AMER (2009)

Une œuvre expérimentale qui déclare sa flamme aux giallos italiens en offrant aux spectateurs une expérience sensorielle surprenante

AMER

2009 – FRANCE / BELGIQUE

Réalisé par Hélène Cattet et Bruno Forzani

Avec Cassandra Forêt, Charlotte Eugène Guibeaud , Marie Bos, Delphine Brual, Harry Cleven, Bianca Maria d’Amato

THEMA TUEURS

Le magnifique poster d’Amer, œuvre du dessinateur Gilles Vranckx, et les propos des réalisateurs Hélène Cattet et Bruno Forzani, s’attaquant là à leur premier long-métrage, nous laissaient espérer un bel hommage au giallo, ce fameux courant filmique italien des années 60/70 qui mixait l’enquête policière et l’horreur graphique avec une touche de surréalisme et d’érotisme. Notre déception n’en est que plus grande. Car si les auteurs de cette co-production franco-belge semblent connaître sur le bout des doigts l’œuvre de Mario Bava et Dario Argento, leur réinterprétation du genre laisse songeur. A vrai dire, Amer (pourtant récipiendaires de nombreux prix internationaux) ressemble bien plus à un exercice de style expérimental qu’à un film de fiction, tant il s’évertue à effacer toute dramaturgie, tout dialogue et toute intrigue au profit d’une approche purement sensorielle des états d’âme de son héroïne. Celle-ci, Ana, nous est présentée à trois âges clefs de sa vie. Enfant, elle est effrayée dans la grande villa familiale. Il faut dire que le corps de son grand-père décédé, les ébats violents de ses parents et le comportement inquiétant de sa vieille nounou ont de quoi faire vagabonder son imagination fébrile… Adolescente, elle s’éveille au désir charnel, troublée par les présences masculines rôdant dans son village… Adulte, elle revient sur les lieux de son enfance pour affronter ses propres démons…

La plupart des giallos transcendaient leur intrigue – souvent très classique – par des décalages violents et surprenants. Effets de mise en scène déconcertants, design sonore insolite, direction artistique baroque, autant de bizarreries empreintes de poésie engendrant des morceaux d’anthologie inscrits dans toutes les mémoires cinéphiliques. Or dans Amer, Hélène Cattet et Bruno Forzani ont décidé de ne conserver que les étrangetés sans s’encombrer de structure narrative digne de ce nom. Du coup, le contraste n’existe plus et la dynamique du récit s’annihile. Face à cet enchaînement ininterrompu de très gros plans, d’effets sonores oppressants et de cadrages biscornus, l’intérêt du spectateur s’attise dans un premier temps, puis s’étiole en cours de métrage et finit par se muer en profond ennui.

Fétichisme et déviances

Alors certes, le fétichisme du cuir inhérent aux giallos est ici omniprésent, l’érotisme déviant est de la partie, et une scène de meurtre à l’arme blanche plutôt éprouvante nous est livrée en prime vers la fin du film. Est-ce suffisant pour nous captiver ? Loin s’en faut. D’autant que les choix musicaux du film, pour leur part, cèdent à la facilité. Au lieu de demander à un compositeur de réinterpréter à sa manière les célèbres bandes originales de l’époque, Cattet et Forzani se sont contentés de les réutiliser tels quels, compilant des extraits directement empruntés à Bruno Nicolaï, Stelvio Cipriani et Ennio Morricone. En attendant que les jeunes duettistes mettent leur sensibilité au service d’une véritable histoire, avec des personnages, des enjeux et des rebondissements, mieux vaut se replonger dans Six femmes pour l’assassin, L’Oiseau au plumage de cristal ou Les Frissons de l’angoisse dont les moments de grâce fulgurants n’empêchaient pas une construction dramatique solide, bien au contraire.

 

© Gilles Penso

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LA HORDE (2009)

Un film de zombies français mis en scène conjointement par deux amoureux inconditionnels du genre

LA HORDE

2009 – FRANCE

Réalisé par Yannick Dahan et Benjamin Rocher

Avec Eriq Ebouaney, Jean-Pierre Martins, Jo Prestia, Aurélien Recoing, Claude Perron, Alain Figlarz, Doudou Masta, Yves Pignot

THEMA ZOMBIES

C’est en réalisant plusieurs reportages sur le cinéma de genre français que Yannick Dahan et Benjamin Rocher laissent germer l’idée de leur premier long-métrage, envisagé comme « le premier film de zombies français ». Le titre est abusif, puisque même s’ils n’entreront dans aucun panthéon, Le Lac des Morts-Vivants, L’Abîme des Morts-Vivants, La Morte-Vivante et La Revanche des Mortes-Vivantes ont précédé nos duettistes de trois décennies. Considérons plutôt La Horde comme le premier film de zombies hexagonal depuis l’arrivée de la « nouvelle vague fantastique française » lancée par Alexandre Aja. La structure de La Horde se calque sur celle d’Une nuit en enfer, glissant progressivement du thriller vers l’horreur. Cinéphiles et téléphages, nos deux hommes décident de construire leurs protagonistes sur le modèle des flics ripoux de la série The Shield et de les envoyer, ivres de vengeance, à l’assaut d’une tour HLM dans laquelle se sont barricadés des gangsters responsables de la mort de l’un des leurs. Bientôt déboule sans crier gare une horde de zombies, obligeant policiers et malfrats à s’unir pour se laisser une chance de survivre dans cet enfer.

