ENDIABLÉ (2000)

Dans ce remake du Fantasmes de Stanley Donen, Brendan Fraser rencontre le diable incarné par… Elizabeth Hurley !

BEDAZZLED

2000 – USA

Réalisé par Harold Ramis

Avec Brenda Fraser, Elizabeth Hurley, Frances O’Connor, Miriam Shor, Orlando Jones, Paul Adelstein, Toby Huss

THEMA DIABLE ET DEMONS

Harold Ramis aime mêler avec audace comédie et fantastique, comme le démontrent S.O.S. fantômes (dont il fut co-auteur et co-vedette), Un Jour sans fin et Mes doubles ma femme et moi. Pour son huitième long-métrage, il semble avoir perdu quelque peu l’inspiration, puisqu’il se contente de réactualiser le Fantasmes de Stanley Donen. Le refrain est connu : un homme mal dans sa peau pactise avec le diable pour améliorer sa vie et posséder la femme dont il est épris, en échange de son âme et d’une damnation éternelle après sa mort. La nouveauté réside dans le Malin lui-même, qui prend ici les traits envoûtants et sexy d’Elizabeth Hurley (reprenant le rôle tenu à l’origine par Peter Cook tout en rendant hommage à l’inoubliable prestation de Raquel Welch en personnification de la luxure), laquelle change de tenue à chaque scène, voire même en cours de plan (on en dénombre une bonne vingtaine en tout). « Je suis le diable ! Satan ! Lucifer ! Belzébuth ! Le Prince des Ténèbres ! », annonce-t-elle, avant de rectifier : « enfin, la Princesse des Ténèbres plutôt ».

Au-delà des charmes indiscutables de l’héroïne d’Austin Powers, le film repose presque entièrement sur les larges épaules de Brendan Fraser, l’acteur caméléon de George de la jungle et La Momie, qui se prête volontiers au jeu des métamorphoses au fil d’un récit empruntant sa structure au film à sketches. Ainsi, selon les vœux qu’il réalise, le voilà tour à tour transformé en milliardaire cubain, en adolescent attardé à la sensibilité exacerbée, en basketteur gigantesque et stupide, en dandy séduisant à la culture encyclopédique, ou carrément en président Lincoln ! Chaque saynette s’avère savoureuse, malgré un humour évacuant toute finesse, et s’achève sur une chute révélant un vice de forme imprévu dans les souhaits formulés par le pauvre homme. Ainsi, malgré une morale assénée un peu lourdement, le message passe plutôt bien : à quoi bon souhaiter l’impossible quand on peut changer seul le cours de sa destinée ? C’est doucereux, gentil tout plein et très hollywoodien, mais il faut reconnaître que l’approche comique fait plus facilement passer la pilule.

La Barbra Streisand du mal !

D’autant que la fin du film relativise le manichéisme de rigueur en telle circonstance, et que lorsque le diable apparaît furtivement sous sa forme iconographique traditionnelle (rouge, cornu, armé d’une fourche au beau milieu des flammes), Liz Hurley s’empresse de nous dire qu’il ne s’agit que d’effets spéciaux destinés à impressionner les gogos ! L’une des scènes coupées du film, accessible sur le DVD, prouve cependant qu’Endiablé fut conçu à l’origine comme un produit moins « politiquement correct » que celui qui fut présenté au public. Brendan Fraser s’y transformait en leader british d’un groupe de metal, sans qu’Harold Ramis ne se réfrène en matière de sexe, de drogue et de rock’n roll. Mais pour que le produit reste accessible au public américain le plus large, la plupart de ses aspérités furent hélas gommées. Endiablé demeure tout de même délectable et extrêmement divertissant, multipliant les dialogues absurdes (« ce n’est pas facile d’être la Barbra Streisand du Mal ! ») et nous offrant une variante enjouée sur l’éternel mythe de Faust.

 

© Gilles Penso

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CŒUR D’ENCRE (2008)

Brendan Fraser incarne un écrivain doué d'un talent très particulier : ce qu'il raconte à voix haute se matérialise dans la réalité

INKHEART

2008 – USA / GB / ALLEMAGNE

Réalisé par Iain Softley

Avec Brendan Fraser, Paul Bettany, Helen Mirren, Jim Broadbent, Andy Serkis, Eliza Hope Bennett, Rafi Gavron, Sienna Guillory

