VIVRE ET LAISSER MOURIR (1973)

Après Sean Connery et George Lazenby, James Bond prend le visage décontracté de Roger Moore et se retrouve dans une étrange affaire qui flirte avec le vaudou

LIVE AND LET DIE

1973 – GB

Réalisé par Guy Hamilton

Avec Roger Moore, Yaphet Kotto, Jane Seymour, Clifton James, Julius Harris, David Hedison, Geoffrey Holder

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Après Les Diamants sont éternels, c’est Roger Moore qui remplace officiellement Sean Connery dans le rôle laissé vacant de l’agent 007. Très à l’aise, ce dernier campe un James Bond décontracté et plein d’humour, à mi-chemin entre Brett Sinclair (Amicalement vôtre) et Simon Templar (Le Saint). Au fil des épisodes suivants, Moore saura effacer peu à peu les empreintes de ses héros précédents pour se construire un personnage à part entière. L’intrigue de Vivre et laisser mourir flirte avec le vaudou, ce qui imprègne le film d’un climat fantastique inhabituel pour la série. Dès la scène pré-générique, trois agents secrets sont tués en l’espace de 24 heures. Bond doit découvrir si ces trois meurtres ont un rapport entre eux. Ses recherches le mènent d’abord à Harlem, en compagnie de son ami Felix Leiter de la CIA (David Hedison, ex-Mouche noire), où il est kidnappé par le mystérieux Mister Big, à qui Ian Fleming prêtait des propos pleins d’emphase : « Je suis par nature et par goût un loup, et je vis suivant la loi des loups. Naturellement, le troupeau n’a qu’un mot pour qualifier un tel homme. Le mot “criminel” ».

Captif, Bond fait la connaissance de Blanche Solitaire, experte en tarot et douée de pouvoirs divinatoires (la délicieuse Jane Seymour). L’une des idées amusantes du scénario est que Solitaire, lorsqu’elle exulte enfin dans les bras décidément irrésistibles du beau James, perd à la fois sa virginité et tous ses dons de voyance, redevenant alors simple mortelle. Une fois que 007 a réussi à échapper aux griffes de Mister Big, il se rend à l’île de San Monique où le docteur Kananga (Yaphet Kotto, future victime d’Alien) cultive des champs entiers de pavots sous des filets de camouflage. Finalement, notre héros débarque à la Nouvelle-Orléans où se fabrique l’héroïne. Mister Big et le docteur Kananga s’avèrent n’être qu’une seule et même personne, laquelle a l’intention de distribuer gratuitement deux tonnes d’héroïne pour obtenir le contrôle du marché américain.

Au cœur de la blaxploitation

Le film bascule alors dans les excès les plus outranciers, nos deux héros étant attachés à un mécanisme qui les engloutit progressivement dans un bassin plein de requins (une idée qui resservira dans Austin Powers), puis Solitaire étant carrément promise à un sacrifice vaudou avec sorcier maléfique, danses tribales et serpents venimeux. Au cours du climax, le méchant avale une capsule d’air comprimé et finit par gonfler comme un ballon avant d’exploser ! Même s’il est doté de scènes d’actions franchement réussies (la cavalcade à bord de l’autobus à impériale, la confrontation avec les alligators, le saut en deltaplane, la poursuite en hors-bord dans les canaux de la Louisiane), Vivre et laisser mourir n’est pas toujours très convaincant et ressemble presque à un essai, comme s’il s’agissait d’une première tentative pour donner un nouveau souffle à la série. D’où notamment le remplacement provisoire du compositeur John Barry par George Martin, célèbre producteur des Beatles (c’est d’ailleurs Paul McCartney qui a signé la chanson du générique), dont la partition se réfère directement au style musical funky de la blaxploitation des années 70.


© Gilles Penso

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BRAINSTORM (1983)

Douglas Trumbull anticipe avec des décennies d'avance le développement des univers virtuels

BRAINSTORM

1983 – USA

Réalisé par Douglas Trumbull

Avec Christopher Walken, Natalie Wood, Louise Fletcher, Cliff Robertson, Jordan Christopher, Donald Hotton