Le concept n’est pas révolutionnaire, et l’ambition des deux réalisateurs se limite visiblement à un jeu de massacre savamment orchestré pour satisfaire leur double passion du cinéma d’horreur et du jeu vidéo. « Le gros avantage est d’être deux réalisateurs est qu’aucune de nos idées n’est dictée par un plaisir égoïste », atteste Rocher. (1) « Le thème du zombie n’est pas politique mais philosophique », avance Yannick Dahan. « On parle de morts qui reviennent pour manger des vivants. A partir de là, pas besoin d’en rajouter ». (2) Mais face à l’affluence de films de zombies sur les écrans depuis le début des années 2000, La Horde peine à sortir du lot, n’évitant guère les situations classiques, les personnages archétypaux et les figures imposées.

Trois cents créatures frénétiques

Certes, la réalisation est limpide, les scènes d’action souvent efficaces, et les maquillages spéciaux d’Olivier Afonso et son équipe (Mutants, Vertiges) impeccables. « Yannick et Benjamin envisageaient leurs zombies comme des gens hébétés qui viennent de subir un accident, des rescapés couverts de blessures et assoiffés de sang », nous explique ce dernier.  « Ils ne souhaitaient pas que leurs créatures aient un aspect animal trop marqué. Ils voulaient conserver avant tout leur côté humain, avec l’idée que ce sont des créatures en souffrance. » (3) Clou du spectacle : l’assaut d’un des héros, perché sur le toit d’une voiture, par trois cents créatures frénétiques, assurément la séquence la plus impressionnante et la plus graphique du film, tournée avec une armada de figurants venus gracieusement se prêter au jeu pour le plaisir d’incarner des zombies ! Une poignée de scènes de cet acabit valent le détour, tout comme l’interprétation irrésistible d’Yves Pignot dans le rôle d’un ancien combattant trop heureux de démastiquer du mort-vivant pour se rappeler le bon vieux temps de Dien-Bien-Phu ! Quelques minutes de grâce qui surnagent au sein d’un film par ailleurs peu mémorable faute d’une originalité intrinsèque, de personnages mieux construits et d’un véritable discours.

 

(1) (2) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2010

 

© Gilles Penso

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WOLFMAN (2010)

Joe Johnston réalise un remake très réussi du classique des années 40 et transforme Benicio del Toro en lycanthrope

THE WOLFMAN

2010 – USA

Réalisé par Joe Johnston

Avec Benicio del Toro, Anthony Hopkins, Emily Blunt, Hugo Weaving, Geraldine Chaplin, Art Malik, Michael Cronin

THEMA LOUPS-GAROUS

Le remake de La Momie réalisé en 1999 par Stephen Sommer avait prouvé que le studio Universal pouvait ressusciter les franchises de l’âge d’or du fantastique avec panache et bon goût. Dix ans plus tard, une nouvelle version du Loup-Garou de George Waggner semblait donc de bon aloi. Mais les difficultés précédant sa concrétisation (changements de réalisateurs et de compositeurs, tournages additionnels, date de sortie sans cesse repoussée) laissaient craindre le pire. Or face au résultat, toutes les craintes s’évaporent : le Wolfman de Joe Johnston est une superbe relecture du mythe lycanthropique, très respectueuse du film original mais proposant de nouveaux rebondissements inattendus. Benicio del Toro reprend le rôle de Lawrence Talbot, tenu en 1941 par Lon Chaney Jr. Forcé de revenir au domaine familial de Blackmoor suite à la disparition de son frère, il recontacte à contrecœur son père (Anthony Hopkins) et prend connaissance d’une superstition locale, selon laquelle un monstre transforme ses victimes en loups-garous les nuits de pleine lune. Evidemment, ce n’est pas une simple légende, et Talbot se retrouve bientôt victime du lycanthrope

