MAX ET LES MAXIMONSTRES (2009)

Spike Jonze adapte le livre pour enfants de Maurice Sendak pour en tirer une œuvre bizarre et déstabilisante

WHERE THE WILD THINGS ARE

2009 – USA

Réalisé par Spike Jonze

Avec Max Records, Catherine Keener, Mark Ruffalo, James Gandolfini, Lauren Ambrose, Chris Cooper, Forrest Whitaker

THEMA CONTES

« Max et les Maximonstres » est un classique de la littérature enfantine écrit et dessiné par Maurice Sendak en 1963. Au fil d’une trentaine de grandes illustrations légendées, Sendak y narre les aventures d’un petit garçon turbulent découvrant une île peuplée de grands monstres qui symbolisent les différentes facettes de sa personnalité. Cette belle métaphore trône aujourd’hui encore dans les bibliothèques des enfants du monde entier, et l’idée d’en tirer un film émergea un jour à Hollywood. Savoir Spike Jonze à la tête du projet avait de quoi titiller la curiosité, les deux films précédents du cinéaste (Dans la peau de John Malkovich et Adaptation) s’étant avérés particulièrement novateurs et atypiques.

Précédé d’une réputation très enthousiaste, Max et les Maximonstres version cinéma est pourtant une grosse déception, entraînant deux constats manifestes : le concept même du long-métrage était probablement une fausse bonne idée, et Jonze n’est au meilleur de sa forme qu’en compagnie du scénariste Charlie Kaufman, qui brille ici par son absence. Certes, le premier quart d’heure du film, décrivant les frustrations du jeune Max dans un environnement familial aimant mais trop distant à son goût, emporte l’adhésion grâce au naturalisme du jeune Max Records. Mais dès que notre héros prend la fuite pour partir vagabonder dans la forêt de son imagination, l’intrigue se met à patiner, refusant obstinément de se développer et d’évoluer. Car soyons clair : il ne se passe absolument rien sur l’île des Maximonstres, si ce n’est quelques gesticulations désordonnées, des batailles de boue et des promenades dans le désert. Et lorsque Max rentre finalement chez lui, le film exhale même une morale digne du plus pudibond des contes de Charles Perrault, qu’on pourrait résumer ainsi : « les enfants doivent être sages et rentrer dans le rang s’ils veulent apprécier la chaleur de leur foyer ». Nous qui classions Spike Jonze dans la catégorie des réalisateurs turbulents et marginaux, nous voilà quelque peu désarçonnés !

Un fantastique qui ne s'assume pas ?

Formellement, Max et les Maximonstres présente tout de même l’avantage de nous offrir une galerie de créatures de toute beauté. Mixage de techniques à l’ancienne (des comédiens dans de magnifiques costumes animatroniques conçus par l’atelier Jim Henson) et d’effets visuels high-tech (des retouches numériques pour affiner l’expression de leur visage et leur donner des proportions colossales par rapport au petit garçon), ces monstres constituent le seul véritable intérêt du film et s’avèrent très fidèles à leurs modèles dessinés. Dommage que le cinéaste n’ait pas apporté autant de soin aux autres aspects fantasmagoriques de son œuvre, optant pour une mise en scène libre, en caméra souvent portée, et pour une bande originale typique du cinéma indépendant américain, autrement dit gorgée de musiquettes pour petites formations orchestrales et de chansons pop. Refusant d’assumer le genre de son film en se camouflant sous des apparats « branchés », évitant les codes habituels du conte pour enfants dans le but de séduire les adultes, Spike Jonze se trompe finalement de cible et risque bien de passer à côté de son public…

 

© Gilles Penso

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AVATAR (2009)

Après le triomphe de Titanic, James Cameron repousse encore les limites en inventant de toutes pièces un univers entier

AVATAR

2009 – USA

Réalisé par James Cameron

Avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Michelle Rodriguez, Giovanni Ribisi, Joel David Moore

THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES

Au cours des douze ans qui séparent Avatar de Titanic, James Cameron s’est penché sur les dernières avancées technologiques en matière de capture de performance d’acteurs, de caméras virtuelles et de prises de vues en relief. Ce titanesque travail préparatoire est extrêmement payant, comme en atteste le résultat à l’écran. Mais avant d’être une réussite technique, Avatar est un rêve devenu réalité pour tous les amateurs purs et durs de science-fiction. Ces planètes sauvages et lointaines, ces créatures extra-terrestres aux morphologies surprenantes, ces machines guerrières et futuristes, toutes ces icônes chères aux couvertures colorées des pulps des années 50 et 60 prennent vie à l’écran avec une vivacité et un pouvoir évocateur proprement étourdissants. « Avatar est la concrétisation de tous les univers fantastiques que j’imaginais lorsque, enfant, je dévorais des romans de science-fiction », raconte Cameron. (1)

