FEMALIEN 2 (1998)

Deux extra-terrestres débarquent sur Terre à la recherche de leur collègue Kara et multiplient les expériences grivoises pour la retrouver…

FEMALIEN 2

 

1998 – USA

 

Réalisé par Cybil Richards

 

Avec Bethany Lorraine, Josh Edwards, Damien Wells, Amy Lindsay, Summer Knight, Steven Albrecht, Robbye Bentley, Steve Curtis, Samantha Flat, Venesa Talor

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA FEMALIEN I CHARLES BAND

Femalien ne plaçait pas ses ambitions très haut : alimenter les bacs des vidéoclubs en proposant au public peu regardant des séquences érotiques soft s’enchaînant au fil d’une intrigue de science-fiction filiforme. L’affaire s’avéra rentable, générant suffisamment de bénéfices pour motiver la mise en chantier d’une suite. Les producteurs Pat Siciliano et Charles Band relancent donc la machine en s’octroyant même un budget, un planning de tournage et un nombre d’acteurs revus à la hausse. Si Venesa Talor, héroïne du Femalien, original, accepte de rejoindre l’aventure, c’est uniquement sous forme d’une petite apparition finale, en restant cette fois-ci habillée. Les autres séquences la mettant en scène sont donc des flash-backs issus du premier film. Le rôle féminin principal échoit à Bethany Lorraine, qui accepte la suggestion de son agent de s’aventurer sur le terrain érotique, après des années de mannequinat ainsi qu’un téléfilm avec David Schwimmer. L’expérience lui laissera un souvenir mitigé (pas tant à cause de la nudité que des scènes de sexe), au point de marquer un point final à sa carrière d’actrice. La comédienne Jacqueline Lovell, présente dans le premier Femalien et grande habituée des productions Charles Band, aurait dû elle aussi figurer dans cette suite, mais elle préfère finalement décliner pour accepter d’autres propositions aux budgets plus importants.

Quand le film commence, nous assistons à une crise de couple entre Lester (Damien Wells) et Terry (Amy Lindsey), qui ne s’entendent bien qu’au lit. Elle le trouve immature parce qu’obsédé par les Ovnis, alors qu’elle gagne sa vie sérieusement comme photographe de presse. Mais soudain, les appareils de Lester lui signalent l’arrivée de visiteurs d’une autre planète. C’est à contrecœur, et totalement incrédule, que Terry accepte de le suivre dans sa quête. Or un couple d’extra-terrestres vient bien d’arriver sur Terre. Blonds et naïfs, il s’agit des collecteurs 4899 (Bethany Lorraine) et 5032 (Josh Edwards), qui finissent par répondre aux noms de Xeda et Trion. Leur mission : retrouver leur camarade disparue, Kara (Venesa Talor). Ils découvrent dans un premier temps que les humains se sentent obligés de recouvrir leurs corps de vêtements. « Sans doute pour éviter de penser au sexe tout le temps et de ne plus être productifs », finissent-ils par supposer. En communiquant avec Dak, un cristal qui parle, nos collecteurs apprennent que Kara s’est vivement intéressée au comportement sexuel des humains. Pendant qu’ils suivent sa trace d’un lieu à l’autre, Lester et Terry, ainsi qu’un mystérieux homme en noir, les pourchassent.

L’odyssée de l’extase

Dans Femalien 2, tout le monde couche avec tout le monde : Lester avec Terry, la serveuse d’un café avec son petit-ami, un couple dans le salon de massage, Xeda et un inconnu dans un lagon virtuel, deux catcheuses dans un ring, et bien sûr nos deux extra-terrestres… avec en prime plusieurs séances de strip-tease pour faire bonne mesure. Si toutes ces grivoiseries s’intercalent à un rythme régulier dans le métrage, elles tentent de le faire de manière un peu moins artificielle que dans le premier film, vaguement justifiées par le fil ténu de cette intrigue certes très répétitive mais raisonnablement distrayante. Entre deux parties de jambes en l’air, les acteurs jouent les scènes de comédie du mieux qu’ils peuvent (ce que démontre le sympathique bêtisier qui alimente le générique de fin), Femalien 2 ayant le bon goût d’injecter un peu d’humour dans son scénario squelettique. Les amateurs du « Charles Band Cinematic Universe » apprécieront au passage le crossover avec Virtual Encounters dans la séquence où nos extra-terrestres se retrouvent dans un centre spécialisé dans la réalité virtuelle et s’immergent dans des scènes torrides artificielles. Deux décennies plus tard, Band ravivera cette petite franchise avec Femalien : Cosmic Crush.

 

© Gilles Penso

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NECROPOLIS : LEGION (2019)

Une romancière s’installe dans la maison qu’habitait une sorcière assoiffée de sang et se laisse peu à peu posséder par son esprit…

NECROPOLIS : LEGION

 

2019 – USA

 

Réalisé par Chris Alexander

 

Avec Augie Duke, Ali Chappell, Lynn Lowry, Joseph Lopez, Zoe Georgaras, Stephanie Delorme, Alexis Korotash, Goldie Rocket, Steve Kasan, Adam Buller

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA CHARLES BAND

S’il est auréolé d’une petite aura de film d’horreur culte, le Necropolis de Bruce Hickey n’a pourtant rien de foncièrement mémorable. Cette histoire de sorcière du 17ème siècle, réincarnée en motarde punk des années 80, est certes amusante, mais la facture extrêmement mal-fichue du film et son scénario erratique jouent sérieusement en sa défaveur. Seul élément marquant : ces passages délirants au cours desquels la super-vilaine incarnée par LeeAnne Baker exhibe trois paires de seins que viennent téter des petits démons assoiffés ! Difficile donc de comprendre ce qui a pu pousser le producteur Charles Band à en initier un remake. Necropolis : Legion s’inscrit en fait dans une démarche de « réinvention » de plusieurs films produits par Band dans les années 80/90, sous le label « Deadly Ten ». Et pour donner une seconde jeunesse au film de Bruce Hickey, c’est le réalisateur Chris Alexander qui est sollicité. Ancien journaliste pour Fangoria, Alexander possède un style bien à lui, beaucoup plus proche de l’épouvante poético-érotique européenne (Jess Franco, Jean Rollin, Harry Kümel, Andrzej Zulawski) que des séries B rigolardes auxquelles Band est habitué. En s’attaquant à cette nouvelle version de Necropolis, Alexander impose donc une patte très personnelle, même s’il collabore avec le scénariste Brockton McKinney, auteur régulier pour les productions Full Moon (Evil Bong 666, Evil Bong 777, Weedjies !).