Si l’ambiance mélancolique et folklorique du film de Waggner a été conservée telle quelle (avec en prime la reprise du fameux poème inventé par Curt Siodmak : « même un homme dont le cœur est pur, et qui récite ses prières le soir, peut devenir un loup »), ce remake est truffé de séquences gore inimaginables à l’époque, concoctées par le maestro Rick Baker. Du coup, Wolfman est le seul film classé R (restricted) de Joe Johnston, ce dernier s’étant jusqu’alors habitué au divertissement familial (Chérie j’ai rétréci les gosses, Rocketeer, Jurassic Park 3). Baker était le candidat idéal pour visualiser ce loup-garou rétro, tout le monde ayant gardé en mémoire son travail exceptionnel sur Le Loup-Garou de Londres. S’il ne surpasse pas les métamorphoses qu’il créa pour John Landis (mais quelqu’un les surpassera-t-elles un jour ?), le génial maquilleur rend en vibrant hommage à son prédécesseur Jack Pierce en concevant un faciès de loup-garou très similaire à celui qu’arborait Lon Chaney Jr.

Les tourments de Larry Talbot

Les transformations ont évidemment été modernisées, bénéficiant de l’apport des effets numériques, mais c’est surtout d’un point de vue narratif qu’elles s’avèrent marquantes, notamment lorsque le pauvre Talbot est exhibé dans une école de médecine, face à une audience incrédule, alors que la pleine lune s’apprête à provoquer l’inéluctable métamorphose… Les séquences inédites imaginées pour ce nouveau Wolfman, en particulier une incroyable course-poursuite dans les rues de Londres, s’entremêlent sans heurt avec celles empruntées au classique des années 40. Le parti pris de Joe Johnston s’oppose à celui de La Momie de Sommers, dans la mesure où son film s’appréhende au premier degré, évitant tout humour décalé ou toute digression afin de mieux cerner le drame de ses protagonistes et les tourments de leurs destinées, preuve que deux approches résolument opposées peuvent donner lieu à deux films tout autant réjouissants, pour peu que leurs auteurs soient amoureux du sujet au point de lui déclarer leur flamme avec enthousiasme et sincérité.

 

© Gilles Penso

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EVIL TWINS (2006)

Un slasher volontairement excessif qui fleure bon les années 80 et donne le premier rôle à l'inimitable Crispin Glover

SIMON SAYS

2006 – USA

Réalisé par William Dear

Avec Crispin Glover, Margo Harshman, Greg Cipes, Kelly Vitz, Artie Baxter, Carrie Finklea, Lori Lively, Bruce Glover, Blake Lively

THEMA TUEURS

Evil Twins est la « traduction » française de Simon Says, les distributeurs ayant jugé que le recours au cliché du jumeau maléfique sonnait mieux que « Jacques a dit » pour un film d’horreur. Sans doute ont-ils eu raison, d’autant qu’il est bien question de gémellité et de perversion dans ce slasher qui fleure bon les années 80. Deux noms rattachés aux eighties se détachent d’ailleurs de l’équipe du film : le réalisateur William Dear, dont on n’avait plus de nouvelle depuis Bigfoot et les Henderson, et le comédien Crispin Glover, inoubliable George McFly dans Retour vers le futur. Mais si ces deux comédies fantastiques touchaient un public large et familial, Evil Twins donne quant à lui dans l’horreur la plus débridée, comme si nos deux hommes se défoulaient des deux côtés de la caméra, loin des sentiers « mainstream ».

Les premières scènes du film accumulent sans vergogne tous les poncifs hérités de Massacre à la tronçonneuse et Vendredi 13 : le van empli de jeunes lycéens stéréotypés partis camper dans la montagne, les autochtones patibulaires, la légende urbaine inquiétante, rien ne semble manquer à l’appel… Mais dès qu’un tueur psychopathe entre en jeu, le gore outrancier transforme l’addition de lieux communs en jeu de massacre franchement réjouissant. Car notre psychopathe, dont le frère jumeau travaille à la station-service la plus proche, concocte des pièges complexes à base de pioches, de mécanismes et d’objets tranchants divers, provoquant toutes sortes d’amputations, de démembrements, d’éventrements et de décapitations extrêmement graphiques, toutes ces joyeusetés étant confiées aux bons soins du maquilleur spécial Michael Broom (qui a fait du chemin depuis, concevant notamment les créatures de The Mist, Aliens VS Predator Requiem, Starship Troopers 3 et le futur Predators de Nimrod Antal).

