KING KONG 2 (1986)

Déjà pas très folichon, le remake de King Kong produit par Dino de Laurentiis accouche d'une séquelle involontairement hilarante

KING KONG LIVES

1986 – USA

Réalisé par John Guillermin

Avec Linda Hamilton, Brian Kerwin, Peter Elliott, George Yiasomi, John Ashton, Peter Michael Gœtz, Frank Maraden, Alan Sader 

THEMA SINGES I SAGA KING KONG

Le King Kong produit par Dino de Laurentiis et réalisé par John Guillermin était loin d’avoir convaincu les fans du grand singe, mais sa diffusion sur les petits écrans au milieu des années 80 battit tous les records d’audience. Les deux hommes trouvèrent alors judicieux de donner une suite à leur remake, sans s’inquiéter outre mesure de la mort de leur héros simiesque à la fin du film précédent au point de choisir comme titre King Kong Lives. Les distributeurs français optèrent pour un King Kong 2 plus trivial, assorti d’un slogan laissant rêveur : « Il revient et il n’est pas content » ! Cette phrase pourrait tout autant qualifier l’état d’esprit du spectateur, tant le spectacle s’avère inepte. Le scénario, pourtant œuvre de Ronald Shussett (Alien), ressemble à une mauvaise blague. Dix ans plus tôt, King Kong avait été abattu par les hélicoptères de l’armée américaine. Mais il a depuis été maintenu en vie par une équipe de chercheurs, dans un but qui nous échappe quelque peu vu les dégâts occasionnés dans la ville de New York. Son cœur commence toutefois à être fatigué. Hank Mitchell (Brian Kerwin), un intrépide aventurier, capture donc dans la jungle de Bornéo un gorille femelle qu’il ramène aux Etats-Unis et grâce à laquelle le docteur Amy Franklin (Linda Hamilton, à peine échappée de Terminator) va pouvoir tenter une opération sur Kong pour le ramener à la vie.

Armé de ce script stupide, John Guillermin, tout juste remis de l’échec de son fadasse Sheena, reine de la jungle, ne peut évidemment guère faire de merveilles. D’autant que le très surestimé Carlo Rambaldi se charge à nouveau de créer le gorille géant (où plutôt les gorilles, car Kong côtoie ici une femelle à la crinière orange et un bébé touffu !), sans oser cette fois-ci se lancer dans l’élaboration d’un robot géant inutilisable. Succédant à Rick Baker, l’acteur et mime Peter Elliott endosse le costume poilu et s’efforce de nous faire oublier que nous avons affaire à un homme dans une panoplie.

« Il revient et il n'est pas content ! »

Peine perdue. Ni les maquettes, ni les incrustations sur fond bleu ne font illusion une seule seconde, et certaines séquences sont si ridicules (Kong qui mâchonne une demi-douzaine de petits alligators à la queue frétillante) qu’elles arrachent de francs fous rires. Car King Kong 2 a au moins ce mérite : loin de la prétention de son prédécesseur, il s’affirme ouvertement comme une série B à gros budget mal fichue et suscite volontiers le rire au second degré. Dans le rôle de l’Indiana Jones du pauvre, Brian Kerwin passe une bonne partie du film dans la main géante de Lady Kong, inversant donc la donne sexuelle habituelle et nous rappelant Queen Kong (qui, lui, était volontairement parodique). Seul élément un tant soit peu réjouissant de ce spectaculaire navet : la partition de John Scott, à peine échappé des jungles sauvages de Greystoke, qui livre ici une œuvre épique et puissante, où se lisent en filigrane quelques hommages aux travaux respectifs de Max Steiner et John Barry. Fort heureusement, le succès de cette aberrante séquelle fut tant mitigé qu’il dissuada De Laurentiis de se lancer dans un King Kong 3. Nous avons donc échappé de peu aux aventures du gentil Baby Kong.

 

© Gilles Penso

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KING KONG (1976)

Un remake monumental produit par Dino de Laurentiis et réalisé par John Guillermin, qui sacrifie hélas la poésie au profit du spectaculaire

KING KONG

1976 – USA

Réalisé par John Guillermin

Avec Jessica Lange, Jeff Bridges, Charles Grodin, John Randolph, René Auberjonois, Ed Lauter, Mario Gallo et Rick Baker dans le rôle de Kong

