SAW (2004)

Contrairement à sa sanglante descendance, le premier Saw s'intéresse moins au gore qu'aux rebondissements tortueux d'une vertigineuse intrigue à tiroirs

SAW

2004 – USA

Réalisé par James Wan

Avec Leigh Whannell, Cary Elwes, Danny Glover, Monica Potter, Ken Leung, Dina Meyer, Mike Butters, Michael Emerson

THEMA TUEURS I SAGA SAW

Jusqu’alors inconnus au bataillon, les scénaristes James Wan et Leigh Whannell provoquèrent un petit raz de marée à Hollywood en faisant circuler le script de Saw, relecture surprenante du thème éculé du psycho-killer. Soucieux de convaincre d’éventuels financiers, ils tournèrent avec leurs économies l’une des scènes clefs du film et la montrèrent au producteur Gregg Hoffman qui décida aussitôt de se lancer dans l’aventure, acceptant les conditions posées par Wan et Whannell : le  premier réaliserait le film et le second y jouerait l’un des rôles principaux. Pour limiter les risques, Saw fut tourné dans des conditions précaires, avec un modeste budget de 1,2 million de dollars, un planning serré de 18 jours et un destin de film directement distribué en DVD. Les projections test enthousiasmantes en décidèrent autrement, et ce slasher d’un genre nouveau eut droit à une sortie en salles.

Dès ses premières minutes, Saw agrippe son spectateur et ne le lâche plus. Dans une salle de bain en décrépitude, deux hommes qui ne se connaissent pas se réveillent endoloris, chacun étant enchaîné à un des murs de la pièce. Au sol gît un cadavre ensanglanté. Pourquoi sont-ils là ? Qui les a enfermés ? David (Leigh Whannell) est un jeune photographe sans le sou, Lawrence Gordon (Cary Elwes) un chirurgien renommé, et rien ne semble les relier. Autour d’eux, plusieurs objets leur donnent des indices sur la situation et sur la marche à suivre : un revolver, des balles, des cigarettes, une clef, deux scies, des photos, des minicassettes et un dictaphone. Le kidnappeur leur lance bientôt un ultimatum sans appel : si Lawrence ne tue pas David d’ici 18 heures, sa famille sera massacrée… A priori, Saw évoque beaucoup Cube, avec ce prologue en forme de point d’interrogation dans un huis clos mystérieux, et Seven, à travers ce tueur vengeur dont la machiavélique intelligence semble suivre un plan minutieusement préétabli. Mais il faut surtout chercher les influences de Wan et Whannell ailleurs, du côté de l’Europe et du giallo italien.

Meurtres surréalistes

Car le surréalisme des meurtres et l’outrance des situations évoquent finalement plus Dario Argento et Mario Bava que Vincenzo Natali et David Fincher. Notamment ce désormais célèbre casque broyeur, réminiscence visuelle d’un des pièges de Terreur à l’opéra, ou cet emprisonnement dans les fils de fer hérité de Suspiria. Les mises à mort machiavéliques de L’Abominable docteur Phibes nous reviennent également en mémoire. D’ailleurs, cette marionnette de ventriloque que le « tueur au puzzle » emploie comme avatar se réfère directement à une imagerie « à l’ancienne » du cinéma d’épouvante. L’Œuvre d’Alfred Hitchcock figure également parmi les références de Saw, qui recycle habilement le flash de l’appareil photo de Fenêtre sur cour et les ciseaux du Crime était presque parfait. Summum de suspense, de tension et d’horreur psychologique, le premier long-métrage de James Wan est donc une perle rare truffée de trouvailles, bénéficiant en outre de la présence de Danny Glover, vieux routard venu prêter sa trogne familière à cette œuvre de jeunesse dont il apprécia l’inventivité et l’audace. Certes, le twist final est un peu gros et plutôt difficile avaler, mais il ménage une sacrée surprise et parachève en beauté ce bel exercice de style.
 

© Gilles Penso

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HALLOWEEN RESURRECTION (2002)

Non, Michael Myers n'était pas vraiment mort ! Le voilà star d'une émission de télé-réalité qui tourne au massacre…

HALLOWEEN RESURRECTION

2002 – USA

Réalisé par Rick Rosenthal

Avec Jamie Lee Curtis, Sean Patrick Thomas, Busta Rhymes, Tyra Banks, Bianca Kajilich, Thomas Ian Nicholas, Ryan Merrimam

