GOTHIKA (2003)

Matthieu Kassovitz s'essaie à l'épouvante hollywoodienne et signe un film efficace mais sans grande personnalité

GOTHIKA

2003 – USA

Réalisé par Matthieu Kassovitz

Avec Halle Berry, Robert Downey Jr., Charles Dutton, John Carroll Lynch, Bernard Hill, Penélope Cruz, Dorian Harewood

THEMA FANTÔMES

Séduit par les sirènes hollywoodiennes, Mathieu Kassovitz s’est laissé expatrier aux Etats-Unis le temps de réaliser cette histoire de fantôme post-Sixième sens au postulat pour le moins intrigant. Halle Berry y incarne Miranda Grey, psychologue dans le pénitencier psychiatrique pour femmes criminelles que dirige son mari. Un soir, alors qu’elle emprunte une déviation en voiture pour cause de travaux sur le bitume, elle croise une jeune fille mystérieuse à la sortie d’un pont. Celle-ci reste immobile au milieu de la route, puis soudain s’enflamme en hurlant. Terrifiée, Miranda sombre dans l’inconscience. A son réveil, elle est derrière les barreaux, accusée du meurtre violent de son époux et dès lors considérée comme une dangereuse psychopathe. Amnésique, elle découvre peu à peu qu’elle a été le jouet d’un spectre qui s’est emparé d’elle et la manipule pour exercer une terrible vengeance…

La première partie du film accroche donc le public à son siège, servie par l’interprétation d’Halle Berry, Robert Downey Jr et Penelope Cruz, surprenants dans des rôles à contre-courant de leur filmographie habituelle, et par un début de scénario plaçant la folie sous une perspective intéressante. Car en plongeant le spectateur dans la peau d’Halle Berry, Gothika pose du même coup le problème de la légitimité des conclusions psychiatriques hâtives. L’une des réflexions de Gilbert Keith Chesterton nous revient alors en mémoire : « Le fou n’est pas l’homme qui a perdu la raison. Le fou est celui qui a tout perdu, excepté la raison. » Une pensée qui trouve son écho dans le scénario de Sebastian Guttierez (auteur d’œuvres aussi disparates que Judas Kiss, Des Serpents dans l’avion ou le remake de The Eye) et qui nous pousse, dans le cas présent, à nous demander si les fous internés dans les cellules capitonnées le sont vraiment. En s’efforçant de prouver leur santé mentale, ne s’enfoncent-ils pas davantage aux yeux de leurs médecins/juges ? Et si certains d’entre eux entendaient vraiment des voix ? Et si quelques fantômes venaient réellement les tourmenter ? Telles sont les problématiques soulevées par le début du film.

La vengeance du spectre

Hélas, au moment où Miranda Grey parvient à échapper à ses geôliers pour mener sa propre enquête, le scénario change de cap, empruntant des chemins plus connus, familiers de ceux qui ont vu Hypnose, Apparences ou Intuitions, tout en collectant bon nombre d’invraisemblances. Le film continue malgré tout à passionner, grâce à une mise en scène ciselée et virtuose qui transcende clichés et illogismes. Visiblement motivé par ses prestigieux producteurs Joel Silver et Robert Zemeckis, Kassovitz s’amuse ainsi à promener sa caméra dans les endroits les plus surprenants, et à multiplier les effets choc destinés à faire sursauter le public. Le résultat est des plus probants, même si Gothika aurait gagné à conserver sa rigueur scénaristique jusqu’au bout, d’autant que certains personnages clefs du film s’évaporent presque au fil de l’intrigue, ce qui s’avère pour le moins frustrant. L’interruption du tournage pendant huit semaines, après qu’Halle Berry se soit cassé le bras en jouant une scène aux côtés de Robert Downey Jr, explique en partie les réécritures de dernière minute et quelques pertes de cohérence en cours de route.

© Gilles Penso

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BABYLON A.D. (2008)

Matthieu Kassovitz réalise un ambitieux film de science-fiction aux allures de blockbuster américain avec en tête d'affiche un monolithique Vin Diesel

BABYLON A.D.

2008 – FRANCE

Réalisé par Mathieu Kassovitz

Avec Vin Diesel, Mélanie Thierry, Michelle Yeoh, Lambert Wilson, Mark Strong, Charlotte Rampling, Gérard Depardieu

THEMA FUTUR

Il est difficile, quand on réalise un film d’anticipation, de s’affranchir de l’influence de ses prédécesseurs. Et de prime abord, Babylon A.D. évoque beaucoup Les Fils de l’homme et Le Cinquième élément, dont il reprend un certain nombre de thématiques. Pourtant, Mathieu Kassovitz parvient sans peine à s’extraire de l’influence d’Alfonso Cuaron et Luc Besson, affirmant sa personnalité par une mise en scène exemplaire et une direction artistique minutieuse. Tourné en grande partie en République Tchèque, avec un budget confortable mais sans commune mesure avec celui d’une production américaine analogue, l’auteur de La Haine tire au mieux parti des décors sinistres conçus par Sonja Krauss et Paul Cross et des excellents effets visuels de Buf Compagnie pour bâtir de toutes pièces un 21ème siècle guère reluisant.

