Z NATION (2014-2018)

Non contente de plagier les grands succès cinématographiques, la compagnie The Asylum s’attaque aux séries avec cette variante de Walking Dead…

Z NATION

 

2014/2018 – USA

 

Créée par Karl Schaefer et Craig Engler

 

Avec Kellita Smith, DJ Qualls, Michael Welch, Keith Allan, Anastasia Baranova, Russell Hodgkinson, Pisay Pao, Nat Zang, Tom Everett Scott, Harold Perrineau

 

THEMA ZOMBIES

Quand on regarde les premiers épisodes de la saison 1 de la série Z Nation produite par la société de production The Asylum, qui nous a déjà offert les décalés, délirants et forcément cultissimes épisodes de la saga Sharknado, on ne peut pas s’empêcher de comparer la trame principale avec le fameux show à succès zombiesque The Walking Dead diffusé sur la chaîne AMC. Créé en 2014 par Karl Schaefer (scénariste entre autres de quelques épisodes de Dead Zone) et Craig Engler (scénariste du téléfilm La Fureur du Yéti), Z Nation commence trois ans après l’apocalypse zombie causée par un virus a déjà tué la majorité de la population humaine. Cobaye malgré lui d’une expérience approuvée par le gouvernement en tant que détenu de la prison navale de Portsmouth à Kittery, dans le Maine, Murphy s’est vu injecter un vaccin qui semble l’avoir immunisé aux morsures des zombies. Son sang contient désormais des anticorps qui sont sans doute le dernier et meilleur espoir de l’humanité. Cependant, tout n’est pas encore gagné : il semble en effet se transformer en une sorte d’hybride entre le zombie et l’homme. Sa peau se détache, son corps devient bleu et il semble être capable de contrôler et même d’hypnotiser certains des zombies qu’il rencontre. Pour autant, Murphy ne s’est pas totalement transformé et reste maître de lui-même.

Tout au long de la série, cet être hybride voyage avec un petit groupe de survivants guidés par Simon Cruller, surnommé « Citizen Z », qui observe le monde à l’aide de ses multiples ordinateurs. Mais le terrible secret que cache Murphy pourrait mettre en danger l’équipe chargée de le conduire dans un laboratoire en Californie pour développer un vaccin. Le chemin sera long et semé d’embûches… Si l’on cherche la comparaison avec The Walking Dead, on se rend bien compte que les producteurs ont privilégié l’action plutôt que de se concentrer sur l’originalité du scénario et sur la psychologie de ses personnages. Z Nation mise donc beaucoup sur ses rebondissements, son suspense et son rythme constamment soutenu pour nous divertir. Et, ma foi, ça marche.

Série Z

Côté technique, saluons l’excellent travail effectué au niveau de l’étalonnage et de la photographie pour installer l’atmosphère sinistre et menaçante de ce monde qui appartient désormais aux zombies (ou aux Z comme on les appelle parfois). En revanche, il est fort dommage que les maquillages des morts vivants ne soient pas aussi détaillés et soignés que ceux de The Walking Dead. Néanmoins, en ce qui concerne les effets visuels, ils sont, pour la plupart, réussis. Au beau milieu du casting, les cinéphiles et « sérivores » reconnaitront sûrement quelques visages familiers comme Tom Everett Scott (Le Loup-garou de Paris), Kellita Smith (The Bernie Mac Show), DJ Qualls (Fusion – The Core), Harold Perrineau (Lost, les disparus), Michael Welch (Twilight – Chapitre 3 : hésitation) et Anastasia Baranova (Zoé Safari). En résumé, malgré une trame un peu trop prévisible, Z Nation est une nouvelle série de zombies divertissante qui comblera les attentes des fans du genre faute de les surprendre. Satisfaite des audiences, SyFy reconduisit la série pendant cinq saisons, ce qui témoigne de la popularité toujours vivaces des morts-vivants aux yeux des fantasticophiles.

 

© Grégory

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ARROW (2012-2020)

L’archer vert de DC Comics prend corps sous les traits musclés et charismatiques de Stephen Amell dans cette série à succès…

ARROW

 

2012/2020 – USA

 

Créée par Andrew Kreisberg, Greg Berlanti et Marc Guggenheim

 

Avec Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Willa Holland, Paul Blackthorne, Susanna Thompson, Emily Bett Richards, Cotton Haynes, John Barrowman

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA DC COMICS

Souhaitant profiter de l’engouement du public pour les films de super-héros, la chaîne américaine CW, bien décidée à remplacer sa série à succès Smallville arrêtée au printemps 2012, lance la production d’un nouveau show télévisé centré sur l’archer vert, un des personnages de la célèbre maison d’édition de bandes dessinées DC Comics à qui l’on doit, entre autres, les aventures de Batman, Green Lantern, Wonder Woman et Superman. La série Arrow s’intéresse au playboy milliardaire Oliver Queen, disparu en mer avec son père et sa petite amie. Retrouvé vivant cinq ans plus tard sur l’île mystérieuse de Lian Yu, près des côtes chinoises, il s’est transformé : plus fort, plus courageux, il est déterminé à débarrasser la ville de Starling City de la criminalité qui la gangrène. Il retrouve enfin sa famille et ses amis, notamment Tommy Merlyn et Laurel Lance. Mais la nuit venue, il agit en tant que justicier, pourchassant un à un les malfrats figurant dans le carnet de son père, avec l’aide de John Diggle et de Felicity Smoak. Or une conspiration dirigée par Malcolm Merlyn menace la ville. Via une série de flash-backs, la série raconte parallèlement aux exploits de cet émule modernisé de Robin des Bois ses mésaventures passés sur l’île hostile de Lian Yu.

