THE MIST (2007)

Pour la quatrième fois de sa carrière, Frank Darabont adapte un texte de Stephen King qu'il transforme ici en véhicule de terreur primale

THE MIST

2007 – USA

Réalisé par Frank Darabont

Avec Thomas Jane, Andre Braugher, Laurie Holden, Marcia Gay Harden, Toby Jones, Amin Joseph, Alexa Davalos, William Sadler

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS I ARAIGNÉES I MONDES PARALLÈLES ET MONDES VIRTUELS I SAGA STEPHEN KING

L’adaptation d’un roman de Stephen King par Franck Darabont est toujours un événement. Après The Woman in Room, Les Evadés et La Ligne verte, notre homme s’attaque ici à « Brume », une nouvelle publiée en 1985 dans le recueil du même nom. Darabont en profite pour revenir à ses premières amours : les « monster movies » à l’ancienne. Rappelons en effet que cet auteur/réalisateur primé aux quatre coins du monde écrivit en début de carrière les scripts de Freddy 3, du Blob et de La Mouche 2. Incarné par Thomas Jane, le héros de The Mist est David Dayton, qui vit dans une petite ville du Maine et gagne sa vie en peignant des affiches pour le cinéma (son atelier est d’ailleurs orné par le fameux poster de The Thing). Un soir, une tempête ravage les environs et déracine de nombreux arbres autour de sa maison. Parti dans la superette du coin en compagnie de son jeune fils Billy pour acheter de quoi réparer les dégâts, David constate qu’une brume étrange enveloppe peu à peu toute la ville, et que d’inquiétantes créatures s’y dissimulent. Quiconque tente de s’échapper du magasin est en effet happé et dévoré par des choses invisibles. Pour éviter de connaître un sort similaire, la petite centaine d’habitants réfugiés dans le supermarché va devoir se serrer les coudes.

La grande force de The Mist est d’aborder son sujet sous un angle extrêmement réaliste et de s’attacher en priorité au comportement de ses protagonistes. En situation de crise, le vernis ne tarde pas à craquer, et lorsque la panique se répand telle une traînée de poudre, la nature humaine prend des atours très peu reluisants. A l’instar d’une Nuit des Morts-VivantsThe Mist pose alors en substance la question fatidique : les monstres qui rodent à l’extérieur sont-ils pire que les humains en proie au huis clos ? Galvanisés par une redoutable bigote (l’excellente Marcia Gay Harden) récitant sans interruption des versets de la bible, la plupart des rescapés se laisse bientôt aller au fanatisme religieux, quitte à organiser des sacrifices humains pour calmer « la colère divine ».

Les abominations tapies dans le brouillard

S’il se concentre sur ses comédiens qu’il filme d’ailleurs avec une nervosité proche du reportage (avec l’aide du chef opérateur et des cadreurs de la série The Shield), Franck Darabont ne délaisse pas pour autant les monstres eux-mêmes. Et lorsqu’il se décide enfin à les révéler, nous découvrons des abominations qui semblaient n’exister jusqu’alors que dans les pires cauchemars… ou dans les romans de Lovecraft. Céphalopodes titanesques dont les tentacules arrachent les chairs de leurs victimes, insectes géants armés de dards empoisonnés, créatures volantes à mi-chemin entre le ptérodactyle et le rapace, araignée géantes arborant d’hideux faciès grimaçants, chacune de ces bêtes apocalyptiques provoque d’irrépressibles frissons à chacune de ses apparitions. Accumulant les tensions extrêmes et les séquences horrifiques, le film s’achemine vers un dénouement très éprouvant, qui s’éloigne du texte original pour asséner un véritable coup de massue au spectateur. The Mist est donc une réussite indéniable, assumant pleinement son statut de « film de monstre » tout en transcendant avec talent les codes du genre.

© Gilles Penso

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PHASE IV (1973)

Le légendaire designer Saul Bass passe derrière la caméra pour confronter la race humaine à l'inquiétante intelligence des fourmis

PHASE IV

1973 – USA

Réalisé par Saul Bass

Avec Michael Murphy, Nigel Davenport, Lynne Frederick, Alan Gilford, Robert Henderson, Helen Horton

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS

Phase IV est un film très curieux, quasi expérimental, qui marque les débuts de Saul Bass aux commandes d’un long-métrage. A son génie visuel, nous devons les extraordinaires génériques animés d’une soixantaine de films, notamment L’Homme au bras d’or, Le Tour du monde en 80 jours, Sueurs froides, La Mort aux trousses, Spartacus, Exodus, West Side Story, Bunny Lake a disparu, Grand Prix, Alien, Les Nerfs à vif et Casino. A travers ses splendides storyboards, il participa aussi activement au découpage de la célèbre scène de la douche de Psychose. L’homme est donc un vétéran ayant touché à tous les genres, y compris au documentaire en tant que réalisateur, et son entrée dans la fiction pour le grand écran prend la tournure d’une fable de science-fiction conceptuelle, reposant sur un scénario de Mayo Simon.

