HURLEMENTS 4 (1988)

Réalisé par le vétéran John Hough puis entièrement modifié par son producteur, ce quatrième opus ne vaut que pour son dernier quart d’heure…

THE HOWLING IV – THE ORIGINAL NIGHTMARE

 

1988 – USA

 

Réalisé par John Hough et Clive Turner

 

Avec Romy Windsor, Michael T. Weiss, Antony Hamilton, Susanne Severeid, Lamya Derval, Norman Anstey, Kate Edwards, Dennis Folbigge, Anthony James

 

THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA HURLEMENTS

Cette troisième suite du classique de Joe Dante a été enfantée dans la douleur. Initialement, c’est le scénariste et producteur Clive Turner qui envisage de réaliser le film, en cherchant à revenir aux sources du roman de Gary Brandner qui inspirait le premier Hurlements. Mais les investisseurs préfèrent solliciter un metteur en scène plus aguerri et optent pour John Hough (Les Sévices de Dracula, La Maison des damnés, Les Yeux de la forêt, Incubus). Dès lors, une tension palpable s’installe pendant la mise en chantier du film et ira crescendo. Hough commence son tournage sans scénario définitif. Turner tarde en effet à rendre sa copie, n’en finissant plus de changer le script alors que les prises de vues sont très avancées. Le réalisateur fait donc ce qu’il peut, entravé par un budget tellement ridicule qu’il n’a même pas de quoi se payer une prise de son en direct. Tous les dialogues seront donc post-synchronisés, ce qui explique pourquoi de nombreux plans montrent les personnages parler de dos ou hors-champ. Tant bien que mal, Hough termine son film mais n’est pas au bout des déconvenues. Turner décide en effet de tout changer, de tourner de nouvelles séquences et de revoir le montage de A à Z. Voilà qui explique pourquoi le film semble si décousu.

Il semblait certes impossible de tomber plus bas que Hurlement 2 et Hurlements 3, qui atteignaient bien souvent les plus hauts sommets du grotesque. John Hough redresse donc la barre, avec des acteurs plus convaincants, une mise en scène plus solide et un rendu plus « professionnel » que les improbables deux épisodes précédents. Romy Windsor incarne Mary, une romancière à succès en proie à d’effrayantes hallucinations qui provoquent chez elle des crises de panique. Son médecin préconise qu’elle se mette au calme quelques temps. Elle se réfugie donc avec son époux Richard (Michael T. Weiss) dans un cottage au beau milieu de la campagne. Là, ils découvrent la petite population de Drago, la minuscule bourgade du coin, notamment un shérif particulièrement bourru. Les hallucinations semblent s’être calmées, mais Mary est maintenant assaillie la nuit par des rêves étranges où elle entend hurler des loups et où elle se voit courir dans les bois, aux trousses d’une mystérieuse silhouette encapuchonnée. Est-elle en train de développer une paranoïa délirante, ou une véritable menace pèse-t-elle sur elle et son mari ? Un jour, elle reçoit la visite de Janice (Susanne Severeid), une femme à la recherche d’une religieuse qui fut sa consœur, et que Mary voit dans ses rêves éveillés. Toutes deux décident de mener l’enquête…

La métamorphose gluante

Pas foncièrement palpitante, l’histoire de Hurlements 4 tente maladroitement de créer un double triangle amoureux (Mary semble courtisée par son agent littéraire, Richard est attiré par une charmante vendeuse d’artisanat local) dans l’espoir un peu vain de réveiller les spectateurs de leur torpeur. Il faudra attendre près de 70 minutes pour que le premier loup-garou montre le bout de son museau. En charge des effets spéciaux de maquillage, le très doué Steve Johnson joue la carte de l’inédit. La séquence de transformation qui intervient à dix minutes de la fin du métrage prend donc une tournure hallucinante. La victime expulse d’abord des litres de liquide visqueux qui recouvrent tout son corps, puis arbore une grimace bestiale. Muée bientôt en squelette gluant à l’issu de ce phénomène de décomposition avancée, elle baigne dans son propre jus et s’agite frénétiquement, tandis que des chœurs sinistres scandent « Satan t’appelle ! ». Puis du magma émerge un lycanthrope pantelant à la mâchoire qui s’allonge. Hélas, l’impact de la scène est sérieusement amenuisé par la maladresse du montage. Incapable de se décider sur le look des loups-garous, le film part d’ailleurs dans toutes les directions : des chiens aux yeux luisants, des hommes velus aux dents acérées, des gargouilles hirsutes aux oreilles pointues, voire des trolls au visage boursouflé et à la bouche qui se déchire pour révéler des crocs lupins. Le dernier quart d’heure d’Hurlements 4 a au moins le mérite de nous distraire par ses excès et ses effets outranciers. Mais le reste du film ne suscite qu’un ennui profond.

 

© Gilles Penso

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THE GORGE (2025)

Miles Teller et Anya Taylor-Joy incarnent deux tireurs d’élites chargés de surveiller un ravin au fond duquel se terrent de mystérieuses créatures…

THE GORGE

2025 – USA

Réalisé par Scott Derrickson

Avec Miles Teller, Anya Taylor-Joy, Sigourney Weaver, Sope Dirisu, William Houston, Kodna Holdbrook-Smith, James Marlowe, Julianna Kurokowa

THEMA MUTATIONS

 

