THE BABYSITTER: KILLER QUEEN (2020)

McG donne une suite au slasher parodique qu’il avait conçu pour Netflix en basculant cette fois-ci dans le surnaturel…

THE BABYSITTER: KILLER QUEEN

 

2020 – USA

 

Réalisé par McG

 

Avec Judah Lewis, Emily Alyn Lind, Jenna Ortega, Robbie Amell, Andrew Bachelor, Hana Mae Lee, Bella Thorne, Samara Weaving, Ken Marino

 

THEMA TUEURS I DIABLE ET DÉMONS

Face à la vacuité un tantinet suffisante de The Babysitter, que McG avait écrit et réalisé pour Netflix, personne ne s’attendait à un chef d’œuvre en apprenant la mise en chantier d’une suite. Et effectivement, de ce point de vue, le réalisateur de Charlie et ses drôles de dames et Terminator Renaissance ne nous trompe pas sur la marchandise. Les ingrédients sont les mêmes. La finesse, l’intelligence et la rigueur ne sont donc pas au rendez-vous, loin s’en faut. L’intrigue se situe deux ans après les événements décrits dans le premier Babysitter. Judah Lewis reprend le rôle du jeune Cole et nous semble beaucoup plus âgé que ce que le scénario veut nous faire croire (car en réalité cinq ans séparent les tournages des deux films). En première année de lycée, il passe pour un adolescent sérieusement perturbé ayant inventé de toutes pièces cette histoire de secte satanique dirigée par son ancienne baby-sitter. Personne ne croit à son témoignage, à l’exception de sa meilleure amie Melanie (Emily Alyn Lind), une blonde pétillante avec laquelle il aimerait bien approfondir sa relation au-delà de la simple amitié. Le reste du monde, y compris ses parents, est persuadé qu’il a été victime d’une crise psychotique. Lorsque Cole accepte de fuguer avec Melanie pour festoyer au bord d’un grand lac en compagnie d’un petit groupe d’amis, la situation ne tarde pas à dégénérer. Les vieux démons sont en effet de retour…

Refusant toute nuance, McG force sans cesse le trait. Cole est donc devenu l’archétype du lycéen coincé, avec ses cheveux bien peignés, son costume en velours côtelé, sa timidité maladive et sa maladresse digne d’un Pierre Richard. Nouvelle venue dans l’aventure, la lycéenne ténébreuse Phoebe est incarnée par Jenna Ortega, future chouchou des ados gothiques (Scream 2022, X, la série Mercredi). Ici aussi, pas de demi-mesure : la jeune fille est rebelle, boudeuse, injurieuse, marginale… et tout de noir vêtue bien sûr. Quelques idées de mise en scène intéressantes surnagent, notamment les séquences de discussions entre Judah et Melanie devant l’école où tout le monde – à part eux deux – bouge au ralenti, comme si le temps se figeait. Mais l’humour de The Babysitter Killer Queen, moteur principal du film, est la plupart du temps pesant, graveleux, pour ne pas dire embarrassant. Les rebondissements eux-mêmes sont parfaitement improbables, le traitement systématique de toute l’intrigue au second degré semblant servir d’excuse à McG pour aborder son scénario et ses personnages par-dessus la jambe.

Low Faust

Comme s’ils se croyaient dans un énième Scream, le réalisateur et ses co-scénaristes (Dan Lagana, Brad Morris et Jimmy Warden) jugent bon de gorger les dialogues de clins d’œil cinématographiques, de Terminator 2 à Délivrance en passant par Star Trek, Alien, Matrix, Thelma & Louise, Pee Wee’s Big Adventure, Le Silence des agneaux, Indiana Jones, Black Panther ou Will Hunting. C’est bien sympathique mais sans grand intérêt. L’intrigue globale s’inspirant vaguement du mythe de Faust, le script n’en finit plus d’insister et d’expliquer la référence, comme si le public était trop stupide pour comprendre du premier coup. Il y a bien ça et là quelques débordements gore cartoonesques amusants, mais leur traitement majoritairement digital les prive de tout charme « à l’ancienne », loin des délires sanguinolents d’un Braindead. Les effets numériques sont d’ailleurs globalement ratés, pas beaucoup plus élaborés que ceux d’un mockbuster de The Asylum. Voilà pour le bilan, globalement peu enthousiasmant. Si l’on accepte de jouer le jeu de la simili-parodie sans queue ni tête, on peut certes passer un bon moment, mais à condition de revoir considérablement à la baisse ses exigences en termes d’horreur et de comédie.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article

TOMB INVADER (2018)

Vous vouliez Angelina Jolie ou Alicia Vikander ? désolé, nous n’avons que la version low cost…

TOMB INVADER

 

2018 – USA

 

Réalisé par James Thomas

 

Avec Gina Victori, Andrew Katers, Samantha Bowling, Evan Weinstein, Shawn McConnell, Lindsay Sawyer, Val Victa, Jordan Williams, Kate Watson

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Bien sûr, Tomb Raider est la source d’inspiration principale de cette production The Asylum qui ne cherche jamais à s’en cacher, bien au contraire. Il suffit de regarder son poster ! Mais l’influence d’Indiana Jones, et tout particulièrement des Aventuriers de l’arche perdue, est tout aussi importante, ce qui n’est pas dépourvu de sens dans la mesure où Lara Croft elle-même doit beaucoup au docteur Jones. Dès l’entame, on nous rejoue presque le prologue du classique de Spielberg au féminin (le temple truffé de pièges, la récupération in-extremis d’un artefact ancien, le protagoniste intercepté à la sortie par des sbires agressifs, son retour à la civilisation en tant que professeur d’archéologie). Le nom de l’héroïne lui-même, Alabama Channing (« Ally » pour les intimes), ressemble à une variante féminine d’Indiana Jones (dont le petit nom est « Indy » comme chacun sait). Mais comparer Tomb Invader aux Aventuriers de l’arche perdue reviendrait à mettre sur le même pied d’égalité une chanson de Jul et une symphonie de Beethoven. Il est donc prudent de ramener les choses à leurs justes proportions.

