BUCK ROGERS AU 25ème SIÈCLE (1979-1981)

Dans la foulée de Galactica, Glen A. Larson lance sur les petits écrans les aventures d’un héros intergalactique réadapté aux goûts de son époque…

BUCK ROGERS IN THE 25th CENTURY

 

1979/1981 – USA

 

Créée par Glen A. Larson

 

Avec Gil Gerard, Erin Gray, Tim O’Connor, Felix Silla, Mel Blanc, Eric Server, Pamela Hensey, Wilfrid Hyde-White, Thom Christopher, Jay Garner

 

THEMA SPACE OPERA

À la fin des années 1970, les grands héros intergalactiques conçus cinq décennies plus tôt pour la littérature pulp ont pris des atours de stars pop et disco, comme en témoignent le Buck Rogers scintillant incarné par Gil Gerard en 1979 et le Flash Gordon chevelu à qui Sam Jones prêtera ses traits un an plus tard. Cet état de fait s’explique par la conjonction du succès planétaire de La Guerre des étoiles et par les exubérantes modes musicales et vestimentaires du moment (La Fièvre du samedi soir est sorti sur les écrans quelques mois après le space opera de George Lucas). Pour réinventer Buck Rogers, le vétéran de la télévision Glen A. Larson s’appuie sur le célèbre personnage créé par Philip Francis Nowlan en 1928 (et déjà décliné sous forme de romans, bandes-dessinées et serials) mais n’en retient quasiment que le nom et quelques péripéties. Buck Rogers au 25ème siècle va en effet principalement se plier aux goûts du public de l’époque, conditionné donc par Star Wars mais aussi par Star Trek et par quelques séries de super-héros comme L’Homme qui valait trois milliards. L’acteur choisi pour incarner Buck, Gil Gerard, présente d’ailleurs quelques ressemblances physiques avec Lee Majors. Les diffuseurs français ne s’y trompent pas, confiant la voix des deux personnages au même comédien, l’inimitable Dominique Paturel.

Produit par Universal, l’épisode pilote de Buck Rogers au 25ème siècle est exploité au cinéma et remporte un succès honorable. Aussitôt, la série est lancée pour une première diffusion sur NBC. Ce principe avait déjà été utilisé par Glen A. Larson pour Galactica. Les deux shows présentent d’ailleurs de nombreux points communs, Buck Rogers n’hésitant pas à « emprunter » des décors, des accessoires, des costumes et des plans d’effets spéciaux à Galactica. Il n’y a pas de petits profits ! La première saison se concentre principalement sur la lutte du capitaine William « Buck » Rogers – projeté accidentellement dans un monde futuriste lointain et dystopique – contre la redoutable race extra-terrestre des Draconiens. Même si le pilote distribué en salles témoignait déjà d’une tonalité assez légère, la série pousse plus loin encore l’humour et le second degré, effaçant quasiment tout élément jugé trop anxiogène (notamment une vision plutôt pessimiste de la Terre du futur). Cette tonalité joyeuse se traduit notamment par les multiples tentatives de la belle reine Ardala (Pamela Hensey) pour séduire le sympathique Buck et par les facéties du robot Twiki (aux onomatopées devenues célèbres).

Changement de cap

La seconde saison met quelque temps à pointer le bout de son nez sur les petits écrans, à cause d’une grève des acteurs en 1980 qui bouleverse la production de la série. Lorsqu’elle redémarre, beaucoup de choses ont changé (notamment suite à l’arrivée de nouvelles têtes dans son équipe créative). Désormais Buck ne se bat plus pour protéger la Terre contre des menaces venues d’ailleurs mais se met en quête de tribus perdus éparpillées un peu partout, avec l’aide de Twiki et de sa collègue le colonel Wilma Deering (Erin Gray). Ce changement de cap, qui rapproche Buck Rogers de Star Trek mais aussi de Galactica, ne sera pas du goût de tous, y compris de Gil Gerard qui s’avouera mécontent de la tournure de la série. À cause d’audiences décevantes, le show s’arrêtera en 1981 au bout d’une seconde saison écourtée. Il n’empêche que de nombreux téléspectateurs de l’époque, notamment en France et au Royaume Uni, gardent un souvenir nostalgique de cette science-fiction distrayante qui ne se prenait jamais vraiment au sérieux.

 

© Gilles Penso


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OBI-WAN KENOBI (2022)

Ewan McGregor et Hayden Christensen croisent une fois de plus leurs sabres-laser dans cette série prometteuse mais décevante…

OBI-WAN KENOBI

 

2022 – USA

 

Créée par Hossein Amini et Joby Harold

 

Avec Ewan McGregor, Vivian Lyra Blair, Moses Ingram, Hayden Christensen, James Earl Jones, Rupert Friend, Sung Kang, Rya Kihlstedt, Jimmy Smits, Simone Kessell