Visions macabres

Les effets visuels, les décors, la direction de la deuxième équipe et les cascades, de leur côté, sont signés Oliver Dear, un homme-orchestre qui n’est autre que le propre fils du réalisateur. Quelques visions macabres additionnelles parsèment le métrage, en particulier des cadavres décomposés grimaçants, une fille transformée en poupée mange-disque horriblement surréaliste ou encore un brûlé vif très impressionnant. Évidemment, la gratuité d’un tel étalage de viande saute aux yeux, comme en témoigne cette scène parfaitement inutile – d’un point de vue scénaristique – au cours de laquelle tous les membres d’une équipe de paintball se font massacrer à tour de rôle. Mais plus le film avance, plus il gagne en intérêt, et le dernier tiers, qui évoque non seulement le dîner lugubre de Massacre à la tronçonneuse mais aussi le climax de Psychose, bénéficie d’une intensité dramatique indéniable et de moments de suspense franchement éprouvants. Partagé entre l’épouvante psychologique, l’horreur visuelle et l’humour noir, Evil Twins se déguste sans modération. Dommage que Crispin Glover, qui nous offrit des prestations si remarquables dans Charlie Angels, Willard et La Légende de Beowulf, en fasse ici des tonnes, amenuisant par son absence de retenue le caractère effrayant de sa double interprétation.

 

© Gilles Penso

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PERCY JACKSON LE VOLEUR DE FOUDRE (2010)

Une tentative de modernisation de la mythologie grecque qui surfe visiblement sur le succès de la saga Harry Potter

PERCY JACKSON & THE OLYMPIANS : THE LIGHTING THIEF

2010 – USA

Réalisé par Chris Columbus

Avec Logan Lerman, Brandon Jackson, Alexandra Daddario, Jake Abel, Sean Bean, Pierce Brosnan, Steve Coogan, Uma Thurman

THEMA MYTHOLOGIE

Percy Jackson semble être un lycéen ordinaire. Mais en réalité, il est le fils du dieu des océans Poséidon. Accusé à tort d’avoir volé la foudre de Zeus, il se retrouve au cœur d’une guerre ouverte entre les divinités de l’Olympe et va devoir affronter plusieurs redoutables créatures mythologiques… En imaginant le personnage de Percy Jackson à la fin des années 90, l’écrivain Rick Riordan s’est mis en tête de dépoussiérer l’imagerie traditionnelle des mythes gréco-romains en les transposant dans le monde moderne, tout en choisissant comme protagoniste un adolescent susceptible de créer auprès des jeunes lecteurs un pôle idéal d’identification. Cette démarche et les ressorts dramatiques qui en découlent évoquent beaucoup les romans de J.K. Rowling, et il n’est sans doute pas fortuit de trouver aux commandes de l’adaptation cinématographique des aventures du demi-dieu new-yorkais le réalisateur Chris Columbus, qui dirigea justement les deux premiers Harry Potter.

Scénariste de talent (Gremlins, Le Secret de la pyramide), Columbus n’a en revanche jamais brillé par l’originalité ou la pertinence de sa mise en scène, souvent anonyme. Percy Jackson ne déroge pas à la règle, et les morceaux de bravoure du film reposent bien plus sur les effets visuels et les décors – souvent magnifiques – que sur la réalisation elle-même.  Une belle galerie de créatures orne le métrage : la Méduse (Uma Thurman), l’Hydre de Lerne, le centaure Chiron (Pierce Brosnan), le satyre Grover (Brandon T. Jackson), le dieu Hadès (Steve Coogan), une harpie déchaînée ou encore un minotaure colossal. Tous évoquent les travaux de Ray Harryhausen sur deux de ses films les plus populaires, Jason et les Argonautes et Le Choc des Titans. D’ailleurs, le patronyme Percy Jackson est visiblement une américanisation des noms de Persée et Jason, les deux héros valeureux des films pré-cités.

Le jeu des anachronismes

L’anachronisme inhérent au concept du film est à la fois savoureux et réducteur. Car si le surgissement de Poséidon (Kevin McKidd) sur la côte new-yorkaise donne lieu à une vision pré-générique joliment surréaliste, la transposition de l’Olympe dans l’Empire State Building et la relocalisation de toutes les figures clefs de la mythologie aux Etats-Unis laisse quelque peu perplexe. La Grèce n’eut-elle pas été un site géographique plus logique ? La saga Harry Potter avait au moins eu le bon goût de prendre racine sur le vieux Continent, plus propice à la perpétuation des vieux récits de sorcellerie médiévaux que le sol américain. Mais de toute évidence, Percy Jackson ne cherche pas d’alibi culturel, pas plus qu’il n’essaie de capitaliser sur l’inestimable richesse symbolique des mythes de la Grèce antique (le vol de la foudre, motif prométhéen par excellence, n’est ici qu’un prétexte scénaristique dénué du moindre sous-texte métaphorique). Son objectif est celui d’un simple divertissement tout public, et de ce point de vue sa réussite est indiscutable. Si le succès est au rendez-vous, les séquelles ne tarderont pas à débarquer sur les écrans, la saga littéraire de Percy Jackson étant déjà riche de nombreux volumes.