Ally Channing (Gina Victori) est donc une intrépide archéologue qui, entre deux leçons prodiguées à dix figurants jouant distraitement des étudiants, court les trésors perdus dans des jungles inhospitalières. À la sortie d’un de ses cours, la mystérieuse Isabelle Villeneuve (Lindsay Sawyer) l’intercepte et lui donne une boîte contenant le journal de bord de sa mère (morte pendant des fouilles archéologiques vingt ans plus tôt) et un téléphone portable. À l’autre bout du fil se trouve le milliardaire Tim Parker (Evan Weinstein) qui l’invite à le rejoindre en Chine pour traquer un trésor légendaire. Ally accepte à condition d’être accompagnée par deux amis : l’archéologue Helena (Samantha Bowling) et le géologue Bennie (Shawn McConnell). Le joyeux trio atterrit dans une forêt chinoise filmée en réalité dans le Griffith Park de Los Angeles et se retrouve nez à nez avec le trafiquant d’antiquités Nathan Carter (Andrew Katers). La folle aventure peut commencer. Du moins, c’est ce que le spectateur espère…

Lara Soft

Malgré quelques jolis panoramas chinois empruntés à des images de stock (notamment la fameuse armée en terre cuite de Xi’an), la « jungle » très californienne dans laquelle se déroule l’action manque singulièrement d’exotisme. Certes, la mise en forme est un peu plus soignée que la moyenne des films estampillés The Asylum et Gina Victori donne de sa personne dans le rôle principal. Mais le scénario est terriblement simpliste et absolument pas passionnant. Les dialogues sont banals, pour ne pas dire idiots, et les personnages n’ont pas une once de crédibilité (le faire-valoir comique bavard, les villageois chinois caricaturaux, le beau gosse insouciant chasseur de trésors). Les péripéties se résument bien vite à un jeu de cache-cache ennuyeux dans la forêt, ponctué de quelques bagarres de cour de récréation. Au bout d’une heure ayant largement éprouvé la patience des spectateurs, les protagonistes tournent en rond dans un décor unique de temple antique en carton-pâte et achèvent les plus patients d’entre nous. Le basculement dans le fantastique pur n’intervient que tardivement, à travers l’intervention en fin de métrage d’un guerrier en terre qui prend soudain vie et se bat contre Lara – pardon Ally – pour l’empêcher de mettre la main sur le précieux « cœur du dragon ». Dommage que cette fantasmagorie soit si furtive. Plus d’écarts de ce genre auraient sans doute amélioré cette aventure insipide et fastidieuse.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article

LE TÉMOIN DU MAL (1998)

Denzel Washington incarne un policier enquêtant sur une entité maléfique capable de voyager de corps en corps…

FALLEN

 

1998 – USA

 

Réalisé par Gregory Hoblit

 

Avec Denzel Washington, John Goodman, Donald Sutherland, Embeth Davidtz, James Gandolfini, Elias Koteas

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

Le film policier et le fantastique ne sont pas des genres faciles à mixer, dans la mesure où l’un repose sur des bases hyperréalistes et l’autre sur l’imagination la plus débridée. C’est pourtant cet audacieux mélange que tente ici le réalisateur Gregory Hoblit, peu familier avec l’épouvante mais à l’aise dans l’univers de la police puisqu’on lui doit les premiers épisodes des séries Hill Street Blues, La Loi de Los Angeles, Flic à tout faire et New York Police Blues, ainsi que Peur primale sur le grand écran. « Mon père était agent du F.B.I. et j’ai donc grandi dans ce milieu », nous raconte Hoblit. « À mon avis les histoires policières sont d’une incomparable richesse en matière de personnages forts et de situations critiques » (1). Longtemps pressenti pour tenir le rôle principal du Témoin du mal, Arnold Schwarzenegger cède finalement le pas à Denzel Washington qui, reconnaissons-le, est bien plus crédible que ne l’aurait été l’ex-Terminator dans la peau d’un flic banal. Pour lui donner la réplique, Hoblit opte pour de solides comédiens de la trempe de Donald Sutherland, John Goodman, James Gandolfini et Elias Koteas, sans oublier Embeth Davidtz, inoubliable dans L’Armée des ténèbres et La Liste de Schindler.

Pour donner corps au Témoin du mal, le réalisateur s’appuie sur deux modèles du genre qui resteront sans doute à jamais insurpassés : Rosemary’s Baby et L’Exorciste. Ce qui l’intéresse, dans les classiques de Polanski et Friedkin, est leur capacité à faire surgir le diable dans un contexte familier et concret. Le scénario du Témoin du mal, écrit pat Nicholas Kazan (Le Mystère Von Bulow), prend donc pour héros un inspecteur de la brigade criminelle de Philadelphie, John Hobbes (Washington). Celui-ci affronte bien malgré lui une entité maléfique portant le nom d’Azazel et voyageant de corps en corps depuis que le tueur en série Edgar Reese (Elias Koteas) lui a lancé une malédiction avant son exécution. Alors que le criminel périt dans la chambre à gaz, la caméra s’élève, traverse le plafond, passe d’une pièce à l’autre (par l’entremise d’images de synthèse habiles) et annonce aux spectateurs que le Mal est désormais en liberté, prêt à se déployer partout…