THEMA CONTES

En quelques années, Brendan Fraser s’est spécialisé dans l’aventure fantastique tout public. Après George de la jungle, Endiablé, Monkeybone, Les Looney Tunes passent à l’attaque, les trois épisodes de La Momie et Voyage au centre de la Terre, le voilà en tête d’affiche de Cœur d’encre, adaptation du best seller homonyme de Cornelia Funke. C’est d’ailleurs la romancière elle-même, également productrice du film, qui jeta son dévolu sur le comédien, interprète idéal à ses yeux du héros Mo Folchart, qui possède le don de donner vie aux personnages des livres qu’il lit à voix haute. Or chaque fois qu’un être de fiction surgit d’une page, une personne du monde réel disparaît en contrepartie à l’intérieur de l’ouvrage. C’est ainsi que Mo a perdu son épouse Resa (Sienna Guillory). Depuis, accompagné de sa fille Meggie (Eliza Hope Bennett), il visite toutes les vieilles librairies, tous les bouquinistes et tous les marchés au livre du monde en quête d’un exemplaire de « Cœur d’Encre », l’ouvrage où s’est volatilisée Resa. Mais plusieurs personnages de ce conte fantastique se sont déjà installés dans le monde réel, notamment le redoutable Capricorne (Andy Serkis). Ce dernier kidnappe Meggie, qui possède le même don que son père, et projette de faire sortir du livre une créature monstrueuse et vorace baptisée l’Ombre…

D’emblée, on se laisse volontiers séduire par l’originalité du concept de Cœur d’encre, qui n’est pas sans évoquer une autre œuvre majeure de la littérature pour la jeunesse : « L’Histoire sans Fin » de Michael Ende. Certes, l’interpénétration entre le monde réel et celui de la fiction appelait de nombreuses réflexions et idées narratives que le scénario de David Lindsay-Abaire ne fait ici qu’effleurer. Mais le film d’Iain Softley sait se montrer divertissant d’un bout à l’autre, paré d’une photographie somptueuse et d’extérieurs naturels très photogéniques captés en Europe. Les situations que l’intrigue met en place ne manquent pas de sel (l’intrusion d’un jeune voleur des 1001 Nuits qui tombe amoureux de Meggie, l’apparition du chien Toto du « Magicien d’Oz ») et le film se paie même le luxe d’un bestiaire fantastique de toute beauté.

Andy Serkis en méchant grandiloquent

Grâce à des effets spéciaux remarquables combinant souvent l’image de synthèse et l’animatronique, un minotaure enragé, des singes volants, une licorne et surtout l’Ombre colossale prennent corps et se déchaînent au cours d’un final joyeusement mouvementé. Le dernier atout – et non des moindres – de Cœur d’encre est son casting intelligent. Aux côtés de Brendan Fraser et de sa petite famille à l’écran interviennent ainsi quelques savoureux seconds rôles, notamment Andy Serkis en méchant grandiloquent, Helen Mirren en vieille tante misanthrope et Paul Bettany en jongleur pyromane et romantique répondant au surnom de «Doigt de Poussière». Voilà donc un spectacle de qualité qui s’extrait sans difficulté de la masse importante d’œuvres fantastico-épiques saturant les écrans depuis le succès de la saga Harry Potter, mais qui ne généra pas les deux séquelles envisagées comme le roman dont il s’inspirait, le succès n’ayant pas été au rendez-vous.

© Gilles Penso

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LA MOMIE (1999)

Stephen Sommers réalise un remake à grand spectacle du classique de Karl Freund en puisant son inspiration chez Indiana Jones

THE MUMMY

1999 – USA

Réalisé par Stephen Sommers

Avec Brendan Fraser, Rachel Weisz, Arnold Vosloo, John Hannah, Kevin J. O’Connor, Oded Fehr, Jonathan Hyde, Patricia Velasquez

THEMA MOMIES I SAGA LA MOMIE

Un remake à grand spectacle de la très théâtrale Momie de Karl Freund confié au réalisateur d’un Livre de la Jungle et d’Un cri dans l’océan ne brillant guère par leur finesse, il y avait là de quoi s’inquiéter ! D’autant qu’il fut question à une certaine époque de réalisateurs plus prestigieux à la tête de cette entreprise, notamment George Romero, Clive Barker ou Joe Dante. Et pourtant, ô joie, cette Momie new-look est une magistrale réussite. Car Sommers s’est mis en tête de puiser son inspiration principale chez Indiana Jones. Exit donc les huis clos minimalistes et les chiches figurants. Ici, le souffle de la grande aventure plane sur un scénario qui s’offre toutes les variantes possibles sur le thème initial, tout en respectant dans les grandes lignes le récit du film original.

L’égyptologue Evelyn Carnahan engage l’aventurier Rick O’Connell pour l’emmener dans l’ancienne cité d’Hamunaptra où réside le corps momifié d’Imhotep. Celui-ci fut jadis enterré vivant pour avoir couché avec la promise du Pharaon, Anck Su Namun (la belle Patricia Velasquez, qui apparaît dans le film uniquement vêtue de quelques bijoux et d’une peinture corporelle élaborée). Il ressuscite bientôt et se met en tête de ramener sa belle à la vie. Sur un rythme échevelé, La Momie de Sommers alterne les scènes d’action inédites (l’avion pris dans une tempête de sable vivante), les séquences d’épouvante outrancières (l’attaque des insectes anthropophages) et les gags allègres (l’un des héros face à une horde d’adorateurs d’Imhotep qui imite leur démarche de zombies pour passer inaperçu). En tête de casting, on trouve Brendan Fraser (ex-George de la jungle) en émule d’Indiana Jones, Rachel Weisz (future héroïne de Stalingrad) en beauté érudite et maladroite, et John Hanna (révélation de Quatre mariages et un enterrement) qui assure avec brio le rôle du faire-valoir comique. La momie elle-même est incarnée par l’impressionnant Arnold Vosloo. Indéniable réussite technique, elle apparaît d’abord sous la forme d’un zombie décharné intégralement numérique, avant de retrouver progressivement ses traits humains.