THEMA TUEURS I SAGA HALLOWEEN

Halloween Résurrection de Rick Rosenthal, c’est un peu comme Alien la résurrection de Jean-Pierre Jeunet : la volonté de poursuivre coûte que coûte une franchise fort rémunératrice, malgré la mort violente et indiscutable du personnage principal à la fin du film précédent. Et si le quatrième Alien utilisait la thèse du clonage pour ressusciter Helen Ripley, les scénaristes de ce huitième Halloween optent pour une solution plus proche du serial des années 30. Nous avons tous vu de nos propres yeux Michael Myers se faire décapiter d’un coup de hache par Laurie Strode au cours du climax d’Halloween 20 ans après. Et bien ce n’était qu’un leurre ! En réalité, le tueur fratricide a troqué son bleu de travail et son masque blanc contre un costume de policier, comme dans Le Silence des agneaux, et c’est donc un innocent gardien de la paix qui a perdu la tête. Traumatisée par cette méprise, Laurie végète depuis trois ans dans un asile psychiatrique, jusqu’à ce que son frère ne vienne lui rendre visite et ne la trucide d’un coup de couteau bien placé. Exit donc cette bonne vieille Jamie Lee Curtis, place à une nouvelle livrée de victimes jeunes et glamour. Ces derniers sont une demi-douzaine d’adolescents qui acceptent de passer une nuit dans la maison de Michael Myers, à Haddonfield, à l’occasion d’un jeu de télé-réalité retransmis en direct sur le site internet du producteur Fred Harris, répondant au doux nom de « dangertainment.com ».

Le concept est des plus séduisants, en ce sens qu’il porte en lui le potentiel d’une belle satire des médias, de la starification en série et de la quête de popularité éphémère. Hélas, ce postulat n’est qu’un prétexte terriblement sous-exploité, et les meurtres de nos ados suivent un schéma terriblement codifié qui ne suscite aucune surprise, malgré quelques clins d’œils inattendus comme cet assassinat au pied de caméra visiblement inspiré par Le Voyeur. C’est d’autant plus dommage que le scénario permettait de savoureux exercices de mise en abîme, lesquels ne sont que timidement ébauchés lorsque deux psycho-killers se croisent dans la maison par exemple (le vrai et un acteur costumé), ou lorsque l’organisateur du jeu déclare que Michael Myers est un concept juteux qu’on ressort tous les ans pour renflouer les caisses…

Un concept juteux

On croirait entendre parler Mustapha Akkad, producteur de tous les films de la série depuis Halloween 4 ! Car franchement, Halloween 20 ans après eut constitué un point final idéal pour cette série en perte de vitesse permanente. Le rôle du maître de cérémonie est ici attribué au rappeur Busta Rhymes, qui cabotine sans l’once d’une finesse, à l’instar de la majeure partie du casting, handicapé il est vrai par une caractérisation filiforme et des dialogues stupides. Rien de bien neuf à l’horizon, donc, malgré une mise en scène plutôt efficace de Rick Rosenthal (déjà aux commandes d’un fort honorable Halloween 2) jouant avec les images captées par les caméras vidéo que portent les protagonistes (d’où d’inévitables réminiscences du Projet Blair Witch), et malgré une intéressante partition de Danny Lux réorchestrant une nouvelle fois le célèbre thème de John Carpenter.

 

© Gilles Penso

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HALLOWEEN : 20 ANS APRES (1998)

Ne tenant aucunement compte des épisodes précédents, cet épisode anniversaire ramène Jamie Lee Curtis sur le devant de la scène

HALLOWEEN H20

1998 – USA

Réalisé par Steve Miner

Avec Jamie Lee Curtis, Josh Hartnett, LL Cool J, Adam Arkin, Michelle Williams, Janet Leigh

THEMA TUEUR I SAGA HALLOWEEN

Scream ayant sapé les bases du slasher traditionnel en en démontant tous les mécanismes, la saga Halloween ne pouvait plus se contenter de suivre sa petite routine. Pour ce septième épisode, les producteurs décidèrent donc de laisser tomber les réalisateurs anonymes au profit d’un vrai spécialiste du genre. C’est donc Steve Miner (Le Tueur du vendredi, House, Warlock) qui hérita du bébé. Deuxième apport de taille : le retour de Jamie Lee Curtis, absente de la « saga » depuis le deuxième épisode. Le troisième parti pris décisif est corollaire du second : ignorer purement et simplement les quatre films précédents – comme s’ils n’avaient jamais existé – pour se concentrer sur le personnage de Laurie Strode (Curtis, donc).

Comme son titre l’indique, Halloween 20 ans après se situe deux décennies après le massacre perpétré par Michael Myers dans la petite ville d’Haddonfield. Toujours hantée par le psychopathe au masque blanc, sa sœur Laurie, qui vit dans l’anonymat sous le nom de Keri Tate, redoute tout particulièrement la soirée d’Halloween, que son fils John et son groupe de copains ont décidé de fêter dans un collège désaffecté. Evidemment, ce grand malade de Michael revient sur les lieux de son crime et se remet à planter opiniâtrement son grand couteau dans la chair humaine. Suivant la voie de Kevin Bacon et Johnny Depp, qui firent tous deux leurs débuts dans un slasher (le premier dans Vendredi 13, le second dans Les Griffes de la nuit), Josh Hartnett tient ici son premier rôle sous la défroque de John Tate. Aux côtés du futur héros de Pearl Harbor, on trouve d’autres visages familiers comme L.L. Cool J ou Janet Leigh, inoubliable vedette de Psychose qui est aussi, rappelons-le, la mère de Jamie Lee Curtis.

