LA NUIT DES VERS GÉANTS (1976)

Jeff Lieberman joue avec nos répulsions les plus viscérales pour imaginer une horrible invasion d'invertébrés rampants

SQUIRM

1976 – USA

Réalisé par Jeff Lieberman

Avec Don Scardino, R.A. Dow, Patricia Pearcy, Jean Sullivan, Peter MacLean, Fran Higgins, William Newman

THEMA INSECTES ET INVERTEBRES

Les distributeurs français de Squirm (littéralement « se tortiller ») se sont un peu laissé dépasser par leur enthousiasme en titrant le film La Nuit des Vers Géants, en référence évidente à La Nuit des Morts-Vivants. Voraces, carnassiers et innombrables, les vers le sont ici, certes, mais pas géants pour un sou, même s’ils dépassent un peu en taille nos bons vieux lombrics. Après un texte d’introduction très sérieux laissant entendre que le film relate un fait divers inexpliqué ayant eu lieu dans une petite ville de Georgie – il n’en est rien, évidemment – le scénario met en vedette Mick (l’inexpressif Don Scardino), un jeune homme venu rejoindre sa petite amie Geri (Patricia Pearcy), qui vit avec sa mère et sa soeur dans la bourgade en question. La veille, une tempête a détruit en partie les installations électriques de la région. Les fils rompus communiquent l’électricité aux entrailles de la terre, d’où émergent des vers affamés et gloutons…

L’action se met alors à avancer à la vitesse du ver de terre, à tel point qu’au bout de trois quart d’heure il ne s’est toujours rien passé, si ce n’est la molle enquête du jeune couple autour d’un squelette non identifié retrouvé dans la campagne. Le plus patient des spectateurs commence donc à bailler d’importance, jusqu’à ce qu’enfin survienne la première scène d’horreur. Brève mais particulièrement gratinée, elle ne déçoit pas. On y voit un prétendant de Geri, le pataud Roger (un R.A. Dow à l’accent du sud outrancier), se montrer un peu trop entreprenant à son égard, au cours d’une partie de pêche. Celle-ci repousse ses avances et ce bon vieux Roger se retrouve les quatre fers en l’air au fond de la barque. Lorsqu’il se relève, il pousse des hurlements, et on le comprend : les vers qui servent d’appât sont en train de rentrer dans la peau de son visage et de le dévorer de l’intérieur ! Le trucage, assez saisissant, est l’œuvre de l’as maquilleur Rick Baker, alors en tout début de carrière.

Le sens de la démesure

On retrouvera Roger plus tard au cours de l’intrigue, dans un état de plus en plus déplorable. Il se met à errer dans les bois comme un zombie au visage ravagé, puis agit carrément comme un ver carnassier lui-même, rampant et cherchant à mordre tout ce qui passe à sa portée, pour finalement périr englouti dans un véritable océan de bêtes grouillantes et rampantes. Car le final du film ne recule devant aucune démesure : les bestioles sortent du pommeau d’une douche, passent par les grilles d’aération, remplissent une baignoire, recouvrent des pièces entières du sol au plafond, engloutissent une vieille dame en train de tricoter… Le tout accompagné d’effets spéciaux rudimentaires mais très efficaces, de gros plans de vrais vers que les bruiteurs ont dotés de cris stridents, et d’une musique stressante de Robert Prince. Mais ce délire final vient trop tard, l’intérêt du public ayant été émoussé depuis bien longtemps. A tel point qu’on se demande si La Nuit des Vers Géants n’aurait pas fait un extraordinaire court-métrage au lieu de ce film lent et besogneux. Même si cela semble incroyable, Sylvester Stallone, Martin Sheen et Kim Basinger furent tour à tour envisagés pour jouer dans le film.

 

© Gilles Penso

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LA NUIT DÉCHIRÉE (1992)

Une relecture moderne du mythe de La Féline écrite par Stephen King

SLEEPWALKERS

1992 – USA

Réalisé par Mick Garris

Avec Brian Krause, Mädchen Amick, Alice Krige, Jim Haynie, Cindy Pickett, Ron Perlman, Lyman Ward, Dan Martin