Entre Steven Spielberg et Ray Harryhausen

« Dans les vieux films, ce n’est pas un personnage très effrayant », nous avoue Vosloo. « Il marche si lentement que vous pouvez lui échapper sans problème ! La version que nous avons tournée est très différente des momies de nos grands-pères. Les fans purs et durs seront peut-être déçus, parce que ce n’est pas seulement un conte d’épouvante. Mais si vous faites un film de 80 millions de dollars, vous devez attirer plus de gens qu’une poignée de cinéphiles. Voilà pourquoi il y a de l’action, de la comédie et de la romance, comme dans un Indiana Jones, un Errol Flynn, ou un aventure à la Jason et les Argonautes. Il y a d’ailleurs une allusion directe à Jason dans le film, lorsque Brendan Fraser affronte une meute de momies squelettiques. » (1) Cerise sur le gateau, Jerry Goldsmith a composé pour cet habile mélange d’action, d’horreur et d’humour une partition aux teintes orientales du plus bel effet. Le succès de La Momie fut tel que dès le lendemain de sa sortie, les responsables d’Uinversal téléphonèrent à Stephen Sommers pour lui passer commande d’une séquelle !


(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 1999

 

© Gilles Penso

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ET APRÈS (2008)

Dans cette adaptation d'un roman de Guillaume Musso, le directeur d'une clinique a le don de prévoir qui s'apprête à mourir

AFTERWARDS

2008 – FRANCE

Réalisé par Gilles Bourdos

Avec Romain Duris, John Malkovich, Evangeline Lilly, Reece Thompson, Glenda Braganza, Sally Taylor-Isherwood

THEMA MORT

Publié en 2004, « Et après » est le second roman de Guillaume Musso, l’un des écrivains français les plus populaires de sa génération. Constellé d’éléments autobiographiques (notamment un grave accident de voiture dont fut victime l’auteur, ainsi que sa découverte de la ville de New York), ce best-seller portait en germe toutes les composantes d’un film palpitant et émouvant, et c’est Gilles Bourdos (signataire de deux autres longs-métrages, Disparus et Inquiétudes) qui fut en charge de le porter à l’écran. Le postulat n’est pas sans évoquer un fameux épisode de La Quatrième dimension, au cours duquel un jeune soldat avait la faculté de savoir à l’avance lesquels de ses camarades allaient mourir au combat, par l’entremise d’une aura lumineuse nimbant les futurs trépassés.

Un pouvoir paranormal tout à fait similaire est en possession du docteur Kay (John Malkovich), le bienveillant directeur d’une clinique qui s’efforce de rendre plus agréable les derniers jours des mourants. Or un jour, Kay rend visite à Nathan (Romain Duris), un brillant avocat français installé à New York qui se donne corps et âme à son travail pour oublier ses blessures passées. A peine âgé de huit ans, Nathan frôla la mort après avoir été heurté par une voiture et connut une expérience extra-corporelle avant de revenir parmi les vivants. Devenu adulte, il s’est marié puis séparé d’avec Claire (Evangeline Lilly), une photographe qui vit désormais recluse avec leur fille dans le désert d’Albuquerque. Lorsque Kay lui annonce qu’il a un important message à lui transmettre, la vie de Nathan s’apprête à basculer définitivement…

 

Une fleur qui n'éclot qu'une fois par an

La force d’un tel sujet nécessitait une mise en forme ciselée et millimétrée. Esthète indéniable, Gilles Bourdos remporte le défi, dotant Et après d’une élégance et d’une poésie de tous les instants. La photographie de Pin Bing Lee magnifie les extérieurs naturels (notamment l’immense désert blanc du Nouveau Mexique), la musique d’Alexandre Desplat nous transporte sans sombrer dans le pathos, et les comédiens, à l’unisson, sont dans un véritable état de grâce. Romain Duris, à fleur de peau, prouve une fois de plus que son talent ne se limite pas aux sympathiques comédies de Cédric Klapisch (il avait déjà su nous bouleverser dans De battre mon cœur s’est arrêté), John Malkovich se glisse dans la peau du docteur Kay d’un pas feutré et nous hypnotise quasiment à chaque apparition, et Evangeline Lilly, que les amateurs de la série Lost connaissent bien, campe avec beaucoup d’intériorité et de non-dits une femme meurtrie qui s’est refermée sur elle-même… à l’image de la fleur qu’elle cherche à photographier dans le désert, et qui n’éclot qu’une fois par an. Il n’en fallait pas moins pour transcender une intrigue aussi pesante. Car l’ombre de la mort plane sur chaque parcelle du film, une mort sournoise et inquiétante, celle des malades, des enfants, des êtres aimés, bref celle qui terrifie chacun d’entre nous. Certes, Et après n’est pas exempt de quelques pertes de rythme et de longueurs parfois superflues. Mais l’impact du troisième long-métrage de Gilles Bourdos n’en souffre guère, et ses images flottent encore dans les esprits longtemps après son visionnage.