THEMA MONDES PARALLELES ET MONDES VIRTUELS

Concepteur des magnifiques effets visuels de 2001 l’odyssée de l’espace, Rencontres du troisième type, Star Trek le film et Blade Runner, Douglas Trumbull était passé derrière la caméra au début des années 70 pour réaliser un space opéra écologique au ton très personnel, Silent Running. Dix ans plus tard, le voilà aux commandes de son second long-métrage, Brainstorm, mettant en vedette Christopher Walken et Natalie Wood. Assisté par Richard Yuricich, Trumbull entame le tournage de ce film alors que Blade Runner n’est pas encore achevé, laissant à David Dyer le soin de finaliser les effets visuels du chef d’œuvre de Ridley Scott. Ecrit par Philip Frank Messina d’après une histoire originale de Bruce Joel Rubin et Robert Stitzel, le scénario de Brainstorm imagine une machine reliée au cerveau humain et permettant de lire et d’enregistrer toutes les sensations physiques, émotionnelles et intellectuelles d’un individu. Lesdites sensations peuvent ensuite être reproduites et revécues intégralement par n’importe quelle autre personne. A l’instar de l’Au-delà du réel de Ken Russell, Brainstorm se vit surtout comme un trip, un étrange voyage en caméra souvent subjective parsemé de visions fantastiques. L’originalité du postulat de départ se double d’un traitement technique novateur, avec l’utilisation d’un format d’image 4/3 s’élargissant en Cinémascope pour les visions des porteurs du casque, et des effets spéciaux visuels inédits.

Prophétisant avec une décennie d’avance l’énorme développement des univers virtuels, Brainstorm n’est pas sans annoncer les thématiques que déclinera James Cameron pour Strange Days. A vrai dire, la mise en scène de Trumbull élève le film à un niveau que son scénario seul ne lui aurait pas permis d’atteindre. En effet, l’enjeu pour lequel tout le monde s’agite et se poursuit dans le film reste finalement assez obscur. S’agit-il de cette fabuleuse invention capable d’enregistrer et de restituer les sensations, ou seulement de la bande enregistrée de la mort de Lilian Reynolds (Louise Fletcher) ? Comment l’armée compte-t-elle s’en servir ? Michael Brace (Christopher Walken) cherche-t-il à empêcher les militaires de s’approprier l’invention, ou n’a-t-il pour seul but que de se passer ladite bande une fois en entier pour en tester l’effet ? Quelles sont les motivations d’Alex Terson (Cliff Robertson) ? Toutes ces interrogations restant dans le flou, il s’avère bien difficile de prendre fait et cause pour ou contre les protagonistes. Mais il est clair que la dramaturgie de Brainstorm bouleverse les habitudes des spectateurs pour les inviter à vivre une expérience presque métaphysique.

La mort prématurée de Natalie Wood

Frappé par la mort prématurée de Natalie Wood, le film manque bien ne jamais voir le jour, les cadres du studio s’efforçant d’en interrompre le tournage. Mais Trumbull se bat jusqu’au bout et mène son projet à bien, recueillant un beau succès d’estime à défaut de s’attirer les faveurs d’un large public. La mésaventure le marque cependant suffisamment pour qu’il décide dès lors d’abandonner définitivement Hollywood au profit des films dynamiques conçus pour les parcs d’attractions. Il en profite pour mettre en application le Showscan, un procédé de prise de vues et de projection à soixante images par seconde qui offre aux spectateurs une luminosité et une finesse d’image inégalées et que les limitations budgétaires de Brainstorm ne lui permettaient pas d’expérimenter. Revoir ce film aujourd’hui permet de mesurer à quel point Trumbull était un incroyable visionnaire.

 

© Gilles Penso

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INCUBUS (1965)

Un film d'épouvante tourné en esperanto dans lequel William Shatner tombe amoureux d'une émissaire du diable

INCUBUS

1966 – USA

Réalisé par Leslie Stevens

Avec William Shatner, Allyson Ames, Eloise Hardt, Robert Fortier, Ann Atmar, Milos Milos, Paolo Cossa, Ted Mossman

THEMA DIABLE ET DEMONS

Prolifique scénariste pour le grand et le petit écran, Leslie Stevens a notamment participé à la création de la série Au-delà du réel en 1963. Avec Incubus, il se lançait un défi pour le moins inattendu : mettre en scène des créatures diaboliques dans un film dont tous les dialogues seraient prononcés en esperanto ! Ce choix linguistique inédit lui permettait de construire un récit universel ancré dans une tradition latine. Le prologue nous montre un malade étanchant sa soif à l’eau de la « source aux cerfs », censée selon la légende guérir tous les maux. L’homme se laisse attirer par une séduisante jeune fille (Allyson Ames) qui l’entraîne jusque sur une plage, l’incite à se baigner et le noie finalement sous sa sandale… Cette femme fatale dont la beauté glaciale n’aurait pas dépareillé dans un film d’Alfred Hitchcock est une succube nommée Kia. Sa mission consiste à attirer des âmes perverties et à les livrer au Seigneur des Ténèbres. Mais elle est lassée de cette routine. Pour devenir la préférée de son maître, elle décide de corrompre une âme pure et jette son dévolu sur Marco (William Shatner), un soldat blessé qui vit dans une ferme avec sa sœur Arndis (Ann Atmar).