C’est Zach Dean, scénariste de The Tomorrow War, qui est à l’origine de The Gorge. Son script, écrit spontanément sans commande spécifique d’un studio, fait le tour des maisons de production hollywoodiennes et finit par entrer dans la fameuse « Black List », celle des scénarios ultra-prometteurs n’ayant pas encore trouvé acquéreur. Ce sont finalement Skydance Media et Apple Original Film qui décident de s’associer pour financer le film, dont les hautes ambitions nécessitent un budget conséquent. Aussi à l’aise avec les production modestes (Sinister, Black Phone) qu’avec les blockbusters (Doctor Strange), Scott Derrickson se voit confier la mise en scène de ce long-métrage hybride. The Gorge présente en effet la particularité de se situer aux confluents de plusieurs genres : la science-fiction, l’horreur, l’action, l’espionnage, le thriller et la romance. Pour les rôles principaux, la production penche pour Miles Teller (Les Quatre Fantastiques) et Anya Taylor-Joy (Furiosa : une saga Mad Max). En lisant le scénario, les deux acteurs ont la surprise d’y découvrir des clins d’œil à deux des rôles qui les rendirent populaires. L’un y joue en effet de la batterie, comme dans Whiplash, et l’autre se lance dans des parties d’échecs, comme dans Le Jeu de la dame. « Bizarrement, c’était dans le scénario depuis le tout début, avant même que nous soyons attachés à ce projet », révèle Teller (1). « On a trouvé ça un peu exagéré et on a essayé de faire retirer ces scènes », ajoute Taylor-Joy. « Mais ils nous ont répondu que ces choses aidaient les personnages à faire connaissance » (2). Le double clin d’œil subsiste donc à l’écran.

The Gorge met en scène deux snipers qui sont chargés à distance d’une mission identique : tenir leur position pendant un an, chacun d’un côté opposé d’une gorge abyssale, sans aucun contact avec l’extérieur ni avec leur homologue d’en face. Levi Kane (Miles Teller), ex-sniper de la Marine reconverti en mercenaire, hérite de la tour ouest. Drasa (Anya Taylor-Joy), espionne lituanienne au service du Kremlin, garde l’est. Chacun d’eux lutte contre ses propres démons comme il peut. Tandis que Levi est hanté par les fantômes des cibles qu’il a abattues, Drasa est obsédée à l’idée que son père, rongé par un cancer, ait décidé d’écourter ses souffrances pour rejoindre sa défunte épouse le jour de la Saint-Valentin. À son arrivée, Levi relève son prédécesseur qui lui apprend qu’en plus des tours, des tourelles automatiques surveillent la zone, des antennes masquent l’endroit du reste du monde et des mines tapissent les parois. Pourquoi tant de précautions ? Parce qu’en bas, dans les ténèbres, quelque chose de monstrueux rôde…

La peur qui rôde

Si la situation de départ est très intrigante, Scott Derrickson ne peut s’empêcher de céder à un certain nombre de facilités, bardant cette romance à distance de clichés, concoctant des séquences de suspense difficilement crédibles (même avec la meilleure volonté du monde), expédiant en deux coups de cuiller à pot son climax et son épilogue. Sans compter ce recours toujours un peu paresseux aux films d’archives (une vieille bobine qui traine au bon endroit, un fichier vidéo immédiatement accessible dans un ordinateur sans âge) pour tout expliquer (un gimmick sans doute hérité de Sinister). Pourtant, le film reste miraculeusement captivant grâce à la force de son concept, à ses acteurs épatants (dont l’alchimie à l’écran est indiscutable) et au design hallucinant du monde infernal qui s’est développé au fin fond de la gorge. Ces créatures impensables, mêlant la morphologie des hommes, des arbres, des insectes et des reptiles, nous évoquent tour à tour les monstruosités de The Thing, les aberrations biologiques d’Annihilation ou les abominations des écrits de Lovecraft, tandis que le décor infernal dans lequel grouillent ces erreurs de la nature s’inspire des œuvres du peintre surréaliste polonais Zdzislaw Beksinski. Malgré ses invraisemblances et ses raccourcis, The Gorge reste donc une très agréable surprise, sa diffusion sur la plateforme Apple TV + ayant été très chaleureusement accueillie.

(1) et (2) Extraits d’interviews parues dans Entertainment Weekly en février 2025

© Gilles Penso

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SCANNER COP (1994)

Un jeune flic doté d’un pouvoir de Scanner tente d’élucider une série de meurtres sanglants qui frappent les rangs de la police…

SCANNER COP

 

1994 – CANADA

 

Réalisé par Pierre David

 

Avec Daniel Quinn, Darlanne Fluegel, Richard Grove, Mark Rolston, Richard Lynch, Hilary Shepard, James Horan, Gary Hudson, Cyndi Pass, Luca Bercovici

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA SCANNERS

Après Scanners II et Scanners III, on aurait pu s’attendre à ce que la franchise initiée par David Cronenberg allait mourir de sa belle mort. Mais on a vu des sagas plus improbables fructifier tous azimuts, comme celle des Hurlements par exemple. Alors pourquoi ne pas continuer à décliner le concept ? C’est en tout cas l’intention du producteur Pierre David qui décide cette fois-ci de passer lui-même à la mise en scène, son « poulain » Christian Duguay étant parti tourner d’autres films et téléfilms (comme Explosion immédiate, Cauchemar en haute mer et Planète hurlante). Pour redynamiser une saga en sérieuse perte de vitesse, David choisit l’angle policier et l’attrait que le grand public semble avoir développé pour le mot « cop ». Après tout, il y a bien eu un Robocop et un Maniac Cop, alors pourquoi pas un Scanner Cop ? Contrairement aux trois films précédents, celui-ci n’est pas tourné au Canada mais sur le sol américain, principalement à Los Angeles. Finalisé par George Saunders et John Bryant (American Ninja 5, Martial Outlaw), le scénario, on s’en doute, ne fait pas dans la dentelle et n’entretient pas de lien narratif avec les précédents Scanners. Une fois de plus, aucun personnage n’assure la transition et seul le thème des êtres possédés de pouvoirs parapsychiques subsiste.