THEMA MAMMIFÈRES

Bâti sur un scénario original de Stephen King qui ne provient ni d’un roman ni d’une nouvelle, ce film ressemble à une relecture moderne de La Féline de Jacques Tourneur. Le premier metteur en scène pressenti, qui souhaite réviser l’histoire de fond en comble, ne s’entend pas avec King. En quête d’un remplaçant, l’écrivain pense à Mick Garris dont le téléfilm Psychose 4 lui a fait une excellente impression. Le pré-générique de La Nuit Déchirée se déroule sur la ville côtière de Bodega Bay, décor naturel des Oiseaux  d’Alfred Hitchcock et de Fog de John Carpenter. Là, un shérif incarné par Mark Hamill découvre des dizaines de cadavres de chats ainsi que celui d’une fillette en état de décomposition. Voilà une entrée en matière pour le moins accrocheuse ! Puis l’action se transporte dans une petite ville de l’Indiana, Travis, où vivent Charles Brady (Brian Krause) et sa mère Mary (Alice Krige). Tous deux entretiennent une relation incestueuse malsaine, mais ce n’est pas la moindre de leurs bizarreries. En effet, leur apparence humaine n’est qu’une enveloppe trompeuse cachant leur nature réelle, celle de créatures prédatrices nommées les félidés, survivant en se nourrissant de la force vitale de jeunes vierges. Seuls les chats sont capables de les tuer.

L’une des scènes les plus étonnantes du film montre Charles et Mary qui font l’amour dans leur chambre tandis que dans le miroir du placard, ce sont des silhouettes de créatures bestiales qu’on voit enlacées : des espèces de chats humanoïdes et glabres. Les miroirs révèlent en effet leur véritable nature. Leur espèce étant menacée, Charles doit ramener des proies à sa mère pour la nourrir et se met à séduire la jolie lycéenne Tanya Robertson (Mädchen Amick)… A cheval entre deux époques, La Nuit Déchirée ne s’interdit aucun excès et évoque le cinéma d’horreur récréatif des années 80, sa photo, son montage, ses cascades et sa mise en scène semblant se réclamer de cette époque. On pense souvent aux E.C. Comics et à Creepshow. Les maquillages spéciaux eux-mêmes, œuvres de l’atelier Alterian Studio, sont volontairement extrêmes. Mais c’est aussi un film post-Terminator 2 qui s’inscrit dans la révolution numérique et utilise des morphings pour visualiser les métamorphoses de ses créatures.

À cheval entre deux époques

Ce parti pris assez avant-gardiste dote les transformations d’un indéniable dynamisme mais ne restitue pas le côté charnel des effets animatroniques d’un Hurlements ou d’un Loup-Garou de Londres. Un peu trop rapide et instantané, le morphing annihile l’effet horrifique recherché. Volontiers gore, La Nuit Déchirée se pare aussi d’une certain nombre d’effets de mise en scène inventifs, comme le plan séquence révélant le corps d’un policier ou la caméra subjective virevoltante accompagnant le combat dans le cimetière. On sent bien que Mick Garris s’en donne à cœur joie, multipliant la présence de « vedettes invitées » (Stephen King, Clive Barker, Tobe Hooper, John Landis, Joe Dante) et accumulant les séquences outrancières, comme lorsque Mary recoud la plaie de son fils avec du fil et une aiguille après l’avoir griffé, ou lorsque Charles se rend invisible pour passer inaperçu. Envisagé pour le cinéma, La Nuit Déchirée sera finalement diffusé sur les petits écrans américains mais sortira en salle chez nous.

 

© Gilles Penso

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RAMPAGE, HORS DE CONTRÔLE (2018)

The Rock, un gorille géant, un loup monstrueux et un crocodile titanesque partagent l'affiche de ce spectacle absurdement excessif

RAMPAGE

2018 – USA

Réalisé par Brad Peyton

Avec Dwayne Johnson, Naomie Harris, Malin Akerman, Jeffrey Dean Morgan, Jake Lacy, Joe Manganiello, Marley Shelton

THEMA SINGES I MAMMIFÈRES I REPTILES ET VOLATILES

Avec un film dont le slogan est « Big Meets Bigger », dont la tête d’affiche est Dwayne Johnson et dont le concept consiste à lâcher dans la ville trois monstres géants prompts à tout détruire sur leur passage, on imagine bien ne pas avoir affaire à un spectacle d’une très haute portée intellectuelle. Le vide abyssal du scénario de Rampage, la vulgarité de son humour de bas-étage et la profonde stupidité de l’ensemble de ses personnages donnent pourtant le vertige. En s’inspirant vaguement du jeu d’arcade créé en 1986 par Midway Games, le film de Brad Peyton (San Andreas), met donc en scène le massif The Rock dans le rôle très peu crédible d’un ancien militaire devenu primatologue, sorte de Dian Fossey masculin gorgé de testostérone. Son meilleur ami est George, un gorille blanc qui adore les blagues graveleuses (et qui adresse régulièrement à l’ancien catcheur un doigt d’honneur pour montrer aux spectateurs l’étendue de son sens de l’humour). Mais un jour, rien ne va plus : une station spatiale explose et projette dans la forêt les restes d’une expérience génétique ratée. Aussitôt, George atteint la taille de King Kong, comme jadis le petit chimpanzé de Konga, et révèle une soudaine agressivité que nous ne lui connaissions pas. 