Dès le visionnage de l’épisode pilote réalisé par David Nutter, un habitué des séries TV (il a signé bon nombre d’épisodes de séries comme Roswell, X-Files, Dark Angel ou encore Game of Thrones), nous sommes immédiatement captivés par l’intrigue. La psychologie complexe des protagonistes, le passé trouble d’Oliver Queen, les secrets de sa disparition mystérieuse, la conviction des comédiens et la maîtrise des scènes d’action opposant l’archer vert et les malfaiteurs de Starling City emportent l’adhésion et s’avèrent très prometteurs pour la suite. Au fil des épisodes, les scénarios ne manquent pas une occasion de surprendre les téléspectateurs. Si certains épisodes souffrent de pertes de rythme et si l’aspect « soap opera » des séquences romantiques peut faire sourire, la trame principale et les intrigues parallèles restent très bien menées. L’équilibrage entre le suspense, l’action et l’émotion fonctionne globalement très bien. Contrairement à Smallville, qui misait beaucoup sur le caractère fantastique de ses histoires, Arrow préfère opter pour une approche un peu plus réaliste, même si le surnaturel n’est jamais abandonné. Ici, le cerveau est aussi utile que les muscles et les super-pouvoirs n’ont pas vraiment droit de cité.

En plein dans le mille

Le casting est l’un des éléments forts d’Arrow. Stephen Amell (Private Practice) hérite du rôle du justicier vert et s’en sort plutôt bien. On s’aperçoit rapidement que l’acteur s’est donné au maximum physiquement pour donner corps (dans tous les sens du terme) au personnage. Katie Cassidy (Freddy, les griffes de la nuit) incarne l’ex-petite amie du justicier masqué Laurel Lance dont les sentiments à son égard restent bien sûr intenses… Notons aussi en tête d’affiche Colin Donnell (Pan Am), David Ramsey (Dexter), Willa Holland (Légion, l’armée des anges) ou encore John Barrowman (Torchwood) qui se révèle excellent sous la défroque du grand méchant. Côté guest-stars, on retiendra les présences de Manu Bennett (Spartacus), Kelly Hu (X-Men 2), Ben Browder (Stargate SG-1), Tahmoh Penikett (Man of Steel), Colton Haynes (Teen Wolf) et Emma Bell (Destination Finale 5). Excellente surprise malgré ses maniérismes calibrés pour un public adolescent (les muscles bandés d’un Stephen Amell volontiers torse-nu, le regard énamouré d’une Katie Cassidy qui ne sait plus à qui donner son cœur), Arrow est une série ambitieuse et riche en rebondissements dont la popularité lui permettra de se développer sur huit saisons et d’accoucher de The Flash, un très sympathique spin-off.

 

© Grégory

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CHRONIQUES MARTIENNES (1980)

Cette ambitieuse adaptation télévisée du célèbre recueil de nouvelles de Ray Bradbury raconte l’arrivée sur Mars des Terriens du futur…

THE MARTIAN CHRONICLES

 

1980 – USA

 

Réalisé par Michael Anderson

 

Avec Rock Hudson, Gayle Hunnicut, Fritz Weaver, Roddy Mac-Dowall, Bernie Casey, Barry Morse, Darren Mac-Gavin, Christopher Connelly, Nyree Dawn Porter, Maria Schell, Laurie Holden, Nicholas Hammond

 

THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES

Parmi les adaptations à l’écran de l’œuvre de Ray Bradbury, celle de Fahrenheit 451 par François Truffaut en 1966 est peut-être la plus célèbre. Quatorze ans plus tard, c’est un autre best-seller de l’écrivain natif de Waukegan, dans l’Illinois, qui connait les honneurs d’un passage sur la petite lucarne : « Les Chroniques Martiennes », un recueil de nouvelles écrites entre 1945 et 1950 et qui demeure aujourd’hui l’une des principales références de la littérature de science-fiction en matière d’exploration martienne. Cette vingtaine de récits est ainsi retranscrite sous la forme de trois téléfilms d’environ une durée de 100 mn chacun. Pour coller à l’actualité de l’époque, le premier épisode s’ouvre sur une reconstitution de l’arrivée bien réelle sur la planète rouge de la sonde Viking 1 de la NASA, posée sur Mars le 20 juillet 1976. Sa mission : déterminer si la quatrième planète du système solaire a été habitée ou non, ce que nous explique une voix off. Durant quelques instants, nous observons le petit engin atterrir puis scruter l’horizon aride et rouge de ce qui semble être un monde mort. Du moins en apparence car « les choses auraient été différentes si la sonde s’était posée seulement quelques kilomètres plus loin », ajoute soudainement la voix monocorde du narrateur. Les trois téléfilms nous content ainsi la conquête de Mars par les humains. Une conquête qui va entraîner la disparition de l’antique civilisation martienne avec l’arrivée massive des colons pour remodeler cette planète à leur image.

Le premier des trois téléfilms, titré « Les expéditions », réadapte les nouvelles « Février 1999 : Ylla », « Avril 2000 : la troisième expédition » (qui devient la seconde à l’écran) et « Juin 2001 : et la Lune toujours aussi brillante ». Les premiers explorateurs sont confrontés aux derniers représentants de la race martienne qui tentent désespérément de préserver leur monde en utilisant notamment différents subterfuges télépathiques. Les membres d’équipage des deux premières missions connaissent ainsi un sort funeste tandis que ceux de la troisième, à l’exception de son commandant (Rock Hudson) et de son second (Darren Mac Gavin), seront tués par un des leurs (Bernie Casey) en proie à une crise morale sur le droit des hommes à s’attribuer un monde qui n’est pas le leur. La seconde partie, « Les colons », s’attarde sur la colonisation de la planète par les Terriens, à un rythme que ne renierait pas Elon Musk, pour façonner un monde à l’image de celui qu’ils sont en train de perdre. Nous suivons ainsi plusieurs personnages expatriés sur Mars pour redémarrer une vie marquée par les drames ou, simplement, pour chercher la fortune. Trois autres récits sont mixés pour former un tout cohérent : les nouvelles « Septembre 2005 : le Martien », « Novembre 2005 : la morte-saison » et « Les ballons de feu » qui n’est toutefois pas publié dans « Les chroniques martiennes » mais dans « L’homme illustré ». Le troisième et dernier épisode reprend différents éléments des récits « Août 2002 : rencontre nocturne », « Décembre 2005 : les villes muettes », « Avril 2026 : les longues années » et « Octobre 2026 : le pique-nique d’un million d’années ». Les colons ont fini par déserter Mars pour retourner sur la Terre en proie à la guerre.