A cause d’un déséquilibre écologique, des fourmis douées d’une redoutable intelligence se regroupent en Arizona et passent à l’attaque. James R. Lesko (Michael Murphy) et Ernest D. Hobbs (Nigel Davenport), deux scientifiques, s’installent dans un dôme rempli d’équipements électroniques afin d’interpréter le langage des fourmis. Après qu’elles aient détruit leur véhicule et, du même coup, leur générateur d’énergie principal, ils répandent un poison ocre autour du laboratoire, tuant des millions d’entre elles. Les survivantes trouvent un antidote et, de plus en plus fortes, se retournent contre leurs agresseurs. Mais l’insecticide a également tué des fermiers imprudents qui cherchaient refuge dans le dôme. Au petit matin, leur cadavre jauni gît dans la carcasse de leur camion. Kendra Eldridge (Lynne Frederick), une jeune fille qui a survécu à l’empoisonnement, se joint bientôt aux deux scientifiques…

La nature reprend ses droits

Le sujet de Phase IV est à la fois fascinant et terrifiant, dans la mesure où il repose sur des faits scientifiques indiscutables, d’autant qu’il est traité avec un maximum de réalisme. Mais le style du film, qui privilégie les images emblématiques au détriment de la psychologie de ses personnages (tant humains que fourmis) atténue beaucoup son impact. Jouant au maximum la carte de l’épure, le scénario se concentre uniquement sur trois personnages, mais exploite très évasivement la claustrophobie et l’angoisse de ce huis clos représenté par le dôme, entièrement cerné par les dangereux hyménoptères. Les prises de vues des fourmis, qui n’ont rien à envier à celles des meilleurs documentaires animaliers, sont très impressionnantes, d’autant qu’elles ne doivent rien aux effets spéciaux. Quelques images choc ponctuent également Phase IV, comme l’araignée dévorée en quelques secondes par une horde de carnassières, les tours gigantesques bâties par les fourmis, la main du cadavre d’où s’échappent les dangereux insectes (une vision qui servira de support au fameux poster du film), ou le scientifique échoué dans un piège et bientôt recouvert de milliers d’entre elles. Le final, très ouvert, est un peu escamoté, une voix off nous expliquant ce que des images auraient pu nous faire comprendre avec un impact bien plus fort.

© Gilles Penso

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L’ATTAQUE DES CRABES GEANTS (1957)

Roger Corman ose tout, y compris mettre en scène des crustacés géants et télépathes qui attaquent l'humanité !

ATTACK OF THE CRAB MONSTERS

1957 – USA

Réalisé par Roger Corman

Avec Richard Garland, Pamela Duncan, Russel Johnson, Mel Welles, Beech Dickerson, Leslie Bradley, Jonathan Haze

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS

Hyperactif en cette belle année 1957, Roger Corman réalisa pas moins de dix films en douze mois, dont cet étonnant Attack of the Crab Monsters qui demeure l’une de ses séries B de science-fiction les plus fameuses. « Ce film de 70 000 dollars en a rapporté plus de 1 million », affirme fièrement Corman (1). Se laissant probablement guider par la vogue des invertébrés géants amorcée par Des Monstres attaquent la villeTarantula et consorts, le producteur/réalisateur et son scénariste Charles B. Griffiths prennent pour héros un groupe de scientifiques explorant une île du Pacifique pour y étudier les retombées des essais atomiques, et découvrir ce qui est arrivé à l’expédition précédente, qui n’a plus donné signe de vie. A peine débarquent-ils que le réalisateur nous octroie une séquence choc assez gratinée pour l’époque. Un marin y tombe d’une barque et s’enfonce sous l’eau. Lorsque ses collègues le repêchent, il n’a plus de tête ! Plus tard, nous aurons droit à un autre effet presque gore, lorsqu’un des membres du groupe se fait arracher la main par un éboulement. Bientôt, l’expédition découvre que toute vie animale semble avoir disparu sur l’île, à l’exception de quelques crabes de terre qui errent sur la plage. Mais l’effet des radiations atomiques s’est avéré bien plus spectaculaire que le bouleversement de l’écosystème. 

En effet, nos héros se retrouvent bientôt en présence de crabes gros comme des camions et particulièrement vindicatifs, qui dévorent un à un les membres de l’équipe. Doués de télépathie, les crustacés mutants communiquent dès lors avec les humains en empruntant la voix de leurs victimes. Ce phénomène pour le moins excentrique est vaguement expliqué par un scientifique avançant la théorie que les crabes ont dévoré le cerveau des hommes, assimilant dès lors leurs cellules et leur intelligence. L’argument ne tient pas, même pour le spectateur le moins exigeant, mais cette idée scénaristique accroît le potentiel d’épouvante du film, et permet aux monstres de dépasser leur rôle basique de machines à détruire et à engloutir. Par le biais de la bande son, Corman parvient à créer des moments d’angoisse efficace, les monstres restant invisibles dans un premier temps mais cliquetant d’une manière insolite et stressante. Puis ce sont des pinces géantes qui apparaissent, fracassant les murs en carton-pâte et capturant les victimes hurlantes. 