Le prologue nous présente Eva (Ali Chappell), une sorcière vampire satanique dont les rituels nocturnes sont interrompus lorsque son époux (Joseph Lopez), le révérend du village, surgit, un crucifix et un missel à la main, et la tue d’un coup de poignard dans le cœur. Quelques siècles plus tard, l’écrivaine Lisa Tanzette (Augie Duke) décide d’emménager provisoirement dans la ferme où la sinistre Eva a vécu afin d’écrire un livre sur l’histoire de ce lieu supposé hanté. Alors qu’elle participe à une séance de dédicaces dans la librairie locale, signant son dernier ouvrage Beyond Darkness, une femme paniquée (Lynn Lowry) la met en garde : elle doit absolument quitter la ville si elle souhaite garder son âme intacte. Lisa n’en fait rien, bien sûr, et prend ses quartiers dans la région. Mais dès la première nuit, elle est troublée par des rêves perturbants. Le lendemain, elle se coupe le pied avec des éclats de verre et son sang commence à se répandre sur le plancher, irriguant la terre sous la cabane où elle s’est installée. Le mal s’apprête dès lors à se réveiller…

Ma sorcière bien nénés

Il y a fort à parier que les spectateurs familiers des productions Charles Band furent déstabilisés par ce faux remake très éloigné des canons habituels des productions Full Moon. Pas d’humour burlesque à l’horizon, pas de petits monstres… Même le Necropolis original semble bien loin. La relecture du film de Bruce Hickey n’est de toute évidence qu’un prétexte pour permettre à Chris Alexander de faire valoir sa propre sensibilité. Certes, le film nous offre une image insolite qui n’aurait pas dépareillé dans Evil Bong ou Piranha Women : des tétons en forme de mâchoires acérées qui permettent à la sorcière de se repaître du sang de ses victimes. Mais Alexander aborde cette bizarrerie anatomique sans second degré ni gaudriole. Même approche pour cette étonnante séquence de résurrection de la sorcière, née du sang mélangé avec la terre. La main qui surgit du sol et le cœur palpitant qui se reconstitue en accéléré offrent au film une belle touche surréaliste, tandis que les pleines lunes qui percent l’obscurité, le vieux cimetière décrépit et les messes noires sataniques surgissant dans de brefs flash-backs assument l’influence du cinéma gothique européen des années 70. Malgré ses moyens très limités, Necropolis : Legion développe ainsi une ambiance envoûtante, presque hypnotique, que vient renforcer une très belle musique co-composée par Richard Band et par Alexander lui-même.

 

© Gilles Penso

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JU-ON : THE GRUDGE (2002)

Même s’il fut précédé par deux longs-métrages à petit budget, ce film est le premier qui popularisa à l’échelle internationale l’univers de The Grudge

JU-ON

 

2002 – JAPON

 

Réalisé par Takashi Shimizu

 

Avec Megumi Okina, Misaki Itô, Misa Uehara, Yui Ichikawa, Kanji Tsuda, Kayoko Shibata, Yukako Kukuri, Shuri Matsuda, Yôji Tanaka, Yoshiyuki Morishita

 

THEMA FANTÔMES I SAGA THE GRUDGE

Si Ju-On : The Curse et Ju-On : The Curse 2 avaient connu un bel impact au Japon, ils restaient encore relativement confidentiels dans le reste du monde. Mais avec ce troisième volet, Takashi Shimizu bénéficie d’une sortie en salles internationale qui lui permet de faire découvrir l’univers de The Grudge au plus grand nombre. Avec à sa disposition un budget plus important, le réalisateur peut troquer l’image vidéo en 4/3 contre un tournage en 35 mm au format 1.85. Même s’il s’agit d’une suite des opus précédents, Ju-On : The Grudge peut s’apprécier à la manière d’un film autonome, et c’est d’ailleurs sous cette forme qu’il fut principalement découvert. Mais ceux qui sont familiers avec les deux premiers films y trouveront des indices le positionnant à la fois comme une séquelle (l’épilogue de The Curse 2 trouve ici un écho direct) et un remake, avec le même motif de l’enseignant s’inquiétant de l’absence prolongé de son élève et lui rendant visite à domicile. Fidèle à la narration fragmentée de The Curse et The Curse 2, Ju-On : The Grudge se divise en six segments centrés chacun sur un protagoniste distinct. Ce qui les lie, c’est bien sûr l’intervention des fantômes influant tragiquement sur leur destin.

Le premier personnage du film est Rika (Megumi Okina), qui travaille en tant que volontaire dans un centre d’aide sociale. Malgré son manque d’expérience, elle est chargée de retrouver la trace d’une personne qui ne donne pas signe de vie. En se rendant dans la maison dont on lui a communiqué l’adresse, elle découvre des débris éparpillés partout et Madame Sachie (Chikako Isomura), une vieille dame dans un très mauvais état. Alors qu’elle nettoie les lieux, Rika perçoit des bruits de grattements et un miaulement derrière un placard condamné. À l’intérieur, elle trouve un chat noir… et un enfant. Dès lors, le scénario se subdivise en plusieurs récits interconnectés pour nous faire découvrir d’autres facettes de la malédiction, à travers le regard des personnages qui en sont frappés. Ce ne sont donc pas à proprement parler des flash-backs ou des flash-forwards (même si nous effectuons des allers-retours dans le temps) mais plutôt les pièces d’un puzzle s’assemblant peu à peu pour couvrir toute l’étendue du drame. Car la malédiction se propage comme les tentacules d’une pieuvre ou comme un virus, frappant un à un tous ceux qui entrent en contact avec le lieu funeste.