Le prologue nous montre les tourments d’un Scanner rendu fou par les maux de têtes intolérables qu’il ne peut plus endiguer, à cause de son incapacité à trouver de l’éphémérol, seul médicament susceptible de le soulager. En pleine crise, il est abattu et laisse derrière lui Sam, un petit garçon qui possède les mêmes pouvoirs que lui. Officier sur le terrain ce jour-là, le policier Pete Harrigan (Richard Grove) décide d’adopter l’enfant. Quinze ans plus tard, Harrigan est devenu chef de la police de Los Angeles et Sam (Daniel Quinn) s’est engagé à son tour dans les forces de l’ordre. Débutant, encore maladroit, Sam tient à dissimuler ses capacités paranormales et suit scrupuleusement son traitement à l’éphémérol. Mais lorsqu’une série de meurtres violents frappe ses collègues, perpétrés par des gens dont le comportement semble contrôlé à distance par une force extérieure, Sam décide de mettre ses pouvoirs au service de l’enquête, quitte à se mettre lui-même en danger de surcharge sensorielle.

Têtes multiples et monstres gluants

On ne peut pas reprocher à Scanner Cop de susciter l’ennui. Son scénario délirant autorise tous les excès – y compris cette scène impensable où Sam « scanne » un ordinateur de la police pour affiner un portrait-robot ! – et les effets spéciaux confiés à John Carl Buechler ne s’imposent aucune limite. D’où une série d’images cauchemardesques excessives, comme ce passage devenu fameux au cours duquel un Scanner devenu fou voit pousser trois hideux visages miniatures sur son front. Étant donné que les assassins sous hypnose sont frappés d’hallucinations et voient des monstres à la place des policiers qu’ils s’apprêtent à tuer, Buechler peut pousser le bouchon encore plus loin, lâchant sur les écrans des démons grimaçants ou des aliens insectoïdes gluants. Tout est donc permis, même ces images mentales malsaines d’un hôpital psychiatrique mué en antichambre de l’enfer, sans oublier bien sûr le passage incontournable de la franchise : la tête qui explose. Côté casting, Scanner Cop ne fait pas beaucoup d’éclat. Son héros, campé par une sorte de sosie de Brad Dourif jeune, est d’une exaspérante platitude. Et Si Richard Lynch est parfait en méchant, comme toujours, on ne peut pas en dire autant de la diseuse de bonne aventure gothique qui lui sert de bras droit, jouée par Hilary Shepard qui en fait des tonnes dans le registre du ricanement sarcastique. Refusant de s’arrêter en si bon chemin, Pierre David enchaînera avec Scanner Cop 2.

 

© Gilles Penso

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LE MONDE DES ANIMAUX (1956)

Des dizaines de dinosaures animés par Ray Harryhausen et Willis O’brien prennent vie dans ce documentaire animalier atypique…

THE ANIMAL WORLD

 

1956 – USA

 

Réalisé par Irwin Allen

 

Avec les voix de Theodore Von Eltz et John Storm.

 

THEMA DINOSAURES I SAGA RAY HARRYHAUSEN

Le producteur Irwin Allen, futur créateur de séries télévisées de science-fiction à succès (Perdus dans l’espace, Au cœur du temps, Voyages au fond des mers) et initiateur de films catastrophe monumentaux (La Tour infernale, L’Aventure du Poséidon), se fait remarquer dès 1953 par le documentaire The Sea Around Us, inspiré d’un best-seller de Rachel Carson, qui lui permet de remporter un Oscar. Très fier de sa statuette, il décide d’enchaîner avec une « séquelle » racontant le développement de la vie animale sur Terre, depuis les microbes jusqu’aux hommes, qu’il baptise Le Monde des animaux. Il envoie donc plusieurs cameramen en pleine nature pour qu’ils lui ramènent des images vivantes et sauvages de fauves, d’insectes, de singes, etc. Plus de 800 000 mètres de pellicule sont ainsi enregistrés et ramenés à Allen qui se charge de les faire monter par Gene Palmer et Robert A. Belcher et d’y adjoindre un commentaire off déclamé par Theodore Von Eltz et John Storm. Pour la première partie de son film, Allen souhaite évoquer la préhistoire et l’âge des dinosaures, et il fait naturellement appel aux spécialistes de la stop-motion Willis O’Brien (King Kong) et Ray Harryhausen (Le Monstre des temps perdus) pour s’en charger, sous les conseils éclairés du docteur Charles L. Camp, professeur de paléontologie à l’Université de Californie. « J’avais un peu de temps libre avant mon film suivant, Les Soucoupes volantes attaquent, et j’ai accepté ce travail qui ne m’a pris que six ou sept semaines », raconte Harryhausen. « Willis O’Brien a conçu tous les arrière-plans peints et les maquettes, et mon travail fut simplement de l’animation. » (1)

Cette séquence d’une dizaine de minutes s’ouvre sur la période jurassique, au cours de laquelle nous observons d’abord un brontosaure qui broute la cime d’un arbre puis pond des œufs. Un allosaure effraie le gigantesque végétarien, tandis qu’éclosent les œufs du brontosaure. Un stégosaure est tué par un terrible cératosaure, mais avant que le prédateur ne puisse s’en repaître, l’un de ses semblables survient et un combat sauvage s’ensuit, à l’issue duquel les deux monstres tombent du haut d’une falaise. Plus tard, au cours du Crétacé, un tyrannosaure est sur le point d’affronter un tricératops, mais la lutte est interrompue par un cataclysme gigantesque. Le tyrannosaure disparaît alors dans une faille créée par un glissement de terrain, tandis que les éruptions volcaniques et les tremblements de terre provoquent la mort de tous les dinosaures vus jusqu’alors. Les décors miniatures, assez simplifiés, sont principalement des éléments de végétation à l’avant-plan, notamment des palmiers et des fougères en étain, prolongés par des maquettes de montagnes à l’arrière-plan et des peintures en toile de fond. Le prologue du Monde des animaux étant assez proche du projet avorté Evolution de Harryhausen (un court-métrage racontant les premiers pas des dinosaures sur la Terre), celui-ci en profite pour recycler l’une des idées visuelles de son court métrage inachevé, à savoir l’entrée dans le champ à l’avant-plan d’un allosaure qui saute et menace un brontosaure. L’effet s’avère toujours aussi efficace du double point de vue dramatique et dynamique, d’autant que la vivacité du carnassier contraste avec les mouvements lents et pesants du végétarien.

