À DES MILLIONS DE KILOMÈTRES DE LA TERRE (1957)

Le dernier film en noir et blanc de Ray Harryhausen met en scène une créature vénusienne qui grandit à vue d'œil

20 MILLION MILES TO EARTH

1957 – USA

Réalisé par Nathan Juran

Avec William Hopper, Joan Taylor, Frank Puglia, John Zaremba, Thomas Browne Henry, Tito Vuolo, Jan Arvan, Arthur Space

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA RAY HARRYHAUSEN

Dernier film en noir et blanc de Ray Harryhausen, A des millions de kilomètres de la Terre clôt aussi, pour ce magicien de l’animation, une trilogie liée aux monstres gigantesques destructeurs de grandes villes, un thème tout à fait typique des années cinquante, les deux précédents représentants étant le dinosaure du Monstre des temps perdus et la pieuvre géante du Monstre vient de la mer. Le film s’ouvre sur l’atterrissage en catastrophe d’une fusée terrienne sur la côte italienne. Un œuf gélatineux rapporté de Venus par les astronautes est découvert par un petit garçon qui l’apporte à un vieux zoologiste, le docteur Leonardo (Frank Puglia). Celui-ci, comme tous les scientifiques des films de science-fiction, a une jolie jeune fille, Marisa (Joan Taylor), qui ne tardera pas à s’éprendre du héros, autrement dit le colonel Calder (William Hopper), seul survivant de l’expédition spatiale. La petite créature dans l’œuf, sous l’effet de l’atmosphère terrestre, se met à grandir rapidement et à atteindre des proportions inquiétantes. Baptisé Ymir par Harryhausen, mais jamais nommé dans le film, l’extra-terrestre vedette est une création très inspirée. « Je me suis efforcé de lui conserver une forme humanoïde afin que le public puisse le prendre en sympathie », explique le génial animateur. « Le bas de son corps, en revanche, était inspiré par celui d’un tyrannosaure. » (1)

Lorsqu’il atteint une taille humaine et attaque les villageois dans une grange, à l’aide d’effets spéciaux étonnants permettant les interactions entre les comédiens et la figurine animée, le film bascule dans l’angoisse pure, aidé par une photographie fort contrastée privilégiant la pénombre. Mais il faut attendre que Ymir croisse encore jusqu’à des proportions gigantesques pour que la réminiscence de King Kong apparaisse très distinctement. Et comme son simiesque et illustre prédécesseur, ce croisement entre une gargouille et un allosaure finit abattu par l’armée du haut d’un célèbre édifice, le Colisée de Rome en l’occurrence. Avant ce dénouement prévisible mais fort spectaculaire, Ymir aura eu le temps de saccager quelques monuments italiens et de lutter contre un éléphant, lui aussi animé dans la plupart des plans par un Harryhausen décidément très inspiré.

Le même destin que King Kong

On peut en revanche regretter que Nathan Juran se soit tellement intéressé au monstre qu’il en ait négligé les acteurs humains, purement et simplement effacés par la « performance » du colossal extra-terrestre. « C’est embarrassant », avoue Harryhausen, « parce que j’ai souvent entendu les critiques dire : “si Mr Harryhausen avait aussi animé les humains, ils auraient sans doute été plus expressifs !” Les réalisateurs n’apprécient guère ce genre de commentaire. Mais avec des hommes aussi doués artistiquement que Nathan Juran, je n’ai jamais eu de conflit d’intérêt ou de problème d’ego à gérer. » (2) Juran, Harryhausen et le producteur Charles H. Schneer se retrouveront l’année suivante dans les splendeurs multicolores de l’Orient pour Le 7ème voyage de Sinbad, beaucoup plus enjoué et bien moins sombre que cette inquiétante fable de science-fiction.


(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en février 2004
 .

© Gilles Penso

 

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LA VALLEE DE GWANGI (1969)

Un groupe de cowboys travaillant dans un cirque ambulant découvre une vallée perdue peuplée de dinosaures

THE VALLEY OF GWANGI

1968 – USA

Réalisé par James O’Connolly

Avec James Franciscus, Richard Carlson, Gila Golan, Laurence Naismith, Freda Jackson, Gustavo Rojo, Dennis Kilbane

THEMA DINOSAURES

Sensibilisé par le succès de Un Million d’années avant JC, le producteur Charles Schneer décida de reformer son duo avec Ray Harryhausen, après leur brève séparation, et tous deux se penchèrent sur « Gwangi », un projet avorté que Willis O’Brien préparait pour la RKO. Le scénario démarre dans une région écartée du Grand Canyon du Colorado, où l’on découvre un cheval haut seulement de 60 cm. Un groupe de cow-boys, héros d’un cirque ambulant, essaye de capturer la créature pour la montrer au public. Ils pourchassent le cheval jusque dans une vallée cachée où ils tombent sur de nombreux reptiles préhistoriques. Ils rencontrent un ptéranodon qui s’empare de l’un d’eux, et attirent l’attention de Gwangi, un immense allosaure qu’ils essaient de prendre au lasso. Ils en sont empêchés par l’arrivée d’un styracosaure. Gwangi bat le reptile cuirassé, puis est pris dans un glissement de terrain au moment où il essayait de s’attaquer aux cavaliers. Ceux-ci enchaînent l’animal sur un chariot et le ramènent dans l’enceinte du cirque. Mais, au cours du spectacle, le dinosaure s’échappe…