Un gorille géant ne suffisant apparemment pas à attirer l’attention du public, deux autres animaux connaissent la même mutation : un loup et un crocodile. Pour une raison qui reste mystérieuse, George conserve ses attributs physiques, si ce n’est sa taille titanesque, tandis que les deux autres deviennent des sortes de mutants hybrides aux morphologies insolites (le loup vole et projette des épines, le crocodile est grand comme une locomotive et ressemble au dinosaure Anguirus du Retour de Godzilla). Mais ce n’est pas la seule incohérence du film, loin d’en faut. Les monstres sont d’ailleurs les mieux lotis dans Rampage, avec une nette préférence pour le gigantesque croco qui nous donne droit aux séquences les plus spectaculaires et les plus iconiques du métrage. On ne peut pas en dire autant des humains, dont le scénario semble se désintéresser avec une insouciance qui laisse pantois. 

Plus c'est grand, plus c'est bête !

The Rock est plus monolithique que jamais, la généticienne qui l’accompagne (Naomie Harris) est parfaitement transparente, l’agent spécial incarné par Jeffrey Dean Morgan donne l’impression de se téléporter sans cesse d’une scène à l’autre sans se départir de son sourire agaçant, tous les seconds rôles surjouent jusqu’à l’outrance (les méchants grotesques, le chef des armées caricatural) et certains protagonistes qui semblaient importants disparaissent purement et simplement au bout de dix minutes de film (les trois explorateurs qui accompagnent le héros pendant les premières séquences). Rampage donne ainsi l’impression de ne pas savoir sur quel pied danser, à mi-chemin entre la parodie non assumée, le spectacle violent pour public adulte, la comédie potache et l’action musclée post-Commando. Autant dire que le mélange ne prend pas. Restent donc les créatures. La générosité des scènes de combat et de destructions dans lesquelles elles s’animent (sous la supervision experte de l’équipe de Weta) nous ferait presque oublier la bêtise généralisée de l’entreprise. Presque.

© Gilles Penso

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LES AVENTURES D’UN HOMME INVISIBLE (1992)

John Carpenter s'essaie à la comédie de science-fiction à travers cette superproduction taillée sur mesure pour Chevy Chase

MEMOIRS OF AN INVISIBLE MAN

1992 – USA

Réalisé par John Carpenter

Avec Chevy Chase, Daryl Hannah, Sam Neill, Michael McKean, Stephen Tobolowsky, Jim Norton, Pat Skipper, Paul Perri

THEMA HOMMES INVISIBLES I SAGA JOHN CARPENTER

Au début des années 90, John Carpenter venait d’enchaîner deux petits films fantastiques aux budgets modestes, bourrés de charme et de bonnes idées, Invasion Los Angeles et Prince des Ténèbres, mais l’accueil du public ne fut pas à la hauteur des espoirs qu’il y misa. Dans la foulée, il se laissa donc tenter par un bon gros film de commande de quarante millions de dollars, adaptant un roman d’H.F. Saint. Suite à un étrange concours de circonstance, son héros, Nick Holloway (Chevy Chase), est contaminé après une explosion dans un centre de recherche et se retrouve invisible, prisonnier dans le bâtiment encerclé par des hommes des services secrets. Lorsque David Jenkins (Sam Neill) réalise ce qui vient de se passer, il souhaite transformer Nick en agent secret au service de la CIA. Mais ce dernier a d’autres projets…

Plutôt habitué aux budgets réduits et aux producteurs peu contraignants, John Carpenter n’a pas doté ce film de sa « patte » si spécifique (un travers qui était déjà partiellement apparent dans Starman, l’autre superproduction de SF du cinéaste). Du coup, sa mise en scène n’est jamais vraiment stylisée dans Les Aventures d’un Homme Invisible, sauf en de très rares moments, comme lorsque le héros, au début du film, s’endort pendant une conférence, le son se distordant peu à peu dans sa tête. Cela dit, cette variation sur un thème connu ne manque ni de rythme, ni de charme, et la prestation de Chevy Chase y est pour beaucoup. Le ton général et l’ambiance évoquent bien plus la série télévisée de Harve Bennett, mettant en vedette David Mc Callum, qu’Herbert George Wells ou, par extension, le film de James Whale. 