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR WARS

Après deux séries consacrées à des seconds rôles placés sous le feu des projecteurs, The Mandalorian et Le Livre de Boba Fett, les prolongements télévisés de la saga Star Wars passent à la vitesse supérieure en s’intéressant cette fois-ci à un personnage de premier plan, en l’occurrence Obi-Wan Kenobi. Et pour mettre toutes les chances de son côté, Disney confie le rôle à Ewan McGregor, qui reprend donc la bure du chevalier Jedi qu’il incarnait dans La Menace fantôme et ses deux suites. L’événement est de taille, même si cette série TV est un plan B. Obi-Wan Kenobi aurait en effet dû être un long-métrage écrit par Hossein Amini et réalisé par Stephen Daldry (Billy Ellioy, The Hours, The Reader). Mais suite à l’échec commercial de Solo : A Star Wars Story, le projet passe du grand au petit écran. Amini reste attaché à la série en tant que scénariste et Daldry au poste de producteur consultant. Sans cesse repoussée à cause de scénarios visiblement peu satisfaisants (de l’avis de Kathleen Kennedy, qui demande de nombreuses réécritures), la série démarre plus tard que prévu, avec l’aide du co-scénariste Joby Harold. Quant à la mise en scène, elle est confiée à Deborah Chow, une habituée des séries TV qui signa quelques épisodes de Vampire Diaries, Iron Fist, Fear the Walking Dead, Jessica Jones, Better Call Saul, Le Maître du Haut Château, American Gods et The Mandalorian.

Alors que les deux séries précédentes se déroulaient dans la foulée des événements racontés dans Le Retour du Jedi, ceux d’Obi-Wan Kenobi se situent exactement à mi-chemin entre La Revanche des Sith et La Guerre des étoiles (donc entre l’épisode III et l’épisode IV pour ceux qui aiment les chiffres). Le show supervisé par Hossein Amini et Joby Harold a plus d’un atout en poche. Au-delà de la présence d’Ewan McGregor, Hayden Christensen revient incarner Anakin Skywalker, James Earl Jones prête à nouveau sa voix à Dark Vador et même John Williams, qui avait pourtant fait ses adieux à la saga, compose un thème pour Obi-Wan. Hélas, la déception n’en est que plus grande. Car McGregor semble traîner sans conviction sa silhouette de Jedi déchu, Christensen n’a pas grand-chose à défendre (son personnage de grand brûlé en armure ne lui laisse que peu de latitude de jeu), Earl Jones n’est là qu’à titre honorifique (ce sont des échantillons de sa voix déjà enregistrée qui sont prélevés dans la première trilogie pour recréer des dialogues) et le thème de Williams est réorchestré sans éclat par Natalie Holt qui compose par ailleurs une bande originale anonyme.

Kenobi contre Vador

Le fan déçu espère alors se rabattre sur les intrigues et sur leurs enjeux dramatiques. Mais ici aussi, rien ne va plus. Le fait même de mettre en scène des duels entre Obi-Wan et Dark Vador ôte tout son sens à la confrontation qu’ils auront plus tard dans La Guerre des étoiles. D’autant que les combats en question n’ont rien de bien palpitant, le premier se déroulant dans une sorte de terrain vague avec en arrière-plan des grues de chantier ! On aurait légitimement rêvé d’un décor plus iconique pour un tel affrontement (ce que laissaient espérer d’alléchants designs de pré-production hélas abandonnés pour des raisons budgétaires). Vador perd donc une grande partie de son panache, le grand Kenobi n’est plus qu’un homme usé auquel il est bien difficile de s’identifier et certaines séquences ne reculent devant aucune incohérence. La palme revient sans doute à cet épisode dans lequel Obi-Wan dissimule la princesse Leïa enfant sous son grand manteau et passe inaperçu au milieu des gardes impériaux… un passage qui n’aurait pas dépareillé dans un film des Monty Pythons ! Après cette tentative ratée, Disney relèvera le niveau avec la série suivante, Andor, confiée aux bons soins de Tony Gilroy.

 

© Gilles Penso

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CAMÉLÉON (LE) (1996-2000)

Un homme qui possède les capacités d’endosser n’importe quelle identité fuit une organisation occulte aux sombres desseins…

THE PRETENDER

 

1996/2000 – USA

 

Créée par Steven Long Mitchell et Craig W. Van Sickle

 

Avec Michael T. Weiss, Andrea Parker, Patrick Bauchau, Jon Gries, Harve Presnell, Richard Marcus, Paul Dillon, James Denton, Pamela Gidley, Ryan Merriman

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX

Sans doute motivées dans leur démarche par le succès inespéré de X-Files, les fictions télévisées américaines des années 90 se sont volontiers teintées de paranoïa et d’une pointe de conspirationnisme (comme en témoignent des séries comme L’Homme de nulle part, Millenium ou The Outer Limits). C’est dans cet état d’esprit « on ne nous dit rien, on nous cache tout » que s’inscrit Le Caméléon. Steven Long Mitchell et Craig W. Van Sickle en ont l’idée en étudiant le cas réel d’un imposteur nommé Ferdinand Waldo Demara Jr. Cet homme surdoué s’était tour à tour fait passer pour un ingénieur, un policier, un gardien de prison, un docteur en psychologie, un avocat, un moine ou encore un chirurgien dans les années 40 et 50 (à côté de lui, même le Frank Abagnale Jr. d’Arrête-moi si tu peux est un petit joueur !). Si un film a déjà été consacré à cet homme en 1960 (Le Roi des imposteurs de Robert Mulligan avec Tony Curtis), les deux créateurs de la série Le Caméléon veulent aller beaucoup plus loin. Leur modèle réel n’est qu’un point de départ leur permettant de développer un concept à mi-chemin entre l’espionnage, le thriller et la science-fiction.

