LE MASQUE DE LA MORT ROUGE (1964)

La sixième et la plus luxueuse des adaptations d'Edgar Poe réalisées par Roger Corman, avec toujours Vincent Price en tête d'affiche

THE MASQUE OF THE RED DEATH

1964 – USA

Réalisé par Roger Corman

Avec Vincent Price, Hazel Court, Jane Asher, David Weston, Nigel Green, Patrick Magee, Paul Whitsun-Jones, Robert Brown  

THEMA MORT I SAGA EDGAR POE PAR ROGER CORMAN

Sixième adaptation d’Edgar Poe signée Roger Corman, Le Masque de la Mort Rouge est l’épisode le plus luxueux de toute la série, ne reculant ni devant les décors grandioses, ni devant les costumes magnifiques, ni même devant une abondante figuration. Le budget du film est pourtant sensiblement identique aux autres films du cycle, mais Corman s’est débrouillé pour lui donner un vrai panache. Si on ajoute à ces qualités formelles la finesse d’un scénario qui joue la carte de la satire sociale et s’inscrit en parabole de la lutte des classes, de la dictature et de la chute d’un empire décadent, on comprend que Le Masque de la Mort Rouge soit souvent considéré comme le meilleur film de la collection.

Avec une apparente délectation, Vincent Price incarne l’ignoble Prince Prospero, un riche châtelain chez qui le sadisme le dispute à la duplicité. Lorsque le film commence, il ordonne à ses hommes d’incendier le village de Cartania, car l’un des habitants a contracté la Mort Rouge. Prospero voue en effet une véritable phobie à cette peste sanglante, qu’Edgar Poe décrivait en ces termes : « C’étaient des douleurs aiguës, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l’être. Des taches pourpres sur le corps, et spécialement sur le visage de la victime, la mettaient au ban de l’humanité. » Persuadé d’être à l’abri dans son château, il y organise un grand bal masqué, prétexte à de nombreux jeux cruels dont il s’est fait une spécialité. Il oblige par exemple une paysanne à choisir entre la mort de son fiancé ou de son père, humilie ses convives en les forçant à imiter des animaux, et exécute d’un coup d’arbalète ceux qui demandent asile dans son château. A un seigneur qui l’accuse de corrompre les jeunes filles, il répond « je ne les corromps pas, je les instruis. »

La Faucheuse dans son manteau écarlate

Pour couronner le tout, Prospero est un adorateur de Satan, tout comme sa sœur Giuliana (Hazel Court) qui signe un pacte avec le diable. Elle se marque ainsi la poitrine au fer rouge avec une croix inversée, est en proie à des hallucinations où elle se voit sacrifiée au cours d’étranges rites païens, puis meurt brutalement au cours d’une scène choc dans laquelle un rapace la déchiquette à coup de bec. Le gore inhérent à pareille mise à mort est évacué au profit d’un montage des plus efficaces. Le fait est que la Mort Rouge elle-même a décidé de jouer un tour à Prospero et de le prendre à son propre piège. Ainsi, alors qu’il se croit hors de portée de la terrible maladie, celle-ci s’infiltre parmi ses invités sous forme d’un étrange personnage en habit écarlate… A la mise en scène élégante de Roger Corman et au scénario millimétré de Charles Beaumont et Wright Campbell viennent s’ajouter de savoureux dialogues et une musique de David Lee qui joue la carte de la variété, alternant ritournelles médiévales, valses viennoises et mélopées tribales influencées par Igor Stravinsky et son incontournable « Sacre du Printemps ». L’épilogue, cynique et poétique, voit la mort arpenter les bois nocturnes sous la forme inattendue d’une dizaine de silhouettes arborant des habits aux couleurs différentes, chacune symbolisant un moyen inéluctable pour mettre fin aux jours des humains.

 

© Gilles Penso

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L’EMPIRE DE LA TERREUR (1962)

Seul film à sketches du cycle d'adaptations d'Edgar Poe que Roger Corman signa dans les années 60, L'Empire de la terreur offre trois rôles distincts à Vincent Price

TALES OF TERROR

1962 – USA

Réalisé par Roger Corman

Avec Vincent Price, Peter Lorre, Basil Rathbone, Maggie Pierce, Leona Gage, Joyce Jameson, Debra Paget, David Frankham 