Les tentacules de la malédiction

La peur passe d’abord par le non-dit : des bruits de pas qui courent, des empreintes de main sur un mur, un reflet furtif dans un miroir, des cheveux noirs qui flottent, ces miaulements récurrents et cette fameuse voix grinçante devenue l’une des signatures sonores de la franchise. La plupart des horreurs se déroulent d’ailleurs hors-champ. Tandis que les hurlements se perdent dans les ténèbres et que les yeux s’écarquillent en gros plan, Takashi Shimizu évite de céder à la tentation des jump-scares faciles. Dans Ju-On : The Grudge, ce sont surtout les jeux de caméra (notamment ces fameux travellings circulaires autour des visages en gros plan) et le travail minutieux de la bande son qui contribuent à créer un climat anxiogène, même lorsqu’il ne se passe apparemment rien. En multipliant davantage les lieux que dans les deux premiers Ju-On, ce troisième volet renforce l’idée selon laquelle ce n’est pas la maison qui est hantée, mais ceux qui l’on côtoyée et qui se retrouvent dès lors poursuivis par les spectres vengeurs. Ce concept peut donc se décliner à loisirs, d’où la longévité de la franchise The Grudge, qui prendra une dimension encore plus importante deux ans plus tard avec le remake américain que Shimizu dirigera sous l’égide de Sam Raimi.

 

© Gilles Penso

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WEEDJIES ! (2019)

Alors qu’ils célèbrent Halloween dans un hôtel de Las Vegas, des fêtards invoquent sans le vouloir des petits monstres voraces…

WEEDJIES : HALLOWEED NIGHT

 

2019 – USA

 

Réalisé par Danny Draven

 

Avec Brett Hargrave, Victoria Strange, Shen Yue, Jonathan Charles, Denise Milfort, James Adam Tucker, Nelson Hayne, Derek Petropolis, Chad Ridgely, Roy Abramsohn

 

THEMA PETITS MONSTRES I SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA CHARLES BAND

En 2019, le producteur Charles Band annonce le lancement d’une collection baptisée « Deadly Ten », dix longs-métrages conçus pour revisiter à leur manière un certain nombre de films culte produits par ses compagnies Empire et Full Moon. Pour faire monter la sauce et satisfaire les fans, Band prévoit d’alimenter sa plateforme de streaming en permettant aux abonnés de suivre en temps réel l’avancement de chacune des productions. À cause de la pandémie, tous les titres annoncés ne se concrétiseront pas, mais six d’entre eux arriveront à terme : Necropolis: Legion (nouvelle version du Necropolis de Bruce Hickey), Blade : The Iron Cross (première aventure « solo » issue des Puppet Master), Femalien : Cosmic Crush (troisième opus d’une trilogie érotico-fantastique), Sorority Babes 2 (suite tardive du film de David DeCoteau), Subspecies 5 (dernier épisode de la franchise) et Weedjies ! Si ce dernier – qui inaugure la collection – ne se rattache officiellement à aucun film en particulier, il cherche de toute évidence à rendre hommage à Ghoulies, dont il reprend le principe, tout en recyclant l’idée du cannabis diabolique héritée de la saga Evil Bong. Danny Draven hérite de la mise en scène et soigne sa mise en forme en adoptant un format Cinémascope. Quant au décor principal, il s’agit de l’Artisan Hotel Boutique de Las Vegas, déjà largement exploité dans Evil Bong 777.

Alors qu’Halloween bat son plein à Las Vegas, Madison (Brett Hargrave), Dallas (Victoria Strange) et Frankie (Yo Ying) décident de marquer le coup avec une fête inoubliable. Elles veulent en profiter pour récolter des fonds dans le but de financer leurs études, tout en transformant un vieil hôtel prétendument hanté en terrain de jeu jusqu’au bout de la nuit. Leur ami Claude (Johnny Jay Lee), timide et secrètement amoureux de Dallas, se joint à l’aventure. Les nombreux fêtards sont invités à participer à une chasse au trésor dans l’hôtel pour pouvoir décrocher le « Golden Nug », un morceau de marijuana très puissant. C’est alors qu’apparaît une mystérieuse invitée, la baronne (Denise Milfort), qui propose aux organisateurs un jeu insolite : le « Weed-G-Board », version « weed » de la planche Ouija. En s’y essayant, les filles et Claude libèrent malgré eux une horde de créatures cauchemardesques : les Weedjies. Guidés par les règles du fantomatique Ganja Ghost (James Adam Tucker), nos héros comprennent qu’ils n’ont que jusqu’à minuit pour capturer et renvoyer ces créatures dans leur plateau infernal. Faute de quoi, eux et leurs invités rejoindront les rangs des Weedjies…