Co-écrit avec Eric Besnard, le scénario puise sa source dans le roman « Babylon Babies » de Maurice G. Dantec, sans jamais chercher à respecter le texte à la lettre. Vin Diesel est le mercenaire Toorop, un homme désabusé ayant mené de nombreux combats et survécu à toutes les guerres qui ont ravagé la planète depuis des décennies. Désormais, la mafia règne sur l’Europe de l’Est, et Gorsky (Gérard Depardieu), un puissant chef de gang, confie à Toorop une mission délicate : convoyer de Russie jusqu’à New York une mystérieuse jeune fille prénommée Aurora (Mélanie Thierry) pour la remettre aux mains d’un ordre religieux tout puissant… L’arrivée à New York matérialise deux autres influences : Blade Runner de Ridley Scott et le magazine « Métal Hurlant », fer de lance de la culture parallèle des années 80. Mais une fois de plus, Kassovitz affiche sa propre singularité. Derrière la colossale mise en œuvre technique, derrière les innombrables difficultés ayant émaillé le tournage, son style et son caractère sont omniprésents. Sa direction d’acteurs instinctive, ses choix musicaux audacieux, son rapport à l’individu immergé dans un contexte socio-politique aux allures de poudrière, tout ce qui séduisit les fans de la première heure de Métisse et La Haine est dans Babylon A.D., une bande dessinée en chair et en os mais aussi un drame intimiste, un bon gros film de science-fiction mixé à une parabole sur la valeur de la vie, la préservation de l’enfance et des générations futures.

Une bande dessinée en chair et en os

Bien sûr, le film n’est pas exempt de faiblesses, mais elles prennent plus l’allure de frustrations que de fautes de goût, comme si la tourmente du tournage avait empêché Kassovitz de s’attarder suffisamment sur ses personnages. Pourquoi les batailles mettant en scène Michelle Yeoh sont-elle si peu lisibles et si confuses ? Pourquoi le personnage énigmatique campé par Charlotte Rampling, véhiculant l’idée passionnante que toute religion n’est qu’un business comme les autres, est-il à peine survolé ? Pourquoi le scientifique incarné par Lambert Wilson verse-t-il à ce point dans la caricature ? Ces questions trouvent probablement leur réponse dans la densité du matériau littéraire ayant servi de base au scénario. Pour pouvoir traiter en profondeur toutes les thématiques et tous les protagonistes rattachés au récit, il eut fallu sans doute rallonger le métrage d’une bonne heure.

 

© Gilles Penso

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L’HOMME INVISIBLE (1933)

Le réalisateur de Frankenstein signe la plus impressionnante et la plus belle des adaptations du classique de H.G. Wells

THE INVISIBLE MAN

1933 – USA

Réalisé par James Whale

Avec Claude rains, Gloria Stuart, William Harrigan, Henry Travers, Una O’Connor, Forrester Harvey, Holmes Herbert

THEMA HOMMES INVISIBLES I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

A quelques détails près, cet Homme invisible est une adaptation très fidèle du roman homonyme d’H.G. Wells, écrit en 1897. On imagine mal meilleure transposition, et celle-ci demeure d’ailleurs inégalée à ce jour. C’est au faîte de son talent et de sa gloire que James Whale réalisa ce pur chef d’œuvre, entre Frankenstein et La Fiancée de Frankenstein. Comme dans le texte initial, tout commence un soir de tempête. Un mystérieux étranger au visage couvert de bandelettes arrive à Iping, un petit village britannique, prenant pension à l’auberge locale. Le nouvel arrivant, Jack Griffin, inquiète les aubergistes, et les curieux se multiplient autour de lui. Furieux, il ôte ses bandages et ses vêtements, révélant aux villageois médusés l’absence totale de toute forme apparente. Autrefois jeune savant, Griffin a découvert le secret de l’invisibilité, mais les effets secondaires de la drogue employée, la monocaïne, perturbent son cerveau et le conduisent à la folie. Ses collègues s’inquiètent. Il s’agit du docteur Cranley, de sa fille Flora, fiancée de Griffin, et du docteur Kemp, rival malheureux de ce dernier auprès de Flora. La police est maintenant sur les traces de Griffin, qui multiplie les méfaits et les meurtres. Ainsi, comme dans l’histoire légendaire du berger Gygès racontée par Platon, dans laquelle un anneau rendant invisible pousse son héros à commettre l’adultère et le meurtre, l’assurance de l’impunité pousse ici Griffin à se muer en criminel. Quel terrible constat sur la nature humaine ! 