Au-delà des monstres et des vaisseaux, des images de synthèse criantes de réalisme et des effets en relief extrêmement performants, Avatar conte une aventure humaine, chargée en émotions exacerbées et portée par un casting exceptionnel. Les humains ayant progressivement épuisé toutes les ressources de la Terre, ils convoitent le précieux minerai qu’abrite la planète Pandora. Mais son extraction est compromise dans la mesure où les habitants locaux, les Na’vis, refusent qu’on abatte le moindre arbre de leur forêt. Jake Sully (Sam Worthington), ex-militaire paraplégique, accepte de participer à une mission d’infiltration. Allongé dans un caisson étanche, il « téléguidera » à distance un avatar, autrement dit un corps conçu génétiquement à l’aide de cellules Na’vi… « Lorsque vous supprimez l’environnement, votre imagination reconstruit l’espace », explique Zoé Saldana à propos des séances de « performance capture » qui l’ont transformée en la belle indigène Neytiri. « Nous étions comme des enfants s’amusant dans un lieu virtuel. » (2) « Dans un tel espace, notre confiance est mise en avant », ajoute Sam Worthington. « On doit croire à nos personnages, et James Cameron met tout en œuvre pour que ce soit possible. » (3)

La somme de toutes les passions de Cameron

Œuvre somme, Avatar exacerbe les thématiques et les figures stylistiques propres à l’univers de James Cameron. Attiré par les personnages féminins forts et déterminés, il réserve ici une place de choix au docteur Grace (Sigourney Weaver) et à l’indigène Neytiri (Zoe Saldana), toutes deux « accouchant » quasiment du héros que Jake Sully s’apprête à devenir. Fasciné par les engins futuristes, il filme avec un enthousiasme communicatif des armadas de vaisseaux, véhicules, robots et exo-squelettes aux designs remarquables. Féru de science, il crée une surprenante analogie entre le monde sauvage de Pandora et un réseau informatique, chaque être vivant animal ou végétal étant capable de se connecter aux autres par l’entremise de cordons naturels pour pouvoir télécharger des données. Quant à la couleur bleue qui nimbe chacune de ses œuvres, elle s’installe ici sur l’épiderme des Na’vis avec un naturel désarmant. Parallèlement, Cameron continue à développer la complexe relation d’amour/haine qui le lie aux machines, éléments récurrents de son cinéma. Tout autant séduit qu’effrayé par le Terminator ou le Titanic (dans les rouages desquels les hommes finissent par périr à petit feu), il prend ici ouvertement la défense de la Nature contre les engins destructeurs des hommes, quitte à chagriner les esprits cyniques peu sensibles au discours environnemental et anti-colonialiste. A la fois œuvre humaniste, pamphlet écologique, film de guerre, fable de science-fiction et love story, Avatar est un chef d’œuvre de plus à porter à l’actif de James Cameron, l’un des réalisateurs les plus ingénieux et les plus audacieux de ces vingt-cinq dernières années.

(1), (2) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 2009

 

© Gilles Penso

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REC 2 (2009)

Le succès du premier Rec appelait une suite que les duettistes Balaguero et Plaza conçoivent en se laissant inspirer par Aliens

[REC] 2

2009 – ESPAGNE

Réalisé par Jaume Balaguero et Paco Plaza

Avec Oscar Sanchez Zafra, Ariel Casas, Alejandro Casaseca, Pablo Rosso, Manuela Velasco, Ferran Terraza, Javier Botet

THEMA ZOMBIES I DIABLE ET DEMONS I SAGA REC

Pour capitaliser sur le succès de [Rec] et tenter la mise en place d’une franchise, Jaume Balaguero et Paco Plaza se sont prêtés au jeu de la séquelle. Le modèle narratif des deux cinéastes semble être Aliens, puisque les protagonistes sont ici une brigade d’intervention spéciale envoyée dans l’appartement barcelonais qui fut le théâtre du drame du premier film. Leur mission officielle consiste à éradiquer la menace et sauver les éventuels survivants. Mais officieusement, les choses s’avèrent un peu plus complexes… La première originalité de [Rec]2 consiste à multiplier les points de vue tout en conservant le principe de la mise en scène « subjective ». Car chaque membre de l’équipe de choc porte un casque équipé d’une caméra, offrant aux spectateurs la possibilité de suivre en parallèle plusieurs actions simultanées. Plus tard au cours de l’intrigue, d’autres caméras permettent d’ajouter des angles de vue additionnels et de nouvelles informations. Ce choix artistique permet de démarquer quelque peu [Rec]2 de son prédécesseur et d’assumer davantage son rapprochement avec l’univers d’un jeu vidéo de type « shoot’em up ». Le spectateur entre donc dans la peau des soldats, arpente les couloirs avec eux, attend que surgissent les créatures et dégaine aussi vite qu’il le peut. Les habitués d’immersions vidéoludiques sont ainsi en terrain connu.