Dans le sillage de La Quatrième Dimension

Tournés à Malte et à Lanzarote (iles Canaries) pour figurer les paysages arides de Mars, les trois téléfilms ont tous été scénarisés par le grand Richard Matheson et sont mis en scène par Michael Anderson (qui livra notamment L’Âge de cristal en 1976). S’ils ne parviennent pas totalement à restituer la poésie du roman initial (Bradbury jugeait d’ailleurs cette adaptation « juste ennuyeuse »), le climat de ces chroniques martiennes sur petit écran distille quand même une forme d’angoisse qui rappelle celle de La Quatrième Dimension. Matheson a d’ailleurs écrit parmi les meilleurs épisodes de la série créée par Rod Serling. C’est notamment vrai pour le segment « Avril 2000 » de la première partie avec Nicholas Hammond – premier interprète télévisuel de Spider-Man quelques années plus tôt – dans le rôle du commandant de la seconde expédition martienne qui croit revenir sur Terre 20 ans avant son départ. A la tête du casting, Rock Hudson joue le rôle de John Wilder, personnage récurrent tout au long de cette conquête de Mars, qui s’avère être la planche de salut d’une humanité décimée par un conflit atomique. L’acteur, dont la carrière cinématographique marquait le pas, trouvait à l’époque un second souffle sur le petit écran. Si cette mini-série n’a pas été épargnée par l’usure du temps (la musique disco et les effets spéciaux font aujourd’hui gentiment sourire), elle reste néanmoins un très agréable moment de télévision. C’est déjà ça…

 

© Antoine Meunier


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GUERRE DES MONDES (LA) (2019)

Le roman classique de H.G. Wells se voit offrir une adaptation soignée qui – une fois n’est pas coutume – respecte son cadre historique original…

THE WAR OF THE WORLDS

 

2019 – USA

 

Réalisé par Craig Viveiros

 

Avec Eleanor Tomlinson, Rafe Spall, Rupert Graves, Robert Carlyle, Woody Norman, Jonathan Aris, Nicholas Le Prevost, Susan Wooldridge

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Production britannique conçue pour la chaîne BBC, La Guerre des mondes est une des nombreuses adaptations du roman éponyme de H.G. Wells, indiscutable précurseur de la science-fiction contemporaine. Il s’agit ici d’une mini-série créée et écrite par Peter Harness (connu principalement pour avoir écrit des épisodes de séries comme Docteur Who, Jackson Brodie détective privé et McMafia) qui s’inspire beaucoup plus de l’œuvre originale que d’autres versions, cherchant même à en retrouver le contexte historique. L’intrigue se situe donc dans l’Angleterre de 1905, à l’époque du roi Édouard VII. George, journaliste londonien, a quitté sa femme et tente de commencer une nouvelle vie commune avec Amy. Mais son tranquille quotidien est interrompu par l’apparition de plusieurs météorites qui s’écrasent à proximité du village d’Orcel. Accompagnés de leur voisin expert en astronomie, George et Amy se rendent sur le site de l’impact, bientôt suivis par les forces de l’ordre. Or les météorites sont en réalité des sphères extraterrestres venant de Mars. Bientôt, des tripodes géants sortent de terre en détruisant tout sur leur passage, tuant les humains et crachant une fumée noire dévastatrice. L’invasion martienne a commencé…

Contrairement à ce que les téléspectateurs pourraient imaginer, cette Guerre des mondes n’offre pas un florilège de scènes d’action et de rebondissements à foison comme Hollywood sait si bien le faire (et comme ce fut le cas pour le long-métrage de Steven Spielberg). Cette version s’intéresse surtout aux protagonistes, à leurs réactions face aux évènements malheureux qui s’abattent sur la population et aux connotations philosophiques d’un tel cataclysme sur la société… Subdivisée en seulement trois épisodes d’une quarantaine de minutes, cette mini-série se frottait à un gros challenge : celui de faire naître notre intérêt pour chaque personnage en si peu de temps. Il n’était pas simple de les rendre rapidement attachants pour nous confronter à leurs sentiments, leurs émotions et leurs destinées… Eh bien, challenge réussi ! La définition des personnages est suffisamment fouillée pour que chacun se soucie rapidement de leurs mésaventures. Revers de la médaille : ce travail de caractérisation se fait parfois au détriment de l’action qui peine souvent à pointer le bout de son nez. C’est un choix délibéré de la part du réalisateur/scénariste Craig Viveiros qui plaira ou non aux spectateurs.

Mars attaque !