Pour porter à l’écran un tel récit, il fallait des comédiens solides, une mise en scène méticuleuse, mais aussi des effets spéciaux de très haut niveau. A ce titre, John P. Fulton a réalisé de véritables prouesses, et l’inventivité de ses trucages est d’autant plus remarquable qu’au début des années 30, rien de tel n’avait encore été montré auparavant sur un écran de cinéma. On n’est pas près d’oublier cette séquence d’anthologie au cours de laquelle Jack Griffin enlève un à un ses bandages, révélant un col désespérément béant. Sa chemise s’agite ensuite dans le vide, avant que la caméra ne nous transporte dans la rue, où un vélo se redresse et roule seul, au beau milieu des villageois affolés. Un très grand moment de cinéma fantastique, que n’égalera aucune des variantes ultérieures sur le thème. Et ce malgré les incroyables avancées technologiques dont bénéficieront des œuvres telles que Les Aventures d’un homme invisible ou L’Homme sans ombre

A voir absolument en version originale !

Le film de James Whale se pare en outre de l’inquiétante voix de Claude Rains, dont la diction parfaite et les tonalités caverneuses conviennent à merveille au personnage de Jack Griffin. A l’origine, Universal envisageait de confier ce rôle vocal à sa vedette du moment, l’immense Boris Karloff. Mais Whale convainquit le studio de faire appel à Rains, dont la voix de ténor résonnait à l’époque sur les planches de Broadway. Et l’histoire lui a donné raison, le comédien jouant en virtuose sur la tessiture de son organe, oscillant entre la colère contenue et la fureur destructrice, en passant par un rire dément à glacer le sang. D’où la nécessité de déguster cet Homme invisible dans sa version originale.  

© Gilles Penso

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LA CITÉ DES ENFANTS PERDUS (1995)

Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro poursuivent leurs expérimentations en construisant un gigantesque univers rétro-futuriste

LA CITE DES ENFANTS PERDUS

1995 – FRANCE

Réalisé par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro

Avec Ron Perlman, Daniel Emilfork, Judith Vittet, Dominique Pinon, Jean-Claude Dreyfus, Geneviève Brunet, Rufus

THEMA RÊVES I DOUBLES

La Cité des enfants perdus : Derrière ce titre délicieusement poétique se cache l’histoire de Krank, un homme vivant parmi d’étranges compagnons sur une plate-forme en mer perdue dans le brouillard, au-delà d’un champ de mines. Fruit d’une expérience génétique, il s’avère incapable de rêver, ce qui a pour effet d’accélérer son vieillissement. Pour venir à bout de ce détestable phénomène, il enlève les enfants d’une cité portuaire afin de voler leurs rêves, grâce à une étrange machine de son invention. L’univers si étrange créé par Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet pour La Cité des enfants perdus, situé en un lieu et une époque indéterminés à mi-chemin entre Paris et une cité portuaire, sous l’influence manifeste de Jules Verne, n’est pas si éloigné de celui de Delicatessen. Mais ici, l’uchronie et la technologie rétrofuturiste ont été largement amplifiées, le film assumant plus ouvertement son caractère science-fictionnel. Le budget lui aussi a bien gonflé (on l’estime à l’équivalent de 18 millions de dollars), ce qui permet aux cinéastes d’aller jusqu’au bout de leurs folles visions. 

« La cité s’inspirait à la fois des canaux de Venise, de la verticalité architecturale de New-York, des habitations de Londres au début du siècle, de l’amoncellement des maisons orientales, des constructions métalliques de Gustave Eiffel, des gravures de Gustave Doré et des peintures de De Chierico » (1) nous révèle Jean Rabasse, chef décorateur du film. Au sein de cette somptueuse direction artistique se mettent en branle des séquences insolites (quatre clones de Dominique Pinon se donnent des claques, une puce vue en très gros plan saute de corps en corps, l’incroyable cité s’étend dans de vastes panoramas brumeux) grâce à une série d’effets spéciaux numériques et mécaniques de haute tenue, le plus grand nombre jamais utilisé jusqu’alors dans un film français. 