Gremlins et cannabis

Porté par une musique trépidante de Richard Band, qui nous rappelle un peu les folies de Stuart Gordon des années 80 (Re-Animator, From Beyond), le prologue de Weedjies se déroule en 1978 le soir d’Halloween, en hommage à John Carpenter (qui fit d’ailleurs ses débuts en tant que monteur pour Charles Band sur le long-métrage Last Foxtrot in Burbank). Pendant la grande fête déguisée qui occupe la majorité du film, les amateurs des productions Full Moon pourront apprécier des costumes de personnages familiers (le Gingerdead Man, Blade et Tunneler de Puppet Master, le fermier Hambo, le clown Killjoy, un démon de La Peur qui rôde) ainsi que les apparitions de plusieurs habitués des productions Band, comme les actrices Mindy Robinson et Robin Sydney, le réalisateur David DeCoteau ou le créateur d’effets spéciaux Tom Devlin. Dès que les créatures démoniaques férues de cannabis sont invoquées, le scénario se contente d’enchaîner les saynètes dans lesquelles elles attaquent à tour de rôle les invités de la fête ou multiplient les bêtises (vider le bar, remplacer le DJ, conduire une voiture, manger du gâteau, fumer des joints, jouer du piano) en se laissant largement inspirer par Gremlins et surtout Gremlins 2. Le design des bestioles ne manque pas d’inventivité (un gremlin-serpent femelle, un loup-garou, un monstre gluant cornu, un goblin joueur de guitare) mais leur présence reste très anecdotique. Les amateurs des petits monstres à l’ancienne y trouveront tout de même leur compte. Weedjies est d’ailleurs dédié à la mémoire de John Carl Buechler, le concepteur des Ghoulies, mort l’année de la sortie du film.

 

© Gilles Penso

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DRACULA (2025)

Luc Besson retrouve l’acteur principal de Dogman et le transforme en vampire romantique lâché dans le Paris du 19ème siècle…

DRACULA

 

2025 – FRANCE

 

Réalisé par Luc Besson

 

Avec Caleb Landry Jones, Christoph Waltz, Zoë Bleu, Matilda De Angelis, Ewens Abid, Guillaume de Tonquédec, Bertrand-Xavier Corbi, Raphael Luce, Liviu Bora

 

THEMA DRACULA I VAMPIRES I SAGA LUC BESSON

Très satisfait de sa collaboration avec Caleb Landry Jones sur Dogman, Luc Besson envisage rapidement de lui confier un autre rôle. Le nom de Dracula surgit dans la conversation, et le cinéaste se lance aussitôt dans l’écriture d’un scénario, décidé à se démarquer des innombrables adaptations précédentes en optant pour une approche résolument romantique. « Quand vous lisez le livre, la partie la plus intéressante, c’est cet homme qui attend des siècles et des siècles de revoir sa femme », explique-t-il. « Pour moi, c’est l’histoire d’amour ultime. » (1) En réalité, cet aspect est parfaitement étranger du roman, qui n’aborde jamais le vampire comme un amoureux transi. Le caractère romantique du personnage n’apparaîtra que plus tard, notamment dans les adaptations signées Dan Curtis, John Badham ou Francis Ford Coppola. De toute évidence, l’inspiration du réalisateur est donc plus cinématographique que littéraire, et il n’échappera à personne que la version de Coppola est sa référence majeure. Les silhouettes des belligérants sur fond écarlate en début de métrage, le visage momifié d’un Dracula vieillissant affublé d’une coiffure invraisemblable, son look rajeuni avec grand manteau et haut de forme, la réplique « j’ai traversé tous les océans » sont autant d’emprunts directs au Dracula de 1992. Mais à force de jouer le jeu du mimétisme, Besson s’expose à une comparaison défavorable. Son film peine non seulement à retrouver l’ampleur visuelle de Coppola mais flirte aussi parfois dangereusement avec la parodie, rappelant malgré lui le Dracula mort et heureux de l’être de Mel Brooks.

Le film démarre dans la Roumanie de 1480. Le prince Vlad et son épouse Elisabeta sont fous amoureux, mais il doit partir à la guerre. Lorsqu’il revient du champ de bataille, victorieux et harassé, c’est pour découvrir qu’Elisabeta est tombée dans une embuscade tendue par l’ennemi. L’échauffourée qui s’ensuit s’achève par la mort de sa bien-aimée. Vlad renonce alors à Dieu et devient damné. 400 ans plus tard, à Paris, une jeune femme dont l’acte de naissance indique qu’elle a 130 ans a été internée à l’hôtel Dieu, délirante, hystérique et incontrôlable. L’affaire est délicate, car elle est liée à la famille royale d’Angleterre, mais son comportement et son état sont très préoccupants. Le prêtre dépêché sur place, qui ne porte pas le nom de Van Helsing mais assume les mêmes fonctions, constate qu’il s’agit d’un vampire, et apprend de sa bouche aux canines acérées que son maître est un prince. Ensuite, c’est le récit que nous connaissons tous : le jeune notaire Jonathan Harker rend visite à Dracula dans son château, le comte vampire reconnaît chez la fiancée d’Harker la réincarnation de sa bien-aimée et décide de la retrouver, le prêtre s’oppose à lui… À cette trame maintes fois narrée, Besson décide d’ajouter plein de petites choses. Certaines sont intéressantes, d’autres, disons, bizarres.

Le vampire de ces dames

Esthétiquement, le Dracula de Besson tient la route, c’est indiscutable. La somptueuse photographie de Colin Wandersman, les décors grandioses de Hugues Tissandier, les effets spéciaux cosmétiques de Jean-Christophe Spadaccini et Denis Gastou, l’entêtant « love theme » composé par Danny Elfman sont autant d’atouts plastiques qui profitent au film, couplés à l’idée attrayante de transporter l’intrigue dans le Paris de 1880, où se préparent le centenaire de la Révolution française et l’Exposition universelle. Mais la finesse n’est clairement pas au rendez-vous : des serviteurs gargouilles en images de synthèse qu’on croirait échappées d’un Disney (quelque part à mi-chemin entre Le Bossu de Notre Dame et La Belle et la Bête), un flash-back involontairement drôle où Vlad essaie désespérément de mourir en se défenestrant à répétition sans résultat probant, une chorégraphie anachronique provoquée par un parfum envoûtant… Et que dire de cette vision excessivement naïve du couple amoureux qui s’adonne hilare à des batailles d’oreillers, se recouvre de nourriture et s’envoie des pétales de roses ? Le plus troublant, finalement, est la projection que Luc Besson lui-même semble opérer sur le personnage de Dracula. Aux yeux de tous, le comte vampire est un prédateur redoutable aux nombreuses victimes. Mais lui se voit comme un grand romantique sans cesse en quête d’amour. Et pour parvenir à ses fins, il n’hésite pas à annihiler les sens des femmes qu’il souhaite séduire en utilisant une drogue olfactive désinhibante. Les autorités, les bien-pensants et les empêcheurs d’aimer en rond s’érigent alors en antagonistes, prêts à tout pour empêcher notre « héros » incompris de connaître la grande passion. La transformation finale du monstre en martyr parachève ce processus de transfert, comme si Besson cherchait à travers lui une forme de réhabilitation intime.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans L’Antre du cinéphile en mars 2024