De vrais moments d'angoisse

Lorsque les crabes apparaissent enfin en entier, il faut avouer qu’ils sont plutôt réussis, leur morphologie, leur texture et leurs déplacements fonctionnant assez bien, malgré de gros yeux un peu grotesques et les jambes humaines des manipulateurs que les plus attentifs peuvent apercevoir furtivement. Conçus grandeur nature par Beach Dickerson et Ed Nelson, les crustacés géants (en fait un seul exemplaire jouant le rôle de l’ensemble des créatures) interagissent du coup avec les comédiens avec un certain degré d’efficacité. « Ce crabe mesurait environ quatre mètres et était maintenu par des câbles », raconte Roger Corman. « Ed Nelson, qui a joué plus tard dans la série télévisée Peyton Place, a fait ses premiers pas d’acteurs à l’intérieur du crabe. Il a également joué un officier de marine dans le film. Il manœuvrait le monstre depuis l’intérieur pendant que Chuck Hanawalt, mon chef machiniste, ainsi que les autres membres de l’équipe le soutenaient avec des perches. » (2) Dommage que la solution pour éliminer les monstres s’avère si simple, et que le film s’achève aussi brutalement, sans le moindre épilogue digne de ce nom. Lors de sa sortie, L’Attaque des crabes géants fut présenté en double programme avec Not of this Earth, un autre petit bijou de science-fiction signé Corman. 

 

(1) et (2) Extrait de la biographie “Comment j’ai fait 100 films sans jamais perdre un centime” par Roger Corman et Jim Jerome, publiée en 1990

 

© Gilles Penso

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JOE’S APARTMENT (1996)

Une comédie déjantée dans laquelle un jeune homme sympathise avec la horde de cafards qui infeste son appartement

JOE’S APARTMENT

1996 – USA

Réalisé par John Payson

Avec Jerry O’Connell, Megan Ward, Billy West, Reginald Hudlin, Robert Vaughn, Jim Turner, Sandra Denton, Don Ho, Jim Sterling

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS

A l’origine, Joe’s Apartment est un court métrage de John Payson, dans lequel des cafards en 3D chantent et dansent avec frénésie dans une salle de bains. Le petit film connaît un tel succès qu’il se mue immédiatement en objet de culte et permet à son auteur d’en tirer un long métrage, à l’aide d’un budget avoisinant les treize millions de dollars. Le résultat est un mixage improbable entre la comédie romantique, le film d’horreur, le conte de fées, la satire sociale et la comédie musicale ! Son héros, incarné par Jerry O’Connell, débarque de son Iowa natal pour s’installer à New York. Dès la gare routière, le contraste avec sa campagne se fait sentir, Joe étant agressé par trois voleurs différents en l’espace de cinq minutes ! Bien en peine de trouver un logement à bas prix, il déniche finalement par hasard un appartement insalubre dans le quartier défavorisé de l’East River, dont l’ancienne locataire vient de succomber. Joe est aux anges, mais il déchante en découvrant que ses colocataires sont des milliers de cafards bavards qui s’agitent en tous sens et poussent volontiers la chansonnette. Après s’être efforcé par tous les moyens de se débarrasser de ces insectes très encombrants, il réalise que ces derniers peuvent s’avérer des alliés très précieux. Notamment lorsqu’un promoteur bien peu scrupuleux envisage de faire raser l’immeuble pour y bâtir une prison.

Sur ce postulat absurde, Payson bâtit une comédie burlesque, qui n’hésite pas à raser les pâquerettes et donner dans le scato, fidèle en cela à l’humour ado défendu par MTV, chaîne coproductrice du film. Ainsi, Joe ramasse les crottes pour obtenir de l’engrais, puis travaille dans une entreprise de pastilles d’urinoir, avant d’intégrer un groupe de rock alternatif baptisé « Shit ». Ce qui nous donne droit à l’une des scènes les plus comiques et les plus stupides du film : Joe, qui n’a jamais touché une batterie de sa vie, tente un solo en plein concert, sous la mine désabusée d’un public de hard-rockers purs et durs. Aux côtés d’O’Connell, on trouve la mignonnette Megan Ward, propre à susciter une romance naïve avec Joe, mais aussi le vétéran Robert Vaughn, dans le rôle hilarant d’un respectable sénateur qui raffole des dessous féminins !