Aucun véritable sang neuf

Empli de références et pavé de bonnes intentions, Halloween 20 ans plus tard a pourtant du mal à contourner les lieux communs et susciter un réel intérêt. Malgré un budget plus confortable qu’à l’accoutumée (17 millions de dollars, plus du triple de celui d’Halloween 6) et une volonté visible de revenir aux sources de la saga, cette séquelle anniversaire se perd dans les méandres du cliché et n’apporte aucun sang neuf au mythe créé par John Carpenter. A ce constat s’adjoint une déception d’ordre artistique liée à la bande originale. John Ottman, le compositeur attitré de Bryan Singer, écrivit en effet pour ce septième Halloween une partition flamboyante et énergique, reprenant notamment sur un mode symphonique le fameux thème de John Carpenter. Hélas, les producteurs décidèrent de la remplacer en grande partie par d’anciens morceaux composés par Marco Beltrami pour d’autres films (Scream, Scream 2 et Mimic). Une décision absurde et franchement douteuse, qui découle directement des dérives du « temp tracking » et qui dénote une volonté maladroite de surfer sur le succès du slasher de Wes Craven. Certes, Halloween 20 ans après demeure probablement l’une des séquelles les moins brouillonnes de La Nuit des masques, mais son intérêt demeure très limité et rien de bien mémorable ne s’y déroule, à part peut-être son dénouement choc plutôt osé… mais hélas gâché par la séquelle suivante.

© Gilles Penso

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HALLOWEEN 6 : LA MALEDICTION (1995)

Rien ne va plus dans la franchise Halloween dont le premier cycle s'achèvera avec cet opus d'une grande médiocrité

HALLOWEEN : THE CURSE OF MICHAEL MYERS

1995 – USA

Réalisé par Joe Chappelle

Avec Donald Pleasence, Paul Rudd, Marianne Hagan, Mitch Ryan, Kim Darby, Bradford English, Keith Bogart

THEMA TUEURS I SAGA HALLOWEEN

Qu’espérer d’une énième séquelle d’Halloween après les inepties de l’épisode 5 ? Pas grand-chose en vérité. Et c’est exactement ce que nous propose ce sixième opus, raclant les fonds de tiroir, peinant terriblement pour raccorder son intrigue à celle des films précédents et se trouver une légitimité au sein de la saga, quitte à accumuler en chemin des incohérences colossales. Signé Daniel Farrands, le scénario fut d’ailleurs réécrit plus de dix fois avant les premiers tours de manivelle, et ça se sent. Au cours du prologue, la jeune Jamie Strode (J.C. Brandy) accouche dans un lieu étrange, sombre et empli de bougies fort décoratives. Là sévissent le tueur Michael Myers et un étrange personnage coiffé d’un chapeau (est-ce le même que celui qui hantait bizarrement l’épisode précédent, affublé de bottes ferrées ? Nous n’en saurons jamais rien). Parvenant à s’enfuir avec son bébé, Jamie tente de prévenir la radio locale d’Haddonfield que le tueur au masque blanc sévit toujours. Mais personne ne la croit. Nous sommes en effet la veille d’Halloween, et les blagues de cet acabit sont légion. Fatalement, ce bon gros Michael finit par la retrouver et la trucide sans autre forme de procès. Fort heureusement, le bébé lui échappe. C’est le jeune Tommy (Paul Rudd), que gardait Laurie Strode lorsqu’elle était baby sitter, qui le déniche et le cache. Nous apprenons bientôt que Michael Myers ne tue pas par hasard, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, mais respecte une prophétie druidique qui consiste à assassiner tous les membres d’une famille pour sauver le reste du monde, menacé par une malédiction ancestrale. Pour éviter le cataclysme promis, l’enfant doit être sacrifié à son tour.

Nous naviguons donc dans du grand n’importe quoi, et les choses ne font hélas qu’empirer au fil du métrage. Myers n’est ici qu’un gorille au service d’une espèce de secte absurde vouée au mal, ses membres se drapant de noir et trouvant refuge dans un hôpital psychiatrique, au grand dam du docteur Loomis (Donald Pleasence toujours). Bien en peine de créer des scènes d’épouvante digne de ce nom, le réalisateur Joe Chappelle abuse des déflagrations sonores qu’il nous assène chaque fois qu’une main se pose sur l’épaule d’un personnage, dans l’espoir de faire sursauter les spectateurs. Peine perdue, la plupart se sont déjà endormis.