La qualité d’écriture des personnages s’accompagne d’une belle brochette de guest-stars comme comme Eleanor Tomlinson (The Nevers), Rafe Spall (Jurassic World : Fallen Kingdom), Rupert Graves (V pour Vendetta), Nicholas Le Prevost (Affaires non classées), Harry Melling (Harry Potter et l’Ordre du Phénix), Jonathan Aris (Churchill) ou encore Robert Carlyle (28 semaines plus tard). Tous défendent avec talent les êtres qu’ils incarnent, pauvres humains soumis à une menace extra-terrestre qui semble invincible. Carlyle est bien sûr excellent, comme toujours, mais aucune des autres prestations ne démérite. Et même si la mise en scène reste volontairement à échelle humaine, la qualité des effets visuels reste excellente et quelques passages très impressionnants parsèment ces trois épisodes. Bref, malgré un format court et quelques faiblesses scénaristiques, La Guerre des mondes est une mini-série passionnante qui rend un bel hommage à l’œuvre de H.G. Wells. Par un étrange hasard des calendriers, une autre série titrée La Guerre des mondes est sorti quasi-simultanément sur les petits écrans, une co-production franco-américano-anglaise créée par Howard Overman.

 

© Grégory

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CHUCKY (2021-2023)

Après sept longs-métrages et un remake, la poupée tueuse devient la star d’une série TV orchestrée par son créateur Don Mancini…

CHUCKY

 

2021/2023 – USA

 

Créée par Don Mancini

 

Avec Zackary Arthur, Björgvin Arnason, Alyvia Alyn Lind, Teo Briones, Brad Dourif, Devon Sawa, Jennifer Tilly, Fiona Dourif, Alex Vincent, Christine Elise

 

THEMA JOUETS I SAGA CHUCKY

Chucky is back… et ça va saigner ! Don Mancini retrouve sa poupée fétiche qu’il adapte cette fois-ci au format télévisé. Après s’être occupé de la mise en scène de trois opus de la saga (Le Fils de Chucky, La Malédiction de Chucky et Le Retour de Chucky), Mr Mancini se décide donc à continuer sa franchise sur les petits écrans. Ses motivations sont principalement liées au remake de 2017, réalisé par Lars Klevberg, pour lequel il n’avait pas été convié à la fête. Cette relecture, titrée Child’s Play : la poupée du mal chez nous, avait déçu de nombreux fans, à cause de ses idées mal exploitées et de son fan service à foison. Profitant d’être encore propriétaire des droits du personnage, Mancini réactive donc la poupée diabolique pour huit épisodes qui constituent la première saison de Chucky, reconduite ensuite par la chaîne SyFy. L’histoire se situe à Hackensack, une ville du New Jersey. Jake Wheeler, un adolescent de 14 ans, achète une poupée « Brave Gars » dans un vide-grenier pour l’utiliser dans son projet d’art contemporain pendant la saison d’Halloween. Il ne tarde pas à découvrir que la poupée est possédée par l’âme du tueur en série Charles Lee Ray, connu sous le nom de Chucky. Bientôt, une série de meurtres choquants ensanglante la ville et Jake devient rapidement le suspect numéro un…

Dès le départ, les téléspectateurs sont amenés à se poser tout un tas de questions. La plus lancinante d’entre elle est liée à la continuité avec les autres opus de la saga. Les événements de la série prennent-ils la suite de ceux décrits dans les sept longs-métrages précédents ou s’agit-il d’une toute autre histoire ? Fort heureusement, les fans de Chucky s’aperçoivent rapidement qu’il s’agit bel et bien d’une suite (située quatre ans après Le Retour de Chucky), ce que confirment les retrouvailles avec certains personnages de la saga. Il est d’ailleurs vivement conseillé de (re)visionner les films précédents (en particulier La Malédiction de Chucky et Le Retour de Chucky) pour ne pas perdre le fil de l’intrigue. Malgré quelques facilités scénaristiques et plusieurs longueurs, la série ne déçoit pas. Les rebondissements ne manquent pas, les meurtres sanglants abondent, les effets spéciaux et les animatroniques sont saisissants et les personnages plutôt bien écrits. À l’avenant, la mise en scène se révèle efficace et la photographie soignée.

Visages familiers et nouveaux venus

Côté casting, nous avons tout d’abord en guise de nouvelles têtes les acteurs Zackary Arthur (La Cinquième vague), Bjorgvin Arnarson (Possédés : L’exorcisme), Alyvia Alyn Lind (Daybreak), Teo Briones (Wind River), Devon Sawa (Destination finale), Barbara Alyn Woods (la série Chérie j’ai rétréci les gosses) et Lexa Doig (Continuum). Du côté des visages familiers de la franchise, nous retrouvons Fiona Dourif (associée à la vilaine poupée depuis La Malédiction de Chucky), Christine Elise (à l’affiche de Chucky la poupée de sang), Alex Vincent (le héros du tout premier Jeu d’enfant), Jennifer Tilly (figure récurrente de la saga depuis La Fiancée de Chucky) et bien sûr, pour ceux qui regarderont la série en version originale, l’incontournable voix de Brad Dourif qui interprète inlassablement Chucky depuis la fin des années 80 (sauf dans le remake où il est remplacé par Mark Hamill). En résumé, cette déclinaison de Chucky est une belle réussite, bénéficiant de scénarios solides, d’une mise en forme appliquée, de personnages intéressants, d’épisodes bien menés et d’un lot généreux de belles surprises.