THEMA FANTÔMES I MAMMIFERES I ZOMBIES I SAGA EDGAR POE PAR ROGER CORMAN

Pour sa quatrième adaptation des écrits d’Edgar Poe, Roger Corman a opté pour la structure d’un film à sketches. L’idée est excellente, car l’un des rares reproches qu’on pourrait faire aux trois films précédents est leur rythme un peu lent, étirant parfois à l’extrême des intrigues qu’une demi-heure aurait souvent suffi à raconter. De fait, L’Empire de la terreur est l’un des meilleurs films de cette mémorable collection. Cet extraordinaire triptyque est dominé par le talent de Vincent Price, campant trois personnages aussi dissemblables que faire se peut, et entouré d’un casting de haut niveau. Le premier sketch s’inspire très vaguement de la nouvelle « Morella ». Price y incarne le taciturne Locke. Depuis le trépas de sa femme, il y a vingt-six ans, il a sombré dans l’alcoolisme et rend sa fille Lenora responsable de cette mort. Lorsque celle-ci lui rend visite dans son immense demeure abandonnée aux toiles d’araignées, autant dire qu’elle reçoit un accueil glacial. Une nuit, Lenora découvre le corps momifié de sa mère, que Locke n’a pu se résoudre à enterrer. L’esprit de Morella prend possession dès lors de Lenora… Au-delà de la nouvelle « Morella », le récit semble aussi puiser son inspiration dans « Ligeia » et évoque surtout La Chute de la maison Usher que réalisa Corman deux ans plus tôt. Le personnage joué par Price, les décors et le dénouement incandescent y ressemblent étonnamment.

La deuxième histoire adapte avec pas mal de libertés « Le Chat Noir » en y greffant surtout des éléments de « La Barrique d’Amontillado ». Cette fois-ci, Price est l’aristocrate caricatural Fortunato Luchresi, qui séduit l’épouse de Montresor, un incorrigible alcoolique auquel l’excellent Peter Lorre prête ses traits arrondis et son regard fou. Lorsqu’il découvre le pot aux roses, Montresor fomente une cruelle vengeance. Son plan semble parfait, mais c’était sans compter sur le chat noir de son épouse… L’ensemble du sketch baigne dans un humour noir omniprésent, et la scène des goûteurs de vin, notamment, est un sommet de dérision jubilatoire, porté par les dialogues brillants de Richard Matheson.

« Une abominable putréfaction »

Le dernier conte revient à un ton sérieux, reprenant la trame de « la Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar » en y ajoutant un chantage machiavélique. Ici, Price est un vieillard à l’article de la mort. Pour repousser l’instant fatidique et chasser la douleur, il a eu recours aux services du docteur Carmichael, un hypnotiseur qui l’a plongé dans une transe le laissant ni mort, ni vivant. Carmichael, interprété par un Basil Rathbone au regard libidineux et dégoulinant de duplicité, profite de la situation pour réclamer les faveurs de l’épouse de Valdemar. Mais celui-ci revient d’entre les morts, sous forme d’un zombie vengeur, et s’en prend au sinistre hypnotiseur. Le final plonge dans l’horreur grand-guignolesque, le corps tout entier de Valdemar se décomposant en accéléré pour ne devenir qu’un immonde amas d’os et de chairs liquéfiées, une vision de cauchemar qui renvoie directement aux mots qu’Edgar Poe emploie pour achever cette nouvelle : « Sur le lit, devant tous les témoins, gisait une masse dégoûtante et quasi liquide, – une abominable putréfaction. »

 

© Gilles Penso

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PLANETE INTERDITE (1956)

Cet incontournable classique du cinéma de science-fiction transpose dans l'espace La Tempête de William Shakespeare

FORBIDDEN PLANET

1956 – USA

Réalisé par Fred McLeod Wilcox

Avec Walter Pidgeon, Anne Francis, Leslie Nielsen, Warren Stevens, Jack Kelly, Richard Anderson, Earl Holliman 

THEMA SPACE OPERA I ROBOTS

Planète Interdite n’est pas un film de science-fiction comme les autres. Les années 50 étaient fort propices au genre et nous offrirent de nombreux classiques depuis le début de la décennie, mais celui-ci possède une aura toute particulière. L’une de ses singularités repose sur sa convocation des classiques de la littérature et des mythes antiques. Car le scénario du film, audacieux, recycle plusieurs motifs mythologiques (on y cite Bellerophon et la Gorgone) et transpose dans l’espace la trame de la pièce « La Tempête » de William Shakespeare. Dans le texte poétique du célèbre dramaturge, le duc Prospero était isolé avec sa fille Miranda sur une île déserte et pratiquait la magie grâce aux ouvrages en sa possession. Lorsque trois naufragés s’échouaient sur l’île, Prospero les soumettait à une série d’épreuves initiatiques. Dans le film de Fred McLeod Wilcox, le duc et sa fille se nomment désormais Morbius et Altaira, l’île s’est muée en planète Altaïr IV, et les naufragés sont les membres d’un équipage spatial venu explorer les lieux.