 

© Gilles Penso

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EVIL BONG 777 (2018)

Les protagonistes déjantés de l’improbable saga consacrée au « bong maléfique » se retrouvent dans un hôtel hanté à Las Vegas…

EVIL BONG 777

 

2018 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec Sonny Carl Davis, Robin Sydney, Jessica Morris, Mindy Robinson, Peter Badalamenti, Caleb Hurst, Adam Roberts, Elina Madison, Tonya Kay

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I FANTÔMES I PETITS MONSTRES I SAGA EVIL BONG I KILLJOY I CHARLES BAND

On ne peut pas dire que les films de la saga Evil Bong brillent par leur intelligence ou leur finesse. Il n’empêche que depuis le premier opus de cette franchise noyée dans les vapeurs de la marijuana, lancé sur le marché vidéo en 2006, une communauté de fans relativement importante voue un petit culte au « bong maléfique » et aux personnages bizarroïdes qui gravitent tout autour. Content de son petit effet, le producteur/réalisateur Charles Band n’hésite pas à solliciter les amateurs pour qu’ils mettent la main à la poche. À l’instar de Evil Bong High-5 et Evil Bong 666, ce septième opus est donc partiellement financé grâce à une campagne participative lancée sur le site Indiegogo. Pour attirer le chaland, Band promet « des effets spéciaux réalisés en direct, du sexe avec des marionnettes et des surprises super bizarres ! » Il faut croire que cette accroche fait mouche, puisque Band réussit à récolter plus de 25 500 dollars, un montant bien plus élevé que pour les deux Evil Bong précédents. Il tient donc les promesses de son slogan invraisemblable, pour le plus grand bonheur des fans.

Sachant qu’il ne pourra pas faire des merveilles avec le budget qu’il a pu réunir, Band n’hésite pas à commencer par faire un peu de remplissage. Les trois premières minutes d’Evil Bong 777 sont donc consacrées à un résumé détaillé de l’épisode précédent, suivies par 2 minutes 20 de générique. C’est toujours ça de gagné, d’autant que le film complet dure à peine un peu plus d’une heure. Il faut dire que le scénario du film se résume à peu de choses. Tout juste échappés du Sexy Hell, un monde parallèle dirigé par un diable lubrique (Peter Badalamenti), l’euphorique Rabbit (Sonny Carl Davis), la clownesque Faux Batty (Robin Sydney), la diseuse de bonne aventure Misty (Jessica Morris) et le Gingerweed Man suivent les plans de Ebee, le bong maléfique, qui décide de se rendre là où sévissent les amateurs de marijuana et de fêtes épiques, autrement dit à Las Vegas. Pendant ce temps, la diabolique Lucy Furr (Mindy Robinson) cherche elle aussi à quitter le Sexy Hell pour preparer sa vengeance…

Puppetophilie

On connaît le penchant fétichiste de Charles Band pour les petits monstres en général et pour les marionnettes en particulier. N’est-ce pas lui, le père des Puppet Masters, Demonic Toys et autres Ghoulies ? n’avait-il pas déjà repoussé les limites – en ce domaine – en montrant deux Minions coucher ensemble dans Decadent Evil ? Ici, il décide d’aller encore plus loin en insérant dans son film une séquence interminable au cours de laquelle une marionnette d’Elvis fait l’amour avec une fille entièrement nue pendant un spectacle X à Las Vegas. A l’issue de la scène, le pénis en tissus du King se dresse et éjacule des serpentins dans la salle ! Dans la même lignée, le film nous offre la vision impensable d’une escort girl gironde et totalement dénudée à laquelle s’accouple de manière très suggestive le Gingerweed Man. Dans un registre moins salace – mais tout aussi « puppetophile » -, on appréciera la création de deux nouveaux petits monstres hargneux. En récupérant les miettes du Gingerdead Man – piétiné par Faux Batty à la fin du film précédent -, Lucy Furr donne en effet naissance à un couple de nouveaux « biscuits psychopathes » encore plus hideux et assoiffés de sang que leur prédécesseur. Pour offrir à Evil Bong 777 un décor attrayant en guise de climax, Band investit le « Tom Devlin’s Monster Museum » créé dans le Nevada par le concepteur des effets spéciaux de la saga – un showroom plein de créatures issues du cinéma d’horreur de science-fiction – et y dirige la poursuite finale, avant une chute absurde annonçant l’épisode suivant.