THEMA SINGES I SAGA KING KONG

Coiffant au poteau le studio Universal, qui envisageait de produire un remake de King Kong le plus fidèle possible au film original, le producteur Dino de Laurentiis et Paramount mettent en chantier en 1976 une colossale relecture du mythe créé par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack en la précédant d’une massive campagne publicitaire. Cherchant de toute évidence à capitaliser sur le succès des films catastrophes de l’époque, De Laurentiis fait logiquement appel à John Guillermin, alors sacré meilleur réalisateur du genre grâce à La Tour infernale. Hélas, le puissant producteur pousse le talentueux cinéaste à accepter un grand nombre de fautes de goûts qui portent atteinte au chef d’œuvre séminal de 1933. Dans ce remake, la douloureuse crise économique des années 30 s’est muée en crise de l’énergie, et c’est donc le pétrole qui attire les protagonistes sur l’île du Crâne. Faut-il y sentir la crainte inconsciente de mettre en scène un cinéaste mégalomane et prêt à tout pour épater son public (Carl Denham en 1933), personnage qui ressemblerait de trop près à Dino de Laurentiis lui-même ? Corollaire de cette révision scénaristique, la comédienne au chômage Ann Darrow est devenue une rescapée de naufrage prénommée Dwan (interprétée par une délicieuse Jessica Lange en début de carrière, au jeu encore balbutiant), et le marin Jack Driscoll s’est mué en chercheur hippie embarqué clandestinement (Jeff Bridges).

Plus que tout, c’est l’absence de poésie, omniprésente chez Schoedsack et Cooper, qui fait ici le plus cruellement défaut, supplantée par un « modernisme » froid et sans charme. La magnifique jungle brumeuse aux allures de gravures de Gustave Doré n’est plus qu’une banale forêt dénuée de créatures préhistoriques, si l’on excepte un ridicule serpent mécanique. Évidemment, l’erreur la plus monumentale reste d’avoir choisi un homme dans un costume pour interpréter Kong, comme dans Konga ou King Kong contre Godzilla. Un robot grandeur nature a certes été fabriqué par Carlo Rambaldi pour certains plans larges, mais il ne fonctionnait pas au moment du tournage, et ne servit finalement que dans une dizaine de plans où il est parfaitement immobile… C’était bien la peine d’investir des millions dans un automate de quinze mètres de haut ! Rick Baker se chargea donc de concevoir une panoplie simiesque qu’il endossa lui-même, les nombreuses annonces publicitaires de l’époque continuant à mentir sur le rôle déterminant du robot géant dans la réalisation du film. 

Le robot géant qui ne savait pas bouger

Ce King Kong reçut pourtant l’Oscar des meilleurs effets spéciaux en 1976. « Le Comité des Nominations des effets visuels, dont je faisais partie, avait d’emblée écarté King Kong et s’était fortement prononcé pour L’Âge de cristal », nous raconte le concepteur d’effets spéciaux Jim Danforth. « Mais après avoir reçu une lettre visiblement intimidante de Dino de Laurentiis, disant en substance « Allez les gars, reconsidérons cette décision, nous avons dépensé 26 millions de dollars sur ce film… », le Conseil d’Administration a décidé de décerner l’Oscar à King Kong, sans nous demander notre avis ! Le King Kong de 1933 n’avait gagné aucun Oscar, et celui, ridicule, de Dino de Laurentiis en remportait un ! » (1) Malgré les violentes attaques subies par les amoureux du King Kong original, John Guillermin ne reniera pas ce film, conscient de ses faiblesses et de ses maladresses mais également du tour de force technique intéressant qu’il aura représenté. Toujours heureux de pouvoir relever des défis et de projeter sur écran géant des spectacles plus grands que nature, il semblait être l’homme idéal pour revisiter les aventures du gorille géant le plus célèbre de tous les temps. Avec un scénario mieux construit, des dialogues plus subtils et des choix technologiques plus adéquats, nul doute que Guillermin aurait pu faire des merveilles. Mais son talent s’efface souvent sous l’influence omniprésente d’un Dino de Laurentiis que l’on connut plus inspiré. Les mélomanes peuvent tout de même se consoler avec la somptueuse bande originale de John Barry, qui dote le film de puissance et de mélancolie.


(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998.


© Gilles Penso

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EDGE OF TOMORROW (2014)

Prisonniers d'une boucle temporelle, Tom Cruise et Emily Blunt luttent inlassablement contre une race extra-terrestre insaisissable

EDGE OF TOMORROW

2014 – USA

Réalisé par Doug Liman

Avec Tom Cruise, Emily Blunt, Brendan Gleeson, Bill Paxton, Jonas Armstrong, Tony Way, Kick Gurry, Franz Drameh 

 

THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES I VOYAGES DANS LE TEMPS

Vendu comme un croisement surréaliste entre Un Jour sans fin et Starship TroopersEdge of Tomorrow avait de quoi laisser perplexe. D’autant que la bande-annonce affichait d’autres sources d’inspiration tout aussi disparates : District 9, Il faut sauver le soldat RyanSource Code, Aliens… Ce blockbuster porté par la superstar Tom Cruise ne serait-il qu’un patchwork conçu pour capitaliser sur plusieurs succès passés ? Que nenni ! Mû par une énergie et un savoir-faire qui semblaient s’être évaporés depuis La Mémoire dans la peau, Doug Liman met en scène une superbe épopée de science-fiction aux rebondissements vertigineux. Le scénario de Christopher McQuarrie (collaborateur régulier de Bryan Singer) adapte « All You Need is Kill », un roman japonais de Hiroshi Sakurazaka illustré par Yoshitoshi Abe puis transformé en manga quelques années plus tard. Les personnages ont été américanisés mais le récit reste identique. Nous sommes sur la Terre du futur, frappée par une guerre sanglante opposant les humains à une race extra-terrestre insaisissable et extrêmement puissante, les Mimics.