Le scénario de Cyril Hume se plaît à maintenir jusqu’au bout le parallèle avec l’œuvre de Shakespeare, jusque dans ses répercussions psychanalytiques et métaphysiques les plus profondes. Ainsi, sous ses allures de série B de SF délicieusement pulp, colorée et exubérante (son poster est devenu un archétype du genre), Planète Interdite nous propose d’explorer les recoins de la nature humaine. Même Robbie le Robot, figure désormais incontournable de la culture populaire, révèle sous ses apparences de sympathique tas de boulons aux pouvoirs quasi-illimités une filiation avec Ariel, l’esprit de l’air et de la vie décrit dans « La Tempête ». A l’opposé, le terrifiant « Monstre de l’Id » qui attaque l’équipage en pleine nuit (superbement animé en rotoscopie par Joshua Meador, transfuge des studios Disney) est le double science-fictionnel de Caliban, entité négative rattachée aux ténèbres et à la mort.

Une aventure psychanalytique

Sans cesse, le Ça, le Moi et le Surmoi chers à la psychanalyse sont ainsi sollicités au fil du récit, comme en témoigne Morbius qui décrit les créatures maléfiques et invisibles errant sur Altaïr comme des manifestations bestiales et primitives du subconscient, assoiffées de vengeance, de mort et de destruction. La grande force de Planète Interdite est de parvenir à conserver malgré ses hautes ambitions thématiques un aspect distrayant et récréatif, à travers ses superbes effets visuels supervisés par A. Arnold Gillespie, ses magnifiques décors de studio édifiés là où s’étendaient jadis ceux du Magicien d’Oz, sa ravissante et unique protagoniste féminine campée avec ingénuité par Anne Francis, son fier chef d’équipage qu’un Leslie Nielsen pas encore cantonné au registre parodique incarne avec beaucoup d’aplomb, ou encore sa bande son électronique très avant-gardiste signée par les époux Louis et Bebe Barron. Planète Interdite fera beaucoup d’émules. Plusieurs épisodes de La Quatrième dimension recycleront certains de ses accessoires (la soucoupe volante, les uniformes spatiaux et même Robbie). Quant à Gene Roddenberry, il y puisera l’une des sources d’inspiration majeures de la série Star Trek.  

 

© Gilles Penso

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WORLD WAR Z (2013)

WORLD WAR Z

Brad Pitt affronte des hordes de zombies dans un film ultra-spectaculaire à défaut d'être cohérent

WORLD WAR Z

2013 – USA

Réalisé par Marc Forster

Avec Brad Pitt, Mireille Enos, Daniella Kertesz, James Badge Dale, Ludi Boeken, Matthew Fox, Fana Mokoena, David Morse 

THEMA ZOMBIES

Quand on est le fils de Mel Brooks et d’Anne Bancroft, il n’est pas évident d’affirmer sa propre personnalité sans être à l’ombre de ses prestigieux géniteurs. A travers deux ouvrages atypiques détournant le motif de l’invasion de morts-vivants, Max Brooks s’est pourtant fait un prénom et a su rencontrer le succès. Après un faux manuel pratique, « Guide de Survie en Territoire Zombie » (2003), il imagine avec « World War Z » (2009) une guerre mondiale entre humains et zombies narrée par plusieurs témoins du drame. Sous la houlette du studio Paramount, Brad Pitt, Dede Gardner et Jeremy Kleiner, associés au sein de la compagnie de production Plan B, confient à Marc Forster l’adaptation de « World War Z », et décident d’abandonner la narration à la première personne pour une structure plus classique. Les premières scènes nous révèlent le quotidien de Gerry Lane (Brad Pitt), ancien enquêteur des Nations Unies désormais homme au foyer soucieux de prendre soin de son épouse et de ses deux filles. La petite famille se retrouve bientôt bloquée dans un embouteillage, en plein centre de Philadelphie. L’attente dure, quelques clameurs étranges retentissent, des motos se faufilent nerveusement entre les voitures… Et puis soudain, c’est le chaos : une explosion, un carambolage spectaculaire, prélude à l’horreur massive.

Lorsque la caméra s’élève pour nous révéler des milliers de zombies arpentant les rues embouteillées en quête de chair fraiche, au milieu des flammes et de la panique, le vertige nous prend. World War Z accumule ainsi les séquences dantesques. Point d’orgue de cette démesure : des milliers de zombies qui grimpent les uns sur les autres pour constituer une titanesque pyramide grouillante partant à l’assaut des plus hautes murailles, voire des hélicoptères en plein vol !  Ici, la nature des créatures semble hybride. Les esprits cartésiens se réfèrent à la propagation d’un virus, mais les causes surnaturelles ne sont pas écartées. A l’avenant, les monstres empruntent tour à tour les deux attitudes qu’on attribue respectivement aux morts-vivants et aux infectés. Lorsqu’ils sont « au repos », sans stimulation particulière, ils traînent la patte en gémissant mollement, comme chez George Romero. Mais si une victime potentielle titille leurs tympans, leur rythme s’accélère brusquement et ils s’avèrent capables de folles acrobaties.