« Deux milliards d’années en formation ! »

Irwin Allen étant avant tout un homme de spectacle, l’idée de montrer des dinosaures sans affrontement avec des hommes a quelque chose de frustrant. Alors, contournant l’anachronisme, il se permet une petite dérive, montrant ce qui se serait passé si l’être humain avait côtoyé les grands sauriens de l’ère secondaire, le temps d’une séquence brève dans laquelle un brontosaure emporte dans sa gueule un homme préhistorique, animé lui aussi image par image. Premier long-métrage à mettre en scène des dinosaures animés en couleurs, Le Monde des animaux est présenté à l’Académie des Arts et des Spectacles en 1955 par Irwin Allen et la Warner, mais il ne remporte pas d’Oscar. Le film sort en juin 1956, et bien que la séquence des dinosaures ne concerne que 15% du métrage total, c’est son argument de vente principal, notamment sur les affiches qui clament : « Deux milliards d’années en formation ! » Le succès du Monde des animaux est tout relatif, mais il entraîne tout de même une adaptation en bande dessinée éditée chez Dell en 1956 et un troisième documentaire signé Irwin Allen, The Story of Mankind qui, comme son titre l’indique, raconte l’histoire de l’humanité. Une série de différends légaux dus à la répartition des droits des images entre les différents opérateurs du film rendent finalement Le Monde des animaux invisible sur les écrans et indisponible en vidéo dans son intégralité. Seule la séquence des dinosaures aura été épargnée, ressurgissant partiellement dans une séquence onirique du film Trog (1970) et une série de diapositives de la collection View-Master.

 

© Gilles Penso

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WITCHOUSE 3 (2001)

Trois jeunes femmes se filment en train de pratiquer une séance de sorcellerie pour les besoins d’un documentaire… et invoquent la redoutable Lilith !

WITCHOUSE 3 – DEMON FIRE

 

2001 – USA

 

Réalisé par J.R. Bookwalter

 

Avec Debbie Rochon, Tanya Dempsey, Tina Krause, Paul Darrigo, Brinke Stevens, Michael Deak

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA WITCHOUSE I CHARLES BAND

En découvrant les rushes de The Coven, un minuscule film d’horreur bricolé par le réalisateur Brad Sykes pour surfer sur la vogue encore vivace de Dangereuse alliance, le producteur Charles Band se dit qu’il pourrait en racheter les droits et le rebaptiser Witchouse 3, ce qui lui permettrait d’obtenir à moindre coût un troisième volet pour sa « saga » d’épouvante. En apprenant ça, J.R. Bookwalter, qui avait réalisé Witchouse 2, met Band au défi : plutôt qu’acheter The Coven, pourquoi ne produirait-il pas – pour une somme encore moindre – un troisième épisode original ? Band accepte, bien sûr, et Bookwalter se lance donc dans ce film minimaliste tourné en neuf jours avec cinq acteurs et un nombre restreint de décors. The Coven sortira finalement en 2002 sous son titre original, tandis que Bookwalter réunit quatre scream queens pour tenir la vedette de son Witchouse 3. Brinke Stevens (Slave Girls, Sorority Babes, Sideshow) et Debbie Rochon (Tromeo and Juliet, Terror Firmer, Toxic Avenger 4), censées tourner ensemble un film de loup-garou qui finalement ne se fera pas, sont immédiatement recrutées par Band. Tanya Dempsey (Shrieker) et Tina Krause (Psycho Sisters) les rejoignent. Car les rôles majeurs du film sont féminins, conformément à l’envie de s’inscrire dans la mouvance de Dangereuse alliance.

Tanya Dempsey incarne Annie, une jeune femme malmenée par un époux brutal (Paul Darrigo) qui décide de fuguer pour partir se réfugier chez ses deux amies Stevie (Debbie Rochon) et Rose (Tina Krause). Or ces dernières sont en train de tourner un documentaire sur la sorcellerie. Un soir où toutes les trois sont bien éméchées, Stevie décide de se lancer dans un rituel de sorcellerie et de le filmer en utilisant un livre de sorts. Elle trace donc un cercle au sol, allume des bougies et prononce des incantations, le tout enregistré par une caméra vidéo. Tout ce cérémonial folklorique provoque le surgissement de la sorcière Lilith (Brinke Stevens). C’est du moins ce que pensent les trois amies face aux lumières bizarres, aux apparitions fantomatiques et aux bruits surnaturels qui les entourent soudain. Paniquées, elles s’enfuient hors de la maison puis se ressaisissent : et s’il s’agissait simplement d’autosuggestion et d’hallucinations due à leur état d’ébriété avancé ? Effectivement, quand elles rentrent, tout semble revenu à la normale…

« Tout ce qui a trait à la magie va par trois »