« Sex, Bugs and Rock'n Roll ! »

Mais les véritables vedettes sont bien entendu les cafards. Insectes réels, figurines animées image par image ou image de synthèse ultra-réalistes, ils suscitent tour à tour éclats de rire et cris de dégoûts auprès d’un public qui ne sait plus trop où donner de la tête, tant Joe’s Apartment échappe à toute classification, s’approchant de films fous tels que La Cité des monstres. Ce qui est sûr, c’est que le divertissement y est roi, l’originalité totale, et les parodies de comédies musicales de véritables morceaux d’anthologie. Avec une mention spéciale pour « Funky Towell », où les cafards, mus par un rythme endiablé, se lancent dans une chorégraphie hallucinante, à mi-chemin entre Les Blues Brothers et Chantons sous la pluie. Ce délire pur fut assorti d’un slogan impayable : « Sex, Bugs, Rock’n Roll » ! Mais il faut croire que cet œuvre était décidemment trop atypique, car elle ne connut qu’un succès confidentiel. C’est souvent le lot des films cultes.

© Gilles Penso

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TREMORS (1990)

Un western moderne plein d'humour avec Kevin Bacon, Fred Ward et une nuée de vers gigantesques

TREMORS

1990 – USA

Réalisé par Ron Underwood

Avec Kevin Bacon, Fred Ward, Finn Carter, Michael Gross, Reba McEntire, Robert Jayne, Charlotte Stewart, Tony Genaro

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS I SAGA TREMORS

Ron Underwood n’avait jusqu’alors réalisé qu’une poignée de téléfilms anonymes, mais la productrice Gale Ann Hurd (Aliens et Terminator tout de même !) décida de miser sur lui et sur le scénario inventif qu’il concocta avec S.S. Wilson et Brent Maddock, lui allouant un budget de onze millions de dollars. Perfection, une bourgade perdue en plein désert du Nevada, devient soudain la proie de vers géants qui ondulent sous la surface et surgissent pour détruire tout sur leur passage en engloutissant les rares humains se trouvant aux alentours. Une jeune géologue, venue pour étudier l’étrange réaction de sismographes installés dans la région, se joint malgré elle à deux hommes à tout faire, qui étaient sur le point de quitter Perfection, ainsi qu’aux autres habitants de la bourgade. Tous vont devoir unir leurs forces pour lutter contre ces mutants voraces, bientôt baptisés « graboïdes » (littéralement « attrapoïdes ») par un commerçant désireux d’en faire une attraction touristique.

Tremors mixe l’influence des monstres géants des années 50 et les codes des films catastrophe animaliers hérités des Dents de la mer. Pourtant, le long-métrage décomplexé de Ron Underwood se distingue par un ton très personnel et exhale une fraîcheur franchement enthousiasmante. Le contexte de western moderne du récit sied à merveille à cette invasion de vers géants autrement plus impressionnants que ceux de Dune. La qualité des effets spéciaux mécaniques d’Alec Gillis et Tom Woodruff est d’autant plus manifeste que les apparitions des créatures souterraines sont exclusivement diurnes, la plupart du temps en plein soleil, ce qui n’enlève rien à leur potentiel d’épouvante. « Nous avons dû construire de nombreuses marionnettes plus ou moins grandes et plus ou moins sophistiquées de vers géants pour ce film », explique Alex Gillis. « Certaines étaient grandeur nature, d’autres à échelle réduite. Les plus complexes étaient animée de manière animatronique, et les plus simples manipulées comme des marionnettes à main. Le tournage était assez éprouvant, parce que nous passions notre temps avec des masques sur le visage à creuser la terre pour y installer nos marionnettes. Nous étions couverts de poussière et de sable, c’était épuisant et un peu décourageant. Mais le film est devenu un classique et ce fut le point de départ de notre atelier d’effets spéciaux Amalgamated Dynamics. » (1)

Le buddy movie du désert

L’angoisse inhérente à la situation de base va crescendo, reposant sur l’élimination progressive de chacune des échappatoires prévues par les protagonistes, déjà fort mal lotis à la base par une isolation complète d’avec le monde extérieur : des montagnes d’un côté, une colline de l’autre, une route impraticable, et le téléphone coupé. Kevin Bacon et Fred Ward composent un duo antithétique savoureux, qui repose sur le principe classique du «buddy movie» et dote le film de nombreuses touches d’humour contrastant avec la menace qui couve d’un bout à l’autre du métrage. On peut s’étonner, en revanche, que le couple armurier et amoureux des pétoires en tout genre n’ait pas été davantage tourné en dérision, leur fascination pour les armes à feu confinant pourtant au grotesque. Plus le film avance, plus la minutie du scénario et de ses rouages se révèle, chaque détail implanté de manière anodine tout au long du récit (l’adolescent qui joue au ballon, la petite fille qui saute sur son ressort, le réfrigérateur, le bulldozer…) jouant un rôle clé aux moments de suspense les plus forts. En la matière, la séquence où les héros s’enferment dans une petite boutique en s’efforçant de faire le silence (la moindre vibration attirant immanquablement les monstres vers la surface) est un petit chef d’œuvre de tension. Le succès de Tremors entraîna la mise en chantier de plusieurs séquelles destinées au marché de la vidéo et d’une série télévisée.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2018