La seconde originalité du film est plus liée à son écriture qu’à sa mise en scène. Avec leur co-auteur Manu Diez, Balaguero et Plaza ont en effet souhaité s’éloigner peu à peu de l’univers de George Romero pour chercher plutôt l’inspiration du côté de William Friedkin. Plus proche de L’Exorciste que de Zombie, [Rec]2 nous apprend en effet que les habitants de l’immeuble mués en monstres féroces ne sont ni des cadavres ambulants, ni des infectés façon 28 jours plus tard, mais de pauvres hères possédés par le démon ! Cette relecture du thème des zombies n’est certes pas inédite (Evil Dead et Démons mêlaient déjà avec bonheur morts-vivants et possession diabolique), mais elle permet à l’intrigue de rebondir là où on ne l’attend pas forcément et donne une dimension inattendue au huis-clos oppressant de cet appartement mué en véritable train fantôme.

Un sentiment de déjà-vu

Malgré ces idées nouvelles, force est de constater que [Rec]2 se contente d’arpenter les sentiers battus par le film précédent, accumulant des situations que nous connaissons déjà dans un lieu qui nous est désormais familier, jouant sur les mêmes mécaniques scéniques (le long couloir silencieux, les hurlements brusques et stridents, la caméra qui tremble, les protagonistes qui s’affolent, le son qui s’assourdit provisoirement, les prises de vue au night-shot) et ne bénéficiant plus véritablement de l’effet de surprise. A cet effet de déjà vu persistant s’ajoutent quelques incohérences difficiles à avaler (notamment liées à l’intrusion dans les lieux de nouveaux protagonistes) et l’incapacité du film à s’extraire du statut de simple exercice de style. Dans un domaine voisin, avec le même principe des caméras multiples, George Romero élaborait un discours passionnant dans Diary of the Dead, alors que [Rec]2 se contente d’exploiter l’aspect récréatif de son procédé sans jamais chercher à le transcender.

© Gilles Penso

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LE SEUIL DU VIDE (1974)

Recluse dans son appartement, une jeune femme découvre qu'une pièce condamnée donne accès à un autre pan de réalité

LE SEUIL DU VIDE

1974 – FRANCE

Réalisé par Jean-François Davy

Avec Dominique Erlanger, Jean Servais, Pierre Vaneck, Catherine Rich, Odette Duc, Georgette Anys, Claude Melki, Roland Topor

THEMA DOUBLES

Qualifié fort justement de cinéaste « inclassable » lors de la réédition en DVD de ses films phares, Jean-François Davy s’est essayé au drame (L’attentat), à l’érotisme (La débauche), au documentaire sulfureux (Exhibition), à la pornographie débridée (La Grande extase, Double pénétration et autres joyeusetés dont il fut producteur) et à la comédie (Chaussette surprise) avec comme seule ligne directrice une grande liberté de ton et une soif d’indépendance. Grâce au Seuil du Vide, il s’attaquait pour la première fois au fantastique, genre qu’il évitait jusqu’alors de peur de ne pas pouvoir accéder aux budgets nécessaires. Le scénario s’appuie sur le roman homonyme d’André Ruellan, écrit sous le pseudonyme de Kurt Steiner en 1956. De toute évidence, l’influence de Roman Polanski (et notamment de Répulsion et Rosemarys’s Baby) pèse sur ce long-métrage, notamment à travers cette protagoniste recluse dans un appartement et gagnée peu à peu par des accès paranoïaques dont on ne saurait dire s’ils sont justifiés ou non. En tête d’affiche, Dominique Erlanger (épouse de Davy à l’époque) incarne Wanda Leibovitz, une jeune femme marquée par une séparation douloureuse qui loue une chambre de bonne à Paris pour tourner la page, chasser son chagrin et s’adonner à la peinture. L’appartement est plutôt sinistre et de forme triangulaire, ce que nous démontre une vertigineuse prise de vue en plongée rendue possible grâce au tournage en studio que Davy put obtenir via son co-producteur Neyrac.

