SCREAM 4 (2011)

Cette séquelle tardive de Scream 3 est surtout un remake non avoué du premier opus qui se complaît dans l'auto-citation

SCREAM 4

2011 – USA

Réalisé par Wes Craven

Avec Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Emma Roberts, Hayden Panettiere, Mary McDonnell, Rory Culkin

THEMA TUEURS I SAGA SCREAM I WES CRAVEN

A partir du milieu des années 2000, Wes Craven a surtout fait parler de lui à travers les remakes qui furent consacrés à quelques-uns de ses films les plus célèbres : La Colline a des yeux, La Dernière maison sur la gauche, Freddy : les griffes de la nuit… Lorsque lui-même repassa derrière la caméra pour diriger My Soul to Take, il passa totalement inaperçu. L’équation était donc simple : pour s’attirer à nouveau les faveurs du public, Craven devait capitaliser sur l’un de ses succès précédents. D’où ce Scream 4 qui se veut à la fois séquelle tardive (douze ans après le médiocre Scream 3) et remake du premier Scream, puisque la quasi-intégralité des péripéties du « classique » original sont servilement reproduites. Le prétexte scénaristique ? Les événements sanglants survenus en 1996 à Hillsboro ont inspiré une série de films d’horreurs baptisés « Stab », et le tueur est ici un nouveau cinéphile psychopathe qui décide d’imiter les exactions de celui du premier film. L’idée d’un « copycat » influencé par un tueur de fiction lui-même inspiré d’un assassin réel pousse le concept de mise en abîme assez loin. Ce qui nous donne droit à un prologue très drôle au cours duquel les films dans le film s’emboîtent les uns les autres, en un exercice auto-parodique assez vertigineux.

Le problème est que dès que nous entrons de plain-pied dans le « vrai » film, les protagonistes s’avèrent aussi stéréotypés et les situations aussi improbables que dans les « Stab » dont ils sont censés se moquer. Car le défaut majeur du scénariste Kevin Williamson, notamment apparent dans The Faculty de Robert Rodriguez, est qu’il se complaît souvent dans sa cinéphile compulsive et son approche au second degré sans pour autant parvenir à éviter lui-même les clichés qu’il dénonce. Or citer des centaines de titres de films d’horreur et en démonter savamment tous les mécanismes n’excuse aucunement un scénario aussi peu innovant. Les péripéties de Scream 4 s’avèrent si prévisibles et les réactions des héros tellement grotesques qu’on se croirait presque dans un Scary Movie !

« Fuck Bruce Willis ! »

Et plus le film nous assène ses réflexions érudites sur les films d’horreur, plus le scénario nous afflige par sa paresse et son laxisme. D’autant que Wes Craven semble avoir perdu la main dans le domaine de la mise en scène de purs moments d’épouvante. Le savoir-faire de l’auteur des Griffes de la nuit et de L’Emprise des ténèbres brille ici par son absence. Rien ne fait vraiment peur dans ce Scream 4, dont la médiocrité formelle se double d’un nombrilisme hallucinant (ici, la référence absolue en matière de slasher n’est plus Halloween mais Scream) et d’une condescendance agaçante vis-à-vis du cinéma de genre. Les nombreux conflits survenus pendant la confection du film (notamment le départ précipité de Kevin Williamson en cours de tournage) n’ont probablement pas joué en sa faveur. Mais on espérait tout de même autre chose que cet exercice pédant truffé de répliques référentielles complètement à côté de la plaque (la palme revient à cet improbable « Fuck Bruce Willis ! »). La révélation finale relance tardivement l’intérêt, mais hélas les ultimes rebondissements font à nouveau sombrer le métrage dans le Vaudeville poussif.

© Gilles Penso

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SUCKER PUNCH (2011)

Zack Snyder nous offre une œuvre atypique, onirique et envoûtante qui rend hommage à toutes les facettes du cinéma fantastique et de science-fiction

SUCKER PUNCH

2011 – USA

Réalisé par Zack Snyder

Avec Emily Browning, Abbie Cornish, Jena Malone, Vanessa Hudgens, Jamie Chung, Oscar Isaac, Carla Gugino, Scott Glenn