Bien qu’il calque fidèlement son intrigue sur celle de King KongLa Vallée de Gwangi tire son originalité du contexte du western – inhabituel pour un film fantastique – mais aussi d’un postulat de départ intriguant qui permet aux spectateurs d’entrer immédiatement dans le vif du sujet, aidé par des interprètes convaincants. Les deux acteurs principaux sont le vétéran James Franciscus et la débutante Gila Golan, qu’il fallut post-synchroniser à cause de son accent israélien savoureux mais plutôt déplacé en plein Far West. Pour permettre à Harryhausen d’insérer dans les prises de vues ses effets visuels, le réalisateur James O’Connolly se vit contraint de sacrifier les longues focales et les lumières contrastées qu’il chérissait tant, au profit de cadrages plus neutres. Cette situation n’entraîna pas de conflit particulier au sein de l’équipe, mais O’Connolly fit partie de ces metteurs en scène quelque peu frustrés par cette omniprésence créatrice leur ôtant à plusieurs reprises le dernier mot artistique.

Un allosaure qui semble échappé de King Kong

Les effets spéciaux font sans doute partie des plus réussis qu’ait jamais réalisés Ray Harryhausen, et les dinosaures de ce film appartiennent au groupe très restreint des plus convaincants jamais vus à l’écran. Ainsi, Gwangi, le redoutable allosaure qui donne son nom au titre du film, bénéficie d’une finition et d’une souplesse d’animation remarquables. Du double point de vue morphologique et comportemental, il est très proche de celui qu’affrontait King Kong en 1933 (il se gratte même frénétiquement l’oreille de la même façon !). Hélas, le réalisme de Gwangi est parfois entravé par la teinte de sa peau qui, d’un plan à l’autre, oscille entre le gris et le vert en passant par le bleu et le marron (à cause d’effets optiques difficiles à harmoniser en laboratoire). Le film est truffé de plans ahurissants, comme lorsque les cow boys tentent d’attraper Gwangi au lasso, ou lorsque l’un des cavaliers enfonce une lance dans le flanc du styracosaure. Sans compter ce dénouement plein d’emphase situé dans une immense cathédrale en flammes. Gros échec au box-office au moment de sa sortie, La Vallée de Gwangi a depuis été réévalué par les amateurs du genre qui se délectent de son charme suranné et de ses nombreuses séquences surréalistes. C’est devenu depuis l’une des influences majeures – parfaitement assumées – de la saga Jurassic Park.

 

© Gilles Penso

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LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD (1973)

Les tours de magie de Ray Harryhausen, le charme fou de John Philip Law et Caroline Munro, la mise en scène inspirée de Gordon Hessler… Un régal !

THE GOLDEN VOYAGE OF SINBAD

1973 – GB

Réalisé par Gordon Hessler

Avec John Philip Law, Caroline Munro, Tom Baker, Douglas Wilmer, Martin Shaw, Grégoire Aslan, Kurt Christian, Takis Emmanuel

THEMA MILLE ET UNE NUITS

Après plusieurs échecs au box-office, Charles Schneer vit sa crédibilité de producteur quelque peu ébranlée. Alors, d’un commun accord avec le maître des effets spéciaux Ray Harryhausen, il retourna dans l’univers qui fut le plus propice à leur duo : les Mille et Une Nuits. Le capitaine Sinbad est donc de retour, aidant le Grand Vizir à résister au magicien Koura, et l’emmenant sur son navire jusqu’à Lémuria où se trouve la Fontaine de Vie. Au fil d’un voyage semé d’embûches, Koura lance à leurs trousses plus d’une créature monstrueuse. Mais chaque fois qu’il utilise ses pouvoirs, le sorcier vieillit. La Fontaine de Vie est donc son principal objet de convoitise… L’ambiance de cette aventure est bien plus sombre que celle du somptueux 7ème voyage de Sinbad. Le casting s’en ressent, dominé par le jeu convaincant de John Philip Law et Tom Baker, moins hauts en couleurs que Kerwin Mathews et Torin Thatcher, mais mieux adaptés à cette version plus souterraine des Mille et Une Nuits. Quant à la toute belle Caroline Munro, dont la présence ensorcelante capte immédiatement les regards, son charme ingénu s’étale avec un peu moins de pudeur que celui de la gracieuse Kathryn Grant. « Je n’ai évidemment jamais joué face à des créatures de dix mètres de haut », raconte la belle Caroline. « En revanche, nous devions regarder un bâton qu’un accessoiriste déplaçait pour guider notre regard. J’avais également accès avant chaque prise aux extraordinaires storyboards de Ray, et je dois dire que son travail préparatoire était très impressionnant. Cet homme est un génie, vraiment ! » (1).