 

© Gilles Penso

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JU-ON : THE CURSE 2 (2000)

Suite directe du premier opus de la franchise The Grudge, cette seconde partie élargit encore le scope de la malédiction tentaculaire de Kayako et Toshio…

JU-ON 2

 

2000 – JAPON

 

Réalisé par Takashi Shimizu

 

Avec Yûrei Yanagi, Takako Fuji, Takashi Matsuyama, Ryôta Koyama, Yûko Daike, Makoto Ashikawa, Tomohiro Kaku, Mayuko Saitô, Yue, Miyako Nakatsuka

 

THEMA FANTÔMES I SAGA THE GRUDGE

Si la chute du premier Ju-On pouvait laisser les spectateurs sur leur faim, c’est parce qu’il ne s’agissait pas de la fin initiale prévue par son scénariste/réalisateur. En concédant à ramener son film à une durée de 75 minutes pour satisfaire les besoins du marché vidéo, Takashi Shimizu s’était retrouvé avec 45 minutes en trop. Refusant de les jeter à la poubelle, il décida d’interrompre son premier récit à mi-parcours pour pouvoir le poursuivre dans un second film : Ju-On : The Curse 2. Problème : avec seulement trois-quarts d’heure de métrage à sa disposition, comment monter un long-métrage digne de ce nom ? Pour y parvenir, Shimizu choisit de consacrer les trente premières minutes de cette séquelle à un long résumé constitué d’extraits du film précédent. Ceux qui connaissent déjà les mésaventures du professeur Kobayashi, de la famille Murakami, de la lycéenne Mizuho, de l’inspecteur Yoshikawa ou de l’agent immobilier Suzuki peuvent donc tranquillement zapper la première demi-heure de Ju-On : The Curse 2 pour reprendre les événements là où ils les avaient laissés. Comme dans le premier film, la narration est ici divisée en segments s’attachant chacun à un personnage différent, tous victimes de la malédiction des fantômes Kayako et Toshio.

Passées les trente premières minutes, nous retrouvons l’un des protagonistes de la fin du film précédent, en l’occurrence Kyoko Suzuki (Yûko Daike). Sensible aux « mauvaises ondes », cette jeune femme a aidé son frère Tatsuya (Makoto Ashikawa), agent immobilier, à placer une famille dans la maison des Saeki. Or c’est l’endroit où eut lieu le double homicide de Kayako et Toshio. En visitant les lieux, elle est aussitôt troublée par l’atmosphère qui y règne. Lorsqu’elle y retourne après la vente, son malaise s’accroit considérablement. Les nouveaux propriétaires n’ont-ils pas un regard étrange ? Encore perturbée, Kyoko rend visite à son jeune neveu. Soudain, tous deux sont témoins d’une vision d’épouvante. Désormais, les voilà marqués par la terrible malédiction des spectres vengeurs. Le mal s’apprête alors à se propager partout autour d’eux…

Les contorsions de la terreur

Comme son prédécesseur, le film tire sa force de sa non-linéarité et de la place qu’il laisse aux spectateurs pour réorganiser les événements dans son esprit. Cette fragmentation de la narration n’est pas sans évoquer la démarche artistique d’un David Lynch. Le réalisateur de Lost Highway nous vient d’ailleurs plusieurs fois à l’esprit lorsque Takashi Shimizu laisse jaillir sur les écrans des séquences insensées et surréalistes : une scène de crime apparaissant en surimpression derrière le rideau d’un appartement – avec une texture pleine de parasites qui lui donne l’aspect incompréhensible d’une image vidéo -, la tête de l’enfant fantôme qui émerge à moitié d’un plancher en miaulant, ou encore un visage spectral disproportionné qui glisse sur un plafond. Ici, la peur ne passe pas par des effets faciles consistant à faire sursauter les spectateurs mais par des jeux d’arrière-plan, des figures figées dans un hurlement muet, des regards hagards, des teints livides, des mouvements saccadés. Les multiples contorsions de la terreur que déploie Shimizu trouvent leur point d’orgue lors d’une séquence démente situé dans les couloirs d’une école. On pourra regretter que les deux volets de Ju-On aient été artificiellement séparés en deux, car le métrage aurait certainement conservé une meilleure cohérence en restant d’un seul tenant.

 

© Gilles Penso

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JU-ON : THE CURSE (2000)

Le tout premier volet de la saga The Grudge est déjà une œuvre virtuose qui contourne ses faibles moyens pour terrifier habilement les spectateurs…

JU-ON

 

2000 – JAPON

 

Réalisé par Takashi Shimizu

 

Avec Yûrei Yanagi, Yue, Ryôta Koyama, Hitomi Miwa, Asumi Miwa, Yumi Yoshiyuki, Kazushi Andô, Chiaki Kuriyama, Yoriko Dôguchi, Jun’ichi Kiuchi, Denden

 

THEMA FANTÔMES I SAGA THE GRUDGE

Avant de se déployer tous azimuts dans une longue franchise à la fois au Japon et aux États-Unis, la malédiction de Ju-On fit l’objet de deux courts-métrages signés en 1998 par le scénariste et réalisateur Takashi Shimizu : Katasumi et 4444444444. Le premier parle d’une étudiante qui disparaît mystérieusement derrière son école, tandis que le second met en scène un téléphone abandonné qui ne répond que par des miaulements. Intégrés dans le long-métrage à sketches Gakkô no kaidan G (aux côtés d’autres films courts réalisés par Kiyoshi Kurosawa et Tetsu Maeda), ces deux opus s’inspirent de la légende japonaise de l’Onryō, un esprit vengeur capable de se manifester physiquement pour attaquer et tuer ses victimes. À l’influence de ce récit folklorique s’ajoute celle d’un reportage télévisé que Shimizu découvre à propos de la hausse soudaine des cas de violence domestique au Japon dans les années 1990. Face au succès de Katasumi et 4444444444, le réalisateur décide d’en développer et étendre les histoires pour pouvoir mettre en scène son premier long-métrage. Tourné en neuf jours seulement avec des moyens très limités, Ju-On dure deux heures. Mais pour pouvoir l’exploiter en vidéo, il faut descendre en dessous de la barre des 90 minutes. Plutôt que couper des séquences, Shimizu décide finalement d’en tirer deux films : Ju-On : The Curse et Ju-On : The Curse 2.