Aux premières loges du chaos

On peut regretter que World War Z, évacue toute séquence gore au profit d’une action soutenue, sans doute pour toucher un large public. Mais le défaut principal du film réside dans ses incohérences scénaristiques. En choisissant des centaines de points de vue différents, l’écrivain nous proposait d’appréhender la situation dans sa globalité. Mais les scénaristes ont opté pour un seul protagoniste. Du coup, c’est à lui que tout arrive, de manière parfois assez invraisemblable. Il est aux premières loges des débuts de l’infection, assiste en direct au renversement d’une cité jusqu’alors parfaitement protégée, survit par miracle à un crash aérien et trouve tout seul la solution pour éradiquer le fléau. Malgré le charisme de Brad Pitt, une telle accumulation de coïncidences est un peu difficile à avaler, et gâche un peu le plaisir d’un spectacle qui, par ailleurs, s’avère particulièrement généreux.

 

© Gilles Penso 

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MAN OF STEEL (2013)

Christopher Nolan producteur et Zack Snyder réalisateur s'associent pour réinventer les aventures de Superman

MAN OF STEEL

2013 – USA

Réalisé par Zack Snyder

Avec Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Diane Lane, Russell Crowe, Kevin Costner, Antje Traue, Richard Schiff

THEMA SUPER-HEROS EXTRA-TERRESTRES I SAGA SUPERMAN I DC COMICS

Si les nostalgiques de l’époque Christopher Reeve avaient su trouver du charme au Superman Returns de Bryan Singer, inscrit dans la continuité des productions Salkind, le grand public avait un peu boudé cette suite/remake sans doute trop « old school » à leur goût. Le surhomme créé par Shuster et Spiegel méritait sans doute une relecture plus moderne et plus musclée. Le succès de la trilogie Dark Knight convainquit logiquement le studio Warner de confier les rênes d’un nouveau Superman à Christopher Nolan. Ce dernier, après avoir développé le scénario avec David S. Goyer, passa le relais au réalisateur Zack Snyder. Une telle conjonction de talents attisa bien vite les fantasmes de tous les fans de comics. Malheureusement, les personnalités fortes de Nolan et Snyder, au lieu de se compléter, se bousculent ici sans parvenir à doter le film de cohérence et d’unité.

A force de vouloir échapper à la structure narrative établie par Richard Donner, le scénario se prive d’un élément crucial : l’identification au personnage principal. Au lieu de nous décrire l’enfance de Clark Kent, la découverte de ses pouvoirs, les affres du déracinement conséquentes à la révélation de ses origines, et enfin sa prise de responsabilité en tant que défenseur de l’humanité, Man of Steel opte pour le flash-back non chronologique. Ce choix s’avère frustrant, et les brèves tranches de vie que Snyder brosse entre Clark et son père adoptif (Kevin Costner) figurent parmi les seules scènes émouvantes du film, laissant entrevoir la belle épopée tragique que Man of Steel aurait pu – aurait dû – être. Or sans empathie, sans affect, le dernier long-métrage de Zack Snyder perd une grande partie de son intérêt. D’autant que – travers habituel des scénarios de Nolan – le traitement du personnage féminin principal laisse particulièrement à désirer. Artificiellement intégrée dans les péripéties principales, Loïs Lane promène avec nonchalance sa silhouette sans jamais justifier sa terne présence. Pire : les dialogues s’encombrent parfois d’explications laborieuses pour justifier son intervention en des lieux où elle n’a logiquement rien à faire (la banquise, l’avion, le vaisseau de Zod).

Kal-El : un nouveau Jesus Christ ?

La gestion des séquences d’action s’avère tout autant problématique. Soucieux d’en mettre plein la vue aux spectateurs – et accessoirement de battre sur leur propre terrain les productions Marvel – Snyder joue la carte de la surenchère jusqu’à l’overdose. Au cœur de l’affrontement musclé entre Superman et le grimaçant Zod, les immeubles de Metropolis s’effondrent par centaines, les déflagrations s’enchaînent sans discontinuer, des milliers de véhicules voltigent dans les airs, les destructions n’en finissent plus, le tout aux accents d’une partition assourdissante d’Hans Zimmer qui finit par annihiler nos sens. En musique comme au cinéma, une explosion a d’autant plus d’impact qu’elle est précédée et suivie par une accalmie. Or ici le silence n’a pas sa place, et l’absence de dynamique rend rapidement indigeste cette exubérance pyrotechnique (exubérance que le long prologue kryptonien, aux designs rétro-futuristes façon La Menace Fantôme et aux prises de vues accidentées à la manière d’Avatar, laissait d’emblée entrevoir). Dommage, car les effets visuels s’avèrent souvent étourdissant, notamment lorsqu’il s’agit de décrire les envolées supersoniques de l’homme d’acier et les combats menés par des belligérants tellement rapides que la nature de leurs actions échappe aux perceptions des humains. Mais la finesse n’est pas de mise, et le parallélisme établi entre Kal-El et Jésus Christ – un comble pour ce héros inspiré à l’origine par Moïse ! – n’arrange rien.

