MAD MAX 2 (1981)

Après l'anticipation réaliste et brute du premier opus, George Miller opte pour un univers post-apocalyptique et impitoyable proche du western spaghetti

MAD MAX 2 / THE ROAD WARRIOR

1981 – AUSTRALIE

Réalisé par Réalisateur

Avec Mel Gibson, Bruce Spence, Vernon Wells, Mike Preston, Max Phipps, Kjell Nilsson, Emil Minty, Virginia Hey, William Zappa

THEMA FUTUR

Une œuvre aussi puissante que Mad Max ne pouvait pas décemment demeurer sans suite. George Miller s’y attela donc aussitôt, bénéficiant d’un budget dix fois supérieur à celui de son premier opus. Pour éviter de se répéter, le cinéaste australien poursuit les aventures de son anti-héros dans un univers différent. Car si Max erre toujours sur les routes à bord de son Interceptor, le monde a entre-temps succombé à une troisième guerre mondiale ne laissant derrière elle qu’un immense désert, des survivants retournés à la sauvagerie et des réserves d’énergie réduites à leur plus simple expression. Le pétrole y est devenu une denrée rare, et les hommes mués en bêtes sont désormais prêts à s’entretuer pour le moindre baril d’essence (en 1981, le choc pétrolier des années 70 était encore très vivace dans les esprits). Cet état des lieux nous est expliqué par une voix off vieillissante sur un montage en noir et blanc mêlant des images d’archives du passé et des extraits du premier Mad Max. Lorsque l’écran s’élargit au format scope, que le moteur du V8 vrombit sur toutes les enceintes stéréo et que Max apparaît derrière son volant, l’action démarre et ne cessera plus pendant une heure et demie.

Les enjeux et la direction artistique ayant changé, cette séquelle peut s’apprécier de manière autonome. C’est la raison pour laquelle les distributeurs américains ont effacé la filiation avec le film précédent (pas encore très connu à l’époque), rebaptisant celui-ci The Road Warrior. Après sa rencontre avec un pilote d’ULM excentrique, Max découvre une communauté pacifique protégeant du mieux qu’elle peut sa citerne pleine d’essence. Mais Humungus, un colosse tyrannique dissimulant son visage sous un casque de gladiateur et régnant sur une horde de barbares, ne l’entend pas de cette oreille. Il les menace d’extermination, à moins qu’ils ne s’enfuient en laissant derrière eux tous leurs biens. Pappagallo (Mike Preston), le chef de la communauté, demande l’aide de Max, mais celui-ci n’a rien d’un philanthrope et préfère continuer son parcours en solo. « Qu’est-ce que tu cherches ? » s’entend-il répondre. « Tout le monde cherche quelque chose. Tu es heureux comme ça ? En errant ? Chaque jour effaçant le précédent ? Tu es un charognard, Max, un asticot. Tu te nourris des restes de l’ancien monde ! »

Un déchaînement de cascades hallucinantes

Les propos font mouche, mais il faut attendre que Max se retrouve à moitié mort après la destruction de son Interceptor pour qu’il accepte de les accompagner. Au volant du camion-citerne, il fonce donc à travers le désert, et la course-poursuite qui suit, un déchaînement de cascades hallucinantes, d’explosions, de morts violentes, de vitesse et de fureur, est entrée depuis dans l’histoire du cinéma. Cette fois-ci, la partition de Brian May se laisse volontiers influencer par « Mars », le morceau le plus martial de « La Symphonie des Planètes » de Gustav Holst. Car Mad Max 2 dépasse le cadre du western pour s’affirmer comme un film de guerre. Désormais, Attila et ses Huns sont affublés de looks punks fétichistes et leurs montures se sont muées en véhicules tout-terrains. Cette vision saisissante de ce que pourrait être un futur post-apocalyptique fera bien des émules.

 

© Gilles Penso

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TRON (1982)

Cette immersion avant-gardiste dans un univers virtuel fut sans doute un peu trop en avance sur son temps

