UN AMOUR DE SORCIERE (1996)

Une sorte de remake officieux de Ma Sorcière bien aimée avec Vanessa Paradis dans le rôle de la jolie jeteuse de sorts

UN AMOUR DE SORCIÈRE

1996 – FRANCE

Réalisé par René Manzor

Avec Vanessa Paradis, Gil Bellows, Jean Réno, Jeanne Moreau, Dabney Coleman, Katrine Boorman, Malcolm Dixon

THEMA SORCELLERIE

Comme son titre l’indique assez explicitement, Un Amour de sorcière tente de remettre au goût du jour le concept de la série Ma sorcière bien aimée, elle-même inspirée par le roman « Ma Femme est une Sorcière » de Thorne Smith. C’est aussi l’occasion, pour le producteur Christian Fechner, de porter à l’écran l’une de ses plus grandes passions : la magie. Fidèle à ses habitudes, Fechner réunit à cet effet un casting de haut niveau. Vanessa Paradis, Jean Réno et Jeanne Moreau donnent ainsi la réplique au jeune Gil Bellows, future coqueluche de la série Ally McBeal, le tout sous la direction de René Manzor, un réalisateur connu pour sa fantasticophilie (il mit notamment en scène Le Passage et 36-15 code Père Noël). Bellows incarne Michael Firth, un talentueux informaticien venu à Paris pour discuter d’un contrat décisif pour sa carrière. Là, il rencontre la belle Morgane (Paradis) et son fils Arthur, à peine âgé de quelques mois. Or Morgane est une sorcière au service du bien, et Arthur est menacé par les forces du mal représentées par le maléfique Molok (Réno). Pour soustraire son charmant bambin à l’influence du redoutable sorcier, elle doit lui trouver un parrain. Michael est la personne idéale, dans la mesure où il est né, comme l’enfant, un 14 juin à six heures du matin. A l’issue d’une cérémonie occulte, Arthur sera sauvé, mais Michael en ressortira vidé de toute intelligence. C’est ce qu’explique à Morgane sa vénérable grand-mère (Moreau). Or Morgane est en train de tomber amoureuse de Michael…

Paré d’un budget conséquent, Un Amour de sorcière recourt souvent aux effets spéciaux visuels pour donner corps aux pouvoirs magiques de ses protagonistes. « Notre plus grande satisfaction est que le public ne se doute pas une seule seconde que nos plans sont truqués » explique à cet effet Joyce Menger, en charge d’un certain nombre d’effets numériques (1). Mais chaque fois que possible, Fechner fait appel aux techniques des prestidigitateurs afin de capter certaines actions directement devant les caméras. « Quelles que soient les techniques utilisées, la méthode est identique : il faut détourner l’attention du spectateur pour mieux le tromper », raconte Gaëtan Bloom, illusionniste et comédien sollicité pour certains tours de passe-passe sur le tournage. « C’est ce qu’avait déjà parfaitement compris Méliès, qui fut le premier à mixer les tours de magie et les effets spéciaux. » (2).

Le service minimum

Afin de mettre toutes les chances de son côté, l’ambitieux producteur fait de surcroît tourner son film en deux versions, l’une en français, l’autre en anglais sous le titre Witch Way Love (choix qui motiva la présence de comédiens parfaitement bilingues). Hélas, tout ce déploiement de moyens et d’énergies ne joue pas en faveur du film. Artistiquement pauvre, articulé autour d’un scénario excessivement  mièvre et porté par des comédiens assurant le service minimum sans nous laisser l’opportunité de nous intéresser à leurs personnages, Un Amour de sorcière est à mille lieues de la grande comédie fantastico-romantique que l’on escomptait. Le film fut donc un flop, et Fechner s’avéra mieux inspiré lorsqu’il retrouva Vanessa Paradis sous la direction de Patrice Leconte dans La Fille sur le pont.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 1996

 

© Gilles Penso

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LA SOUPE AUX CHOUX (1981)

En fin de carrière, Louis de Funès se livre à une rencontre du troisième type improbable aux côtés de Jean Carmet et Jacques Villeret

LA SOUPE AUX CHOUX

1981 – FRANCE

Réalisé par Jean Girault

Avec Louis de Funès, Jean Carmet, Jacques Villeret, Christine Dejoux, Claude Gensac