Plongé malgré lui au cœur du conflit, le colonel Bill Cage (Tom Cruise) est tué dès son premier jour de bataille. Mais aussitôt, coincé dans une boucle temporelle, il revient à lui la veille et revit inlassablement la même journée de préparatifs puis de combat. Pour sortir de ce cycle et donner une chance à l’humanité de remporter cette guerre sans espoir, Cage va devoir s’associer à la combattante Rita Vrataski (Emily Blunt) et trouver la seule faille susceptible de défaire l’ennemi. Ne cherchez pas dans Edge of Tomorrow la charge antimilitariste et la cinglante satire politique d’un Paul Verhoeven. Le propos du film de Liman est ailleurs. Divertissement pur porté par une mise en forme extrêmement soignée, une photographie âpre de Dion Beebe (Collatéral, Miami Vice), une musique efficace de Christophe Beck (on aurait préféré John Powell, mais bon…) et d’hallucinants effets visuels donnant corps aux hideux Mimics, Edge of Tomorrow embrasse sans complexe son statut de fable de SF pure et dure sans chercher ailleurs que dans la folie de son concept une quelconque légitimité aux yeux du public.

Vivre, mourir, recommencer…

Parfaitement en phase avec la tonalité mi-légère mi-sombre du film (un exercice d’équilibre délicat auquel s’astreint Liman sans fausse note), Tom Cruise s’investit totalement dans son rôle, avec un charisme et une conviction toujours intacts. Chacun est libre de penser ce qu’il veut de l’homme, de ses frasques, de ses sympathies et de ses déclarations parfois embarrassantes. Mais l’acteur, lui, reste impeccable, ses accointances avec la science-fiction (Minority ReportLa Guerre des Mondes, Oblivion) lui permettant d’élargir son registre sans se départir de cette implication physique inconditionnelle qui fait défaut à bien de ses collègues. A ses côtés, Emily Blunt ne démérite pas, parfaitement crédible en émule futuriste des guerrières de Robert Howard, tandis que Bill Paxton et Brendan Gleeson nous offrent des seconds rôles savoureux. Bref, voilà un spectacle de haut niveau qui s’assume et parvient à échapper à ses influences premières pour définir un style finalement très personnel.

 

© Gilles Penso

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LES NAUFRAGÉS DE L’ESPACE (1969)

Une course contre la montre s'engage pour sauver trois astronautes incarnés par Richard Crenna, James Franciscus et Gene Hackman

MAROONED

1969 – USA

Réalisé par John Sturges

Avec Gregory Peck, Richard Crenna, David Janssen, James Franciscus, Gene Hackman

THEMA SPACE OPERA

Plus connu pour ses réalisations comme Règlement de compte à OK Corral, La Grande évasion ou Les Sept mercenaires, John Sturges s’embarque pour l’espace à la fin de l’année 1969 en adaptant le roman Marooned de Martin Caidin. Cela donne Les Naufragés de l’espace. Une curiosité à redécouvrir. Après plusieurs mois passés en orbite terrestre, les astronautes de la mission Ironman 1 Jim Pruett (Richard Crenna), Buzz Lloyd (Gene Hackman) et Clayton Stone (James Franciscus) se préparent à rentrer sur Terre. Cependant, un dysfonctionnement impromptu des rétrofusées de leur vaisseau exclut toute rentrée atmosphérique. La NASA ne dispose que de quarante-huit heures pour lancer une opération de sauvetage en direction de la capsule Apollo dont les réserves d’oxygène s’amenuisent inexorablement.

De discussion en discussion, l’agence spatiale finit par monter ladite opération de sauvetage à l’aide d’un avion spatial expérimental. Ce dernier doit être lancé au sommet d’une fusée Titan III-C avec à son bord Ted Dougherty (David Jansen). Il rejoint finalement in extremis les hommes d’Ironman 1 et profite du soutien d’un vaisseau Voskhod russe venu en renfort pour sauver ces Naufragés de l’espace dont le casting est irréprochable. Gregory Peck donne tout le charisme nécessaire à son personnage du directeur des vols habités de la NASA. Idem pour David Jansen, qui semble encore vêtu des habits du Docteur Richard Kimble de la série Le Fugitif et dont le physique évoque curieusement le patron du bureau des astronautes de l’époque, en l’occurrence Deke Slayton. Pour leur part, le regretté Richard Crenna et son équipage, James Franciscus (disparu en 1991) et Gene Hackmann, s’acquittent fort bien de leur mission.