Le « caméléon » du titre (ou « celui qui prétend » dans la version originale) est Jarod (Michael T. Weiss), un homme doué de facultés intellectuelles surnaturelles lui permettant d’endosser n’importe quelle identité – avec tout le savoir, les compétences et l’expérience qui vont avec. Ce don unique au monde lui permet d’exercer tous les métiers (soldat, pilote, avocat, médecin). Alors qu’il était enfant, il a été kidnappé par une organisation occulte et mystérieuse, le « Centre », désireuse d’exploiter ses capacités dans un but inavoué. À l’âge adulte, il parvient à échapper aux griffes des savants qui font joujou avec son cerveau, hors de leur complexe situé dans la ville fictive de Blue Coven au cœur du Delaware. Désormais en cavale, il est pris en chasse par un trio que rien ne semble vouloir arrêter : Sydney (Patrick Bauchau), son ancien mentor avec qui s’est liée une relation quasi-filiale, Miss Parker (Andrea Parker), une femme fatale dont le passé est directement rattaché au « Centre », et Broots (Jon Gries), un expert en informatique…

L’homme aux mille visages

Si cette fuite permanente et cette organisation (gouvernementale ?) avide d’exploiter les pouvoirs paranormaux du héros peuvent faire penser au « Firestarter » de Stephen King, il faut surtout chercher l’inspiration du Caméléon du côté du Fugitif, la série séminale créée par Quinn Martin en 1963. La mécanique narrative est très proche. Dans chaque épisode, Jarod emprunte une nouvelle identité et joue les justiciers en permettant la résolution d’une série d’enquêtes (L’Incroyable Hulk de Kenneth Johnson se structurait de la même façon). Parallèlement, notre héros tente d’échapper à ses poursuivants, essaie d’en savoir plus sur son propre passé et cherche à lever le voile sur ce fameux « Centre ». Bien menée, généreusement chargée en suspense, la série bénéficie du magnétisme de son acteur principal, Michael T. Weiss, qui fut l’un des personnages récurrents du feuilleton Des jours et des vies (pendant 468 épisodes !) et prêtera sa voix au seigneur de la jungle dans la série animée La Légende de Tarzan. Dans le rôle des membres du « Centre » lancés à ses trousses, le charisme d’Andrea Parker et Patrick Bauchau font aussi quelques étincelles. Le Caméléon jouera le jeu du crossover avec la série criminelle Profiler, puis se prolongera avec deux téléfilms après son interruption en mai 2000.

 

© Gilles Penso


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LIVRE DE BOBA FETT (LE) (2021-2022)

Suite au succès du Mandalorian, le fameux chasseur de primes qui était jadis sur les traces de Han Solo a droit à sa propre série…

THE BOOK OF BOBA FETT

 

2021/2022 – USA

 

Créée par Jon Favreau

 

Avec Temuera Morrison, Ming-Na Wen, Frank Trigg, Collin Hymes, Leilani Shiu, Matt Berry, David Pasquesi, Carey Jones, Jennifer Beals, Pedro Pascal

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR WARS

Tous les boucliers s’étaient levés. Décliner la franchise Star Wars sous forme de série télévisée, voilà bien une idée mercantile visant à remplir les poches de la toute-puissante major Disney au détriment de la qualité ! Mais dès la diffusion des premiers épisodes de The Mandalorian, les grincements de dents se sont calmés. La qualité du show créé par Jon Favreau, ses intrigues prenantes, son rendu visuel réussi et son atmosphère inédite – à mi-chemin entre le space-opera et le western – ont su emporter l’adhésion. Dès la seconde saison, Favreau et Disney préparent donc la suite, autrement dit une série consacrée au célèbre chasseur de prime Boba Fett. Très populaire, ce personnage masqué et énigmatique (qui fut inventé, rappelons-le, pour les besoins de l’improbable Au temps de la guerre des étoiles, avant de crever l’écran dans L’Empire contre-attaque et de nous révéler ses origines dans L’Attaque des clones) devait initialement faire l’objet d’un long-métrage. Mais le succès très mitigé de Solo et l’accueil chaleureux réservé au Madalorian réorientent les aventures du personnage vers le petit écran. Nous le retrouvons donc là où le dernier épisode de la saison 2 du Mandalorian le laissait, sur la planète Tatooine.

Comment Boba Fett a-t-il pu échapper aux redoutables tentacules du Sarlacc dans la gueule duquel il s’échouait au cours du premier acte du Retour du Jedi ? Une explication digne d’un serial des années 30 justifie son évasion des griffes du monstre puis le refuge qu’il trouve auprès des hommes des sables. Au fil d’une série de flash-backs, c’est à une véritable renaissance que nous assistons, tandis que la série s’amuse à revisiter une partie de la ménagerie aperçue dans La Guerre des étoiles et Le Retour du Jedi, notamment les massifs Bantha, les malicieux Jawas, les gardes Gamorréens ou encore le vil Bib Fortuna. Cette démarche avait bien réussi au Mandalorian, pourquoi ne pas poursuivre dans la même voie ? Sur le papier, l’idée semblait bonne. Mais à l’écran, les choses se révèlent beaucoup moins convaincantes, preuve qu’une bonne recette ne fonctionne pas systématiquement.