Des scènes d’animation magnifiques parcourent en effet ce film. La première créature à faire son apparition est un petit homuncule volant, mi-Harpie, mi-Ymir. On note aussi une figure de proue, réminiscence de Talos, sublimement animée et incrustée, ainsi qu’un centaure, initialement prévu pour Jason et les Argonautes, qui s’engage dans un violent combat avec un griffon. « Il n’est jamais facile de concevoir un animal composite, comme le centaure ou le griffon, car ils possèdent des éléments anatomiques qui, à l’origine, ne concordent pas ensemble », nous expliquait Harryhausen. « Il suffit d’une erreur de proportion pour basculer dans le grotesque. » (2)

La danse de Kali

Mais le vrai morceau d’anthologie de ce second Sinbad, doublé d’une prouesse technique, est l’inoubliable danse de Kali, suivie d’un combat contre les héros. « La séquence doit durer moins de cinq minutes, mais il m’a fallu à peu près deux mois pour la réaliser » (3), nous explique Harryhausen. On peut regretter que les monstres soient ici moins gigantesques qu’à l’accoutumée, et préfèrent surgir la nuit et dans des endroits clos plutôt que sur de vastes étendues, comme sur la plage du premier Sinbad. Succédant à Bernard Herrmann, Miklos Rosza, qui avait su créer une magnifique partition arabisante pour Le Voleur de Bagdad, se plongea à nouveau dans les mélodies orientales. Le Voyage Fantastique de Sinbad fut un gigantesque succès public dès sa sortie, à tel point que Le 7ème voyage de Sinbad goûta aux faveurs d’une ressortie et qu’un troisième épisode fut mis en chantier.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2010. (2) et (3) Propos recueillis en février 2004.

 

© Gilles Penso

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STAR TREK INTO DARKNESS (2013)

J.J. Abrams poursuit sa reconstruction de la franchise Star Trek en offrant à Benedict Cumberbatch un rôle intense et inattendu

STAR TREK INTO DARKNESS

2013 – USA

Réalisé par J.J. Abrams

Avec Chris Pine, Zacchary Quinto, Benedict Cumberbatch, Simon Pegg, Zoe Saldana, Karl Urban, Peter Weller, Alice Eve

THEMA SPACE OPERA I FUTUR I EXTRA-TERRESTRES I SAGA STAR TREK

Au moment de la sortie de son premier Star Trek, alors qu’un journaliste lui demandait de définir ce que pourrait être la séquelle d’une préquelle, J.J. Abrams avait répondu : « un remake ». Derrière la boutade, le cinéaste mettait en avant la complexité liée aux multiples déclinaisons qu’Hollywood fait subir depuis le début des années 2000 à la majorité de ses films à succès : remakes, suites, prequels, reboots, crossovers, spin-off… Pour compliquer davantage les choses, Abrams a décidé de situer les aventures de son Star Trek dans une réalité parallèle alternative, s’autorisant ainsi à puiser dans le très riche patrimoine créé par Gene Roddenberry et ses successeurs, tout en réorganisant les données à sa sauce et en toute liberté. Star Trek Into Darkness permet d’apprécier pleinement le potentiel de ce parti pris expérimental. L’équipage de l’Entreprise ayant été constitué dans le film précédent, l’action peut démarrer sur les chapeaux de roues sans nécessité de présentations préalables.

Un pré-générique conçu sur le modèle de ceux des James Bond nous coupe le souffle dès les premières minutes : course-poursuite échevelée sur une planète écarlate peuplée d’aliens primitifs, menace d’une colossale éruption volcanique, tensions extrêmes lorsqu’un des héros décide de se sacrifier, compte à rebours décisif… Après cette entrée en matière explosive, l’intrigue se met en place sur la Terre du futur. Alors que Kirk est rétrogradé pour cause d’insubordination, un terrible double attentat frappe la Fédération et oblige les membres de l’Enterprise à parcourir l’espace à la recherche d’un terroriste impitoyable dont les intentions sont énigmatiques. Leur périple les conduit en territoire ennemi, dans une zone habitée par le peuple Klingon, mais ils sont loin d’être au bout de leurs surprises. Le tour de force scénaristique de Star Trek Into Darkness réside dans la construction d’une intrigue totalement originale, mais dont la majorité des éléments narratifs proviennent pourtant d’un autre film : le fameux Star Trek 2 réalisé en 1982 par Nicholas Meyer.