 

© Julien

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DEAD SET (2008)

Le futur créateur de Black Mirror raconte une invasion de zombies sur le plateau d’une émission de télé-réalité…

DEAD SET

 

2008 – GB

 

Créée par Charlie Brooker

 

Avec Jaime Winstone, Andy Nyman, Riz Ahmed, Chizzy Akudolu, Liz May Brice, Warren Brown, Shelley Conn, Beth Cordingly, Adam Deacon, Kevin Eldon

 

THEMA ZOMBIES

Lancée au Pays-Bas en 1999, l’émission de télé-réalité « Big Brother » franchit rapidement toutes les barrières pour connaître sa propre version dans un grand nombre de pays (y compris en France, sous le titre « Loft Story »). Le Royaume-Uni n’échappe pas à cette invasion de ce que de nombreux critiques ont taxé de « télé-poubelle » à cause du caractère racoleur et vide de sens d’un tel programme. Le principe consiste en effet à enfermer un groupe de candidats dans un décor de maison ou d’appartement, à le filmer sous toutes les coutures grâce à une infinité de caméras installées sur place et à proposer aux spectateurs d’observer ce qui se passe en direct – autrement dit pas grand-chose. Alors que l’émission bat son plein en Angleterre, le scénariste Charlie Brooker décide de détourner le concept pour y installer une intrigue de film d’horreur. L’idée lui vient en 2004, alors qu’il visionne la série 24 heures chrono avec Kiefer Sutherland. Malgré le caractère extrêmement palpitant de ce show, Brooker trouve les grands méchants – des terroristes de tous horizons – un peu caricaturaux et se demande ce que donneraient les scénarios s’ils étaient remplacés par des zombies. Cette supposition absurde en entraîne une autre : pourquoi ne pas raconter une invasion de morts-vivants pendant le tournage d’une émission de télé-réalité telle que « Big Brother » ? Ainsi naît la mini-série Dead Set.

Charlie Brooker écrit la première version du scénario en 2005, alors que « Big Brother » en est à sa sixième saison en Angleterre. En toute logique, il s’inspire de plusieurs véritables candidats du jeu pour brosser le portrait de ses personnages. Ses sources d’inspirations sont les classiques du genre, notamment La Nuit des morts-vivants, Zombie, Le Jour des morts-vivants, L’Enfer des zombies, 28 jours plus tard, mais aussi des œuvrettes plus anecdotiques comme Virus cannibale et Le Massacre des morts-vivants. Pour autant, le scénariste ne cherche pas à créer un patchwork d’influences post-modernes mais plutôt à aller au bout de son concept. Nous sommes donc dans les coulisses d’une émission de télé-réalité. Une épidémie qui transforme la population en zombies avides de chair humaine sème la panique partout à l’extérieur. Confinés sur le plateau ou enfermés dans la régie, les candidats et les membres de l’équipe de production tentent de rester à l’abri, mais bientôt les monstres se propagent à l’intérieur…

Gore Story

Diffusés pendant cinq nuits consécutives sur la chaîne E4, les cinq épisodes de Dead Set font forte impression aux téléspectateurs qui se retrouvent en terrain connu. La huitième saison de « Big Brother » vient en effet à peine de s’achever en Angleterre, la série de Brooker s’amusant de fait à susciter un troublant effet-miroir balayant les frontières entre la fiction et la réalité. Comme en outre le réalisateur Yann Demange s’amuse à détourner les codes des programmes de télé-réalité (décors, prises de vues, éclairages, montage), les péripéties pourtant rocambolesques de Dead Set sonnent juste. Le groupe Endemol, qui produit à la fois « Big Brother » et Dead Set, montre là un sens de l’auto-dérision que nous ne lui connaissions pas, l’animatrice télé Davina McCall se prêtant elle-même au jeu en se transformant très tôt en morte-vivante déchaînée. Mêlant l’humour, le gore décomplexé et le suspense, la série joue d’ailleurs sur les mêmes mécanismes que le jeu dont elle se veut la satire, nous poussant à nous demander qui va survivre et qui sera éliminé au fil de ces cinq épisodes extrêmement récréatifs. Brooker reviendra à la charge quelques années plus tard avec une autre série conceptuelle : Black Mirror. Quant à Dead Set, elle connaîtra un remake brésilien en 2020 sous le titre de Reality Z.

 

© Gilles Penso


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X-OR (1982-1983)

Le premier « metal hero » japonais ayant débarqué en France est un shérif de l’espace aux exploits distrayants… mais très répétitifs !

UCHÛ KEIJI GYABAN

 

1982/1983 – JAPON

 

Créée par Saburō Yatsude

 

Avec Kenji Ōba, Toshiaki Nishizawa, Wakiki Kano, Sonny Chiba, Masayuki Suzuki, Michiro Ida, Ken Nishida, Aiko Tachibana, Noboru Mitani

 

THEMA SUPER-HÉROS 

Au Japon, les « metal heroes » sont des institutions. Sortes de versions nippones d’Iron Man, ces super-justiciers moitié hommes moitié robots ont débarqué sur les petits écrans dans les années 70, mais X-Or est sans conteste celui qui a définitivement popularisé le genre à travers le monde. Produite par la Toei Company, créée par Saburō Yatsude et développée par Shozo Uehara (deux vétérans des programmes télévisés de science-fiction), cette série met en scène un super-héros incarné dans le civil par Kenji Ōba et sous son armure étincelante par Hiroshi Watari. Les grands méchants de X-Or sont les C-Rex, une race de créatures belliqueuses qui veulent dominer toutes les galaxies. Pour les empêcher de conquérir la Terre, le shérif intergalactique Bolzar, venu d’Etolia, s’établit sur notre planète, prend femme et donne naissance à Gordan, un brave garçon qui grandit vite puis travaille à l’âge adulte dans un centre équestre pour passer inaperçu. Mais dès que la menace des vils C-Rex se fait sentir, Gordan se transforme en X-Or (Gyaban dans la version originale), un super-héros revêtu d’un scaphandre robotique et équipé d’un arsenal high-tech (le rayon laséro-Z, le plutonolaser, le visualoscope, l’écran cybero-magnétique, la laséro-lame, tout un programme !). En digne héritier de son père, X-Or s’efforce donc de faire régner la paix d’épisode en épisode à grands coups de tatane et de rayons laser.