Sur le trône de Jabba

S’il n’y a rien à redire sur la cosmétique du Livre de Boba Fett, les enjeux dramatiques de la série sont cruellement défaillants, en grande partie parce que le personnage tel qu’il est incarné par Temuera Morrison – excellent acteur au demeurant – n’a rien à voir avec l’impitoyable chasseur de primes que nous connaissions. Nous voilà désormais face à un vieil homme éreinté qui – pour une raison qui nous échappe – rêve de s’asseoir sur le trône désormais vacant de Jabba afin de faire régner la paix sur Tatooine avec son bras droit Fennec Shand (Ming-Na Wen). Ses motivations vagues et son comportement souvent apathique n’ont rien de particulièrement captivant. Sans doute conscient des faiblesses narratives du show, Jon Favreau se fend d’un crossover avec The Mandalorian – au cours duquel Mando vole la vedette de Boba Fett aux côtés de Grogu et d’un Luke Skywalker rajeuni numériquement – et recycle le Rancor pour le déchaîner dans un épisode très mouvementé qui semble vouloir rendre hommage à King Kong. C’est bien sympathique mais tout à fait facultatif.

 

© Gilles Penso


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BLACK MIRROR (2011-2024)

Cette remarquable anthologie de science-fiction décline sous toutes ses formes l’impact de la technologie sur la vie des humains…

BLACK MIRROR

 

2011/2023 – GB

 

Créée par Charlie Brooker

 

Avec Wunmi Mosaku, Monica Dolan, Daniel Lapaine, Hannah John-Kamen, Michaela Coel, Aaron Paul, Anjana Vasan, Kenneth Collard, Joshua James

 

THEMA FUTUR

Il n’est sans doute pas exagéré d’affirmer que Black Mirror est l’anthologie de science-fiction la plus importante, la plus marquante et la plus influente de l’histoire de la télévision depuis La Quatrième dimension. Son créateur, Charlie Brooker, n’est pas un nouveau venu sur le petit écran. Notre homme pratique la télévision depuis le début des années 2000. L’une de ses créations les plus intéressantes était jusqu’alors Dead Set, une série d’horreur satirique racontant l’invasion du plateau d’une émission de téléréalité par une horde de zombies. En s’attaquant à Black Mirror, il décide d’adopter le même format que Rod Serling sur La Quatrième dimension : des épisodes autonomes mettant en scène des personnages différents dans des univers bien distincts. Le point commun qui relie chacune de ces histoires est une démonstration (souvent pessimiste, pour ne pas dire alarmante) de l’impact de la technologie sur notre quotidien et sur nos comportements à travers le prisme de la science-fiction, la grande majorité des intrigues se situant dans un futur plus ou moins proche. Pour autant, Brooker ne veut pas s’ériger en donneur de leçon, pas plus qu’il ne souhaite diaboliser la technologie. Son constat est souvent sans appel mais laisse tout le loisir aux téléspectateurs de tirer leurs propres conclusions.

« Le miroir noir du titre est celui que l’on trouve sur tous les murs, sur tous les bureaux, dans la paume de toutes les mains : l’écran froid et brillant d’une télévision, d’un moniteur, d’un smartphone », explique Brooker (1). Cet écran qui, une fois éteint, nous renvoie notre propre image. Pour illustrer son propos, il construit les histoires de Black Mirror sur le principe du « et si… ? ». Que se passerait-il si les gens les plus pauvres avaient le moyen de gagner leur vie en pédalant pour alimenter la société en énergie électrique ? S’il était possible d’enregistrer dans un disque dur interne tout ce que nos yeux voyaient et tout ce que nos oreilles entendaient ? Si l’on pouvait ressusciter les défunts en exploitant les données collectées sur Internet ? Si les personnages virtuels pouvaient se présenter aux élections ? Si des « coachs de séduction » utilisaient un outil high-tech pour assister leurs clients ? Si l’existence des citoyens était régie par la note que leur donnent les autres via une application ? Si les gens en fin de vie s’immergeaient dans une réalité virtuelle ? Si un « mauvais buzz » dans les médias conduisait à la mort ?

« Et si… ? »

Les concepts fous qui s’enchaînent au fil des saisons très distendues de Black Mirror (diffusées respectivement en 2011, 2013, 2016, 2017, 2019 et 2023) font froid dans le dos et donnent le vertige, parce que derrière le filtre de l’anticipation et de la SF se cache une réalité très tangible : notre asservissement progressif (voire notre addiction) aux machines, aux intelligences artificielles et à l’image que renvoient de nous les réseaux sociaux. Une fois n’est pas coutume dans une série d’anthologie, la grande majorité des épisodes possèdent le même niveau qualitatif, du double point de vue de l’écriture et de la mise en scène. Et si quelques stars s’invitent dans la série, notamment dans la sixième saison (Salma Hayek, Josh Hartnett, Kate Mara, Aaron Paul, John Hamm), ce n’est jamais au détriment de la crédibilité des personnages qui restent tous plausibles… et désespérément humains. Car le miroir du titre est à peine déformant. Lorsqu’un épisode s’achève et que l’écran devient noir, chaque téléspectateur découvre sa propre silhouette, qu’il peut sans mal plaquer sur chaque protagoniste en se posant la question fatidique : « et si ? » Et si c’était possible ? Et si ça arrivait demain ? Et si ça existait déjà ?

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans « The Guardian » en décembre 2011.