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Pour son avant-dernier film, Louis de Funès troque son habituel costume de bourgeois acariâtre et tyrannique contre la défroque d’un fermier imbibé d’alcool à l’occasion de cette adaptation du roman « La Soupe aux Choux » de René Fallet. Retrouvant là son réalisateur fétiche Jean Girault, la star sur le déclin co-écrit (officiellement) et co-dirige (officieusement) un long-métrage équitablement considéré comme un classique hilarant ou un nanar désarmant par une communauté cinéphilique pour le moins divisée. Il faut dire que l’argument de départ a de quoi laisser perplexe. Dans le petit hameau des Gourdiflots ne subsistent plus que deux paysans sérieusement portés sur la bouteille, Francis Chairasse dit le Bombé (Jean Carmet), et Claude Ratinier alias le Glaude (Louis de Funès). Un soir, ils s’adonnent à l’un de leurs sports favoris, autrement dit le concours de pets ! La scène est devenue mythique, mais voir De Funès se complaire dans une trivialité qu’il évitait jusqu’alors comme la peste dut surprendre plus d’un spectateur à l’époque. Ce déferlement ininterrompu de flatulences provoque un violent orage, suivi de l’atterrissage d’une soucoupe volante phosphorescente presque aussi cheap que celle du Gendarme et les extraterrestres, ce qui n’est pas peu dire.

De cet improbable vaisseau spatial surgit l’extra-terrestre le plus saugrenu de l’histoire du cinéma, autrement dit un Jacques Villeret à la bouille ahurie qui émet des bruits de dindons pour communiquer et engonce sa corpulente silhouette dans un costume sublimement grotesque. Face à cette rencontre du troisième type impromptue, De Funès lâche une réplique entrée dans la légende : « si on peut plus péter sous les étoiles sans amener un Martien, il va nous arriver des pleines brouettes ! » Surnommant son visiteur « La Denrée », il lui fait découvrir sa spécialité culinaire : la fameuse soupe aux choux. L’extra-terrestre l’apprécie tellement qu’il en ramène un bidon entier jusque sur Oxo, sa planète natale. Là-bas, toute une commission d’enquête se met en place, car cette soupe éveille des émotions imprévues chez les habitants d’Oxo, lesquels avaient jusqu’alors l’habitude de les refouler. 

« Si on peut plus péter sous les étoiles sans amener un Martien, il va nous en arriver des pleines brouettes ! »

Pour remercier le Glaude, la Denrée lui fait un cadeau qui va s’avérer empoisonné : il ressuscite Francine, son épouse décédée dix ans plus tôt. Mais cette Francine-là n’a que vingt ans, et si son arrivée bouleverse un peu le quotidien des habitants des Gourdiflots, elle ne rend pas vraiment passionnant un scénario poussif qui tourne un peu en rond et ne fait rire qu’épisodiquement. Interprète habituelle de la femme de De Funès (dans la série des Gendarme, Oscar, Hibernatus, Jo, Les Grandes vacances), Claude Gensac joue ici le petit rôle d’une paysanne imprégnée de vin qui s’efforce de décrire à la police l’apparition de la soucoupe volante au-dessus de son champ. Peu clémente lors de la sortie de La Soupe aux choux sur les écrans, la presse de l’époque mit notamment l’accent sur le jeu grimaçant de Louis de Funès et la réalisation sans finesse de Jean Girault. Le film fut plus tard réévalué lors de ses multiples diffusions télévisées et se mua finalement en petit objet de culte.

 

© Gilles Penso

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JOHNNY MNEMONIC (1995)

Keanu Reeves est un homme "augmenté" dans cette adaptation de l'univers cyberpunk de William Gibson

JOHNNY MNEMONIC

1995 – USA

Réalisé par Robert Longo

Avec Keanu Reeves, Dina Meyer, Ice-T, Takeshi Kitano, Dennis Akayama, Dolph Lundgren, Henry Rollins, Udo Kier

THEMA FUTUR I ROBOTS

Johnny Mnemonic repose sur un scénario de William Gibson, pape de la littérature cyberpunk (auto baptisée « The Movement » par ses praticiens), qui adapte ici l’une de ses nouvelles publiées dans le recueil « Gravé sur Chrome » en 1986. Nous sommes dans le futur, un futur peu surprenant à première vue dans la mesure où il restitue la vision sombre, urbaine et claustrophobique incontournable depuis Blade Runner. Mais par un intéressant caprice temporel que ne renierait pas le Terry Gilliam de Brazil, la mode vestimentaire évoque celle des années 30, et les véhicules sont très proches de ceux des années 90. Dans ce 21ème siècle finalement familier, tout le monde peut devenir un cyborg. Il ne s’agit pas de se muer en Terminator ou en Robocop, mais simplement de renforcer ou de modifier certaines fonctions de son propre organisme biologique par la greffe d’éléments technologiques. Pour gagner sa vie dans cet univers peu engageant, Johnny s’est mué en véritable disque dur vivant. Son cerveau est capable d’emmagasiner quelque 80 gigaoctets de mémoire, ce qui s’avère fort pratique pour véhiculer des documents ultra-confidentiels. Devenir un tel messager a obligé Johnny à faire quelques sacrifices, en particulier à effacer de sa mémoire tous ses souvenirs d’enfance. Las de n’être plus qu’un récipient aveugle véhiculant les informations des multinationales qui contrôlent le globe, au mépris de sa propre mémoire, Johnny accepte une dernière mission, au risque de se surcharger pour en finir au plus vite. Il s’aperçoit bientôt que sitôt l’ultime livraison enregistrée dans son cerveau, tout le monde se lance à ses trousses et réclame sa tête… au sens propre !