Lorsque Kia lui rend visite, feignant s’être égarée, une éclipse survient, chacun étant libre d’interpréter ce présage à sa guise. « Certains disent que c’est un dragon qui avale le soleil » lance Shatner dans un étrange espéranto prononcé avec l’accent canadien. Kia n’a aucun mal à le séduire, mais Marco lui voue aussitôt un amour d’une grande pureté et a même l’impudence de la mener jusqu’à l’autel d’une église. Paniquée, la tentatrice prend la fuite et écoute les conseils de son aînée qui prône la vengeance : « Fends la surface de la terre, ouvre l’abîme, lâche Incubus ! » Etonnante, la scène où toutes deux invoquent le diable laisse apparaître la silhouette d’un démon ailé tandis que retentit un cri d’animal. Puis un homme surgit de terre, en une vision sinistre digne du Masque du démon : c’est Incubus (Milos Milos), le frère de Kia. Dès lors, la lutte sera rude entre les forces du bien et du mal… 

Un film maudit ?

Incubus traîne depuis de longues années la réputation de chef d’œuvre maudit, réputation qui sied fort bien, il faut l’avouer, à un long-métrage mettant en présence des serviteurs de Satan. Jamais sorti en salles aux Etats-Unis malgré son accueil enthousiaste dans de nombreux festivals à travers le monde, le film sembla perdu à tout jamais lorsqu’un incendie réduisit en cendres l’original et la plupart de ses copies. Un drame n’arrivant généralement pas seul, deux des acteurs, Milos Milos et Ann Atmar, se donnèrent la mort un an après le tournage. Finalement, William Shatner fut l’un des seuls à ressortir grandi d’Incubus, puisqu’il triomphait dès l’année suivante avec la série Star Trek. S’achevant sur la séquence hallucinante d’un affrontement entre Kia et son frère soudain transformé en bouc (sans trucage, par la seule magie du montage), Incubus ressortit des limbes en 1998, lorsqu’une copie miraculée fut découverte à la Cinémathèque Française. Désormais visible en DVD, il saute aux yeux par ses qualités formelles et son atmosphère insolite voisine de certaines œuvres d’Ingmar Bergman.

 

© Gilles Penso

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HARRY POTTER A L’ECOLE DES SORCIERS (2001)

Le premier volet cinématographique des aventures du jeune sorcier le plus célèbre de tous les temps

HARRY POTTER AND THE SORCERER’S STONE

2001 – USA

Réalisé par Chris Columbus

Avec Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson, Richard Harris, Alan Rickman, Maggie Smith, John Cleese

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA HARRY POTTER

Difficile défi que de transposer à l’écran les aventures du jeune sorcier le plus populaire de l’histoire de la littérature pour enfants. Certes, l’univers créé par J.K. Rowling est très visuel, mais sa richesse et sont foisonnement pouvaient justement effrayer les cinéastes les plus courageux. Lorsque nous découvrons Harry Potter en début de récit, il est orphelin, élevé par son oncle Vernon et sa tante Pétunia qui le détestent depuis sa naissance. Le jour de son onzième anniversaire, Harry reçoit la visite inattendue d’un colosse nommé Hagrid. Celui-ci lui révèle qu’il est le fils de deux puissants sorciers et qu’il possède lui aussi d’extraordinaires pouvoirs. Le jeune garçon accepte sans hésiter de suivre des cours à Poudlard, la célèbre école de sorcellerie. Il y découvre le vénérable directeur Albus Dumbledore et toute une série de professeurs et d’élèves qui seront ses alliés ou ses ennemis dans sa quête du mystère de la pierre philosophale…

A l’annonce du choix du réalisateur, la perplexité fut de mise. Certes, Chris Columbus écrivit le scénario de Gremlins et réalisa plusieurs succès populaires comme Maman j’ai raté l’avion, Miss Doubtfire ou Neuf mois de plus. Mais était-il raisonnablement taillé pour une telle mission ? Pour être honnête, il faut reconnaître que la plupart de ses choix artistiques et techniques sont pertinents et rendent justice à l’univers du premier roman de la série. Les décors sont magnifiques, la partition de John Williams possède un souffle épique qui nous rappelle les grandes heures de sa collaboration avec Spielberg et Lucas – ce qui n’est pas peu dire ! -, et les effets visuels sont de très haut niveau. À ce titre, le match de Quidditch, l’attaque du troll ou l’affrontement final contre Voldemort sont de véritables morceaux de bravoure. Même le casting, intégralement britannique, est irréprochable… à une exception près, mais de taille : quelle étrange idée d’avoir choisi Daniel Radcliffe pour interpréter Harry Potter ! Ce garçon trop grand, trop rond, trop âgé, trop bien peigné ne ressemble pas du tout au Harry timide et rachitique que nous imaginions en dévorant le pavé de Rowling. Une vraie faute de goût, qui dénote au milieu des savoureuses prestations de Rupert Grint, Emma Watson, Alan Rickman, Maggie Smith et tous ceux qui leur donnent la réplique.