Un superbe catalogue du matériel de la NASA

Bon soyons franc, scénarisitiquement parlant ce très bon divertissement, aujourd’hui un poil daté, est quand même un peu léger. Néanmoins, il nous offre tout de même de beaux moments de bravoure et un superbe catalogue du matériel de la NASA de l’ère Apollo (lorsque le film sort, le programme lunaire est à son zénith). On notera en effet que la station « SIV-B », dans laquelle séjournent les astronautes du film, n’est autre que la future station Skylab, légèrement modifiée pour les besoins du film, et qui sera lancée autour de la Terre en 1973. Pour sa part, le petit avion spatial X-RV n’existait pas, bien sûr. Toutefois, son lien de parenté avec feu le CRV est évident. Sorti le 10 novembre 1969, soit quelques jours avant le départ de la mission Apollo 12 – et surtout quatre mois après l’alunissage historique d’Apollo 11-, le film annonce également la collaboration dans l’espace puisque un vaisseau russe et un américain effectuent un rendez-vous spatial. Ce film a également un caractère prémonitoire, la réalité rattrappant la fiction puisque seulement six mois plus tard, ce sont les astronautes de la mission Apollo 13 qui se retrouvent en danger de mort dans l’espace. Mission qui heureusement se terminera bien grace au sang-froid des ingénieurs de la NASA. Mais ceci est une autre histoire, portée à l’écran vingt-cinq ans plus tard…

 

© Antoine Meunier

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LEVIATHAN (1989)

La mode étant aux fonds marins à la fin des années 80, George Pan Cosmatos tente une variante aquatique d'Alien

LEVIATHAN

1989 – USA

Réalisé par George Pan Cosmatos

Avec Peter Weller, Richard Crenna, Amanda Pays, Daniel Stern, Ernie Hudson, Michael Carmine 

THEMA MONSTRES MARINS

Voilà un film bien huilé, rondement mené, qui s’acquitte proprement des conventions sans ajouter quoi que ce soit de fondamental au genre qu’il explore. C’est d’autant plus flagrant que ce Leviathan recopie ouvertement et quasi littéralement l’incontournable Alien, pourtant suffisamment encombré de plagiats et de suites depuis la fin des années 70. Les deux scénaristes ne sont pourtant pas nés de la dernière pluie, puisqu’il s’agit de David Webb Peoples (Blade Runner et Ladyhawke tout de même) et Jeb Stuart (48 heures et Piège de Cristal, ça n’est pas rien !). Ici, nos deux hommes se contentent paresseusement de déplacer sous l’eau le récit du classique de Ridley Scott, les fonds marins ayant subitement attiré les cinéastes du genre en cette belle année 1989, comme le prouvent notamment Abyss de James Cameron et M.A.L. de Sean Cunningham.

Nous sommes au large de la Floride. Une station de forage sous-marine (substitut du vaisseau Nostromo de Ridley Scott), installée par trois mille cinq cents mètres de fond, abrite une équipe d’ouvriers chargés d’extraire un précieux minerai. Bientôt, ils mettent à jour l’épave d’un navire scientifique russe (équivalent du vaisseau fantôme d’Alien) qui gît dans les abysses depuis la guerre froide et porte le nom de « Leviathan ». Dans la Bible, ce mot sert à désigner un gigantesque serpent de mer dont Gustave Doré tira une magnifique gravure, mais est également l’un des nombreux noms attribués à Satan. Le terme s’avère ici prophétique, dans la mesure où l’épave abrite une immonde créature métamorphe, fruit d’une expérience ratée, qui s’éveille et commence à semer la terreur parmi les mineurs. 

Des abominations héritées de Lovecraft

A partir de là, d’autres influences viennent se greffer au scénario, notamment The Thing de John Carpenter et La Mouche de David Cronenberg. Car les deux premiers ouvriers à découvrir la substance à l’origine de tous les maux connaissent une rapide dégénérescence cellulaire avant que leurs deux corps ne fusionnent tout bonnement. Dès lors, les cadavres vont tranquillement s’enchaîner, chacun se mélangeant ou se divisant pour donner naissance à autant de créatures innommables empruntant leur morphologie à diverses créatures marines et s’inspirant partiellement des abominations décrites par H.P. Lovecraft. Conçus par Stan Winston, ces monstres surprenants sont les principales attractions du film, surgissant régulièrement pour relancer l’action et éclaboussant de temps à autre l’écran de quelques effets gore efficaces (avec notamment une espèce de sangsue qui vide ses victimes de leurs entrailles). Pour le reste, Leviathan laisse froid et ne marquera guère durablement les mémoires. Et ce malgré le savoir-faire du réalisateur George Pan Cosmatos (Rambo 2), la belle photographie du vétéran Alex Thomson (Legend) et la présence en tête d’affiche de quelques trognes savoureuses comme Peter Weller (Robocop), Ernie Hudson (S.O.S. Fantômes) ou encore Richard Crenna (la trilogie Rambo). Quant au designer Ron Cobb et au compositeur Jerry Goldsmith, la production leur a prudemment demandé de réitérer le travail qu’ils avaient effectué sur Alien.