 

© Gilles Penso

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LOVELY BONES (2009)

Entre deux gigantesques épopées, Peter Jackson se penche sur une histoire de fantôme intimiste

THE LOVELY BONES

2009 – NOUVELLE-ZELANDE

Réalisé par Peter Jackson

Avec Saoirse Ronan, Mark Wahlberg, Rachel Weisz, Stanley Tucci, Susan Sarandon, Michael Imperioli, Rose McIver, Reece Ritchie

THEMA FANTÔMES I MORT

Après les quatre mastodontes cinématographiques que représentaient la saga du Seigneur des Anneaux et King Kong, Peter Jackson se penche sur un récit plus intimiste, constellé de nostalgie et empreint d’éléments autobiographiques. Puisant son inspiration dans le roman « La nostalgie des anges » d’Alice Sebold, le cinéaste néo-zélandais signe une œuvre riche et complexe qui oscille entre le drame, la comédie, le thriller et le fantastique pur. A la manière de Sunset Boulevard, Lovely Bones commence par la voix-off d’un défunt, un narrateur d’outre-tombe qui prend ici les traits de la jeune Susie Salmon nous déclarant tout de go : « j’avais quatorze ans quand on m’a assassinée ». Jackson plante ses caméras dans l’Amérique du début des années 70, encore nimbée d’insouciance, et dresse le portrait d’une famille classique, portée par un casting confondant de justesse.

Aux côtés de valeurs sûres telles que Mark Wahlberg, Rachel Weisz et Susan Sarandon, campant respectivement les parents aimants et la grand-mère truculente, le jeune talent de Saoirse Ronan, aux yeux de poupée et au visage ingénu, éclate dans le rôle de Susie Salmon. Errant entre le monde des morts et celui des vivants, cette dernière assiste au déchirement des siens, inconsolables, tout en se préparant à basculer dans l’au-delà, tandis que l’assassin court toujours. Ce dernier, point de mire de toutes les haines, est prodigieusement incarné par un Stanley Tucci quasi-méconnaissable. A l’instar de Créatures célestes, Lovely Bones situe sa narration dans deux univers parallèles et complémentaires : le monde réel et celui conçu par l’imagination fébrile d’une adolescente. Car Susie n’est pas encore passée « de l’autre-côté ».

« De l'autre-côté… »

Les décors surréalistes dans lesquels elle évolue ne sont donc pas les visions fantasmées d’un paradis judéo-chrétien, façon Au-delà de nos rêves, mais celles d’une jeune fille nourrie par l’imagerie « new age » des années 70 (d’où le choix judicieux de Brian Eno pour signer la bande originale du film). Susie construit ainsi elle-même le berceau de son errance post-mortem, nourri de métaphores délicieusement poétiques (le kiosque, la forêt, les bateaux mis en bouteille). « Les métaphores utilisées ne devaient pas être trop simplistes, pour éviter les clichés, mais pas trop hermétiques non plus, afin que les spectateurs puissent les comprendre sans mal », explique Jackson. « Lorsque son père cueille un camélia fané et que ce dernier se met à éclore dans sa main, c’est littéralement la métaphore d’une idée qui éclot. A ce moment précis, le père de Susie comprend quelle est l’identité du tueur. Sa fille lui a soufflé cette idée d’outre-tombe. » (1) Au fil de l’intrigue, le réalisateur concocte une poignée de séquences de suspense diaboliquement efficaces. Très hitchcockiennes sur le fond mais complètement novatrices dans la forme, elles vissent les spectateurs sur leurs fauteuils et jouent durablement sur leurs nerfs, via un découpage ciselé au millimètre près, un travail d’orfèvre sur la bande son et un usage inédit des caméras endoscopiques. Capable d’adapter son style polymorphe à tous les sujets, Jackson nous confirme une fois de plus son statut de cinéaste hors norme et d’artiste passionnant.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 2009

 

© Gilles Penso

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SHERLOCK HOLMES (2009)

Redevenu le chouchou du grand public depuis Iron Man, Robert Downey Jr incarne le célèbre détective de Conan Doyle et se confronte à la magie noire

SHERLOCK HOLMES

2009 – USA / GB

Réalisé par Guy Ritchie

Avec Robert Downey Jr, Jude Law, Mark Strong, Rachel McAdams, Keilly Reilly, Eddie Marsan, Robert Maillet

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Toutes les variantes cinématographiques et télévisuelles semblaient avoir déjà été tentées autour du mythique enquêteur imaginé en 1887 par Arthur Conan Doyle, de la plus classique à la plus burlesque. Mais Lionel Wigram (producteur des derniers Harry Potter) et le scénariste Michael Robert Johnson tentèrent pourtant une nouvelle approche, via une modernisation radicale du traitement des personnages et des séquences d’action. Le producteur Joel Silver (L’Arme fatale, Die Hard, Matrix) et le réalisateur Guy Ritchie (Snatch) se joignirent bientôt à l’entreprise, promettant par leur association un cocktail pour le moins explosif. Les fans de Ritchie ne sont pas dépaysés : une intrigue à tiroirs qui ne s’appréhende totalement qu’à l’issue d’un certain nombre de flash-backs, une galerie de personnages hauts en couleur, une partition ultra-dynamique, un jeu fréquent sur les ralentis extrêmes pour mieux détailler certaines actions…