Une adaptation très scolaire

Mais le vrai point faible de ce Harry Potter est la technique que le scénariste Steve Kloves a choisie pour adapter le livre. Très scolaire, ultra-fidèle de peur de s’attirer les foudres des fans, le script s’efforce de mettre en scène méthodiquement tous les chapitres du livre et tous les personnages créés par la romancière, fussent-ils de simples figurants. Or forcément, en deux heures de film, impossible de s’accorder la moindre profondeur avec une matière aussi abondante. Résultat : les séquences s’enchaînent à toute vitesse, les personnages n’ont pas le temps de se développer et l’année scolaire d’Harry ressemble plutôt à une semaine mouvementée. Exit l’évolution de son caractère, de ses amitiés, de ses antagonismes, de ses pouvoirs. Tout est montré, certes, mais rien n’est vraiment raconté. Une nuance qui fait toute la différence. Harry Potter à l’école des sorciers est donc une demi-réussite, et le tir sera rectifié dès l’épisode suivant avec une adaptation plus libre à la dramaturgie plus solide.

 

© Gilles Penso

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LE RETOUR DU JEDI (1983)

La première trilogie Star Wars se clôt sur une note épique, alternant des moments d'action joyeusement mouvementés et un climax d'une profonde noirceur

RETURN OF THE JEDI

1983 – USA

Réalisé par Richard Marquand

Avec Mark Hamill, Harrison Ford, Carrie Fisher, David Prowse, Ian McDiarmid, Anthony Daniels, Kenny Baker, Billy Dee Williams

THEMA SPACE OPERA I ROBOTS I SAGA STAR WARS

L’Empire contre-attaque s’achevait sur une note sombre et pessimiste : la défaite de l’alliance face au redoutable Empire, l’arrestation et la congélation de Han Solo, la perte d’une main et de beaucoup d’illusions pour Luke Skywalker… Ce troisième opus prend donc le relais en démarrant sur Tatooine, l’aride et inhospitalière planète où le monstrueux Jabba, aux allures de limace géante et lubrique, détient Solo comme un trophée. C3PO, R2D2, Chewbacca, Leïa, Lando et Luke s’infiltrent un à un dans le palais de Jabba, et mettent en place un plan d’évasion spectaculaire qui permet au film de démarrer sur des chapeaux de roue. Il faut ensuite passer aux choses sérieuses et affronter à nouveau l’Empire, qui n’a pas perdu de temps et s’est mis à construire une nouvelle Etoile Noire.

Une fois de plus, George Lucas et son réalisateur (cette fois Richard Marquand, après le désistement de David Lynch peu enclin à entrer dans un univers déjà formaté) rivalisent d’ingéniosité pour concocter des séquences d’action inédites, notamment une ébouriffante course dans la forêt sur des motos volantes, un affrontement entre les rebelles et de gigantesques robots bipèdes, ou encore une séquence de bataille spatiale à couper le souffle où des cinquantaines de vaisseaux voltigent simultanément en tous sens. Plus encore que les deux films précédents, Le Retour du Jedi paie son tribut au « Seigneur des Anneaux », calquant son titre sur celui du troisième tome de l’œuvre de J.R.R. Tolkien, « Le Retour du Roi », et développant jusqu’au paroxysme le concept du côté obscur de la Force, que le célèbre écrivain sud-africain avait matérialisé avec le fameux anneau de Bilbo et Frodon.

Le côté obscur de la Force

Ce concept nous vaut un affrontement final avec Dark Vador et l’Empereur (terrifiante entité du mal magnifiquement interprétée par Ian McDiarmid) qui constitue le moment le plus sombre, le plus tendu et le plus éprouvant de la saga tout entière. Luke Skywalker atteint d’ailleurs ici sa maturité, en tant qu’homme et que chevalier Jedi, et cette évolution trouve une correspondance vestimentaire dans sa tenue, noire comme celle de son père. Il est bien loin, le fermier blond au regard innocent et à la chemise blanche immaculée… Pour contrebalancer un peu cette noirceur, et pour répondre en même temps à l’attente d’un public plus jeune, Lucas a cédé à la tentation de l’accumulation de créatures burlesques qu’on croirait presque issues du « Muppet Show ». C’est notamment le cas de la cour caoutchouteuse de Jabba, quasi-remake du Cantina Bar de La Guerre des étoiles, et des Ewoks, contreparties miniatures et mignonnettes du grand Chewbacca (Ewok inversé donne Wookie). Le film s’achève sur un happy-end touchant et un brin mélancolique, où Luke revoit sous forme fantômatique les Jedis morts qui ont tant compté dans sa vie. Hélas, ce final émouvant sera massacré par les remontages successifs que Lucas opèrera en 1997 et en 2004, respectivement pour l’édition spéciale et la sortie en DVD. Des trucages numériques incongrus s’y insèrent maladroitement et une musique ethnique de supermarché y remplace la magnifique partition de John Williams.