La colère de Khan

Du coup, nous n’avons affaire ni à un remake, ni à une prequel, mais plutôt à une variante audacieuse qui met tout particulièrement l’accent sur les dilemmes, les choix cornéliens, les luttes intestines et les coups de théâtre. L’humain est donc au cœur de l’aventure, comme toujours chez J.J. Abrams, et même les séquences d’action les plus extrêmes (la fusillade en pleine cité, les combats spatiaux, l’hallucinante poursuite finale) sont sous-tendue par des enjeux personnels qui, souvent, se redéfinissent en cours de route. L’implication du spectateur est donc totale, d’autant que Benedict Cumberbatch, transfuge de la série Sherlock, nous hypnotise quasiment à chacune de ses apparitions, son charisme imprégnant durablement l’écran. D’un seul regard, d’une seule intonation, le comédien s’impose et devient la figure centrale du drame, les posters du film ne laissant aucune ambiguïté à cet égard. Le seul véritable reproche qu’on pourrait adresser au film est son absence de dimension métaphysique ou politique, deux composantes pourtant essentielles de l’univers imaginé par Roddenberry. Mais les intentions de J.J. Abrams se situent ouvertement ailleurs, sur le terrain brut de la tragédie à échelle humaine et du conflit interne. Et dans ce domaine, force est de reconnaître que Star Trek Into Darkness est une prodigieuse réussite.

 

© Gilles Penso

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IRON MAN 3 (2013)

Après un second Iron Man redondant et maladroit, Shane Black décide de casser l'image du super-héros avec ce troisième opus irrévérencieux

IRON MAN 3

2013 – USA

Réalisé par Shane Black

Avec Robert Downey Jr, Gwyneth Patrow, Don Cheadle, Guy Pearce, Ben Kingsley

THEMA SUPER-HEROS I SAGA IRON MAN I AVENGERS I MARVEL

Nouveau maillon de la gigantesque saga initiée par le studio Marvel en 2008, Iron Man 3 fait directement suite aux événements survenus dans Avengers et met à jour les répercussions psychologiques subies par Tony Stark. Le milliardaire cabotin est désormais frappé de crises d’angoisse, d’insomnies et d’un affaiblissement généralisé qui ne laisse rien augurer de bon pour la suite de ses aventures. S’engouffrant dans la faille, un nouveau super-vilain se manifeste à travers une série d’actes terroristes qui semblent s’acheminer vers un terrible attentat à l’encontre du gouvernement américain. Son nom : le Mandarin. Son pays d’origine : la Chine. Son mode opératoire : le chaos. En puisant ainsi son inspiration dans le comics d’origine signé Stan Lee et Don Heck – le Mandarin est l’un des tout premiers ennemis d’Iron Man – le scénariste/réalisateur Shane Black (auteur notamment de L’Arme fatale, Le Dernier samaritain et Last Action Hero) semble vouloir opérer un retour aux sources. Mais le cinéaste est amateur de complexités, et son récit s’avère moins prévisible qu’il n’y paraît.

Truffé de coups de théâtre, Iron Man 3 s’amorce sous un jour extrêmement sombre, suivant pas à pas le chemin de croix d’un super-héros déchu et déstabilisé, pour mieux le faire renaître de ses cendres dans une seconde partie extrêmement spectaculaire où l’humour, le suspense et l’émotion se bousculent en un formidable cocktail, tandis que les scènes d’action inédites s’enchaînent sans répit. L’un des principaux ajouts technologiques du film – la capacité pour Stark de commander à distance les pièces détachées de ses armures afin qu’elles fusionnent littéralement avec son propre corps – sert de moteur à de nombreuses séquences mouvementées et vertigineuses. A ce titre, le climax est un véritable rollercoaster qui ne cesse de rebondir jusqu’à un final explosif à souhait.

Révélations surprenantes

Si Robert Downey Jr n’a rien perdu de son charisme naturel et si ses moments d’improvisation avec Gwyneth Patrow sont une fois de plus privilégiés, Shane Black fait en ce domaine preuve de plus de rigueur que son prédécesseur Jon Favreau – toujours présent au poste de producteur exécutif et actif devant la caméra sous le costume du chef de la sécurité Happy. Les séquences lâches qui ralentissaient la narration d’Iron Man 2 et donnaient souvent une impression de patinage scénaristique n’ont ici plus court, et le millimétrage de l’écriture n’est pas l’un des moindres atouts d’Iron Man 3.  Soulignons aussi les étonnantes performances de Guy Pearce et Ben Kingsley qui, dans le camp du mal, crèvent l’écran à chacune de leurs apparitions et nous réservent en cours de métrage leur lot de révélations surprenantes. Le visionnage du film nous laisse lessivés et euphoriques, tout en attisant l’attente fiévreuse de Avengers : l’ère d’Ultron, crossover des futurs Thor le Monde des Ténèbres et Captain America : le Soldat de l’hiver.