 

© Gilles Penso

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OUTPOST (2008)

Un commando de mercenaires en mission en Europe de l'Est fait face à d'anciens nazis devenus morts-vivants

OUTOPOST

2008 – GB

Réalisé par Steve Barker

Avec Ray Stevenson, Julian Wadham, Richard Brake, Paul Blair, Brett Fancy, Enoch Frost, Julian Rivett, Michael Smiley

THEMA ZOMBIES

Une histoire de zombies nazis directement distribuée en vidéo ? A priori, ça sent le nanar. D’autant que le sous-genre « SS d’outre-tombe » avait déjà donné naissance à quelques piteux fleurons tels que Le Lac des Morts-Vivants ou Le Commando des Morts-Vivants. Mais rien de tel ici. Car dès ses premières minutes, Outpost surprend par sa patine impeccable : superbe photographie quasi-monochrome façon Il faut sauver le soldat Ryan, musique symphonique emphatique de James Seymour Brett (arrangeur et orchestrateur de nombreux blockbusters comme X-Men, Transformers, La Boussole d’or), cadrages en 35 mm au format cinémascope, découpage nerveux, « gueules » charismatiques (notamment Ray Stevenson, le Titus Pullo de l’excellente série Rome)… Bref, l’ambition du film semble plus importante que ce que l’on pouvait escompter, malgré un budget très serré. Pourtant, l’argument de départ n’est pas d’une folle originalité.

Pour le compte de mystérieux commanditaires, sept mercenaires (sans rapport avec les cow-boys de John Sturges) s’enfoncent dans une forêt d’Europe de l’Est à la recherche d’un mystérieux artefact, au fin fond d’un ancien bunker nazi. Mais dès qu’ils arrivent sur place, des tireurs semblent se terrer dans les bois et les prendre pour cible. Le commando dresse alors un camp souterrain et y fait d’étranges découvertes, notamment un amas de cadavres blafards desquels émerge un miraculeux survivant à l’état de légume. Tandis que d’inquiétants phénomènes paranormaux émaillent le séjour forcé des soldats, l’objet de toutes les convoitises apparaît enfin sous forme d’une énigmatique machine digne du docteur Frankenstein. « Ça n’a l’air de rien comme ça, mais c’est peut-être le Saint Graal des physiciens », explique Hunt (Julian Wadham), intermédiaire entre les mercenaires et les commanditaires.

« Le Saint Graal des physiciens… »

Reprenant à son compte l’intérêt présumé des nazis pour les forces occultes, le scénario d’Outpost imagine ainsi que les savants à la solde du troisième reich cherchèrent un moyen de créer des soldats indestructibles via la génération de puissantes ondes électro-magnétiques muant les cobayes en zombies. Cette explication scientifique, que les dialogues écrits par Rae Brunton s’efforcent de rendre crédible et argumentée, bouleverse du coup toutes les règles auxquels les films de George Romero nous avaient familiarisé. Les codes établis par La Nuit des Morts-Vivants et ses séquelles n’ont pas cours ici. Car les nazis d’outre-tombe, incarnation du Mal absolu, semblent évoluer dans un autre espace-temps. Insensibles aux balles (même tirées en plein crâne), ils n’agissent pas comme agents contaminants, pas plus qu’ils ne sont anthropophages. En revanche, leur soif de mort est irrépressible et rien, absolument rien, ne semble susceptible de les détruire. Au motif classique du mort-vivant se superposent ainsi ceux du fantôme et du voyage dans le temps, le huis-clos oppressant du film s’acheminant vers un final d’une noirceur absolue. Pétri de qualités, ce premier long-métrage d’un téléaste britannique jusqu’alors méconnu du public laisse augurer une suite de carrière très prometteuse pour Steve Barker.