Lorsque la vieille propriétaire des lieux interdit à Wanda de pénétrer dans une chambre de l’appartement qui a été condamnée depuis de nombreuses années, le mythe de Barbe Bleue s’immisce dans l’intrigue et, bien évidemment, la jeune femme ne résiste pas longtemps à la tentation. Or derrière la porte ne se cache pas quelque inavouable secret mais un phénomène pour le moins curieux : la pièce est noire, et aucune lumière ne semble capable de dissiper les ténèbres. Voilà donc le seuil du vide annoncé par le titre. De plus en plus fascinée par cette pièce noire, Wanda décide d’y installer son chevalet car l’inspiration lui vient subitement au milieu du néant et les couleurs de ses toiles y gagnent singulièrement en richesse. Mais il y a un revers à cette médaille…

Un film aussi inclassable que son réalisateur

A mi-chemin entre la science-fiction, l’épouvante et le conte de fée, Le Seuil du Vide aborde plusieurs thèmes fascinants : la faille spatio-temporelle, le transfert des âmes, la jeunesse éternelle… Aussi inclassable que son réalisateur, le film n’entre dans aucune catégorie prédéfinie mais assume pleinement son statut fantastique, évitant l’intellectualisation et la nébulosité avec laquelle les cinéastes français avaient tendance à le traiter à l’époque. L’intrigue demeure intelligible, la mise en scène limpide, et Dominique Erlanger remportera un prix d’interprétation au festival de Trieste. Ce sera hélas la seule tentative de Jean-François Davy dans le genre, après un projet d’anticipation avorté baptisé « Le 32 décembre ». Le cinéaste reviendra à ses premières amours (les coquineries déshabillées) tandis que l’auteur André Ruellan partagera la suite de sa carrière entre les romans de SF et les scénarios de comédie (notamment celui du Distrait de Pierre Richard).

© Gilles Penso

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ARTHUR ET LA VENGEANCE DE MALTAZARD (2009)

Un deuxième épisode qui prend tout son temps pour ne pas raconter grand-chose et multiplie les flash-backs jusqu'à sombrer dans la parodie involontaire

ARTHUR ET LA VENGEANCE DE MALTAZARD

2009 – FRANCE

Réalisé par Luc Besson

Avec Freddie Highmore, Mia Farrow, Ronald Crawford, Penny Baflour, Robert Stanton, et les voix de Rohff et Gérard Darmon 

THEMA CONTESSAGA ARTHUR ET LES MINIMOYS

Le succès d’Arthur et les Minimoys appelait inévitablement une séquelle, d’autant qu’il suffisait à Luc Besson de puiser dans le matériau littéraire dont il abreuva les librairies pour concocter une nouvelle aventure avec l’auteur Céline Garcia. Mais si le premier opus surprenait agréablement par ses facéties et ses tours de force techniques, celui-ci prend plus les allures d’une opération marketing que d’un film à part entière. Prenant exemple sur quelques prestigieux aînés, le réalisateur scinde en effet sa narration en deux afin d’achever son film sur un climax appelant un troisième épisode prometteur. Le principe n’est pas mauvais en soi et a déjà largement fait ses preuves. Mais il ne fonctionne que si chaque film possède de manière autonome une structure narrative complète et cohérente, une évolution des personnages, une progression des enjeux et un rythme allant crescendo.

Rien de tel ici, hélas. Arthur et la Vengeance de Maltazard ressemble à un prologue qui n’en finit plus de mettre en place les situations sans bénéficier lui-même d’une intrigue digne de ce nom, les véritables péripéties étant visiblement réservées à Arthur et la guerre des deux mondes dont la sortie est programmée pour octobre 2010. Lorsque le film démarre, Arthur (Freddie Highmore) est au comble de l’excitation, car la fin du dixième cycle de la lune approche, ce qui va lui permettre de rejoindre enfin le monde des Minimoys et de revoir la charmante princesse Selenia. Or lorsqu’arrive le jour tant attendu, le père d’Arthur (Robert Stanton) décide de plier bagage et de quitter plus tôt que prévu la maison de sa grand-mère (Mia Farrow), suite à une altercation avec le grand-père Archibald (Ron Crawford). Alors qu’il s’apprête à partir à contrecœur, Arthur découvre un message de détresse inscrit sur un grain de riz et déposé par une araignée. Visiblement, les Minimoys sont en danger. Faisant fi de l’autorité parentale, il décide de voler au secours de ses amis, quitte à tomber dans le piège de Maltazard qui semble prêt à tout pour prendre sa revanche.

Une intrigue qui avance à pas de fourmis

Voilà un point de départ plutôt engageant. Or le scénario prend tout son temps pour raconter ce qui, honnêtement, aurait pu tenir sur quinze minutes de métrage. Lorsqu’enfin Arthur bascule dans l’autre monde, l’intrigue continue à progresser à pas de fourmis. Car dès lors le mini-rasta Max prend la vedette, entraînant le jeune héros dans un quartier populaire et anachronique empli de bestioles étranges avant de participer à un affrontement entre CRS et jeunes de banlieue – version Minimoys – assez édifiant. Certes, les idées visuelles foisonnent, notamment via les mille et une manières de convertir les insectes en véhicules ou en machines aux usages divers, et quelques séquences d’action méritent le détour, en particulier une bataille aérienne mouvementée au cours de laquelle Arthur et Bétamèche tentent d’échapper à de tenaces poursuivants. Il faut également souligner le remarquable travail de Buf, dont les images de synthèse rivalisent sans peine avec les travaux de Pixar et Dreamworks. Regrettons simplement que toute cette énergie ne soit mise au service que d’un « demi-film ».