 

© Gilles Penso

 

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STAR WARS EPISODE 2 : L’ATTAQUE DES CLONES (2002)

Un second épisode un peu mieux construit que son prédécesseur et généreux en séquences spectaculaires, malgré bon nombre de maladresses

STAR WARS EPISODE II – ATTACK OF THE CLONES

2002 – USA

Réalisé par George Lucas

Avec Ewan McGregor, Natalie Portman, Hayden Christensen, Christopher Lee, Samuel L. Jackson, Frank Oz, Ian McDiarmid

THEMA SPACE OPERA I ROBOTS I SAGA STAR WARS

Conscient des faiblesses de La Menace fantôme, George Lucas a révisé sa copie pour le deuxième épisode de sa saga intergalactique, gommant les principales scories du film précédent, notamment un récit à la structure évasive, des protagonistes mal définis et des enjeux confus. Ainsi, s’il n’arrive toujours pas à la cheville de La Guerre des étoiles et de ses deux séquelles, L’Attaque des clones s’en sort tout de même avec les honneurs et constitue un spectacle indéniablement divertissant. Le scénario se déroule dix ans après La Menace fantôme. Échappant de peu à un attentat, la reine Padmé Amidala est placée sous la protection de deux Jedis : Obi-Wan Kenobi et son élève Anakin Skywalker, devenu depuis le film précédent un beau jeune homme un peu turbulent. Après avoir déjoué une nouvelle tentative d’assassinat, les deux chevaliers se séparent, structurant ainsi la majeure partie du film autour de deux intrigues parallèles étroitement liées.

Obi-Wan mène une enquête qui le dirige vers la planète Kamino, où une gigantesque armée de clones guerriers a été commanditée par un ancien Jedi passé du côté obscur de la Force. De son côté, Anakin ramène Amidala sur sa planète natale, Naboo, pour assurer sa garde rapprochée. Peu à peu, il lui déclare sa flamme, tandis qu’une terrible tragédie survenue sur Tatooïne l’endurcit au point de semer définitivement en lui les graines du futur Dark Vador. Romance, thriller et drame s’entremêlent ainsi au fil du récit, tandis que Lucas, toujours soucieux de l’aspect récréatif de son œuvre, multiplie des séquences qu’on croirait directement issues d’un jeu vidéo : la course-poursuite échevelée au milieu du trafic aérien de la planète Coruscant, le combat musclé entre Obi-Wan et le chasseur de prime Jango Feet, la bataille spatiale en plein champ d’astéroïde (réminiscence de L’Empire contre-attaque) et surtout la cavalcade au beau milieu d’une chaîne de fabrication de robots.

L'arène aux monstres

Tout le monde se retrouve au cours d’un climax d’une bonne demi-heure qui ne recule devant aucun excès. Nos trois héros sont d’abord livrés en pâture dans une arène à des monstres que n’aurait pas renié Ray Harryhausen : un colossal rhinocéros préhistorique, une araignée-mante religieuse à la tête reptilienne, une hyène géante à la gueule surdimensionnée. Puis un furieux pugilat oppose des dizaines de chevaliers Jedi armés de sabres laser à une myriade de robots déchaînés, avant que n’interviennent les milliers de soldats clonés et des machines de guerre géantes cousines des At-At de L’Empire contre-attaque… Tout s’achève par un duel avec le redoutable comte Dooku, interprété, ô bonheur, par le toujours fringuant Christopher Lee. L’intervention de l’ex-Dracula de la Hammer est ici d’autant plus plaisante aux yeux du cinéphile que son ancien compère Peter Cushing jouait lui-même un rôle clef dans La Guerre des Etoiles. Bref, une séquelle riche et mouvementée, qui laisse entrevoir le potentiel d’un troisième épisode noir et palpitant.

  
© Gilles Penso

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GHOSTRIDER (2007)

Le motard à tête de mort incandescente des comics Marvel se transforme ici en clown grimaçant incarné par un Nicolas Cage en plein délire

GHOST RIDER

2007 – USA

Réalisé par Mark Steven Johnson

Avec Nicolas Cage, Wes Bentley, Eva Mendes, Matt Long, Sam Elliott, Peter Fonda, Donal Logue, Brett Cullen, Raquel Alessi

THEMA SUPER-HEROS I DIABLE ET DEMONS I SAGA MARVEL

En matière d’adaptations ratées de comic books, on pensait avoir touché le fond avec Daredevil. C’était compter sans la capacité de Mark Steven Johnson à se dépasser lui-même. Car avec Ghost Rider, le brave homme nous livre l’un des films les plus grotesques et les plus tonitruants du genre. L’idée qui consistait à porter à l’écran les aventures du cavalier fantôme de Marvel était en soi surprenante. Pourquoi s’intéresser à ce personnage anecdotique et pas spécialement populaire alors que l’usine à super-héros de Stan Lee regorgeait encore de protagonistes passionnants n’ayant pas encore connu les honneurs du grand écran ? La voix off du prologue nous annonce d’emblée que nous entrons dans un récit tiré par les cheveux, à base de cavaliers ayant vendu leur âme au diable et se chargeant au fil des siècles de récupérer les contrats signés par les damnés. Nous faisons ensuite connaissance avec Barton Blaze et son fils Johnny, deux cascadeurs à moto se produisant dans une petite fête foraine. Le jour où il apprend que son père est atteint par le cancer et condamné à court terme, Johnny est prêt à tout pour le sauver, y compris vendre son âme à Méphisto et renoncer à sa fiancée Roxanne. Mais il s’agit d’un marché de dupe, et Barton meurt peu après dans un accident de moto.