© Gilles Penso

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PEAU D’ÂNE (1970)

Jacques Demy déconstruit le célèbre conte pour enfants en offrant à Catherine Deneuve l'un de ses rôles les plus iconiques

PEAU D’ÂNE

1970 – FRANCE

Réalisé par Jacques Demy

Avec Catherine Deneuve, Jean Marais, Jacques Perrin, Delphine Seyrig, Micheline Presle, Fernand Ledoux

THEMA CONTES

Avec Peau d’âne, Jacques Demy concilie deux de ses passions : les contes de fées et les comédies musicales. Dans la foulée des Demoiselles de Rochefort et des Parapluies de Cherbourg, le cinéaste retrouve ainsi une de ses actrices fétiches, Catherine Deneuve, et la pousse une nouvelle fois à la chansonnette sur les mélodies de Michel Legrand (même si, cette fois ci, la comédienne est doublée par Anne Germain pour les parties chantées). Suivant assez respectueusement la trame du conte tel qu’il est narré par Charles Perrault, Peau d’âne débute un matin d’hiver. A l’article de la mort, une reine fait jurer à son royal époux (Jean Marais) de ne prendre une nouvelle épouse que si elle est plus belle qu’elle-même. Le veuf inconsolable fait donc quérir aux quatre coins du royaume les portraits des prétendantes potentielles, mais elles sont toutes plus laides les unes que les autres. Une seule princesse surpasse en beauté la reine trépassée. Lorsque le roi découvre qu’il s’agit de sa propre fille (Catherine Deneuve), il ne s’en trouble pas outre mesure et devient très entreprenant, exigeant qu’elle l’épouse le plus vite possible !

L’inceste est donc au cœur du récit, et c’est avec une certaine crudité qu’il était évoqué par la tradition orale, jusqu’à ce que le très sage Charles Perrault n’édulcore sérieusement le sujet. Demy lui-même évoque cette partie du conte avec une étonnante légèreté, osant même des répliques telles que : « Quand on demande à une petite fille qui elle voudrait épouser, elle répond immanquablement son père » ! Sous les conseils de sa marraine la Fée des Lilas (Delphine Seyrig), la princesse tente d’échapper aux projets de son père en émettant des caprices à priori impossibles à assouvir. Elle exige ainsi des robes couleur du temps, de la lune, du soleil, mais grâce aux talents du tailleur royal, le souverain assouvit toutes ses envies. En désespoir de cause, elle réclame la peau de l’âne du château, qui laisse tous les matins de l’or et des pierres précieuses sur sa litière. Découvrant la dépouille du pauvre animal au pied de son lit, elle s’en revêt, s’enfuit et mène désormais une vie de servante dans une ferme voisine, sous le nom de Peau d’Âne. Mais le prince des lieux (Jacques Perrin) la voit sous son vrai jour, dans sa lumineuse robe couleur de soleil, et en tombe éperdument amoureux…

Délicieusement kitsch

Garni de décors superbes aux couleurs saturées et de costumes extraordinaires (notamment les robes somptueuses de la princesse sur lesquelles Demy ajoute des étoiles scintillantes en post-production), Peau d’âne joue la carte du surréalisme le temps de quelques séquences mémorables comme l’héroïne qui court au ralenti à travers les ruelles d’un village où les habitants sont figés, la rose qui parle avec une bouche humaine, la vieille femme qui ponctue ses phrases en crachant des crapauds ou encore les amoureux qui se prélassent sur un bateau fleuri voguant sur une rivière tranquille. Drôle, léger et délicieusement kitsch, le film baigne dans une tonalité qui oscille en permanence entre la naïveté assumée et un certain second degré, comme le prouve l’intrusion effrontément anachronique de cet hélicoptère au moment d’un happy end digne de Shrek.

 

© Gilles Penso

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GREMLINS 2 : LA NOUVELLE GÉNÉRATION (1990)

Joe Dante évacue l'influence de Steven Spielberg pour réaliser la séquelle délirante de son plus grand succès

GREMLINS 2 : THE NEW BATCH

1990 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Zach Calligan, Phoebe Cates, John Glover, Christopher Lee, Robert Prosky, Dick Miller, Robert Picardo, Haviland Morris

THEMA MUTATIONS PETITS MONSTRES

Ses Piranhas et Hurlements ayant été pris au piège du syndrome des suites ratées, Joe Dante accepta de réaliser lui-même la séquelle de Gremlins sous forme d’une parodie en totale roue libre. Presque suicidaire dans son approche autodestructrice volontairement « bête et méchante », la démarche se révèle pourtant beaucoup plus fidèle à l’état d’esprit du réalisateur que ne l’était le premier film, encore sous influence artistique de son producteur Steven Speilberg. De fait, Dante ne se prive jamais pour dire qu’il préfère Gremlins 2 à Gremlins. Sans doute parce que cette suite symbolise une liberté totale à laquelle il ne put jamais prétendre par le passé. Billy Pletzer et Kate Beringer (Zach Calligan et Phoebe Cates) ont quitté la petite ville de Kingston Falls pour New-York, où ils comptent bientôt se marier. Tous deux travaillent dans le building hyper-sophistiqué de Daniel Clamp (John Glover), un promoteur mégalomane. A la mort de son maître chinois, Gizmo s’échappe de la petite boutique de Chinatown avant sa destruction et se fait capturer par deux scientifiques qui travaillent au département recherche de l’immeuble de Clamp. Billy, qui se rend compte de la présence de son ami Mogwaï, le récupère discrètement, mais une succession de concours de circonstance entraîne à nouveau la terrible métamorphose. Bientôt, l’immeuble Clamp est envahi par une horde de Gremlins affamés.