 

© Gilles Penso

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LES MONSTRES SONT TOUJOURS VIVANTS (1978)

Le bébé monstre de Larry Cohen ayant connu un certain succès, le cinéaste décide d'agrandir la famille…

IT LIVES AGAIN

1978 – USA

Réalisé par Larry Cohen

Avec Frederic ForrestKathleen LloydJohn P. RyanJohn MarleyAndrew Duggan, Eddie Constantine, James Dixon, Melissa Inger 

THEMA ENFANTS I SAGA LE MONSTRE EST VIVANT

Le succès du Monstre est vivant poussa tout naturellement Larry Cohen à en signer une séquelle, mais pour cet inventif cinéaste, il n’était pas question de se laisser aller à la redite. L’effet de surprise étant passé, l’épouvante cède ici le pas au drame humain. Du coup, si Les Monstres Sont Toujours Vivants ne fait jamais vraiment peur, il développe et enrichit avec beaucoup d’intérêt les thématiques mises en place dans l’épisode précédent. Au moment du prologue, servi par le jeu très convaincant des comédiens, Frank Davis (John Ryan), héros du premier film, met en garde un jeune couple qui attend un enfant, Eugene et Jody Scott (Frederic Forrest et Kathleen Lloyd). Selon lui, ils s’apprêtent à donner naissance à un bébé mutant comme celui qu’il engendra lui-même avec son épouse. Tour à tour incrédules, révoltés, horrifiés et désorientés, les futurs parents ne savent comment accueillir un tel avertissement. Or les dires de Davis s’avèrent fondés. Ce dernier s’est rallié à la cause d’un groupe de scientifiques persuadés qu’il faut sauvegarder ces bébés d’un nouveau genre, qui pourraient bien représenter le prochain stade de l’évolution humaine. Mais le docteur Mallory (John Marley), pour sa part, a des théories plus expéditives. Pour lui, tous ces monstres doivent être exterminés au plus vite. Alors que le couple Scott, guidé par Davis, tente d’échapper aux sbires de Mallory, la jeune femme s’apprête à accoucher de son monstrueux rejeton…

Si le maquilleur Rick Baker a sensiblement amélioré ses techniques de création des bébés carnassiers, respectant les indications de Larry Cohen qui les imagine comme un croisement entre un loup et le fœtus de 2001 l’Odyssée de l’Espace, ces derniers demeurent toujours discrets à l’image. Leur efficacité en est accrue, d’autant qu’ici ils sont au nombre de trois, deux mâles et une femelle. Plus profond qu’il n’en a l’air, le scénario des Monstres sont Toujours Vivants pose en substance la question de l’anormalité et de la tolérance. La violence des adultes engendre celle des bébés mutants, et l’amour semble bien être l’unique solution. Evidemment, le couple du film finit par se déchirer face à l’annonce d’une naissance monstrueuse, d’autant que la belle-mère n’hésite pas à mettre son grain de sel : « il n’y a jamais eu de problème dans notre famille, ça doit venir de lui ! »

Le choc des générations

La discorde qui divise la fille et sa mère trouve bientôt écho dans le conflit opposant la jeune maman et son bébé difforme. Le choc des générations est donc également au cœur du récit. Pour étayer son propos, Larry Cohen accumule les images insolites, comme la salle d’accouchement envahie par des policiers, l’obstétricien dissimulant parmi ses instruments un pistolet chargé, ou encore le panneau « Drive Carefuly – Children at play » accroché à l’entrée du laboratoire où les médecins s’efforcent de maintenir en vie les bébés mutants. Bernard Herrmann ayant passé l’arme à gauche, c’est le compositeur Laurie Johnson, qui se charge ici de reprendre et de compléter la partition qu’il avait écrite pour Le Monstre est vivant. En 1987, Cohen réalisera une nouvelle séquelle, La Vengeance des Monstres.

© Gilles Penso

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DESTINATION LUNE (1950)

Produite par George Pal et tirée d'un récit de Robert Heinlein, cette aventure spatiale joue la carte de l'hyper-réalisme

DESTINATION MOON

1950 – USA

Réalisé par Irving Pichel

Avec John Archer, Warner Anderson, Tom Powers, Dick Wesson, Erin O’Brien-Moore, Everett Glass, Ted Warde   

THEMA SPACE OPERA

L’influence de l’auteur de science-fiction Robert Heinlein sur l’imaginaire collectif est considérable, au point que de nombreuses membres la NASA avouent avoir opté pour une filière scientifique après avoir lu les romans pour adolescents qu’il écrivit entre 1947 et 1958. C’est justement l’un de ces récits d’aventure spatiale qui servit d’inspiration à Destination Lune, et dont Heinlein lui-même signa l’adaptation avec Alford Van Ronkel et James O’Hanlon. Réalisé par Irving Pichel (qui s’était distingué en co-réalisant  Les Chasses du Comte Zaroff) et produit par George Pal (futur spécialiste de la SF à grand spectacle), Destination Lune se distingue par son approche ultra-réaliste, la plupart des spécialistes le considérant comme le premier long-métrage de « hard science ». Sous les conseils techniques de l’aéronaute allemand Hermann Oberth, le film annonce avec presque vingt ans d’avance le premier voyage habité vers notre satellite. Les scènes d’apesanteur, les combinaisons des astronautes et même le drapeau américain planté sur le sol rocailleux s’avèrent étonnamment prophétiques.