© Gilles Penso  

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STARSHIP TROOPERS (1997)

Une fable de science-fiction ultra-violente et très politisée que Paul Verhoeven concocte en détournant le classique de Robert Heinlein

STARSHIP TROOPERS

1997 – USA

Réalisé par Paul Verhoeven

Avec Casper Van Dien, Dina Meyer, Denise Richards, Michael Ironside, Jake Busey, Clancy Brown, Neil Patrick Harris 

THEMA SPACE OPERA I INSECTES ET INVERTÉBRÉS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA STARSHIP TROOPERS

Pilier de la littérature de science-fiction, Robert Heinlein est un écrivain insaisissable sur lequel les étiquettes refusent obstinément d’adhérer. Capable d’échafauder des manifestes révolutionnaires anarchistes (« Révolte sur la Lune », 1966) ou des apologies de l’amour libre proches de la sensibilité hippie (« En terre étrangère », 1961), il fut taxé de racisme et de fascisme lorsqu’il publia en 1951 « Etoiles, garde à vous ! ». Il faut dire que ce roman d’anticipation n’y allait pas avec le dos de la cuiller, décrivant l’exaltation de jeunes militaires armés jusqu’aux dents et ravis d’aller casser de l’extra-terrestre insectoïde sur une planète lointaine. Pour qui ne chercha pas de lecture au second degré, le texte pouvait effectivement sembler douteux, mais il n’est pas difficile d’y déceler, quelque part entre les lignes, un plaidoyer contre le militarisme et la bêtise qu’il engendre.

Comme on pouvait s’y attendre, lorsque Paul Verhoeven s’attaqua à l’adaptation du roman avec le cynisme qu’on lui connaît, ses ambitions furent elles aussi interprétées de travers, et la charge impitoyable contre l’impérialisme américain se mua, aux yeux d’une critique atteinte de myopie, en glorification de l’ultra-violence aux forts relents nazis ! « Dans Starship Troopers, nous nous sommes concentrés sur le pouvoir de propagande que peuvent avoir les médias, au service du gouvernement ou à son encontre », explique Verhoeven. « Nous sommes dans une utopie fasciste où l’on essaie de séduire les jeunes pour les pousser à prendre les armes, se battre et mourir ». (1) Pour enfoncer le clou, le cinéaste choisit comme héros des prototypes de la beauté aryenne (en l’occurrence Casper Van Dien et Denise Richards) et n’hésite pas à imiter les uniformes du troisième reich et de la gestapo.

Des armes sur pattes

A vrai dire, la réaction que suscita le film est d’autant plus disproportionnée que Starship Troopers, avant d’être une satire politique, est surtout un bon gros film de monstres. « Le projet m’intéressait dans la mesure où il me permettait de travailler à nouveau avec Phil Tippett, et de réaliser un film à la Ray Harryhausen avec la technologie des années 90 », confesse Paul Verhoeven. « Le roman de Robert Heinlein était surtout centré sur le jeune héros, naïf et innocent, qui se transforme en soldat endurci. Moi je voulais avant tout montrer des combats contre les insectes géants ! Ça peut paraître dérisoire, mais c’était ma motivation première. » (2) Starship Troopers comporte ainsi des milliers de créatures en image de synthèse qui côtoient les acteurs réels avec un tel réalisme qu’on en reste littéralement bouche bée. « A l’origine, ces créatures devaient être plus humanoïdes et se servir d’armes », raconte Phil Tippett. « Mais finalement, c’est leur propre corps qui est une arme. Les arachnides terrestres sont des fantassins dont les pattes sont des lames tranchantes, les scarabées géants jouent le rôle de chars d’assaut, les créatures volantes s’occupent des raids aériens et les lanceurs de plasma font office d’artillerie. » (3) L’assaut final des insectes contre les humains, ébouriffant, marche sur les traces des grands classiques guerriers du genre (Zoulou, La Charge de la brigade légère, Le Jour le plus long) et clôt en beauté cette fable de SF finalement bien inoffensive.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 1997 

(3) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998.

 

© Gilles Penso

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DAR L’INVINCIBLE (1982)

Le réalisateur de Phantasm change de registre avec cette plongée très récréative dans l'heroic fantasy

THE BEASTMASTER

1982 – USA

Réalisé par Don Coscarelli

Avec Marc Singer, Tanya Roberts, Rip Torn, John Amos, Josh Milrad, Rod Loomis, Janet de May, Chrissy Kellog, Janet Jones

