ROBOT KILLER (1987)

Un savant fou lâche dans les rues de New York des cyborgs assassins que seule une équipe de mercenaires semble capable d’arrêter…

MUTANT HUNT

 

1987 – USA

 

Réalisé par Tim Kincaid

 

Avec Rick Gianasi, Mary-Anne Fahey, Ron Reynaldi, Taunie Vrenon, Bill Peterson, Stormy Spill, Stormy Spill, Doug Devos, Warren Ulaner, Mark Legan, Asie Kid

 

THEMA ROBOTS I SAGA CHARLES BAND

La saisissante jaquette de Robot Killer dessinée par Laurent Melki, sous haute influence de Terminator, annonce du grand spectacle, de l’action et des effets spéciaux en pagaille, bref déborde de promesses… Mais le réalisateur du film n’est autre que Tim Kincaid, un tâcheron au talent tout relatif signataire d’un bien piètre Robot Holocaust et du distrayant mais médiocre Breeders alias L’Hybride infernal. On se doute donc que, fidèle à son habitude, le généreux Melki nous a vendu beaucoup plus de rêve que ce que le film lui-même va pouvoir nous offrir. Sorti directement en vidéo en octobre 1987 sur le territoire américain (sous son titre original de Mutant Hunt, autrement dit « la chasse aux mutants »), Robot Killer a pourtant été tourné en octobre 1985, en même temps que L’Hybride infernal avec lequel il partage plusieurs décors (principalement les rues de New York) et une partie de l’équipe technique (dont la costumière Nancy Arons, le monteur Barry Zetlin, le directeur des effets spéciaux Matt Vogel et le maquilleur spécial Ed French). Le scénario est l’œuvre de Kincaid, et on ne peut pas dire qu’il déborde d’originalité.

Nous sommes dans un futur proche. Au sein de la société Inteltrax, le professeur Z (Bill Peterson), dont le costumes en cuir semble échappé d’un space opera italien des années 60, fabrique des androïdes destinés au combat. Tous bâtis sur le même modèle, ils arborent une mâchoire carrée et des lunettes de soleil, comme s’ils voulaient rendre hommage à Arnold Schwarzenegger sur le poster de Terminator. La dernière série, les Delta 7, n’est pas encore prête à entrer en service mais Z veut pourtant les mettre sur le marché. Le docteur Haynes (Mark Umile), un scientifique qui participait au projet s’y oppose, arguant qu’une molécule indésirable altère leur système, mais il est rapidement fait prisonnier par le savant fou. Sa sœur Darla (Mary Fahey) décide alors de demander de l’aide auprès du mercenaire Matt Riker (Rick Gianasi). Aidé par une petite équipe de combattants émérites, ce dernier va tenter d’arrêter la folie meurtrière des cyborgs humanoïdes qui, subitement pris de folie, se sont transformés en machines à tuer et terrorisent New-York. Ce sont désormais, selon les termes de Darla, des « mutants tueurs psycho-sexuels »… Tout un programme !

Les mutants tueurs psycho-sexuels

Terminator est bien sûr l’inspiration principale de cette micro-production qui emprunte aussi au passage quelques idées à Blade Runner et même à James Bond (à travers la panoplie des gadgets qui nous sont présentés avant que la mission commence)… Après tout, pourquoi se creuser les méninges si l’on peut faire ses courses dans les films qui existent déjà ? Les décors « futuristes » sont des ruelles sombres et des bâtiments désaffectés, la bande originale est une insupportable litanie de rock de supermarché qui tourne en boucle et les combats mous et mal rythmés sont très drôles au second degré (les mercenaires terrassant facilement les cyborgs censés pourtant être chacun fort comme dix hommes). Malgré tout, Robot Killer collecte quelques idées visuelles amusantes, comme les membres extensibles des robots qui s’allongent façon Inspecteur Gadget, les mains coupées qui se promènent toutes seules et se greffent aux poignets tranchés, les téléphones miniatures greffés dans les oreilles (ancêtre de nos Airpods) et quelques effets spéciaux de maquillage inventifs signés Ed French (notamment ce cyborg décomposé à la mâchoire arrachée qui se réactive). Pas de quoi crier au génie, évidemment, mais l’amateur de séries Z distrayantes trouvera de quoi picorer dans ce Robot Killer mal fichu mais sympathique.

 

© Gilles Penso

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MEDIEVAL PARK (1999)

Après avoir gagné un concours, un ado participe à une émission télévisée située dans un château médiéval… et se retrouve propulsé dans le passé

TEEN KNIGHT / MEDIEVAL PARK

 

1999 – USA

 

Réalisé par Phil Comeau

 

Avec Kris Lemche, Caterina Scorsone, Benjamin Plener, Paul Soles, Kimberly Pullis, Marc Robinson, Claudiu Trandafir, Dan Frinculescu, Eugen Cristea

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I SORCELLERIE ET MAGIE I DRAGONS I ROBOTS I SAGA CHARLES BAND

Dans la masse impressionnante de films aux budgets minuscules produits en Roumanie par Charles Band, il y a forcément des laissés pour compte, des produits tellement anecdotiques que seuls les fous, les complétistes ou les curieux – votre humble serviteur plaide triplement coupable – ont le courage de visionner jusqu’au bout malgré leur intérêt tout relatif. La promesse était pourtant intrigante. Titré d’abord Teen Knight (« Le Chevalier adolescent ») puis rebaptisé Medieval Park (dans une tentative désespérée et parfaitement absurde de surfer tardivement sur le succès des dinosaures de Steven Spielberg), ce conte tout public conçu sous le label Moonbeam nous annonce un voyage dans le temps, des robots, de la sorcellerie, des combats à l’épée, un château du moyen-âge, des cachots, un dragon, une princesse à secourir, un seigneur maléfique, bref du spectacle à foison. Certes, tous les ingrédients cités ci-dessus sont bien présents dans ce « Parc médiéval » low cost, mais ils se concrétisent à l’écran avec si peu de conviction que les spectateurs sont généralement partagés entre deux réactions possibles : le soupir d’exaspération ou le rire nerveux… voire les deux simultanément.