Un tel sujet aurait pu séduire David Cronenberg, qui avait déjà transformé James Woods en magnétoscope humain dans Videodrome. Mais ici, le scénario évacue toute considération philosophique au profit d’une action au rythme soutenu un peu calquée sur celle de New York 1997. Le scénario aurait mérité de se pencher davantage sur les tourments psychiques de Johnny, et de pousser plus loin son discours sur l’omniprésence croissante de l’information dans notre univers, le futur du film n’étant qu’une simple extrapolation de notre quotidien. Le film permet cependant, via une séquence riche en images de synthèse, d’anticiper sur les pratiques futures de la réalité virtuelle, un pas qui avait déjà été amorcé par Barry Levinson dans Harcèlement.

Quelques guest-stars inattendues

Keanu Reeves, qui fut un magnifique prince Sidârtha dans Little Buddha et un convaincant substitut du Bruce Willis des Die Hard dans Speed, se tire honorablement de ce rôle étrange, un homme–ordinateur à la dérive qui ne comprendra que tardivement la portée des informations codées enregistrées dans son cerveau. Au détour du film, on découvre quelques visages familiers et quelques guest-stars comme Henry Rollins en médecin rivé contre le système, Ice-T en chef des rebelles de l’Undertech, Udo Kier, qui fut le Dracula et le Frankenstein de Paul Morissey, en traître efféminé, et Dolph Lungren, le méchant cyborg d’Universal Soldier, méconnaissable en terrifiant prédicateur plus machine qu’homme.

 

© Gilles Penso 

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DARK WATER (2005)

La pureté du Dark Water d'Hideo Nakata ne nécessitait aucun remake, fût-il incarné par la belle Jennifer Connelly

DARK WATER

2005 – USA

Réalisé par Walter Salles

Avec Jennifer Connelly, John C. Reilly, Tim Roth, Dougray Scott, Pete Postlethwaite, Camryn Manheim, Ariel Gade

THEMA FANTÔMES

Ah, Jennifer Connelly ! Son nom seul suffit à nous déplacer vers les salles obscures. Danseuse en culotte courte dans Il était une fois en Amérique, adolescente tourmentée dans Phenomena, sensuelle jeune ingénue dans Hot Spot, femme forte et pugnace dans Un Homme d’exception, elle campe ici une mère magnifique et fragile, traçant sereinement le sillon d’une carrière brillante et hétéroclite. Comme on pouvait s’y attendre, elle demeure l’atout majeur de Dark Water, reprenant avec beaucoup de conviction le rôle tenu trois ans plus tôt par Hitomi Kuroki dans le film homonyme de Hideo Nakata. A ses côtés, d’autres comédiens de talent lui donnent la réplique, notamment John C. Reilly en agent immobilier excessif, Pete Postlethwaite en gardien d’immeuble taciturne, Tim Roth en avocat solitaire et Dougray Scott en ex-mari agressif. Quant à l’intrigue, elle demeure strictement identique à celle du premier Dark Water, si ce n’est qu’elle a été transportée du Japon au New Jersey, qu’Hitomi Kuroki s’appelle désormais Dahlia Williams et que sa fillette Ikuko répond maintenant au doux nom de Cecilia. Trop proche du film original, trop respectueux de son modèle, ce remake annihile hélas tout effet de surprise et finit par nous convaincre que son existence même est une aberration.

Un remake n’a-t-il pas pour intérêt principal de repositionner un récit connu dans un nouveau contexte, de l’adapter à une époque nouvelle, de le narrer sous un autre angle ? On n’en finirait plus de citer les tentatives réussies en la matière, de The Thing à L’Invasion des profanateurs en passant par La Mouche. Mais avec seulement trois ans d’écart, les deux Dark Water cultivent forcément trop de ressemblances. A part le déplacement géographique, on ne voit pas bien ce qu’apporte cette relecture de Walter Salles et de son scénariste Rafael Yglesias. Certes, reprenant l’exemple du Cercle de Gore Verbinski qui se tirait fort bien d’un exercice de style similaire, le scénario approfondit ici les personnages, développe la névrose de son héroïne liée à un traumatisme d’enfance, et nous laisse entrevoir quelques tranches de vie chez les personnages secondaires.