 

© Gilles Penso

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SATURN 3 (1980)

Le réalisateur de Chantons sous la pluie transporte dans l'espace Kirk Douglas, Farrah Fawcett , Harvey Keitel et un robot très agressif

SATURN 3

1980 – USA

Réalisé par Stanley Donen

Avec Kirk Douglas, Farrah Fawcett, Harvey Keitel, Ed Bishop, Douglas Lambert, Christopher Muncke

THEMA FUTUR I SPACE OPERA I ROBOTS

Saturn 3 aurait dû être la première réalisation de John Barry, brillant chef décorateur d’Orange MécaniqueLa Guerre des étoiles et des deux premiers Superman (à ne pas confondre avec son homonyme, le légendaire compositeur des James Bond). Barry avait écrit ce récit de science-fiction, dont le scénario fut finalisé par Martin Amis, et en commença le tournage. Mais peu à peu, le producteur Stanley Donen commença à émettre des doutes sur sa capacité à mener à bien le film, Barry passant plus de temps à préparer les séquences qu’à les tourner. Donen, à qui nous devons le fabuleux Chantons sous la pluie, vint donc l’épauler sur le tournage, suscitant des tensions qu’aggrava quelque peu le comportement des acteurs du film, persuadés eux aussi que Barry n’était pas l’homme de la situation. Ce dernier décida donc de quitter le navire, laissant Donen achever le film sans lui. Ce départ alimenta la presse de l’époque, désignant aussitôt Saturn 3 comme un « film à problème ». Ce statut peu enviable se confirma lorsque la compagnie de production ITC réduisit son budget à cause des dépassements financiers d’une autre production maison, La Guerre des abîmes de Jerry Jameson.

Et pourtant, Saturn 3 possède un charme indéniable que ni ses difficultés de production, ni sa réputation de « nanar de l’espace » (comme le définirent à l’époque de nombreuses critiques totalement injustifiées) ne parvinrent à entacher. Nous sommes dans un lointain futur. Deux savants misanthropes, Adams (Kirk Douglas) et sa compagne Axelle (Farrah Fawcett), se sont réfugiés sur Saturn 3, une station orbitale installée sur une des lunes de Saturne, afin de travailler sur un programme de nutrition. Un jour, ils reçoivent la visite d’un navire terrien. A son bord se trouvent Benson (Harvey Keitel), un tueur psychopathe qui se fait passer pour le capitaine James, et Hector, un robot d’un nouveau type. Bientôt Hector, programmé par son créateur, ne tarde pas à dérailler. Ses instincts meurtriers et son attirance pour Axelle, directement dictés par l’esprit de Benson, obligeront le couple à organiser une défense draconienne.

Une inspiration qui vient des comics des années 50

A la fois space opéra ambitieux et thriller éprouvant, Saturn 3 s’efforce d’évacuer les influences esthétiques de La Guerre des étoiles et Alien en s’appuyant sur une direction artistique originale. « L’idée qui sous-tendait les designs de Saturn 3 était de s’inspirer de la bande dessinée “Dan Dare in the Eagle“, créée dans les années 50 par Frank Hampson », nous explique le chef décorateur Stuart Craig. « Nous nous sommes donc efforcés d’imaginer des décors brillants et plutôt glamour, en opposition avec les univers grumeleux, graisseux et high-tech que proposaient généralement les films d’anticipation de l’époque, notamment Alien de Ridley Scott. » (1) Construire un huis-clos tendu dans un tel environnement était un pari osé, dont Stanley Donen se tire avec les honneurs, s’appuyant sur les effets spéciaux inventifs de Colin Chilvers et sur son trio d’acteurs charismatiques, Harvey Keitel volant vite la vedette au héros dur à cuire et à sa jolie poupée Barbie incarnés respectivement par Kirk Douglas et Farrah Fawcett.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 2005

 

© Gilles Penso

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LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI (2013)

Deux gangsters en fuite se retrouvent sans le savoir dans un village où un groupe de sorcières s'apprête à se livrer à un rituel très inquiétant

LAS BRUJAS DE ZUGARRAMURDI

2013 – ESPAGNE

Réalisé par Alex de la Iglesia

Avec Javier Botet, Mario Casas, Carmen Maura, Hugo Silva, Carolina Bang, Macarena Gomez, Carlos Areces, Maria Barranco