Débarqué en France après que les jeunes téléspectateurs aient découvert San Ku Kaï et Spectreman, X-Or fait son petit effet malgré une mise en forme très sommaire. Car si les exploits du shérif de l’espace sont excitants sur le papier, ils sombrent rapidement dans le ridicule à l’écran. Les monstres qu’affronte notre super-justicier sont aussi caoutchouteux et grotesques que leurs homologues de Spectreman ou Ultraman et les armes sophistiquées de X-Or – notamment son vaisseau de combat qui plane au-dessus de la Terre et se transforme en dragon mécanique – ressemblent à ce qu’elles sont, c’est-à-dire des jouets en plastique. Ce qui n’empêchera pas le jeune public du monde entier de vouer un culte à la série et justement de se ruer dans les magasins de jouets pour en acheter les produits dérivés. Mais c’est surtout l’extrême simplicité des scénarios et leur caractère répétitif qui frappe chez X-Or, à tel point que chaque épisode ressemble comme deux gouttes d’eau au précédent et au suivant, respectant scrupuleusement la même mécanique.

« Transmutation ! »

Tout commence par un plan diabolique fomenté par les C-Rex pour conquérir la Terre. Au volant de sa jeep rouge décapotable, Gordan mène l’enquête, puis se transforme en X-Or selon un rituel immuable. Il crie donc « transmutation ! », se livre à une jolie petite chorégraphie (que nous revoyons au ralenti pour bien en mesurer la délicieuse harmonie), revêt sa belle armure, mène un premier combat contre un monstre en latex, puis se transporte avec lui dans un monde parallèle où il finit par le vaincre en le découpant en deux dans le sens de la hauteur avec son sabre laser. 44 épisodes et un seul scénario, il fallait oser ! Suivant le même parti pris que San Ku Kaï et Spectreman, la bande originale japonaise est remplacée par une toute nouvelle musique lors des diffusions françaises, avec bien sûr une chanson électro-disco en guise de générique dont l’auteur n’est autre qu’Antoine de Caunes. Aujourd’hui encore, l’exquise poésie des paroles nous laisse rêveurs : « X-Or, le shérif, shérif de l’espace, X-Or, son domaine, c’est notre galaxie ! X-Or, sur la terre, il est comme toi et moi, X-Or, dans le ciel, c’est lui qui fait la loi, X-Or, ne crains rien, il nous protègera ! » Grâce à son succès (improbable, il faut bien l’avouer), X-Or donnera naissance à deux autres séries : Sharivan et Capitaine Sheider.

 

© Gilles Penso


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X-FILES : AUX FRONTIÈRES DU RÉEL (1993-2002)

Grâce à cette série culte de Chris Carter, nous savons désormais que nous ne sommes pas seuls dans l’univers et que la vérité est ailleurs…

THE X-FILES

 

1993/2002 – USA

 

Créée par Chris Carter

 

Avec David Duchovny, Gillian Anderson, Mitch Pileggi, William B. Davis, Nicholas Lea, Jeffrey Spender, James Pickens Jr., Robert Patrick, Annabeth Gish

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I POUVOIRS PARANORMAUX

Chris Carter fait ses débuts à la télévision avec des séries familiales pleines de bons sentiments comme Rags to Riches, Le Monde merveilleux de Disney ou A Brand New Life. Au début des années 90, il décide de changer de registre pour écrire un programme plus proche de sa sensibilité. Deux idées se téléscopent dans sa tête : le souvenir de la série Dossiers brûlants, dans laquelle le reporter Carl Kolchak enquêtait sur toutes sortes de phénomènes paranormaux, et la lecture d’un rapport indiquant que 3,7 millions d’Américains pensent avoir été enlevés par des extra-terrestres. Pourquoi ne pas consacrer une série à des héros se confrontant au mystère des ovnis et à des faits divers inexpliqués ? Pour trouver la bonne tonalité, Chris Carter pense à La Quatrième dimension et à Twin Peaks, qui resteront deux de ses références majeures pendant l’écriture du pilote. Quant au métier des héros, il s’inspire du Silence des agneaux. Les protagonistes de X-Files seront donc des agents du FBI. « Mulder et Scully sont sortis tout droit de ma tête », raconte-t-il. « Ils représentent une dichotomie, d’un côté mon scepticisme et de l’autre ma foi. Comme beaucoup de gens, je veux vivre l’expérience d’être témoin d’un phénomène paranormal. En même temps, je ne peux pas l’accepter sans le remettre en question. Je pense que ces personnages sont nés de cette dualité. » (1)

La série s’intéresse donc à l’agent fédéral Fox Mulder (David Duchovny), spécialisé dans les affaires non résolues impliquant des phénomènes paranormaux (les fameux « X-Files »), et à son homologue Dana Scully (Gillian Anderson), chargée officiellement de l’épauler (et officieusement de s’assurer que notre homme garde la tête froide pendant ses investigations). Au fil de leurs enquêtes, ils semblent mettre à jour une gigantesque conspiration qui serait liée à une entente secrète entre le gouvernement américain et des entités extra-terrestres, sans doute depuis l’incident survenu à Roswell en 1947. Mais chaque fois qu’ils avancent dans leur collecte d’indices, de nouvelles zones d’ombre apparaissent. Une grande partie des intrigues de X-Files s’intéressent donc à ce fil rouge qui revient régulièrement d’un épisode à l’autre et qui constitue la partie feuilletonante (et terriblement addictive) de la série. Les autres histoires sont des cas isolés qui fonctionnent plutôt sur le principe du « monstre de la semaine » popularisé par Au-delà du réel. Mulder et Scully enquêtent donc sur des individus aux pouvoirs paranormaux ou aux perceptions extra-sensorielles, des créatures inconnues, des mutants ou des animaux qu’on croyait disparus depuis des millénaires… Au-delà du caractère palpitant de la grande majorité des épisodes (s’achevant quasiment tous sur un point d’interrogation, preuve que l’inexpliqué semble bien destiné à rester inexplicable), la série s’appuie sur le charisme de ses deux interprètes principaux, parfaits dans les rôles complémentaires du passionné ouvert à toutes les croyances et de la sceptique à l’esprit plus ouvert qu’on ne le pense.