TRON

1982 – USA

Réalisé par Steven Lisberger

Avec Jeff Bridges, David Warner, Bruce Boxleitner, Cindy Morgan, Barnard Hughes

THEMA MONDES PARALLELES ET MONDES VIRTUELS

Tron est un film tout à fait à part dans l’histoire du cinéma, une œuvre visionnaire et quelque peu déjantée qui aura souffert de sortir trop tôt sur les écrans, à une époque où les spectateurs se laissaient plus volontiers conquérir par l’amitié entre un extra-terrestre et un petit garçon, les affrontements épiques entre l’Empire Galactique et les guerriers rebelles ou les exploits rétro d’un intrépide archéologue. L’idée de départ de Tron est née dans l’esprit inventif de Steven Lisberger, réalisateur de films d’animation, et de son ami producteur Donald Kushner, tous deux cultivant une ardente passion pour les jeux vidéo. Le scénario part du principe un peu vertigineux que chaque programmateur de logiciels possède son propre double numérique qui évolue dans les circuits informatiques, et que ces deux univers parallèles coexistent. D’où une entrée en matière pour le moins étrange où, dans une salle de jeux vidéo, quelqu’un s’amuse aux courses de « cycles de lumière » (des motos futuristes qui laissent dans leur sillage un mur rectiligne et infranchissable), tandis que dans l’ordinateur, deux motocyclistes lumineux s’affrontent vraiment. L’un des personnages principaux de ce film fou est Kevin Flynn (Jeff Bridges), un créateur de jeux vidéo dont les idées ont été volées par son ex-patron Ed Dillinger (incarné par David Warner après le désistement de Peter O’Toole), désormais président de l’entreprise Encom.

Pour pouvoir contrôler tout ce que font les employés de la société sur leurs ordinateurs, Dillinger utilise un vaste programme de sécurité, le MCP (Maître Contrôle Principal). L’un de ces employés, Alan Bradley (Bruce Boxleitner), se rend compte de cette surveillance informatique. Avec l’aide de sa fiancée Lora (Cindy Morgan) et de Flynn, il décide de s’infiltrer de nuit dans les locaux d’Encom pour mettre à jour les piratages de Dillinger. Mais le MCP décide d’intervenir. En pilotant un canon laser, il désintègre littéralement Flynn, qui se recompose dans l’univers informatique sous forme d’un individu électronique baptisé Clu. Là, il rencontre les alter ego numériques de Dillinger, Lora et Alan, qui se nomment respectivement Sark, Yori et Tron. C’est donc de l’intérieur de la machine qu’il doit affronter son ancien employeur et le tout puissant MCP.

Colorisation, dessin animé et images de synthèse

Et c’est parti pour cinquante minutes d’images surréalistes, fruit de techniques diverses qui mélangent colorisation (les prises de vues réelles de ces séquences ayant été tournées en noir et blanc), dessin animé et images de synthèse d’avant-garde. Les motos lumineuses, les chars d’assaut cubiques, le combat de frisbees lumineux, le voilier solaire sont depuis entrés dans les mémoires. Sans les performances héroïques des pionniers de l’image de synthèse qui permirent à Tron de se concrétiser, nul doute que les exploits actuels en matière de trucages numériques n’auraient jamais vu le jour. Historiquement, Tron marque donc une date importante dans l’histoire du cinéma de SF, même si sa mise en scène un peu pataude et son scénario accidenté jouent quelque peu en sa défaveur. Etrangement, le film ne reçut aucune nomination aux Oscars pour ses effets visuels. Et si son succès fut mitigé, le jeu vidéo d’arcade qu’il inspira, en revanche, fut un véritable hit mondial.

 

© Gilles Penso

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VAN HELSING (2004)

Le célèbre chasseur de vampires a pris le visage de Hugh Jackman dans cette épopée foisonnante où Stephen Sommers confond hélas générosité et indigestion

VAN HELSING

2004 – USA

Réalisé par Stephen Sommers

Avec Hugh Jackman, Kate Beckinsale, Richard Roxburgh, David Wenham, Shuler Hensley, Elena Anaya, Kevin J. O’Connor

THEMA DRACULA I FRANKENSTEIN I JEKYLL & HYDE I LOUPS-GAROUS I VAMPIRES

Très satisfait de ses deux versions de La Momie, Stephen Sommers s’est mis en tête de poursuivre son hommage aux films de monstres de la Universal avec ce Van Helsing qui ressemble à une véritable réunion de famille. En effet, on y trouve Dracula, Frankenstein et son monstre, des loups-garous, des femmes-vampires, le serviteur Igor, Jekyll et Hyde… Il ne manquerait plus que l’étrange créature du lac noir et l’homme invisible pour que la fête soit complète ! Le prologue est un véritable hommage à l’âge d’or. Tout y est : l’image en noir et blanc, le laboratoire électrique du docteur Frankenstein, l’étincelle de vie qui anime sa créature, l’apparition d’un Dracula très théâtral, les villageois en colère armés de torches, la fuite dans le moulin planté dans une campagne très expressionniste, le grand incendie final… Puis l’action se transporte un an plus tard, à Paris, où sévit le héros du titre, un hors-la-loi chasseur de monstres à qui Hugh Jackman prête ses traits de jeune Clint Eastwood. Nous le découvrons en plein pugilat avec un Mister Hyde colossal dont le look évoque immanquablement celui de La Ligue des gentlemen extraordinaires : la même carrure à la Hulk, le même comportement simiesque, les mêmes grognements, les mêmes favoris. Mais si, dans le film de Stephen Norrington, il était associé au crime de la rue Morgue imaginé par Edgar Poe, ici c’est carrément un émule du Quasimodo de Victor Hugo, et son affrontement avec Van Helsing prend tout naturellement place sur les toits de Notre Dame.

