AU SERVICE SECRET DE SA MAJESTÉ (1969)

Un James Bond à part dans lequel George Lazenby remplace momentanément Sean Connery sous le smoking de 007

ON HER MAJESTY’S SECRET SERVICE

1969 – GB

Réalisé par Peter Hunt

Avec George Lazenby, Diana Rigg, Telly Savalas, Gabrielle Ferzetti, Ilse Steppat, Lois Maxwell, Bernard Lee, Yuri Borienko

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Choisir un parfait inconnu pour succéder à Sean Connery dans le rôle de James Bond n’était pas une mauvaise idée en soi, d’autant que George Lazenby, mannequin australien faisant là ses premiers pas sur le grand écran, possède les attributs physiques adéquats et dégage une indéniable sympathie. Mais son charisme tout relatif joue en sa défaveur, ce qui explique partiellement pourquoi le public bouda un peu Au service secret de Sa Majesté. Un autre choix audacieux désarçonna les spectateurs : une fidélité respectueuse au onzième roman de la série, dans lequel l’agent secret se mariait, et où le happy end traditionnel était remplacé par un dénouement d’une surprenante noirceur.

Lorsque le film commence, James Bond profite de deux semaines de congé pour partir au Portugal, sur les traces de Ernst Stavro Blofeld. Il le retrouve, sous le titre de comte de Bleuchamp (traduction française littérale de « Blofeld »). L’interprétation de Donald Pleasence dans On ne vit que deux fois était tellement marquante qu’on imaginait mal qui pouvait décemment lui succéder, mais il faut bien avouer que la prestation de Telly Savalas est tout à fait à la hauteur. Se faisant passer pour Hilary Bray, un généalogiste du collège des armes, Bond est reçu à l’institut des recherches physiologiques de Blofeld. Celui-ci a cultivé un virus qui entraîne une stérilité définitive chez certains animaux et différentes espèces de plantes. Or il a prévu d’utiliser toutes les jeunes patientes de l’institut pour pulvériser ce virus sur la population…

Madame James Bond

Inaugurant là sa carrière de réalisateur, l’ex-monteur Peter Hunt prend dignement la relève de Terence Young, Guy Hamilton et Lewis Gilbert, nous offrant une spectaculaire poursuite à skis et un combat final sur un bobsleigh lancé à vie allure. Tracy di Vincenzo, la James Bond girl vedette, prend ici les traits de Diana Rigg, la délicieuse Emma Peel de Chapeau melon et bottes de cuir. Mais son statut est fort différent de toutes les jolies créatures qui la précédèrent, puisqu’elle devient ici Madame James Bond. « Sacrilège ! » crièrent sans doute les amateurs de l’agent secret misogyne et volage de la première époque, qui déclarait sous la plume d’Ian Fleming : « Dans la plupart des mariages, les conjoints n’ajoutent pas leur personnalité l’une à l’autre. Au contraire, ils la retranchent. » Mais il faut croire qu’en rencontrant la belle Tracy, son imperturbabilité fut quelque peu émoussée, car dans le roman dont s’inspire le film, il décrit sa future épouse avec passion : « Elle possède tout ce que j’ai toujours désiré chez une femme. Elle est magnifique, au lit et hors du lit. Elle est intrépide, courageuse, pleine de ressources, toujours excitante. » Et que dire de ce final poignant, provoquant les larmes d’un personnage qu’on n’a connu qu’insensible et cynique ? A cause de son succès mitigé, Au Service Secret de Sa Majesté ne fera pas école. Lazenby disparaîtra de la circulation, l’épisode du mariage tragique sera à peine évoqué dans L’Espion qui m’aimaitRien que pour vos yeux et Permis de tuer, et 007 redeviendra un héros non évolutif et solide comme un roc. Mais au fil des ans, le film de Peter Hunt gagnera ses galons d’œuvre culte.

© Gilles Penso

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CASINO ROYALE (1967)

Un James Bond parodique totalement délirant, mis en scène par cinq réalisateurs et paré d'un casting exceptionnel

CASINO ROYALE

1967 – GB

Réalisé par John Huston, Ken Hughes, Val Guest, Robert Parrish et Joe McGrath

Avec David Niven, Deborah Kerr, Orson Welles, Peter Sellers, Ursula Andress, Woody Allen, William Holden, John Huston

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

« Casino Royale », le tout premier roman consacré à James Bond, était également le seul qui n’ait pas été acquis par les producteurs Harry Salzman et Albert Broccoli. Au milieu des années 60, profitant de la vogue 007 portée aux nues par Goldfinger et Opération Tonnerre, Charles K. Feldman, détenteur des droits, décida donc de lancer sa propre version des aventures de l’agent secret le plus célèbre du monde. Mais il estima avec prudence qu’il ne pouvait décemment combattre dans la même catégorie que les superproductions spectaculaires mettant en vedette Sean Connery (il envisagea pourtant un temps de confier le rôle principal à ce dernier, mais Connery réclamait un cachet trop élevé). Son option fut donc la parodie déjantée bourrée de stars internationales. Du coup, le budget grimpa à 12 millions de dollars, autrement dit deux fois plus que la somme initialement estimée, et même plus que celle dépensée sur On ne vit que deux fois.