Le vrai croyant et la fausse sceptique

C’est principalement sur la dynamique du couple Mulder et Scully que repose X-Files et sur la complexité de leurs relations. Le premier est volontiers adepte de la théorie du complot mais conserve chaque fois que possible une objectivité nécessaire à ses activités d’enquêteur. La seconde ne croit que ce qu’elle voit mais se heurte bien souvent à des phénomènes altérant son cartésianisme. D’autre part, si la tension amoureuse est palpable dès le premier épisode, Chris Carter se garde bien de les laisser franchir le pas, conformément à la relation platonique qui fonctionne si bien entre John Steed et Emma Peel dans Chapeau melon et bottes de cuir. Sans doute X-Files aurait dû s’arrêter en fin de cinquième saison, car à partir de là la qualité des épisodes commence doucement à décliner. Le grand château de carte bâti par Chris Carter s’effondre : finalement, trop de mystère tue le mystère. Les choses se gâtent encore lorsque David Duchovny quitte la série, remplacé provisoirement par Robert Patrick (le T-1000 de Terminator 2). Quoiqu’il en soit, X-Files demeure un phénomène planétaire incomparable ayant largement dépassé le cadre du petit écran pour s’imposer dans la culture populaire, déclinant sous toutes ses formes les mantras paranoïaques de Fox Mulder (« I Want to Believe », « La Vérité est ailleurs », « Trust No One »…). La série donnera naissance à deux longs-métrages, un spin-off (The Lone Gunmen) et deux mini-saisons tardives (six épisodes en 2016 et dix épisodes en 2018) pour tenter de raviver la flamme de ce choc télévisuel sans précédent.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans le magazine « Omni » en décembre 1994.

 

© Gilles Penso


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WONDER WOMAN (1975-1979)

Après plusieurs faux départs, la plus célèbre des super-héroïnes a enfin droit à sa série sous les traits avenants de Lynda Carter…

WONDER WOMAN

 

1975/1979 – USA

 

Créée par Stanley Ralph Ross

 

Avec Lynda Carter, Lyle Waggoner, Beatrice Colen, Richard Eastham, Debra Winger, Norman Burton, Saundra Sharp

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA DC COMICS

Alors que ses homologues masculins de chez DC Comics n’ont eu aucun mal à passer du papier à l’écran, Wonder Woman n’a pas eu la même chance. De nombreux faux départs ont entravé la bonne marche de son succès auprès des (télé)spectateurs. Née sous la plume de William Moulton en octobre 1941, la super-amazone ne tente une percée « live » qu’en 1967, dans l’espoir de surfer sur la popularité de la série Batman. Un pilote titré Who’s Afraid of Diana Prince ? est donc envisagé à l’initiative du producteur William Dozier, sur une tonalité pop et comique. Quelques minutes sont tournées avec Ellie Wood Walker dans le rôle de Diana Prince et Linda Harrison (la Nova de La Planète des singes) dans celui de son alter-égo Wonder Woman, mais ce test ne convainc personne et le projet est abandonné. La super-héroïne tente une nouvelle apparition live dans un autre pilote réalisé en 1974 par Vincent McEveety. Cette fois-ci, la blonde Cathy Lee Crosby campe les deux facettes du personnage, dans une version très éloignée de la bande dessinée originale (tant du point de vue du look de la justicière que de ses pouvoirs). La chaîne ABC diffuse ce téléfilm mais ne donne pas suite. Un an plus tard, un nouveau pilote est initié avec Lynda Carter – Miss World USA en 1972 – dans le rôle principal. Jamais deux sans trois, dit-on. Cette fois-ci, c’est la bonne. Wonder Woman peut enfin crever l’écran !

La série Wonder Woman tient à respecter le matériau d’origine tout en conservant un caractère léger et acidulé motivé par le succès de Batman. L’intrigue se situe donc en 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale. Accusé à tort de trahison, le major Steve Trevor (Lyle Waggoner) est secouru par Diana (Lynda Carter), fille de la reine des Amazones. Après ce sauvetage, Diana prend l’identité secrète de Diana Prince et se met au service de Trevor, ce qui lui permet d’être aux premières loges pour détecter les menaces des forces de l’Axe. Dès que le danger survient, elle se transforme en Wonder Woman, une super-héroïne dotée d’une force considérable, de bracelets pare-balle, d’un lasso plus efficace que n’importe quel sérum de vérité et d’un très joli avion invisible (en réalité en plastique transparent, donc involontairement risible) qui lui permet de voyager et parfois de regagner son île paradisiaque natale. Le succès de la série est immédiat, mais ABC s’inquiète du coût de chaque épisode et refile le bébé à la chaîne CBS. La seconde et la troisième saison marquent donc une rupture, dans la mesure où désormais les aventures ne se situent plus dans les années 40 mais à la fin des années 70, ce qui permet d’éviter de coûteuses reconstitutions d’époque. Le charme opère toujours, mais avec moins d’intensité qu’en début de série. Toujours est-il que les téléspectateurs restent aux anges. Les enfants adorent cette super-héroïne qui affronte seule mille dangers, les petites filles rêvent d’être comme elle et les hommes de tous âges s’extasient devant les formes généreuses de cette actrice aux allures de déesse.