Joe Dante se fait donc plaisir et s’amuse comme un fou. Gremlins 2 peut s’appréhender comme un véritable défouloir, un fourre-tout où le cinéaste multiplie les gags sous forme de clins d’œil (la silhouette de Batman occasionnée par le Gremlin volant, Christopher Lee qui porte la cosse de haricot de L’Invasion des profanateurs de sépulture, la version Gremlins du Fantôme de l’Opéra, les Mogwaïs jouant un remake du climax de King Kong, la reprise de la réplique « c’est sans danger ? » de Marathon Man), les références au film précédent (Kate qui s’apprête à nouveau à raconter un souvenir d’enfance sordide, le critique cinématographique qui incendie le film Gremlins), les gags liés directement au film (la pellicule qui brûle en cours de projection avant l’intervention de Hulk Hogan, remplacée pour la version vidéo par des parasites envahissant l’image et une interposition musclée de John Wayne). Mais derrière le délire ambiant, il n’est pas bien difficile de deviner la satire d’une société de consommation boursouflée par ses propres excès, ainsi qu’une salve irrévérencieuse à l’attention des grands studios prêts à tout pour capitaliser sur ce qui pourrait gonfler leur portefeuille. L’insolent Dante n’hésite jamais à mordre la main qui le nourrit.

Hommage à Ray Harryhausen

Il y a même de beaux hommages dans ce film, comme ce Gremlin chauve-souris animé comme une gargouille qui se serait échappée d’un film de Ray Harryhausen et qui attaque Dick Miller – l’éternel second couteau que Dante aura sollicité dans tous ses films jusqu’à son trépas en 2019. Quant à Chris Walas, talentueux concepteur des créatures du premier Gremlins, il cède ici le pas au génial Rick Baker, qui en profite pour relooker les petits monstres et les caractériser. Car si les mogwaïs et leurs alter-egos reptiliens étaient tous assez similaires dans le film précédent, ils adoptent ici des attributs morphologiques et des personnalités très distincts. Plutôt qu’un film traditionnel, Gremlins 2 ressemble presque à une succession de sketches liés entre eux par un minuscule scénario-prétexte, une sorte de « Muppet Show » revu et corrigé par Joe Dante, comme en témoigne ce démentiel « New York New York » final entonné par une horde de Gremlins surexcités. Cette suite n’aura évidemment pas le succès de son prédécesseur et fera grincer bien des dents chez Warner. Mais la seconde chance que lui offrira sa distribution en VHS le fera redécouvrir par un nouveau public l’ayant boudé en salle et lui permettra d’accéder au statut fort mérité de film culte.

 

© Gilles Penso 

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20th CENTURY BOYS (2008)

La première partie d'une adaptation très ambitieuse d'un manga populaire à cheval sur plusieurs époques

20-SEIKI SHÔNEN

2008 – JAPON

Réalisé par Yukihiko Tsutsumi

Avec Toshiaki Karasawa, Etsushi Toyokawa, Takako Tokiwa, Yoriko Douguchi, Kenichi Endo, Fumiya Fuji, Takashi Fuji

THEMA CATASTROPHES I ROBOTS

20th Century Boys est le premier volet d’une ambitieuse trilogie adaptant un manga culte de Naoki Urasawa. La BD originale s’étendant sur près de 25 volumes, il fallait bien trois films de deux heures et demie pour en traduire toute la richesse narrative. Et pour ne pas décevoir l’importante communauté de fans réunie autour de ce phénomène, le réalisateur Yukiko Tsutsumi a passé beaucoup de temps à réunir des comédiens ressemblant trait pour trait à leurs modèles dessinés. A tel point que la comparaison entre les photos du casting et les dessins du manga ressemble presque à un jeu des sept erreurs. Un petit air de Stephen King flotte sur 20th Century Boys, car cette saga oscille entre les années 60 et les années 90, décrivant le portrait d’un groupe d’amis se retrouvant à l’âge adulte et évoquant leurs souvenirs d’enfance.