Un équilibre difficile

Plus volontiers attirés par les « gueules » que par les stars, Caro et Jeunet optent pour un casting étonnant, avec en particulier Ron Perlman (l’un des trois héros préhistorique de La Guerre du feu), Daniel Emilfork (le génie de la lampe dans Le Voleur de Bagdad de Clive Donner), François Hadji-Lazaro (Gnahi dans Dellamorte Dellamore), mais aussi Dominique Pinon (dans un rôle septuple, chacun clamant à qui veut l’entendre qu’il est l’original et que les autres ne sont que des clones !) et Jean-Claude Dreyfus, déjà mis à contribution dans Delicatessen. Mais la révélation du film demeure Judith Vittet, gamine des rues s’étant endurcie prématurément sans perdre tout à fait sa fragilité. On regrette tout de même une narration confuse qui masque mal la terrible minceur du scénario, malgré cette magnifique idée du vol des rêves d’enfants. « Pour moi, le maître mot doit toujours être la cohérence, et ce n’était pas vraiment le cas dans La Cité des enfants perdus », reconnaît Jeunet. « Nous avons commis l’erreur de choisir l’environnement avant l’histoire. On sent les tirailleries entre Caro et moi, lui tirant le film vers le visuel et moi vers le narratif. » (2) Malgré tout, le film fit sensation lors de sa présentation en ouverture au Festival de Cannes et se mua en objet de culte auprès des cinéastes américains, ce qui permit à Jean-Pierre Jeunet d’amorcer sa carrière solo quelques années plus tard par l’entremise de la 20th Century Fox avec Alien la résurrection.

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 1998

(2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2009

© Gilles Penso

 

Pour en savoir plus

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LA MORTE-VIVANTE (1982)

Jean Rollin s'adapte à la vogue des films de zombies en conservant ses motifs favoris : la poésie macabre, le sang et l'érotisme

LA MORTE-VIVANTE

1982 – FRANCE

Réalisé par Jean Rollin

Avec Françoise Blanchard, Marina Pierro, Mike Marshall, Carina Barone, Fanny Magier, Patricia Besnard-Rousseau, Jean Berel 

THEMA ZOMBIES I SAGA JEAN ROLLIN

Spécialisé dans les films de vampire érotiques made in France depuis la fin des années 60 (Le Viol du vampire, La Vampire nue, Le Frisson des vampires et compagnie), Jean Rollin s’est attaqué en 1982 au thème du zombie, mais sans pour autant changer grand-chose à ses habitudes. Les filles se dénudent donc encore généreusement et le sang coule toujours à flots écarlates. La morte-vivante du titre est une jeune femme du nom de Catherine Valmont, décédée prématurément, dont le joli cadavre repose dans une crypte où trois ouvriers viennent un jour déposer des fûts de produits apparemment toxiques. Profitant d’être sur place, ils décident de dépouiller sans vergogne les cadavres de leur trop-plein de bijoux. Soudain, rien ne va plus : Catherine revient à la vie, crève les yeux de l’un des vauriens avec ses ongles exagérément effilés, puis égorge le second à coups de griffes, tandis que le troisième a le visage horriblement défiguré par le contenu d’un des fûts qui vient s’écouler dans la crypte.

Décrite comme ça, la séquence peut paraître horrifique à souhaits, mais le montage très approximatif de Jean Rollin et le jeu évasif de ses comédiens ruinent une bonne partie de son impact, malgré des trucages plutôt efficaces. « J’ai été engagé sur ce film pour créer des effets gore, notamment pas mal d’égorgements », raconte Benoît Lestang, responsable des maquillages spéciaux du film. « Mais à l’époque je dois bien avouer que n’y connaissais rien du tout. Je vivais encore chez mes parents, donc je travaillais dans la salle de bains et dans ma chambre… C’était n’importe quoi ! Sur un tournage normal, on m’aurait viré dès le premier jour. Mais comme c’était un film à très petit budget et que je ne coûtais pas cher à la production, personne ne m’a jamais rien dit. » (1) Assoiffée de sang, la belle Catherine se met à errer dans la campagne avoisinante jusqu’à regagner la grande demeure où elle a grandi. Là, son amie d’enfance Hélène la retrouve et, passée une légitime période d’incrédulité, décide de l’aider à se maintenir artificiellement en vie en lui fournissant autant de victimes que nécessaire.

Un décalage abyssal entre les intentions et le résultat

Un tel sujet méritait une mise en scène inspirée, une photographie soignée et des acteurs convaincants. Hélas, tout le potentiel d’épouvante, d’émotion et d’érotisme que contenait en substance le scénario de Jean Rollin et Jacques Ralf s’estompe derrière la banalité formelle du film. On y trouve même des clichés franchouillards du plus curieux effet, notamment le bistrot et ses piliers de comptoir, le marché aux fruits et légumes et une fête du village caricaturale avec un mauvais groupe de rock qui s’accompagne à l’accordéon ! Ce décalage entre les intentions initiales et le résultat final est d’autant plus regrettable que la relation entre Catherine, femme-zombie terrifiée par son état, et Hélène, devenue meurtrière par amour, pouvait s’avérer passionnante, et que le final, basculant du gore le plus outrancier au drame le plus poignant, laisse imaginer le beau conte d’épouvante que cette Morte-vivante aurait pu être. On retrouve d’ailleurs certaines composantes de ce récit – le lesbianisme en moins – dans Le Retour des morts-vivants 3 de Brian Yuzna, pas beaucoup plus argenté mais bien mieux ficelé.  