Le choix des acteurs principaux confirme la volonté de bousculer les idées reçues et les icônes classiques liées au célèbre duo d’enquêteurs. Débarrassé de son fameux chapeau de chasse, Robert Downey Jr nous offre une version très singulière du détective de Baker Street. Guère flegmatique, d’une élégance toute relative, c’est un homme cynique, pugnace, nerveux et très physique. Le Watson campé par Jude Law n’a plus grand-chose à voir, lui non plus, avec les interprétations passées du personnage. L’homme rondouillard, à la traîne et dépassé par les événements auquel nous avons été habitués s’est mué en médecin athlétique et séduisant, rompu à l’art du combat sur les champs de bataille d’Afghanistan, et rivalisant souvent d’intelligence avec Holmes.

Grain de folie

Respectueuse du goût de Conan Doyle pour le fantastique et le surnaturel, l’intrigue met en scène le sinistre Lord Blackwood (Mark Strong). Capturé en pleine séance de magie noire, Blackwood est condamné au gibet. Mais il revient bientôt d’entre les morts pour continuer à semer la terreur… L’action s’installe au cœur d’une magnifique reconstitution du Londres de 1890, mélange habile de sites réels, de décors grandeur nature et de panoramas numériques. Pour sa bande originale, Guy Ritchie a fait appel pour la première fois de sa carrière au vétéran Hans Zimmer, lequel bouscule ses acquis avec un grain de folie très communicatif. Son emploi d’instruments solistes déchaînés (accordéon, violon tzigane, clavecin, tambours) mêlés à une charge orchestrale puissante et emphatique dote le film d’une énergie extraordinaire. Bien sûr, les fans de Peter Cushing et Jeremy Brett auront probablement du mal à reconnaître leur détective favori sous les traits d’un Robert Downey Jr déjanté castagnant ses adversaires face à la caméra frénétique de Guy Ritchie, et l’on peut probablement reprocher à cette relecture un certain manque de raffinement et de subtilité, d’autant que l’intrigue souffre en milieu de métrage de quelques notables pertes de rythme. Mais ce Sherlock Holmes demeure un divertissement total dont l’extravagance et la légèreté ont toutes les chances de conquérir le public le plus large.

 

© Gilles Penso

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JUSQU’EN ENFER (2009)

Après son aventure au pays des super-héros, Sam Raimi revient à ses premières amours avec ce film d'horreur délicieusement régressif

DRAG ME TO HELL

2009 – USA

Réalisé par Sam Raimi

Avec Alison Lohman, Justin Long, Lorna Raver, Dileep Rao, David Paymer, Adrianna Barraza, Chelcie Ross, Reggie Lee

THEMA DIABLE ET DEMONS

Ah, quelle joie de retrouver Sam Raimi sur le terrain qui fit sa gloire : le film d’horreur décomplexé ! Ce retour aux sources s’explique en partie du fait que le scénario de Jusqu’en enfer date de 1992, époque où le réalisateur venait d’achever L’Armée des ténèbresSpider-Man n’avait pas encore fait sauter le box-office. Mais après un troisième épisode témoignant d’un petit essoufflement de la saga arachnéenne, Raimi a décidé de laisser le monte-en-l’air rouge et bleu se reposer pour revenir à ses premières amours, en compagnie de son frère et co-auteur Ivan Raimi. Jusqu’en enfer s’intéresse à Christine Brown (Alison Lohman), modeste employée d’une banque pour laquelle elle gère les prêts en attendant une promotion qu’elle guette avec espoir. Fiancée à un sympathique et jeune médecin (Justin Long), elle constate que ses origines modestes déplaisent quelque peu à des beaux-parents fortunés. Alors qu’elle flotte dans le doute et la frustration, le drame survient : une vieille gitane, à qui elle refuse un prêt, l’attaque violemment dans le parking de la banque et lui jette un sort redoutable. Dès lors, un démon terrifiant, le Lamia, la harcèle jour et nuit, prélude au moment fatidique au cours duquel il l’entraînera dans les entrailles brûlantes de l’Enfer. Comment échapper à une telle malédiction ?