Un film indolent et erratique

Plus porté sur le drame que sur le fantastique (il réalisa notamment Central do Brasil, Avril brisé et Carnet de voyage), Walter Salles privilégie l’approche psychologique du récit à son caractère surnaturel, n’évoquant son fantôme que du bout des lèvres. La démarche est loin d’être inintéressante, si ce n’est que le roman initial de Koiji Suzuki a clairement été conçu comme une histoire d’épouvante, et qu’édulcorer cet aspect amenuise l’intérêt global de l’intrigue. Du coup, Dark Water version US est un film indolent et erratique qui n’émeut que rarement, n’effraie quasiment jamais, et s’achemine pesamment vers un double climax mollement mis en scène. La force du film de Nakata reposait justement sur l’opposition des sentiments – horreur et émotion – or ici tout est désespérément baigné de la même morne tonalité. C’est d’autant plus dommage que le film est une indéniable réussite formelle, en particulier grâce à la vibrante partition d’Angelo Badalamenti, la minutieuse photographie d’Affonso Beato et des décors déliquescents à souhait signés Thérèse DePrez.

 

© Gilles Penso

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LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA (1951)

Un monument du cinéma de science-fiction qui, à contre-courant des films de son époque, développe un discours humaniste

THE DAY THE EARTH STOOD STILL

1951 – USA

Réalisé par Robert Wise

Avec Patricia Neal, Michael Rennie, Hugh Marlowe, Sam Jaffe, Billy Gray, Lock Martin

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Ancien monteur d’Orson Welles (Citizen Kane, La Splendeur des Amberson), Robert Wise passa à la mise en scène avec La Malédiction des hommes chats et Le Récupérateur de cadavres. Son treizième long-métrage, Le Jour où la Terre s’arrêta, est probablement l’un des plus marquants de sa longue carrière. Inspiré de la nouvelle « Farewell to the Master », cet incontournable classique commence sur les chapeaux de roues, aux accents d’une formidable partition de Bernard Herrmann. Une soucoupe volante apparaît dans le ciel et vient atterrir à Washington, juste devant la Maison Blanche. La foule, la presse et l’armée encerclent bientôt l’engin, duquel émerge Klaatu (excellent Michael Rennie), un personnage humanoïde engoncé dans une tenue argentée et coiffé d’un casque dissimulant ses traits.« Nous venons en paix, et nos intentions sont bonnes », déclare le visiteur, ce qui n’empêche pas les militaires de lui tirer dessus. Gort, un immense robot, sort alors du vaisseau à son tour. Dénué de visage, ce cyclope métallique projette un rayon destructeur qui anéantit en un clin d’œil toutes les armes braquées sur lui, du plus petit revolver au tank le plus colossal…

En pleine guerre froide, alors que la majeure partie des films de science-fiction américains narrent des invasions d’extra-terrestres hégémoniques et agressifs masquant à peine la menace communiste, Le Jour où la Terre s’arrêta apparaît comme une délicieuse exception, une oasis humaniste ridiculisant les conflits humains en les plaçant dans une perspective cosmique. « Je refuse de contribuer à vos jalousies enfantines » déclare ainsi Klaatu au conseiller du président des Etats-Unis lorsque celui-ci lui affirme que les chefs d’état du monde entier refuseront de se réunir au même endroit pour écouter son message d’outre-espace. « Ma mission n’est pas de résoudre vos petites querelles internes », reprend le visiteur. En effet, Klaatu a été délégué sur Terre pour annoncer aux humains qu’ils doivent cesser de développer à outrance leurs armes de destruction atomiques au risque de menacer la sécurité de leurs planètes voisines. Si les terriens refusent, ils seront purement et simplement rayés de la carte stellaire.

Le juge et le bourreau

Klaatu et Gort sont donc deux entités complémentaires, le juge et le bourreau. Pour démontrer son pouvoir, l’homme de l’espace coupe l’électricité sur toute la planète pendant une demi-heure, ce qui explique le titre du film. Car dans le monde moderne, sans électricité, la terre s’arrête. La chasse à l’homme de la deuxième partie du film (avec en point d’orgue la célèbre réplique « Klaatu Barada Nikto ») pourrait tout aussi bien être une métaphore de la chasse aux sorcières. Mais Klaatu est aussi un personnage christique, qui apporte un message de paix, est incompris et trahi, tué puis ressuscité (il adopte d’ailleurs le pseudonyme de Carpenter, autrement dit « charpentier », lorsqu’il côtoie les humains). Spielberg s’est probablement inspiré de son parcours pour celui d’E.T. Témoignage inestimable d’une période trouble où l’Organisation des Nations Unies peinait à se mettre en place, Le Jour où la Terre s’arrêta est de toute évidence l’un des films de SF les plus importants et les plus influents des années 50.