A peine a-t-on le temps de souffler que nous voilà dans les souterrains secrets du Vatican, et là Stephen Sommers nous refait James Bond : l’ordre de mission avec diapositives à l’appui, puis la visite de l’armurerie et des gadgets. L’action se transporte ensuite en Transylvanie, où Van Helsing rencontre enfin son adversaire de toujours : le comte Dracula. Celui-ci s’est installé dans le château de Frankenstein pour lui voler le secret de la vie artificielle et donner ainsi naissance aux milliers de rejetons qu’il a engendrés avec ses femmes-vampires. Il s’adjoint à cet effet les services d’Igor, ancien assistant du docteur, ainsi que d’un loup-garou et d’étranges gnomes équipés de masques à gaz. Van Helsing va donc mener le combat de sa vie, aux côtés de la belle gitane Anna Valerious.

Action excessive et monstres numériques

Le film n’est pas exempt de morceaux de bravoure, notamment l’attaque du village par les enfants de Dracula (des gargouilles hideuses aux allures de Gremlins), les envolées des femmes-vampires tour à tour beautés en chemise de nuit ou furies mi-humaines mi-chauves-souris, ou les interventions d’un monstre de Frankenstein au look particulièrement réussi. Pour le reste, Van Helsing accumule des séquences d’action incongrues, des effets spéciaux excessifs, des images de synthèses omniprésentes, avec une telle démesure et une telle outrance que rien n’est crédible. Du coup, l’épouvante classique à laquelle le film est censé se référer s’estompe rapidement au profit d’une dynamique de jeu vidéo inventive mais sans charme. Sans compter l’incroyable fadeur du comédien Richard Roxburgh qui incarne sans charisme ni conviction le comte Dracula. Bref, nous sommes bien loin de la folie rafraîchissante des œuvres chorales d’Erle C. Kenton.

 

© Gilles Penso

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AUSTIN POWERS (1997)

Mike Myers nous prit par surprise avec cette parodie minutieuse de l'univers des James Bond des années 60

AUSTIN POWERS : INTERNATIONAL MAN OF MYSTERY

ANNEE – PAYS

Réalisé par Jay Roach

Avec Mike Myers, Elizabeth Hurley, Michael York, Mimi Rogers, Robert Wagner, Seth Green, Fabiana Udenio, Charles Napier

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA AUSTIN POWERS

Depuis l’exceptionnel diptyque Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? et Top Secret, Jim Abrahams, David et Jerry Zucker sont devenus la référence ultime en matière de parodies de films. Mille fois imitées, jamais égalées, ces deux perles ont engendré malgré elles une longue lignée de pastiches galvaudant peu à peu le genre. Il était temps que quelqu’un renouvelle l’exercice en tentant une autre approche. Le réalisateur Jay Roach et l’acteur/producteur/scénariste Mike Myers y sont parvenus haut la main, et si Austin Powers est le succès que l’on sait, c’est parce que les deux hommes ont un profond respect pour les œuvres dont ils se moquent. Loin des sous-James Bond paresseux à la Agent zéro zéro, Johnny English ou Double zéroAustin Powers décide de remonter à la source : les 007 des années 60, mais aussi les prestations variées d’incontournables comédiens anglais des sixties tels que Peter Sellers, Alec Guiness ou Michael Caine.

Myers s’était déjà amusé à parodier James Bond dans plusieurs sketches du « Saturday Night Live ». Ici, il crève l’écran dans le double rôle de l’agent britannique Austin Powers, affublé de grosses lunettes, de dents gâtées, d’une chemise à jabot et d’une libido démesurée, et du Docteur Denfer, hilarant super-vilain à la voix nasillarde qui mixe le costume de Dr No et le faciès de Blofeld dans On ne vit que deux fois. L’intrigue démarre en 1967, à Londres. Photographe de mode le jour et espion au service de Sa Majesté la nuit, Powers déjoue un attentat fomenté par Denfer, qui se met en hibernation et s’échappe dans l’espace. Pour le retrouver, l’agent secret se fait à son tour cryogéniser. Réveillés en 1997, tous deux reprennent leur pugilat, Denfer menaçant de faire exploser la planète entière…