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Pour son onzième long-métrage, le réalisateur le plus déjanté du cinéma espagnol a décidé de plonger en plein sabbat des sorcières au fin fond d’un lieu étrange couvant de terrifiants secrets : le village de Zugarramurdi. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ce nom barbare n’a pas été inventé par Alex de la Iglesia puisqu’il s’agit d’un site emblématique bien réel. « D’après de nombreux historiens, c’est dans ce village que sont nées la sorcellerie et la pratique du Salem, non seulement en Espagne mais probablement sur tout le continent européen », nous raconte le cinéaste. « Dans la grotte de Zugarramurdi se déroulaient des assemblées nocturnes de sorcières et de véritables orgies. J’ai toujours trouvé ça fascinant, et l’idée d’en tirer un film me trottait dans la tête depuis longtemps. » (1)

Les Sorcières de Zugarramurdi commence sur des chapeaux de roue en empruntant les atours d’un thriller au second degré. Deux hommes respectivement déguisés en Jesus Christ et en soldat profitent de l’affluence d’une place touristique de Madrid pour braquer un magasin d’or. Les choses tournent mal et les gangsters amateurs prennent la fuite avec la complicité involontaire d’un chauffeur de taxi. Ils comptent atteindre la France pour échapper à la police espagnole. Mais à l’approche de la frontière, ils se retrouvent dans le village de Zugarramurdi, repaire d’une famille de redoutables sorcières. Le basculement abrupt de l’intrigue pseudo-policière vers le pastiche débridé de cinéma d’horreur évoque la structure atypique d’Une Nuit en enfer, mais la comparaison s’arrête là. Car là où Robert Rodriguez se livrait à un simple défouloir gore et burlesque marchant allègrement sur les traces de Zombie et Braindead, Alex de la Iglesia laisse émerger derrière la fantaisie et le grain de folie de profondes réflexions sur la condition humaine et sur les relations complexes liant les deux sexes.

Misogyne ou féministe ?

De prime abord, Les Sorcières de Zugarramurdi semble être une œuvre résolument misogyne, dans la mesure où tous les personnages féminins y sont infréquentables : possessives, dominatrices, manipulatrices, voire psychopathes, satanistes et anthropophages ! Mais ce n’est qu’une façade trompeuse qui, paradoxalement, laisse au contraire s’exprimer une forme inattendue de féminisme. « Quand on y réfléchit, il est assez ridicule de taxer Les Sorcières de Zugarramurdi de misogynie », confirme le cinéaste. « En revanche, je peux y reconnaître une certaine forme de misanthropie. Je pense en réalité que les femmes sont supérieures aux hommes à tous points de vue et en sont conscientes. La femme se suffit à elle-même, alors que l’homme a besoin d’elle pour pouvoir exister. Les femmes vivent dans le présent, alors que les hommes sont terrorisés par les erreurs du passé et ont peur de les répéter dans le futur. L’égalité des sexes est donc un mensonge pur et dur. » (2) Pour donner corps à ces arguments de poids, Alex de la Iglesia convoque en fin de métrage une créature femelle monstrueuse qui nous offre un climax totalement délirant et clôt cette œuvre singulière sur un hommage aux films de monstres qui bercèrent l’enfance du réalisateur.

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 2013.

 

© Gilles Penso

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X-MEN : DAYS OF FUTURE PAST (2014)

L'ancienne et la nouvelle génération des X-Men cohabitent dans cet épisode mouvementé au scénario vertigineux

X-MEN DAYS OF FUTURE PAST

2014 – USA

Réalisé par Bryan Singer

Avec Hugh Jackman, James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Peter Dinklage, Patrick Stewart, Ian McKellen

THEMA SUPER-HEROS I MUTATIONS I SAGA X-MEN I MARVEL

Au sein de la saga protéiforme des X-Men, il est généralement admis que les épisodes les plus aboutis sont ceux réalisés par Bryan Singer (X-MenX-Men 2) et Matthew Vaughn (X-Men : le commencement). Savoir ces deux hommes impliqués ensemble dans X-Men Days of Future Past attisait logiquement tous les espoirs. Pressenti comme réalisateur du film, Vaughn céda finalement la place à Synger tout en conservant ses postes de co-scénariste et co-producteur.  X-Men Days of Future Past serait-il donc l’opus idéal, combinant les composantes des meilleurs chapitres qui le précédèrent ? C’est en tout cas le plus ambitieux de tous, multipliant jusqu’à l’étourdissement les enjeux dramatiques et entremêlant des séquences de suspense haletantes dans deux espaces temporels différents. Le concept, inspiré des comics de la série « Days of Future Past » conçue par Chris Claremont et John Byrne, repose en effet sur un voyage dans le temps aux répercussions planétaires.