THEMA RÊVES I ZOMBIES I HEROIC FANTASY I DRAGONS I ROBOTS

Zack Snyder n’a peur de rien, pas même de mettre sa carrière en danger via un projet échappant à toutes les normes établies à Hollywood. L’Armée des morts, 300 et Watchmen étaient déjà des paris risqués, mais Sucker Punch les bat à plate couture dans ce domaine, tant le concept même s’avère casse-gueule. Au lieu de s’appuyer sur un film l’ayant précédé ou sur un roman graphique, Zack Snyder ne se repose ici que sur sa propre imagination et s’intéresse à une jeune fille internée de force dans un hôpital psychiatrique par un beau-père abusif. L’intrigue se situe quelques décennies en arrière, à l’époque où le traitement des malades mentaux se soldait par des méthodes radicales telles que la lobotomie. Et c’est le sort qui attend inéluctablement notre triste protagoniste. Pour échapper à cette réalité atroce, elle s’évade dans un monde parallèle qui n’est que le reflet déformé de son environnement. L’hôpital se transforme alors en un établissement étrange à mi-chemin entre le club de danse et la maison close, les infirmiers se muent en proxénètes mafieux et la psychiatre en chef devient une mère maquerelle / professeur de danse. Dans cet univers onirique, la jeune fille se fait appeler Babydoll et prépare un plan d’évasion imparable. Là, un second niveau de réalité virtuelle vient s’imbriquer au premier et nous fait basculer dans le fantastique le plus débridé…

Si Sucker Punch s’avère difficile à résumer, c’est sans doute parce qu’il s’affranchit souvent du langage parlé au profit d’une grammaire purement cinématographique. La prodigieuse séquence d’ouverture en témoigne. Dénuée de dialogue, purement visuelle, elle nous ramène aux grandes heures d’un cinéma expressif qui savait faire parler les plans au lieu des acteurs, celui d’Alfred Hitchcock et d’Orson Welles. Mais Snyder brise volontairement cette cohérence narrative lorsque son héroïne danse pour détourner l’attention de ses oppresseurs. Là, Babydoll et ses compagnes d’infortune basculent dans d’autres mondes qui semblent empruntés à l’imaginaire d’un petit garçon des années 2000. La musique appuie l’effet anachronique, à travers des reprises de tubes des Beatles, d’Eurythmics, de Bryan Ferry, d’Iggy Pop ou de Queen.

Samouraïs, robots, trolls, zombies et dragons

Quant à l’imagerie sollicitée, elle puise tous azimuts dans le fantastique et la science-fiction les plus débridés : samouraïs colossaux, robot géant, zombies nazis, dragons cracheurs de feu, trolls enragés, armada d’androïdes s’animent ainsi sous nos yeux ébahis, au sein de titanesques séquences de bataille dont l’indéniable générosité est quelque peu gâchée par un traitement tout numérique et des chorégraphies excessives qui se réfèrent trop frontalement à l’univers des jeux vidéo. Là où Peter Jackson, avec Lovely Bones, s’efforçait de visualiser le parcours onirique d’une adolescente des années 70, Snyder fait fi de toute logique en plaquant ses propres fantasmes ludico-guerriers dans le cerveau de Babydoll. Le résultat est parfaitement déstabilisant, mais aussi extrêmement touchant. Car derrière les créatures imaginaires se dissimulent des monstres humains qui détruisent peu à peu la vie, la virginité et les rêves d’une jeune fille dont la seule échappatoire demeure l’imagination…

 

© Gilles Penso

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LA FEMME REPTILE (1966)

Le studio Hammer diversifie son bestiaire en projetant sur les écrans les méfaits d'un monstre reptilien inédit

THE REPTILE

1966 – GB

Réalisé par John Gilling

Avec Ray Barrett, Jacqueline Pearce, Jennifer Daniel, Noel Willman, Michael Ripper, John Laurie, Marne Maitland

THEMA REPTILES ET VOLATILES

Dans la mouvance de La Gorgone de Terence Fisher, dont il écrivit le scénario, John Gilling nous propose les forfaits d’une nouvelle femme-serpent, à l’occasion de ce film curieux tourné quasiment en même temps que L’Invasion des Morts-Vivants et dans les mêmes décors. L’intention est visiblement de varier les plaisirs en diversifiant le bestiaire classique de la Hammer, déjà gorgé à outrance de vampires, de monstres de Frankenstein et de loups-garous. L’intrigue se situe dans un village des Cornouailles, où une succession de morts mystérieuses s’accumule sans répit. Chaque victime est retrouvé figée, le visage embruni et l’écume au lèvre, comme si elle avait été victime d’une attaque. Superstitieux, les villageois enterrent en silence chaque trépassé, persuadés d’être victimes d’une malédiction immémoriale. La dernière victime en date est Charles Spalding, qui lègue une mignonne maison de campagne à son frère Harry. Celui-ci se rend donc dans le petit village, en compagnie de son épouse Valerie, et s’y installe sous l’œil mauvais des habitants qui, de toute évidence, n’apprécient guère les étrangers. En découvrant le cadavre d’un vagabond, Harry et Valerie sont confrontés de plein fouet à la fameuse malédiction, et décident d’enquêter. Leurs investigations les mènent jusqu’à la vaste demeure du docteur Franklyn, qui vit avec sa fille Anna et un étrange serviteur au sourire inquiétant…