 

© Gilles Penso

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L’EXORCISME D’EMILY ROSE (2005)

Le double talent du réalisateur Scott Derrickson et de la comédienne Jennifer Carpenter se révèlent au fil de cette éprouvante histoire de possession

THE EXORCISM OF EMILY ROSE

2005 – USA

Réalisé par Scott Derrickson

Avec Laura Linney, Tom Wilkinson, Campbell Scott, Jennifer Carpenter, Colm Feore, Shoreh Aghdashloo

THEMA DIABLE ET DEMONS

« D’après une histoire vraie ». De nombreux films d’horreur se drapent volontiers sous cette assertion afin de s’assurer un argument de marketing infaillible ou une respectabilité bienvenue, comme en témoignent les remakes de Massacre à la tronçonneuse ou Amityville. Mais en ce qui concerne L’Exorcisme d’Emily Rose, le cas est un peu plus complexe dans la mesure où, au lieu de fantasmer les ramifications horrifiques d’un simple fait divers, le scénario de Scott Derrickson et Paul Harris Boardman s’attache à suivre pas à pas une affaire judiciaire qui fit couler beaucoup d’encre en son temps. Du coup, nous nous retrouvons face à une œuvre hybride et audacieuse, mixant deux genres à priori antithétiques : le film de tribunal et le film d’horreur. Tout commence par le constat du décès d’Emily Rose, et par l’inculpation du père Richard Moore pour homicide par imprudence. Dès que s’ouvre le procès, les témoignages nous narrent en flash-back la mésaventure de cette jeune fille quittant sa province pour aller étudier à l’université. Une nuit, seule dans sa chambre d’étudiante, elle est la proie d’hallucinations terrifiantes qui la marquent à tout jamais. Convaincue d’être possédée par des forces démoniaques, elle sombre peu à peu, victime de symptômes de plus en plus spectaculaires. La médecine semblant impuissante, Emily s’en remet donc au prêtre de sa paroisse, qui va s’efforcer de l’exorciser…

Le casting du film se prive volontairement de stars, et c’est une excellent idée. L’approche réaliste en est renforcée (Mel Gibson en prêtre et Nicole Kidman en avocate, ça aurait fait un peu désordre). Les acteurs sont exceptionnels de justesse, et les performances hystériques de la débutante Jennifer Carpenter (un nom prédestiné !) proprement hallucinantes. Familier de l’épouvante, Scott Derrickson (Hellraiser Inferno, Urban Legend 2) concocte des séquences d’angoisse extrêmement efficaces, même si elles reposent souvent sur le principe archi connu d’une femme isolée en pleine nuit qui entend des bruits bizarres et erre en cherchant leur source. Les effets sonores et la musique de Christopher Young jouent beaucoup sur les nerfs du spectateur, et les étonnants maquillages 3D de Michael Shelton valent leur pesant d’effroi, notamment lorsqu’Emily voit les gens de son entourage arborer soudainement un visage hideux et grimaçant.

Possédée par six démons !

Fatalement, les séquences de possession et d’exorcisme évoquent L’Exorciste, dans la mesure où elles reposent sur des faits voisins (ici, Emily est sensée être possédée par six démons, dont Lucifer en personne  !). La Malédiction vient également à l’esprit, surtout lorsqu’un témoin gênant est violemment éliminé. Mais toutes ces références n’amenuisent jamais le caractère hyperréaliste du film. L’Exorcisme d’Emily Rose est assurément une expérience éprouvante et une indéniable réussite, qui frôle le manichéisme sans tout à fait s’y complaire, et pose en substance la question de la justice divine taraudant de nombreux pratiquants, toutes religions confondues. Une question qu’on pourrait résumer en ces termes : « Pourquoi Dieu éprouve-t-il certains de ses fidèles au point de leur faire endurer mille souffrances ? »

 

© Gilles Penso

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MATRIX (1999)

Et si l'univers qui nous entoure n'était qu'un monde virtuel conçu par des machines manipulant les êtres humains ?

MATRIX

1999 – USA

Réalisé par Andy et Larry Wachowski

Avec Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Carrie-Anne Moss, Hugo Weaving, Gloria Foster, Joe Pantoliano

THEMA MONDES PARALLELES ET MONDES VIRTUELS I SAGA MATRIX

Férus de comic books, de jeux vidéo et de culture cyberpunk, et forts du succès de leur remarquable premier long-métrage Bound, Andy et Larry Wachowski se sont lancés dans une trilogie de science-fiction extrêmement ambitieuse dont Matrix constitue le premier volet. Son héros, Thomas Anderson (Keanu Reeves), occupe son temps libre en jouant aux pirates informatiques, sous le surnom de « Neo ». Or un jour, contacté par l’énigmatique Morpheus (Laurence Fishburne), il découvre que le monde dans lequel il vit n’est qu’une façade… La révolution apparente que représentait Matrix au moment de sa sortie, entretenue par son phénoménal succès, n’est en réalité qu’illusoire, à l’image de la Matrice dans laquelle s’ébattent ses héros. Car le concept initial, beaucoup moins singulier qu’il n’en a l’air, emprunte toutes ses idées ailleurs et se contente de les recycler. On pourrait le résumer en une phrase : les machines se sont révoltées contre les humains (comme dans Terminator) et les ont entretenus dans un monde virtuel en leur inventant des identités (comme dans Dark City), jusqu’à ce qu’un groupe de résistants ne se mette en quête de l’Elu pour renverser ce régime tyrannique (comme dans Dune)…