L'influence de Casino Royale

La vraie réussite d’Austin Powers est de ne pas s’attacher aux détails de l’œuvre imitée (les gadgets, le smoking, les belles voitures) mais à l’esprit. Et de fait, par moments, on jurerait avoir affaire à un film réellement tourné dans les sixties. La direction artistique est à ce titre exemplaire. Photographie, décors, costumes se mettent au diapason de ce pastiche qui ne recule devant aucune exubérance. Sans parler de la musique de George S. Clinton, plus inspiré que jamais, qui rend ici un vibrant hommage aux plus beaux morceaux de John Barry, Henry Mancini et Jerry Goldsmith, au sein d’une bande originale flamboyante mi jazzy mi symphonique. Austin Powers doit aussi beaucoup à Casino Royale, qui parodiait déjà James Bond en 1967 et dont Roach et Myers empruntent des musiques et des séquences entières (d’où la présence de Burt Bacharach et de son fameux tube « The Look of Love »). Sans compter moult références à d’autres œuvres des années 60 et 70, telles que Quatre garçons dans le vent de Richard Lester, La Dixième victime d’Elio Petri, Notre homme Flint de Daniel Mann ou encore La Vallée des plaisirs de Russ Meyer. La finesse de l’hommage ne trouve pas son écho, en revanche, dans la plupart des gags du film, volontiers situés en dessous de la ceinture, voire carrément scato. C’est là tout le paradoxe de Mike Myers, et toute l’étendue de son registre comique.

© Gilles Penso

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PRINCE DES TENEBRES (1987)

Après deux superproductions n'ayant guère rencontré leur public, John Carpenter revient à l'essence de ses œuvres premières et aux terreurs indicibles qu'il affectionne tant

PRINCE OF DARKNESS

1987 – USA

Réalisé par John Carpenter

Avec Donald Pleasence, Jameson Parker, Victor Wong, Lisa Blount, Dennis Dun, Alice Cooper, Susan Blanchard, Anne Marie Howard

THEMA DIABLE ET DEMONS I INSECTES ET INVERTEBRES I SAGA JOHN CARPENTER

Les deux précédents films de John Carpenter, Starman et Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, ayant été de gros flops au box-office malgré leurs moyens conséquents, le metteur en scène décida d’enchaîner avec une œuvre plus brute, en huis-clos, centrée sur un concept simple, avec un budget réduit et des comédiens qui lui sont familiers. Autant dire donc que ce Prince des ténèbres est probablement l’une de ses œuvres les plus personnelles. Comme il l’avait fait avec Assaut, quasi-remake officieux de Rio Bravo qui en reprenait certaines thématiques et plusieurs situations, Carpenter réalise là une variation autour du film Les Monstres de l’espace de Roy Ward Baker, dans lequel le professeur Quatermass mettait à jour dans le métro londonien un engin antédiluvien abritant une entité maléfique. Et pour bien marquer ses influences, il signe son scénario sous le nom de Bernard Quatermass. Un scénario étrange et envoûtant, mixant en un audacieux cocktail la science, la religion et la métaphysique.

Transfuge de La Nuit des masques et New York 1997, Donald Pleasence revêt ici la soutane d’un prêtre, découvrant après la mort d’un de ses collègues l’existence d’un ordre secret de l’église catholique, la « confrérie du sommeil ». Dans le sous-sol d’une ancienne chapelle bâtie dans un quartier défavorisé de San Francisco, il tombe sur un étrange container empli d’un liquide vert en perpétuel mouvement. Perplexe et inquiet, l’homme d’église demande au professeur de physique Howard Birac (Victor Wong, sorcier dans Les Aventures de Jack Burton) et à ses étudiants de venir étudier le phénomène, en compagnie d’une petite équipe de scientifiques. Les premières constatations sont des plus troublantes : la datation au carbone 14 révèle que le cylindre est vieux de sept millions d’années, son mécanisme semble être conçu pour n’être ouvert que de l’intérieur, et les inscriptions latines qui l’entourent sont des étranges équations mathématiques. Autour de l’église, les phénomènes curieux se multiplient. Les sans-abris se massent comme une menaçante armée de morts-vivants, et les insectes grouillent plus que de raison.

Le Diable en boîte

Bientôt, le liquide vert s’échappe et entre en possession d’une scientifique, qui contamine peu à peu tous les autres… Car le container abrite rien moins que le Diable, prisonnier d’un monde parallèle et bien décidé venir régner sur le nôtre. Du coup, la dernière partie du film, où les protagonistes sont pris en chasse dans les couloirs de l’église par leurs collègues zombifiés, évoque beaucoup celle de L’Au-delà. Et ce n’est pas un hasard, dans la mesure où John Carpenter et Lucio Fulci sont sous la même influence : celle d’H.P. Lovecraft, romancier de l’horreur indicible et des démons intérieurs. Prince des ténèbres retrouve ainsi l’atmosphère oppressante et l’unité de lieu qui firent le succès de Fog, tout en se permettant quelques écarts franchement gore, notamment lorsqu’un homme tombe littéralement en morceaux, son corps étant envahi par des milliers de scarabées. Fidèle à ses habitudes, Carpenter clôt son récit sur une fin ouverte et inquiétante, laissant vagabonder à loisir l’imagination du spectateur.