(1) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 1996

© Gilles Penso

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SOLITAIRE (2007)

Le réalisateur de Wolf Creek nous jette dans la gueule d'un crocodile gigantesque et vorace

ROGUE

2007 – USA

Réalisé par Greg McLean

Avec Michael Vartan, Radha Mitchell, Sam Worthington, Barry Otto, Geoff Morrell, Damien Richardson, Robert Taylor, Heather Mitchell

THEMA REPTILES ET VOLATILES

Grâce au succès inespéré de Wolf Creek, qui rapporta cinquante fois sa modeste mise de départ, le réalisateur australien Greg McLean put concrétiser Solitaire, un projet de longue date qui lui fut notamment inspiré par L’Etrange créature du lac noir et des documentaires animaliers sur l’outback et la flore des marais. De fait, la séquence d’introduction du film est plus proche de National Geographic que d’un film de monstre façon Nu Image. Et même si le réalisateur cisèle son découpage et son montage avec la minutie d’un orfèvre, le réalisme cru de cette attaque soudaine de crocodile, entraînant par la seule force de sa mâchoire un buffle sous les eaux, semble tout droit issu d’un documentaire. La suite du film confirme cette impression. Certes, la présentation de tous les protagonistes – un groupe de touristes embarqués pour une croisière exotique dans les marais australiens, parmi lesquels un journaliste blasé (Michael Vartan) semble pouvoir connaître une idylle avec le capitaine/guide (Radha Mitchell) – obéit à la logique introductive des films catastrophes. Mais le cinéaste attarde surtout sa caméra sur les magnifiques décors naturels, soutenu par une partition magnifique (bien qu’un tantinet trop emphatique) de François Tetaz, déjà compositeur de la bande originale de Wolf Creek.

Le drame survient de manière discrète, presque implicite. Une silhouette sous-marine immense mais quasiment invisible renverse en effet le bateau des touristes, les incitant à se réfugier au plus vite sur une petite île broussailleuse. Bientôt, il faut se rendre à l’évidence : un crocodile gigantesque et vorace hante les lieux et se met à dévorer ceux qui s’aventurent trop près de l’eau. Ici aussi, Greg McLean fait preuve d’une sobriété inattendue, les attaques se déroulant de préférence en dehors du champ de la caméra. En ce sens, Solitaire se rapproche beaucoup de Black Water, réalisé en Australie à la même période mais avec des moyens bien moindres. Ici, le suspense s’appuie sur un double time-lock : la tombée de la nuit et la marée montante qui engloutira bientôt le refuge précaire de nos héros.

Une relecture moderne de Sigfried contre le dragon

Puisant visiblement son inspiration dans Les Dents de la mer, le réalisateur limite les apparitions du monstre au strict minimum, profitant de l’obscurité et de l’élément aquatique pour laisser travailler l’imagination du spectateur. Cependant, la dernière partie du film nous réserve un affrontement homme-animal particulièrement spectaculaire. Enfin visible en entier et sous toutes ses coutures, le crocodile géant s’avère être l’une des créatures numériques les plus réalistes et les plus impressionnantes que l’on ait pu contempler à ce jour. L’animatronique prend le relais pour les plans serrés, et le climax s’avère digne de l’affrontement de Sigfried contre le légendaire dragon des Nibelungen. Quant à  Michael Vartan, il confirme tout le bien que nous pensions de lui dans la série Alias, promenant sa silhouette de gravure de mode usée avec beaucoup de charisme, et nous faisant regretter sa trop rare présence sur les écrans. Dommage que le rythme du film ne soit pas toujours soutenu, peinant à maintenir une attention toujours en éveil malgré d’indiscutables qualités formelles. Précisions que le film a été rebaptisé Eaux troubles pour sa sortie en DVD.  

© Gilles Penso

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APPELEZ-MOI DAVE (2008)

Eddie Murphy incarne tout un équipage d'extra-terrestres miniatures mais aussi leur vaisseau spatial en forme d'être humain au sourire figé !

MEET DAVE

2008 – USA

Réalisé par Brian Robbins

Avec Eddie Murphy, Ed Helms, Elizabeth Banks, Judah Friedlander, Scott Caan, Austyn Myers

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Dans l’une des scènes les plus étonnantes du premier Men in Black, un homme allongé sur un lit d’hôpital s’avérait être une machine imitant les traits humains, son visage n’étant qu’un masque dissimulant de minuscules habitants extra-terrestres le manipulant de l’intérieur. Les scénaristes Rob Greenberg et Bill Corbett ont décidé de reprendre cette idée à leur compte et d’en tirer un long-métrage. Pour fonctionner, ce concept fou devait être porté par un acteur comique au corps et au visage élastiques, quelqu’un de la trempe de Jim Carrey ou Mike Myers. C’est finalement Eddie Murphy qui endossa le rôle principal, collaborant pour la seconde fois avec le réalisateur Brian Robbins (ils avaient tourné ensemble Norbit, gros succès aux Etats-Unis) et laissant reposer 90% du film sur ses épaules.