Le scénario de Wolf Mankowitz, John Law et Michael Sayers ne s’inspire que très modérément du roman original pour narrer sur plus de deux heures un récit décousu qui semble notamment s’inspirer des comédies loufoques de Blake Edwards. Ici, Sir James Bond est incarné par David Niven (qui était à l’origine le comédien idéal pressenti par Ian Fleming). Profitant d’une paisible retraite bien méritée, il est contraint de reprendre du service lorsque l’organisation criminelle SMERSH menace la paix en faisant disparaître une dizaine d’agents secrets. Pour mieux tromper l’ennemi, Bond décide de partager son nom et son matricule 007 avec six autres agents. La majeure partie du casting s’appelle donc James Bond dans Casino Royale, que ce soit Peter Sellers, Terence Cooper ou même Ursula Andress ! L’enquête de cette improbable armada d’espions s’oriente vers un super-vilain absurde, le maléfique docteur Noé, qui s’apprête à lâcher une bactérie sur la planète pour transformer toutes les femmes en bombes sexuelles et éliminer tous les hommes mesurant plus d’un mètre soixante ! Noé est incarné par Woody Allen, et les trop rares séquences le mettant en scène figurent parmi les plus hilarantes du film.

Un vilain incarné par Orson Welles

Hélas, le reste du métrage n’est pas à l’avenant. Erratique, voire parfois complètement incompréhensible, l’intrigue s’achemine mollement vers la fameuse partie de cartes contre Le Chiffre (incarné par Orson Welles) dans le casino qui donne son nom au film, seul élément ayant survécu au récit de Fleming. Le bataillon de scénaristes et de réalisateurs réunis par Feldman n’ayant visiblement pas trouvé d’idée pour finir le film, le dénouement est un fourre-tout indigeste, au cours duquel quelques guest stars pointent le bout de leur nez, notamment Jean-Paul Belmondo en légionnaire et George Raft dans son propre rôle. Portée par le tube « The Look of Love », composé par Burt Bacharach et incarné suavement par Dusty Springfield, et lancé par une colossale campagne publicitaire, cet ovni nonsensique remporta contre toute attente un gros succès, et n’eut pas vraiment à rougir de la concurrence des James Bond officiel qui triomphaient alors sur les écrans.

 

© Gilles Penso

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OPERATION TONNERRE (1965)

James Bond affronte le redoutable Emilio Largo qui a détourné pour le compte du S.P.E.C.T.R.E. un navire transportant deux bombes nucléaires

THUNDERBALL

1965 – GB

Réalisé par Terence Young

Avec Sean Connery, Claudine Auger, Adolfo Celi, Luciana Paluzzi, Martine Beswick, Rik Van Nutter, Bernard Lee, Lois Maxwell

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Opération Tonnerre faillit ne jamais voir le jour, à cause d’une bataille juridique opposant Ian Fleming et Kevin McClory, réclamant sa part de droits sur une histoire dont il serait co-auteur. Après un arrangement à l’amiable et l’accès de McClory au poste de producteur, le quatrième James Bond amorça son tournage début 1965. Toujours aussi élégant, froid et imperturbable, Sean Connery commence très fort au cours d’une séquence d’introduction tournée au château d’Anet, non loin de Paris. Après avoir assommé une fausse veuve, il échappe à des tueurs  grâce à un réacteur dorsal qui lui permet de s’envoler dans les airs. Prototype réel de l’armée américaine, cette fusée personnelle nous gratifie d’une des séquences d’action les plus incroyables de la série tout entière, Bond (doublé par le cascadeur Bill Suitor) se propulsant à quelque deux cent mètres d’altitude avant que ne retentisse le générique de début entonné avec emphase par Tom Jones sur une partition puissante de John Barry.

Ici, l’ennemi de 007 est le sinistre Emilio Largo (Adolfo Celi), qui, pour le compte du S.P.E.C.T.R.E., compte profiter des manœuvres de l’OTAN afin de détourner un bombardier en remplaçant son pilote par l’un de leurs agents. L’avion transporte deux bombes atomiques qui serviront ensuite à obtenir une rançon de la Grande-Bretagne en menaçant de faire sauter l’une des principales villes de l’Occident. Opération Tonnerre se passe beaucoup sous l’eau, ce qui permet un très spectaculaire affrontement entre hommes-grenouilles au cours du final, mais qui a aussi le désavantage de ralentir sérieusement le rythme du film, malgré les efforts du réalisateur Terence Young pour que l’action demeure soutenue d’un bout à l’autre du métrage. D’où le retour de la fameuse Aston Martin DB5, qui révèle ici un nouveau gadget : le canon à eau savonneuse, très efficace pour envoyer dans le décor d’indésirables poursuivants. John Stears, le superviseur des effets spéciaux, fut cette fois-ci récompensé par l’Oscar des effets visuels pour ses trouvailles ingénieuses. 