Certes, la recomposition de motifs thématiques préexistants est inhérente à tout processus créatif, et nous a offert quelques chefs d’œuvre de la science-fiction sur grand écran, la première trilogie Star Wars en étant un exemple frappant. Mais ici, les influences semblent juxtaposées plutôt que réinventées, et l’intérêt du film s’en ressent. Pourtant, Matrix collecte les idées visuelles surprenantes, comme cette image vertigineuse de milliers d’humains retournés à l’état fœtal et reliés à une monstrueuse machine par un cordon ombilical artificiel. Keanu Reeves lui-même prend visiblement beaucoup de plaisir à s’investir dans le rôle de Neo. « J’adore la science-fiction, et c’est d’ailleurs un genre qui m’a beaucoup réussi jusqu’à présent » nous avoue-t-il. « Ce que j’aime par-dessus tout, avec la SF, c’est qu’elle peut être traitée sous l’angle du drame, de la comédie, de l’action spectaculaire. Tout y est possible, et c’est une bénédiction pour un acteur. Jouer dans Matrix, c’est un vrai rêve d’enfant. » (1) Mais l’intrigue du film souffre de son extrême linéarité, que les auteurs s’efforcent de briser par une narration complexe. Résultat : le récit devient accidenté et chaotique. 

Méfiez-vous des apparences…

Pour s’assurer que le public ne perd pas le fil, le scénario attribue au personnage de Morpheus des pavés de dialogues censés nous expliquer le mode d’emploi de ce monde virtuel. Le tempo du film se ralentit donc dangereusement en de nombreux moments, et les séquences d’action spectaculaires servent plus à rattraper les pertes de rythme qu’à faire avancer le récit. Celles-ci, avouons-le, sont extrêmement efficaces, puisant leur inspiration dans le cinéma de Hong-Kong et dans le jeu vidéo. Servies par des effets spéciaux étourdissants et un découpage virtuose, ces séquences de combat vertigineuses ont marqué une date historique dans le cinéma d’action, instaurant une nouvelle référence. C’est là que réside la révolution de Matrix, et là seulement. Du coup, le combat en apesanteur de Carrie-Anne Moss dans la scène d’intro (qui reprend une grande partie du découpage de l’ouverture de Sueurs froides), le ralenti qui accompagne Neo pendant qu’il évite les balles tirées par l’agent Smith, la bataille dans le métro ou l’assaut dans le hall de la police resteront dans toutes les mémoires. Pour le reste, on préfèrera les facéties visuelles et narratives de Bound, mille fois moins tape à l’œil et mille fois plus audacieux.

(1) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 2008

 

© Gilles Penso

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CONSTANTINE (2004)

Keanu Reeves incarne un héros extralucide partagé entre le monde des vivants et l'au-delà dans cette adaptation du comics "Hellblazer"

CONSTANTINE

2004 – USA

Réalisé par Francis Lawrence

Avec Keanu Reeves, Rachel Weisz, Shia LaBeouf, Gavin Rossdale, Djimon Hounsou, Tilda Swinton, Peter Stormare 

THEMA DIABLE ET DEMONS I SAGA DC COMICS

Constantine est une adaptation du comic book « Hellblazer », créé par Jamie Delano et Garth Ennis pour DC/Vertigo. Pour éviter une confusion avec la franchise Hellraiser, le titre de la BD originale fut remplacé par le nom du personnage principal, lequel a subi maints changements pour son passage à l’écran. Extralucide anticonformiste à cheval entre notre monde et celui de l’au-delà, John Constantine vit à Liverpool et s’inspire physiquement du chanteur Sting. Dans le film, il se transforme en citoyen de Los Angeles et arbore les traits lisses de Keanu Reeves, après que Nicolas Cage ait été envisagé pour le rôle. On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’une erreur de casting, motivée par le succès de la trilogie Matrix, car Reeves entre sans conviction dans la peau de cette épave humaine désabusée.

Assisté par un jeune chauffeur de taxi et en contact avec un receleur d’un genre spécial (qui fournit de l’haleine de dragon, des ampoules d’eau bénite, des fragments de balles provenant de l’attentat contre le pape), John Constantine est une sorte d’exorciste guerrier en costume cravate, armé d’un fusil en forme de crucifix. Suite à sa tentative de suicide alors qu’il était adolescent et à sa mort clinique de deux minutes, il a séjourné en Enfer puis en est revenu. Depuis, il a des visions de l’au-delà, un don qu’il considère comme une malédiction.  Un jour, Angela Dodson (Rachel Weisz), femme flic croyante, vient lui demander de l’aider à élucider le meurtre déguisé en suicide de sa sœur jumelle Isabel, lui affirmant que « Dieu a un dessein pour chacun de nous. » Ce à quoi John répond stoïquement : « Dieu est un enfant qui joue à la poupée. Il n’a aucun dessein ». Mais il accepte l’enquête, et découvre que rien ne va plus chez Saint Pierre et Lucifer. Jusqu’alors, les démons étaient censés rester en Enfer et les anges au Paradis, à l’exception des hybrides des deux camps, des « trafiquants d’influence » donnant des impulsions aux humains.