Le second degré s’installe dès l’entame du film, avec cette fausse séance de sorcellerie tenue par une prêtresse aux dents pointues en plastique qui nous fait croire un instant que nous avons affaire à Lilith. Mais Witchouse 3 ne parviendra pas à tenir cette promesse d’une relecture ironique du mythe des sorcières. Le scénario se contente en effet d’enfoncer des portes ouvertes. Il ne se passe pas grand-chose pendant ces 90 minutes poussives, où Lilith se contente de faire quelques apparitions furtives au sein de séquences ennuyeuses censées effrayer les spectateurs. N’ayant rien d’intéressant à défendre, les actrices, pour sympathiques qu’elles soient, ne nous convainquent jamais et débitent d’interminables dialogues soporifiques, dont l’improbable : « Tout ce qui a trait à la magie va par trois, comme la Sainte trinité et les Rois Mages. » Un retournement de situation inattendu tente bien de relancer cette intrigue anémique au cours du dernier acte, sans grand succès. On peut certes saluer la capacité de J.R. Bookwalter à emballer son film avec un budget squelettique de 26 000 dollars et les efforts de son chef opérateur Danny Draven pour tenter de faire du cinéma avec sa caméra DV Cam. Mais WItchouse 3 n’a rien pour marquer les mémoires. Voilà sans doute pourquoi le WItchouse 4 que le réalisateur envisageait de tourner dans la foulée ne vit jamais le jour.

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© Gilles Penso

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CARNOSAUR 3 (1996)

Un petit groupe de militaires est chargé de ramener vivants trois redoutables dinosaures carnivores lâchés dans la nature…

CARNOSAUR 3 : PRIMAL SPECIES

 

1996 – USA

 

Réalisé par Jonathan Winfrey

 

Avec Rob Camilletti, Stephen Lee, Cyril O’Reilly, Scott Valentine, Rodger Halston, Terri J. Vaughn, Billy Burnette, Rick Dean, Jason Brawley, Janet Gunn

 

THEMA DINOSAURES I SAGA CARNOSAUR

On ne peut pas dire que Carnosaur 2 fut un gigantesque hit dans les vidéoclubs, mais cette petite suite sans prétention remplit suffisamment les tiroir-caisse pour donner envie à Roger Corman d’initier un nouvel épisode. Titré dans un premier temps Primal Species, le film est d’abord conçu comme un « direct-to-video » autonome sans lien direct avec les deux opus précédents. Mais Corman décide finalement d’en faire un Carnosaur officiel et en confie la réalisation à Jonathan Winfrey, metteur en scène de quelques séries B d’action comme New Crime City ou Black Scorpion. Pour limiter les frais, le budget est revu à la baisse par rapport à Carnosaur et Carnosaur 2 (qui avaient chacun coûté dans les 800 000 dollars). Un seul costume en caoutchouc à la coupe approximative est donc sollicité pour représenter tous les velociraptors du film. « Ce tournage était hilarant », se souvient Justina Vail, interprète de la soldate Proudfoot. « Nous étions poursuivis par ce type en costume de dinosaure qui courait à travers la pièce. Garder son sérieux et avoir l’air crédible était donc un vrai défi ! » (1) Si aucun des personnages du film précédent ne revient dans Carnosaur 3, deux acteurs y réapparaissent dans des rôles différents : Rick Dean et Michael McDonald.

Au tout début du film, un bataillon de terroristes armés jusqu’aux dents appartenant au groupe « Eurotrash » prend de force une cargaison militaire après avoir massacré tous les soldats qui étaient chargés de la transporter, dans un beau déchaînement pyrotechnique qui permet à Carnosaur 3 de démarrer sur les chapeaux de roue. Le commando des forces spéciales antiterroristes mené par le colonel Rance (Scott Valentine) est donc missionné pour retrouver la précieuse cargaison. Mais le butin n’a rien à voir avec ce que les voleurs imaginaient. Au lieu d’uranium, ils trouvent dans le camion dérobé trois dinosaures endormis qui sortent aussitôt de leur torpeur et les attaquent. « On aurait dit un lézard sous stéroïdes » dit l’un des soldats pour décrire l’une des bêtes. « Ce sont des clones de dinosauriens génétiquement modifiés », rectifie Dr Hodge (Janet Gunn), la scientifique dépêchée sur place. La mission du commando, bientôt épaulé par un petit groupe de marines, consiste à ramener vivants les deux raptors mâles et la femelle tyrannosaure qui viennent de s’échapper…

« On ne s’arrête pas pour faire des pauses pipi ! »

La toute première réplique du film (« Tu es dans l’armée mon gars, on ne s’arrête pas pour faire des pauses pipi ! ») a l’avantage de donner très tôt le ton. Il y en aura d’autres de haut niveau tout au long du métrage, comme le festif « rien de tel qu’un pain de C4 pour bien commencer la journée » ou l’insurpassable « j’ai l’impression que mes couilles sont venues serrer les mains à mes amygdales ». Les acteurs surjouent tellement qu’on en vient à se demander si le film n’a pas volontairement été envisagé au second degré, ce que tendrait à confirmer cette mention fantaisiste du générique de fin précisant qu’« aucun dinosaure n’a été maltraité ou blessé durant le tournage de ce film. » Pour autant, Carnosaur 3 se révèle bien plus embarrassant que drôle, surtout face à ce contingent de militaires tous plus idiots les uns que les autres, férus de blagues stupides, de rires gras et de remarques machistes. L’action se déroulant majoritairement dans un décor banal d’entrepôt puis dans les coursives sombres d’un bateau, les péripéties finissent par patiner et se répéter. Bien conscient que ses dinosaures ne sont pas très crédibles, Jonathan Winfrey joue prudemment la carte du montage nerveux et de la pénombre. Au moment du climax, le T-rex surgit enfin, même s’il nous semble improbable qu’une bête de 9 mètres de long ait réussi aussi longtemps à échapper à la vigilance des soldats. Son intervention finale – qui se limite principalement à des gros plans furtifs de sa tête en caoutchouc – est donc le bouquet final de cette seconde séquelle à l’intérêt finalement très limité.

 

(1) Extrait d’une interview parue dans Starlog en novembre 2020.