Nous sommes au début des années cinquante, et la première fusée américaine est lancée après quatre ans de recherches et de travail acharné. Mais l’opération est un fiasco et l’engin se crashe dès son décollage. Le gouvernement US refuse d’en rester là. En pleine tension Est-Ouest, la conquête spatiale est un enjeu politique trop important. Le général Thayer demande donc au professeur Cargraves de superviser la construction d’une nouvelle fusée à propulsion nucléaire en partance pour la Lune. Pour financer un tel chantier, de grands industriels du secteur privé sont sollicités. L’opinion publique salue l’élan patriotique, mais s’affole des risques potentiels de contamination radioactive. La mise en pratique du projet n’est donc pas une partie de plaisir, mais c’est lorsque les quatre astronautes s’élancent enfin vers la Lune que les vrais dangers commencent… 

« This is the end of the beginning »

Destination Lune aurait pu n’être qu’une espèce de docu-fiction un peu rébarbative et glaciale, mais le scénario sait éviter cet écueil, alignant les séquences de suspense haletantes (le sauvetage à flanc d’astronef, les ultimes rebondissements à la surface de la Lune) et sollicitant même Woody Woodpeker le temps d’un dessin animé ludique racontant aux financiers de l’expédition – et surtout aux spectateurs – le fonctionnement de la fusée (une idée que Steven Spielberg recyclera pour expliquer le principe du clonage dans Jurassic Park). Le film est servi par des effets spéciaux remarquables supervisés par Lee Zavitz, maître d’œuvre des trucages d’Autant en Emporte le Vent. Maquettes, pyrotechnie, peintures, animation, tous les moyens sont bons pour porter à l’écran cette épique odyssée lunaire. Zavitz remportera l’Oscar des effets spéciaux, Hergé s’inspirera largement du film pour concevoir le diptyque « Objectif Lune » et « On a Marché sur la Lune », et Stanley Kubrick lui-même s’appuiera sur la voie ouverte par George Pal et Irving Pichel pour concrétiser 2001 l’Odyssée de l’Espace. C’est dire l’importance de ce space opera hyperréaliste qui s’achève sur les mots suivants : « This is the End of the Beginning ».

 

© Gilles Penso

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LA BEAUTÉ DU DIABLE (1949)

Gérard Philipe et Michel Simon jouent à tour de rôle Faust et le Diable dans ce conte fantastique dirigé de main de maître par René Clair

LA BEAUTÉ DU DIABLE

1949 – FRANCE / ITALIE

Réalisé par René Clair

Avec Michel Simon, Gérard Philipe, Nicole Besnard, Simone Valère, Gaston Modot, Paolo Stoppa, Raymond Cordy

THEMA DIABLE ET DEMONS

« Une tragi-comédie écrite par René Clair et Armand Salacrou et réalisée par René Clair d’après la légende de Faust, l’homme qui vendit son âme au diable. » C’est en ces termes que le projet de La Beauté du Diable, imaginé par le réalisateur de C’est arrivé demain à la fin des années 40, s’annonce au cours du générique qui ouvre le film. Nous sommes en Italie, au milieu du 19ème siècle. Le vieux professeur Henri Faust (Michel Simon), est célébré pour les cinquante années de bons et loyaux services qu’il a dédiés à la science. Certes, il n’a jamais vraiment percé les secrets de la nature, ni assouvi son vieux rêve d’alchimiste qui consistait à changer le sable en or. Mais ses travaux sont salués dans toute la ville, et des centaines d’étudiants assistent à son jubilé. L’un d’entre eux, un peu en retrait, regarde le savant d’un œil cynique. Et pour cause : il s’agit de Méphistophélès (Gérard Philipe), venu lui offrir une seconde jeunesse. Faust n’est pas dupe, et sait bien qu’un mauvais tour se cache derrière cette proposition alléchante. Mais l’envoyé de Lucifer ne lui propose aucun contrat, simplement un échantillon de ce que serait sa vie s’il la recommençait dans la vigueur et l’insouciance. Bien sûr, le vénérable scientifique se laisse tenter, et l’une des meilleures idées du film crève alors l’écran : comme si Clair nous offrait une relecture surprenante de « L’étrange cas du docteur Jekyll et de Mister Hyde », les rôles s’inversent. Ce bon vieux Michel Simon endosse dès lors la défroque du démon sournois, tandis que le juvénile Gérard Philipe devient un Faust revenu au printemps de son existence.