L’atmosphère mystérieuse du film est son atout majeur, car cette Femme Reptile souffre par ailleurs d’une mise en scène théâtrale, d’un scénario qui se traîne et d’un casting bien fade, à l’exception peut-être de Noel Willman, qui semble marcher sur les traces de Christopher Lee en campant l’étrange docteur Franklyn. La clef de l’énigme est des plus insolites, donnant une explication pseudo-rationnelle aux méfaits de la femme-cobra en puisant ses origines auprès de peuplades primitives de Malaisie. Le principe de la créature qui plante régulièrement ses crocs envenimés dans la gorge de tous ceux qui s’aventurent chez elle, qui n’est finalement qu’une variante du vampirisme décliné maintes fois par les studios Hammer, est visualisé par un maquillage outrancier qui tire son efficacité de la furtivité de ses apparitions.

L'incontournable brasier final

Car malgré son imagination et ses bonnes intentions (ici, il s’et même efforcé de mouler la peau d’un vrai cobra pour réaliser ses prothèses), Roy Ashton, maquilleur attitré des films d’horreur estampillés Hammer, n’a jamais fait dans la dentelle, ses  créations souffrant systématiquement de la comparaison avec celles du grand Jack Pierce, concepteur visuel des monstres mythiques d’Universal. Comme il se doit, La Femme Reptile s’achève par un grand incendie salvateur et purificateur, au sein d’un climax qu’on aurait espéré plus imaginatif et moins expéditif. L’œuvre demeure donc mineure, mais elle témoigne de l’inépuisable imagination d’une petite famille de cinéastes britanniques s’étant efforcés au fil des ans de satisfaire les amateurs d’horreur en tout genre.

 

© Gilles Penso

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L’INVASION DES MORTS-VIVANTS (1966)

Deux ans avant La Nuit des morts-vivants, la Hammer plaçait déjà les zombies sous le feu des projecteurs

PLAGUE OF THE ZOMBIES

1966 – GB

Réalisé par John Gilling

Avec Andre Morell, Diane Clare, John Carson, Brook Williams, Jacqueline Pearce, Alexander Davion, Michael Ripper

THEMA ZOMBIES

Les zombies étaient les rares monstres du répertoire classique à ne pas avoir été relookés par les studios Hammer au milieu des années 60. Cette lacune fut magistralement corrigée grâce à L’Invasion des Morts-Vivants, puisant certaines de ses idées scénaristiques dans Les Morts-Vivants de Victor Halperin, et assurant la transition entre les vieux films de zombie (époque Lugosi, Karloff et Carradine) et ceux de la nouvelle génération (La Nuit des Morts-Vivants allait crever l’écran à peine deux ans plus tard). Comme souvent chez la Hammer, l’intrigue se situe dans un village des Cornouailles, où les morts mystérieuses s’accumulent, au grand dam des habitants superstitieux. Mis au courant par Peter Tompson (Brook Williams), son ancien élève en médecine devenu depuis le docteur du village, Sir James Forbes (André Morell) se rend sur place en compagnie de sa fille Sylvia (Diane Clare), et entreprend de mener l’enquête. Lorsqu’Alice (Jacqueline Pearce), l’épouse de Peter, succombe à son tour, les investigations de Forbes le mènent jusqu’à Clive Hamilton (John Carson), un mystérieux châtelain qui semble se livrer à d’étranges activités. Si L’Invasion des Morts-Vivants présente tant de points communs avec La Femme Reptile, c’est qu’il a été tourné par le même réalisateur, dans les mêmes décors, et quasi-simultanément.

Autre lien entre les deux films : Jacqueline Pearce, interprète de la fameuse femme-serpent, qui se retrouve ici dans la peau d’une morte-vivante décapitée d’un coup de pelle. Une séquence choc qui annonce l’un des moments forts d’Evil Dead, avec seize ans d’avance. Visiblement, John Gilling est bien plus inspiré ici que sur La Femme Reptile, soignant sa mise en scène, peaufinant son montage, et dirigeant avec minutie son casting, dominé par le fort charismatique André Morell (le docteur Watson du Chien des Baskerville et le héros de la série télévisée Quatermass). Le script rattache naturellement ici le thème du zombie aux cérémonies vaudou, lesquelles sont dirigées par le sinistre Clive Hamilton dans le but de créer une armée d’ouvriers travaillant inlassablement dans une mine qu’il a achetée.