THEMA HEROIC FANTASY

Le colossal succès de Phantasm (eu égard de son modeste budget de 300 000 dollars) permit à Don Coscarelli d’enchaîner avec une épopée d’héroïc-fantasy dans la droite lignée de Conan le barbare. Mais l’imaginatif cinéaste parvient à s’extraire très vite de l’influence de John Milius pour concocter un récit à sa sauce. Le grand méchant de Dar l’invincible est Maax (Rip Torn), adorateur d’un culte païen qui raffole des sacrifices d’enfants. Lorsqu’il annonce au roi Zed (Rod Loomis) que son propre rejeton doit y passer à son tour, le souverain apprécie peu et fait bannir l’importun. Peu démonté pour autant, Maax fait appel à l’une des sorcières qui sont à son service (des femmes court-vêtues au corps sublime mais au visage abominable) pour ravir l’enfant de Zed alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère. Par un sortilège pour le moins étrange, le bébé est donc aspiré du corps de la reine et achève sa gestation dans la panse d’une vache ! Lorsque celle-ci met bas, la sorcière s’apprête à le sacrifier, mais un villageois assiste à la scène et occis la mégère, adoptant du même coup le bébé auquel il donne le nom de Dar. 

Parvenu à l’âge adulte, et joyeusement incarné par Marc Singer, le prince déchu démontre une belle habileté au combat et surtout la capacité de communiquer avec les animaux. Lorsque son village est détruit par une horde barbare, il échappe au massacre grâce à un chien qui meurt à sa place. Héritant des armes de son père adoptif, Dar marche alors vers la vengeance et rencontre ses premiers amis : un aigle qui lui prête son regard perçant, deux mangoustes qui lui évitent d’être englouti dans un sable mouvant, et un tigre noir qu’il sauve d’une mort certaine. Ces compagnons sauvages symbolisent respectivement les yeux, la ruse et la force de Dar, qui déclarera plus tard : « Je vois par leurs yeux, ils voient par les miens. Ils savent mes pensées et je sais les leurs. Nous dépendons les uns des autres ».

Tanya Roberts surgit des flots

Et puis, vision enchanteresse, paraît enfin Tanya Roberts, s’ébattant les seins nus sous une cascade. Prénommée ici Kiri, elle est l’une des nombreuses esclaves du culte dirigé par le maléfique Maax. Car le bougre n’a rien perdu de ses élans sanguinaires. Du haut d’une pyramide d’inspiration maya, il continue à verser le sang juvénile tout en créant une armée de guerriers invincibles.  Avec l’aide de ses animaux, de l’irrésistible Kiri, du massif combattant Seth (John Amos) et du jeune fils de Zed (Josh Milrad), Dar se prépare à passer à l’attaque. Réalisé pour le quart du budget de ConanDar l’invincible déploie une inventivité de tous les instants : créatures étranges (les démons mi-hommes mi-chauves-souris qui engloutissent leurs victimes), objets magiques (la bague-espion équipée d’un œil mobile), personnages surprenants (les gardes de la mort aux bras hérissés de pointes et aux yeux luisant sous leur casque), et surtout scènes d’action inédites mettant à contribution les amis à plumes et à poils du héros. Le combat final, qui se déroule au milieu d’un immense brasier, clôt le film sur une note spectaculaire. Deux séquelles tardives suivront, en 1991 et 1996, ainsi qu’une série télévisée entre 1999 et 2002.
 

© Gilles Penso

RESIDENT EVIL EXTINCTION (2007)

Le réalisateur de Razorback et Highlander donne à ce troisième opus des allures de western post-apocalyptique

RESIDENT EVIL EXTINCTION

2007 – USA

Réalisé par Russell Mulcahy

Avec Milla Jovovich, Mike Epps, Ali Larter, Odeh Fehr, Iain Glen, Spencer Locke, Ashanti, Gary Hudson, John Eric Bentley

THEMA ZOMBIES I SAGA RESIDENT EVIL

La ronde des réalisateurs continue sur la saga Resident Evil. Mais contrairement à la série des Alien, sur laquelle Scott, Cameron, Fincher et Jeunet apposaient à tour de rôle leur patte et leur style, les metteurs en scène assurent ici le service minimum, sans chercher à mettre en avant la moindre personnalité. Russel Mulcahy, génial auteur de Razorback et Highlander devenu depuis un anonyme faiseur, suit donc sans panache la voie tracée par ses prédécesseurs, même si ce troisième Resident Evil bénéficie d’un nouvel atout photogénique : le désert post-apocalyptique, capté dans de belles teintes sépia sur plusieurs sites naturels mexicains. Car ici, l’inspiration de Paul Anderson (toujours fidèle à son poste de scénariste) vient moins de Zombie que de Mad Max 2, ce que confirment ces nomades traversant les vastes étendues désertiques dans un convoi de camions et d’autobus customisés avec du matériel de récupération.