Trois James Bond Girls

Une fois n’est pas coutume, c’est une femme (l’envoûtante Luciana Paluzzi dans la peau de la tueuse à gage Fiona Volpe) qui vole la vedette au méchant et à la pourtant délicieuse Claudine Auger, ancienne Miss France incarnant ici Domino Derval, la morose et sculpturale maîtresse de Largo. Fiona Volpe n’a d’ailleurs pas à rougir face aux gadgets de 007, au vu de sa redoutable moto équipée de lance-roquettes particulièrement destructeurs. Fait suffisamment rare pour être signalé : Martine Beswick, qui jouait l’une des deux gitanes belliqueuses de Bons baisers de Russie, revient ici dans le rôle très différent de Paula Caplan, sublime agent de liaison de Bond aux Bahamas. « Terence Young s’est battu pour que je joue dans Opération tonnerre », raconte la comédienne. « Tout le monde lui disait que c’était une très mauvaise idée, que je ne pouvais pas jouer deux rôles différents dans deux James Bond d’affilée. Mais il a insisté et je suis devenue l’agent de liaison de Sean Connery. Terence Young est l’homme le plus raffiné que j’ai jamais rencontré. » (1) Opération Tonnerre bénéficia d’une incroyable publicité puisqu’au moment de sa sortie, l’OTAN perdit vraiment en mer un bombardier chargé de bombes atomiques ! Le film demeura jusqu’à Moonraker le plus gros succès de la série (142 millions de dollars de recettes mondiales), traînant dans son sillage un nombre incalculable de produits dérivés – ce qui n’était pas chose commune à l’époque – ainsi que moult imitations sur le grand et le petit écran.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2019

 

© Gilles Penso

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GOLDFINGER (1964)

Pour sa troisième aventure cinématographique, James Bond affronte l'un de ses plus redoutables adversaires

GOLDFINGER

1964 – GB

Réalisé par Guy Hamilton

Avec Sean Connery, Honor Blackman, Gert Fröbe, Shirley Eaton, Harold Sakata, Bernard Lee, Lois Maxwell, Desmond Llewelyn 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Pour la troisième aventure cinématographique de James Bond, le réalisateur Terence Young cède le pas à Guy Hamilton, et le budget grimpe à 3,5 millions de dollars. Le scénario de Richard Maibaum et Paul Dehn met l’accent sur un méchant particulièrement savoureux, le milliardaire Auric Goldfinger qui donnait l’impression, dans le roman d’Ian Fleming, d’avoir « été fait de morceaux empruntés à des corps différents. Rien n’allait ensemble. » A l’écran, après un essai intéressant tourné avec le comédien Theodore Bikel, c’est l’acteur allemand Gert Froebe qui hérite du rôle, nous gratifiant d’une prestation haute en couleurs qui restera dans les mémoires de tous les bondophiles. Goldfinger projette de faire sauter Fort Knox, la réserve d’or des USA, afin de décupler la valeur de sa fortune personnelle. Évidemment, l’agent 007, habitué aux mégalomanes et psychopathes en tous genres, viendra mettre son grain de sel dans l’opération savamment calculée. Toujours très sûr de lui, Sean Connery arbore fièrement le smoking impeccable, notamment dans une scène prégénérique fort dynamique devenue une des marques de fabriques de la série depuis Bons baisers de Russie.

Le visuel du film est centré sur la couleur or, et l’image choc du cadavre de la secrétaire dorée à l’or fin est devenue emblématique de l’univers James Bond. Aux côtés de Goldfinger, Harold Sakata campe l’un des hommes de main les plus marquants de la saga, le célèbre Asiatique Oddjob équipé d’un couvre-chef aux redoutables bords acérés. Bond, quant à lui, séduit l’opiniâtre Pussy Galore, incarnée par la belle Honor Blackman qui sévissait dans les premiers épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir. Dans le roman, cette cheftaine d’une équipe de cascadeuses aériennes était une lesbienne convaincue « ramenée dans le droit chemin » par l’irrésistible 007, mais le film se contente de quelques allusions sur la sexualité de cette James Bond Girl échappant au cliché de la jeune fille naïve et effarouchée. Goldfinger nous gratifie d’excellentes séquences de suspense, notamment celle où Bond est sur le point d’être découpé par un rayon laser dans le laboratoire du milliardaire maléfique, ou l’éprouvant compte à rebours final sur une bombe atomique que l’agent secret ne sait pas désamorcer.