Le chant du cygne de Donald Pleasence

La bande son en fait donc souvent des caisses, et malgré une intéressante variante hard-rock sur le thème musical composé par Carpenter (uniquement proposée au cours de la scène d’intro), aucune inventivité n’est à signaler. Il en est de même du côté des meurtres en série, certes violents mais fort peu imaginatifs. Quant à la poursuite finale dans les couloirs de l’hôpital, elle ne véhicule aucun suspense et s’achève sur un épilogue grotesque. Ce fut le dernier film de Donald Plesance, qui s’éteignit avant la fin du tournage. Halloween 6 lui est dédié, mais cet immense acteur eut mérité un plus glorieux chant du cygne. Joe Chappelle, pour sa part, allait plus tard redorer son blason en produisant notamment quelques séries à succès comme Sur écoute ou Les Experts Miami.

 

© Gilles Penso

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HALLOWEEN 4 : LE RETOUR DE MICHAEL MYERS (1988)

L'écart du troisième épisode n'ayant pas plu à tout le monde, Michael Myers revient sagement semer la terreur dans ce quatrième opus prévisible

HALLOWEEN 4 : THE RETURN OF MICHAEL MYERS

1988 – USA

Réalisé par Dwight H. Little

Avec Donald Pleasence, Ellie Cornell, Danielle Harris, George P. Wilbur, Beau Starr, Michael Pataki, Kathleen Kinmont

THEMA TUEUR I SAGA HALLOWEEN

Lancer sur les écrans un Halloween 3 dénué de la moindre allusion à Michael Myers constituait un pari osé, mais n’était-ce pas tuer la poule aux œufs d’or ? Face à l’accueil mitigé de ce troisième opus volontairement hors sujet, Halloween 4 marque le retour du croquemitaine au visage blanc, ce que souligne sans équivoque le sous-titre « le retour de Michael Myers ». Ce quatrième opus marque également le dixième anniversaire de la création du personnage. A cette occasion, John Carpenter fut invité à imaginer une histoire originale, laquelle concernait des événements surnaturels touchant les habitants de la ville d’Haddonfield suite aux funestes événements survenus dans les deux premiers Halloween. Plus proche de Fog que de La Nuit des masques, cette approche fut jugée trop peu conformiste par des producteurs peu imaginatifs soucieux de revenir à la formule du slasher classique.

Exit donc Carpenter, place au scénariste Alan B. McElroy (futur auteur de Spawn et Détour mortel) et au réalisateur Dwight H. Little. McElroy s’acquitta de sa tâche en une dizaine de jours et livra un script laissant finalement peu de place à la surprise. L’intrigue se situe logiquement en 1988. Michael Myers, qui a tenté dix ans plus tôt de tuer sa sœur Laurie, émerge de l’état cataleptique dans lequel il se trouvait depuis lors. Il réussit à s’enfuir à l’occasion d’un transfert et rejoint Haddonfield, sa ville natale. C’est le début d’une nouvelle succession de meurtres… Dwight Little maîtrise certes les scènes d’action, comme le confirme cette impressionnante poursuite sur le toit, ainsi que les moments de suspense pur (savoir-faire qu’il réutilisera sur des séries comme 24 heures chrono ou Prison Break). Mais le film ne sort pas vraiment de la routine du genre. A grand renfort de plans fort convenus (caméras subjectives, travellings au grand-angle, avant-plans inquiétants), on nous ressert donc l’habituel lot de meurtres, de protagonistes superficiels et de dialogues sentencieux.

« Vous ne pouvez pas tuer la damnation… »

Dans ce domaine, le docteur Loomis (Donald Pleasence) continue sur la voie ouverte dix ans plus tôt («Vous parlez de lui comme si c’était un homme, or cette partie de lui est morte il y a bien longtemps», énonce-t-il gravement), tandis que le personnage de Jack Sayer (Carmen Filipi) en rajoute avec emphase : « Apocalypse, Fin du Monde, Armageddon, ça a toujours un visage et un nom .Vous ne pouvez pas tuer la damnation, elle ne meurt pas comme un homme ! ». Le seul personnage qui présente un peu d’intérêt est Jamie, la nièce de Myers, incarnée par une petite Danielle Harris très expressive. Par son intermédiaire, le dénouement, qui constitue la partie la plus réussie du film, nous renvoie au prologue de La Nuit des masques et clôt la série sur une note très peu rassurante. Trop peu sanglant aux yeux du producteur Moustapha Akad, le premier montage fut modifié à la dernière minute, incluant des séquences gore tournées spécialement par le maquilleur John Carl Buechler, coutumier du genre (Re-Animator, From Beyond).