Entouré de comédiens solides, Raimi ose le grand écart entre le drame humain réaliste et l’horreur outrancière. Les tourments de la jeune héroïne sont touchants, crédibles et palpables, les seconds rôles savamment ciselés, et les scènes « banales » (dans la banque, chez les beaux-parents) ne manquent jamais de saveur. Mais dès que le Fantastique pointe le bout de son nez, le cinéaste s’en donne à cœur joie, lorgnant parfois du côté de Tex Avery comme il le fit jadis dans Evil Dead 2. D’ailleurs, plusieurs motifs visuels – comme le possédé qui danse en apesanteur, le chiffon vivant qui se comporte comme un toon hargneux ou le monstre femelle dont les yeux s’éjectent de leurs orbites pour venir se coller sur le visage de Christine – évoquent directement le second volet des aventures d’Ash, tandis que la voiture fétiche du réalisateur, la fameuse Oldmobile Delta 88 de 1973 de la trilogie Evil Dead, joue ici un rôle clef.

Sincérité et générosité

En pleine régression au stade oral, les frères Raimi se servent de la bouche de leur infortunée protagoniste comme véritable défouloir. Tout y entre ou sort, de la mouche aux hectolitres de sang en passant par des amas de vers grouillants, des liquides visqueux variés et même un bras entier ! Pourtant, malgré cette démesure, le ton du film demeure miraculeusement juste, probablement parce que Sam Raimi croit à son histoire et aborde son genre préféré avec sincérité et générosité. Cerise sur le gâteau, Christopher Young compose à l’occasion une magnifique partition digne de son sublime travail sur Hellraiser, laissant la part belle à un violon tzigane soliste qui évoque évidemment les origines de la malédiction et les diverses manifestations du démon. Un twist final délectable clôt le spectacle sur une note dantesque – au sens propre – et finit par susciter la fébrile interrogation : à quand Evil Dead 4 ?!! Une question à laquelle Raimi répondra lui-même en offrant au public la délirante série Ash vs. Evil Dead.

 

© Gilles Penso

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MR NOBODY (2009)

Jaco Van Dormael étudie les caprices du destin à travers un jeu vertigineux sur le thème des réalités alternatives

MR. NOBODY

2009 – BELGIQUE

Réalisé par Jaco Van Dormael

Avec Jared Leto, Diane Kruger, Rhys Ifans, Juno Temple, Sarah Polley, Tony Regbo, Daniel Mays, Linh Dan Pham, Ben Mansfield

THEMA MONDES PARALLELES ET MONDES VIRTUELS

Jaco Van Dormael avait créé un petit événement avec Le Huitième jour en 1996, récipiendaire d’un double prix d’interprétation à Cannes pour Daniel Auteuil et Pascal Duquenne. Depuis, le réalisateur belge s’est consacré à l’enseignement de son art tout en s’attelant à l’écriture d’un projet extrêmement ambitieux qui, treize ans plus tard, allait devenir Mr Nobody. Les chiffres du film laissent songeur : sept ans de gestation, trente-trois millions d’euros de budget, six mois de tournage entre la Belgique, le Canada et l’Allemagne. Fidèle à Van Dormael depuis son premier film Toto le héros, le producteur Philippe Godeau, confiant, laisse la bride sur le cou de son « poulain » et lui donne les moyens de ses vastes ambitions.

L’histoire de Mr Nobody est celle d’un petit garçon prénommé Nemo (en hommage à Jules Verne, Winsor Mc Cay ou Pixar, on ne saurait dire). Ses parents (Rhys Ifans et Natasha Little) s’aiment, mais la romance s’étiole et tourne au vinaigre, jusqu’à l’inévitable séparation. C’est là que survient l’instant crucial. Dans une gare, Nemo est condamné à un choix impossible : doit-il rester sur le quai avec son père ou prendre le train avec sa mère ? Une multitude de vies possibles vont découler de ce choix, toutes plus dissemblables les unes que les autres. « C’est un film sur le doute, mais je peux me tromper », résume le réalisateur sous forme de boutade. Ainsi, à la manière des exercices de style auxquels se prêtait volontiers Alain Resnais dans ses œuvres les plus expérimentales, Jaco Van Dormael s’interroge sur la destinée, sur les univers parallèles et, à l’extrême, sur son propre métier de raconteur d’histoire, depuis les balbutiements du scénario jusqu’aux peaufinages du montage.