Une cathédrale d'or

Le film marque aussi l’entrée en scène d’un des gadgets les plus célèbres de 007, sa fameuse Aston Martin DB5 munie d’un équipement high-tech des plus ingénieux par le superviseur des effets spéciaux John Stears : plaques d’immatriculation réversibles, siège éjectable, phares mitrailleurs, enjoliveurs scies, rétroviseurs radars, écran pare-balles, gicleur d’huile, écran de fumée… Saluons également l’extraordinaire travail du chef décorateur Ken Adam, ayant construit de A à Z l’intérieur de Fort Knox en studio («je veux une cathédrale d’or» lui aurait demandé Broccoli) après que l’entrée du site ait été interdite à l’équipe du film. Quant au compositeur John Barry, il se surpasse une fois de plus, confiant la chanson du générique à Shirley Bassey. Ce titre sera un gigantesque hit en 1964, d’où le retour de la chanteuse pour deux autres James Bond,  Les Diamants sont éternels et Moonraker.

 

© Gilles Penso

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BONS BAISERS DE RUSSIE (1963)

Le second James Bond incarné par James Connery lance l'agent 007 dans une aventure mouvementée sous influence hitchcockienne

FROM RUSSIA WITH LOVE

1963 – GB

Réalisé par Terence Young

Avec Sean Connery, Daniela Bianchi, Pedro Armendariz, Lotte Lenya, Robert Shaw, Bernard Lee, Martine Beswick

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Quel roman d’Ian Fleming adapter pour faire suite au succès colossal de James Bond contre docteur No ? Fallait-il surenchérir dans la science-fiction et la gadgétisation, ou plutôt ramener le personnage dans un univers plus réaliste et plus noir ? C’est cette seconde option que choisirent les producteurs Albert Broccoli et Harry Salzman, jetant leur dévolu sur « Bons Baisers de Russie », que le président John Kennedy cita à l’époque comme l’un de ses dix livres de chevet. Ancienne Miss Rome, Daniela Bianchi incarne Tatiana Romanova, une Russe qui a fait savoir qu’elle déserterait en emportant une remarquable machine à coder appelée Lektor si James Bond (dont elle est tombée amoureuse) venait la chercher à Istanbul. Ce que 007 et son supérieur M ignorent, c’est que le S.P.E.C.T.R.E. a manigancé toute l’histoire, pour trois raisons : pousser les Russes et les Anglais à s’affronter, revendre très cher aux Russes le Lektor que les agents du S.P.E.C.T.R.E. auront ainsi récupéré, et tuer James Bond pour venger la mort de leur ancien agent le docteur No. Même si le prétexte amoureux est un peu grossier, ils estiment que les Anglais tomberont facilement dans le piège…

Souvent considéré comme l’un des meilleurs James Bond de toute la série, Bons baisers de Russie se laisse inspirer par le cinéma d’espionnage popularisé par Alfred Hitchcock, comme en témoignent ce long chassé croisé à bord d’un train ou cette prise en chasse de Bond par un hélicoptère, réminiscences de quelques scènes clefs de La Mort aux trousses. Effectuant là ses premiers pas sur le grand écran, Daniela Bianchi est une James Bond Girl des plus séduisantes, et le film compte parmi ses scènes d’anthologie le fameux combat à mort de deux Bohémiennes s’étant amourachées du même homme, l’une d’entre elles étant incarnée par la belle Martine Beswick, qui réitérera l’exercice du « catch féminin » trois ans plus tard avec Raquel Welch dans Un Million d’années avant JC« J’avais postulé pour jouer Honey Rider, le rôle féminin principal de James Bond contre docteur No », nous raconte Martine Beswick. « A l’époque, je ne connaissais rien à l’univers de 007, je n’avais lu aucun livre de Ian Fleming. Terence Young m’a regardée et m’a dit : “Tu es trop jeune pour jouer Honey Rider. Acquiers un peu d’expérience et reviens me voir“. C’est un homme qui savait exactement ce qu’il voulait. Il m’avait promis de me faire jouer dans un autre film, parce qu’il avait vu quelque chose de “spécial“ en moi. J’étais persuadée que c’étaient des promesses en l’air. Mais il a tenu parole. Il m’a rappelée pour Bons baisers de Russie en me disant : “Tu seras parfaite pour jouer la Gitane“ » (1).