Des années plus tard, nous retrouvons Johnny, et bizarrement le jeune acteur Matt Long est alors remplacé par un Nicolas Cage qui non seulement ne lui ressemble absolument pas, mais surtout surjoue avec une outrance caricaturant ses prestations précédentes, notamment celle de Sailor et Lula, alors que Long se distinguait par la sobriété de son jeu ! A peine a-t-on le temps d’intégrer cet étrange décalage que l’absurdité du récit nous parvient enfin dans toute son ampleur. Car Johnny, désormais star de la cascade à moto, retrouve subitement Roxanne, devenue journaliste, puis Méphisto, qui le transforme toutes les nuits en Ghost Rider, un cavalier fantôme dont la tête se mue en crâne enflammé et la moto en bolide incandescent. Sa mission consiste dès lors à traquer les âmes échappées de l’enfer tout en contrant le fils du Diable, bien décidé à se révolter contre son père pour imposer sa propre vision de l’enfer…

Un cadeau empoisonné

Un jour ou l’autre, il fallait bien que Nicolas Cage incarne un super-héros. Fan de comic books au point d’emprunter le nom d’un des justiciers de Marvel, Luke Cage, (rappelons que son vrai patronyme est Coppola, comme son oncle Francis Ford), il faillit être Superman sous la direction de Tim Burton, avant que le projet n’échoue finalement dans les mains de Bryan Singer. Lot de consolation, Ghost Rider a surtout les allures d’un cadeau empoisonné. Car rien ne semble pouvoir sauver le métrage. Les dialogues y sont risibles (« tu m’as peut-être pris mon âme, mais tu ne m’as pas pris mon esprit ! »), la mise en scène digne d’un roman photo des années 70 (ah le plan des amoureux au pied du grand arbre !), le jeu des acteurs embarrassant (notamment la séquence de Cage grimaçant devant son miroir), les effets spéciaux grossiers… Finalement, force est de constater que les super-héros des comic books de notre enfance ne passent avec bonheur le cap du grand écran que lorsque de véritables auteurs les prennent à bras le corps. 

 

© Gilles Penso

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OCTAMAN (1971)

Digne d'une série B de SF des années 50, un monstre hydrocéphale mi-homme mi-pieuvre terrorise la population

OCTAMAN

1971 – USA

Réalisé par Harry Essex

Avec Kerwin Matthews, Pier Angeli, Jeff Morrow, David Essex, Jerome Guardino, Robert Warner, Norman Fields

THEMA MONSTRES MARINS

Il est généralement admis que les monstres les plus improbables et les plus grotesques de l’histoire du cinéma de science-fiction sont nés dans les années 50, berceau des Robot Monster, Invasion of the Saucer Men et autres L’Homme Alligator. Mais les seventies aussi ont su parfois s’avérer prolixes en la matière, comme le prouve cet Octaman résolument anachronique. Initiateur du projet, Harry Essex fut le scénariste de L’Étrange créature du lac noir, et on imagine que le brave homme s’efforça, avec un ou deux métros de retard, de retrouver le succès du classique de Jack Arnold. Il imagina donc un autre homme-poisson, en s’appuyant sur un postulat quelque peu daté. Kerwin Matthews, ancienne étoile montante du cinéma merveilleux des années 50/60 (Le 7ème voyage de SinbadJack le tueur de géants) cachetonne ici sans conviction dans le rôle du chef d’une petite expédition étudiant les effets des radiations sur l’eau d’une réserve naturelle.

Leur première découverte est une mignonne petite pieuvre aux yeux exorbités qui pousse d’étranges hululements, dont la peau en plastique et les déplacements gauches façon marionnette pour enfants suscitent déjà quelques pouffements de rire. Mais ce n’est qu’un amuse-gueule, car lorsque surgit enfin l’Octaman, grand-frère de la gentille bébête venu l’arracher aux mains des vils humains, les zygomatiques des spectateurs s’activent frénétiquement. Comment réagir autrement, face à cette créature humanoïde au crâne hypertrophié en forme de choux, aux orbites globuleux, à la bouche ronde garnie de dents pointues, et aux tentacules en caoutchouc qui pendouillent lamentablement pendant qu’il se déplace sur la terre ferme ? Comme s’il n’était absolument pas conscient du potentiel comique de son monstre, Harry Essex mène son film avec un premier degré imperturbable, orchestre des scènes de combats apathiques et nous livre même le cliché absolu hérité des « monster movies » des fifties : la fille évanouie transportée dans les bras de la bête.