 

© Gilles Penso

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2012 (2009)

Roland Emmerich casse tout ce qui passe à sa portée dans ce qui peut être considéré comme le film catastrophe ultime

2012

2009 – USA

Réalisé par Roland Emmerich

Avec John Cusack, Chiwetel Ejiofor, Amanda Peet, Oliver Platt, Thndie Newton, Danny Glover, Woody Harrelson

THEMA CATASTROPHES

Selon une prophétie maya, le 21 décembre 2012 marquera la date de la fin du monde, suite à l’alignement particulier des planètes de notre système solaire et à la série de cataclysmes naturels qui en découlera. Grâce à ce prétexte paranoïaque, Roland Emmerich se livre avec un enthousiasme manifeste à son exercice favori : le film catastrophe. Si Le Jour d’après faisait quelque peu illusion dans le genre, grâce à une poignée de séquences franchement impressionnantes, on ne peut pas en dire autant d’Independence Day et Godzilla, dont les effets spéciaux spectaculaires ne rachetaient pas la stupidité des intrigues et l’absurdité des relations humaines. Certes, 2012 se situe largement au-dessus du niveau artistique de ces deux blockbusters décérébrés, mais il ne brille pas tout à fait par la fraîcheur de son scénario. Car à tout bien réfléchir, nous sommes ici en présence d’un remake officieux du Choc des mondes de Rudolf Maté, un classique de 1951 dans lequel, déjà, des vaisseaux spatiaux étaient bâtis pour sauver quelques humains d’une catastrophe inexorable menaçant la Terre. Outre cette influence première, Emmerich ne peut s’empêcher de chercher l’inspiration du côté de son maître à penser Steven Spielberg. Ici, c’est La Guerre des mondes qui sert visiblement de référence, le romancier Jackson Curtis (incarné par John Cusack) marchant sur les traces de Tom Cruise en s’efforçant, lui aussi, de sauver sa famille recomposée lorsque le désastre survient.

Si l’on ajoute quelques coïncidences improbables qui relient bizarrement chaque protagoniste du drame et de grossières allusions politiques (le gouverneur de Californie qui a le même accent autrichien qu’Arnold Schwarzeneger, l’accident sous le pont de l’Alma), on comprend que 2012 ne donne pas tout à fait dans la finesse. Restent les effets spéciaux. De ce point de vue, rien à redire. Au premier tiers du film, les hostilités sont lancées avec la destruction de Los Angeles, une séquence d’anthologie qui restera dans toutes les mémoires par son ahurissante démesure. Au milieu des bâtiments qui s’effondrent à la manière d’un château de carte, le véhicule de nos héros tente d’éviter de monstrueux obstacles, du train qui déraille à l’avion qui s’écrase, tandis que les vues aériennes du cataclysme coupent littéralement le souffle. Le réalisateur de Stargate n’a donc pas perdu la main.

Destructions massives

Mais l’aspect résolument spectaculaire d’une telle scène se prive d’impact émotionnel, tant le cinéaste force le trait et exagère les péripéties. Là où Spielberg savait nous ébranler (qu’on se souvienne de l’incroyable plan-séquence de la voiture de La Guerre des mondes), Emmerich se contente d’une dynamique de jeu vidéo. Pourquoi pas ? Sauf qu’en mêlant à son jeu de destruction des détails qu’on croirait issus des attentats du 11 septembre (les habitants des buildings s’accrochant désespérément aux parois qui s’effondrent puis se jetant dans le vide), il crée un mélange des genres au goût souvent discutable. Tout 2012 est à l’avenant. Ceux qui cherchent une intrigue solide aux fortes implications humaines ont donc tout intérêt à passer leur chemin. Mais les amateurs d’effets spéciaux vertigineux et de destructions massives en auront largement pour leur argent.

 

© Gilles Penso

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L’IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS (2009)

Endeuillée par la mort de Heath Ledger, cette œuvre atypique propose un voyage troublant de l'autre côté du miroir de l'imagination

THE IMAGINARIUM OF DR. PARNASSUS

2009 – GB

Réalisé par Terry Gilliam

Avec Heath Ledger, Christopher Plummer, Tom Waits, Liliy Cole, Andrew Garfield, Johnny Depp, Colin Farell, Jude Law