 

Catch féminin, chaussure empoisonnée et tueur russe

Futur chasseur de requin des Dents de la mer, Robert Shaw campe ici un tueur redoutable, et son affrontement avec Bond constitue l’un des moments forts du film. A ses côtés, Lotte Lenya excelle dans la peau de l’affreuse Rosa Klebb qui élimine ses ennemis d’un coup de couteau empoisonné caché dans sa chaussure. Avec des méchants aussi réussis, le film ne pouvait que plaire, si l’on en croit l’adage hitchcockien. Dans le camp des bons, l’inébranlable Bernard Lee et la malicieuse Loïs Maxwell reprennent respectivement leurs rôles de M et de sa secrétaire Miss Moneypenny, tandis que Desmond Llewelyn joue pour la première fois le personnage qui le rendra célèbre : Q, le créateur des gadgets de 007. Décidément supérieur à James Bond contre docteur No sur bien des points, Bons baisers de Russie se permet quelques traits d’humour référentiels du meilleur effet (la trappe cachée dans la bouche de l’actrice Anita Ekberg sur l’affiche de Call Me Bwana, produit la même année par Broccoli et Salzman), et s’offre une extraordinaire bande originale, signée cette fois-ci intégralement par John Barry qui deviendra l’un des piliers artistiques de la saga James Bond.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2019

© Gilles Penso

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COURSE A LA MORT (2008)

Jason Statham tient le haut de l'affiche dans ce remake sans âme de l'irrévérencieuse Course à la mort de l'an 2000

DEATH RACE

2008 – USA

Réalisé par Paul W.S. Anderson

Avec Jason Statham, Tyrese Gibson, Joan Allen, Ian McShane, Robin Shou, Janaya Stephens, Natalie Martinez, Jacob Vargas

THEMA FUTUR

A l’annonce d’un remake hollywoodien de la joyeusement subversive Course à la mort de l’an 2000 produite par Roger Corman et réalisée par Paul Bartel en 1975, les fans s’inquiétèrent sur le bien-fondé de l’entreprise. Le studio Universal, désormais acquéreur du concept, allait-il en conserver les aspects les plus politiquement incorrects ? Lorsque le nom du réalisateur du remake fut annoncé, l’inquiétude se mua en affliction. Car s’il a toujours prouvé un penchant indéfectible pour les récits d’anticipation (Soldier, Event Horizon), Paul W.S. Anderson s’est surtout spécialisé dans le massacre en règle de franchises pourtant pleines de promesse (Mortal Kombat, Resident Evil, Alien Vs. Predator). Alors que penser de cette nouvelle Course à la mort ? Hélas, le résultat est encore pire que tout ce que l’on pouvait craindre. Du scénario original, co-écrit par Robert Thom et Charles Griffith d’après une histoire d’Ib Melchior, le remake n’a conservé que l’idée basique d’une course automobile violente, évacuant prudemment toute satire politique, toute critique sociale et tout l’humour noir que chérissait tant Roger Corman.

C’est donc avec le sérieux d’un pape que Jason Statham incarne Jensen Ames, un ouvrier en disgrâce. Licencié suite à la fermeture de l’usine où il suait sang et eau pour nourrir sa petite famille, il se retrouve accusé à tort du meurtre de son épouse et atterrit dans un pénitencier dirigé d’une main de fer par Miss Hennessey (Joan Allen). Seul échappatoire : participer à la « course à la mort », une compétition automobile sans foi ni loi qui oppose plusieurs prisonniers pilotant des véhicules customisés façon Mad Max et bourrés d’armes offensives. Plusieurs victoires consécutives permettent aux concurrents de racheter leur liberté, tandis que Hennessey remporte à chaque fois un pactole grâce à un audimat en hausse perpétuelle. Or notre héros est un ancien champion de courses de voitures, ce qui tombe plutôt bien. S’il accepte de participer au jeu, il doit le faire sous le masque de « Frankenstein », le meilleur pilote de sa génération, dont on cherche à cacher la mort pour éviter les chutes d’audience.

Froissements de tôle innoffensifs

Et c’est parti pour une heure et demie de froissements de tôle, d’explosions, de crissements de freins, de fusillades et de morts brutales. Lorgnant grossièrement du côté de l’imagerie des jeux vidéo, le film se structure sur une course en trois étapes et présente chaque coureur sous forme d’un clip. Les courses elles-mêmes sont illisibles, Anderson s’obstinant à cadrer ses véhicules en macro et à éviter les plans dépassant une durée d’une seconde. Les poursuites de Michael Bay dans The Rock ressemblent presque à du Bullit, en comparaison ! Autant dire que l’enjeu de la compétition – déjà bien peu palpitant – n’y gagne pas en efficacité. C’est d’autant plus dommage que l’équipe des cascadeurs s’en est visiblement donnée à cœur joie, multipliant les voltiges et les destructions spectaculaires jusqu’à l’intervention d’un semi-remorque cuirassé plutôt impressionnant. Edulcorée, niaise et sans âme, cette relecture de La Course à la mort de l’an 2000 se clôt sur un happy end grotesque qui parachève le massacre.