Notre héros est Peter (Kris Lemche), un ado qui rêve de remporter le concours organisé par la marque de boissons gazeuses Silver Streak Cola et de participer à l’aventure médiévale promise aux vainqueurs, autrement dit une sorte de jeu de rôle grandeur nature dans un grand château filmé par des caméras de télévision. Parmi toutes les bouteilles lancées sur le marché, seules quatre portent sous leur bouchon la mention « vous avez gagné ». Or Monsieur Percy (Paul Soles), l’un des enseignants de Peter, féru d’histoire médiévale, tombe sur l’une des bouteilles gagnantes et l’offre au jeune homme. Peter et les trois autres vainqueurs se retrouvent ainsi sur le site médiéval de l’émission, accueillis par le volubile Conrad Wiggins (Eugen Cristea) et ses assistants en costumes qui se révèlent être tous des robots humanoïdes. Or le château est victime du sort lancé en 1383 par un sorcier à la demande de Lord Raykin (Marc Robinson), un sinistre conquérant du moyen-âge qui souhaite s’emparer des lieux. Tous nos protagonistes se retrouvent donc propulsés six siècles dans le passé…

Passé simpliste

La première partie de l’intrigue se calque fidèlement sur la mécanique de « Charlie et la chocolaterie », le bouchon des bouteilles de soda faisant office de ticket gagnant, le volubile Wiggins se substituant à Willy Wonka et ses androïdes remplaçant les Oompas Loompas. Il nous semble également entrevoir une allusion à Mondwest à travers ces machines humanoïdes déguisées en citoyens du moyen-âge. Lorsqu’une tempête dérègle les lieux et qu’un monstre se met à grogner dans sa caverne, c’est l’influence de Jurassic Park qui semble timidement pointer le bout de son museau (d’où le titre du film). Mais qu’importent les références et les clins d’œil : le scénario de Medieval Park n’a ni queue ni tête, la plupart de ses péripéties n’ont aucun sens (comme l’apparition évasive de cette télécommande/calculatrice qui parle ou le rôle que tiennent les robots dans le film), ses acteurs rivalisent d’inexpressivité, le grand méchant ricane sans conviction, les combats à l’épée sont incroyablement apathiques et le dragon en images de synthèse (qui se met à dialoguer vers la fin du métrage) fait peine à voir. Il n’y a donc quasiment rien à sauver de ce naufrage pseudo-médiéval, malgré le potentiel prometteur de son concept.

 

© Gilles Penso


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SORORITY BABES (1988)

Un petit groupe d’étudiants entre par effraction dans un bowling en pleine nuit et réveille par accident un petit démon…

SORORITY BABES IN THE SLIMEBALL BOWL-O-RAMA

 

1988 – USA

 

Réalisé par David DeCoteau

 

Avec Linnea Quigley, Andras Jones, Robin Rochelle, Carla Baron, Kathi O’Brecht, John Stuart Wildman, Hal Havins, Brinke Stevens, Michelle Bauer, Dukey Flyswatter

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS PETITS MONSTRES I SAGA CHARLES BAND

Très content de sa collaboration avec le réalisateur David DeCoteau sur Creepozoids, le producteur Charles Band lui fait signer un contrat pour dix nouveaux films et lui demande immédiatement de se mettre au travail sur un nouveau long-métrage baptisé The Imp (« Le Diablotin »). Le projet a déjà été vendu sur la seule base d’un poster mais aucun scénario n’a encore été rédigé. DeCoteau a dix jours pour l’écrire puis douze jours pour tourner le film. Les délais sont impossibles, et pourtant le réalisateur s’y tient, habitué aux petits budgets et au système D. L’histoire s’inspire vaguement de la nouvelle « La Patte de singe » de W.W. Jacobs (1902), dont le concept est revisité sous un jour potache et estudiantin dans la lignée de Porky’s. Très tôt, Band se montre insatisfait du titre The Imp, qu’il ne juge pas suffisamment impactant, et organise un concours auprès des employés de sa compagnie Empire pour proposer quelque chose de plus vendeur. Le choix se porte finalement sur Bitchin’ Sorority Babes in the Slimeball Bowl-O-Rama, dont sera finalement expurgé le mot « Bitchin’ » pour éviter de fâcher la censure. En l’état, on pourrait traduire approximativement ce titre racoleur par : « Les nanas de la fraternité dans le bowling crasseux. » Effectivement, c’est moins sobre que « Le Diablotin » !

Trois étudiants mal dégrossis décident de tromper leur ennui en allant espionner les filles de la sororité Tri-Delta, qui organisent une cérémonie d’initiation nocturne. Nos trublions jouent donc les voyeurs en assistant à la dérobée au bizutage puis au déshabillage de deux nouvelles venues. Mais ils sont surpris à leur tour et, pour se racheter, acceptent d’accompagner les étudiantes au cours de l’ultime mission qui finalisera leur initiation. Il s’agit de pénétrer par effraction en pleine nuit dans le bowling du coin et d’en ramener un trophée. Tous les cinq s’y rendent donc, sous la surveillance des trois « maîtresses de cérémonie », et parviennent à atteindre la salle des trophées de laquelle ils récupèrent le plus grand d’entre eux. Mais l’objet tombe accidentellement au sol et libère un diablotin facétieux qui leur propose d’exaucer leurs vœux les plus chers. Passés l’effrois puis la surprise, ils se laissent tenter par cette proposition, sans se douter qu’elle cache une redoutable contrepartie…