Le diable aux corps

Ce sujet pour le moins original pousse Hoblit à opter pour d’intéressants choix de mise en scène. « Je souhaitais modifier la palette des couleurs au fur et à mesure du déroulement de l’histoire », nous explique-t-il. « Au début, nous avons utilisé des teintes très chaudes, des rouges, des oranges, des dorés. Puis, progressivement, nous avons employé des couleurs plus froides et plus ternes, jusqu’à tendre vers le monochromatique à la toute fin » (2). Difficile de ne pas penser à Hidden lorsqu’Azazel passe d’un hôte humain à l’autre, conditionnant leur comportement en les muant en simples marionnettes assujetties à sa volonté. La séquence la plus étonnante, en ce domaine, est celle où tous les passants d’une rue sont contaminés l’un après l’autre à toute vitesse (une scène savamment chorégraphiée par Russell Clark dans laquelle les « possédés » sont incarnés par des danseurs). Malgré une première partie pleine de promesses, Le Témoin du mal peine hélas à passionner ses spectateurs jusqu’au bout, empruntant finalement des voies connues sans parvenir à réinventer le genre. Malgré le savoir-faire de Gregory Hoblit et le charisme impeccable de Denzel Washington, les spectateurs ne répondront guère présent et le film sombrera progressivement dans l’oubli.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en février 1998

 

© Gilles Penso


Partagez cet article

TRIASSIC WORLD (2018)

Les membres d’un laboratoire spécialisé dans la recherche génétique sur les dinosaures sont traqués par un spécimen en furie qui vient de s’évader…

TRIASSIC WORLD

 

2018 – USA

 

Réalisé par Dylan Vox

 

Avec Shellie Sterling, Hayley J. Williams, Joseph Michael Harris, Jennifer Levinson, Thomas Steven Varga, Joel Berti, Marc Gottlieb, Korbin Miles, Jermain Hollman

 

THEMA DINOSAURES

Fidèle à ses habitudes, la compagnie de production The Asylum s’inscrit dans les tendances cinématographiques du moment pour profiter des succès récents et anticiper ceux qui s’apprêtent à débarquer au cinéma. Après la sortie de Jurassic World et juste avant celle de sa suite Jurassic World : Fallen Kingdom, le réalisateur Dylan Vox bricole donc un petit film au titre volontairement très évocateur : Triassic World. Contrairement aux habituelles production Asylum, le film présente le mérite de s’éloigner du blockbuster qu’il imite pour bâtir une intrigue originale, ou du moins distincte de son modèle. Certes, les dialogues font allusion à des parcs d’attractions dans lesquels surviennent des incidents liés aux dinosaures, incidents qui modifient la législation sur les espèces préhistoriques. Mais c’est avant tout un clin d’œil. Rien n’empêche d’ailleurs d’imaginer que Triassic World se situe dans le même univers que les films de la saga Jurassic Park, en tout cas dans un monde où les sauriens antédiluviens sont bien vivants et divertissent le grand public. Cette fois-ci, le titre ne se réfère pas à l’époque du Jurassique mais à celle du Trias, première période du Mésozoïque ayant vu émerger sur Terre les dinosaures, il y a 250 millions d’années.

À Los Angeles, la société Triassic Corporation réalise des recherches génétiques sur des dinosaures ramenés à la vie. L’objectif est de cultiver des organes utilisables par le monde médical en cas de besoin de greffes sur des humains. L’espèce sur laquelle ils pratiquent leurs expériences s’appelle Gojirasaurus. C’est évidemment un hommage à Gojira, autrement dit Godzilla, mais ce nom n’a pas été inventé pour les besoins du film. Le Gojirasaurus est un carnassier bipède qui a réellement existé pendant le Trias, et qui fut nommé en 1997 par le paléontologue Kenneth Carpenter. Long de six mètres et pesant près de 150 kilos, c’est un prédateur redoutable que Triassic World relooke un peu pour le rapprocher morphologiquement du tyrannosaure. Pendant les prémices du film, le montage alterne la visite du centre par un riche investisseur avec la catastrophe qui est en train de se dérouler quelques étages plus bas. Car « G-32 », un spécimen femelle particulièrement virulent, vient de s’échapper et commence à semer la mort sur son passage. Or rien ni personne ne semble pouvoir l’arrêter.

Carnosaur Park

Si l’on se réfère à la qualité habituelle des films produits par The Asylum, Triassic World se situe clairement sur le dessus du panier. La mise en scène multiplie les idées visuelles intéressantes, la photographie est soignée, les acteurs jouent avec un maximum de conviction et même les effets spéciaux – une fois n’est pas coutume – tiennent la route. Bien sûr, il ne s’agit pas de rivaliser avec le bestiaire coûteux de Jurassic World, mais le dino en image de synthèse qui cavale dans les coursives en rugissant et croque à belles dents tous ceux qui passent à sa portée est tout à fait acceptable. D’autant que la production a le bon goût de solliciter une tête animatronique grandeur nature pour certains gros plans. Quelques effets gore (décapitations, morsures sanglantes) viennent en outre égayer le film, le plaçant dans la mouvance de Carnosaur qui fut le premier à combiner les dinosaures et l’horreur. Bien sûr, la mécanique du huis-clos dans lequel un monstre décime un à un tous les protagonistes évoque Alien. Et ce qui devait arriver arrive : au bout d’une trentaine de minutes plutôt bien troussées, les situations finissent par tourner en rond et l’intrigue n’évolue plus beaucoup, malgré des idées narratives censées relancer le suspense (un gaz mortel qui menace de se déverser sur les survivants, la morsure du dinosaure qui contamine ses victimes en altérant leur comportement). Il n’empêche que pour une fois, voilà un film The Asylum qui ressemble à peu près à un vrai film ! Une suite baptisée Triassic Hunt sortira en 2021.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article