 

© Gilles Penso

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SCREAM (1996)

Wes Craven redonne ses lettres de noblesse au slasher en lui adjoignant une bonne dose de second degré et de mise en abyme

SCREAM

1996 – USA

Réalisé par Wes Craven

Avec Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox, Skeet Ulrich, Drew Barrymore, Matthew Lillard, Rose McGowan 

THEMA TUEURS SAGA SCREAM I WES CRAVEN

Avec Freddy sort de la Nuit, Wes Craven avait tenté une approche analytique du slasher, mais en tombant dans les lieux communs qu’il dénonçait, il finissait par ruiner un peu sa démonstration. Quelques années plus tard, il prolonge pourtant cette démarche avec Scream, et force est de reconnaître que cette fois-ci, la réussite est totale. « Dans Scream, on ne met plus en scène les gens qui font les films d’horreur, comme pour Freddy sort de la Nuit, mais ceux qui les regardent », nous explique Wes Craven. « Les personnages sont donc des fans de cinéma d’épouvante. Les spectateurs se trouvent du même coup en présence de héros qui leur ressemblent, ont les mêmes références et les mêmes réactions qu’eux. » (1) Tout de noir vêtu, masqué d’un faciès blanc et grimaçant, un serial killer fan de films d’horreur terrorise la petite ville tranquille d’Hillsboro, assassinant sauvagement Casey Becker et son petit ami, avant de s’en prendre à l’étudiante Sidney Prescott et à ses amis…

Le miracle de Scream tient au fait que le film démonte un à un tous les mécanismes qui régissent les HalloweenVendredi 13 et consorts tout en obéissant lui-même aux mêmes règles, piégeant ainsi un spectateur consentant, prévenu et conditionné. A ce titre, une séquence est exemplaire : Sidney se moque ouvertement des héroïnes de films d’horreur qui, au lieu de fuir les tueurs en quittant leur maison, courent stupidement se réfugier au premier étage. Or quelques minutes plus tard, c’est exactement ce qu’elle est contrainte de faire ! Le choix de l’aspect physique du tueur participe lui aussi d’une volonté de démarcation et d’approfondissement. Car à la culture populaire d’Halloween et de Vendredi 13 (le masque de carnaval ou de hockey), Craven oppose une référence expressionniste : le tableau « Le Cri » d’Edward Munch, auquel le film doit d’ailleurs son titre. « Voilà ce qui arrive quand un ancien professeur de fac réalise des films d’horreur ! » (2) plaisante Craven, avant de reconnaître que cette référence est en partie inconsciente, dans la mesure où le masque fut trouvé par hasard chez un collectionneur pendant des repérages. Le minutieux scénario de Williamson multiplie à loisir les fausses pistes jusqu’à une révélation finale pour le moins surprenante.

Un casting issu du petit écran

Outre Drew Barrymore, héroïne de la séquence d’introduction qui demeure l’un des moments les plus forts du film, Scream met en scène des comédiens issus de la sitcom et de la série familiale, notamment Neve Campbell (La Vie à cinq) et Courteney Cox (Friends), à contre-courant et à contre-emploi de leur popularité télévisée. La seule chose un tantinet curieuse, dans Scream, est le sentiment que Wes Craven crache un peu dans la soupe, comme s’il ne croyait plus vraiment au genre qui l’a pourtant nourri tout au long de sa carrière. D’autant que son film suivant, La Musique de mon cœur, marquera une brutale rupture en suivant les voies du mélodrame social réaliste. Mais Craven reviendra vite à ses premières amours, et sans doute faut-il surtout voir dans Scream une démarche introspective, mêlant intimement la dérision et le profond respect du genre. D’ailleurs le tueur au masque blanc a subitement relancé la vogue du slasher, dont la popularité s’était progressivement étiolée au fil des ans.

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2005

© Gilles Penso

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BRAINDEAD (1992)

Pour son troisième long-métrage, Peter Jackson signe le film le plus gore de l'histoire du cinéma !