Divisé en six parties, Ju-On : The Curse ressemble à priori à l’assemblage de plusieurs courts-métrages tournant autour d’une maison maudite dans laquelle un homme assassina sa femme et son enfant dans un accès de jalousie. Mais en réalité, chacun de ces récits est lié l’un à l’autre, au sein d’une narration composite virtuose. Tout commence lorsque Shunsuke Kobayashi (Yûrei Yanagi), instituteur en école primaire, apprend que l’un de ses élèves, Toshio Saeki (Ryôta Koyama), n’est pas venu à l’école depuis plusieurs jours. L’enseignant décide de se rendre chez lui afin de vérifier si tout va bien. Une fois sur place, il découvre Toshio dans un bien piteux état, au milieu d’un grand désordre. En inspectant les lieux, Kobayashi découvre de plus en plus de choses étranges et finit par percevoir une présence indéfinissable… À partir de là, le cauchemar se déploie d’un personnage à l’autre jusqu’à prendre des proportions incontrôlables.

Fantômes blafards

Les décors banals, les personnages simples, les situations triviales, le rythme lent, l’image vidéo et le format 4/3 pourraient être autant de freins à l’implication des spectateurs. Mais ils dotent au contraire le film d’une patine réaliste déstabilisante. L’horreur s’installe dans un univers quotidien et familier que Shimizu capte avec tellement de naturalisme qu’il permet au phénomène d’identification de fonctionner à plein régime. Dès lors, même si Ju-On s’inscrit pleinement dans la culture japonaise, les sentiments qu’il convoque sont universels. C’est sans doute la raison principale de son impact international. Ici, le malaise emprunte des voies inhabituelles pour s’immiscer chez les protagonistes : une voix bizarre qui grince (interprétée par le réalisateur lui-même), des néons qui clignotent, des jambes qui apparaissent et disparaissent furtivement, la sonnerie stridente et insistante d’un appel téléphonique émis par un numéro inconnu (le 4444444444), un enfant blafard qui miaule… Le choix artistique de peindre entièrement en blanc les fantômes vengeurs du film vient du Butō, une forme de théâtre japonais qui fit grande impression à Takashi Shimizu lorsqu’il était gamin. C’est en puissant dans cette peur d’enfance qu’il façonna l’apparence spectrale de Kayako et Toshio. Une peur qu’il parvint à communiquer au monde entier, comme le prouve le succès de la saga The Grudge.

 

© Gilles Penso

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GIANTESS ATTACK (2017)

Deux actrices au chômage rencontrent de minuscules extra-terrestres qui les dotent d’une taille gigantesque…

GIANTESS ATTACK

 

2017 – USA

 

Réalisé par Jeff Leroy

 

Avec Tasha Tacosa, Rachel Riley, Christine Nguyen, Jed Rowen, Robert Rhine, Al Burke, Eric Flenner, Randal Malone, Jasper Oliver, Shawn C. Phillips, Mark Polonia

 

THEMA NAINS ET GÉANTS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA CHARLES BAND

Actif depuis 1997, Jeff Leroy s’est spécialisé dans les tout petits films comico-horrifico-fantastiques aux budgets ridicules, dont les titres imagés (Creepies, The Witch’s Sabbath, Werewolf in a Womens Prison, Psychon Invaders) annoncent assez bien la teneur et les ambitions. Lorsqu’il se lance dans Giantess Attack, variante loufoque du concept d’Attack of the 50 Foot Woman, Leroy estime qu’il lui manque 4000 dollars pour pouvoir mettre le film en boîte. Il lance donc une campagne de financement participatif sur le site Kickstarter et, grâce à la contribution de 123 donateurs, récolte plus de 5600 dollars. Satisfait, il truffera son film de clins d’œil à Kickstarter. Dès le prologue, une voix off nous annonce que le long-métrage Giantess Attack n’a pas pu atteindre son objectif de financement et qu’il est resté inachevé. Au lieu de pouvoir le visionner, la même voix nous propose donc de voir un épisode d’une série TV de science-fiction ultra-kitsch aux effets spéciaux effroyables, mettant en vedette deux super-héroïnes bimbo en bikini : Battle Babe et Combat Queen. Celles-ci parviennent à déjouer les plans d’un super-vilain d’opérette et s’autocongratulent. Puis nous brisons le quatrième mur pour découvrir que nous sommes sur le tournage de cet épisode.

Alors que les prises de vues s’achèvent, les deux actrices principales, Diedre (Tasha Tacosa) et Frida (Rachel Riley), se disputent brutalement puis en viennent aux mains. L’échauffourée tourne au combat de catch et devient virale. Après une violente altercation avec leur agent, elles se retrouvent dans une prison pour femmes caricaturale (où les gardiennes sont habillées comme Caroline Munro dans Star Crash). A leur sortie, Diedre et Frida sont sans emploi et livrées à elles-mêmes. Elles se réconcilient en se saoulant ensemble, jusqu’à ce que débarquent deux minuscules sœurs jumelles extra-terrestres qui semblent s’être échappées de Mothra. Ce sont des Métaluniennes (en hommage aux Survivants de l’infini), toutes deux interprétées par Christine Nguyen. Après avoir visionné les épisodes de leur série, elles pensent que les deux comédiennes sont de vraies super-héroïnes galactiques (selon un principe hérité de Galaxy Quest). Or la Terre est en danger. Grâce au pouvoir qu’elles leur donnent, nos deux actrices atteignent des proportions gigantesques et sortent faire la fête sur Hollywood Boulevard. L’armée, sous le commandement du général Smedley Pittsburgh (Jed Rowen), décide alors d’intervenir…