MAC ET MOI (1988)

Une imitation improbable de E.T. mise en scène par le réalisateur de Philadelphia Experiment et financée par McDonald’s et Coca Cola…

MAC AND ME

 

1988 – USA

 

Réalisé par Stewart Raffill

 

Avec Jade Calegory, Christine Ebersole, Jonathan Ward, Lauren Stanley, Katrina Caspary, Vinnie Torrente

 

THEMA EXTRA-TERRESTRE

Futur producteur de L’Expert, Soldier et Ocean’s Eleven, R.J. Louis pense flairer la bonne affaire à la fin des années 1980. Après avoir travaillé sur plusieurs campagnes publicitaires pour McDonald’s, il propose à la célèbre marque de fast food de s’impliquer dans un projet de long-métrage, en échange de plusieurs placements produits bien visibles à l’écran. La multinationale accepte, tout comme Coca Cola qui joue le jeu à son tour. Avec ces emblèmes de la malbouffe à ses côtés, le producteur n’a plus qu’à trouver un sujet de film susceptible d’attirer le grand public en salles, toutes générations confondues. Il ne lui faut pas longtemps pour penser au succès phénoménal de E.T. l’extra-terrestre, encore dans toutes les mémoires, et de décider de mettre sur pied une imitation. Réalisateur éclectique ayant signé plusieurs films familiaux et quelques sympathiques séries B de science-fiction comme Ice Pirates et Philadelphia Experiment, Stewart Raffill est aussitôt embauché. « J’ai été engagé à la dernière minute », se souvient-il. « Le producteur m’a convoqué dans son bureau. Toute son équipe était déjà là, prête à tourner. J’ai demandé à voir le scénario, ce à quoi il m’a répondu : “Nous n’avons pas de scénario. C’est à vous de l’écrire. Il va falloir s’y mettre rapidement, alors commencez à préparer le film et écrivez pendant les week-ends“ ! » (1)

On ne s’étonnera donc pas du caractère improbable du scénario de Mac et moi, co-écrit par Stewart Raffill et Steve Feke (Terreur sur la ligne, Poltergeist III). Une famille entière de la planète Lapedus est accidentellement absorbée par une sonde spatiale. En revenant sur Terre, cette sonde s’ouvre et libère quatre petits extra-terrestres devant des savants qui n’en croient pas leurs yeux. Les créatures s’échappent en empruntant les conduits d’aération et réapparaissent dans le désert. Or leur fils a disparu. Il a en effet été retrouvé par la famille Cruise. La mère, Janet (Christine Ebersole), emmène ses deux fils Michael (Jonathan Ward) et Eric (Jade Calegory) vers leur nouvelle maison. Handicapé, Eric découvre le petit alien avec lequel il se lie d’amitié et qu’il appelle Mac (acronyme de « Mysterious Alien Creature », soit créature extraterrestre mystérieuse). Par télépathie, Mac reçoit des messages de détresse de sa famille. Eric, Michael et Debbie (Lauren Stanley) vont tout faire pour l’aider à retrouver les siens, mais ils sont surveillés par des agents du gouvernement…

Mad Mac

Raffill a donc respecté scrupuleusement les consignes de son producteur : reprendre scène par scène le scénario de E.T. et y adjoindre quelques séquences musicales pop pour plaire aux adolescents. Comme si la démarche plagiaire ne suffisait pas elle-même à considérer Mac et moi avec embarras, le film montre avec tant d’insistance les logos de McDonalds et de Coca Cola qu’il finit par prendre les allures d’un spot publicitaire géant. Et que dire du look de ce bébé alien ? Cette marionnette aux allures de baudruche en plastique affublée d’yeux exorbités et d’une bouche en cul de poule est-elle vraiment censée nous faire croire à ses origines extra-terrestres ? La seule véritable originalité du film est d’avoir donné la vedette à un enfant handicapé, incarné par un jeune acteur véritablement immobilisé sur un fauteuil roulant. La démarche est intéressante, même si elle n’apporte rien d’un point de vue narratif et donne même naissance à un gag involontaire. La scène où le fauteuil dévale d’une falaise et tombe dans l’eau est en effet devenue un des moments favoris des amateurs d’humour au second degré. L’acteur Paul Rudd lui-même dégaine sans cesse cet extrait sur les plateaux télévisés où on l’invite. On note la présence très discrète d’une figurante encore inconnue dans une scène de parking anodine : Jennifer Aniston. Malgré ce que promet la fin du film (un arrêt sur image avec l’inscription du texte « Nous reviendrons ! »), aucune suite ne fut donnée à Mac et moi à cause de ses résultats décevants au box-office. Nous l’avons échappée belle !

 

(1) Extrait d’une interview publiée sur le site Slashfilm en juillet 2016

 

© Gilles Penso


Partagez cet article

ATLANTIC RIM (2013)

Pacific Rim débarque sur les grands écrans ? Vite, produisons à toute allure une copie low cost avec des robots géants et des monstres marins !