Tout commence dans un futur apocalyptique où s’ébattent les derniers survivants d’une guerre n’ayant laissé aucun vainqueur. Humains et mutants s’y sont entredéchirés, tandis que les Sentinelles, de redoutables robots indestructibles, parachevaient le massacre. Réfugiés dans les cendres fumantes de ce que fut la civilisation, une dizaine d’X-Men va tenter une manœuvre désespérée pour sauver le monde : renvoyer l’un d’entre eux dans le passé pour empêcher Mystique d’assassiner un scientifique et enrayer ainsi la folle course à l’armement anti-mutant qui provoqua l’apocalypse. Wolverine se porte volontaire et se retrouve en 1973, avec comme mission délicate de réunir deux ennemis jurés : le professeur Xavier et Magneto. Si le postulat évoque Terminator, ce n’est pas un hasard. Bryan Singer s’est en effet longuement entretenu avec James Cameron avant d’attaquer le tournage pour échanger sur le thème des paradoxes temporels. Et l’on retrouve d’ailleurs plusieurs composantes du diptyque robotique de Cameron dans le prologue du film, notamment les montagnes de squelettes humains et les machines humanoïdes aux morphologies changeantes.

Réinventer le passé pour sauver le futur

Empruntant tour à tour les effets de style de l’épopée post-apocalyptique, du récit d’espionnage, du thriller politique, du « caper movie » et finalement très peu du film de super-héros traditionnel, X-Men Days of the Future Past collectionne les morceaux d’anthologie, le plus incroyable d’entre eux mettant en scène le mutant Quicksilver, tellement rapide dans ses déplacements que le monde autour de lui semble bouger mille fois plus lentement. Merveille de mise en scène, d’effets visuels et de chorégraphie, la séquence en question redéfinit radicalement le « bullet time » popularisé par Matrix (et employé avec tant de balourdise dans The Amazing Spider-Man 2). Mais les forces dramatiques ne se voilent jamais derrière la virtuosité technique. A ce titre, la première confrontation des jeunes Xavier et Magneto, toute en tensions exacerbées, constitue l’un des points culminants de cet exercice narratif vertigineux, à la fois séquelle de Wolverine : le Combat de l’Immortel et de X-Men : le commencement et préquelle du premier X-Men.

 

© Gilles Penso

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GODZILLA (2014)

Le jeune réalisateur britannique Gareth Edwards réinvente le Roi des Monstres avec une flamboyance qu'on n'espérait plus

GODZILLA

2014 – USA

Réalisé par Gareth Edwards

Avec Aaron Taylor-Johnson, Ken Watanabe, Elizabeth Olsen, Bryan Cranston, Juliette Binoche, Sally Hawkins, David Strathairn 

THEMA DINOSAURES I SAGA GODZILLA I MONSTERVERSE

Malgré l’échec cuisant du Godzilla hollywoodien réalisé par Roland Emmrich, la Toho confia à nouveau à un studio américain son monstre vedette pour célébrer ses 60 années de bons et loyaux services. Mais le projet partait cette fois avec deux atouts de taille : un producteur amoureux du genre, Thomas Tull (la trilogie Dark KnightMan of SteelPacific Rim), et surtout un réalisateur surdoué dont le premier long-métrage, Monsters, nous avait conquis par sa finesse et son intelligence. Verdict ? Affirmons-le sans entrave : Godzilla cru 2014 est une réussite exemplaire qui s’affirme haut la main comme l’un des meilleurs opus d’une saga qui compte pourtant une bonne trentaine d’épisodes. En dépit du budget colossal mis à sa disposition (200 fois plus important que celui de Monsters !), Gareth Edwards conserve intacts sa personnalité et surtout sa sensibilité. Ainsi ne se livre-t-il pas à la surexposition immédiate d’effets spéciaux spectaculaires. Ses monstres restent longtemps dans l’ombre, nimbés de mystère, pour mieux laisser l’imagination du spectateur vagabonder, et le récompenser enfin lorsqu’ils paraissent dans toute leur monstrueuse splendeur.

Maître dans l’art de la retenue, Edwards cultive le hors-champ avec une virtuosité d’autant plus grande qu’il s’agissait d’une démarche nécessaire sur son premier film, la faiblesse de ses moyens l’empêchant alors de trop montrer ses créatures. Ici, la nécessité est devenue parti pris, et l’on sent bien que le jeune cinéaste se laisse porter ouvertement par l’influence de Steven Spielberg. En ne montrant de Godzilla que ses crêtes dorsales surgissant des eaux, Edwards s’inspire évidemment de l’aileron du Grand Blanc des Dents de la mer. En optant pour le point de vue d’enfants coincés dans un bus scolaire sous la pluie battante, il revisite l’un des moments les plus forts de Jurassic Park. En nous livrant l’image surréaliste d’un navire échoué en pleine jungle, il évoque le bateau dans le désert de Rencontres du troisième type. En choisissant de placer sa caméra à hauteur humaine, quitte à ce que les belligérants géants soient difficiles à percevoir dans leur intégralité, il s’inscrit dans le sillage de La Guerre des mondes. Mais s’il reprend à son compte les figures de style de Spielberg (son personnage principal s’appelle même Brody, comme Roy Scheider dans Les Dents de la mer), c’est pour mieux les transcender à travers un style très personnel.