© Gilles Penso  

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GODZILLA FINAL WARS (2004)

Pour célébrer le cinquantième anniversaire du roi des monstres, Ryuhei Kitamura concocte une sorte de best-of délirant

GOJIRA FAINARU UÔZU

2004 – JAPON

Réalisé par Ryuhei Kitamura

Avec Masahiro Matsuoka, Rei Kikukawa, Akira Takarada, Kane Kosugi, Kazuki Kitamura, Maki Mizuno, Don Frye, Kenji Sahara

THEMA DINOSAURES I EXTRA-TERRESTRES I ARAIGNEES I MONSTRES MARINS I REPTILES ET VOLATILES I INSECTES ET INVERTEBRES I SAGA GODZILLA

Pour fêter dignement les cinquante ans de Godzilla et redorer le blason d’une franchise ternie par ses derniers rejetons, la Toho a décidé de confier le 28ème épisode de sa prolifique saga à Ryuhei Kitamura. Auteur de Versus, d’Azumi et de quelques animatiques de jeux vidéo, le cinéaste s’est spécialisé dans l’action non-stop, une aubaine pour des producteurs désireux de toucher le jeune public. Le prélude nous explique que la prolifération de monstres géants est due aux guerres et à la pollution. L’EDF (Earth Defense Force, rien à voir donc avec notre électricité nationale), a du coup formé une armée de mutants pour les combattre. Mais lorsque maintes créatures gigantesques se mettent à attaquer simultanément les diverses capitales de la planète, l’EDF se retrouve soudainement impuissante. Débarque alors une étrange soucoupe volante qui stoppe net la menace. À son bord se trouvent les Xiliens, des extraterrestres humanoïdes venus prévenir la Terre d’une menace imminente : la collision avec un astéroïde gigantesque nommé Gorus. Mais sous leurs airs doux et paisibles, les Xiliens désirent en fait utiliser l’humanité à des fins culinaires…

De toute évidence, Kitamura a un fort penchant pour les Godzilla des années 60-70 (« mon préféré est Godzilla contre Mecanick Monster » avoue-t-il) (1), et si Final Wars est conçu comme un best-of rendant hommage à l’ensemble de ses prédécesseurs, on y trouve surtout des allusions à la période disco. D’où ces extra-terrestres belliqueux qui rêvent de conquérir la Terre (comme dans Invasion Planète X), cette prolifération de monstres détruisant les grandes capitales du monde (comme dans Les Envahisseurs attaquent) et ce Godzilla redevenu sauveur de l’humanité. Etrange patchwork, Godzilla Final Wars tourne vite à la cacophonie, à force de vouloir mélanger les genres et de s’efforcer de satisfaire tous les publics à la fois. Certes, le spectacle y est total et l’action sans faille. Les combats entre humains enterrent tous les Matrix (notamment une échauffourée à moto proprement ébouriffante), les batailles spatiales s’avèrent généreuses en démesure post-Star Wars et les match de catch inter-monstres sont dotés d’un dynamisme encore jamais vu dans la série.

Règlements de compte avec Roland Emmerich

Mais le scénario part vite dans tous les sens, la mise en scène confond hystérie et rythme, et les fautes de goût abondent. Comme les interventions du bébé Godzilla le plus ridicule de la saga tout entière, ou la bande originale de Keith Emerson, mixture électro-synthétique un tant soit peu surannée. Reste un grain de folie fort appréciable et une poignée d’idées extrêmement réjouissantes. La plus géniale d’entre elles ? L’apparition d’un Godzilla en 3D, sosie de celui de Roland Emmerich, qui se fait dégommer d’un revers de queue par le « vrai » Godzilla ! « Cette scène était un clin d’œil à tous les fans du monde entier que le Godzilla américain n’a pas convaincu », explique Kitamura. « C’était aussi pour moi une manière de montrer que je préfère les trucages traditionnels aux images de synthèse. Rien ne vaut un bon costume de monstre en latex ! » (2) Derrière de si bonnes intentions, on ne peut que passer l’éponge sur les maladresses d’un film finalement plus personnel qu’il n’y paraît.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2005

© Gilles Penso

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POLTERGEIST (1982)

Tobe Hooper et Steven Spielberg unissent leurs efforts pour nous conter une inoubliable histoire de fantômes

POLTERGEIST

1982 – USA

Réalisé par Tobe Hooper

Avec JoBeth Williams, Craig T. Nelson, Beatrice Straight, Dominique Dunne, Olivier Robins, Heather O’Rourke