BRAINDEAD

1992 – NOUVELLE-ZELANDE

Réalisé par Peter Jackson

Avec Timothy Balme, Diana Penalver, Elizabeth Moody, Ian Watkin, Brenda Kendall, Stuart Devenie

THEMA ZOMBIES

Suite aux succès de Bad Taste et Les Feebles, Peter Jackson s’est décidé à passer à la vitesse supérieure avec Braindead, améliorant sa mise en scène, complexifiant son scénario et multipliant les défis techniques malgré un budget toujours très modeste. Il n’hésite pas, du coup, à reconstituer la Nouvelle-Zélande des années 50 à l’aide d’astucieuses maquettes ou d’user à outrance du steadycam pour dynamiser ses cadrages. Rétrospectivement, il est savoureux de revoir les allusions à King Kong qui ponctuent le début du film, preuve que le parcours de Jackson suit depuis toujours une ligne directrice logique. Braindead démarre en effet sur l’île du Crâne, au sud-ouest de Sumatra (les connaisseurs apprécieront !).Là, un zoologiste brave les indigènes et capture un singe-rat vorace, au prix de sa vie. Ainsi le ton est-il donné dès la scène pré-générique. Après l’allusion au chef d’œuvre de Schoedsack et Cooper, nous avons droit à une parodie du prologue des Aventuriers de l’Arche Perdue, puis au gag très sanglant de l’homme découpé à la machette… Ce n’est pourtant rien à côté de ce qui suit, c’est-à-dire une hystérie collective dans laquelle le sang gicle à un débit rarement vu à l’écran, ce qui valut à Braindead le titre fort convoité de film le plus gore de l’histoire du cinéma, carrément !

Le mal prend ses racines au zoo dans lequel a été transféré l’animal hybride, et où se promènent Lionel (Tim Balme) et Paquita (Diana Penalver), qui viennent de tomber amoureux l’un de l’autre. Mais la très possessive mère de Lionel, qui les espionne, se fait mordre par le singe-rat. Le monstre est animé image par image (maladroitement mais non sans charme) par Peter Jackson himself, lequel avoue ouvertement le clin d’oeil à Ray Harryhausen en plaçant dans la chambre de Lionel une affiche du Monstre des temps perdus. Une fois mordue, la mégère massacre la bestiole, très énervée, puis se mue progressivement en zombie avant de contaminer tout son entourage : une infirmière, le Père McGruder, un nourrisson, un gang de teenagers et une bande de fêtards invités par le cupide Oncle Les. L’assaut final des zombies dans la grande maison, version hard de celui de La Nuit des morts-vivants, accumule de tels débordements gore qu’il en devient forcément jubilatoire.

Un massacre qui bat tous les records

L’imagination de Jackson et de son expert ès effets spéciaux Richard Taylor fonctionnent à plein régime, nous offrant des démesures sanglantes inédites : l’homme au visage arraché comme un masque révélant un crâne grimaçant, la fille dont la tête plantée dans une ampoule s’allume à la manière d’un abat-jour, le zombie coupé en deux qui traîne derrière lui une colonne vertébrale et quelques organes rampants… Sans parler du massacre à la tondeuse à gazon, qui bat tous les records ! Assez curieusement, au milieu de ces débordements, l’idylle très naïve du  jeune couple vedette a quelque chose de touchant, probablement grâce à la spontanéité et à la fraîcheur de Diana Penalver et Tim Balme, imperturbablement sérieux au beau milieu de ce gigantesque bain de sang parodique.

 

© Gilles Penso

 

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LES DIAMANTS SONT ETERNELS (1971)

Après la parenthèse de George Lazenby, Sean Connery endosse une dernière fois le smoking de James Bond

DIAMONDS ARE FOREVER

1971 – GB

Réalisé par Guy Hamilton

Avec Sean Connery, Jill St John, Charles Gray, Lana Wood, Jimmy Dean, Bruce Cabot, Bernard Lee, Lois Maxwell, Joe Robinson

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

En 1967, après On ne vit que deux fois, Sean Connery avait décidé, comme chacun le sait, d’abandonner le rôle de James Bond. Mais après l’essai de George Lazenby peu couronné de succès, les producteurs se tournèrent à nouveau, tout sourire, vers leur acteur vedette. Le retour de Sean Connery n’était évidemment pas gagné, et Saltzman et Broccoli envisagèrent un temps de confier le rôle à John Gavin (amant de Janet Leigh dans Psychose et Jules César dans Spartacus). Mais la poignée de films que la star écossaise avait tournée entre 67 et 71 ne marqua guère les mémoires. Alors, moyennant un salaire royal de plus d’un million de dollars (qui sera reversé à l’association Scottish International Educational Fund), Sean Connery endosse le smoking de Bond une dernière fois, si l’on excepte son retour quasi-parodique dans Jamais plus jamais en 1983. Le voici donc plongé dans un film très distrayant, mais au scénario passablement confus, reprenant plus ou moins la trame du quatrième roman d’Ian Fleming.