Vision de cauchemar

Les monstres eux-mêmes, blafards, les veines apparentes, les yeux blancs, le cheveu hirsute, sont probablement l’une des plus grandes réussites du maquilleur Roy Ashton, plus efficace et pointilleux qu’à l’accoutumée. Chacune de leurs apparitions est un grand moment d’épouvante, notamment une mémorable séquence onirique au cours de laquelle des dizaines de zombies émergent de leur tombe et encerclent lentement le pauvre docteur Tompson, une vision de cauchemar qui trouvera un écho horrifique quelques années plus tard dans les œuvres les plus mémorables de Lucio Fulci. Quant à la partition de James Bernard, elle accentue avec bonheur chaque scène de suspense, et se teinte de rythmes tribaux au moment des cérémonies vaudou qui scandent le récit. Comme toujours en pareil contexte, le film s’achève par un grand brasier purificateur, climax devenu obligatoire pour se défaire en même temps de tous les malfrats et de tous les monstres du récit.

 

© Gilles Penso

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WORLD INVASION : BATTLE LOS ANGELES (2011)

Une invasion extra-terrestre soudaine transforme notre planète en terrain de guerre impitoyable

WORLD INVASION : BATTLE LOS ANGELES

2011 – USA

Réalisé par Jonathan Liebseman

Avec Aaron Eckhart, Ramon Rodriguez, Cory Hardict, Gino Anthony Pesi, Ne-Yo, James Hiroyuki Liao, Bridget Moynahan

THEMA EXTRA-TERRESTRES

S’ils témoignent d’un réel attachement pour le genre fantastique, les trois premiers longs-métrages de Jonathan Liebesman ne marqueront guère les mémoires. Nuits de terreur, Massacre à la tronçonneuse : le commencement et The Killing Room manquent en effet d’une vision personnelle, d’une ambition artistique qui les élèverait au-delà du simple exercice de style foulant sans risque les sentiers battus. Avec World Invasion : Battle Los Angeles, le cinéaste franchit donc un pas important. D’abord parce que la production lui alloue le plus gros budget de sa carrière, soit 100 millions de dollars. Ensuite – et surtout – par la nature même du projet, qui s’efforce de détourner le motif classique de l’invasion extra-terrestre pour en tirer un drame guerrier brut et réaliste. L’intrigue se met en place dans le camp Pendleton, une base militaire située à proximité de Los Angles. Le sergent Michael Nantz, responsable d’un corps de Marines, est appelé d’urgence pour riposter immédiatement à l’une des nombreuses attaques qui touchent les littoraux à travers le monde. Ce qui ressemblait de prime abord à une pluie de météorite est en réalité une colonisation en masse initiée par un ennemi armé jusqu’aux dents, bien déterminé à s’emparer de l’approvisionnement en eau de la planète. Ces agresseurs d’outre-espace semblent mixer la morphologie des Predators avec celle des aliens de District 9, tandis que leurs vaisseaux s’ornent d’étranges designs bio-organiques

De tels prémisses semblent évoquer Independence Day, mais fort heureusement World Invasion n’a pas grand-chose à voir avec l’univers de Roland Emmerich. Si l’on peut y déceler une influence, c’est plutôt du côté de La Chute du faucon noir qu’il faudrait chercher. Car avant d’être un film de science-fiction, World Invasion : Battle Los Angeles est un film de guerre, centré sur une poignée de personnages plongés dans la tourmente, filmé caméra à l’épaule à la manière d’un reportage sur le vif, et ne versant jamais dans l’icônisation à outrance. Les extra-terrestres et leur arsenal ne nous sont révélés que furtivement, à travers le regard des hommes lancés corps et âme sur le champ de bataille. Les marines eux-mêmes ne ressemblent pas aux G.I. Joe à la démarche ralentie et chaloupée dont raffole Michael Bay, mais sont des gens terriblement ordinaires.

Marines contre Aliens

Bref, la banalisation du conflit dote le film d’un impact indéniable, le rapprochant même, par sa volonté farouche de conserver le point de vue terre à terre de ses protagonistes paniqués, de la démarche de Steven Spielberg sur sa prodigieuse Guerre des mondes. Bien sûr, Liebesman, malgré la meilleure volonté du monde, n’est ni Ridley Scott, ni Spielberg, et sa mise en scène n’atteint jamais le niveau de virtuosité de tels mentors. De même, le scénario de Chris Bertolini ne parvient pas à éviter les clichés inhérents aux « films de Marines » (certaines répliques galvaudées donnent presque dans le comique involontaire), ni à offrir aux protagonistes la profondeur qu’ils méritent. Mais le spectacle demeure très immersif et emporte l’adhésion grâce à la conviction sans faille de ses comédiens, Aaron Eckhart en tête.