 

© Gilles Penso


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AHSOKA (2023)

Après la chute de l’Empire, une puissante guerrière Jedi se prépare à affronter une terrible menace venue de l’autre bout de la galaxie…

AHSOKA

 

2023 – USA

 

Créée par Dave Filoni

 

Avec Rosario Dawson, David Tennant, Natasha Liu Bordizzo, Mary Elizabeth Winstead, Ray Stevenson, Ivanna Sakhno, Diana Lee Inosanto, Erman Esfandi

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR WARS

L’annonce de la diffusion Ahsoka n’avait au départ suscité qu’un intérêt très modéré. Après les échecs artistiques successifs du Livre de Boba Fett et d’Obi-Wan Kenobi (qui multipliaient à outrance les maladresses, les raccourcis scénaristiques et des enjeux très moyennement palpitants malgré d’indiscutables qualités formelles), apprendre qu’un nouvelle série Star Wars s’apprêtait à débarquer n’avait pas de quoi déclencher le moindre enthousiasme. D’autant qu’elle était centrée sur un personnage secondaire connu principalement des fans purs et durs de la saga et de son univers étendu. Le premier épisode d’Asokha semble confirmer nos craintes, avec son intrigue qui ne promet rien de bien nouveau, ce jeune personnage féminin calibré pour entrer dans la case des « princesses Disney modernes » (des cheveux colorés, des ongles vernis, un tempérament de feu et une tendance à rejeter effrontément toute autorité) ou encore cette poignée d’effets visuels approximatifs (les doublures numériques employées pour faire voltiger Ahsoka)… Pourtant, malgré cette première impression mitigée, il est difficile de ne pas apprécier dès les premières minutes la qualité de la direction artistique du show et le charisme de Rosario Dawson, parfaite dans le rôle-titre.

Fort heureusement, il ne faut pas longtemps pour que la série trouve sa vitesse de croisière et parvienne à saisir des téléspectateurs qui n’y croyaient plus pour les lancer dans une nouvelle aventure beaucoup plus captivante que prévu. La première grande force de la série est de savoir éviter le trop-plein de fan service afin de nous faire explorer d’autres facettes inattendues de la galaxie Star Wars, comme ce vertigineux chantier naval dans lequel l’ancien arsenal de l’Empire est désossé pour être recyclé par les forces rebelles, ces bancs de cétacés volants qui n’auraient pas dépareillé chez James Cameron, de nouveaux droïdes à la forte personnalité et au design inventif ou encore une bonne dose de mysticisme et de sorcellerie. Qu’importe donc si le personnage d’Ahsoka est à priori un « second couteau » aperçu d’abord dans la série animée Clone Wars puis en guest-star dans un épisode du Mandalorian (déjà sous les traits de Dawson). Le personnage prend ici son plein envol et s’inscrit parfaitement dans le « Star Wars post-Lucas Universe », ses liens quasi-filiaux avec son ancien maître Anakin Skywalker permettant d’entrevoir des failles encore à vif malgré une impressionnante force de caractère.

Le retour des Jedi

L’attrait d’Ahsoka réside aussi dans la qualité de son casting. Aux côtés de l’imperturbable Rosario (toujours un demi-sourire aux lèvres, même quand la situation semble désespérée, c’est à-dire à peu près toutes les dix minutes), on apprécie les prestations de Natasha Liu Bordizzo en apprentie-Jedi immature (qui échappe heureusement très vite aux stéréotypes qui nous embarrassaient), de Mary Elizabeth Winstead en officier de la rébellion, de David Tennant en super-vilain d’autant plus effrayant qu’il ne se départit jamais de son calme et surtout de Ray Stevenson (Rome, Punisher : Zone de guerre, Cold Skin) en homme de main de l’Empire ayant décidé de suivre sa propre voie. Malgré un temps de présence à l’écran limité, la prestance et le magnétisme du comédien irradient l’écran à chacune de ses apparitions, volant littéralement la vedette à tous les autres. Stevenson est hélas décédé à la fin du tournage de la première saison. Le premier épisode d’Ahsoka lui est dédié. Généreuse en séquences superbement iconiques qui auraient mérité un visionnage sur grand écran, la série créée par Dave Filoni redonne donc un coup de fouet bienvenu à une saga qui commençait gentiment à ronronner.

 

© Gilles Penso


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BATMAN (1966-1968)

Pour sa première apparition à la télévision, l’homme chauve-souris créé par Bob Kane et Bill Finger se déchaîne dans un show pop délirant…

BATMAN

 

1966/1968 – USA

 

Créée par William Dozier

 

Avec Adam West, Burt Ward, Alan Napier, Neil Hamilton, Stafford Repp, Madge Blake, Yvonne Craig, Cesar Romero, Burgess Meredith, Frank Gorshin

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA BATMAN I DC COMICS

« Pow ! », « Bam ! », « Thwapp ! », « Zzonk ! ». Les onomatopées surgissent à l’écran sur fond coloré tandis que les coups de poing pleuvent aux accents d’un big band jazzy. Dans les années 60, Batman n’était pas un chevalier noir lugubre et taciturne mais un joyeux drille en costume chatoyant aux aventures joyeusement parodiques. Les serials réalisés dans les années 40 (première incarnation du super-héros à l’écran) optaient pourtant pour une tonalité un peu plus sérieuse, engonçant notre justicier dans un uniforme noir aux oreilles surdimensionnées. Mais William Dozier, à qui ABC et 20th Century Fox confient la série Batman pour une diffusion en prime time à destination d’un large public, pense que la seule option viable est une approche pop, légère et comique. D’où le relooking de l’homme chauve-souris, dont la tenue privilégie le bleu nuit, le gris clair et le jaune vif. Même approche colorée pour le fidèle et sympathique Robin qui accompagne Batman dans toutes ses aventures. Si leurs alter-égos dans le civil, Bruce Wayne et Dick Grayson, font de régulière apparitions dans la série, c’est de manière souvent anecdotique, le show préférant se concentrer sur leurs versions costumées. Après un test effectué avec les comédiens Lyle Waggoner et Peter Deyell, ce sont finalement Adam West et Burt Ward qui sont sélectionnés dans les rôles principaux.