M (toujours incarné par Bernard Lee) met James Bond au courant d’une histoire de vol de diamants survenu dans des mines d’Afrique du Sud malgré un système de sécurité apparemment hermétique. Toutefois, ce qui est plus inquiétant est qu’aucun des joyaux volés n’est réapparu sur le marché mondial. La mission de Bond consiste à découvrir qui recèle les diamants et pourquoi. Pour commencer, Bond se fait passer pour Franks, un trafiquant que l’on sait appartenir à un gang, et se retrouve à Las Vegas, nez à nez avec Ernst Stavro Blofeld qui, après Donald Pleasence et Telly Savalas, a pris ici les traits peu charismatiques de Charles Gray. En fait, Blofeld a placé en orbite autour de la Terre un gigantesque générateur à laser qui utilise les diamants comme source d’énergie supplémentaire, et dont le rayon fait exploser fusées, missiles et sous-marins. Parmi les moments forts du film, Bond s’enfuit à bord d’un véhicule lunaire et affronte deux lutteuses redoutables autant que sculpturales, répondant aux doux noms de Bambi et Perle Noire.

Bambi et Perle Noire

Celles-ci, incarnées respectivement par Fonna Garrett et Trina Parks, nous donnent droit à une séquence surprenante où – une fois n’est pas coutume – 007 perd ses moyens face au beau sexe, manquant même d’être étouffé puis noyé dans une piscine par les deux gymnastes en maillot de bain ! Dans le rôle de l’homme de main Bert Saxby, les cinéphiles reconnaîtront Bruce Cabot, qui fut le héros de King Kong 38 ans plus tôt, et qui s’éteignit un an après la sortie des Diamants Sont éternels. Toujours du côté des méchants, on note en prime un duo de tueurs improbables et implicitement homosexuels – au grand dam de Dame Censure – qui se nomment Kidd et Wint (Putter Smith et Bruce Glover), et qui participent au second degré devenu visiblement le maître mot de ce septième James Bond. La très belle chanson du générique est interprétée par la chaude voix de Shirley Bassey. Les 116 millions de dollars de recette du film prouvèrent que l’alchimie Connery/Bond fonctionnait toujours à merveille aux yeux du public.

 

© Gilles Penso

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REINCARNATIONS (1980)

Une enquête criminelle menée par le shérif d'une petite station balnéaire prend une tournure terrifiante lorsque les morts semblent revenir à la vie…

DEAD AND BURIED

1980 – USA

Réalisé par Gary Sherman

Avec James Farentino, Melody Anderson, Jack Albertson, Dennis Redfield, nancy Locke Hauser, Lisa Blount, Robert Englund

THEMA ZOMBIES

Par sa mise en scène très efficacement sobre et son acheminement lent vers la folie, Réincarnations distille un véritable climat de terreur, lequel est renforcé – au lieu d’être désamorcé – par une solide dose d’humour noir. L’histoire, apparemment policière, glisse le spectateur dans la peau du shérif Dan Gillis, interprété par James Farentino (transfuge de la série Dallas). Celui-ci, œuvrant dans la petite station balnéaire Potter’s Bluff, sur la Côte Est, voit sa tranquille routine subitement brisée par d’étranges actes de violence. Coup sur coup, il doit faire face à trois morts par le feu, mystérieuses et atroces. Inquiète de sa réputation, la petite ville tranquille affirme qu’il s’agit d’accidents sans aucun lien les uns avec les autres. Pour Gillis, ce sont indiscutablement des crimes. Et nous voilà face à un schéma qui nous est familier depuis Les Dents de la mer. Mais ce vague sentiment de déjà-vu vole vite en éclats face à l’audacieuse originalité de l’argument. Car malgré les pressions, Gillis enquête, collecte d’étranges indices, et ses investigations tournent au cauchemar. Il y a d’abord ces vivants qu’il croise et qui ressemblent étrangement aux victimes brûlées vives… Il y a ce piéton gravement blessé qui disparaît sans laisser de traces tel un fantôme. Et il y a surtout William Dobbs (Jack Albertson), croquemort et embaumeur qui semble en savoir bien plus qu’il ne le dit, et qui fut jadis renvoyé de l’hôpital où il exerçait à cause d’expériences illicites qu’il y menait.

Peu à peu, Gillis en vient à douter de ce qu’il découvre et de sa propre raison, son investigation prenant un tour cauchemardesque qui n’est pas sans évoquer celle de Mia Farrow dans Rosemary’s Baby, d’autant que l’épouse de Gillis (la belle Melody Anderson) semble impliquée dans cette étrange affaire. Mystère et inquiétude se développent sourdement, jusqu’à un dénouement démesuré, inattendu, qui remet non seulement en cause tout le film, mais marque une première dans l’histoire du cinéma fantastique, tant l’idée est inédite et surprenante. Pour en décrire l’impact sans gâcher la surprise, il faudrait comparer cette chute à celle de La Planète des singes. Après le choc, le film s’achève sur une séquence à la fois macabre et terriblement émouvante…

