nature et de panoramas numériques. Pour sa bande originale, Guy Ritchie a fait appel pour la première fois de sa carrière au vétéran Hans Zimmer, lequel bouscule ses acquis avec un grain de folie très communicatif. Son emploi d’instruments solistes déchaînés (accordéon, violon tzigane, clavecin, tambours) mêlés à une charge orchestrale puissante et emphatique dote le film d’une énergie extraordinaire. Bien sûr, les fans de Peter Cushing et Jeremy Brett auront probablement du mal à reconnaître leur détective favori sous les traits d’un Robert Downey Jr déjanté castagnant ses adversaires face à la caméra frénétique de Guy Ritchie, et l’on peut probablement reprocher à cette relecture un certain manque de raffinement et de subtilité, d’autant que l’intrigue souffre en milieu de métrage de quelques notables pertes de rythme. Mais ce Sherlock Holmes demeure un divertissement total dont l’extravagance et la légèreté ont toutes les chances de conquérir le public le plus large.

 

© Gilles Penso

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