Scream queens

Sorority Babes n’est pas la série Z grotesque que son titre et son concept pourraient laisser imaginer mais une petite comédie d’horreur plutôt distrayante, qui présente la particularité de réunir trois « scream queens » légendaires : Linnea Quigley (Le Retour des morts-vivants), Brinke Stevens (Fête sanglante) et Michelle Bauer (Hollywood Chainsaw Hookers). Si Stevens et Bauer n’hésitent pas à se dévêtir en cours de métrage, fidèles à leurs habitudes, Quigley change de registre dans un rôle qu’elle a choisi elle-même, celui d’une jeune femme rebelle et rock’n roll qui – une fois n’est pas coutume – garde ses vêtements jusqu’au bout. Le petit monstre du film est une marionnette au look cartoonesque dont l’animation est certes limitée mais qui fait son petit effet, œuvre de Craig Caton (membre des équipes d’effets spéciaux de S.O.S. fantômes, Les Aventures de Jack Burton, Le Cauchemar de Freddy, bref la bonne école). Le sort qu’il jette à nos infortunés héros transforme les filles en démons déchaînés (dont l’une se retrouve avec le look de La Fiancée de Frankenstein) et occasionne quelques meurtres inventifs et joyeusement gore, notamment une tête décapitée qui se mue en boule de bowling. Bref, ça ne vole pas très haut mais on ne s’y ennuie guère. Une suite tardive, Sorority Babes in the Slimeball Bowl-O-Rama 2, sortira en 2022 avec Brinke Stevens devant et derrière la caméra.

 

© Gilles Penso


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BALLAD IN BLOOD (2016)

Le réalisateur de Cannibal Holocaust s’offre une seconde jeunesse en élaborant un slasher maladroit mais empreint de poésie macabre…

BALLAD IN BLOOD

 

2016 – ITALIE

 

Réalisé par Ruggero Deodato

 

Avec Rebecca Di Maio, Roger Garth, Ernesto Mahieux, Gabriele Rossi, Carlotta Morelli, Rita Rusciano, Noemi Smorra, Carlo Trevisan, Edward Williams

 

THEMA TUEURS

A l’âge respectable de 77 ans et près de vingt ans après son dernier film de fiction, Ruggero Deodato repasse derrière la caméra pour Ballad in Blood, qui semble vouloir s’inscrire dans son époque tout en clignant de l’œil vers la filmographie passée du cinéaste. On y trouve ainsi des éléments de narrations découverts dans des bandes vidéo (comme dans Cannibal Holocaust, précurseur du « found footage ») mais aussi une folie sanglante qui se déchaîne en huis-clos à la manière de La Maison au fond du parc (dont Ballad in Blood reprend d’ailleurs la même chanson langoureuse de Ritz Ortolani). « Le public attend toujours que je refasse Cannibal Holocaust », explique Deodato. « J’ai envie de le satisfaire tout en essayant de proposer autre chose. L’histoire de Ballad in Blood n’a donc rien à voir avec Cannibal Holocaust, mais il y a quelques points communs dans la narration, comme l’utilisation d’images filmées dans le passé qui donnent des indications sur ce qui s’est déroulé auparavant. Cette fois-ci, ce sont des films vidéo pris avec un téléphone et diffusés sur un ordinateur. C’était aussi une bonne solution pour que l’action ne reste pas cantonnée dans la maison, sinon les spectateurs allaient finir par devenir claustrophobes ! » (1)

Le scénario du film brode à partir d’un fait divers réel lié à la mort mystérieuse d’une étudiante Erasmus. Le générique se déroule pendant une soirée d’Halloween décadente, dans un décor naturel incroyable : un puits de 80 mètres de haut orné d’alcôves dans lesquelles des fêtards déguisés s’adonnent à tous les excès. Sadomasochisme (filles nues attachées), Grand-Guignol (meurtres sanglants excessifs reconstitués), costumes de monstres, c’est la totale. Le choix de ce décor est malin : outre son esthétisme, il permet au cinéaste de ne solliciter qu’une vingtaine de figurants tout en simulant une grande foule. Car le père Ruggero n’a rien perdu de son art du système D. Mais ce panorama vertigineux jette aussi les bases d’un des thèmes majeurs du film : la perte d’ancrage avec la réalité. Le lendemain de cette soirée bien arrosée, quatre étudiants qui partagent le même appartement en Italie se réveillent difficilement. Mais l’un d’entre eux manque à l’appel. Soudain, James, Duke et Lenka découvrent que le corps inanimé de leur amie Elizabeth gît immobile au-dessus de leur tête, sur le plafond vitré de l’appartement. En cherchant à l’atteindre avec une échelle, les deux garçons brisent la vitre. Le corps ensanglanté de la jeune fille chute alors au ralenti, avec une beauté macabre qui n’est pas sans rappeler l’inoubliable entrée en matière de Suspiria. Ce corps qui brise le verre est la parfaite métaphore de la mort qui s’immisce brutalement dans le monde réel. Lorsque le cadavre entaillé et ensanglanté gît au sol, aucun de ses trois amis n’est capable de se souvenir des événements précis de la veille…

Le professeur Eli Roth

Le cinéaste italien se démène ici avec un budget ridicule, des conditions de tournage drastiques et des comédiens amateurs. Certes, le manque de moyens est manifeste, l’image numérique se révèle peu flatteuse et les acteurs sont loin de nous convaincre. Mais Deodato tient bon, ne réfrénant pas une énergie ardente qui lui permet d’alterner sans sourciller l’horreur graphique (quelques meurtres qui éclaboussent volontiers l’écran), l’humour potache (les réactions des protagonistes et leurs dialogues basculent souvent dans l’absurde assumé), l’érotisme généreux (les filles se dénudent sans cesse pour exhiber des poitrines défiant les lois de la gravité) et même un brin de poésie macabre. Tout ce cocktail n’est certes pas toujours très digeste, mais l’étrangeté qui en découle est intéressante, semblant décliner – sur un postulat qui n’est pas sans évoquer Very Bad Trip – l’idée d’une perte de repères et de discernement entre la réalité et la fantaisie auprès d’une certaine jeunesse. Pour cligner de l’œil vers Hostel 2 qui lui offrait le petit rôle d’un cannibale, Ruggero Deodato fait ici une apparition sous la défroque d’un certain professeur Eli Roth !