Dans les spacieux plateaux de Cinecitta, le cinéaste et son chef décorateur Léon Barsacq (Les Enfants du Paradis) édifient bon nombre de décors volontairement déconnectés d’une réalité trop brute, comme le palais princier de la ville, le laboratoire où Faust et Méphisto fabriquent de l’or ou encore l’immense atelier dans lequel ils imaginent des inventions visionnaires. Volontairement, Clair se positionne un peu à contrecourant du style visuel des années 40, son œuvre ayant plutôt le parfum de celles d’avant-guerre et empruntant plusieurs de ses effets au théâtre. Gérard Philipe lui-même, avec sa voix fluette et son jeu outré, semble échappé des planches et rattrape par son magnétisme angélique une prestation sans doute trop maniérée. Quant à Michel Simon, il n’évite pas le cabotinage et ricane plus que de raison, mais comment résister à un tel abatage ?

Quand le théâtre et le cinéma fusionnent

Finalement, c’est lorsque la machinerie théâtrale et le langage cinématographique fusionnent que La Beauté du Diable fascine le plus. Quand le décor du palais s’efface derrière Méphisto pour se muer en canal désaffecté, ou quand un grand miroir révèle à Faust les événements qui se produiront dans le futur, une magie indéniable irradie le métrage. Et lorsque les fumigènes s’élèvent dans les cieux noircissant pour évoquer la présence du Malin, c’est l’âme de Georges Méliès qui emplit l’écran. La Beauté du Diable est donc une œuvre atemporelle à cheval entre plusieurs courants stylistiques, à l’image de son duo d’acteurs incarnant à merveille le choc de deux générations et de deux époques qui d’ordinaire se tournent le dos.

© Gilles Penso 

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DEUX NIGAUDS CONTRE FRANKENSTEIN (1948)

En fin de course chez Universal, le monstre de Frankenstein devient l'objet central d'une parodie menée par Bud Abbott et Lou Costello

ABBOTT AND COSTELLO MEET FRANKENSTEIN

1948 – USA

Réalisé par Charles T. Barton

Avec Bud Abbot, Lou Costello, Glenn Strange, Lon Chaney Jr, Bela Lugosi, Lenore Aubert, Joan Randolph, Vincent Price

THEMA FRANKENSTEIN I DRACULA I LOUPS-GAROUS I HOMMES INVISIBLES  I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Étant donnée la tournure que prenait la série des Frankenstein d’Universal au milieu des années 40, sous l’impulsion du cinéaste Erle C. Kenton, la progression logique du mythe était la parodie. D’où la mise en chantier de Deux Nigauds contre Frankenstein. Les nigauds en question, Bud Abbott et Lou Costello, étaient des sortes de Laurel et Hardy très populaires dans les années 40 et 50. La décision de mixer le duo comique avec les grands monstres classiques ne fut sans doute pas facile à prendre, et le résultat aurait pu n’être qu’un navrant patchwork, témoignage embarrassant de la perte d’inspiration des producteurs et des scénaristes du studio. Mais ce crossover improbable s’avère étrangement cohérent, marquant le début d’une nouvelle série au cours de laquelle Abbott et Costello rencontreront notamment l’homme invisible, Docteur Jekyll et Mister Hyde et la Momie.

Dans ce premier épisode, nos deux nigauds incarnent Wilbur Gray et Chick Young, des livreurs maladroits chargés de transporter deux boîtes imposantes dans un musée de cire. Bientôt, ils réalisent qu’il s’agit en réalité des cercueils de Dracula (Bela Lugosi en personne, reprenant le rôle qu’il avait créé 17 ans plus tôt !) et du monstre de Frankenstein (Glenn Strange, pour la troisième fois consécutive). Allié à une scientifique démente (Lenore Aubert), le baron vampire veut utiliser le cerveau de Wilbur pour redonner vie au monstre. Le loup-garou Larry Talbot (l’indéboulonnable Lon Chaney Jr) et Chick vont tenter de l’en empêcher, et les péripéties saugrenues de s’enchaîner dès lors à tour de bras. Lors du final, notre duo s’échappe sur une barque au beau milieu de l’océan et rencontre l’homme invisible en personne, à qui Vincent Price prête sa superbe voix, comme il le fit huit ans plus tôt dans Le Retour de l’Homme Invisible.