© Gilles Penso

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L’ÉCHINE DU DIABLE (2001)

Guillermo del Toro inscrit le fantastique dans un contexte historique tangible et s'interroge sur la nature des fantômes

EL ESPINAZO DEL DIABLO

2001 – ESPAGNE / MEXIQUE

Réalisé par Guillermo del Toro

Avec Eduardo Noriega, Marisa Paredes, Federico Luppi, Iñigo Garcés, Fernando Tielve, Irene Visedo, Jose Manuel Lorenzo  

THEMA FANTÔMES

Cronos, son premier long-métrage, ayant beaucoup fait parler de lui, Guillermo del Toro eut immédiatement accès aux gros studios hollywoodiens auprès desquels il se fourvoya dans un Mimic inabouti. Avec L’Echine du diable, il revient à une production plus modeste, orchestrée par Pedro Almodovar. Se laissant porter par ses propres souvenirs d’enfance et par ses croyances de l’époque, le cinéaste signe ici une œuvre magnifique et maîtrisée de bout en bout, aboutissement de plus de quinze ans de gestation (Del Toro en commença l’écriture alors qu’il était encore au lycée) qui porte en germe toutes les composantes de son futur chef d’œuvre Le Labyrinthe de Pan. Les premières images du film, énigmatiques, sont portées par la voix off du vénérable Federico Luppi (héros de Cronos), nous offrant une définition poétique du mot fantôme : « Qu’est-ce qu’un fantôme ? Un fait terrible condamné à se répéter encore et encore ? Un instant de douleur, peut-être. Quelque chose de mort qui semble encore en vie. Un sentiment suspendu dans le temps, comme une photo floue, comme un insecte piégé dans l’ambre. »

Nous découvrons alors le contexte historique du film : la guerre civile espagnole. Carlos, un garçon de douze ans qui vient de perdre son père, débarque à Santa Lucia, un établissement catholique pour orphelins. Il est confié par son tuteur à la directrice Carmen (Marisa Paredes, inoubliable dans Talons aiguilles, La Vie est belle et Tout sur ma mère), et au vieux professeur Casares (Lupi). Dès qu’il découvre les lieux, Carlos se heurte à l’hostilité de ses camarades et de Jacinto (Eduardo Noriega, héros de Tesis et Ouvre les yeux d’Alejandro Amenabar), un homme à tout faire brutal qui semble très attiré par l’or de la cause républicaine caché quelque part en ces lieux sinistres. Bientôt, Carlos découvre que le sous-sol est hanté par le fantôme d’un garçon qui lui rend régulièrement visite et qui semble porter un lourd secret…

Un drame humain mâtiné de poésie âpre

Chaque apparition de ce spectre décharné dont le sang s’échappe de sa tête en flottant, partiellement inspiré des fantômes japonais fleurissant sur les écrans depuis Ring, est pour le moins effrayant. Mais L’Echine du diable joue moins la carte de l’horreur que celle du drame humain mâtiné de poésie âpre. D’ailleurs, les pires exactions ne sont pas ici commises par les fantômes mais par les humains, comme en témoignent la révélation finale et un climax particulièrement violent. Les partis pris visuels du film sont forts, notamment une image saturée, presque sépia, signée Guillermo Navarro et quelques visions quasi-surréalistes comme cette immense bombe plantée dans la cour de l’orphelinat, épée de Damoclès menaçant à retardement chaque protagoniste, ou ce bocal de formol abritant le fœtus d’un enfant à la colonne vertébrale malformée, à laquelle le film doit son titre. Quant au casting, il est tout simplement parfait, adultes comme enfants rivalisant de justesse et de sensibilité. Fort de ces multiples atouts, L’Echine du diable est ni plus ni moins l’une des plus belles histoires de fantômes jamais portées à l’écran. Quel dommage qu’il soit autant passé inaperçu au moment de sa sortie en salles…

© Gilles Penso

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BLADE 2 (2002)

Guillermo del Toro réalise le meilleur opus d'une trilogie vampirique inégale inspirée d'un comics Marvel

BLADE 2

2002 – USA

Réalisé par Guillermo del Toro

Avec Wesley Snipes, Ron Perlman, Kris Kristoferson, Leonor Varela, Norman Reedus, Thomas Kretschmann, Luke Goss

THEMA VAMPIRES I SAGA BLADE 

Blade remporta un certain succès auprès du public, d’autant qu’il s’était affirmé comme la première adaptation cinématographique d’un personnage Marvel digne de ce nom. Une séquelle fut donc aussitôt envisagée, mais Stephen Norrington décida de ne pas la diriger, afin d’éviter de se répéter. La réalisation fut alors confiée à Guillermo del Toro, qui avait déjà abordé le thème du vampirisme de manière très expérimentale dans Cronos avant de mettre en scène Mimic, son premier film hollywoodien. Or en se réappropriant le légendaire personnage de Blade, Del Toro trouve enfin le parfait équilibre entre sa sensibilité artistique et les contraintes d’une superproduction de studio, menant tambour battant une séquelle très supérieure au film original. Le scénario de David S. Goyer, truffé de rebondissements et de chausse-trappes, s’articule autour d’un commando de vampires dirigé par l’arrogant Reinhardt (l’excellent Ron Perlman) que Blade est obligé d’épauler pour lutter contre un ennemi commun des plus redoutable : le Faucheur, un mutant insensible à l’argent, au pieu et à l’ail, et se nourrissant du sang des vampires !