Si tu fumes, tu iras en enfer !

Or la donne a changé et les démons commencent depuis peu à ramper et voleter à la surface de la Terre. Car Mammon, le fils du Diable, projette de venir régner sur notre monde grâce à la « lance du destin », celle du soldat qui tua le Christ, et qu’un homme a découvert par hasard au Mexique. Constatine a donc du pain sur la planche. Après avoir réalisé des clips pour Britney Spears, Janet Jackson et Jennifer Lopez, Francis Lawrence dirige là son premier long, qu’il ponctue de séquences choc : l’exorcisme d’une jeune fille et la capture d’un démon dans un miroir, la créature constituée de milliers d’insectes qui attaque Constantine dans la rue, l’agression des  héros par une nuée de démons hommes-chauve-souris en pleine nuit, Angela aspirée par une force invisible qui lui fait traverser tous les murs d’un immeuble avec fracas. Le clou du spectacle est la plongée de John dans les Enfers. Inspiré d’images de tests nucléaires, le décor écarlate est empli de bâtiments et de véhicules soufflés, de nuées de soufre et de démons maigrichons aux visages grimaçants. Tout ça manque cruellement de finesse, et l’apparition finale de Peter Stormare en Lucifer confine au grotesque. Sans compter le message sous-jacent du film, qu’on pourrait résumer ainsi : « Si tu fumes, tu iras en Enfer » !

© Gilles Penso

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PHENOMENA (1985)

Insectes, pouvoirs paranormaux, tueur, singe intelligent et enfant monstrueux cohabitent dans cette œuvre baroque de Dario Argento

PHENOMENA

1985 – ITALIE

Réalisé par Dario Argento

Avec Jennifer Connelly, Daria Nicolodi, Dalila di Lazzaro, Donald Pleasence, Patrick Bauchau, Fiore Argento 

THEMA INSECTES ET INVERTEBRES I TUEURS I SINGES I ENFANTS I POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA DARIO ARGENTO

On a généralement tendance à situer la période faste de Dario Argento entre 1971 et 1982, autrement dit de L’Oiseau au plumage de cristal à TénèbresPhenomena s’inscrit donc à l’aune d’une lente phase de déclin, ce qui ne l’empêche pas de regorger de morceaux et bravoures et d’idées folles dont l’auteur de Suspiria a le secret. C’est d’ailleurs Suspiria qui semble servir d’inspiration principale au film, comme si Argento cherchait un peu à réitérer le miracle de son chef d’œuvre. Dans un rôle proche de celui tenu en 1977 par Jessica Harper, Jennifer Connelly (qui révèle ici son jeune talent après une petite apparition en tutu dans Il était une fois en Amérique) interprète Jennifer Corvino, la fille d’un célèbre acteur américain venue poursuivre ses études dans un collège suisse. Rudoyée par ses camarades qui lui envient sa prestigieuse parenté, l’adolescente préfère de beaucoup la compagnie des insectes avec lesquels elle a le pouvoir de communiquer. Au cours d’une crise de somnambulisme, elle est témoin d’un meurtre commis avec une arme blanche démontable et tranchante. Jennifer court alors un grave danger puisque le tueur, qui l’a aperçue, va tenter de l’éliminer. Grâce à l’aide d’un entomologiste infirme (Donald Pleasence, très touchant) et de son singe savant, elle prend conscience de l’étendue de son don et part à la recherche de l’assassin.

Reprenant les composantes traditionnelles du giallo (un tueur mystérieux s’en prend à d’innocentes jeunes filles), Phenomena y adjoint de nombreux thèmes empruntés à d’autres sous-genre du cinéma fantastique : les insectes intelligents (comme dans Phase IV), l’adolescente aux pouvoirs surnaturels (façon Carrie), l’enfant monstrueux matérialisant la folie meurtrière de sa génitrice (à la manière de Chromosome 3), le singe dangereusement intelligent (hérité d’Edgar Allan Poe)… Le problème est que ces motifs variés et dissemblables peinent à s’organiser au sein d’une intrigue cohérente. Noyé dans ce trop plein d’idées et d’influences, Dario Argento perd un peu de sa personnalité et oublie au passage les magnifiques effets de style qui le singularisaient.