Par les auteurs d'Alien

Les auteurs de ce scénario fou ne sont autre que Dan O’Bannon et Ronald Shusett, à qui nous devons rien moins que l’histoire d’Alien. A la réalisation épurée de Gary Sherman se conforment le jeu dépouillé des acteurs et des effets spéciaux cosmétiques étonnamment réaliste signés Stan Winston. La mise en scène en plan séquence de l’embaumement de la jeune fille, notamment, est servie par un maquillage surprenant et semble rendre hommage à une des scènes de L’Invasion des profanateurs de sépulturesRéincarnations propose ainsi un regard tout à fait neuf sur le thème des zombies, et son titre original – Dead and Buried, c’est-à-dire « mort et enterré » – eut été bien préférable à cette « traduction » française passe-partout et surtout hors-sujet.

 

© Gilles Penso

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AU SERVICE SECRET DE SA MAJESTÉ (1969)

Un James Bond à part dans lequel George Lazenby remplace momentanément Sean Connery sous le smoking de 007

ON HER MAJESTY’S SECRET SERVICE

1969 – GB

Réalisé par Peter Hunt

Avec George Lazenby, Diana Rigg, Telly Savalas, Gabrielle Ferzetti, Ilse Steppat, Lois Maxwell, Bernard Lee, Yuri Borienko

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Choisir un parfait inconnu pour succéder à Sean Connery dans le rôle de James Bond n’était pas une mauvaise idée en soi, d’autant que George Lazenby, mannequin australien faisant là ses premiers pas sur le grand écran, possède les attributs physiques adéquats et dégage une indéniable sympathie. Mais son charisme tout relatif joue en sa défaveur, ce qui explique partiellement pourquoi le public bouda un peu Au service secret de Sa Majesté. Un autre choix audacieux désarçonna les spectateurs : une fidélité respectueuse au onzième roman de la série, dans lequel l’agent secret se mariait, et où le happy end traditionnel était remplacé par un dénouement d’une surprenante noirceur.

Lorsque le film commence, James Bond profite de deux semaines de congé pour partir au Portugal, sur les traces de Ernst Stavro Blofeld. Il le retrouve, sous le titre de comte de Bleuchamp (traduction française littérale de « Blofeld »). L’interprétation de Donald Pleasence dans On ne vit que deux fois était tellement marquante qu’on imaginait mal qui pouvait décemment lui succéder, mais il faut bien avouer que la prestation de Telly Savalas est tout à fait à la hauteur. Se faisant passer pour Hilary Bray, un généalogiste du collège des armes, Bond est reçu à l’institut des recherches physiologiques de Blofeld. Celui-ci a cultivé un virus qui entraîne une stérilité définitive chez certains animaux et différentes espèces de plantes. Or il a prévu d’utiliser toutes les jeunes patientes de l’institut pour pulvériser ce virus sur la population…

Madame James Bond

Inaugurant là sa carrière de réalisateur, l’ex-monteur Peter Hunt prend dignement la relève de Terence Young, Guy Hamilton et Lewis Gilbert, nous offrant une spectaculaire poursuite à skis et un combat final sur un bobsleigh lancé à vie allure. Tracy di Vincenzo, la James Bond girl vedette, prend ici les traits de Diana Rigg, la délicieuse Emma Peel de Chapeau melon et bottes de cuir. Mais son statut est fort différent de toutes les jolies créatures qui la précédèrent, puisqu’elle devient ici Madame James Bond. « Sacrilège ! » crièrent sans doute les amateurs de l’agent secret misogyne et volage de la première époque, qui déclarait sous la plume d’Ian Fleming : « Dans la plupart des mariages, les conjoints n’ajoutent pas leur personnalité l’une à l’autre. Au contraire, ils la retranchent. » Mais il faut croire qu’en rencontrant la belle Tracy, son imperturbabilité fut quelque peu émoussée, car dans le roman dont s’inspire le film, il décrit sa future épouse avec passion : « Elle possède tout ce que j’ai toujours désiré chez une femme. Elle est magnifique, au lit et hors du lit. Elle est intrépide, courageuse, pleine de ressources, toujours excitante. » Et que dire de ce final poignant, provoquant les larmes d’un personnage qu’on n’a connu qu’insensible et cynique ? A cause de son succès mitigé, Au Service Secret de Sa Majesté ne fera pas école. Lazenby disparaîtra de la circulation, l’épisode du mariage tragique sera à peine évoqué dans L’Espion qui m’aimaitRien que pour vos yeux et Permis de tuer, et 007 redeviendra un héros non évolutif et solide comme un roc. Mais au fil des ans, le film de Peter Hunt gagnera ses galons d’œuvre culte.

© Gilles Penso

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