 

© Gilles Penso

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POPEYE’S REVENGE (2025)

Le sympathique marin fumeur de pipe et mangeur d’épinards se transforme en croquemitaine assoiffé de sang dans ce slasher improbable…

POPEYE’S REVENGE

 

2025 – GB

 

Réalisé par William Stead

 

Avec Emily Mogilner, Connor Powles, Danielle Ronald, Steven Murphy, Kelly Rian Sanson, Max Arlott, Bruno Cryan, Kathi DeCouto, Kyle Jordan, Oliver Mason

 

THEMA TUEURS

En 2025, Popeye tombe dans le domaine public. Aussitôt, tout devient possible, y compris les projets les plus improbables. Coup sur coup, deux films d’horreur détournant l’imagerie du marin imaginé par E.C. Segar sont ainsi mis en chantier. Le premier, Popeye the Slayer Man, est réalisé par Robert Michael Ryan. Le second, Popeye’s Revenge, est initié par la petite compagnie de production ITN qui n’en est pas à son coup d’essai en ce domaine. Ils produisirent en effet Winnie the Pooh : Blood and Honey en 2023, dont le petit succès motiva la réalisation d’une suite mais aussi d’autres slashers se réappropriant des personnages pour enfants, comme Cinderella’s Curse, Mouse of Horrors, Bambi : The Reckoning ou Le Cauchemar de Peter Pan. Écrit par Harry Boxley (Piglet’s Return) et réalisé par William Stead (Children of the Night), Popeye’s Revenge réinvente complètement l’histoire du matelot féru d’épinards. Le dessin animé aux traits naïfs qui introduit le film nous apprend qu’il est né sous le prénom de Johnny. A cause de son physique étrange (notamment des avant-bras disproportionnés), l’enfant suscite les moqueries de ses camarades et finit par en tuer un dans un accès de colère incontrôlable. La population locale encercle alors sa maison et y met le feu, tandis que le tout jeune Johnny/Popeye se noie dans le lac voisin.

Quinze ans plus tard, alors que cette histoire est considérée par beaucoup comme une légende urbaine, trois réalisateurs de vidéos pour les réseaux sociaux débarquent dans la région pour relancer leur nombre en baisse de followers. Le nouvel épisode de « The Haunted Houses of Evils » sera donc consacré à Popeye. Or ce dernier, devenu un tueur désaxé au visage à moitié brûlé, surgit bientôt pour massacrer le trio. Après cette entrée en matière saignante, le film nous présente Tara (Emily Mogilner), dont la mère vient d’hériter de la maison de Popeye. La jeune fille sollicite six amis pour partir retaper les lieux dans l’espoir d’en faire une attraction pour touristes. Le groupe s’installe donc sur place, la plupart ne pensant qu’à boire, fricoter et passer du bon temps, évidemment. On sent bien que Popeye’s Revenge cherche à marcher sur les traces de Vendredi 13, dont il reprend l’idée de l’enfant difforme noyé dans un lac qui revient à l’âge adulte pour massacrer un groupe de jeunes venus séjourner dans les bois voisins. L’idée du brouillard surnaturel qui charrie avec lui une ancienne malédiction semble quant à elle empruntée à Fog, tandis que la backstory qui entoure le passé du personnage évoque celle de Freddy Krueger.

Sang d’ancre

Bref, nous voilà en terrain connu, et de ce point de vue Popeye’s Revenge ne cherche pas à réinventer la roue. Les protagonistes sont donc bardés de stéréotypes (les bimbos écervelés, la fille plus futée que les autres, le playboy, l’idiot maladroit) et s’isolent à tour de rôle dans des coins sinistres pour se muer en chair à saucisse sous les coups répétés du croquemitaine psychopathe. Étonnamment, malgré l’absurdité de son concept (un slasher avec Popeye quand même !), le film se prend très au sérieux, les acteurs essaient de jouer avec conviction, le scénario s’efforce même de s’intéresser à leurs problèmes personnels et à leurs états d’âme. Les mises à mort restent inventives, avec une mention spéciale pour le garçon qui se retrouve avec une ancre plantée dans le sexe, puis la colonne vertébrale extirpée à mains nues et enfin la tête arrachée ! Il nous semble même déceler au détour d’un autre meurtre un hommage à L’Enfer des zombies. Recyclant de manière ludique l’imagerie classique du personnage tel qu’il fut popularisé dans les dessins animés des frères Fleischer (les gros bras, la pipe, les boites d’épinard), le film bénéficie d’une mise en forme très soignée, notamment une belle photo qui capitalise sur les effets de brume prise dans les faisceaux lumineux. Pas de quoi crier au génie, bien sûr, mais nous sommes un cran au-dessus du peu palpitant Winnie the Pooh : Blood and Honey.

 

© Gilles Penso

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TIMEBOMB (1991)

Michael Biehn entre dans la peau d’un horloger tranquille qui, subitement pris en chasse par des tueurs, découvre que sa mémoire a été effacée…

TIMEBOMB

 

1991 – USA

 

Réalisé par Avi Nesher

 

Avec Michael Biehn, Patsy Kensit, Tracy Scoggins, Robert Culp, Richard Jordan, Raymond St. Jacques, Billy Blanks, Jim Maniaci, Steven J. Oliver, Ray Mancini