 

© Gilles Penso

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LES VIERGES DE SATAN (1968)

La Hammer change de registre en s'intéressant à une secte d'adorateurs du diable d'après un roman de Dennis Wheatley

THE DEVIL RIDES OUT

1968 – GB

Réalisé par Terence Fisher

Avec Christopher Lee, Charles Gray, Nike Arrighi, Leon Greene, Patrick Mower, Gwen Fangcon Davies, Sarah Lawson

THEMA DIABLE ET DEMONS

Entre deux épisodes de la flamboyante saga Frankenstein ressuscitée par la Hammer, Terence Fisher se pencha sur le roman « The Devil Rides Out » de Dennis Wheatley, dont l’adaptation fut confiée à un autre écrivain de talent, l’excellent Richard Matheson (auteur de « Je suis une légende » et pilier de la série La Quatrième dimension). Les Vierges de Satan démarre sur des chapeaux de roue, annonçant le rythme alerte, l’efficacité et l’économie d’artifices qui caractériseront l’ensemble du métrage. Dans toute son altière élégance, Christopher Lee incarne le duc de Richleau, un expert en satanisme et en démonologie. S’invitant de force dans une soirée privée organisée par son jeune protégé Simon Aron (Patrick Mower), il découvre un soi-disant club d’astronomie camouflant d’occultes activités. En compagnie de son ami Rex Van Ryn (Leon Greene), le duc arrache Simon des griffes de cette secte sataniste. Mais l’amie de ce dernier, Tanit Carlisle (Nike Arrighi), est encore sous l’emprise des adorateurs du diable. Pour la libérer, nos protagonistes assistent en pleine nuit à un Sabbat au cours duquel surgit une étrange divinité à tête et à pattes de bouc. « La chèvre de Mendes ! Satan en personne ! » s’écrie alors le duc, apparemment en terrain connu. « Ce n’est pas seulement votre vie que vous risquez, c’est aussi votre âme ! », ajoute-t-il à l’attention de l’impétueux Rex, prêt à intervenir.

La séquence d’évasion des jeunes gens, sur le point d’être rebaptisés par les satanistes, s’avère franchement palpitante, appuyée sur une poursuite automobile plutôt bien troussée. Mais la tension monte encore d’un cran avec l’intervention du chef du culte, interprété par l’extraordinaire Charles Gray (qui sera Blofeld dans Les Diamants sont éternels). Le regard froid, la voix mielleuse, il instille l’inquiétude tout en finesse lorsqu’il se rend chez la nièce de Richleau pour réclamer son dû, autrement dit Simon et Tanit. Sa tentative d’hypnose échouant, il bat en retraite en déclarant qu’il ne reviendra pas en personne, mais que « quelque chose » viendra la nuit suivante pour les récupérer. Une certaine panique s’empare alors de nos héros.

L'ange de la mort et l'araignée géante

Tandis que Rex veille sur Tanit dans la maison abandonnée où elle s’est enfuie, ses autres compagnons d’infortune tracent un cercle protecteur dans le salon et y demeurent toute la nuit. Les manifestations surnaturelles surviennent alors. Là, le bât blesse légèrement, Terence Fisher évacuant la retenue au profit d’effets démonstratifs un peu grand-guignolesques qui ne seront guère du goût de Richard Matheson – lequel s’avéra d’ailleurs souvent déçu par la transposition de ses écrits à l’écran. Il faut reconnaître que cet ange de la mort (un chevalier à tête de mort montant un cheval aux ailes de chauves-souris) ou cette araignée géante semblent un peu incongrus, dans un contexte où une épouvante suggérée façon La Maison du Diable eut été de meilleur aloi. Ces petits excès visuels, assortis de bondieuseries quelque peu outrées, gâchent un tantinet le final du film, sans toutefois ôter aux Vierges de Satan son charme vénéneux et ses nombreuses audaces.

© Gilles Penso

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DOCTEUR JEKYLL ET SISTER HYDE (1971)

Mister Hyde change de sexe dans cette adaptation très audacieuse du classique de Louis Stevenson

DOCTOR JEKYLL AND SISTER HYDE

1971 – GB

Réalisé par Roy Ward Baker

Avec Ralph Bates, Martine Beswick, Gerald Sim, Lewis Fiander, Susan Brodrick, Dorothy Allison, Tony Calvin, Ivor Dean

THEMA JELYLL ET HYDE

Surpenant et inventif, le scénario que Brian Clemens (auteur de Chapeau melon et bottes de cuir) concocta pour Docteur Jekyll et Sister Hyde l’est au-delà de toute espérance. Non seulement le docteur Henry Jekyll (Ralph Bates), au lieu de se muer en brute simiesque, se change en superbe créature féminine (Martine Beswick), mais en plus son histoire se mêle étroitement à celle des profanateurs de sépulture Burke et Hare (issus d’un autre roman de Robert Louis Stevenson, « Le Pourvoyeur de Cadavres » écrit en 1887) et à celle de Jack l’éventreur. En effet, en découvrant que ses métamorphoses nécessitent un surplus d’hormones féminines, Jekyll fait appel aux deux résurrectionnistes afin qu’ils l’approvisionnent en cadavres de femmes fraîchement enterrés. Lorsque ces derniers sont finalement lynchés par une foule en colère, il décide lui-même de se procurer les corps nécessaires à ses expériences. Pour ce faire, il prend la forme séduisante de son alter-ego – qu’il baptise Sister Hyde pour faire croie à son entourage qu’il s’agit de sa propre sœur – et assassine quelques prostituées dans le quartier de Whitechapel.