Et c’est parti pour 100 minutes d’action ininterrompue, propres à ravir les fans d’horreur, d’arts martiaux et d’effets spéciaux spectaculaires. Dans ce dernier domaine, le mélange de 3D et de maquillages spéciaux permet de visualiser l’ouverture des hideuses mâchoires des Faucheurs, conçues comme des gueules carnassières multiples et visqueuses qui rappellent celles d’Alien et de Predator. Les trucages numériques permettent également de mettre en scène d’étonnantes désintégrations lorsque les vampires sont touchés par des balles d’argent ou lorsque les Faucheurs sont exposés à la lumière du jour. Les combats, très nombreux et pourtant jamais répétitifs, s’inscrivent dans l’héritage logique du cinéma de Hong-Kong et des jeux vidéo, mais sans pour autant marcher sur le terrain balisé par Matrix. Plus charismatique que jamais, Wesley Snipes mouille une fois de plus sa chemise et délivre au passage la célèbre réplique « garde tes amis proches de toi et tes ennemis encore plus proches », se référant ainsi à Sun Tzu comme il le fit déjà dans Passager 57, Soleil levant et L’Art de la guerre.

Le sang des vampires

Au beau milieu de cette frénésie musclée, Blade 2 se permet pourtant une poignée de moments franchement émouvants, comme dans la scène où Blade offre son sang à Nyssa (Leonor Varela) pour qu’elle survive, ou au cours d’un dénouement magnifique et poignant. Emaillant le film de références à d’autres héros de comic books (Daredevil, Docteur Strange, Hellboy), Guillermo del Toro se permet aussi quelques touches d’humour irrésistibles. Témoin ce passage où un personnage à qui Blade demande « êtes-vous humain ? », lui répond sans sourciller « à peine, je suis avocat » ! Blade 2 est donc une surprise permanente, un cinéma jouissif et extrême qui fait vraiment plaisir à voir. Et pour ne rien gâter, Marco Beltrami a remplacé Mark Isham, qui avait signé une bande originale sombre et planante dans le premier Blade, pour composer une musique pleine d’emphase et d’énergie.

 

© Gilles Penso

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HELLBOY 2 : LES LEGIONS D’OR MAUDITES (2008)

Un second épisode encore plus riche et foisonnant que le précédent, dans lequel Guillermo del Toro injecte toutes ses influences

HELLBOY 2 : THE GOLDEN ARMY

2008 – USA

Réalisé par Guillermo del Toro

Avec Ron Perlman, Selma Blair, Doug Jones, James Dodd, Jeffrey Tambor, John Alexander, Luke Goss, Anna Walton, John Hurt

THEMA DIABLE ET DEMONS I SUPER-HEROS I VEGETAUX I SAGA HELLBOY

Plus encore que son prédécesseur, Hellboy 2 est un film-fusion qui mixe les codes du super-héros de comic book avec l’héroïc fantasy et la science-fiction rétro-futuriste. C’est aussi une œuvre-somme, Guillermo del Toro y injectant plusieurs composantes de sa propre filmographie (de Cronos à Blade 2 en passant par Le Labyrinthe de Pan). Le film démarre sur un flash-back au cours duquel Hellboy, encore enfant, se fait conter la légende de l’armée d’or par son père (John Hurt). En hommage aux films d’animation des pays de l’Est, de magnifiques marionnettes en 3D donnent corps à ce récit mythique, avant que l’action ne se transporte au présent. Une vente aux enchères d’objets antiques y est brutalement interrompue par l’arrivée du prince Nuada (Luke Goss), accompagné d’un monstrueux colosse équipé d’une main métallique autonome. Opiniâtre, Nuada récupère un des fragments de la couronne qui, selon la légende, commande l’armée d’or, puis s’enfuit en lâchant sur la foule une horde de bêtes tentaculaires cousines des face-huggers d’Alien.