Succès colossal, la série Batman s’appuie sur des mécanismes narratifs simples et reproductibles à l’infini. Les épisodes fonctionnent par paires, le premier s’achevant sur un suspense « insoutenable » au cours duquel les héros sont sur le point de passer l’arme à gauche à cause d’un stratagème diabolique élaboré par un super-vilain, et le second résolvant le problème en un clin d’œil, comme à l’époque des vieux serials. Le show ne se prend donc jamais au sérieux, multipliant les dialogues absurdes, les situations impensables, les gags visuels et le comique de répétition (comme ces scènes récurrentes où Batman et Robin escaladent la façade d’un immeuble et croisent divers personnages penchés à leur fenêtre, dont un certain nombre de guest stars). Difficile donc d’appréhender cette série au premier degré, son caractère kitsch ayant toujours été assumé par ses créateurs.

« Batmaaaaan ! »

Tout ou presque dans cette série s’est mué en objet de culte, qu’il s’agisse de sa galerie de super-vilains exubérants (le Joker, le Pingouin, le Sphinx et Catwoman en tête), de sa sublime Batmobile construite par George Barris à partir d’une Lincoln Futura de 1955 ou de la chanson pop de Neal Hefti dans laquelle des voix énergiques scandent « Batmaaaaan ! ». Pour l’anecdote, le décor de la Batcave fut construit à l’endroit même où était édifiée la fameuse muraille de King Kong et où fut filmé le grand incendie d’Atlanta d’Autant en emporte le vent. Annulée après sa troisième saison, Batman reste aujourd’hui un grand moment de télévision déjanté et acidulé qui aura eu entre autres mérites celui de relancer les ventes du comics consacré au Chevalier Noir, alors en perte de vitesse. A l’époque, Adam West estimait que cette série était l’un des trois grands « B » ayant marqué la culture populaire dans les années 60, les deux autres étant les Beatles et Bond. Comment ne pas lui donner raison ?

 

© Gilles Penso


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BABYLON 5 (1993-1999)

Une saga de science-fiction extrêmement populaire qui s’appuie sur de véritables sujets politiques et sociaux pour bâtir son univers…

BABYLON 5

 

1993/1999 – USA

 

Créée par J. Michael Straczynski

 

Avec Bruce Boxleitner, Michael O’Hare, Claudia Christian, Jerry Doyle, Mira Furlan, Richard Biggs, Andrea Thompson, Bill Mumy, Jason Carter, Tracy Scoggins

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SPACE OPERA I FUTUR

Babylon 5 est le bébé de J. Michael Straczynski, un vétéran de la télévision américaine (Arabesque, La Cinquième dimension, Walker Texas Ranger) désireux de créer son propre univers de science-fiction. La série se situe en 2258. Dix ans après la terrible guerre qui opposa les Terriens aux Nimbaris, la station spatiale Babylon 5 a vu le jour. Symbole de la paix intergalactique, cette coque de métal de 2 500 000 tonnes accueille les peuples de toutes les planètes dans un souci du respect mutuel des différences. Cette nouvelle tour de Babel interplanétaire est dirigée avec sagesse par le commandant Jeffrey Sinclair (Michael O’Hare). À ses côtés se tiennent le lieutenant chef Susan Ivanova (Claudia Christian), le chef de la sécurité Michael Garibaldi (Jerry Doyle) et la télépathe Talia Winters (Andrea Thompson). Au-delà de ses personnages humains, Babylon 5 nous gratifie d’une galerie extra-terrestre à faire pâlir la cour de Jabba : les Narns sont des espèces d’hommes-serpents tachetés, les Minbaris ont un crâne chauve prolongé par une sorte de casque en forme de coquillage, les Centauris sont des bonhommes rondouillards aux canines pointues et à la coupe punk extravagante, les Pacmaras sont des nécrophages humanoïdes à mi-chemin entre l’éléphant et la sèche, sans compter Narkrat, l’homme mante-religieuse, ou Koch, à la forme indéterminée. Toutes ces créatures sont conçues par l’atelier Optic Nerve Studios dirigé par les maquilleurs Everett Burrell et John Vulich (La Part des ténèbres).

Dans Babylon 5, la science-fiction sert de prisme pour aborder avec un œil distancié les problèmes dont l’actualité restera toujours brûlante : racisme, guerres de religions, justice, manigances gouvernementales, revendications ouvrières, etc… En ce sens, le show s’inscrit dans la mouvance de Star Trek mais pousse l’analogie avec notre monde contemporain encore plus loin. Les happy ends des épisodes de Babylon 5 restent toujours ambigus et la paix intergalactique repose constamment sur un équilibre fragile et instable. Terriens et Minbaris gardent un souvenir douloureux de la guerre qui les opposa, tandis que Narns et Centauris ont encore en mémoire des années de lutte et d’occupation. Sans oublier les rites religieux de chacun de ces peuples qui reposent sur des pratiques très différentes. L’une des clefs de la réussite de Babylon 5 est l’évacuation de tout manichéisme. Les bons et les méchants n’apparaissent jamais de manière tranchée. Chaque personnage, Terrien ou Extra-Terrestre, a ses moments de faiblesse, de haine, de lâcheté, d’intolérance, et les scénaristes, sans forcément les excuser, s’efforcent de faire comprendre de tels comportements.