ATLANTIC RIM : WORLD’S END

 

2013 – USA

 

Réalisé par Jared Cohn

 

Avec Graham Greene, David Chokachi, Anthony Criss, Jackie Moore, Nicole Alexandra Shipley, Jared Cohn, Jinhi Evans, Steven Marlow, Nicole Dickson

 

THEMA ROBOTS I MONSTRES MARINS

Des robots géants qui affrontent des monstres à la Godzilla ? Qu’un gros film de studio ose s’attaquer à un tel sujet en mettant le paquet sur le marketing et en sollicitant un réalisateur prestigieux est une aubaine pour la petite compagnie de « cinéastes flibustiers » The Asylum. À peine le Pacific Rim de Guillermo del Toro est-il annoncé que les fantassins au service du producteur David Michael Latt s’activent pour boucler en quelques mois une imitation à tout petit budget avec comme objectif de sortir exactement en même temps que le blockbuster de Legendary Pictures, autrement dit début juillet 2013. L’exercice du plagiat monte donc d’un cran par rapport à Transmorphers ou Alien vs. Hunter. Non content de singer le titre du film qui lui sert de modèle, Atlantic Rim reprend quasiment le même scénario, du moins ce qu’on en sait à l’époque. Suite à la disparition d’une plateforme pétrolière et d’un mini-sous-marin de reconnaissance dans le golfe du Mexique, la scientifique Margaret Adams (Nicole Dickson) lance le programme Armada : des robots géants conçus pour le sauvetage en haute mer. Les trois machines – pilotées par Red (David Chokachi), Tracey (Jackie Moore) et Jim (Anthony Criss) – plongent à près de 800 mètres de profondeur et découvrent les restes mutilés de la plate-forme pétrolière… mais également un monstre gigantesque.

C’est le point de départ d’un enchaînement de combats robots contre monstres, beaucoup plus excitants sur le papier qu’à l’écran étant donnés les faibles moyens mis à la disposition du réalisateur Jared Cohn et de son équipe. Pour assurer une plus-value visuelle de poids à ce film sans trop dépenser d’argent, la production envisage de tourner un grand nombre de séquences sur la base aérienne navale de Pensacola, en Floride. Mais en découvrant le scénario, les autorités militaires refusent, désapprouvant l’image de l’armée qu’il donne (c’est déjà un miracle qu’ils soient allés jusqu’au bout de la lecture !). Le plan B est donc l’installation de l’équipe de tournage à proximité de cette base, dans un aéroport privé pour hélicoptères. Ce changement de décor – ainsi que des intempéries non prévues au programme – entraînent plusieurs réécritures du script par Richard Lima, Thunder Levin (Sharknado) et Hank Woon Jr (Age of Dinosaures).

À quoi ça Rim ?

Même si Atlantic Rim essaie de nous intéresser à ses protagonistes humains, à ce général dur à cuire qui en a vu d’autres (Graham Greene, beaucoup plus convaincant dans Danse avec les loups et La Ligne verte il faut bien l’avouer), à ces trois top guns du pilotage de robot que rien n’effraie (bagarre de rue ridicule à l’appui) et qui s’embarquent dans un triangle amoureux de soap opera ou encore à ce gradé belliqueux qui veut à tout prix lancer des missiles nucléaires (Steven Marlow, prononçant ses dialogues avec la voix de Batman en serrant les dents, un bandeau à la Nick Fury sur l’œil), le spectateur n’en a cure et veut principalement voir des robots qui castagnent des monstres. Sauf que le budget ne permet pas des merveilles, on s’en doute. Certes, les trois grandes machines guerrières sont assez réussies, nous offrant même quelques séquences iconiques du plus bel effet comme le surgissement de l’une d’entre elles sur une plage au milieu des baigneurs. Les monstres, en revanche, ne sont guère gâtés par la nature. Ni leur design de dinosaures/dragons aux yeux globuleux et aux pattes de tritons, ni leur texture d’image de synthèse bas de gamme, ni leur animation évasive ne réussissent à nous convaincre une seule seconde. Voilà qui amenuise considérablement l’impact des scènes de combat, notamment cet affrontement final dans les rues de New York où une bébête géante qui se prend pour Le Monstre des temps perdus cherche des noises aux trois méga-robots volants qui le cognent avec une épée et un marteau géant. En 2018, en prévision de Pacific Rim : Uprising, Jared Cohn récidivera avec Atlantic Rim : Résurrection.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article

LE PIC DE DANTE (1997)

Pierce Brosnan et Linda Hamilton affrontent la furie d’un volcan en éruption dans une petite ville américaine réduite en cendres…

DANTE’S PEAK

 

1997 – USA

 

Réalisé par Roger Donaldson

 

Avec Pierce Brosnan, Linda Hamilton, Charles Hallahan, Grant Heslov, Elisabeth Hoffman, Jamie Renée Smith, Jeremy Foley

 

THEMA CATASTROPHES

Après avoir écrit Daylight, le scénariste Leslie Boehm poursuit dans la veine du film catastrophe avec Le Pic de Dante, un récit de volcan dévastateur produit par Gale Anne Hurd. Cette dernière, partenaire de longue date de James Cameron, fait appel à une actrice qu’elle connaît bien pour tenir le haut de l’affiche : Linda Hamilton. Le partenaire masculin qui donnera la réplique à l’ex-Sarah Connor du diptyque Terminator est alors au sommet de sa gloire puisqu’il s’agit de Pierce Brosnan, qui vient tout juste d’enfiler le smoking de l’agent 007 dans Goldeneye. Toutes les conditions semblent réunies pour attirer le grand public dans les salles de cinéma. Ironiquement, le personnage de volcanologue qu’incarne ici Brosnan s’appelle Harry Dalton, portant donc le même nom de famille que l’acteur auquel il succéda dans le rôle de James Bond. Le Pic de Dante commence par une scène de trauma classique. Alors qu’il tente d’échapper à une éruption en Colombie, Dalton perd son épouse, frappée par un débris projeté sur le toit de leur véhicule. Quatre ans plus tard, il part enquêter sur l’activité sismique de la petite ville (imaginaire) de Dante’s Peak, dans l’état de Washington. Là, il fait la connaissance de Rachel Wando (Linda Hamilton), maire de la ville, à qui il fait bientôt les yeux doux. Mais l’heure n’est pas tout de suite à la romance, car le volcan endormi qui surplombe la tranquille bourgade est sur le point de se réveiller…