Les mondes de Nemo

Mais le cinéaste ne se contente pas d’appréhender son sujet sous un angle purement intellectuel. Sans complexes, il en aborde les aspects les plus science-fictionnels, nous offrant des visions généreuses de voyages spatiaux et de mondes futuristes, sous influence visiblement kubrickienne. C’est l’un des gros atouts du film. L’autre est son excellent casting. Adulte, nemo prend les traits de Jared Leto (Lord of War), tandis que les trois femmes de sa vie sont respectivement campées par Diane Kruger (Inglorious Bastards), Sarah Polley (L’Armée des morts) et Linh-Dan Pham (Dante 01). Père ordinaire de trois enfants dans une vie, homme richissime et lassé dans une autre, sans-abri transi d’amour dans une troisième, centenaire en l’an de grâce 2092, Nemo vit donc plusieurs existences concomitantes. Laquelle est vraie ? Ne sont-elles pas toutes fantasmées ? Ces questions demeurent bien entendu sans réponse et le thème demeure passionnant. Mais au fil de son intrigue à tiroirs, étalée sur deux heures vingt de métrage, Mr Nobody finit par tourner un peu à vide. Jaco Van Dormael devient trop démonstratif, piétine un peu, et fixe les limites de son concept. Une vraie progression dramatique, des révélations en cours de récit et une chute digne de ce nom auraient dû s’immiscer dans le film. Or en l’état, Mr Nobody ne se hisse pas au-delà du statut d’exercice de style, sans doute passionnant en termes d’écriture et de montage, mais quelque peu frustrant pour un spectateur un peu abandonné en cours de route.

© Gilles Penso

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2010, L’ANNEE DU PREMIER CONTACT (1984)

Miraculeusement, Peter Hyams réussit à doter le chef d'œuvre de Stanley Kubrick d'une séquelle magistrale se déployant sur le terrain de la politique-fiction

2010, THE YEAR WE MAKE CONTACT

1984 – USA

Réalisé par Peter Hyams

Avec Roy Scheider, John Lithgow, Helen Mirren, Bob Balaban, Keir Dullea, Madolyn Smith, Dana Elcar, Taliessin Jaffe

THEMA FUTUR I SPACE OPERA

En 1983, Richard Franklin osait l’un des paris les plus risqués de l’histoire du cinéma en réalisant une suite de Psychose, s’en tirant sans génie, certes, mais avec les honneurs. Un an plus tard, Peter Hyams s’empare d’un autre classique intouchable des années 60, 2001 l’Odyssée de l’espace, et le dote d’une séquelle en tout point remarquable. Il faut dire qu’Hyams n’en est pas à sa première tentative dans le domaine de la science-fiction réaliste, novatrice et quelque peu subversive, comme en témoignent Capricorn One et Outland. Ici, il s’appuie sur un roman d’Arthur C. Clarke, « 2010 : Odyssée Deux », et marque une rupture volontaire de ton avec Kubrick, éclaircissant quelques points d’ombre du film précédent et collant de plus près aux préoccupations géopolitiques du moment. Car le début des années 80 marquait un regain d’intensité inquiétant de la guerre froide russo-américaine et une course à l’armement alarmante entre l’Est et l’Ouest. D’où une vogue de films catastrophes ouvertement pessimistes tels que Le Jour d’après, Le Dernier Testament ou la mini-série La Troisième Guerre Mondiale

2010 prend un parti différent et nous fait découvrir l’impressionnant vaisseau spatial Leonov, dont l’équipage russo-américain navigue vers Jupiter à la recherche du Discovery, mystérieusement disparu en 2001. Tandis que les navigateurs russes assurent la bonne marche du Leonov, les scientifiques américains ont été plongés en hibernation. Mais un mois avant la date prévue, on réveille son chef, Heywood Floyd (Roy Scheider). La mission prend une tournure inattendue. D’abord intervient le monolithe noir extra-terrestre, dont les intentions semblent incompréhensibles. Puis éclate la guerre entre Russes et Américains sur Terre, ce qui oblige l’équipage à se séparer et provoque de nombreuses tensions. Et voici qu’apparaît David Bowman (Keir Dullea), l’astronaute disparu neuf ans plus tôt dans le Discovery, pour prévenir Floyd qu’il faut s’éloigner de Jupiter avant deux jours, car « une chose merveilleuse » va arriver…

« Une chose merveilleuse va arriver… »

Porté par un excellent casting aux allures spielbergiennes (l’excellent Scheider et le lunaire Balaban sont respectivement transfuges des Dents de la mer et Rencontres du troisième type2010 regorge de remarquables partis pris artistiques et narratifs, preuve que Peter Hyams était alors au faîte de son inspiration (quel dommage qu’un homme si talentueux se soit peu à peu mué en faiseur anonyme à la solde du cinéma d’action hollywoodien décérébré !). Et si 2001 l’Odyssée de l’Espace demeure une œuvre inégalée, somptueuse et révolutionnaire (en avance de plusieurs mois sur les premiers pas de l’homme sur la Lune), 2010 se présente comme une alternative moins hermétique et plus portée sur la narration que la contemplation, sans se soustraire pour autant aux développements métaphysiques inhérents à son postulat. Orné de sublimes effets visuels plongeant les vaisseaux spatiaux dans des semi-ténèbres extrêmement réalistes, 2010 s’achève sur un dénouement magnifique dont les répercussions résonnent dans l’esprit du spectateur longtemps après le générique de fin.

 

© Gilles Penso

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