Espace numérique

Lorsque le film Starfighter sortit en 1984, on put contempler des vaisseaux spatiaux intégralement conçus en images de synthèse. Le résultat était assez approximatif mais laissait imaginer des perspectives intéressantes. Dix ans plus tard, Babylon 5 confirme ces prévisions. Ici, les images de synthèses se sont à nouveau entièrement substituées aux maquettes. Bien sûr, tout n’est pas parfait dans les plans truqués, et de nombreuses maladresses sautent aux yeux. Mais ces images alors inédites donnent un petit avant-goût du bond que s’apprêtaient à faire les effets numériques dans le domaine de l’imagerie spatiale à l’orée du 21ème siècle. Parmi les engins de la série, on note la station Babylon 5, bien sûr, gigantesque masse cylindrique en orbite géostationnaire, mais aussi les chasseurs dont la forme évoque à la fois les X-Wings (pour les ailes) et les Tie-Wings (pour le cockpit) de Star Wars, la colonie agricole des Centauris aux allures de pyramide futuriste, les vaisseaux de combat triangulaires et aérodynamiques des Narns, le navire de commandement Narn en forme de vaste satellite circulaire, les impressionnants croiseurs de combat Minbaris, plus toute une série de navettes et de vaisseaux cargos qui vont et viennent sans cesse autour de la station. Beaucoup de ces effets ont pris depuis un cruel coup de vieux. Mais la cohérence narrative des cinq saisons de Babylon 5, elle, n’a pas pris une seule ride et reste la qualité majeure de cette série adulée par de très nombreux amateurs de science-fiction. Une série spin-off, Crusade, et plusieurs téléfilms lui succèderont.

 

© Gilles Penso


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AU-DELÀ DU RÉEL (1963-1965)

Dans la foulée de La Quatrième dimension, cette anthologie de science-fiction a marqué les mémoires avec son bestiaire délirant et ses concepts fous…

THE OUTER LIMITS

 

1963/1965 – USA

 

Créée par Leslie Stevens

 

Avec Robert Duvall, Martin Landau, Dabney Coleman, Henry Silva, Jacqueline Scott, David McCallum, Geraldine Brooks, Leonard Nimoy, Sally Kellerman

 

THEMA EXTRA-TERRESTRE

Le plus gros défaut d’Au-delà du réel est de ne pas être La Quatrième dimension. La série créée par Leslie Stevens ne manque ni de charme, ni d’attrait, mais il est difficile de ne pas la rapprocher de celle de Rod Serling, tant leurs concepts sont similaires, et au jeu des comparaisons The Twilight Zone sort évidemment grand vainqueur. Or c’est un combat quelque peu déloyal. D’abord parce que Stevens assume totalement l’influence de son prédécesseur, ensuite parce que les ambitions de son show ne sont pas tout à fait les mêmes que celles de celui de Serling, malgré leur nature commune d’anthologies de science-fiction (des histoires indépendantes les unes des autres avec à chaque fois des personnages différents). Lorsqu’il développe l’idée d’Au-delà du réel, Leslie Stevens (par ailleurs scénariste du Gaucher d’Arthur Penn et réalisateur de L’île de la violence avec James Mason), souhaite avant tout faire frissonner les téléspectateurs en s’appuyant sur les mêmes mécanismes que bon nombre de films de SF des années 50. Avec le scénariste Joseph Stefano (qui écrivit Psychose pour Alfred Hitchcock), il met donc en place le concept du « monstre de la semaine » : chaque épisode ou presque doit mettre en scène une créature fantastique (de préférence extra-terrestre) qui marquera durablement les esprits.

Cette idée est séduisante, mais elle n’est pas simple à concrétiser avec le faible budget qu’alloue la chaîne à chaque épisode (entre 10 000 et 40 000 dollars). Stevens se tourne alors vers l’équipe de Project Unlimited, habituée à concevoir des effets spéciaux spectaculaires et économiques. Ses trois piliers, Wah Chang, Gene Warren et Jim Danforth, sont rompus à l’exercice grâce notamment aux films de George Pal (La Machine à explorer le temps, Les Aventures de Tom Pouce, Les Amours enchantées). Ils concoctent donc un bestiaire fantasmagorique délirant, de l’amphibien géant à la fourmi au faciès humain en passant par l’alien à tête de crustacé ou l’homme aux yeux exorbités. Même si elle peut prêter aujourd’hui à sourire par l’exubérance de ses concepts, cette galerie de créatures a provoqué bien des cauchemars auprès de jeunes téléspectateurs pas habitués à de telles profusions monstrueuses, ceintes en outre dans une photographie noir et blanc très contrastée héritée de l’expressionisme allemand qui renforce leur caractère perturbant. Après le départ de Joseph Stefano pour la saison 2, le concept du « monstre de la semaine » sera moins systématique.