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2016

 

© Gilles Penso


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FUTURE COP 5 (1994)

Perdu au beau milieu d’un moyen-âge parallèle, le flic Jack Deth doit mettre la main sur un diamant magique pour pouvoir rentrer chez lui…

TRANCERS 5 : SUDDEN DETH

 

1994 – USA

 

Réalisé par David Nutter

 

Avec Tim Thomerson, Stacie Randall, Ty Miller, Terri Ivens, Mark Arnold, Clabe Hartley, Alan Oppenheimer, Jeff Moldovan, Stephen Macht, Luana Stoica

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I FUTUR I SAGA FUTURE COP I CHARLES BAND

Tournés en même temps, dans les mêmes décors et avec les mêmes acteurs, Future Cop 4 et Future Cop 5 auraient honnêtement pu n’être qu’un seul et même film. Mais le producteur Charles Band ne passe jamais à côté d’une occasion de faire fructifier un produit potentiellement rémunérateur, quitte à tirer un peu à la ligne. De fait, s’il se raccorde directement avec le cliffhanger de Future Cop 4, ce cinquième opus joue la montre en remplissant artificiellement ses huit premières minutes avec un générique à rallonge et un long résumé des événements précédents. « Des séquences entières ont été supprimées par manque de budget », se plaint le scénariste Peter David. « La seule dont je me souvienne est celle où Jack et son compagnon sautent par la fenêtre d’un château, tombent en chute libre, atterrissent dans une rivière impétueuse et se battent pour survivre alors qu’ils sont précipités par le courant. Cette scène et toutes celles que j’avais prévues pour Future Cop 5 ont été complètement coupées, ce qui explique sans doute pourquoi le film dure… quoi ? Soixante-cinq minutes ? Je déteste avoir mon nom sur ce scénario parce qu’il ne ressemble pas du tout à ce que j’ai écrit. » (1) Effectivement, en l’état, l’intrigue de Future Cop 5 n’a rien de foncièrement palpitant.

Toujours perdu en plein univers médiéval alternatif, Jack Deth semble s’être mué en émule de Robin des Bois dont les compagnons, tous de basse extraction, jouent du poing et de l’épée contre les méchant nantis qui les oppressaient. Tous les « Trancers » habitués à aspirer le fluide vital de leurs victimes sont donc vaincus et reclus dans leur donjon, fomentant une vengeance qui va pouvoir se concrétiser grâce à la résurrection improbable de leur chef, le vil Lord Caliban (Clabe Hartley). Pour défaire une bonne fois pour toutes ce sorcier redoutable et avoir une chance de rentrer chez lui – quitte à devoir se séparer de la belle Lyra (Stacie Randall) qui lui est soumise corps et âme -, Deth va se lancer à la recherche du « Tiamant », une pierre précieuse légendaire cachée quelque part dans le « Château de la Terreur Incessante » (tout un programme !) Le prince Prospero (Ty Miller), fis de Caliban rallié à sa cause, accepte de l’accompagner dans cette quête semée d’embûches…

« Je suis trop vieux pour ces conneries ! »

Le récit prend dès lors les allures d’un buddy movie avec Deth dans la peau du flic aguerri et Prospero dans le rôle de son jeune coéquipier peu expérimenté. Pour enfoncer le clou, le scénario reprend même l’une des répliques les plus célèbres de L’Arme fatale (« Je suis trop vieux pour ces conneries ! »). C’est d’ailleurs dans les lignes de dialogue de Tim Thomerson et dans son caractère éternellement désabusé que le spectateur pourra trouver un peu de fraîcheur, le reste du film se révélant d’une grande platitude. Certes, le tournage en Roumanie permet à David Nutter de bénéficier de figuration costumée et de cascadeurs talentueux à bas prix, ce qui offre à son Future Cop 5 une certaine « production value ». Mais ça ne suffit pas à cacher la misère de ce scénario sans queue ni tête aux rebondissements absurdes et aux éléments magiques invraisemblables (la peinture à ressusciter, le diamant à voyager dans le temps). La musique synthétique de Gary Fry, qui essaie maladroitement de jouer la carte de l’épopée orchestrale, n’arrange rien. Futrure Cop 5 s’achève sur un épilogue à l’emporte-pièce qui semble confirmer à quel point plus personne n’y croit. Thomerson tirera d’ailleurs sa révérence et refusera de participer à Future Cop 6.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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LE NOUVEL AMOUR DE COCCINELLE (1974)

Six ans après Un amour de Coccinelle, la Volkswagen capricieuse vient contrarier les plans d’un vil promoteur immobilier…

HERBIE RIDES AGAIN

 

1974 – USA

 

Réalisé par Robert Stevenson

 

Avec Helen Hayes, Ken Berry, Stefanie Powers, John McIntire, Keenan Wynn, Huntz Hall, Ivor Barry, Dan Toblin, Vito Scotti, Raymond Bailey, Liam Dunn

 