Comme toujours depuis qu’elle fut révélée dans Bons baisers de Russie, Martine Beswick est d’une ensorcelante beauté, notamment lorsqu’elle se contemple face à un miroir pour la première fois. Elle présente en outre de troublantes ressemblances physiques avec Ralph Bates, dont elle symbolise les mauvais penchants, preuve que le casting fit l’objet d’un soin particulièrement attentif. A l’origine pourtant, c’est Caroline Munro, autre troublante beauté sous contrat chez la Hammer (et héroïne de Capitaine Kronos), qui fut pressentie pour le rôle. Mais celle-ci déclina la proposition, quelque peu rebutée par la nécessité de se dévêtir au cours du film. Car dès qu’elle atteint son autonomie – sa maturité sexuelle ? – l’irrésistible Sister Hyde commence à séduire son beau voisin, que visiblement Jekyll désirait secrètement, en une subtile allusion à l’homosexualité refoulée d’un savant décidément pas très catholique. 

Un film transgenre ?

« Pour être honnête, la première fois que j’ai entendu parler de ce film j’ai éclaté de rire », avoue Martine Beswick. « Je trouvais le titre et le concept totalement ridicules. Mais comment refuser un film Hammer ? J’ai donc rencontré le scénariste Brian Clemens, que je ne connaissais pas, et j’ai lu le script. Cette idée m’a finalement emballée. Nous étions alors loin de nous douter que de nombreuses décennies plus tard, ce sujet de la porosité entre les sexes serait autant d’actualité. Docteur Jekyll et Sister Hyde était en fait un film transgenre sans le savoir ! » (1) Le film s’inscrit ainsi dans la mouvance d’autres œuvres du studio mixant à l’époque épouvante et érotisme, notamment le fameux The Vampire LoversLes recherches pour séparer le bien et le mal, décrites dans le roman de Stevenson, ont ici fait place à des expériences sur l’immortalité. Fort de cette nouvelle idée, chaque élément du scénario s’organise savamment en un tout cohérent. Jusqu’à un final brutal où Jekyll se sacrifie en se mutilant… et se mue en affreux cadavre hybride et hermaphrodite. Bref, voilà un bel exercice de renouvellement et de recyclage des vieux mythes, discipline dans laquelle la Hammer s’est fait une spécialité depuis la fin des années 50. Pour l’anecdote, Ralph Bates rencontra sa future épouse Virginia Wetherell sur le tournage, celle-ci incarnant une prostituée qu’il s’apprête à occire !

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2019

© Gilles Penso

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SAW 3D : CHAPITRE FINAL (2010)

La 3D apporte du relief aux pièges mortels de ce septième opus de la saga Saw, mais son scénario reste hélas d'une grande platitude

SAW 3D

2010 – USA

Réalisé par Kevin Greutert

Avec Sean Patrick Flanery, Costas Mandylor, Chad Donella, Betsy Russell, Gina Holden, Tobin Bell, Cary Elwes, Laurence Anthony

THEMA TUEURS I SAGA SAW

Une franchise aussi juteuse que Saw ne pouvait pas décemment passer à côté du phénomène 3D. Ainsi, comme jadis Meurtres en trois dimensions ou Jaws 3D, le septième opus de la saga se pare-t-il de la prise de vue en relief. Cette décision n’est pas sans conséquences sur le budget du film, qui grimpe à 17 millions de dollars (aucun des épisodes précédents ne dépassait les 11 millions), ni sur sa durée de tournage qui s’étale sur neuf semaines, au lieu des six habituelles. Bien plus stratégique qu’artistique, ce choix se traduit à l’écran par une gadgétisation à outrance du procédé le temps d’une poignée de séquences – objets contondants qui se dirigent vers la caméra, piège vertigineux où les protagonistes risquent de tomber dans le vide, débris qui voltigent au moment des explosions, etc. Le reste du temps, la 3D est quasi-inexistante, puisque la mise en scène de Kevin Geutert (déjà signataire de Saw 6, l’épisode préféré des charcutiers) s’avère d’une platitude absolue.

