

Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan sont à nouveau victimes d’une inversion de corps, mais cette fois-ci les choses se compliquent sérieusement…
FREAKIER FRIDAY
2025 – USA
Réalisé par Nisha Ganatra
Avec Jamie Lee Curtis, Lindsay Lohan, Julia Butters, Sophia Hammons, Mark Harmon, Manny Jacinto, Maitrey Ramakrishnan, Christina Vidal, Haley Hudson
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA FREAKY FRIDAY
Pour Jamie Lee Curtis, l’expérience du tournage de Freaky Friday en 2003 est un souvenir heureux. Cette comédie délirante, remake d’Un vendredi dingue, dingue, dingue avec Jodie Foster, lui-même tiré du roman de Mary Rodgers, fut un gigantesque hit à l’époque. Alors pourquoi ne pas remettre le couvert ? C’est la vénérable actrice elle-même qui convainc à la fois Disney et son ex-partenaire Lindsay Lohan de se lancer dans l’aventure. Les stars respectives de Halloween et de Lolita malgré moi ayant désormais l’âge de jouer l’une les grands-mères, l’autre les mères, le scénario doit bien sûr en tenir compte. Pour s’assurer que le film soit écrit d’un point de vue féminin et évite au maximum les stéréotypes – Freaky Friday fut jadis accusé par quelques esprits chagrins de véhiculer une image caricaturale de la communauté asiatique – Disney confie les rênes du projet à la réalisatrice Nisha Ganatra. Signataire de plusieurs comédies romantiques et d’un grand nombre d’épisodes de séries TV, cette dernière a toujours milité pour la représentativité de toutes les communautés et de toutes les minorités à l’écran. Pour autant – et fort heureusement -, Freaky Friday 2 n’a rien du pamphlet politiquement correct et conserve d’un bout à l’autre la légèreté qu’induit son sujet sans jamais jouer la carte du militantisme.


Vingt-deux ans après les événements racontés dans Freaky Friday, Anna Coleman (Lindsay Lohan), désormais adulte, travaille comme productrice musicale et élève seule sa fille adolescente Harper (Julia Butters), avec l’aide de sa mère Tess (Jamie Lee Curtis). À l’école, Harper est constamment exaspérée par sa nouvelle camarade de classe londonienne, Lily Reyes (Sophia Hammons), en raison de son snobisme excessif. Après que toutes deux aient provoqué un incident en cours de chimie, Anna est convoquée dans le bureau du directeur. Lorsqu’elle rencontre Eric (Manny Jacinto), le père veuf de Lily, les deux tombent amoureux et se fiancent six mois plus tard. Mais les futures demi-sœurs regardent cette situation d’un très mauvais œil. Harper craint que sa mère ne les déménage à Londres, tandis que Lily tient absolument à y retourner afin de pouvoir fréquenter une école de mode. La situation bascule le soir de l’enterrement de vie de jeune fille d’Anna. Une prétendue voyante, Madame Jen (Vanessa Bayer), lit les lignes de la main de Anna et Tess, puis de Harper et Lily, et leur prédit un avenir tourmenté. Aussitôt, toutes les quatre ressentent un étrange tremblement de terre. Le lendemain matin, elles découvrent avec effroi qu’elles ont échangé leurs corps : Anna avec Harper, et Tess avec Lily.
Double inversion
Comme il s’agit d’une suite, les scénaristes ont jugé bon d’en donner deux fois plus aux spectateurs. Mais en l’occurrence, la multiplication des enjeux devient un handicap. Car la force du premier film reposait sur la simplicité de son concept et sur l’infinité de quiproquos qui pouvaient en découler. En complexifiant les choses, Freaky Friday 2 réduit paradoxalement son potentiel comique plutôt que de l’amplifier. La confusion s’installe même au point que le spectateur se surprend à se demander à plusieurs reprises : « qui est devenu qui, déjà ? ». Si la recette continue de fonctionner, c’est moins grâce aux péripéties (déjà vues pour la plupart, ou du moins attendues) que par le biais des quatre actrices principales, toutes excellentes dans leurs doubles registres respectifs. Voir Jamie Lee Curtis continuer à se moquer de son âge (notamment dans la scène de la pharmacie) a quelque chose de toujours réjouissant. Au passage, visiblement bercée par le cinéma de John Hugues, la réalisatrice se fend de clins d’œil à La Folle journée de Ferris Bueller (la virée en voiture) et à Breakfast Club (les élèves en retenue). Comme dans le premier Freaky Friday, tout converge vers une répétition de mariage et un concert qui sont censés se dérouler simultanément. Évidemment, rien ne se passera comme prévu, jusqu’à un final prenant une teinte initiatique, où chacune aura appris à comprendre et à apprécier l’autre. L’effet de surprise n’a donc plus vraiment cours… et pourtant le miracle opère encore. Les rires sont francs, la corde sensible est titillée, preuve que la formule marche toujours aussi bien, surtout lorsqu’elle est portée par un casting aussi impeccable.
© Gilles Penso
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