THEMA OBJETS VIVANTS I SAGA LA COCCINELLE

Pour donner une suite à Un amour de Coccinelle, le studio Disney sollicite logiquement le même réalisateur, Robert Stevenson, habitué à tourner des longs-métrages en prises de vues réelles pour la maison de Mickey depuis le début des années 60. En revanche, le casting est totalement modifié. Exit le pilote de course Jim Douglas (Dean Jones), sa petite amie Carol (Michele Lee), son ami mécanicien Tenessee (Buddy Hackett) ou le vil businessman Thorndyke (David Tomlinson). Le scénario tient tout de même à tisser quelques liens discrets avec le film précédent. Tenessee est en effet mentionné, puisque le personnage central de ce second épisode est sa tante Mme Steinmetz (Helen Hayes), une vieille dame qui a récupéré la Coccinelle Choupette / Herbie et s’en sert de véhicule, de confidente et même de garde du corps. Jim Douglas est également évoqué, les dialogues nous apprenant qu’il est parti participer à des courses automobiles en Europe. Le grand méchant, lui, a changé de visage puisqu’il s’agit désormais du redoutable promoteur Alonzo Hawk, incarné avec fougue par Keenan Wynn. Étrangement, ce personnage peu recommandable était également l’antagoniste du héros de Monte là-d’ssus (1961) et de sa suite Après lui le déluge (1962). Ce diptyque de science-fiction (qui fera l’objet d’un remake en 1997 sous le titre Flubber) et la saga de La Coccinelle se situent donc visiblement dans le même univers.

Le générique d’ouverture nous montre une série de démolitions d’immeubles de plus en plus spectaculaires, sous le regard joyeux de Hawk. Le magnat de l’immobilier s’apprête à construire en plein San Francisco deux tours de 130 étages, le Hawk Plaza, qui abriteront une infinité de bureaux. Selon lui, il s’agira du « plus haut bâtiment du monde », qualificatif qu’employait déjà La Tour infernale pour évoquer son gratte-ciel de verre, et qui revient en réalité à l’époque aux toutes récentes tours jumelles du World Trade Center de New York. Mais un obstacle se dresse sur la route de Hawk : une vénérable caserne de pompier qu’habite Madame Steinmetz en compagnie de sa jeune voisine, l’hôtesse de l’air Nicole (Stefanie Powers). Son armada d’avocats austères ayant échoué à convaincre la vieille dame de vendre sa maison, Hawk fait appel à son neveu Willoughby Whitfield (Ken Berry), un jeune juriste simple et timide qui croit au bien-fondé de sa mission. Mais notre homme va se prendre d’affection pour Madame Steinmetz, tomber sous le charme volcanique de Nicole et découvrir le caractère bien trempé de Choupette…

Choupette la forme !

Force est de reconnaître que Keenan Wynn est parfait dans le rôle du magnat ignoble, nerveux, colérique et lâche (dans un monde parallèle, nous aurions adoré voir Louis de Funès nous offrir sa propre version d’un tel personnage !). Si le scénario de cette seconde Coccinelle reste très anecdotique, les nombreuses cascades inventives qui ponctuent le film, épaulées par de nombreux effets spéciaux de plateau, permettent d’offrir aux spectateurs moult séquences délirantes, la voiture sautant une infinité d’obstacles, roulant sur les murs, se faufilant entre les tables des grands restaurants ou voguant sur les eaux du Pacifique. Certes, les trucages optiques ont un peu plus de mal à suivre (le passage au cours duquel Choupette joue les funambules sur le Golden Gate Bridge a pris un sacré coup de vieux) mais l’ambition visuelle du film reste impressionnante. Étrangement, la Coccinelle vedette n’est pas ici le seul objet vivant. Madame Steinmetz possède en effet un vieil omnibus qui s’anime dans son jardin et un orgue mécanique qui se déclenche quand bon lui semble. Les allusions à un voyage au Tibet et à la philosophie orientale semblent vouloir prôner la théorie animiste : tous les objets seraient susceptibles d’avoir une âme. Ce qui permet à Choupette de rallier à sa cause des dizaines d’autres Coccinelles au moment d’un climax très mouvementé. Parmi les moments forts de ce Nouvel amour de Coccinelle, on se souviendra aussi de cette étonnante séquence de cauchemar dans laquelle Hawk est poursuivi par des Choupettes aux mâchoires garnies de dents acérées, encerclé par des Coccinelles coiffées comme des indiens, et même transformé en émule de King Kong harcelé par des voitures volantes au sommet de l’Empire State Building !

 

© Gilles Penso


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MORGANA (1995)

Un groupe de vampires sophistiqués cache ses activités sous la couverture d’une agence de mannequins et d’escort-girls de Los Angeles…

BLONDE HEAVEN / MORGANA

 

1995 – USA

 

Réalisé par David DeCoteau

 

Avec Julie Strain, Raelyn Saalman, Michelle Bauer, Joe Estevez, Alton Butler, Jason Clow, Mary Tudor, Janine Stillo, Danny Resko, Scott Anthony, Monique Parent

 

THEMA VAMPIRES I SAGA CHARLES BAND

Spécialisé dans l’horreur et la science-fiction à petit budget, le producteur Charles Band décide au milieu des années 90 d’ajouter un ingrédient à son cocktail habituel pour alimenter les bacs vidéo : l’érotisme. Ainsi sont initiés des titres sulfureux comme Les Créatures de l’au-delà, Fantasmes sous contrôle ou Huntress. Morgana s’inscrit dans le même esprit, autrement dit un argument vaguement fantastique qui sert de prétexte à un enchaînement de séquences olé olé. Le projet s’intitule à l’origine Dressed for Dark et Brigitte Nielsen est censée en tenir le rôle principal. Mais le scénario ne cesse de changer, le film est repoussé plusieurs fois et l’ex-madame Stallone finit par passer son tour. C’est une actrice tout autant athlétique, Julie Strain (Y’a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?, Le Flic de Beverly Hills 3), qui la remplace. Habitué à filmer de la gaudriole, David DeCoteau accepte de réaliser le film, qui sera finalement rebaptisé Blonde Heaven, à condition d’utiliser le pseudonyme d’Ellen Cabot (qu’il dégaine généralement lorsqu’il n’est pas très fier de ce qu’il fait). Le film est tourné en huit jours sur les mêmes plateaux que deux productions Charles Band destinées à un public familial (Jack et le haricot magique et Shrunken Heads), pour une sortie planifiée en 1995.