THEMA DIABLE ET DEMONS

Désireux de revenir aux sources de ses premières œuvres, Terry Gilliam a concocté de toutes pièces une de ces histoires abracadabrantes dont il a le secret. Sur un postulat scénaristique qui n’est pas sans évoquer Le Cirque du docteur Lao de George Pal, nous découvrons les pérégrinations d’un cirque ambulant anachronique abritant le vénérable docteur Parnassus (Christopher Plummer), sa fille Valentina (Lily Cole), son comédien Anton (Andrew Garfield) et son assistant Percy (Verne Troyer). Leur numéro rétro n’attire guère les foules des cités modernes, mais ce théâtre mobile et poussiéreux abrite un secret. Grâce à un miroir magique dissimulé derrière un rideau, le docteur Parnassus a le pouvoir de faire voyager les gens dans leur propre imagination. A l’issue de chacun de ces voyages, un choix est nécessaire, et le Diable (Tom Waits) attend les visiteurs au tournant. Car Parnassus a passé un pacte avec le Malin, qui viendra réclamer Valentina dès ses seize ans révolus. Toute cette petite mécanique se grippe avec l’arrivée d’un homme étrange, Tony (Heath Ledger), qui se mêle à la troupe et semble lui-même dissimuler sa véritable nature… Film hybride et quelque peu décousu, L’Imaginarium du docteur Parnassus souffre probablement d’un trop plein d’idées et du traitement évasif d’un scénario qui eut mérité plus de rigueur.

Mais c’est également un concentré de tout ce que Terry Gilliam sait faire de mieux : des dialogues cultivant l’absurde jusqu’au surréalisme (les policiers cherchant le terme le moins vexant possible pour qualifier l’assistant nain Percy), un humour souvent désenchanté (les rencontres répétées de Parnassus et du Diable) et des séquences fantastiques prenant souvent des proportions titanesques (Tony qui cherche à atteindre les nuages grâce à une échelle immense, le flash-back dans le temple antique)… « J’ai voulu que Le docteur Parnassus soit une sorte de “best of“ de tout ce que j’avais pu faire avant », reconnaît le cinéaste (1). A l’instar du Don Quichotte qu’il prépara avec Johnny Depp et Jean Rochefort, Le Docteur Parnassus a bien failli ne jamais voir le jour suite à la mort prématurée de Heath Ledger.

Quatre acteurs pour un seul rôle

« Le choc fut terrible pour nous tous, et il n’était pas question que je recommence le tournage avec un autre acteur », raconte-t-il. « Mais toute l’équipe m’a poussé à reprendre le film et à le terminer, ne serait-ce que pour finir ce que Heath avait commencé. J’ai alors eu l’idée de faire changer son visage chaque fois qu’il traversait le miroir, puisqu’il se retrouve dans un lieu qui reflète l’imagination des gens. Voilà comment Johnny Depp, Colin Farell et Jude Law ont repris son personnage à tour de rôle. » (2) Transcendant le drame pour doter son œuvre d’un supplément d’âme nouveau, Gilliam n’a pas seulement sauvé son film. Il a également prouvé qu’un personnage peut prendre le pas sur son (ou ses) interprète(s). A tel point qu’en observant les performances respectives de Depp, Law et Farell, les superstars s’effacent et l’on jurerait continuer à apprécier le travail de Ledger sous d’autres visages. L’expérience est fascinante et quelque peu troublante, dotant le film d’une dimension inattendue.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2009

 

© Gilles Penso

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LES ZINTRUS (2009)

De petits extra-terrestres sèment la panique dans cette comédie de science-fiction sous influence manifeste de Gremlins

ALIENS IN THE ATTIC

2009 – USA

Réalisé par John Schultz

Avec Kevin Nealon, Robert Hoffman, Doris Roberts, Tim Meadows, Ashley Tisdale, Carter jenkins, Austin Butler, Ashley Boettcher

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Avec Les Zintrus, il nous semble faire un bond vingt-cinq ans en arrière, à l’époque où les grands écrans fleurissaient de comédies fantastiques mettant en vedette des groupes d’enfants et de teenagers luttant contre une menace invisible aux yeux des adultes. Gremlins nous vient immédiatement à l’esprit, mais aussi ses imitations directes telles que les séries Critters, Troll et Ghoulies (la scène d’un alien émergeant d’une cuvette de toilettes est d’ailleurs directement issue de Ghoulies 2). Un parfum « eighties » nimbe donc cette sympathique œuvrette, ce qui n’a évidemment rien pour déplaire. Tout commence par un week-end banal que s’apprête à passer la famille Pearson dans une maison de location au milieu de la campagne américaine. Stuart, Nina, leurs enfants Tom, Bethany et Hannah, ainsi que l’oncle Nate, son fils Jake, la grand-mère Rose et les jumeaux Art et Lee prennent ainsi possession des lieux, sans se douter du « drame » qui couve. Un soir de tempête, quatre mystérieux objets atterrissent sur le toit. Ce sont des vaisseaux spatiaux transportant des extra-terrestres grands comme des Hobbits. Armés d’une technologie de pointe, ils préparent l’invasion de la Terre…