Les enjeux politiques et touristiques de la petite ville, mis en opposition à l’alerte d’une catastrophe imminente que beaucoup voudraient étouffer en jouant les autruches, évoquent bien sûr Les Dents de la mer. Il ne faut effrayer ni les habitants, ni les visiteurs, ni les investisseurs, même si la montagne gronde. Soignée, solide et efficace, la mise en scène du Pic de Dante démontre l’expérience et le métier de Roger Donaldson, à qui nous devons entre autres Le Bounty, Sens unique, Cocktail, Cadillac Man, Sables mortels, le remake de Guet-apens et La Mutante. Même dans les moments les plus anecdotiques, sa caméra sait être virtuose, accompagner avec élégance les humains et les véhicules tout en les inscrivant dans des décors naturels souvent très photogéniques. À l’unisson, la bande originale de James Newton Howard et John Frizzell (l’un composant le thème principal, l’autre les morceaux additionnels) accompagne efficacement les pérégrinations de nos héros et de la petite équipe de vulcanologues venus tâter le terrain…

La colère de la montagne

Mais le rythme est défaillant, le film s’attardant plus que de raison sur les petites chamailleries entre les scientifiques et sur l’idylle naissante entre Harry et Rachel, alors que le public réclame ce qu’on lui a promis : de l’action, du suspense et une catastrophe digne de ce nom. « Cette montagne est une bombe à retardement » ne cesse pourtant de nous annoncer Dalton. Les choses commencent enfin à s’agiter à mi-parcours du métrage, à grand renfort d’effets mécaniques, pyrotechniques, miniatures et numériques. Le cataclysme prend de l’ampleur et Donaldson le filme avec naturalisme. Mais bientôt s’invitent les séquences de suspense absurdes évacuant peu à peu tout réalisme (le gamin de 8 ans qui conduit le 4×4 de sa mère pour secourir sa grand-mère, la voiture des héros qui roule sous l’eau et saute au-dessus des arbres puis slalome dans la lave), coupant court à toute suspension d’incrédulité. Sans oublier l’inévitable séquence du chien qu’il faut sauver. « Soyons clair : c’est un film qui repose sur des faits authentiques, mais en réalité, face à un tel volcan, aucun des personnages n’aurait pu survivre », nous confesse le réalisateur. « Le héros, les enfants, le chien… Tous auraient péri ! Mais ce film n’est pas une réalité, ni un documentaire : c’est un divertissement. Et le spectateur qui sort de la salle a le sentiment de faire partie lui aussi des survivants. » (1) Il a aussi un peu le sentiment, avouons-le, qu’on l’a pris pour un imbécile. Le succès du Pic de Dante sera d’ailleurs tout relatif, les critiques lui réservant un accueil bien peu chaleureux.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 1997

 

© Gilles Penso


Partagez cet article

TITANIC 2 (2010)

Cette improbable suite/remake du blockbuster de James Cameron déverse sur un nouveau paquebot un tsunami gigantesque…

TITANIC II

 

2010 – USA

 

Réalisé par Shane Van Dyke

 

Avec Marie Westbrook, Shane Van Dyke, Bruce Davison, Michelle Glavan, D.C. Douglas, Brooke Burns, Josh Roman, Carey Van Dyke, Dylan Vox, Wittly Jourdan

 

THEMA CATASTROPHES

Shane Van Dyke est un acteur de séries B anecdotiques (Shark Swarm, Transmorphers : Robot Invasion) devenu scénariste et réalisateur d’autres séries B tout autant anecdotiques (Paranormal Entity, 6 Guns). Son père Barry Van Dyke est un vétéran de la télévision américaine (Galactica 1980, Supercopter, Diagnostic : Meurtre) et son grand-père Dick Van Dyke une star des années 1960 (c’était le héros de Mary Poppins et Chitty Chitty Bang Bang mais aussi de sa propre série The Dick Van Dyke Show). Le talent semble donc avoir cruellement décru de génération en génération. Toujours est-il que Van Dyke Junior se lance ici dans une entreprise impensable : une suite/remake du chef d’œuvre de James Cameron réalisée avec un budget anémique ! C’est encore un coup de la société de production The Asylum, qui ne recule devant rien pour surfer sur les grands succès hollywoodiens. Le concept du film est plutôt malin : un siècle après le fameux naufrage, autrement dit le 10 avril 2012, un nouveau paquebot de luxe baptisé le Titanic II entame le même voyage inaugural que son prédécesseur en empruntant la même route que lui mais en sens inverse, donc de New York à Southampton. Bien sûr, la croisière ne va pas tarder à tourner à la catastrophe.

La production profite de la mise à sa disposition du fameux Queen Mary, amarré en permanence comme navire-hôtel et comme attraction touristique dans le port de Long Beach, en Californie. Ce navire présente beaucoup de ressemblances avec le Titanic – à une cheminée près – et sert donc de « doublure » au célèbre bâtiment pour plusieurs séquences du film. Le vieux navire britannique n’en est pas à son premier tournage, puisqu’il accueillit les équipes de L’Aventure du Poséidon et de S.O.S. Titanic. Avec un tel décor à sa portée, Shane Van Dyke bénéficie d’une précieuse plus-value visuelle. L’autre atout du film est une brochette d’acteurs solides qui s’efforcent de jouer avec un maximum de conviction, notamment Bruce Davison dont les fantasticophiles se souviennent surtout grâce à Willard. Finalement, le comédien le moins crédible est Van Dyke lui-même, dans le rôle du playboy qui a conçu le bateau, qui se promène avec une grappe de bimbos en robe de soirée à ses bras et déclame ses répliques romantiques comme on commenterait un match de foot. Les intrigues de soap opera s’invitent en effet à bord, soulignées par une bande originale sirupeuse qui tente maladroitement d’imiter celle de James Horner. L’acteur/réalisateur se souvient sans doute qu’il apparut en début de carrière dans un épisode d’Amour, gloire et beauté.