Dans le Los Angeles de 2001, un groupe de vampires très élégants (avec lunettes noires, grands manteaux sombres et brushings impeccables) cache ses activités sanglantes sous l’apparence d’une agence de mannequins et d’escortes connue sous le nom de Blonde Heaven (« Le paradis blond »). La chef de ces vampires new-look, Illyana (Julie Strain), se prend d’affection pour leur nouvelle recrue, Angie (Raelyn Saalman), une jeune femme venue d’Oklahoma qui gagne sa vie comme serveuse et qui rêve de percer à Hollywood. Mais le petit-ami d’Angie, Kyle (Alton Butler), qui ne se sépare presque jamais de son chapeau de cowboy, l’a suivie jusqu’à L.A. et regarde d’un très mauvais œil cette étrange agence enigmatique. Avec l’aide d’un chasseur de vampires recruté dans un cinéma de quartier, Pluto (Jason Clow), il va tenter de percer à jour les suceurs de sang et d’arracher Angie à leurs griffes…

Le paradis blond

Pendant ses dix premières minutes, le film enchaîne les longues scènes de parties de jambes en l’air, de strip-teases et de douches langoureuses sans que l’intrigue ne se décide à avancer d’un pouce. Nous comprenons donc assez rapidement l’ambition de ce film, bien moins motivé par l’envie de bâtir une intrigue palpitante que par celle de dévêtir toutes ses actrices devant la caméra. Les séquences de cet acabit se répètent donc inlassablement, notamment une interminable soirée mondaine où les escort girls se trémoussent devant des types en slip ! Du haut de son mètre 85, Julie Strain domine l’ensemble du casting de manière impressionnante, donnant l’impression que tous les autres acteurs sont des Lilliputiens. Son personnage se révèle capable de changer d’apparence, notamment de se faire passer pour un homme (entièrement « équipé » si l’on en juge les scènes d’accouplement qui s’ensuivent), ce qui nous change un peu des vampires habituels. Il y a certes une idée intéressante dans ce scénario, celle du vampirisme comme solution pour qu’une star reste jeune et belle pour l’éternité. Mais elle n’est jamais traitée frontalement, le script se résumant à trois lignes de dialogues et d’innombrables scènes de fesses. Suite à des problèmes avec son distributeur, Blonde Heaven ne sera vendu qu’à une poignée de chaînes de TV locales et disparaîtra de la circulation. Sept ans plus tard, Charles Band le ressortira sous un autre titre, Morgana, et l’exploitera en VHS et en DVD pour lui offrir une seconde vie. Et c’est sous ce titre qu’il est désormais connu… même si aucun personnage du film ne s’appelle Morgana !

 

© Gilles Penso


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LE DROIT DE TUER (1980)

Choqué par la violence qui règne dans les rues de New York, un vétéran de la guerre du Vietnam se transforme en ange exterminateur…

THE EXTERMINATOR

 

1980 – USA

 

Réalisé par James Glickenhaus

 

Avec Robert Ginty, Christopher George, Samantha Eggar, Steve James, Dick Boccelli, Tony DiBenedetto, Patrick Farrelly, Michele Harrell, David Lipman

 

THEMA TUEURS

Le Droit de tuer est sorti sur les écrans six ans après Un justicier dans la ville et deux ans avant Rambo. À mi-chemin entre ces deux œuvres séminales, le second long-métrage de James Glickenhaus se positionne presque comme un trait d’union, un film de liaison partageant avec ceux de Michael Winner et Ted Kotcheff deux thématiques clés (l’auto-justice et la difficile réinsertion des vétérans du Vietnam) pour les agencer sous une forme inattendue. Glickenhaus avait fait ses premiers pas derrière la caméra avec le film d’horreur The Astrologer, une œuvre de jeunesse pas totalement aboutie mais possédant déjà de solides séquences d’action et de suspense. C’est dans ce terreau que le réalisateur puise pour Le Droit de tuer, concoctant une œuvre choc aux confins du slasher, du film policier, du thriller urbain et du drame social. « L’objectif du film n’est pas de glorifier la violence ou le vigilantisme, mais de poser des questions », explique-t-il. « Que se passe-t-il dans une société lorsqu’elle perd la capacité de faire régner la loi et que les gens prennent la justice en main ? » (1) Pour instiller dans l’esprit de son personnage principal un traumatisme durable, Glickenhaus situe les sept premières minutes du film au cœur de la guerre du Vietnam. Tournée dans le parc national d’Indian Dunes en Californie, la séquence est tellement ambitieuse qu’elle englobe 20% du budget total du film. Le point culminant de ce prologue est une hallucinante décapitation en gros plan et au ralenti. C’est cette vision de cauchemar, conçue à l’aide d’un mannequin hyperréaliste signé Stan Winston, qui enclenche le point de non-retour.