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE

On ne peut pas dire qu’Avi Nesher se distingue par la finesse de ses réalisations (comme en témoignent par exemple She ou Le Double maléfique). Mais il faut lui reconnaître de véritables affinités avec le genre et une volonté manifeste d’en mettre toujours plein la vue au public. La première mouture du scénario de Timebomb, qui s’appelle alors Nameless, est écrite par Nesher en 1988, pendant la grève des scénaristes. Intéressé, le studio MGM verrait bien Chuck Norris ou Jean-Claude Van Damme dans le rôle principal, quitte à gonfler le budget pour pouvoir payer l’une de ses stars. Mais le réalisateur a un autre nom en tête : Michael Biehn. Impressionné par sa prestation dans Terminator, Aliens et Abyss, il parvient à l’imposer en échange d’un budget global beaucoup plus raisonnable que celui initialement prévu. Biehn accepte lui-même de revoir ses ambitions financières à la baisse et se soumet à un entraînement militaire intensif afin de se préparer à un rôle qui s’annonce musclé. Pour lui donner la réplique, on opte pour Patsy Kensit, certes un peu jeune pour camper une psychiatre crédible (elle n’a à l’époque que 22 ans) mais chère au cœur des cinéphiles depuis sa prestation inoubliable dans L’Arme fatale 2. Avec ses deux têtes d’affiche et une enveloppe de 7 millions de dollars à sa disposition, Nesher entend bien en donner au spectateur pour son argent.

Eddy Kay (Biehn), un gars tranquille, sympathique et paisible qui travaille dans une boutique d’horlogerie, intervient lors d’un incendie pour sauver une mère et son enfant prisonniers dans leur immeuble en flamme, ce qui lui vaut un reportage dans les journaux télévisés. Aussitôt, une armada de tueurs particulièrement déterminés se lance à ses trousses pour l’éliminer. Incapable de comprendre pourquoi ils l’ont pris pour cible, Eddy se défend sacrément bien, comme si des réflexes de guerriers étaient profondément enfouis au fond de lui. À partir de là, une série de flash violents – qui ressemblent à des cauchemars éveillés – le saisissent de manière de plus en plus régulière. Il se voit au cœur de scènes de crime sanglantes mêlées à des rêveries érotiques bizarres. Troublé, notre homme se confie à Anna Nolmar (Kensit), une jeune psychiatre qu’il vient de rencontrer. « Quelqu’un d’autre vit dans mon corps », s’exclame-t-il. Alors que la réalité et sa propre identité lui échappent peu à peu, il découvre que son passé est lié à une opération militaire top secrète initiée dans les années 70, le « Bluebird Program ».

« Quelqu’un d’autre vit dans mon corps »

Le concept d’expérimentations médicales visant à modifier le comportement des individus et à les programmer pour les muer en « bombes à retardement » évoque beaucoup Un Crime dans la tête de John Frankenheimer. « Nous avions besoins de guerriers samouraïs » dit à ce propos le colonel à la tête du défunt programme. Si ce n’est que Nesher préfère l’action mouvementée au drame psychologique. De grosses scènes de fusillades, de pyrotechnie et de destructions typiques du cinéma de genre des années 90 ponctuent donc le récit. Certaines d’entre elles se révèlent très inventives, comme l’assaut dans la salle de cinéma ou le combat vertigineux sur le toit d’un hôtel. Les combats aux-mêmes sont brutaux et spectaculaires, chorégraphiés par le cascadeur Yehuda Erez. Le dernier tiers du film assume frontalement son caractère science-fictionnel en remontant aux sources de l’expérimentation, sur un site désaffecté rétro-futuriste qui ne demande qu’à se réactiver, et où des effets visuels numériques maladroits mais inventifs signés Perpetual Motion Pictures évoquent le processus de réinvention des souvenirs. L’évocation du 21ème siècle dans l’un des dialogues laisse d’ailleurs supposer que l’intrigue se situe dans un avenir proche. Bref, voilà un condensé d’action et de science-fiction généreux et divertissant, qui fit à l’époque les belles heures des regrettés vidéoclubs de quartier.

 

© Gilles Penso

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COMPANION (2025)

Trois couples se retrouvent dans une cabane au milieu des bois. La situation semble paisible, mais les choses ne tardent pas à dégénérer…

COMPANION

 

2025 – USA

 

Réalisé par Drew Hancock

 

Avec Sophie Thatcher, Jack Quaid, Lukas Gage, Megan Suri, Harvey Guillen, Rupert Friend, Jaboukie Young-White, Matt McCarthy, Marc Menchaca

 

THEMA ROBOTS

Après avoir marqué les esprits grâce à son premier long-métrage Barbare, Zach Cregger envisage de mettre en scène Companion, écrit par son ami Drew Hancock, scénariste et réalisateur pour la télévision depuis une vingtaine d’années. Réflexion faite, Cregger préfère produire le film et laisser à Hancock le soin de le diriger lui-même. Et si Companion n’a finalement aucun lien direct avec Barbare, un point commun les unit tout de même : dans les deux cas, mieux vaut ne rien savoir du film avant de le regarder pour préserver les multiples surprises que réserve le scénario. On se perd d’ailleurs en conjectures sur la nature de Companion. Est-ce un thriller ? Un film noir ? Un film d’horreur ? Un film de science-fiction ? Une comédie ? C’est volontairement que ce premier long-métrage échappe à toutes les étiquettes, même si l’intention initiale de Drew Hancock était de se lancer dans un pur film de genre. C’est au fur et à mesure de l’écriture que la juste tonalité s’est imposée, quitte à balayer les codes traditionnels ou du moins à les réorganiser sous un jour inhabituel. « Je vois surtout le film comme un drame relationnel », explique l’auteur/réalisateur. « C’est le cœur de l’intrigue. C’est l’histoire d’une rupture, celle d’une femme qui fait face à une relation toxique et tire sa force de la découverte de soi. » (1)