Belzébuth maître des mouches

La somptuosité des décors n’a plus cours, la photographie oublie les couleurs démesurément saturées au profit d’une banale polychromie, les cadrages ont perdu de leur caractère insolite et même la bande originale, signée ici par quelques ténors du hard rock, manque de folie et d’étrangeté. Reste Jennifer Connelly, qui nimbe chaque séquence de son charme naissant, et dont le personnage complexe demeure l’intérêt majeur de Phenomena. Considérée tout à tour comme une folle par ses camarades, comme un « Belzébuth maître des mouches » par la directrice de son école, comme un fascinant prodige de la nature par le vénérable entomologiste et comme une amie et confidente par les insectes, elle cristallise toutes les émotions et marque les esprits par sa différence, son refus de rester noyée dans la masse. Ce bel appel à l’individualité et à l’originalité ne fait hélas pas toujours mouche (sic), et Argento ne signe ici que l’ébauche de ce qui aurait pu être un nouveau grand opéra gore.


© Gilles Penso

 

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IRONMASTER, LA GUERRE DU FER (1982)

Une double imitation éléphantesque de Conan le Barbare et La Guerre du Feu signée par Umberto Lenzi

IRONMASTER / LA GUERRA DEL FERRO

1982 – ITALIE / FRANCE

Réalisé par Umberto Lenzi

Avec Sam Pasco, Elvire Audray, George Esatman, Pamela Prati, Jacques Herlin, Danilo Mattei, Benito Stefanelli, Areno D’Adderio

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Entre deux imitations de Zombie et Cannibal Holocaust, Umberto Lenzi nous livrait sans honte ce croisement contre-nature entre Conan le barbare, Un million d’années avant JC et La Guerre du feu (on note au passage la grande finesse du titre français). Habitué aux rôles de grosses brutes, George Eastman (Anthropophagous, 2019 après la chute de New York) incarne ici Vood, un Cro-Magnon bien peu mignon qui tue Exay (Benito Stefanelli), le chef de sa tribu, dans l’espoir de lui succéder. Mais il est chassé de son village par Ela (Sam Pasco), une espèce de Rahan bodybuildé, et se met à errer dans des bois aux allures bien peu préhistoriques (filmés dans une réserve naturelle du Dakota, ce qui explique la surabondance de plans mettant en scène des troupeaux de bisons). Sur son chemin, Vood voit des stock-shots d’éruptions volcaniques et découvre parmi des cendres fumantes un matériau jusqu’alors inconnu : le fer. Il en tire une arme, avec laquelle il tue un lion. Désormais revêtu de sa dépouille, tel Héraclès, il revient revendiquer son statut de chef et envoie en exil son rival Ela. Notre expatrié préhistorique échappe de peu à une horde d’hommes singes en furie (des acteurs recouverts de poils et de masques rigides grotesques) puis rencontre la belle Isa au brushing impeccable (Elvire Audray) et accepte de rejoindre sa tribu, tandis que Vood décide d’imposer son règne de terreur sur la vallée toute entière.

Les blonds sont les gentils, les bruns les méchants, le spectateur peut donc tranquillement suivre l’intrigue sans crainte du moindre mal de tête. Et lorsque La Guerre du fer s’essaie aux dialogues d’une haute portée philosophique, l’effet comique est garanti. Notamment quand Eastman, à peu près aussi exalté que dans Les Nouveaux barbares, déclame « l’aigle ne s’abaisse pas à tuer le serpent, sauf lorsqu’il sort du bois ». Ou lorsque le sage Mogo (William Berger) affirme avec aplomb : « La liberté, les armes ont le pouvoir de te la rendre, mais elles ont aussi le pouvoir de te l’enlever ».

« L'aigle ne s'abaisse pas à tuer le serpent… »

Co-écrit par cinq auteurs (dont le réalisateur lui-même), le scénario ne cherche pas midi à quatorze heures et assure le service minimum, ne s’égayant que trop rarement de mini-séquences horrifiques dignes d’Umberto Lenzi, comme cette agression de nos héros par des troglodytes lépreux qui ressemblent comme deux gouttes d’eau aux zombies de Virus cannibale (chassez le naturel…) ou cette vision furtive d’un cadavre féminin défiguré et amputé d’un bras. L’étrange bande originale ethnique de Guido et Maurizio de Angelis (La Montagne du dieu cannibale, La Mort au large) puise son inspiration un peu au hasard, à mi-chemin entre les chœurs à la Ennio Morricone, les percussions africaines et les cordes indiennes. Sans la magie de John Milius, sans le réalisme de Jean-Jacques Annaud, sans les dinosaures de Ray Harryhausen, cette aventure préhistorique n’a finalement pas grand-chose pour séduire, si l’on excepte quelques accortes jeunes filles en peaux de bête. Bref, encore un film fauché et sans ambition qui ne rend guère justice à la magnifique affiche conçue pour le promouvoir à l’époque.

© Gilles Penso

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