Joyeusement kitsch

Au-delà du charme ravageur de Lynda Carter (qui restera pour toujours associée au personnage de Wonder Woman, même lorsque Gal Gadot lui succèdera avec panache au cinéma), la série comporte de nombreux gimmicks qui sont entrés dans la légende et ont concouru à alimenter son culte. Il y a d’abord cette chanson disco pleine d’énergie, écrite par Charles Fow et Norman Gimbel et interprétée avec fougue par John Bahler. Tout le monde se souvient aussi de ce générique en dessin animé reprenant les codes visuels des BD des années 70 jusqu’à ce que les personnages dessinés se transforment en acteurs en chair et en os. Et comment oublier ces mythiques séquences de métamorphoses dans lesquelles Diana Prince retire ses lunettes, tourne sur elle-même au ralenti et, après une brève explosion, devient la pimpante amazone aux couleurs du drapeau américain, rajustant son diadème avant d’aller en découdre avec l’ennemi ? Si les vilains de la première saison sont principalement des nazis et ceux des saisons suivantes des gangsters modernes, la série s’autorise aussi quelques exubérances avec des extra-terrestres, des savants fous et même un gorille géant ! Joyeusement kitsch, délicieusement surannée, Wonder Woman fait toujours son petit effet plusieurs décennies plus tard. Seul véritable regret : que Lynda Carter n’ait pas croisé Christopher Reeve dans un crossover post-Superman qui aurait pu faire des étincelles.

 

© Gilles Penso


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VOYAGE AU FOND DES MERS (1964-1968)

Un sous-marin atomique explore les fonds marins et y découvre toutes sortes de menaces bizarres et de créatures improbables…

VOYAGE TO THE BOTTOM OF THE SEA

 

1964/1968 – USA

 

Créée par Irwin Allen

 

Avec Richard Basehart, David Hedison, Robert Dowdell, Richard Bull, Henry Kulky, Terru Becker, Del Monrore, Paul Trinka, Arch Whiting, Ralph Garrett

 

THEMA MONSTRES MARINS

Le producteur/réalisateur Irwin Allen a de la suite dans les idées. Après avoir mis en chantier Le Sous-marin de l’apocalypse, il se dit que les sommes importantes nécessitées par ce long-métrage mêlant la politique-fiction, le genre catastrophe et la science-fiction pourraient être amorties dans une série télévisée. D’où la naissance de Voyage au fond des mers qui se veut le prolongement logique du film. En version originale, la version cinéma et le show télévisé portent d’ailleurs le même titre : Voyage to the Bottom of the Sea. À l’exception de Del Monroe, qui incarne quasiment le même matelot sur le grand et le petit écran (avec une petite variante sur son nom, Kowski ici, Kowalski là), l’ensemble du casting change. Si l’amiral Harriman Nelson et le capitaine Lee Crane sont toujours présents, leurs interprètes originaux Walter Pidgeon et Robert Sterling cèdent ici le pas à Richard Basehart (qui côtoyait déjà les fonds marins dans Moby Dick) et David Hedison (qu’Irwin Allen dirigeait en 1960 dans Le Monde perdu). Pour faire des économies, Allen réutilise tout ce qu’il peut : des costumes, des accessoires, des éléments de décor et surtout de nombreux effets spéciaux du Sous-marin de l’apocalypse, notamment les séquences tournées en miniature dans lesquelles le submersible surgit au milieu des

En toute logique, Voyage au fond des mers reprend le concept du long-métrage qui l’inspire. Nous voilà donc à bord du sous-marin Neptune (ou Seaview pour les anglophones), un précieux engin expérimental de recherche océanographique dont le look a été légèrement modifié par rapport au film. Son équipement dernier cri comprend une petite soucoupe aquatique, des bathyscaphes, une cloche de plongée mais aussi des lance-missiles et des lance-torpilles. Car si le Neptune n’a pas vocation d’être utilisé pour des missions militaires, on n’est jamais trop prudent. En effet, l’exploration des fonds marins et la quête des mystères de la mer révèlent souvent des menaces contre lesquelles il convient d’être solidement armé. La série étant futuriste (nous sommes dans les années 70 puis 80, soit quelques décennies après son entrée en production) et le contexte étant celui de la guerre froide, l’ennemi a bien souvent des allures communistes, même si les scénarios prennent garde de ne pas les nommer comme tels.

Abysses bis

Pendant les deux premières saisons de Voyage au fond des mers, les intrigues s’efforcent de conserver une certaine « crédibilité », favorisant les sujets autour des dangers du nucléaire, des problèmes environnementaux ou de la prévention contre l’espionnage international. Mais les dirigeants de la chaîne ABC s’inquiètent de cette tonalité trop sérieuse et réclament plus de divertissement. Irwin Allen n’y va alors pas avec le dos de la cuiller. Bientôt, l’amiral Nelson et son équipage croisent les créatures aquatiques les plus improbables de tous les temps : des extra-terrestres, des monstres marins, des dinosaures, des momies, des loups-garous, des lutins maléfiques, des hommes-crustacés, des torches humaines, des fossiles vivants… Les amateurs de bébêtes en caoutchouc sont alors aux anges, s’impatientant d’un épisode à l’autre de découvrir à chaque fois le look toujours plus invraisemblable du « monstre de la semaine ». Régulièrement secoués lors des batailles par des vibrations qui les font trembler à l’intérieur du Neptune, les héros s’agitent en tous sens dans un décor qu’on devine parfaitement immobile, ce qui provoque quelques éclats de rire involontaires de la part des téléspectateurs (cet effet de mise en scène naïf sera repris tel quel dans Star Trek, dont Voyage au fond des mers constitue une sorte de précurseur marin). Malgré – ou justement grâce à – ces incursions souvent absurdes ou grotesques dans une science-fiction exubérante, la série d’Allen a su conquérir le cœur des téléspectateurs du monde entier, poussant son créateur à en produire plusieurs autres : Perdus dans l’espace, Au cœur du temps et Au pays des géants.

 

© Gilles Penso


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