Tout simple, le concept imaginé par le scénariste Mark Burton (Madagascar, Wallace et Gromit : le Mystère du Lapin-Garou) permet de multiplier à loisir les situations loufoques, notamment grâce au système de contrôle d’esprit dont disposent les aliens, capable de télécommander les humains comme de simples marionnettes. Dès lors, rien n’empêche de transformer le petit ami de Bethany en zombie niais ou la grand-mère Rose en redoutable combattante ninja ! Pour renforcer l’opposition générationnelle propice à ce type de récit, seuls les cerveaux adultes peuvent être contrôlés, ce qui permet aux enfants d’en réchapper tout en élaborant d’habiles stratégies afin d’opposer une résistance digne de ce nom aux envahisseurs. Pistolets de paint-ball, feux d’artifice, caméra montée sur une voiture radiocommandée, fusil à patates, tous les moyens sont bons…

Le quatuor d'outre-espace

Le quatuor d’outre espace demeure bien sûr l’attraction principale du film. Intégralement conçus en image de synthèse par l’équipe de Rythm & Hues (L’Incroyable Hulk, Le Monde presque perdu), le commandant Skip, l’ingénieur Sparks et les soldats Lazer et Razor s’agitent nerveusement tout au long du métrage et compensent le réalisme approximatif de leurs textures (ils semblent directement issus d’un film d’animation) par leur forte expressivité et leur intégration parfaite dans les prises de vues réelles. Les crises d’autorité du commandant, les problèmes de conscience de l’ingénieur et l’idylle des soldats (car l’un d’entre eux est une femelle) pimentent quelque peu cette improbable invasion, jusqu’à un climax digne de Godzilla. Mais si le divertissement ne fait jamais défaut dans Les Zintrus, le scénario aurait mérité un peu plus de cynisme et de noirceur. L’humour vitriolé d’un Joe Dante manque cruellement à l’entreprise, et ce final regorgeant de bons sentiments, au cours duquel parents et enfants se réconcilient béatement autour d’une bonne partie de pêche, laisse franchement perplexe.

© Gilles Penso

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THE TRIBE : L’ÎLE DE LA TERREUR (2009)

Échoués sur une île tropicale, des amis fêtards se retrouvent confrontés à une horde de créatures primitives agressives

THE FORGOTTEN ONES

2009 – PAYS

Réalisé par Jorg Ihle

Avec Jewel Staite, Justin Baldoni, Marc Bacher, Nikki Griffin, Kellan Lutz, Helena Barrett, Mohit Ramchandani, Terry Notary

THEMA YETIS ET CHAÎNONS MANQUANTS

Vendu comme un croisement entre Predator et The DescentThe Tribe risque gros en se permettant de telles comparaisons. D’autant qu’après un pré-générique très classique situé dans les Caraïbes des années 20, le film démarre avec la finesse d’un hippopotame. Le sempiternel groupe d’amis partis festoyer pour les vacances est ainsi fidèle au poste, avec sa cohorte de clichés archétypaux : la bimbo vénale et écervelée, le beau gosse taciturne marqué par une rupture récente, le lourdaud maladroit et pseudo-comique, le sportif infidèle mais attachant, la fille futée et un peu plus intelligente que les autres… Fort heureusement, dès que le yacht emprunté par les vacanciers essuie une tempête et sombre, le film change de cap et la caractérisation s’améliore. Échoués sur une plage tropicale digne de Lost, les protagonistes se débarrassent dès lors d’une partie de leurs oripeaux caricaturaux pour gagner quelque peu en profondeur et en humanité. A peine a-t-on le temps de s’intéresser enfin à eux que les événements se précipitent sans crier gare. Car l’île est habitée par une peuplade de créatures sauvages, hargneuses et anthropophages qui ne laissent bientôt aucun répit à nos héros.

Certes, les situations qui s’ensuivent n’évitent pas certains lieux communs et font souvent écho à The Descent, justement. Mais le cadre exotique, capté dans de magnifiques extérieurs du Costa Rica, permet à The Tribe de se démarquer habilement de son glorieux aîné britannique. Quant aux créatures conçues par l’équipe de Barney Burman (membre d’une célèbre dynastie de maquilleurs spéciaux et créateur entre autres des effets de The Ring 2, Mission Impossible 3 et Star Trek), elles constituent l’attraction principale du film et savent éviterles ressemblances physiques avec les « crawlers » de Neil Marshall, malgré d’inévitables points communs comportementaux. Se dévoilant un peu plus à chaque apparition, ces monstres humanoïdes au corps velu et au faciès bestial s’affichent comme des chaînons manquants que l’évolution aurait oublié (d’où le titre original The Forgotten Ones), quelque part entre le singe, l’homme de Néanderthal et le Sasquatch. Interprétés par des cascadeurs costumés et maquillés, sans le moindre recours aux images de synthèse, ils sont au cœur de séquences de suspense plutôt bien troussées.