L’équipe du Bureau de Recherche et de Défense Paranormale est aussitôt sollicitée. Hellboy (Ron Perlman), sa petite amie Liz (Selma Blair) et l’homme-poisson Abe Sapien (Doug Jones) mènent donc l’enquête dans la salle des ventes dévastée et se heurtent à une nuée de « fées des dents », des créatures insectoïdes qui raffolent de chair humaine, d’os et d’organes. Un peu dépassée par les événements, notre petite unité se voit adjoindre un nouveau supérieur : l’agent Johann Krauss, un être protoplasmique au fort accent allemand engoncé dans une armure digne de Jules Verne. Pendant ce temps, Nuada occis son propre père et récupère la deuxième partie de la couronne. La dernière pièce est entre les mains de sa sœur Nuala (Anna Walton), qui trouve refuge dans le marché des Trolls, un souterrain bigarré empli de monstres excentriques à faire pâlir de jalousie le Cantina Band de La Guerre des étoiles.

Hommages à Ray Harryhausen

A travers Hellboy 2, Guillermo del Toro rend hommage au maître des effets spéciaux Ray Harryhausen. L’influence du créateur de Jason et les Argonautes est tangible dans plusieurs séquences démentes : la gigantesque entité végétale tentaculaire qui attaque la ville en pleine nuit, le géant de pierre qui émerge de la terre ou encore le réveil de l’armée d’or. La cinéphilie du cinéaste et son amour des monstres trouvent par ailleurs leur écho sur le téléviseur d’Hellboy qui diffuse La Fiancée de Frankenstein et L’Etrange créature du lac noir. Si ce second épisode enchaîne à un rythme effréné les scènes mouvementées et abonde de monstres plus surprenant les uns que les autres, il approfondit également ses personnages, leurs failles, leur mal-être et leurs dilemmes, notamment lorsqu’ils font face à l’Ange de la Mort, une entité terrifiante au visage en forme de hallebarde et aux ailes de rapace ornées d’yeux inquisiteurs. Le climax est évidemment l’affrontement contre les légions d’or, prélude musclé à un épilogue en forme de porte ouverte propre à enthousiasmer tous les fans du démon écarlate amateur de cigares.  Vivement la suite !

 

© Gilles Penso  

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AUSTIN POWERS : L’ESPION QUI M’A TIREE (1999)

Un deuxième épisode encore plus délirant que son prédécesseur, dont l'une des meilleures idées est sans conteste l'invention du personnage de « Mini Me »

AUSTIN POWERS, THE SPY WHO SHAGGED ME

1999 – USA

Réalisé par Jay Roach

Avec Mike Myers, Heather Graham, Seth Green, Michael York, Robert Wagner, Rob Lowe, Verne Troyer

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA AUSTIN POWERS

Une fois n’est pas coutume, Austin Powers l’espion qui m’a tirée (amis de la subtilité bonsoir !) est plus réussi encore que l’épisode précédent. Les petites pertes de rythme et les quelques gags un peu mous du premier Austin Powers ont complètement disparu, et la folie semble avoir gagné les scénaristes, à la grande joie d’un public qui en redemande. Ici, le docteur Denfer utilise une machine à remonter le temps pour se transporter en 1969 afin de dérober l’arme secrète d’Austin Powers, son « mojo » (autrement dit son fluide sexuel). L’agent secret britannique s’empresse de rejoindre son ennemi de toujours dans les années 60 afin de l’affronter et de recouvrer son intégrité, avec l’aide de la délicieuse espionne Felicity Shagwell. Denfer envisage pour sa part d’installer sur la Lune un canon gigantesque, auquel il aimerait donner le nom d’« Etoile Noire » ou d’« Alan Parson’s Project » !

James Bond contre Dr No, On ne vit que deux fois, Cosmos 1999, Moonraker, Au cœur du temps, L’Empire contre-attaque, Retour vers le futur, tout passe à la moulinette parodique de Mike Myers et Jay Roach, qui s’érigent là en dignes successeurs du trio Zucker-Abrahams-Zucker. Plus que jamais, Myers effectue un véritable grand écart humoristique entre le rire gras des Frères Farelli (Mary à tout prix et consorts) et le flegme britannique de Peter Sellers, qui adorait lui-même multiplier les métamorphoses, comme le prouve notamment son triple personnage de Docteur Folamour. Ainsi, le comédien s’octroie-t-il ici trois rôles antithétiques : Austin Powers, bien sûr, le docteur Denfer, toujours, mais aussi l’immonde Gras Double, un Ecossais obèse dont le maquillage étonnant (qui nécessitait pas moins de sept heures de pose) est l’œuvre de rien moins que Stan Winston (Jurassic Park).

Austin Powers dans la Lune !