THEMA FANTÔMES I VEGETAUX I JOUETS I SAGA POLTERGEIST

Début 82, Steven Spielberg avait déjà réalisé Les Dents de la mer et Les Aventuriers de l’Arche Perdue, et Tobe Hooper Massacre à la tronçonneuse. Leur association, l’un au poste de producteur, l’autre sur la chaise du réalisateur, avait tout d’un événement excitant. Et de fait, Poltergeist est un film d’épouvante de haut niveau, s’attachant à nous familiariser avec des protagonistes convaincants et réalistes pour mieux les faire basculer dans l’horreur et le surnaturel. Craig T. Nelson incarne Steve Freeling, agent immobilier et chef d’une famille installée dans une maison de banlieue construite par la société qui l’emploie. Tout va bien jusqu’au jour où d’étranges phénomènes se succèdent dans leur doux foyer : des objets se déplacent seuls, des voix se font entendre à travers le téléviseur après la fin des émissions.… Au début, les Freelings prennent ces événements avec un certain amusement mêlé d’incrédulité. Mais les manifestations se font de plus en plus inquiétantes, jusqu’à ce que la petite Carol Ann (Heather O’Rourke), disparaisse purement et simplement, emportée dans une dimension parallèle à mi-chemin entre le monde des morts et celui des vivants…

Officiellement, les taches de Spielberg et Hooper furent clairement réparties pendant le tournage de Poltergeist, mais il est plus que probable que le producteur ait activement participé à la mise en scène de cette histoire de fantômes, comme en témoignent les nombreuses réminiscences de son univers cinématographique. Au-delà des maisons de banlieue, des plans larges à la louma accompagnant des enfants à bicyclette et de ce foyer américain archétypal, cette œuvre quasi-commune évoque le téléfilm La Chose (la famille dans une maison hantée face à des fantômes qui s’en prennent aux enfants), Rencontres du troisième type (les jouets animés, les nuages lourds de menace, l’enfant enlevé), Les Aventuriers de l’Arche Perdue (l’héroïne entourée de cadavres momifiés et grimaçants, les spectres évanescents et liquides), et même E.T. qui fut tourné et post-produit en même temps que Poltergeist. Mais le scénario, rédigé par Spielberg lui-même, s’inspire surtout de la nouvelle « Little Girl Lost » de Richard Matheson, adaptée dans un célèbre épisode de La Quatrième dimension.

Les frayeurs enfantines universelles

Toujours est-il qu’Hooper et Spielberg se réapproprient en virtuoses les frayeurs enfantines universelles (l’arbre aux formes inquiétantes, le clown qui sourit) et transforment la dernière partie du film en véritable train fantôme. « Les effets spéciaux sophistiqués sont agréables, car ils donnent l’impression de pouvoir tout faire, mais parfois les vieux trucs sont les plus efficaces », raconte Tobe Hooper. « Dans Poltergeist, un panoramique suit JoBeth Williams qui passe devant une table et lorsqu’elle revient, trois secondes plus tard, toutes les chaises y sont empilées ! En fait, dès que la caméra faisait sortir la table du champ, les accessoiristes changeaient la disposition des six chaises. C’est l’un de mes trucages préférés, un simple tour de magie. » (1) Poltergeist a aussi le mérite d’évoquer les phénomènes paranormaux et les fantômes avec beaucoup de crédibilité et d’intelligence. D’où son impact, et la mini-saga cinématographique et télévisuelle qu’il entraîna.


(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 1995

© Gilles Penso

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EVIL DEAD 2 (1987)

Encore plus folle, encore plus inventive, cette séquelle aux allures de remake oscille entre l'horreur graphique et les gags de Tex Avery

EVIL DEAD 2 : DEAD BY DAWN

1987 – USA

Réalisé par Sam Raimi

Avec Bruce Campbell, Sarah Berry, Dan Hicks, Kassie DePaiva, Ted Raimi, Denise Bixler, Richard Domeier

THEMA ZOMBIES I DIABLES ET DEMONS I SAGA EVIL DEAD

Après l’horreur troublante du film précédent, Sam Raimi opte pour un ton très différent, à la limite du cartoon et de Tex Avery. Et pourtant, Evil Dead 2 s’inscrit parfaitement dans la continuité du premier puisqu’il lui s’y enchaîne à la seconde près, si l’on fait abstraction du flash-back du prologue, simplifiant à l’extrême l’intrigue du film original et réduisant le nombre de protagonistes à deux au lieu de cinq. Seul survivant de l’attaque des forces diaboliques réveillées par les incantations du professeur Knowby, enregistrées sur un magnétophone à bande, Ash (Bruce Campbell) est à son tour possédé par le démon qui le mue en zombie grimaçant. Mais le soleil lui redonne son aspect normal. Le pont, seul accès vers l’extérieur, s’étant écroulé, Ash s’avère incapable de quitter la cabane où se déroula le drame. Il se cloître alors et sombre peu à peu dans la démence. D’où une séquence hallucinante où tous les objets dans la cabane se mettent à éclater de rire, de la tête de cerf empaillée à la chaise en passant par la lampe et la bibliothèque. Du délire pur !