Murphy incarne donc le capitaine d’un équipage d’extra-terrestres en tout points semblables aux êtres humains, si ce n’est qu’ils ne mesurent que quelques centimètres de haut. Leur planète étant moribonde, ils sont chargés d’une mission délicate : drainer toute l’eau de la Terre puis retourner en vitesse chez eux. Pour passer inaperçus, ils se déplacent à l’intérieur d’un vaisseau spatial qui a la taille et la forme d’un être humain. Et c’est à nouveau Eddie Murphy qui prête ses traits à la machine anthropomorphe. Dès lors, les situations comiques s’enchaînent en cascade, d’autant que le vaisseau, qui parle avec la voix de son capitaine, tente maladroitement d’imiter les comportements humains et se fait appeler Dave, est en train de séduire malgré lui Gina (Elizabeth Banks), une jeune mère qui le renverse en voiture et se sent désormais redevable de lui. La situation se complique lorsque les aliens se laissent peu à peu influencer par l’atmosphère terrienne…

Un concept fou hélas sous-exploité

Appelez-moi Dave est une comédie formatée pour un tout jeune public et trouvera surtout grâce aux yeux des téléspectateurs de Disney Channel. Raisonnablement drôle, tranquillement huilée, empruntant prudemment des sentiers tout tracés, l’entreprise ne cherche jamais, hélas, à tirer parti à plein régime des folies que permettait un concept initial pour le moins excentrique. Les clichés s’enchaînent donc sans surprise et plusieurs séquences donnent l’étrange sentiment d’avoir déjà été vues cent fois ailleurs. Quand on se souvient d’œuvres aussi audacieuses que Retour vers le futurL’Aventure intérieure ou Chérie J’ai rétréci les gosses, qui exploitaient au maximum de leurs possibilités les péripéties inhérentes à leur postulat de départ, on ne peut que regretter le manque d’ambition d’Appelez-moi Dave. Nul doute que cette comédie de science-fiction perdrait tout son sel sans les facéties d’Eddie Murphy (en très grande forme, il faut bien l’avouer) et sans les excellents effets spéciaux supervisés par le vétéran Mark Stetson (Waterworld, Le Cinquième élément, Superman Returns). A ce titre, l’une des scènes les plus mouvementées du film montre le minuscule capitaine et son assistante bravant les dangers d’une ville aux proportions gigantesques.

 

© Gilles Penso

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À LA CROISÉE DES MONDES : LA BOUSSOLE D’OR (2007)

Le premier volet d'une saga fantastique inspirée par les écrits de Philip Pullman qui sera finalement resté sans suite

HIS DARK MATERIALS : THE GOLDEN COMPASS

2007 – USA

Réalisé par Chris Weitz

Avec Dakota Blue Richards, Nicole Kidman, Daniel Craig, Eva Green, Sam Elliot, Jim Carter, Christopher Lee, Derek Jacobi

THEMA CONTES I MONDES PARALLELES ET VIRTUELS I MAMMIFERES

Au début des années 2000, toutes les compagnies de production veulent lancer leur propre réponse à la saga Harry Potter. Désormais, un film fantastique destiné au jeune public ne se conçoit donc qu’en trois partie, au minimum. C’est dans cet état d’esprit que le réalisateur Chris Weitz, alors connu pour son American Pie à l’humour grassouillet, s’attela à l’adaptation du cycle « Les Royaumes du Nord » conçu en trois tomes par le romancier anglais Philip Pullman. Dans un monde parallèle qui ressemble un peu au nôtre mais a évolué d’une manière bien différente, chaque être humain est accompagné d’un daemon, autrement dit un animal qui renferme son âme. Chez les enfants, ce compagnon fidèle n’est pas encore stabilisé et change de forme à loisirs. C’est le cas de Pantalaimon, le daemon de la jeune Lyra, qui se mue tour à tour en musaraigne, en oiseau, en chat ou en souris au gré de son humeur. Dans cet univers uchronique qui semble s’être arrêté quelque part entre le 19ème et le 20ème siècle, l’organisme gouvernemental global, le Magisterium, tient à resserrer son emprise sur le peuple en favorisant une certaine forme de négationnisme et de renfermement sur soi. Du coup, l’expédition de Lord Asriel, l’oncle de Lyra, fait grincer beaucoup de dents, puisqu’il a décidé de prouver qu’il est possible de se connecter aux autres mondes parallèles par l’intermédiaire d’une poussière d’un genre très spécial. Entre-temps, la communauté gitane est frappée par le kidnapping de ses enfants. Lorsque Roger, le meilleur ami de Lyra, disparaît à son tour, la petite fille jure d’aller le chercher, jusqu’au bout du monde s’il le faut…