L’histoire se répète

Mais nous ne sommes pas là pour lambiner. Un glacier vient en effet de s’effondrer au Groenland, déclenchant un gigantesque tsunami qui déferle à mille kilomètres à l’heure en direction de l’Atlantique et s’apprête à pulvériser le Titanic II. Lorsque les effets spéciaux s’y mettent, rien ne va plus. Les incrustations sont hasardeuses, le navire en images de synthèse n’est pas du tout convaincant, les fissures dans la glace ressemblent aux effets comiques d’un cartoon de Tex Avery et les différents crashs d’avions et d’hélicoptères sont désespérément ratés. On est presque touché de voir à quel point Titanic II s’efforce d’imiter Titanic avec application malgré les minuscules moyens à sa disposition, tirant parti comme il peut de son décor, de sa poignée de figurants et de ses trucages sommaires. Tout y est : le départ du navire en fanfare, le naufrage, le parcours du combattant du couple vedette dans les coursives, le final déchirant dans les eaux glacées… Jusqu’à la chanson romantique du générique de fin ! Distribué un temps sous le titre de Titanic : Odyssée 2012, ce « mockbuster » (imitation cheap d’un blockbuster) n’a rien de foncièrement mémorable mais se laisse regarder sans ennui. Une suite au caractère ouvertement surnaturel lui sera donnée en 2022 sous le titre Titanic 666.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article

LA FOREUSE SANGLANTE (1978)

Un tueur psychopathe se sert du contenu de sa grande boîte à outils pour massacrer toutes les jeunes femmes qu’il croise…

THE TOOLBOX MURDERS

 

1978 – USA

 

Réalisé par Dennis Donnelly

 

Avec Cameron Mitchell, Pamelyn Ferdin, Wesley Eure, Nicolas Beauvy, Tim Donnelly, Aneta Corsault, Faith McSwain, Marciee Drake, Evelyn Guerrero

 

THEMA TUEURS

Lorsque Tony Didio, un producteur de Los Angeles qui essaie de faire son trou dans la profession, se rend compte du succès public et populaire de Massacre à la tronçonneuse, il décide de s’engouffrer dans cette brèche et de surfer sur la vogue naissante de ce qui ne s’appelle pas encore le slasher. Didio convie donc les scénaristes Ann Kindberg, Robert Easter et Neva Friedenn à une projection du film de Tobe Hooper et leur donne comme mission d’imaginer une variante autour du même sujet. Le trio se creuse les méninges et écrit finalement un scénario qui n’a plus grand-chose à voir avec Massacre à la tronçonneuse. Leur source d’inspiration serait une série de meurtres en série commis dans le Minnesota en 1967 par un homme s’attaquant aux femmes à l’aide de divers outils. Étant donné qu’aucune trace officielle n’a été trouvée de ce fait divers, il est difficile de savoir s’il a réellement eu lieu ou s’il ne s’agit que d’un argument publicitaire destiné à faire frissonner le public en s’appuyant sur le prétexte de « l’histoire vraie » (ce qu’avait fait du reste Tobe Hooper lui-même en s’inspirant très librement des exactions d’Ed Gein). Tourné en dix-huit jours avec un budget très modeste d’environ 165 000 dollars, La Foreuse sanglante est l’unique long-métrage cinéma de Dennis Donnelly, vétéran de la réalisation d’épisodes de séries TV.

Une atmosphère poisseuse qui annonce à sa manière celle de Maniac s’installe dès les premières minutes du film. Tandis que défile le générique, la caméra adopte la vue subjective d’un conducteur qui sillonne les rues nocturnes de Los Angeles tandis qu’un prédicateur harangue les foules à la radio autour des éternels sujets du bien, du mal, du repentir et de la damnation. Un flash-back très bref nous donne soudain l’aperçu d’un accident de voiture ayant entraîné la mort d’une jeune fille. Notre conducteur quitte alors son véhicule, entre dans une résidence constituée de plusieurs immeubles et commence sa croisade sanglante. La mise en scène nous oblige à entrer dans la peau de cet assassin, ganté et cagoulé, qui trimballe avec lui une grosse boîte à outil. À l’intérieur se trouvent les armes du crime. Une locataire est donc massacrée avec une perceuse, une autre avec un marteau, une troisième avec un tournevis et une quatrième (incarnée par la très peu pudique comédienne Kelly Nichols, future habituée du cinéma « adulte ») à coups de pistolet à clous. Notre roi du bricolage kidnappe ensuite une adolescente de quinze ans, Laurie Ballard (Pamelyn Ferdin), et laisse pantois les forces de polices qui se perdent en conjectures…