© Gilles Penso

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INDEPENDENCE DAY (1996)

Roland Emmerich réinvente La Guerre des mondes en masquant le simplisme de son scénario derrière une déferlante pyrotechnique

INDEPENDENCE DAY

1996 – USA

Réalisé par Roland Emmerich

Avec Bill Pulman, Will Smith, Jeff Goldblum, Mary McDonnell, Judd Hirsch, Robert Loggia, Randy Quaid, Margaret Colin, Brent Spiner

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Le réalisateur Roland Emmerich et le producteur Dean Devlin sont les rois du recyclage. Dans Universal Soldier, ils mixaient sans panache les thèmes de Robocop et Rambo. Avec Stargate, ils mélangeaient habilement Les Aventuriers de l’Arche PerdueLa Guerre des étoiles et Les Dix Commandements. Quant à Independence Day, il s’agit ni plus ni moins d’une nouvelle version de La Guerre des mondes mâtinée de film catastrophe à la Tremblement de terre dont étaient friandes les années 70. Alors que des phénomènes climatiques inhabituels interpellent la communauté scientifique, une série d’objets gigantesques se dirigeant à vive allure vers la Terre sont détectés par les astronomes. Bientôt, il s’avère que ce ne sont pas des météorites mais une armada de vaisseaux spatiaux. Toute tentative de communication avec les visiteurs extra-terrestres s’avère vaine, mais un savant surdoué (Jeff Goldblum) parvient malgré tout à comprendre leurs intentions, lesquelles n’ont rien de pacifiques ! Effectivement, en quelques jours, New York, Washington et Los Angeles sont pulvérisées par les aliens belliqueux. La résistance se met alors en place…

A vrai dire, le scénario d’Independence Day s’avère d’une effroyable platitude et ne laisse que peu de place à la surprise, accumulant les invraisemblances au fur et à mesure de son développement. Mais ces carences narratives sont parfois rattrapées par quelques morceaux d’anthologie visuels propres à couper le souffle des spectateurs les plus blasés. L’arrivée du titanesque vaisseau mère et des huit colossales soucoupes volantes qu’il transporte est d’abord visualisée par d’immenses ombres se déplaçant lentement et occultant peu à peu la lumière du soleil. Avant que les soucoupes n’apparaissent distinctement, elles provoquent d’étranges bouleversements atmosphériques, en particulier des formations nuageuses inhabituelles qui nous rappellent les cieux agités de Rencontres du troisième type. Et puis, sans plus attendre, Roland Emmerich offre à nos yeux mi-terrifiés mi-émerveillés la vision surréaliste de ces soucoupes vastes de plusieurs kilomètres de diamètre couvrant le ciel des plus grandes villes du monde, des images que les téléphiles ne peuvent s’empêcher de rapprocher de celles de la série V.

Le discours du président

Autre séquence absolument époustouflante, la destruction de New York atteint son paroxysme lorsque les passants affolés s’ébattent en tous sens tandis que des dizaines de voitures voltigent dans les airs, soufflées par une explosion enflammée. Quant aux démentielles scènes de batailles aériennes entre les vaisseaux extra-terrestres et les avions de chasse, elles décuplent les prouesses réalisées dans Le Retour du Jedi. Dommage que tout ce déploiement technique se soit mis au service d’un scénario aussi affligeant, accumulant clichés, bêtise et incohérence. Une indigence dont le sommet est sans nul doute atteint par le discours du président des Etats-Unis (Bill Pullman) à ses troupes, véritable milk-shake de patriotisme et de naïveté qui ôte définitivement toute crédibilité à cette invasion extra-terrestre boursouflée.

 

© Gilles Penso

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ON NE VIT QUE DEUX FOIS (1967)

James Bond enquête sur les méfaits d'une organisation criminelle qui veut contrôler la conquête de l'espace

YOU ONLY LIVE TWICE

1967 – GB

Réalisé par Lewis Gilbert

Avec Sean Connery, Akiko Wakabayashi, Donald Pleasence, Mie Hama, Tetsuro Tamba, Teru Shimada, Karin Dor, Bernard Lee

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Contrairement aux James Bond précédents, qui respectaient dans les grandes lignes la trame des romans dont ils s’inspiraient, On ne vit que deux fois s’éloigne beaucoup de son modèle littéraire publié en 1964. Le scénario est confié à Roald Dahl, célèbre auteur de « Charlie et la Chocolaterie », qui met ici l’accent sur l’aspect spectaculaire et futuriste, clef du succès d’Opération Tonnerre. Alors que l’homme s’apprête à marcher sur la Lune, On ne vit que deux fois se met ainsi au diapason des préoccupations du public. Tout commence lorsqu’une fusée du S.P.E.C.T.R.E. intercepte un vaisseau spatial américain et l’engloutit littéralement. Alors que les Etats-Unis sont persuadés qu’il s’agit d’un coup des Russes pour contrôler la conquête de l’espace, une fusée soviétique est à son tour dérobée en plein vol spatial. La tension entre les deux blocs n’en est que plus forte, et James Bond est envoyé à Tokyo, puisque la fusé interceptrice semble être retombée quelque part dans la mer du Japon.