Les prémisses de Saw 3D laissent pourtant espérer une secourable tentative de renouvellement, sous l’impulsion des scénaristes Marcus Dunstan et Patrick Melton (habitués de longue date de la franchise). Dès l’ouverture, la surprise est de taille, puisque pour une fois le piège dans lequel sont saisies trois infortunées victimes troque le traditionnel huis-clos rouillé et industriel contre une vitrine de magasin en plein centre-ville. Ainsi le massacre est-il visible par une foule de quidams qui, au lieu de chercher à porter secours à leur prochain, ont plutôt tendance à filmer la scène avec leur téléphone portable ! L’idée est savoureuse, et la série semble du même coup prendre une dimension différente, comme si Jigsaw souhaitait désormais muer ses machinations en véritables shows adressés au grand public. Rien n’interdit d’ailleurs de voir chez ces passants mi-horrifiés mi-fascinés un miroir dans lequel se reflèteraient les spectateurs du film.

Mise en abîme

Cette démarche, qui n’est pas sans rappeler les mises en abîmes pratiquées par Wes Craven sur la franchise Scream, se poursuit à travers le personnage de Bobby Dagen (Sean Patrick Flanery), survivant d’un des pièges machiavéliques de Jigsaw qui s’est mué en véritable gourou. Auteur à succès, habitué des plateaux télévisés, il organise des réunions de rescapés et développe la fameuse « philosophie » selon laquelle on ne peut ressortir que grandi d’une telle expérience traumatisante. Le beau discours vole en éclats lorsque l’une des participantes lance avec lassitude : « Vous savez ce que m’a rapporté mon bras coupé ? Une place pour handicapés sur le parking du supermarché ! » Un juste retour des choses, qui augure de nouvelles perspectives pour cet ultime chapitre. Mais la suite du métrage oublie cette audace pour retomber dans les lieux communs et les passages « obligatoires » : le parcours du combattant destiné à racheter les actes d’un pécheur non repenti, les morts en cascade (visualisées par des effets spéciaux tellement excessifs qu’ils évoquent les grandes heures du Grand Guignol), les flash-back à tiroir, et une revélation de dernière minute laissant imaginer que le sous-titre « chapitre final » n’est qu’un leurre. Bref, la routine habituelle. 

© Gilles Penso

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THE VAMPIRE LOVERS (1970)

Une adaptation sulfureuse de la nouvelle Carmilla de Sheridan le Fanu, qui consacre Ingrid Pitt comme star de l'épouvante

THE VAMPIRE LOVERS

1970 – GB

Réalisé par Roy Ward Baker

Avec Ingrid Pitt, Peter Cushing, Dawn Addams, Ferdy Mayne, George Cole, Kate O’Mara, Douglas Wilmer, Madeline Smith 

THEMA VAMPIRES

Fidèlement adapté de la fameuse nouvelle « Carmilla » de Sheridan le Fanu, The Vampire Lovers porte indiscutablement le seau des chefs d’œuvre de l’épouvante que la Hammer tourna dans les années 60, tout en y intégrant la décisive libération des mœurs des années 70. D’où un conte fantastique sensiblement imprégné d’érotisme décomplexé et d’horreur graphique. Le prologue donne le ton. Un homme y traque nuitamment un vampire dans une crypte embrumée. La créature s’avère être une magnifique jeune femme au décolleté vertigineux, et l’homme tombe sous son charme surnaturel. Mais lorsque la suceuse de sang étreint le chasseur, son opulente poitrine entre en contact avec le crucifix qu’il porte en bandoulière. Elle recule vivement, le charme est rompu, et l’homme en profite pour la décapiter d’un bon coup d’épée.

La suite du film nous familiarise avec une étrange jeune fille du nom de Marcilla, qui vient passer quelques jours chez le général Von Spielsdorf (le grand Peter Cushing en personne) et se lie d’amitié avec sa fille Laura. Peu après, cette dernière dépérit, victime d’une maladie inconnue. Ce que le général ignore, c’est que Marcilla est un redoutable vampire, au pouvoir de séduction implacable, qui se livre à de langoureux ébats amoureux avec ses victimes avant de les vider de leur sang. D’où de troublantes séquences saphiques bénéficiant du charme exotique d’Ingrid Pitt, et concrétisant sans retenue une thèse jusqu’alors prudemment symbolisée chez la Hammer : la morsure du vampire est un acte érotique. Après la mort de Laura, Marcilla disparaît et réapparaît quelques jours plus tard sous l’identité de Carmilla. Elle s’installe alors chez une autre famille de la haute bourgeoisie, vampirisant cette fois-ci la jeune Emma (incarnée par la délicieuse Madeline Smith), ainsi que la gouvernante de la maison et le maître d’hôtel.