Aux côtés de la débutante Dakota Blue Richard, très convaincante dans le rôle de l’effrontée héroïne de la saga, le casting haut de gamme de La Boussole d’or met en vedette l’impeccable Daniel Craig en oncle Asriel, promenant un impressionnant félin en guise de daemon. Le comédien britannique retrouve ici deux de ses partenaires féminines passées : Nicole Kidman (sa petite amie dans Invasion), qui nous offre la prestation d’une glaciale Lady Coulter, et Eva Green (James Bond girl de Casino Royale), en jeune sorcière virtuose du tir à l’arc. Les fantasticophiles reconnaîtront également, sous la défroque d’un haut conseiller, l’impérial Christopher Lee.

Visuellement superbe… mais un peu creux

Grâce au pharaonique budget à sa disposition (180 millions dollars, soit le double de celui de La Communauté de l’Anneau), Chris Weitz truffe son film d’effets visuels magnifiques, notamment le survol en dirigeable d’une cité à l’architecture flamboyante, les facéties des innombrables daemons, et surtout l’affrontement entre deux ours blancs qui, revêtus d’armures de combat, prennent presque des allures de titanesques dinosaures. Les qualités formelles du film abondent donc, jusque dans sa bande originale aérienne signée par l’éclectique Alexandre Desplat. Mais un élément crucial fait défaut à La Boussole d’or : l’indispensable supplément d’âme qui permet au spectateur de s’émouvoir et de s’impliquer. Le spectacle reste purement décoratif, et cette tentative isolée ne donnera pas suite à la saga initialement prévue.

© Gilles Penso

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DAY WATCH (2006)

Timur Bekmambetov réalise une suite de son monumental Night Watch tout aussi spectaculaire et confuse que le premier épisode

DNEVNOY DOZOR MEL SUDBI

2006 – RUSSIE

Réalisé par Timur Bekmambetov

Avec Konstantin Khabensky, Mariya Poroshina, Vladimir Menshov, Galina Tyunina, Viktor Verzhbitsky, Zhanna Friske

THEMA VAMPIRES I SORCELLERIE ET MAGIE I POUVOIRS SURNATURELS

Vertigineux, le prologue de Day Watch a de quoi clouer sur son fauteuil le spectateur le plus blasé. Des centaines de cavaliers mongols y traversent des montagnes enneigées iraquiennes pour partir à l’assaut d’un monastère fortifié, tandis qu’un hallucinant plan aérien survole la folle cavalcade jusqu’à ce que les guerriers et leurs montures défoncent littéralement les murailles qui leur font obstacle ! A la tête de cette meute, le vaillant Tamerlane lutte sauvagement contre maints soldats armés jusqu’aux dents et met enfin la main sur un objet inestimable : la craie du destin, capable de bouleverser l’avenir du monde. Des séquences de cet acabit, Day Watch en compte de nombreuses, nouvelle preuve de l’extraordinaire savoir-faire technique du réalisateur Timur Bekmambetov, formé à l’école du film publicitaire et nanti ici d’un budget colossal. Mais les problèmes mis en évidence dans Night Watch, précédent épisode de cette saga fantastique, ne font que s’accroître dans le second épisode.

Berkmanbetov s’avoue en effet incapable de narrer un récit sans recourir à d’innombrables effets de mise en scène garnis jusqu’à plus soif de trucages numériques. Lorsqu’il s’agit de filmer une bataille médiévale homérique, cela se justifie, certes. Mais quand le film doit s’attarder sur un moment de séduction intimiste entre deux protagonistes sous une douche, est-il nécessaire de transposer soudain les personnages sous une gigantesque cascade filmée dans la forêt jamaïcaine ? Quand une jeune femme excentrique déboule sans crier gare dans le quartier général de son patron, est-elle obligée de s’envoler à bord de sa voiture décapotable, de rouler le long de la façade, puis de défoncer des dizaines de murs avant de freiner en catastrophe ? Tant d’artifices nuisent considérablement à la lisibilité d’une intrigue déjà passablement confuse.