Un costume conçu par Rick Baker

Le plus incroyable, finalement, vient du fait que ce monstre impensable ait été conçu par Rick Baker, génial créateur d’effets spéciaux de maquillage multi-oscarisé pour des œuvres telles que Le Loup-Garou de LondresEd Wood ou Men in Black. Mais au début des années 70, Baker était encore un débutant, et le budget de mille dollars mis à sa disposition ne lui permit évidemment pas de faire des miracles. « Je crois que c’est le créateur d’effets visuels Jim Danforth qui l’a recommandé aux producteurs du film Octaman parce qu’ils recherchaient quelqu’un pour fabriquer le costume du monstre », raconte le sculpteur/maquilleur/animateur Doug Beswick (Evil Dead 2, Beetlejuice). « Rick n’avait pas trop envie de prendre en charge ce travail tout seul, alors il m’a invité à le rejoindre pour faire équipe avec lui. C’était la première fois que Rick et moi travaillions sur un long métrage. » (1) Ce baptême du feu mit le pied à l’étrier des deux talentueux artistes, mais en l’état, l’homme-pieuvre d’Octaman demeure l’une des créatures les plus grotesques de l’histoire du cinéma fantastique, attraction principale d’un film qui suscite alternativement l’hilarité et l’ennui mortel.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998

 

© Gilles Penso

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EVIL DEAD (2013)

Fede Alvarez réalise un remake soigné et très efficace du classique de Sam Raimi, mais préfère à l'horreur surréaliste de son modèle des effets gore très crus

EVIL DEAD

2013 – USA

Réalisé par Fede Alvarez

Avec Jane Levy, Jessica Lucas, Shiloh Fernandez, Lou Taylor Pucci, Elizabeth Blackmore

THEMA ZOMBIES I DIABLE ET DEMONS I VEGETAUX I LOVECRAFT I SAGA EVIL DEAD

La relation qu’entretiennent les amateurs de cinéma d’horreur avec Evil Dead  est souvent passionnelle. Qu’il ait été découvert sur un grand écran, une cassette VHS ou une galette numérique, le chef d’œuvre de Sam Raimi a marqué durablement les esprits, et ses deux séquelles déjantées ont depuis longtemps consolidé son statut d’objet de culte. La perspective d’un remake semblait inévitable, mais comment s’y prendre pour respecter l’œuvre originale tout en ménageant suffisamment de surprises ? Pour relever le défi, Fede Alvarez calque sa démarche sur celle de Marcus Nispel, à l’époque de sa relecture de Massacre à la tronçonneuse. Le décor reste inchangé, la nature du mal est identique, la plupart des scènes clefs sont restituées, mais les protagonistes sont différents. Ou du moins leurs relations ont-elles été complexifiées. Evil Dead cru 2013 parvient à piquer ses spectateurs au vif dès son entrée en matière. Le prologue joue habilement sur nos nerfs en optant pour un point de vue surprenant qui bouleverse les règles manichéennes habituellement établies.

Lorsque les cinq héros entrent en scène, nous comprenons qu’un lien fort les rattache à la fameuse cabane champêtre. David et Mia, dont les relations fraternelles se sont distendues au fil du temps, y ont grandi avec leurs parents, et leurs compagnons y ont partagé plusieurs escapades adolescentes. Bref, le lieu est chargé de souvenirs. Mais le séjour qui se prépare n’a rien de nostalgique. Mia est une junky invétérée, et pour l’aider à se sevrer définitivement, rien de tel qu’un isolement total en rase campagne. Les acteurs du drame étant en place, les démons peuvent préparer leur assaut. Dès lors, les figures imposées s’enchaînent : la découverte dans la cave du livre démoniaque, la caméra qui rampe entre les arbres, l’attaque de la végétation, la possession successive de chacune des jeunes filles…

Aucune limite

Fede Alvarez reprend à son compte toutes les références de son modèle (H.P. Lovecraft, George A. Romero, L’Exorciste) et les pousse à leur paroxysme, ne s’imposant aucune limite dans le domaine des séquences gore extrêmes. Si le sang coule par hectolitres, si les corps sont démembrés, si les visages se défigurent, aucune poésie surréaliste ne vient créer de distance, et les limites du soutenable sont souvent franchies. Dans le meilleur des cas, on pense à Lucio Fulci et Dario Argento, mais les démesures dictées par la double vogue des séries Saw et Hostel semblent aussi sollicitées. Résultat : ce nouvel Evil Dead fait l’effet d’un film hybride. Somptueux dans sa forme (la musique de Roque Baños rend magnifiquement hommage aux compositions originales de Jo Lo Duca, la photographie est splendide, les maquillages spéciaux incroyables), louable dans ses intentions, le film d’Alvarez se retrouve coincé par son statut de remake, alignant les passages obligatoires et d’ultimes péripéties confinant un peu au grotesque au lieu de laisser pleinement se déployer la personnalité d’un cinéaste au talent évident. La saga de Sam Raimi n’y gagne pas grand-chose, mais les amateurs d’horreur pure et dure ont de quoi y puiser quelques frissons intenses, en attendant que Fede Alvarez ne s’attaque à un projet qu’on espère plus personnel.