En 1969, Kenji et sa bande passent leurs vacances d’été à rêver de l’exposition universelle d’Osaka et à s’inventer un scénario catastrophe de fin du monde dans leur cahier secret. Vingt-huit ans plus tard, Kenji a un peu oublié ses rêves d’enfance (il voulait devenir une rock star et accessoirement sauver l’humanité) pour devenir un simple vendeur dans la supérette de sa mère, tout en jouant la baby-sitter pour sa nièce Kanna. Mais sa jeunesse le rattrape le jour où la police l’interroge sur une mystérieuse organisation dont le symbole (un doigt dressé au milieu d’un œil) est exactement le même que celui inventé dans le fameux cahier secret. Tous les indices mènent à une secte inquiétante dont le tout puissant gourou, qui se fait appeler Ami, semble être l’un des amis d’enfance de Kenji. Les choses prennent une tournure alarmante lorsque toutes les prédictions catastrophiques imaginées par la bande de copains se concrétisent. A l’approche du 31 décembre 2000, le pire reste à venir…

Aux racines de la fin du monde

Même s’il présente quelques temps morts qui ralentissent par moments son rythme et provoquent un fatal relâchement d’attention, 20th Century Boys possède suffisamment d’éléments narratifs passionnants pour capter l’intérêt et susciter la curiosité. Comment les délires imaginatifs d’un groupe d’enfants peuvent-ils donner naissance à une secte redoutable et provoquer rien moins que la fin du monde ? Tel est le mystère qui sous-tend l’intrigue complexe de ce premier épisode. Pour donner à son film toute l’ampleur qu’il mérite, Yukiko Tsutsumi bénéficie de moyens considérables et dote ses scènes apocalyptiques d’effets spéciaux absolument prodigieux. Les différentes destructions à grande échelle qui scandent le film s’avèrent tout à fait spectaculaires. Mais ce n’est rien à côté du clou du spectacle, autrement dit un gigantesque robot qui attaque la cité en pleine nuit tel un titanesque émule de Godzilla. Jouant volontiers la carte du contraste et du mélange des genres, 20th Century Boys alterne l’action, la science-fiction, la comédie, la nostalgie et le suspense en un cocktail surprenant et résolument divertissant. Quant à la chute, en forme de point d’interrogation, elle donne évidemment très envie de découvrir la suite des aventures de Kenji et de ses fidèles compagnons. D’autant que la survie de la planète et de ses habitants est en jeu…


© Gilles Penso

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GREMLINS (1984)

La fusion entre les univers de Spielberg et Dante donne naissance à un conte de fées drôle, acerbe, effrayant et touchant

GREMLINS

1984 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Zach Galligan, Phoebe Cates, Hoyt Axton, Polly Holliday, Keye Luke, John Louie, Scott Brady, Dick Miller, Corey Feldman 

THEMA CONTES I MUTATIONS PETITS MONSTRES

Dans l’argot des pilotes américains, les « gremlins » sont des lutins responsables des avaries dont sont victimes les avions. Détournant ce mythe, le scénariste Chris Columbus a bâti un conte de Noël d’un genre très spécial dont s’éprit aussitôt le producteur Steven Spielberg. Il fut d’abord question d’en confier la réalisation à Tim Burton, dont les courts-métrages de l’époque (Vincent, Frankenweenie) avaient séduit le père d’E.T. Mais Burton n’ayant encore dirigé aucun long-métrage, Spielberg se tourna vers un réalisateur plus aguerri, en l’occurrence Joe Dante, remarqué par ses réjouissants Piranhas et Hurlements. Gremlins démarre le soir de Noël. Désireux d’offrir à son fils un cadeau exceptionnel, Rand Peltzer lui ramène un Mogwaï, sympathique petite créature poilue qu’il a achetée dans une boutique chinoise et qu’il a baptisée Gizmo. Le vénérable vendeur lui demande de respecter trois règles : ne pas l’exposer à la lumière, car elle est dangereuse pour lui ; ne pas le mouiller, car il se multiplierait ; et surtout ne pas le nourrir après minuit, car il se transformerait alors en affreux Gremlin. Hélas, par inadvertance, les trois règles sont transgressées et bientôt une nuée de monstres voraces et facétieux se met à terroriser les habitants de Kingston Falls.

Une bonne partie du succès de Gremlins repose sur le mariage heureux des univers pourtant très distincts du réalisateur et de son producteur. Les bestioles mignonnes, les enfants astucieux et les Américains moyens dans leurs maisons de banlieue hérités de Steven Spielberg se mêlent ainsi au cynisme, à l’horreur mâtinée d’humour noir et aux clins d’œil de Joe Dante. Le mixage de ces deux influences est un cocktail explosif d’action, de rire, de suspense et de folie. Du coup, le ton de Gremlins est souvent ambigu et quelques scènes – en particulier celle où Kate raconte la mort de son père – jouent un étrange jeu d’équilibre entre la farce et le mélodrame. Remarquables marionnettes conçues par Chris Walas, les Mogwaïs sont des sortes d’E.T. en peluche dont les enfants peuvent facilement raffoler, mais leurs alter egos, les Gremlins, font carrément basculer le film dans l’épouvante, voire l’horreur.