L'attaque des bikinis géants

Giantess Attack est pétri de bonnes idées, de gags référentiels, de fausses pubs (la réclame des céréales pour enfants vaut le détour), de flashs d’information, de pastiches (le générique calqué sur celui de L’Homme qui valait trois milliards) et de mise en abyme. Mais le manque de moyens saute aux yeux et le rendu amateur du film finit par être très rebutant. Car le caractère comique du film ne suffit pas à justifier l’extrême maladresse de ses trucages. Cette mise en forme ratée ruine la majorité des bonnes idées du film, comme la grande bataille contre l’armée, le tank qui sert de skateboard, la destruction du bâtiment de la scientologie ou le clin d’œil direct au poster de Attack of the 50 Foot Woman. Jeff Leroy utilise pourtant avec habileté des maquettes, des décors miniatures et des jouets. Mais ses incrustations et ses images de synthèse sont définitivement trop hideuses pour plaire – même au second degré. De toutes façons, l’objectif principal du film se limite finalement à peu de choses : filmer en contre-plongée deux filles qui se trémoussent en bikini. Les gags se situent donc souvent en-dessous de la ceinture, quitte à montrer le général fou de la gâchette se faire abondamment uriner dessus par l’une des demoiselles en colère, ou se retrouver coincé à l’intérieur de leurs sous-vêtements. Dommage que Giantess Attack n’ait pas plus joué la carte des interludes télévisés, des spots de pub, des bandes-annonces et autres, ce qui aurait pu lui donner les allures d’une sorte de Cheeseburger Film Sandwich (toutes proportions gardées). En l’état, le film est amusant, certes, mais assez vain. Une suite, Giantess Attack vs Mecha Fembot, verra le jour deux ans plus tard.

 

© Gilles Penso

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EVIL BONG 666 (2017)

Plus mouvementé que les deux précédents opus de la saga du « bong maléfique », celui-ci met en scène de nouvelles créatures délirantes…

EVIL BONG 666

 

2017 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec Mincy Robinson, Sonny Carl Davis, Robin Sydney, Jessica Morris, Peter Badalamenti, Caleb Hurst, Orson Chaplin, Tonya Kay, Jonathan Katz

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I PETITS MONSTRES I SAGA EVIL BONG I KILLJOY I GINGERDEAD MAN I CHARLES BAND

Face à la médiocrité des deux opus précédents, on aurait pu logiquement croire que la saga Evil Bong était arrivée à son terme et n’intéressait plus personne. Mais les fans des productions Full Moon constituent une base solide et enthousiaste, comme le prouvent les 20 000 dollars réunis grâce à une campagne de levée de fonds participative lancée par Charles Band pour aider à financer ce sixième opus. Une partie de la petite troupe habituelle se retrouve donc pour Evil Bong 666 qui, s’il n’a rien pour marquer durablement les mémoires et encore moins l’histoire du cinéma, se révèle beaucoup plus généreux, délirant et drôle que ses routiniers prédécesseurs. Depuis que Larnell, le Evil Bong et le Gingerdead Man ont été aspirés dans un monde parallèle (en l’occurrence à l’intérieur de l’esprit libidineux de ce bon vieux Rabbit toujours incarné par Sonny Carl Davis), nous découvrons que les choses ont changé. C’est désormais Mindy (Mincy Robinson), ancienne employée de Rabbit, qui reprend en main la boutique « Ebee’s Magical Weed Dispensary » sur Venice Beach. Relookée façon Morticia Addams et rebaptisée Lucy Furr, elle est désormais adoratrice de Satan, d’où la déco gothique digne d’Halloween dont elle a affublé le magasin.

Très éloignée de la Mindy blonde et acidulée que nous présentaient les films précédents, celle-ci affirme de plus noirs desseins. Elle désire en effet ouvrir un portail qui l’emmènerait dans un monde infernal nommé Sexy Hell. Pour y parvenir, elle va devoir accorder ses plans avec ceux de Ebee, le bong maléfique qui vient de s’échapper et qui rêve une nouvelle fois de dominer le monde. À partir de là, le scénario déjà passablement confus part dans tous les sens, envoyant valdinguer une grande partie de ses personnages dans le monde du Sexy Hell dirigé par le diabolique Belzeebub (Peter Badalamenti, le cyclope de Unlucky Charms) et ses démones topless. En pleine folie créatrice, Rabbit annonce alors solennellement : « pour lutter contre un monstre, il faut créer un autre monstre ». Ebee et lui s’habillent alors comme des docteurs Frankenstein, mélangent toutes sortes d’ingrédients et fabriquent une sorte d’homuncule qu’ils soumettent à la foudre. Ainsi naît (roulements de tambour…) le Gingerweed Man !

Un nouveau petit monstre

Si toutes sortes de clients – nouveaux ou aperçus dans les films précédents – défilent dans la boutique selon le rituel établi depuis quelques opus déjà, cet Evil Bong 666 entend bien pousser le grain de folie un peu plus loin. D’où ses incursions dans le Sexy Hell, un monde parallèle jonché de statues féminines géantes et survolé par des poitrines volantes ! Le concept s’avère gentiment surréaliste, même si la mise en forme est bâclée, faute d’effets visuels dignes de ce nom. Non content de continuer le crossover avec la saga Gingerdead Man, ce sixième épisode greffe également des éléments de la franchise Killjoy puisque Robin Sydney intervient ici dans le rôle de la fausse Batty Boop, compagne du clown démoniaque. L’actrice aura donc eu l’occasion de jouer trois personnages distincts dans la série Evil Bong, puisqu’elle fut aussi Sarah Leigh (la pâtissière qui créa le Gingerdead Man) et Luann (la petite amie de Larnell). Le Gingerweed Man qui surgit en fin de métrage n’est pas une création particulièrement convaincante, du côté du design, mais voir un nouveau petit monstre enrichir le « Charles Band Cinematic Universe » est toujours agréable. Cette créature parfaitement improbable utilise comme arme un pistolet qui projette des joints directement dans la bouche de ses victimes ! Si nous sommes loin de la réussite d’un Killjoy Goes to Hell, cet opus a le mérite de sortir de la monotonie dans laquelle s’encroûtaient les épisodes précédents pour offrir plus de spectacle et de gags visuels. Le générique de fin nous annonce un épisode suivant baptisé Gingerdead Man : Rebaked, mais la suite s’appellera en réalité Evil Bong 777.

 

© Gilles Penso

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