La belle et les bêtes

La conviction de Jewel Staite (héroïne récurrente des séries Chérie j’ai rétréci les gosses, Stargate Atlantis et Firefly) – que le réalisateur ne peut s’empêcher de mettre en sous-vêtements pour les dernières péripéties du film ! – contribue beaucoup à l’efficacité d’un récit somme toutes très simple. Dommage que certaines facilités scénaristiques jalonnent çà et là le film (bien pratique cette machette qu’on découvre plantée dans un arbre juste au moment où on en avait besoin !) et que la dernière bobine du métrage ne parvienne pas à se clore sur un climax digne de ce nom. Bref, un « creature feature » sympathique qui n’entrera certes pas dans les annales mais se laisse apprécier sans déplaisir et présente le mérite de redynamiser le thème moribond du film de yéti et de chaînon manquant.

© Gilles Penso

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THE CHILDREN (2009)

Deux familles se réunissent dans une maison de campagne pour fêter Noël, mais les enfants commencent à adopter un comportement étrange…

THE CHILDREN

2008 – USA

Réalisé par Tom Shankland

Avec Eva Birthistle, Stephen Campbell-Moore, Rachel Shelley, Jeremy Sheffield, Hannah Tointon, Eva Sayer, Jake Hathaway

THEMA ENFANTS

The Children est né sous la plume du scénariste Paul Andrew Williams, plus connu pour avoir réalisé la comédie horrifique Bienvenue au Cottage. Le postulat en est très simple. Pour fêter dignement Noël, deux familles se réunissent dans une confortable maison de campagne nappée d’un joli manteau de neige. Le cadre idyllique est quelque peu perturbé par la turbulence des enfants et les petites tensions entre adultes, mais rien de très anormal n’est à signaler… Jusqu’à ce que les charmants bambins, sous l’influence d’un virus étrange, ne se mettent à attaquer leurs aînés avec une minutie, une ingéniosité et une cruauté diaboliques. Ce point de départ est certes intrigant, mais The Children part avec un sérieux handicap, dans la mesure où le thème de l’enfant monstre a déjà largement été traité à l’écran depuis les années 50, au fil d’une filmographie jalonnée en outre de purs chefs d’œuvres (Les Innocents, Le Village des damnés, La Malédiction, pour n’en citer qu’une poignée). Comment, dans ce cas, surprendre encore le public et rivaliser avec de si prestigieux prédécesseurs ?

Il faut bien reconnaître que The Children n’évite pas les sentiers battus et évoque plusieurs fleurons du genre (y compris les très surestimés Démons du maïs), exhalant immanquablement un effet de déjà-vu. Pourtant, Tom Shankland, réalisateur jusqu’alors du thriller horrifique Waz se démarquant manifestement de la saga Saw, s’en tire ici avec les honneurs, signant une direction artistique impeccable et dirigeant ses comédiens avec beaucoup de finesse. Le réalisme des relations humaines – entre adultes, entre enfants et intergénérationnel – permet à l’horreur de s’appuyer sur un contexte crédible et familier. D’autant que le scénario transcende quelque peu ce thème classique par le biais d’un personnage passionnant : Casey (Hannah Tointon), une adolescente qui se situe à la croisée de l’enfance et du monde adulte.

À partir de quand sort-on de l'enfance ?

Protagoniste central du drame, elle découvre avant tout le monde le basculement de la situation vers le cauchemar, sans pouvoir convaincre des parents ne la prenant guère au sérieux tout en s’attirant les foudres des têtes blondes muées en créatures assoiffées de sang. Sa position au sein de l’intrigue est cruciale, car elle représente le pôle principal d’identification pour les spectateurs tout en incarnant une menace potentielle. Porte-t-elle encore suffisamment d’enfance en elle pour que le fléau la touche à son tour ? La photographie de Nanu Segal magnifie les étendues neigeuses, métaphores intelligentes de l’innocence apparente des bambins camouflant en réalité des ténèbres grandissantes. Shankland a également le bon goût d’éviter la surenchère gore très à la mode en ces périodes post-Saw et Hostel, sans pour autant se départir de la violence inhérente à son propos. Les meurtres restent donc brutaux et surprenants, fruits de stratagèmes habiles et proprement démoniaques. Quant aux enfants, ils occupent l’écran avec une présence hypnotisante et savent effrayer d’un seul regard. Bref, The Children est une indéniable réussite, même si l’ombre envahissante des classiques de Jack Clayton, Wolf Rilla, Richard Donner et consorts risque fort d’atténuer son impact.

 

© Gilles Penso

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