Puis survient une magnifique scène d’animation où le cadavre de Linda, la défunte fiancée d’Ash, sort de terre et se met à danser dans les bois, jusqu’à ce que sa tête décapitée ne morde la main droite du malheureux. « C’est une séquence que j’aime beaucoup », avoue Doug Beswick, qui en signa l’animation. « Elle fut particulièrement amusante à réaliser. Sam Raimi nous a fourni un storyboard précis, puis nous avons engagé une chorégraphe. On peut presque considérer la danse de Linda comme un petit film d’animation à elle seule. Il y a un début, un milieu et une fin, comme dans un court-métrage. »… (1) Au seuil de la folie, Ash est rejoint par la fille du professeur Knowby, son fiancé Ed, et deux guides, Jake et Bobby Joe, tous quatre ayant emprunté un chemin à travers les bois. Les forces du mal ne vont guère tarder à se manifester à nouveau, multipliant les apparitions de zombies divers dans la cabane.

A mi-chemin entre Mad Max et Leatherface

Ici, le gore n’est plus cru mais comique, grand-guignolesque, et Bruce Campbell joue la démence à la perfection. Le scénario cultive volontiers les références à H.P. Lovecraft, déjà présentes dans le premier Evil Dead, en particulier à travers le livre des morts réveillant les démons, qui n’est rien d’autre que le fameux Necronomicon imaginé par l’écrivain tourmenté. Les nouveaux personnages n’existent ici que dans le but de se faire décimer par des monstres loufoques : grand-mère zombie au cou télescopique, main coupée qui ricane et court se réfugier dans un trou de souris comme si elle était échappée d’un « Tom et Jerry », et Ash lui-même, métamorphosé à son tour en mort-vivant agressif. Les prises de vues acrobatiques de Sam Raimi étonnent toujours, et le budget confortable alloué par Dino de Laurentiis en personne n’a effacé ni la personnalité du cinéaste, ni son style visuel reconnaissable à des kilomètres à la ronde. Au beau milieu du film, Bruce Campbell, une tronçonneuse greffée à la place de sa main droite coupée, un fusil à canon scié dans l’autre, se mue quasiment en super-héros au look des plus surprenants, à mi-chemin entre Mad Max et Leatherface. Quant au dénouement, proprement hallucinant, il annonce les délires anachroniques du troisième volet.

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998.

© Gilles Penso

 

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CREEPSHOW (1982)

La première rencontre entre Stephen King et George Romero a donné naissance au film d'horreur à sketches ultime

CREEPSHOW

1982 – USA

Réalisé par George A. Romero

Avec Hal Holbrook, Adrienne Barbeau, Fritz Weaver, Leslie Nielsen, Ed Harris, Carrie Nye, E.G. Marshall, Stephen King

THEMA ZOMBIES I INSECTES ET INVERTEBRES I VEGETAUX SAGA CREEPSHOW I STEPHEN KING

L’association de George Romero et de Stephen King pour un film d’horreur à sketches inspiré des macabres EC Comics, voilà qui avait de quoi exciter la curiosité ! Le résultat est à la hauteur de toutes les espérances, mariant l’humour noir à l’épouvante graphique avec un indiscutable bonheur. « Je connaissais les EC Comics », raconte Romero. « J’avais grandi en les lisant, tout comme Stephen King. Lorsque nous avons décidé de faire ce film ensemble, il a écrit le scénario très rapidement. Nous n’avions pas beaucoup d’argent pour faire le film, mais c’est pour moi un excellent souvenir de tournage. J’avais l’impression d’être dans une cour de récréation ! » (1) Au cours du prologue, un père sévère punit son fils qui lit une bande dessinée horrifique. Il la confisque et la jette dans une poubelle. La BD prend alors vie, ce qui nous donne droit à de formidables petits dessins animés assurant le rôle de transitions colorées du plus bel effet. Le premier sketch est probablement le plus réussi, et c’est une histoire de zombie, car Romero est un incorrigible en la matière. Sauf qu’ici, la franche rigolade se substitue à la noirceur réaliste, sans toutefois évacuer tout à fait l’épouvante et le gore, chevaux de bataille du genre. Un mort-vivant surgit donc de sa tombe le jour de la fête des pères et décime sa famille en réclamant son gâteau. Le cadavre ambulant est un colosse écarlate en état de décomposition avancée, et parmi ses victimes, on note un tout jeune Ed Harris.

La seconde histoire, moins palpitante, met carrément Stephen King en vedette, dans le rôle d’un fermier qui se mue peu à peu en plante après avoir touché un météore tombé du ciel. Les zombies prennent à nouveau le relais, avec cette histoire de mari trompé (excellent Leslie Nielsen) et mordu de vidéo qui filme l’agonie de sa femme et de son petit ami noyés par la marée. Les amants maudits reviendront sous forme de morts-vivants monstrueusement boursouflés, dégoulinants et couverts d’algues, afin de faire subir à leur bourreau le même sort. Le quatrième récit met en vedette un monstre velu à l’insatiable appétit carnivore, découvert dans l’Antarctique par une expédition scientifique (en hommage à The Thing), et réveillé après des années d’hibernation par un professeur un peu trop curieux. Après que la bête ait dévoré quelques humains, l’universitaire décide de s’en servir pour se débarrasser de son insupportable épouse…