Autres trouvailles du casting : choisir Rob Lowe pour interpréter Robert Wagner jeune, et demander au nain cascadeur Verne Troyer de jouer une version miniature du docteur Denfer, le fameux Mini Me entré depuis dans la légende. Myers semble là se référer à L’Île du docteur Moreau de John Frankenheimer, dans lequel Marlon Brando conversait avec un confident miniature au cours de longues séquences involontairement drôles. Quant à la « Austin Power’s Girl » de cette séquelle, il ne s’agit plus d’Elizabeth Hurley, mise au rencard en quelques minutes à l’occasion d’un prologue robotique expéditif, mais d’Heather Graham, qu’on avait connue bien moins extravertie dans la série Twin Peaks. L’hommage aux 007 d’antan passe par la mise en scène de décors grandioses, notamment les deux repaires des méchants, l’un dans le cratère d’un volcan, l’autre à la surface de la Lune ! Le compositeur George S. Clinton, de son côté, poursuit ses clins d’œils aux partitions flamboyantes de John Barry, reprenant quasiment des passages entiers de la mythique bande originale d’On ne vit que deux fois. Face à l’immense succès de cette séquelle, qui remporta plus en un seul week-end que le film précédent au cours de sa carrière cinématographique complète, il était clair que la série n’allait pas s’en tenir là…

 

© Gilles Penso

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BONS BAISERS DE PEKIN (1994)

Une parodie mouvementée mais maladroite de James Bond, réalisée et interprétée par la star de Shaolin Soccer

GWOK CHEEN LING LING CHAT / FROM BEIJING WITH LOVE

1994 – HONG-KONG

Réalisé par Stephen Chow et Lik-Chi Lee

Avec Stephen Chow, Anita Yuen, Pauline Chan, Kar Ying Lau, Joe Cheng, Kam-Kong Wong, Ming Wa Goo, Lik-Chi Lee, Indra Leech 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Le succès planétaire de Shaolin Soccer en 2001 propulsa l’acteur/réalisateur Stephen Chow sur le devant de la scène et incita les distributeurs à ressortir quelques-uns de ses anciens opus, dont ce Bons baisers de Pékin co-réalisé en 1994 avec Lik-Chi Lee. Le titre annonce assez clairement la couleur : nous avons ici affaire à une parodie des aventures de James Bond, et le prologue, délirant à souhait, s’avère très prometteur. Suite au vol d’un crâne de dinosaure d’une très grande valeur par une organisation criminelle inconnue, le gouvernement chinois dépêche un agent secret hyper-entraîné. Hélas, celui-ci succombe sous les balles perforantes de « l’homme au pistolet d’or », un super-vilain redoutable qui porte une armure indestructible à la Robocop.

N’ayant plus d’espion disponible, les services secrets sont donc contraints de faire appel à Ling Ling Chat (autrement dit Zéro Zéro Sept), un jeune homme maladroit qui avait été recalé aux tests de recrutement du gouvernement et officie dès lors comme boucher sur un marché. « Le pays ne m’a donc pas oublié ! » constate-t-il fièrement. « Même une feuille de papier toilette a un usage « , rétorque avec sagesse le commandant qui lui donne son ordre de mission. Mais il y a de la trahison dans l’air, et notre agent virtuose du hachoir ne vas pas tarder à découvrir que Siu Kam (Anita Yuen), la jolie tireuse avec laquelle il fait équipe, a pour mission secrète de le liquider toutes affaires cessantes… Comme on peut s’y attendre, les allusions à Bond abondent (!), du dry martini à la visite de la salle aux gadgets en passant par le méchant aux dents métalliques (et aux poings éjectables façon Goldorak).

« C'est un dinosaure chinois, il aime les enfants ! »

Mais le pastiche demeure très superficiel et ne transcende jamais le matériau imité, comme en témoigne la musique du film, imitation très maladroite du James Bond Theme mais aussi de la B.O. d’Ennio Morricone pour Les Incorruptibles. Finalement, seuls quelques gags réussis surnagent, notamment lorsque Ling Ling Chat utilise une valise à ressorts pour sauter au-dessus d’un mur et bondit en poussant un cri à la Bioman… avant de s’écraser lamentablement contre la paroi. On pourra également s’égayer face à quelques dialogues absurdes (« c’est un dinosaure chinois, il aime les enfants ! ») ou devant des séquences d’une vulgarité assumée (en guise d’anesthésie pendant que sa compagne lui extrait une balle du corps, le héros visionne un film porno avec beaucoup d’enthousiasme). D’une manière générale, l’humour de Bons baisers de Pékin est plutôt faible, voire franchement sinistre (le père abattu sous les yeux de son enfant, les condamnés à mort qui supplient les tireurs de les épargner). La grande erreur du film est surtout de se contenter de ses effets comiques sans jamais chercher à construire une intrigue digne de ce nom. Le scénario n’ayant finalement pas le moindre intérêt (on ne saura d’ailleurs jamais à quoi sert ce crâne de dinosaure), le spectateur a de grandes chances de rester insensible à cette parodie pataude. Cinq ans plus tard, Austin Powers allait fort heureusement offrir à la franchise James Bond une parodie digne de ce nom.

 

© Gilles Penso

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