L'art de la retenue et du hors-champ

Les monstres eux-mêmes sont sublimes. Godzilla respecte la morphologie originelle de 1954 et se déchaîne dans des séquences délicieusement iconiques. Gareth Edwards respecte même l’idée de l’homme costumé inhérente à toutes les versions japonaises en anthropomorphisant la créature et en s’appuyant sur l’expertise du comédien Andy Serkis, expert en performance capture. Face à Godzilla, les terrifiants Mutos, mi-insectes mi-dinosaures, se livrent à des actes de destruction extrêmement spectaculaires, au sein de séquences d’action à couper le souffle. Certes, tout n’est pas parfait dans ce nouveau Godzilla. Les incohérences et les clichés s’y glissent par endroits. Mais ce ne sont que des détails, tant le film nous procure de plaisir et de sensations fortes. Cerise sur le gâteau : Alexandre Desplat nous offre une partition flamboyante et emphatique, ses cuivres vigoureux accompagnant pas à pas la plus belle échauffourée de monstres qu’on ait vue depuis bien longtemps.

 

© Gilles Penso

 

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MONSTERS (2010)

Un jeune couple à fleur de peau et des monstres titanesques se rencontrent dans ce premier long-métrage magistral

MONSTERS

2010 – GB

Réalisé par Gareth Edwards

Avec Scoot McNairy, Whitney Able, Mario Zuniga Benavides, Annalee Jeffries, Justin Hall, Ricky Catter, Paul Archer 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Monsters est une merveille, un film en état de grâce qui prit tout le monde par surprise, d’autant que son réalisateur, Gareth Edwards, était alors totalement inconnu du public. Sa maîtrise précoce des trucages numériques lui permit de faire ses premières armes à la télévision britannique, où ses talents profitèrent à une demi-douzaine de téléfilms, documentaires et séries. En 2009, Edwards décida de passer à la vitesse supérieure en se lançant dans un projet totalement insensé : mettre en chantier un long-métrage de science-fiction avec un budget de 800 000 dollars, une équipe réduite à sa plus simple expression et des décors naturels, et occuper lui-même tous les postes clefs : écriture, réalisation, direction artistique, photographie et effets spéciaux. Monsters aurait pu n’être qu’une bande démo de technicien surdoué ou un fan-film malin et opportuniste. Il n’en est rien. Son savoir-faire, le jeune cinéaste britannique le met tout entier au service de son récit initiatique et de ses personnages à fleur de peau. Filmé avec la sensibilité et le supplément d’âme des meilleurs longs-métrages indépendants de la nouvelle vague anglo-saxonne, Monsters porte un titre volontairement trompeur. Ici, les monstres ne sont que des figurants. C’est surtout l’homme qui nous intéresse. Et pour renforcer le naturalisme de son premier long-métrage, le cinéaste choisit comme acteurs principaux un véritable couple (Scoot McNairy et Whitney Able). L’audace du film repose donc principalement sur le décalage surprenant qui s’opère entre sa mise en forme minimaliste et son postulat de science-fiction pure et dure.

Un texte introductif nous annonce qu’après la chute en Amérique du Sud d’une sonde de la NASA contenant une forme de vie extraterrestre, des créatures gigantesques se sont multipliées dans un périmètre mis en quarantaine au sud de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Six ans plus tard, la menace n’a pas été éradiquée, et le photographe Andrew Kaulder est envoyé au cœur de cette zone hostile pour récupérer Samantha Wynden, la fille de son patron. Les moyens de rapatriement les moins dangereux n’étant plus disponibles, ils vont devoir s’enfoncer dans une jungle effrayante, tandis que partout rodent les créatures monstrueuses… 

Le monstre révèle l'homme

En constituant à lui seul le plus gros de son équipe technique, Gareth Edwards peut non seulement réduire les frais de son film mais aussi en garder le contrôle artistique total. Sans la pression d’un studio, il peaufine ainsi pendant un an ses effets visuels jusqu’à obtenir un résultat de très haute qualité. Extrêmement spectaculaires, les monstres du film restent pourtant très discrets à l’écran. Edwards pallie ainsi son maque de moyens par une gestion intelligente du hors champ, héritée du cinéma de Steven Spielberg (notamment des Dents de la merJurassic Park et La Guerre des Mondes). Tout en retenue, Monsters ménage ses effets pour mieux nous surprendre, porté par une bande originale envoûtante de Jon Hopkins. On sent bien, au fil de son découpage millimétré, que le filme marque les débuts d’un cinéaste extrêmement prometteur. La suite de la carrière d’Edwards confirmera tous les espoirs suscités par Monsters.

 

© Gilles Penso

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