Les adieux de Frankenstein, Dracula et le Loup-Garou

Jack Pierce ayant quitté le studio, c’est Bud Westmore et Jack Kevan, futurs créateurs de L’Etrange Créature du Lac Noir, qui reproduisent avec talent tous les maquillages monstrueux. Quant aux séquences d’animation montrant Dracula se muant en chauve-souris, elles sont l’œuvre de Walter Lantz, créateur du célèbre Woddy Woodpecker. La parodie est d’autant plus réussie que les scènes d’épouvante sont traitées aussi soigneusement que dans les œuvres précédentes du studio. Deux Nigauds contre Frankenstein sonne le glas définitif de la série, le Monstre de Frankenstein, Dracula et le Loup-Garou faisant là leurs adieux aux studios Universal… Jusqu’à ce que Stephen Sommer ne les ressuscite cinquante-six ans plus tard dans Van Helsing. Même s’il n’apparaît pas dans le film, Boris Karloff accepta de se prêter à quelques photographies publicitaires au moment de la sortie du film. De fait, Deux Nigauds contre Frankenstein remporta un très grand succès, preuve que les grands monstres Universal faisaient toujours recette, même sous le jour de la farce potache.
 

© Gilles Penso

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L’AVENTURE DE MADAME MUIR (1947)

Une jeune veuve s'installe dans une maison au bord de mer sans se douter qu'elle s'apprête à vivre une romance… d'outre-tombe

THE GHOST AND MRS MUIR

1947 – USA

Réalisé par Joseph L. Mankiewicz

Avec Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders, Edna Best, Natalie Wood, Vanessa Brown, Anna Lee, Robert Coote

THEMA FANTÔMES

L’Aventure de Madame Muir marque une date importante dans l’histoire des films de fantômes dans la mesure où il s’instaure comme l’ancêtre de toutes les comédies romantiques qui lient humains et ectoplasmes, de Truly Madly Deeply à Et si c’était vrai en passant par Pandora et Histoires de fantômes chinois. Cinquième long-métrage d’un cinéaste qui allait également marquer les mémoires avec Cléopâtre et Le LimierL’Aventure de Madame Muir s’inspire d’un roman de R.A. Dick. Nous sommes au début du siècle, et une jeune veuve, Lucy Muir, décide de fuir sa belle-mère et sa belle-sœur envahissantes pour partir vivre dans une maison au bord de la mer avec sa fille Anna et sa gouvernante Martha (une confidente prude, curieuse et indiscrète, mais qui fait partie de la famille).

Magnifique, le visage angélique et le regard troublant, Gene Tierney emporte immédiatement l’adhésion du spectateur, et son personnage pivot permettra aux autres protagonistes du film, souvent hauts en couleur, de s’exprimer à travers elle. C’est le cas de Monsieur Coombes, un agent immobilier maniéré et savoureux qui déconseille vivement à la jolie veuve de s’installer dans cette demeure qu’on prétend hantée. En effet, l’ancien propriétaire des lieux, le capitaine Daniel Craigg, vient bientôt rendre visite à Lucy. Sa première apparition est un faux-semblant, puisque le visage lumineux du vieux briscard, qui semble flotter dans la pénombre du salon, appartient en fait à un grand tableau grandeur nature. Les apparitions du fantôme sont volontairement traitées sans effets spéciaux, la lumière et les cadrages induisant le caractère surnaturel tout en subtilité.

Un triangle amoureux surnaturel

Assez étrangement, Madame Muir ne s’inquiète pas outre mesure de voir un spectre hanter sa demeure, pas plus qu’elle ne s’en étonne. Car ici, le fantastique n’entre pas en rupture violente avec le réel. Il fait partie de la vie et on l’accepte. « Je suis réel parce que vous y croyez », déclarera Craigg à la jolie veuve. « Et je le serai tant que vous continuerez à y croire. » Peu à peu, une romance platonique va s’instaurer entre la femme et le défunt marin. Bientôt à cours d’argent, Lucy refuse malgré tout de se réinstaller chez son antipathique belle-famille. Craigg lui propose alors une solution : lui dicter un roman d’aventure autobiographique et le faire publier. Elle trouve en effet un éditeur enthousiaste, l’excentrique Sproule, ainsi qu’un séduisant écrivain, Miles Fairley, qui n’est pas insensible à ses charmes. Un triangle amoureux surnaturel s’installe alors, nous offrant d’excellentes joutes verbales entre Craigg et Lucy. « Vous n’êtes qu’un esprit » lui lance-t-elle. « Et lui n’est qu’un corps ! » rétorque-t-il. L’Aventure de Madame Muir est donc un vrai délice, dont l’écriture et la mise en forme témoignent d’une minutie et d’un perfectionnisme hors pair. La bande originale de Bernard Herrmann, moins tourmentée qu’à l’accoutumée, se met au diapason du film, privilégiant la comédie et la romance au fantastique. Quant au dénouement, il s’avère mélancolique, véhiculant des émotions à mi-chemin entre la joie et la tristesse, et ouvre une porte (au sens propre comme au sens figuré) vers un au-delà plein de mystère et de promesses. 

© Gilles Penso

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