 

© Gilles Penso

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LES BANLIEUSARDS (1989)

A mi-chemin entre Hitchcock et Spielberg, Joe Dante installe l'étrangeté dans le cadre familier d'une banlieue américaine

THE BURBS

1989 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Tom Hanks, Bruce Dern, Carrie Fisher, Rick Ducommun, Corey Feldman, Wendy Schaal, Henry Gibson, Brother Theodore

THEMA TUEURS

The Burbs fait partie des œuvres méconnues de Joe Dante, personnalité définitivement hors norme dans la jungle d’Hollywood. Tourné entre L’Aventure intérieure et Gremlins 2, le film choisit pour cadre unique un banal quartier de la banlieue américaine (the suburbs). Ray Peterson (Tom Hanks dans sa période comique), monsieur-tout-le-monde en quête de détente, entend bien profiter de sa semaine de vacances pour ne pas quitter ses chaussons et bricoler à la maison. C’est compter sans l’arrivée de curieux et très secrets voisins étrangers, les Klopek, qu’il soupçonne rapidement d’être des meurtriers sanguinaires. Aidé par deux autres résidents du quartier, il va tenter de les démasquer au péril de sa vie, et de son précieux farniente…

Le lieu de l’action, les protagonistes, l’atmosphère bon enfant mâtinée de mystère, tout évoque les divines productions Amblin de Steven Spielberg. Dante choisit cependant de ne pas donner le rôle des investigateurs à des enfants comme dans Explorers ou E.T., mais à des adultes (qui se comportent néanmoins comme des adolescents attardés en quête de sensations fortes, nous y reviendrons). Choix orienté puisque le but affiché ici est, sous couvert de la comédie loufoque, de condamner l’Américain moyen protectionniste et gentiment xénophobe qui voit forcément d’un œil mauvais l’arrivée de l’Etranger sur son territoire, et se battra bec et ongles (quitte à perdre, au choix, la face ou la raison) pour défendre ses biens. Les références au western (Leone et Morricone sont cités au détour d’un gag) et au film de guerre (Jerry Goldsmith reprend avec malice son propre thème de Patton et le personnage de Bruce Dern est un vétéran du Vietnam) sont donc tout sauf gratuites.

Léger et parodique, puis soudain inquiétant et gothique

Partant d’un scénario et de ressorts dramatiques à la Fenêtre sur cour, le film ne cesse d’intriguer, tour à tour léger et parodique, puis soudain inquiétant et gothique, rendant majestueusement hommage à la Hammer via cette famille Klopek sortie tout droit d’un Terence Fisher ou, par extension, de Frankenstein Junior. Qui plus est, un réel suspense est entretenu jusqu’au bout sur la nature des véritables agissements des voisins infernaux. La force du réalisateur est d’utiliser des personnages archétypaux (le héros sympathiquement puéril, l’épouse aimante et maternelle, le voisin/copain crétin à mauvaise influence…) et de les caricaturer sans les juger pour autant, car même s’il les malmène tel un entomologiste au profit d’une démonstration idéologique cinglante, il conserve une indéfectible tendresse à leur égard. La plupart des personnages principaux de la filmographie de Dante sont issus de la middle class américaine, fourmis broyées par le consumérisme et les valeurs imposées qui vivent des aventures extraordinaires en désirant simplement briser une routine sclérosante. Le personnage de Tom Hanks s’ennuie et rêve d’une énigme à résoudre (même si elle perturbe grandement son ordre établi), Jack Putter (L’Aventure intérieure) travaille au supermarché et veut partir en voyage lorsqu’il tombe en plein scénario d’espionnage, Billy Peltzer (Gremlins), dessinateur naïf, se voit offrir un animal fantasmagorique par son père et déclenche une invasion de monstres… Au-delà de la critique des grandes erreurs humaines (Piranhas, Small Soldiers, et plus récemment The Hole et sa violence parentale), les carcans symboliques et familiaux ne demandent qu’à imploser face à la curiosité et à l’imaginaire que nous oublions tous progressivement, enfouis sous le poids de nos responsabilités d’adultes. Là où John Carpenter et Wes Craven se sont fait déborder par le cynisme, Joe Dante, lui, n’a visiblement jamais oublié.

 

© Julien Cassarino

 

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