Derrière tout ça se trouve le maléfique Ernst Stravo Blofeld. Jusqu’alors, seules ses mains et son chat blanc nous étaient prudemment montrées par les cinéastes, mais cette fois-ci il apparaît à visage découvert, et c’est l’immense Donald Pleasence qui lui prête ses traits, le crâne rasé et l’œil barré par une cicatrice. Chez Ian Fleming, sa mégalomanie le poussait à déclarer : « J’ai l’un des cerveaux les plus puissants du monde, monsieur Bond. Avez-vous quelque chose à répondre à cela ? » Il faut dire qu’il n’y va pas avec le dos de la cuiller, projetant ni plus ni moins de provoquer un conflit mondial. La majeure partie d’On ne vit que deux fois se déroule au Japon, avec deux vedettes féminines locales, Mie Hama et Akiko Wakabayashi qui, cinq ans plus tôt, apparaissaient dans le mythique King Kong contre Godzilla.

Le repaire de Blofeld

Si, dans le roman, Blofeld soumettait Bond à de cruelles tortures et le menaçait d’être brûlé vif par les jets de lave de son repaire bâti sur un site volcanique, le film écarte toute violence trop brute au profit d’une action mouvementée, et remplace la sinistre planque du super-vilain par l’un des décors les plus impressionnants et les plus majestueux de la saga 007. Il s’agit d’une base de lancement spatiale creusée à l’intérieur du cratère d’un volcan, chef d’œuvre incontestable du chef décorateur Ken Adam, qui sert de théâtre à un dénouement spectaculaire et explosif à souhait. Côté gadgets, le film ne démérite pas, avec notamment « La Petite Nellie », un hélicoptère miniature que Bond pilote avec dextérité au cours d’un affrontement aérien mémorable. Et pour couronner le tout, John Barry compose là une partition riche et envoûtante, Nancy Sinatra prêtant sa voix à la magnifique chanson du générique.  Distribué deux mois après le parodique Casino Royale, On ne vit que deux fois fut à nouveau un succès mondial, mais Harry Salzman et Albert Broccoli durent faire face à une situation délicate : une annonce publique au cours de laquelle Sean Connery, lassé par l’étiquette collée sur son dos et par l’hystérie des paparazzis et des fans en délire, exprima son souhait de ne plus jamais endosser le smoking de James Bond.

 

© Gilles Penso

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BATTLEFIELD EARTH (2000)

L'adaptation grandiloquente d'un roman de science-fiction écrit par le fondateur de l'église de scientologie

BATTLEFIELD EARTH

2000 – USA

Réalisé par Roger Christian

Avec John Travolta, Barry Pepper, Forest Whitaker, Kim Coates, Richard Tyson, Sabrine Karsenti, Michael Byrne, Christian Tessier

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SPACE OPERA

D’un point de vue strictement éthique, rien ne nous prédisposait à apprécier Battlefield Earth, adaptation cinématographique d’un roman de SF de L. Ron Hubbard (père de l’église scientologique) mettant en vedette John Travolta (l’un des adeptes les plus médiatiques de cette secte grotesque). Mais en toute objectivité, bien malin sera celui qui pourra lire un sous-texte religieux ou mystique dans cette fable d’anticipation bourrée de clichés et d’incohérences, qu’Hubbard écrivit au début des années 80, peu de temps avant de passer l’arme à gauche. Battlefield Earth est donc un film tout à fait inoffensif, sauf pour les zygomatiques qui y sont régulièrement sollicités.

Les prémisses sont pourtant prometteuses. Nous sommes sur la Terre de l’an 3000. Voilà un millénaire que les redoutables Psychlos ont détruit toute civilisation et ont réduit l’humanité en esclavage. La surface de la planète n’est plus qu’un désert aride, et les hommes sont revenus à l’état d’animaux sauvages, ce qui n’est pas sans rappeler le triste sort qui nous est réservé dans La Planète des singes. Quelque part dans les Rocheuses, le chasseur Johnnie Goodbye Tyler (Barry Pepper, mémorable tireur d’élite dans Il faut sauver le soldat Ryan) décide de se rendre dans l’une des villes en ruines pour affronter les Psychlos. La découverte des buildings ravagés et des rues dévastées s’avère assez impressionnante, mais dès que les Psychlos apparaissent, rien ne va plus. Car en guise d’extra-terrestres gigantesques et terrifiants, nous avons droit à des comédiens montés sur des bottes à talonnettes et au crâne surdimensionné encadré de dreadlocks du plus bizarre effet.