Serial bricoleur

La Foreuse sanglante est un film déstabilisant dans la mesure où il combine les effets de style intéressants, les choix narratifs audacieux mais aussi des techniques racoleuses bien peu subtiles et de très grosses maladresses. On ne sait donc trop sur quel pied danser face aux exactions du « tueur à la boîte à outils ». Le montage, parfois expérimental, s’autorise des ruptures inattendues, des inserts très rapides et une mise en parallèle habile entre la mise à mort des victimes féminines et le trépas de la jeune femme du flash-back, source du trauma initial de notre meurtrier. Par ailleurs, chaque meurtre est accompagné d’une chanson (diffusée par la radio ou sur une platine disque) dont les styles variés (jazz, funk, country) créent un décalage surprenant et autorisent même un second degré culotté (notamment les paroles suaves d’une chanson d’amour qui accompagnent un bain de sang). Autre choix étonnant : la véritable identité du tueur n’est pas l’enjeu majeur du film, puisqu’elle nous est révélée à mi-parcours. La mécanique du slasher s’amenuise alors pour céder la place au thriller psychologique déviant. Toutes ces bonnes idées sont hélas gâchées par une direction d’acteurs souvent défaillante (malgré l’implication indiscutable de Cameron Mitchell et Pamelyn Ferdin) et par des comportements absurdes. Le manque de conviction des comédiennes jouant les victimes, qui s’offusquent mollement face au tueur, amenuise ainsi considérablement l’impact des scènes de meurtres. Les derniers rebondissements eux-mêmes manquent cruellement de crédibilité. Interdit au début des années 1980 sur le territoire anglais dans le cadre de la fameuse croisade des « Video Nasties », La Foreuse sanglante aura tout de même eu le mérite de s’éloigner considérablement de son modèle Massacre à la tronçonneuse. Ironiquement, c’est Tobe Hooper qui en réalisera un remake en 2004.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article

ALIEN VS. HUNTER (2007)

Sans scrupules, l’équipe de réalisateurs / photocopieurs de The Asylum plagie avec un budget ridicule Alien vs. Predator

AVH : ALIEN VS. HUNTER

 

2007 – USA

 

Réalisé par Scott Harper

 

Avec William Katt, Dedee Pfeiffer, Wittly Jourdan, Randy Mulkey, Jennifer Couch, Jason S. Gray, John Murphy Jr., Kevin Kazakoff, Philip Bak, Josh Tessier

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Quand on est capable de produire un film qui s’appelle Transmorphers pour profiter du succès de Transformers, on ne s’arrête pas en si bon chemin. David Michael Latt, co-fondateur de la compagnie Asylum, co-producteur et co-auteur de la plupart des mini-séries B issues de cette société de production résolument atypique, est à ce titre très pragmatique. Quand un gros succès hollywoodien pointe le bout de son nez (si possible dans le domaine de la science-fiction), il ne lui faut pas plus de quatre ou cinq mois pour mettre en boîte une imitation à tout petit budget bricolée avec les moyens du bord. Alors qu’Alien vs. Predator a su déplacer les foules (malgré un accueil critique pour le moins mitigé) et qu’Aliens vs. Predator Requiem s’apprête à sortir en salles, Latt écrit donc en vitesse Alien vs. Hunter et en confie la mise en scène à Scott Harper. Réalisateur du film de crocodile géant Supercroc, Harper a travaillé sur les effets visuels de Mortal Kombat, L’Indien du placard, Le Professeur Foldingue, Au-delà de nos rêves, Le Vaisseau de l’angoisse, Des serpents dans l’avion… Il connaît donc son affaire. Mais avec les moyens ridicules mis à sa disposition, on se doute qu’il ne pourra guère faire de miracles.

Le personnage principal d’Alien vs. Hunter est le journaliste Lee Custer, incarné par William Katt (que les fantasticophiles connaissent bien puisqu’il tenait la vedette de House et de la série Ralph super-héros et jouait même Tommy Ross dans Carrie). Alors qu’il fait son jogging, un objet volant non identifié s’écrase en rase campagne. En compagnie du shérif Joel Armstrong (Collin Brock), il découvre un vaisseau spatial échoué dans les bois duquel s’échappe un monstre improbable : un extra-terrestre dont la tête, les bras et le torse s’inspirent vaguement du xénomorphe d’Alien et dont le reste du corps est celui d’une araignée géante. Si le masque articulé et le costume utilisés pour les gros plans fonctionnent plutôt bien, les images de synthèse mises à contribution pour les plans larges sont catastrophiques ! Bientôt surgit une autre créature : une sorte de cyborg engoncé dans une armure intégrale, avec un drôle de chapeau en forme de saladier et un rond à la place du visage. Bien sûr, ce chasseur venu d’ailleurs possède une méthode de camouflage à la Predator. Alors que les deux bêtes jouent à cache-cache dans les bois, Lee mène un petit groupe de survivants parmi lesquels les spectateurs reconnaissent Dedee Pfeiffer, la sœur cadette de Michelle Pfeiffer aperçue notamment dans Chute libre, Frankie et Johnny et la série Cybill.

Xénomorphe contre Cyborg

Difficile de trouver le moindre attrait à ce chassé-croisé extra-terrestre. Les décors sont d’une banalité effarante (principalement une petite forêt et des tunnels souterrains) et les acteurs pas du tout convaincant (Katt nous semble sans cesse au bord de l’épuisement et Pfeiffer donne l’impression d’avoir accepté de mauvaise grâce de jouer dans le film). D’une manière générale, les personnages s’avèrent ultra-caricaturaux, en particulier ce chasseur fou des armes (une version très premier degré du Gummer de la saga Tremors) et ses copains miliciens qui semblent vouloir nous jouer un remake de Robowar. Les petites scènes intimistes où les protagonistes mettent leurs émotions à jour n’en sont que plus involontairement comiques. Visiblement incapable de trouver la juste tonalité, Alien vs. Hunter nous offre en vrac des dialogues absurdes (« J’ai connu quelques fils de chiennes dans ma vie, mais vous, vous êtes le top de la crème ! »), lourdement référentiels (« Une version SF des Chasses du comte Zaroff, ça ferait un film pas mal ! ») ou embarrassants (« S’il se repère au bruit, il ne faut pas péter… »). Bref même si le diptyque Alien vs. Predator n’a rien de particulièrement enthousiasmant, il vaut tout de même largement mieux que ce petit plagiat sans charme.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article