Le film met en scène Sophie Thatcher (Heretic) et Jack Quaid (The Boys) dans le rôle d’Iris et Josh, un couple qui part en week-end dans une maison isolée au bord d’un lac pour y rencontrer leur amie Kat, le couple Eli et Patrick, ainsi que Sergey, le petit ami de Kat qui est propriétaire de la maison. Voilà pour le point de départ. La tonalité est légère, détendue, guillerette même, ce qui n’empêche pas certaines tensions sous-jacentes d’affleurer. Nous n’en dirons pas plus sur l’intrigue, mais ce qui suit risque de révéler quelques points clés. Pour éviter tout spoiler, mieux vaut donc passer au paragraphe suivant. De nombreux indices liés à la véritable nature d’Iris jalonnent le récit dès l’entame, mais ce n’est qu’au bout de 24 minutes de métrage que son statut de robot est ouvertement révélé. Là où l’on aurait pu attendre un schéma narratif classique dénonçant les travers de l’intelligence artificielle et les dangers encours par l’humanité face à un androïde qui deviendrait autonome et prendrait des initiatives, Hancock a la bonne idée d’inverser le processus pour placer la thématique sur un autre plan. Son questionnement est donc le suivant : et si, à force d’être assistés par des machines intelligentes, nous en devenions les esclavagistes, quitte à développer de nouveaux comportements abusifs et immoraux sous prétexte que nous en sommes les « maîtres » ?

Imprévisible

L’atout majeur de Companion est sa capacité à sans cesse rebondir d’une péripétie à l’autre sans jamais laisser aux spectateurs la possibilité de savoir où les emmènera cette intrigue décidément insaisissable. La première surprise est loin d’être la plus importante, dans la mesure où la campagne marketing du film – y compris son poster – a largement laissé deviner au public « le pot-aux-roses ». C’est la suite qui est intéressante, car elle est révélatrice des comportements, des faiblesses et des bassesses, tout en nous interrogeant sur notre propre humanité. Précise, fine mais jamais excessivement maniérée (ç’aurait pu être l’un de ses travers), la mise en scène de Drew Hancock sert à merveille ce récit rocambolesque et laisse toute la latitude nécessaire aux acteurs pour s’exprimer pleinement. À ce titre, les prestations savoureuses de Sophie Thatcher et Jack Quaid emportent immédiatement le morceau et permettent aux spectateurs de s’attacher à eux pour mieux être désarçonnés quelques séquences plus tard. Companion réussit même à éviter le piège dans lequel tombait Barbare lors de son dernier acte – un climax grandguignolesque et peu crédible – pour conserver jusqu’au bout sa cohérence et sa fraîcheur.

 

(1) Extrait d’un entretien publié sur FlickDirect en février 2025

 

© Gilles Penso

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LES INVISIBLES (1906)

Dans le sillage des tours de magie de Georges Méliès, Gaston Velle met en scène un sérum d’invisibilité aux effets burlesques…

LES INVISIBLES / LE VOLEUR INVISIBLE

 

1906 – FRANCE

 

Réalisé par Gaston Velle

 

THEMA HOMMES INVISIBLES

Né en 1868, Gaston Velle, dont le père prestidigitateur Joseph Velle se produisait dans toute l’Europe sous le surnom de « professeur Velle », pratiquait lui-même l’art de l’illusionnisme en professionnel. Sous les conseils du réalisateur Fernand Zecca, les frères Pathé l’engagèrent en 1903 dans le but de concurrencer les géniaux films à trucages de Georges Méliès. Velle se prêta fort bien au jeu, livrant jusqu’en 1911 une cinquantaine de métrages féeriques aux titres aussi éloquents que Le Paravent mystérieux, La Métamorphose du papillon, Le Chapeau magique, Rêve à la Lune ou encore Voyage autour d’une étoile. En 1906, il s’attaquait aux Invisibles (également connu sous le titre Le Voleur invisible). Cette comédie fantastique, qui ne présente qu’une lointaine parenté avec le roman d’Herbert George Wells, tire tous ses gags de la formule d’invisibilité découverte par un savant et contenue dans une bouteille. Le scientifique, son assistant, deux voleurs et finalement un juge boivent tour à tour le sérum.

L’invisibilité s’effectue en fondus enchaînés, puis les réapparitions surviennent brusquement, en « cut ». Traditionnels, ces effets n’en sont pas moins efficaces, s’adjoignant entre autres de câbles pour déplacer les objets, de caches et contre-caches ou même d’animation image par image, toute la panoplie d’effets visuels que John P. Fulton, réutilisera et transcendera pour les cinq épisodes de la saga L’Homme invisible des studios Universal à partir de 1933. Parmi les scènes folles des Invisibles, on se souviendra en particulier de l’intrusion des cambrioleurs chez le savant. Le crocodile naturalisé ouvre dès lors la gueule en remuant les pattes, la grande chauve-souris empaillée bat des ailes et le squelette enfermé dans un placard se disloque et s’anime en pièces détachées.

L’attaque des légumes humains

La théâtralisation extrême du film transparaît à la fois à travers le jeu outrageusement exagéré des comédiens (dont la postérité n’a hélas pas retenu le nom), les costumes dont ils sont affublés, les cadrages en plans larges et les décors, tour à tour grandes toiles peintes, mobilier réel ou découvertes. Au cours de la poursuite finale, les protagonistes courent ainsi sur un tapis roulant tandis que le décor défile derrière eux. Le climax, complètement délirant, voit les juges et les gardes transformés en légumes humains ! Les décors des Invisibles sont signés Hugues Laurent et le directeur de la photographie n’est autre que Segundo de Chomón, grand spécialiste des trucages et pionnier du cinéma d’animation qui fut souvent considéré comme le « Méliès espagnol ». Petit détail : le film est entièrement dénué d’intertitres, preuve que le spectacle qu’il propose se suffit amplement à lui-même sans le moindre besoin de commentaires écrits. Peu de temps après la sortie des Invisibles, Gaston Velle émigrera pour l’Italie, où il œuvrera pour la compagnie romaine Cines, avant de retrouver Pathé Frères l’année suivante.

 

© Gilles Penso

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