La prose du gourou

Autant dire que ces étranges mixages entre le monstre de Frankenstein, les Klingons de Star Trek et le Predator laissent quelque peu dubitatifs. Mais le pire vient probablement de l’interprétation de John Travolta, dans le rôle de Terl, le superviseur de la sécurité des Psychlos sur Terre. Car à son maquillage évasif s’ajoute un cabotinage et un anthropomorphisme franchement ridicules. Pour le reste, Battlefield Earth raconte l’histoire classique d’une révolte d’un peuple opprimé contre un oppresseur dictatorial, à laquelle se greffent des complots politiques et des luttes de pouvoir au sein des Psychlos. D’où une certaine tension entre Terl et son bras droit Ker (Forest Whitaker, échoué là sans raison apparente). L’objectif de Terl est d’apprendre aux humains à se servir d’équipements miniers afin d’extraire de l’or. Il utilise donc Tyler comme cobaye, le soumettant à une machine éducatrice. En quelques minutes, celui-ci apprend donc le langage Psychlo, ainsi que l’histoire de sa planète et de son peuple. Désormais, il n’a plus qu’une idée en tête : mener une lutte sans merci contre l’envahisseur. Le film bénéficie d’effets visuels très réussis, notamment les vaisseaux spatiaux monoplaces ou la planète des Psychlos, aux allures de cité industrielle cyclopéenne. Mais c’est l’un des rares atouts de ce nanar au gros budget, dont le climax accumule les invraisemblances risibles. La question décisive se pose alors : comment diable l’auteur d’un tel récit, confondant de naïveté et de banalité, a-t-il pu se muer en gourou tout-puissant ?

© Gilles Penso

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HALLOWEEN 5 (1989)

Routinier, sans surprise et réalisé à l'économie, ce cinquième Halloween marque le début de la fin de la franchise

HALLOWEEN 5 : THE REVENGE OF MICHAEL MYERS

1989 – USA

Réalisé par Dominique Othenin-Girard

Avec Donald Pleasence, Ellie Cornell, Matthew Walker, Danielle Harris, Wendy Kaplan, Beau Starr, Tamara Glynn

THEMA TUEURS I SAGA HALLOWEEN

La fin d’Halloween 4 laissait la porte ouverte vers une renaissance du mythe à travers le personnage de la petite Jamie Lloyd (Danielle Harris), qui semblait avoir basculé dans les mêmes débordements psychotiques que Michael Myers lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, au début de La Nuit des masques. Mais cette énième séquelle produite par Moustapha Akkad ruine quelque peu le potentiel de l’épilogue précédent pour se complaire dans une confortable routine. Désormais muette, Jamie est en contact télépathique avec Michael Myers. C’est sous son influence qu’elle avait attaqué sa belle-mère à la fin du film précédent. Du coup, elle est étroitement surveillée par le docteur Loomis (Donald Pleasence, seul lien entre tous les films de la série), au sein de l’institut psychiatrique pour enfants d’Haddonfield. Affublé de son éternel imperméable, Loomis tourmente Jamie pour savoir où se cache Michael, et continue à délivrer des phrases sentencieuses pleines d’emphase, comme : « j’ai prié pour qu’il aille en Enfer, mais tout au fond de moi je savais que l’Enfer ne voudrait pas de lui. » Effectivement, notre tueur mort-vivant au masque blanc a survécu à l’assaut de la police et à l’explosion qui clôturaient l’épisode précédent. Marchant sur les traces du monstre de Frankenstein période Universal, il s’est échappé par un ruisseau et s’est attaqué à un vagabond, avant de revenir dans sa ville natale, le jour d’Halloween évidemment.

Le reste ne laisse que peu de place  à la surprise. Michael Myers n’en finit pas de rôder alentour en respirant fort, tandis que le réalisateur s’efforce de faire sursauter son public engourdi avec le bon vieux truc du chat qui jaillit en miaulant, ou avec les blagues potaches que les jeunes fêtards accumulent pour jouer à se faire peur. Sans parler d’un quiproquo vaudevillesque qui entretient le doute entre la présence du vrai tueur et celle d’un adolescent farceur qui a opté pour le déguisement de Michael Myers à l’occasion de la soirée d’Halloween (une idée qui sera d’ailleurs recyclée en partie dans Halloween résurrection). Le film nous gratifie certes de quelques meurtres gratinés, comme ce couple transpercé par une fourche en plein accouplement. Mais ce type de séquence a déjà fait ses preuves dans la saga Vendredi 13, et ne surprend plus beaucoup à la fin des années 80.

L'homme au manteau noir

Inévitablement, la bande originale d’Alan Howarth recycle sans innovation le célèbre thème musical écrit par John Carpenter (il faut tout de même noter une variante au piano pas inintéressante), quand elle ne prend pas carrément des allures de BO de cartoon au moment où interviennent les policiers, censés être les éléments comiques du film. L’élément le plus curieux de cet Halloween 5 est le mystère entretenu autour d’une silhouette en manteau noir avec des bottes aux bouts ferrés. Ce personnage inconnu ponctue le film de sa présence énigmatique, puis intervient à la toute fin pour libérer Michael Myers. Mais on ne saura jamais de qui il s’agit, comme si des pages entières du scénario avaient été oubliées par l’équipe de tournage, à moins qu’il ne s’agisse d’un implant destiné à trouver sa justification dans le film suivant, ce qui ne sera pourtant pas le cas puisque Halloween 6 n’en tiendra pas compte.

© Gilles Penso

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