Les vues aériennes de New York et la chanson paisible « Heal It », interprétée par Roger Bowling pendant le générique de début, contrastent brutalement avec ce qui précède. Revenus de l’enfer, John Eastland (Robert Ginty) et Michael Jefferson (Steve James) sont restés inséparables et gagnent modestement leur vie comme manutentionnaires. Un jour, alors qu’il intervient pour empêcher des voyous de voler dans l’une des réserves, Michael est agressé par le gang des « Ghouls » qui le laissent entre la vie et la mort. John bascule alors et décide de faire régner la justice lui-même, quitte à laisser ses penchants les plus violents prendre le dessus. « Je ne me suis pas demandé si c’était bien ou mal, je l’ai fait c’est tout », dit-il au chevet de son ami mourant. Dès lors, les gangsters, les mafieux, les violeurs et les pervers qui sévissent dans les rues de la ville entrent dans sa ligne de mire. Persuadé du bien-fondé de sa croisade sanglante, John se fait appeler « l’exterminateur » et écrit à la presse pour justifier ses actes. « Le règne de la peur n’a que trop duré pour les new yorkais », dit-il. « Les politiciens restent les bras croisés, alors que voyous et meurtriers envahissent nos rues, nos parcs, nos vies. Désormais, ce ne sera plus le cas. » Alors que l’inspecteur James Dalton (Christopher George) tente de l’identifier, la municipalité s’inquiète grandement des activités de ce « vigilante » qui risque de ternir l’image des gouvernants, alors que les prochaines élections approchent…

Pyromaniac !

Contrairement à ce que vend le poster très racoleur du film, notre tueur en série n’adopte jamais tout à fait le costume d’un croquemitaine iconique avec casque de motard et lance-flammes (qui aurait pu en faire l’émule du psychopathe de Pyromaniac) mais cette image résume malgré tout son mode opératoire et sa démarche : reprendre ses attributs de guerrier pour nettoyer les rues de la ville. Si Glickenhaus évacue les effets gore (à l’exception de la scène vietnamienne), les meurtres restent très sanglants, les victimes de l’exterminateur étant tour à tour criblées de balles, brûlées vives ou broyées dans un hachoir à viande. On sent d’ailleurs le réalisateur pris entre les feux de deux envies artistiques contraires : une certaine sophistication de la violence (avec quelques cascades automobiles explosives) et une approche brute de la réalité (ses images volées dans les rues de New York évoquent les premiers pas de William Lustig et Abel Ferrara). Or c’est peut-être ce grand écart qui donne au Droit de tuer cette singularité insaisissable qui provoquera au moment de sa sortie une réaction très négative de la part de la presse mais un accueil enthousiaste du côté du public. Christopher George y déborde de charisme, comme toujours, et Robert Ginty trouve là le rôle de sa vie.

 

(1) Interview publiée dans « The Flashback Files » en 2012

© Gilles Penso

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FUTURE COP 4 (1994)

Suite à un dysfonctionnement de sa machine à remonter le temps, le policier du futur Jack Deth se retrouve dans un monde médiéval alternatif…

TRANCERS 4 : JACK OF SWORDS

 

1994 – USA

 

Réalisé par David Nutter

 

Avec Tim Thomerson, Stacie Randall, Ty Miller, Terri Ivens, Mark Arnold, Clabe Hartley, Alan Oppenheimer, Lochlyn Munro, Jeff Moldovan, Stephen Macht

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I FUTUR I SAGA FUTURE COP I CHARLES BAND

La saga Future Cop recueillant des suffrages positifs, le producteur Charles Band décide d’accélérer la cadence en faisant tourner simultanément les épisodes 4 et 5 en en sollicitant deux talentueux nouveaux-venus : le réalisateur David Nutter, spécialiste des séries TV qui contribuera plus tard au succès de X-Files, Millenium, Roswell, Urgences, Entourage ou encore Game of Thrones, et le scénariste Peter David, auteur de nombreux comic books pour Marvel et DC. Les choses semblent donc bien engagées, mais le duo est contraint d’opérer des choix artistiques étranges dictés par les contraintes budgétaires. « On m’a présenté ces deux films comme des suites directes des trois premiers de la série, mais seul le personnage de Jack Deth assurait la continuité », raconte Peter David. « On m’a également fait savoir que l’intrigue devait se dérouler dans un univers médiéval, puisqu’ils allaient tourner dans un château en Roumanie. » (1) En effet, Band décide de transporter l’équipe de Future Cop 4 et Future Cop 5 dans les mêmes décors que la saga Subspecies, afin de profiter des infrastructures locales et surtout d’une main d’œuvre beaucoup moins onéreuse qu’aux Etats-Unis. Économiquement, ça se tient. Mais ce changement drastique de décor (après les environnements urbains des trois premiers films) peut surprendre les familiers de la franchise. D’autant que le budget reste très serré, au point que David Nutter se retrouve obligé de déchirer des pages entières du script pour pouvoir respecter l’enveloppe ridicule à sa disposition.

Le début de Future Cop 4 se raccorde directement avec la fin du film précédent. Jack Deth (l’indéboulonnable Tim Thomerson) revient d’une mission jusque dans son époque, le 23ème siècle. Après avoir divorcé de sa seconde femme Lena, il apprend que sa première épouse Alice l’a quitté pour un de ses collègues. Cette petite pirouette scénaristique permet d’éviter de faire revenir les actrices Helen Hunt et Megan Ward. Un peu dépité, notre flic dur à cuire est prêt à s’embarquer dans une autre aventure, mais il découvre trop tard qu’une créature bizarre, le Solonoïde, s’est cachée dans la machine à voyager dans le temps, provoquant son dysfonctionnement. Jack se retrouve donc propulsé dans une autre dimension : une Europe médiévale alternative dans laquelle toutes ses armes sont inopérantes. Là sévissent des Trancers d’un genre différent de ceux qu’il a affrontés jusqu’alors. Il s’agit de nobles qui se nourrissent de la force vitale des gens du peuple, sous le règne de l’infâme Lord Caliban (Clabe Hartley). Pour les affronter, il va devoir s’allier avec un groupe de rebelles qui se cachent dans les bois…