« Vous n'êtes pas prêts… »

A ce titre, la scène dans laquelle la mère de Billy est attaquée dans sa cuisine verse volontiers dans le gore (les monstres sont massacrés à coups de couteau, réduits en charpie dans un mixer ou désintégrés dans un four à micro-ondes). Féru de références cinéphiliques, Joe Dante s’en donne à cœur joie, s’inspirant des Oiseaux pour décrire l’attaque de la bourgade, emmenant ses petits monstres voir Blanche Neige et les sept nains au cinéma, et concoctant un climax mouvementé qui s’achève comme Le Cauchemar de Dracula. On note également les apparitions furtives de prestigieux figurants tels que Steven Spielberg, Chuck Jones, Jerry Goldsmith, mais aussi Robbie le Robot et même la machine à explorer le temps de George Pal. Derrière le délire ambiant de Gremlins s’extrait en filigrane une critique acerbe de la société de consommation et de l’incapacité, pour l’homme occidental, de préserver les merveilles de la nature sans les pervertir. D’où le discours final de Keye Luke, ouvertement culpabilisateur.

 

© Gilles Penso

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LE GRINCH (2000)

Jim Carrey incarne le célèbre monstre vert imaginé par le Dr Seuss dans ce conte pour enfants réalisé par Ron Howard

HOW THE GRINCH STOLED CHRISTMAS

2000 – USA

Réalisé par Ron Howard

Avec Jim Carrey, Taylor Momsen, Jeffrey Tambor, Christine Baranski, Bill Irwin, Molly Shannon, Clint Howard

THEMA CONTES

A l’époque où Tim Burton était sur le point de perdre peu à peu son âme en sacrifiant au cynisme nihiliste (Mars Attacks !), à la redite sans finesse (Sleepy Hollow) et à la recette impersonnelle (La Planète des singes), ses imitateurs, eux, tentèrent maladroitement de prendre le relais. Le Grinch est probablement l’un des plus poussifs de ces avatars d’inspiration burtonesque. Certes, les historiens rétorqueront que le film de Ron Howard adapte un roman écrit en 1957 par Dr Seuss, un auteur qui inspira largement le réalisateur de Beetlejuice tout au long de sa carrière. Mais il n’empêche que l’ombre de L’Etrange Noël de monsieur Jack et de Edward aux mains d’argent plane avec omniprésence sur ce conte de fée sans saveur. Tout y est, du village kitsch et coloré surplombé par une montagne en forme de vague sur laquelle sévit un paria au monstre qui se déguise en Père Noël pour faire basculer la fête dans l’épouvante, en passant par la comptine de la petite fille et le swing du méchant qui scandent le récit pour le muer de temps en temps en comédie musicale… 

Le Grinch du titre est un croquemitaine aux poils verts exilé depuis cinquante-trois ans par le peuple des Whos dans une grotte du mont Crumpit, en compagnie de son chien Max. Misanthrope, solitaire et grognon, il a développé une véritable allergie pour tout ce qui a un rapport avec Noël. Aussi, lorsque les habitants de Whoville entament les préparatifs du réveillon, décorent leurs maisonnettes et entonnent les chants de rigueur, une terrible colère s’empare de lui (comme on le comprend !). Malgré les interventions de Cindy Lou, une petite fille décidée à en savoir plus sur lui, le Grinch prépare une vengeance à la hauteur de sa sinistre réputation : se substituer au Père Noël et gâcher à tout jamais les festivités…

Terrain connu

Ce n’est ni dans les costumes bigarrés, ni dans les décors dégoulinants à la Gaudi, ni dans la direction artistique d’une manière plus générale qu’il faut chercher de la nouveauté. Tout a déjà été vu ailleurs, en mieux, et l’absence d’unité visuelle crée un sentiment proche de l’indigestion. Le peuple des Whos en est un bon exemple. Selon les personnages, certains arborent des prothèses grotesques, d’autres de simples faux nez, d’autres un visage humain normal, en dépit de toute logique. Seul le Grinch bénéficie d’un maquillage digne de son créateur Rick Baker, mais comme Jim Carey se contente la plupart du temps d’auto-parodier sa performance dans The Mask, nous sommes une fois de plus en terrain archi-connu. Quelques bonnes idées visuelles pointent parfois le bout de leur nez, comme le porte-voix qui permet à un petit chien de rugir comme un monstre, le trombone qui abrite un trompettiste miniature, ou la mitrailleuse à guirlandes, mais ça reste assez maigre côté innovations. Mais où est donc passé Ron Howard derrière toute cette guimauve ? A part quelques nains qui s’agitent et une descente endiablée le long d’une montagne enneigée, timides réminiscences de Willow, l’auteur d’Apollo 13 brille ici par son absence. Il nous avait pourtant prouvé de vraies affinités avec le conte de fées via de sympathiques œuvrettes telles que Splash, Cocoon ou justement Willow.

 

© Gilles Penso

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