Relookée d’épisode en épisode, Alice (Milla Jovovich) adopte ici une tenue héritée du western spaghetti : grand manteau poussiéreux, bottes de cow-boy et fusil, rien ne manque à la panoplie. Visiblement dotée de pouvoirs paranormaux (elle déplace les objets à distance, stoppe par la pensée des jets de flamme), la super-héroïne se joint au groupe dans l’espoir de les guider jusqu’à d’autres survivants, quelque part en Alaska. Pendant ce temps, plusieurs kilomètres sous terre, le vil docteur Isaacs (Iain Glen) poursuit ses expériences inavouables, créant des clones en série d’Alice (façon Alien : la résurrection) et s’efforçant d’apprivoiser des zombies (comme dans Le Jour des morts-vivants). Car évidemment, les cadavres ambulants errent toujours à la surface du sol, se massant par milliers autour des grilles interdisant l’accès au laboratoire d’Isaacs.

Mulcahy a encore de beaux restes

L’une des meilleures scènes du film s’inspire ouvertement des Oiseaux d’Hitchcock. On y voit une très impressionnante nuée de corbeaux infectés s’attaquer aux héros. Plus tard, Mulcahy nous prouve qu’il a encore de beaux restes en exhibant la vision surréaliste d’un Las Vegas entièrement recouvert de sable, divers monuments surgissant ça et là tels la Tour Eiffel, le Sphinx ou la Statue de la Liberté (le final de La Planète des singes nous revient alors en mémoire, fatalement). Dans ce décor de fin du monde élaboré par le directeur artistique Eugenio Caballero (Le Labyrinthe de Pan) se déroule un affrontement plutôt bien troussé entre Alice, ses compagnons d’infortune et une meute de zombies « domestiqués » particulièrement virulents. La suite du film retombe hélas dans le ridicule, avec un combat final contre Isaacs, transformé en monstre aux doigts extensibles, réminiscence d’un des cénobites d’Hellraiser 2 (pour ceux qui s’en souviennent), tandis que l’ombre de George Romero plane une fois de plus sur le métrage, la fuite des héros en hélicoptère et l’intrusion des monstres à travers le grillage du laboratoire évoquant tour à tour Zombie et Le Jour des morts-vivants. Si Anderson clame qu’il s’agit du dernier opus de la série, la fin très ouverte semble signifier le contraire, ce qui laisse imaginer une séquelle que nous ne sommes pas vraiment impatients de découvrir.

 

© Gilles Penso

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RESIDENT EVIL APOCALYPSE (2004)

Des séquences d'action excessives et spectaculaires ponctuent ce second épisode distrayant, à défaut d'être subtil

RESIDENT EVIL APOCALYPSE

2004 – USA

Réalisé par Alexander Witt

Avec Milla Jovovich, Sienna Guillory, Oded Fehr, Thomas Kretschmann, Sophie Vavasseur, Razaaq Adoti, Jared Harris

THEMA ZOMBIES I SAGA RESIDENT EVIL

Occupé par les préparatifs d’Alien Vs. Predator, Paul W.S. Anderson se contenta de produire cette séquelle de Resident Evil et d’en rédiger le scénario, laissant le fauteuil du réalisateur à Alexander Witt. Ce dernier s’était jusqu’alors distingué en dirigeant les deuxièmes équipes de prestigieux films d’action, comme Speed, Gladiator ou Pirates des Caraïbes. Le premier Resident Evil n’ayant rien de particulièrement enthousiasmant, ce deuxième opus ne suscitait guère l’impatience. Pourtant il faut bien avouer que ses premières séquences, nous présentant l’épilogue du film précédent sous un autre angle, s’avèrent spectaculaires et prometteuses. On y voit le T-Virus créé par Umbrella Corporation s’échapper dans Raccoon City, transformant peu à peu la population en zombies et provoquant de monstrueux affrontements entre l’armée et les morts-vivants.

Le prologue réserve ainsi son lot de scènes spectaculaires – la gigantesque foule en panique réprimée par les forces de l’ordre – et d’images insolites – les prostituées zombies qui aguichent le chaland les seins à l’air et la bave aux lèvres. Puis vient l’assaut dans une église, plutôt réussi, avec quelques moments forts comme le curé qui nourrit sa sœur morte-vivante avec des restes humains. Mais dès que Milla Jovovich débarque, traversant un vitrail à moto, pirouettant à loisirs comme Keanu Reeves dans Matrix et tirant des balles explosives sur des mutants baveux qui évoquent le Carnage des Marvel Comic Books (l’un des plus redoutables ennemis de Spider-Man), on n’y croit plus une seule seconde.