Evil Deth

La relocalisation du tournage en Roumanie et l’usage de décors médiévaux donnent fatalement à ce Future Cop un air de famille avec la saga Subspecies, dont il réutilise d’ailleurs – sous une forme détournée – le thème du vampirisme. On sent bien que le scénario essaie tant bien que mal de justifier le surgissement de nouveaux Trancers, alors qu’aucune logique ne préside à leur présence dans le film. C’est tout le problème d’une franchise qui s’appelle Trancers (pour le coup, le titre français Future Cop se révèle moins restrictif). Si un humour un peu absurde nimbe agréablement la première partie du film (Jack qui revient de sa mission précédente avec la tête de son coéquiper robotique Shark et la transforme en lampe de chevet, une scientifique lui donne ses nouveaux gadgets façon James Bond dont un pistolet d’un nouveau genre baptisé « RBG » pour « Real Big Gun »). Mais cette légèreté fait ensuite défaut au reste du film, qui conserve une approche beaucoup plus sérieuse, au fil d’une intrigue très modérément palpitante (à part ce moment délirant où la montre censée ralentir le temps se met à fonctionner à l’envers). Le motif de l’homme du futur qui se retrouve dans un moyen-âge où sévit la sorcellerie nous évoque naturellement L’Armée des ténèbres, ce qui n’est sans doute pas un hasard si l’on en juge la nature du climax, calqué de toute évidence sur celui d’Evil Dead 2. Ce cliffhanger nous laisse volontairement sur notre faim et invite donc les spectateurs à découvrir Future Cop 5.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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FUTURE COP 3 (1992)

Le détective Jack Deth est envoyé en l’an 2005 pour combattre une organisation militaire à l’origine de la création de soldats zombies…

TRANCERS III : DETH LIVES !

 

1992 – USA

 

Réalisé par C. Courtney Joyner

 

Avec Tim Thomerson, Helen Hunt, Melanie Smith, Andrew Robinson, Telma Hopkins, Megan Ward, Stephen Macht, R.A. Mihailoff

 

THEMA FUTUR I VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA FUTURE COP I CHARLES BAND

La saga Future Cop est un peu le « bébé » du producteur Charles Band, qui en a réalisé les deux premiers opus et même le court-métrage intégré au film à sketches Pulse Pounders. Mais lorsque vient le moment de s’atteler à Future Cop 3, Band est trop accaparé par ses responsabilités de président de Full Moon Entertainment et doit donc passer la main. Il pense alors à C. Courtney Joyner, talentueux scénariste (Prison, Puppet Master III, Doctor Mordrid) qui désire passer à la mise en scène depuis longtemps. Pas certain de ses capacités à prendre en charge un film tout seul, Band envisage un temps de lui adjoindre David DeCoteau comme co-réalisateur. C’est finalement le producteur Albert Band (le père de Charles) et l’acteur Tim Thomerson qui permettent à Joyner d’avoir gain de cause et de se voir confier en solo sa première réalisation, budgétée à deux millions de dollars. Actrice récurrente de la saga, Helen Hunt est entretemps devenue une célébrité grâce à la série Mad About You. Band père et fils ne cherchent donc pas à la contacter, persuadés qu’elle est désormais hors d’atteinte. Mais Hunt entend parler du tournage imminent de Future Cop 3 et insiste pour y participer, même si son rôle reste limité à cause des contraintes télévisuelles qui compliquent son agenda. La future star de Twister a en effet gardé un excellent souvenir du tournage des deux premiers Future Cop et souhaite poursuivre l’aventure une dernière fois.

En 1992, le policier venu du futur Jack Deth (Tim Thomerson) est devenu un détective privé spécialisé dans la prise d’amants infidèles en flagrant délit. Ses activités ont fini par malmener sa vie personnelle, poussant son épouse Lena (Helen Hunt) à envisager le divorce s’il ne parvient pas à mettre de l’ordre dans ses affaires. Avant qu’il ait pu tenter d’arranger leur relation houleuse, Deth est kidnappé par un androïde massif, Shark (R. A. Mihailoff), qui le transporte en l’an 2352. Là, il retrouve sa première épouse, Alice (Megan Ward), devenue chef militaire d’un groupe de rebelles submergés par des attaques répétées de soldats zombie, les fameux Trancers. La mission qu’on lui confie consiste à se rendre à Angel City en 2005 afin de déterminer l’origine de cette nouvelle vague de Trancers et de l’éradiquer. Son enquête le dirige vers le colonel Daddy Muthuh (Andrew Robinson), en charge d’un programme militaire expérimental sponsorisé par le gouvernement américain…

L’armée des ténèbres

Le scénario de C. Courtney Joyner se laisse visiblement influencer par Terminator, du moins dans sa première partie puisqu’il reprend l’idée de résistants du futur terrés dans un repaire précaire et renvoyant un combattant dans le passé pour éliminer le mal à la racine et renverser la situation. En se réappropriant le concept initialement imaginé par les scénaristes Danny Bilson et Paul De Meo, Joyner en transgresse quelques règles. Ainsi, les voyages dans le temps ne s’effectuent plus en suivant la lignée génétique des ancêtres mais à l’aide d’une plus traditionnelle machine qui se téléporte ici et là à la manière de la cabine téléphonique de Doctor Who. D’autre part, les Trancers ne sont plus des monstres créés par un prédicateur employant le contrôle psychique mais le fruit d’une expérience conçue pour obtenir une armée de « super-soldats ». Joyner étant ami depuis le lycée avec Greg Nicotero, il parvient à embarquer sur Future Cop 3 l’atelier d’effets spéciaux de KNB, habitué à l’époque à participer à des productions de plus grande envergure (Incidents de parcours, Freddy 5, Misery, Le Sous-sol de la peur, Danse avec les loups). Grâce à eux, les altérations physiques des Trancers vont plus loin que dans les deux premiers films (avec une étonnante séquence de veines qui gonflent sur le visage d’une jeune femme en pleins ébats physiques). Très généreux en fusillades et en scènes de bagarres, Future Cop 3 s’achève sur une fin très ouverte et cligne de l’œil au passage vers Casablanca.

 

© Gilles Penso

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