« Nous contrôlons la transmission »

Au-delà du réel est aussi mémorable pour son entrée en matière. Chaque épisode commence par des interférences qui altèrent l’image et le son. Une voix sentencieuse s’adresse alors aux téléspectateurs : « Il n’y a aucun problème avec votre téléviseur. N’essayez pas de régler l’image. Nous contrôlons la transmission… Pendant une heure, restez assis tranquillement et nous contrôlerons tout ce que vous voyez et entendez. Vous êtes sur le point de participer à une grande aventure. Vous êtes sur le point de faire l’expérience de l’émerveillement et du mystère qui s’étendent de l’esprit intérieur jusqu’à… Au-delà du réel ! » Voilà une belle mise en condition. Tout un parterre de guest stars (plus ou moins connues à l’époque) se bouscule pour tenir la vedette des 49 épisodes de la série, parmi lesquels on peut citer en vrac David McCallum (Des agents très spéciaux), Donald Pleasence (Halloween), Martin Landau (Mission impossible), Barry Morse (Cosmos 1999), Vera Miles (Psychose), Robert Duvall (Le Parrain), Adam West (Batman) ou Leonard Nimoy (Star Trek). Alors certes, Au-delà du réel n’est pas La Quatrième dimension, mais son impact reste immense et son influence sur les générations futures d’auteurs et de réalisateurs de science-fiction presque aussi importante que celle du chef d’œuvre de Rod Serling.

 

© Gilles Penso


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AMIS DE CHICO (LES) (1974)

Une série pour enfants étrange et perturbante dans laquelle deux gamins se trimbalent avec la tête réduite d’un sorcier indien !

CHICO THE RAINMAKER / THE BOY WITH TWO HEADS

 

1974 – GB

 

Créée par Jonathan Ingrams

 

Avec Spencer Plumridge, Leslie Ash, Hilda Fenemore, Peter Halliday, Stanley Meadows, Lance Percival, John Louis Mansi, Clive Revill, Bill Maynard

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Mais qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête du réalisateur anglais Jonathan Ingrams lorsqu’il décida de lancer la série Les Amis de Chico ? Comment est-il possible que personne ne lui ait dit que son idée était bizarre, pour ne pas dire complètement à côté de la plaque ? Vouloir écrire et réaliser une série pour enfants dans laquelle les gamins vedettes seraient accompagnés dans leurs aventures par un personnage fantastique aux pouvoirs surnaturels, pourquoi pas ? Mais lorsqu’on sait que cette créature est une tête réduite décapitée de type Navajo qu’ils trimballent partout avec eux et qui leur parle en roulant ses yeux exorbités et en agitant sa mâchoire morte-vivante, on se perd en conjectures ! Il faut croire qu’Ingrams et ses scénaristes Frank Godwin et C.M. Pennington Richards furent convaincants, car la série vit le jour en 1974, fut diffusée aux États-Unis sur le réseau PBS et en Angleterre dans les salles de cinéma du samedi matin, avant de débarquer en nos contrées quatre ans plus tard pour une diffusion sur TF1.

Alors que le jeune Chris Page (Spencer Plumridge) se dirige vers la boutique de l’antiquaire Ben (Bert Palmer), il tombe sur deux cambrioleurs pris en flagrant délit de vol d’un assortiment de couverts en argent, Doug et Dès (Stanley Meadows et John Louis Mansi), et les chasse. En signe de gratitude, l’antiquaire offre à Chris un curieux coffret contenant une tête réduite ainsi qu’un tambour et une flûte de pan. À son retour chez lui, Chris partage la découverte avec sa sœur Jill (Leslie Ash). Alors qu’ils s’amusent avec les instruments de musique, les deux enfants éveillent la tête réduite, qui se met soudain à parler avec eux. Au lieu de prendre leurs jambes à leur cou en hurlant et d’entamer ensuite une longue thérapie, les deux gamins l’écoutent attentivement. La tête appartient à Chicopacobacawana, un puissant sorcier vieux de 2000 ans capable de provoquer la pluie. Après avoir été enlevé par des explorateurs il y a trois ans, il s’est trouvé dans l’incapacité d’accomplir son rôle de Grand Puicha, qui consiste à protéger sa tribu contre la sécheresse qui s’est depuis abattue sur les cultures. Chris et Jill décident de lui apporter leur assistance pour le ramener chez lui. Mais des voleurs sont à leurs trousses…

Un traumatisme d’enfance

Si le postulat des Amis de Chico est joyeusement délirant, les intrigues de ces sept petits épisodes de quinze minutes chacun ne sont pas particulièrement palpitantes, se limitant à un jeu du chat et de la souris gentillet qu’égaient les facéties surnaturelles de Chicapaco… Chipocaba… Chicopacoba… enfin Chico, quoi. Passée presque inaperçue outre-Atlantique, diffusée une seule fois en France, la série aurait pu complètement et définitivement disparaître des mémoires. Mais à cette époque, le nombre de chaînes de télévision était très limité et le jeune public regardait à peu près tout ce qu’on lui proposait. Toute une génération d’enfants a donc découvert Les Amis de Chico, logeant quelque part dans son esprit la vision mi-amusante mi-traumatisante de cette petite tête coupée qui parle (conçue par le créateur des effets spéciaux Les Bowie, à l’œuvre sur des spectacles plus « adultes » tels que Le Monstre, Le Cauchemar de Dracula ou La Nuit du Loup-garou). Voilà pourquoi ce show anecdotique occupe une place particulière dans la mémoire des téléspectateurs de la fin des années 70, charriant avec lui un parfum de nostalgie à la fois drôle et lugubre.

 

© Gilles Penso


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