La dernière descendante des Karnstein

Le vampirisme s’insinue donc lentement, comme un mal inconnu laissant pantois tous les médecins orthodoxes. « Sans m’en rendre compte, je me trouvais à un stade avancé de la plus bizarre maladie qui eût jamais affligé un être humain » nous conte Emma dans la nouvelle de Sheridan le Fanu. Il faudra l’énergie combinée d’une demi-douzaine d’hommes décidés à en découdre une bonne fois pour toute pour mettre enfin hors d’état de nuire la femme-vampire, dernière descendante de la redoutable famille Karnstein, avec un coup de pieu bien placé et une décapitation en règle. Roy Ward Baker et ses trois scénaristes (Harry Fine, Tudor Gates et Michael Style) retrouvent là toute l’essence vénéneuse du texte de Le Fanu, dont l’apparente naïveté dissimule à peine un érotisme contre-nature surprenant en plein contexte victorien (le récit fut publié en 1872, soit 25 ans avant le « Dracula » de Bram Stoker). The Vampire Lovers est donc une œuvre riche et précieuse, renouvelant le mythe tout en l’inscrivant dans un cadre classique, et consacrant Ingrid Pitt comme nouvelle égérie des fantasticophiles. Elle reprendra d’ailleurs un rôle voisin la même année dans Comtesse Dracula de Peter Sasdy.

 

© Gilles Penso

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LES MAÎTRESSES DE DRACULA (1960)

Un film au titre mensonger mais à l'intrigue passionnante qui met en scène un nouveau vampire : le comte Meinster

BRIDES OF DRACULA

1960 – GB

Réalisé par Terence Fisher

Avec David Peel, Peter Cushing, Yvonne Monlaur, Martita Hunt, Freda Jackson, Miles Malleson, Henry Oscar, Mona Washbourne

THEMA VAMPIRES I DRACULA DE LA HAMMER

Dans la foulée de l’excellent Cauchemar de Dracula, Terence Fisher dirigea ces Maîtresses de Dracula au titre quelque peu mensonger dans la mesure où le suceur de sang imaginé par Bram Stoker n’y figure pas, au profit d’un autre comte vampire qui n’a rien à lui envier en matière de charisme et de férocité. Véritable chef d’œuvre du genre, éclipsant largement plusieurs « Dracula » officiels avec Christopher Lee, Les Maîtresses de Dracula bénéficie d’un scénario novateur qui multiplie les idées originales et s’offre de nombreuses variantes autour d’un mythe pourtant connu. Nous y suivons les pérégrinations de Marianne Danielle, une jeune femme regagnant son poste d’institutrice de l’Académie Féminine de Badstein. Belle comme si elle était née sous la plume du dessinateur John Romita, Yvonne Monlaur incarne avec beaucoup de sensibilité cette demoiselle du 19ème siècle qui est amenée à passer une nuit au château transylvanien de la baronne Meinster. Excentrique et précédée d’une sinistre réputation, la vieille dame maintient enchaîné dans une pièce isolée son fils (David Peel), un séduisant jeune homme qui supplie Marianne de le libérer. La situation est suffisamment inattendue pour que le spectateur, à l’instar de l’héroïne, se demande un instant quelle attitude adopter. Qui croire ? L’étrange baronne qui déclare que son fils est dangereux, ou le beau garçon affirmant que sa mère est folle ?

Le phénomène d’identification fonctionne ainsi à plein régime, et lorsque Marianne décide finalement de libérer le fils Meinster, elle réalise bien vite la portée de son acte. Car notre homme est un vampire de la pire espèce, au moins aussi redoutable que Dracula malgré ses airs affables, ses cheveux blonds bien peignés et sa jolie cape bleu ciel. Dès qu’il est libre de ses mouvements, il vampirise sa mère et disparaît, tandis que Marianne, horrifiée, s’enfuit dans les bois et est recueillie au matin par le docteur Van Helsing. Ce bon vieux Peter Cushing n’apparaît ainsi qu’au bout d’une demi-heure de métrage, mais dès lors il porte presque tout le film sur ses épaules, emplissant tout l’écran de sa présence magnétique. Seul véritable lien avec Le Cauchemar de Dracula, Van Helsing mène l’enquête jusqu’au château des Meinster où il libère la baronne de son statut peu enviable de vampire.

Le visage félin de la femme vampire

Marianne, pour sa part, a rejoint son poste d’institutrice, mais elle reçoit bientôt la visite du jeune baron qui profite de son charme surnaturel pour la séduire et la demander en mariage. Au passage, il vampirise Gina, l’une des amies de Marianne, qui se mue dès lors en prédatrice bestiale. Incarnée par Andree Melly, une comédienne à la beauté étrange et au visage félin, cette femme vampire deviendra un des icônes du cinéma d’épouvante des années 60 et ornera de son envoûtante présence les affiches du film, aux côtés de David Peel qui trouva là son rôle le plus marquant. Au cours du climax, Peter Cushing mouille sa chemise, effectuant lui-même toutes les cascades nécessitées par son affrontement brutal avec Meinster, jusqu’à la mise à mort finale du vampire, fruit d’une idée scénaristique génialement inventive née de l’imagination fertile de Jimmy Sangster.

 

© Gilles Penso

 

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