L'ombre et la lumière

Pourtant, les prémisses de Day Watch étaient très prometteurs. Tandis qu’Anton Gorodetski, membre actif des forces de la lumière, forme la stagiaire Svetlana et s’efforce de rentrer en contact avec son fils Yegor, sur le point de basculer définitivement dans l’autre camp, une jeune femme des forces de l’ombre est assassinée de sang froid dans sa cage d’escalier. A cause de cet acte d’une extrême gravité, la trêve fragile qu’avaient conclue depuis des siècles les chefs des deux confréries, Guesser et Zavoulon, est sur le point d’être rompue. Si la guerre s’enclenche à nouveau, le monde tel que nous le connaissons risque bien de courir à sa propre perte. Les enjeux semblent intenses, mais l’incapacité du metteur en scène à les décrire clairement, à filmer un simple champ-contre champ entre acteurs, à ralentir le rythme le temps d’un dialogue, saborde illico tout l’impact émotionnel du film. Vampires, bébés araignées et sorciers en tout genre s’animent donc une fois de plus en une folle sarabande, sans que le spectateur n’ait le loisir de se raccrocher réellement aux personnages, à leurs sentiments et leurs motivations. Reste le spectacle, toujours aussi gratifiant, comme en témoigne ce final apocalyptique digne des films catastrophes les plus emphatiques du cinéma hollywoodien.
 

© Gilles Penso

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A L’INTERIEUR (2007)

Derrière ses débordements ultra-violents, le premier film de Julien Maury et Alexandre Bustillo cache une sensibilité à fleur de peau

A L’INTERIEUR

2007 – FRANCE

Réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo

Avec Alysson Paradis, Béatrice Dalle, Nathalie Roussel, François-Régis Marchasson, Jean-Baptiste Tabourin, Dominique Frot

THEMA TUEURS I SAGA BUSTILLO & MAURY

« Ouvre-moi ta porte… que je t’ouvre le ventre ». Si le slogan d’A l’intérieur joue volontiers la carte de l’autodérision et du second degré, le premier long-métrage de Julien Maury et Alexandre Bustillo ne prête pas franchement à rire. La noirceur de l’œuvre est même étonnamment intense, engloutissant le spectateur dès les premières minutes pour ne le lâcher que longtemps après le générique de fin. C’est par un accident de voiture que commence le film. Deux voitures sont imbriquées l’une dans l’autre après un violent choc frontal. Derrière un pare-brise ayant volé en éclats, Sarah (Alysson Paradis), enceinte, a le visage ensanglanté, mais elle vit encore. Ce n’est pas le cas de son époux, dont le cadavre écarlate gît sinistrement à ses côtés. Quelques semaines plus tard, la veille de son accouchement, Sarah décide de passer seule le réveillon de Noël, dans la tranquillité un peu morose de son pavillon isolé. Son sommeil est agité par des cauchemars effrayants dignes d’Alien, jusqu’à ce qu’une inconnue (Béatrice Dalle) sonne soudain à sa porte, prétextant une panne de voiture. Sarah refuse d’ouvrir, mais il en faut bien plus pour stopper la détermination de cette étrangère qui semble en savoir long sur Sarah…

En dire plus long risquerait de déflorer une intrigue en forme de train fantôme éprouvant, mais il faut savoir que le sang coule dès lors par hectolitres, et que le visionnage du métrage est à déconseiller résolument aux femmes enceintes. Car en comparaison avec A l’intérieurRosemary’s Baby passerait presque pour un épisode de Winnie l’ourson ! Certes, l’histoire du film tient finalement à peu de chose, mais la précision d’écriture de Bustillo rend son déroulement implacable, et la mise en scène qu’il co-signe avec Maury s’avère redoutablement efficace. On sent bien l’influence d’un Carpenter et d’un Argento, mais A l’intérieur ne cède pas pour autant à la tentation de l’hommage appuyé, défaut souvent imputable aux premiers films de cinéphages devenus cinéastes.

Béatrice Dalle déchaînée

Sur la forme, ce slasher sans concession s’avère impeccable : le design sonore y est remarquable, les images de synthèse qui visualisent les réactions du bébé in utéro bénéficient d’un étonnant hyperréalisme (à cette occasion, les infographistes de Mc Guff Ligne recyclent le fœtus virtuel qu’ils avaient conçu pour le docu-fiction L’Odyssée de la vie de Nils Tavernier), et les innombrables effets gore de Jacques-Olivier Molon n’en finissent plus d’éclabousser l’écran. Mais le film n’aurait jamais eu un tel impact sans l’implication illimitée de ses deux comédiennes principales. Béatrice Dalle glace le sang à chacune de ses apparitions, mue par une folie meurtrière obsessionnelle dont nous ne comprendrons la genèse qu’à la faveur d’une habile révélation finale, tandis qu’Alysson Paradis impressionne par sa prestation à fleur de peau. Certains rebondissements d’A l’intérieur ne sont pas éloignés des mécanismes du Vaudeville, et le climax lui-même bascule dans le grand guignol le plus outrancier. Mais le film est loin de se limiter à un étalage de boucherie. Les sévices les plus atroces y côtoient en effet les émotions les plus fortes. C’est bien là la gageure et la singularité de cette œuvre définitivement hors du commun.

© Gilles Penso

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