Entre le rire et l'horreur

Quant au tout dernier sketch, il nous plonge dans l’horreur la plus viscérale, puisqu’il conte les mésaventures d’un PDG cruel et maniaque dont l’appartement aseptisé est peu à peu envahi par des hordes d’énormes cafards. Jusqu’à ce que ces derniers, par milliers, ne le dévorent de l’intérieur ! Les effets spéciaux excessifs de Tom Savini, la partition pour synthétiseur et piano composée par John Harrison, les éclairages violemment rouges ou bleus, tous les départements artistiques de Creepshow se sont donnés le mot pour composer une ambiance outrancière, très proche dans l’esprit et la forme des albums EC Comics qui servent d’inspiration au film. Et cette réussite artistique ne sera jamais vraiment égalée, ni par un Creepshow 2 modérément inspiré, ni par la série Les Contes de la Crypte qui tentera en vain d’en retrouver l’atmosphère.

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2005

 

© Gilles Penso

 

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LES RUINES (2008)

Un petit groupe de touristes décide d'aller explorer une vieille pyramide au fin fond de la forêt mexicains… Mais la végétation en a décidé autrement !

THE RUINS

2008 – USA

Réalisé par Carter Smith

Avec Jonathan Tucker, Laura Ramsey, Jena Malone, Shawn Ashmore, Joe Anderson, Sergio Calderon, Jesse Ramirez

THEMA VEGETAUX

L’écrivain Scott Smith fit beaucoup parler de lui en publiant son premier roman, « Un Plan Simple », dont Sam Raimi tira un thriller magnifique. Dès lors, Hollywood commença sérieusement à s’intéresser au jeune auteur, et dès qu’il acheva son manuscrit suivant, « Les Ruines », deux producteurs avisés en achetèrent aussitôt les droits : Stuart Cornfeld (Elephant Man, La Mouche, Mimic) et son partenaire Ben Stiller, plus connu pour ses grimaces à l’écran que pour ses travaux derrière la caméra. Adapté par Smith lui-même, Les Ruines raconte les vacances à Cancun d’Amy (Jena Malone) et Stacy (Laura Ramsey), deux amies de longue date, et de leurs boyfriends respectifs, Jeff (Jonathan Tucker) et Eric (Shawn Ashmore). Alors qu’ils paressent autour de la piscine de leur hôtel, nos quatre touristes américains font la connaissance de Mathias (Joe Anderson), un jeune Allemand dont le frère archéologue est en train d’étudier une pyramide Maya au cœur de la jungle mexicaine.

Séduit à l’idée d’aller visiter des ruines fermées au public, le petit groupe troque le confort et l’opulence contre un voyage en autocar local, une expédition en taxi-brousse et une longue marche. Lorsque la pyramide est enfin en vue, le spectacle vaut vraiment le détour. Majestueuse, parfaitement préservée, elle trône au milieu d’une végétation sauvage. En s’approchant, ils découvrent une étrange plante grimpante qui envahit chaque marche de la monumentale construction antique. Aussitôt, des villageois armés et hystériques surgissent de la forêt et ne laissent à nos touristes que deux choix : mourir sous le tir nourri de leurs flèches ou grimper au sommet de la pyramide. Paniqués, ils s’exécutent et comprennent bientôt la réaction des autochtones. La plante qui encercle les lieux est dotée d’une vie propre, d’une intelligence presque anthropomorphe et d’un insatiable appétit carnivore. En quête de sang, elle s’immisce sous la peau de ses hôtes humains, les ronge de l’intérieur et contamine peu à peu tous ceux qu’elle approche. Comment lutter contre une telle monstruosité ?

L'horreur qui rampe…

Les Ruines n’est pas exempt de défauts, loin s’en faut. L’intrigue met beaucoup de temps à démarrer, les protagonistes ne sont pas franchement intéressants, et une fois la situation dramatique exposée, les choses évoluent bien peu. On aurait aimé, par exemple, que la plante ne soit que la partie apparente d’un péril plus grand, d’un monstre ultime, équivalent des fameux « boss » des jeux vidéo. Là où l’on aurait pu espérer un bon gros monster movie ou un survival nerveux, nous n’avons droit qu’à un petit shocker dont le récit se serait fort bien contenté d’un court-métrage. Malgré ces faiblesses, Carter Smith excelle dans la construction d’un climat tendu et dans l’établissement de séquences de suspense extrême. La vision de ces végétaux rampant sous l’épiderme de leurs victimes affolées, réminiscence de La Nuit des vers géants, distille une terreur viscérale horriblement efficace. Quant aux éprouvantes opérations chirurgicales improvisées par nos héros pour tenter d’éradiquer la contamination, elles sont d’ores et déjà entrées dans la légende.  

© Gilles Penso

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