Nemesis entre en scène

Les autres séquences d’action mettant en vedette Alice sont tout autant incongrues, cherchant à tout prix la démesure alors qu’une nervosité réaliste à la Zombie aurait évidemment été mille fois plus efficace. D’autant que l’héroïne du premier Resident Evil est ici secondée par une espèce de Lara Croft pas crédible pour un sou. Empruntant au passage quelques idées à Alien la résurrection, le scénario imagine qu’Alice a été le fruit d’expérimentations génétiques. Elle est désormais plus forte et plus à même d’affronter les hordes de zombies. Elle fait désormais équipe avec une poignée de survivants et accepte de retrouver Angela, la fille du docteur Charles Ashford. Créateur du T-Virus, ce dernier connaît le moyen de quitter Raccoon City sans encombre. Si l’on accepte de laisser son cerveau au repos, on apprécie donc cette séquelle au tout premier degré, les séquences mouvementées ne manquant pas de sel. Notamment la poursuite dans le cimetière où les morts surgissent évidemment de terre ou encore l’attaque des enfants zombies et des chiens cadavériques dans l’école. L’intérêt est quelque peu relancé avec l’arrivée de Nemesis, un mutant super-armé au faciès bestial (une mâchoire monstrueuse et des yeux minuscules qui semblent hérités des chest-busters d’Alien) et à la corpulence de catcheur. Après un final cataclysmique, Resident Evil Apocalypse s’achève sur un épilogue un peu ridicule, ouvert une fois de plus vers une suite potentielle. Bref tout ça ne vole pas bien haut, mais il faut reconnaître que cette séquelle s’avère mieux réalisée et plus distrayante que son fade modèle.

 

© Gilles Penso

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RESIDENT EVIL (2002)

Une adaptation fade du célèbre jeu vidéo de Yoshiki Okamoto, qui transforme Milla Jovovich en super-espionne adepte du kickboxing

RESIDENT EVIL

2002 – USA

Réalisé par Paul Anderson

Avec Milla Jovovich, Michelle Rodriguez, Eric Mabius, James Purefoy, Martin Crewes, Colin Salmon, Ryan McCluskey

THEMA ZOMBIES I SAGA RESIDENT EVIL

Lorsqu’il créa le jeu vidéo « Resident Evil » en 1996, Yoshiki Okamoto s’inspira ouvertement de la trilogie des morts-vivants de George Romero. Il paraissait donc logique que le père de Zombie en réalise l’adaptation cinématographique, et il en fut un temps question. Hélas, le jovial barbu de Pittsburgh n’étant plus à la mode au début des années 2000, la mise en scène de Resident Evil échut à Paul Anderson, dont le seul mérite fut de signer Mortal Kombat, l’une des moins mauvaises adaptations de jeu vidéo pour le grand écran. Le prologue du film cultive le mystère, enchaînant des séquences énigmatiques dont le sens ne nous est révélé que dans un second temps. Il y a d’abord les 500 employés de la société Umbrella Corporation, pris au piège dans leur laboratoire souterrain, attaqués par les systèmes de sécurité et les ascenseurs, et enfin assassinés en masse. Puis apparaît Alice (Milla Jovovich), une jeune femme qui s’éveille nue dans une luxueuse villa, complètement amnésique, avant d’être embarquée de force par un commando musclé qui la dirige tout droit dans le laboratoire sinistré, via un passage souterrain et un train blindé.

Les choses s’éclaircissent alors peu à peu. Les 500 membres du personnel scientifique semblent avoir été sacrifiés par « La Reine Rouge », un système de sécurité doté d’une puissante intelligence artificielle, afin d’éviter la propagation du virus T qui y était expérimenté. Ce dernier a la capacité de réactiver le cerveau des morts, muant ainsi les cadavres en zombies animés d’une vie mécanique et primaire. Lorsque la mémoire lui revient progressivement, Alice réalise qu’elle est un agent secret au service d’Umbrella Corporation, chargée de s’assurer que le secret entourant les recherches effectuées dans le laboratoire reste entier. Dès lors, en compagnie du commando sévèrement burné qui semble photocopié sur celui d’Aliens, elle va devoir affronter toute une armée de morts-vivants en blouse blanche, avides de chair humaine, ainsi qu’une poignée de monstres mutants particulièrement féroces.

Alice au pays des zombies

L’intrigue étant extrêmement linéaire, les personnages translucides et les situations mille fois vues, autant dire que Resident Evil se suit sans beaucoup de passion. D’autant que Milla Jovovich s’avère aussi expressive qu’un androïde et se bat contre les zombies à grands coups de kickboxing façon Jean-Claude Van Damme, en une série de pugilats franchement ridicules. Le film de Paul Anderson souffre ainsi du syndrome des adaptations de jeux, accumulant artificiellement les scènes d’action, le tout souligné par une musique techno fort prévisible. Restent trois séquences plutôt bien fichues : les soldats mutilés dans un sas par un rayon laser (avec un découpage en petits morceaux directement repris au prologue de Cube), l’attaque des chiens-zombies, et l’affrontement contre le monstre final, une hideuse créature conçue par les scientifiques d’Umbrella Corporation en injectant directement le virus dans des tissus vivants. Typique des « boss » de jeux vidéo, cette bête colossale en mutation demeure la seule pointe d’originalité d’un film par ailleurs assez banal, dont le final annonce une apocalypse très proche de la scène d’introduction du Jour des morts-vivants… de George Romero, bien sûr.


© Gilles Penso

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