Une star ne peut pas rester invisible

On notera au passage l’idée intéressante de montrer au spectateur le visage du héros lorsqu’il est seul, et d’utiliser des effets d’invisibilités lorsqu’il est vu par d’autres, ce qui favorise l’identification du public au personnage. Nul doute que cette décision fut également dictée par la présence de Chase, un comédien trop populaire – et trop bien payé ! – pour ne pas montrer son visage à l’écran. Les magnifiques effets visuels d’ILM supervisés par Bruce Nicholson, jamais démonstratifs, reposent en grande partie sur les déshabillages et les déplacements d’objets, déjà excellemment mis en scène près de soixante ans auparavant par John P. Fulton. Mais certaines innovations laissent assez stupéfait : le chewing-gum qui se mâche tout seul, les aliments qui se dirigent vers l’estomac, les poumons enfumés, les gouttes de pluie qui se déposent sur une silhouette à peine perceptible… Des effets jamais vus, c’est le cas de le dire ! Pour y parvenir, toutes les techniques possibles et imaginables furent mises à contribution : les tournages sur fond bleu, l’animation image par image, les marionnettes, les caméras pilotées par ordinateur mais aussi les trucages numériques, alors en plein essor. Dommage que la jolie Daryl Hannah n’ait pas un rôle plus consistant et que le happy-end ouvert vers une suite possible (qui ne vit jamais le jour étant donné l’échec du film au box-office) cède tant à la facilité, au raccourci rapide et au manque de subtilité.

 

© Gilles Penso

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LE COBAYE (1992)

Un film de science-fiction qui cite abusivement Stephen King pour nous plonger dans la réalité virtuelle

THE LAWNMOWER MAN

1992 – USA

Réalisé par Brett Leonard

Avec Jeff Fahey, Pierce Brosnan, Jenny Wright, Mark Bringleson, Geoffrey Lewis, Jeremy Slate, Dean Norris, Colleen Coffey

THEMA MONDES PARALLELES ET MONDES VIRTUELS I SAGA STEPHEN KING

Si le nom de Stephen King apparaît dans des caractères gigantesques sur l’affiche du Cobaye, la publicité s’avère un tantinet mensongère, dans la mesure où le film de Brett Leonard n’adapte que très partiellement la courte nouvelle « La Pastorale » (« The Lawnmower Man » dans le texte original, autrement dit « L’homme à la tondeuse »), publiée en 1978 dans le recueil « Danse Macabre », pour en tirer un récit tout neuf. Jobe Smith (Jeff Fahey) est un jeune homme un peu attardé qui tond le gazon des habitants de sa petite ville pour augmenter le maigre contenu de sa tirelire. Un chercheur employé par l’armée, le docteur Lawrence Angelo (Pierce Brosnan, trois ans avant sa starification dans Goldeneye), le contacte pour en faire le cobaye d’une expérience scientifique utilisant la réalité virtuelle. Une expérience qui aura pour conséquence de le rendre supérieurement intelligent, mais dont les effets secondaires sont plus inattendus. Désormais doué de raison, Jobe évolue dans le mauvais sens : il tue par l’intermédiaire des images virtuelles ceux qui l’ont autrefois ridiculisé. Tel un monstre de Frankenstein se retournant contre son créateur, il déclare fièrement au scientifique : « Vous réalisez, docteur d’Angelo, que mon intelligence a surpassé la vôtre ? »

L’univers fascinant de la réalité virtuelle méritait qu’un film de science-fiction s’y penche vraiment, et Le Cobaye a effectué ce premier pas. Certes, des œuvres comme Tron et Brainstorm ont amorcé le mouvement, mais le film de Brett Leonard est le premier à intégrer les connaissances réelles en ce domaine et les accessoires qui en sont corollaires (casques, gants, combinaisons). La partie la plus intéressante du récit concerne la transformation psychologique et physique de Jobe, simple d’esprit devenu savant suite à une série d’expériences pratiquées sur son cerveau. Jeff Fahey s’avère très convaincant dans le rôle multi-facettes du personnage, et il se mue en superbe super-vilain lorsqu’enfin il arbore sa combinaison bleue lumineuse pour effectuer sa vengeance, sa mégalomanie croissante le poussant à clamer « Je suis Dieu ici ! ». 

« Je suis Dieu ici ! »

Plus que les scènes de la tondeuse, finalement très anecdotiques, c’est cette expédition punitive, successive à l’humiliation, qui évoque Stephen King, et en particulier Carrie. Les images de synthèse qui figurent les univers virtuels dans lesquels se promènent les personnages privilégient l’esthétisme plutôt que le réalisme, ce qui s’avère un choix heureux. Dommage cependant qu’elles soient souvent trop furtives, pas assez immersives pour que le spectateur puisse partager le « trip » des protagonistes. Il faut dire qu’en ces temps pré-Jurassic Park, la 3D n’était pas encore monnaie courante au cinéma. Pour obtenir les huit minutes d’images de synthèse du film, huit mois de travail furent nécessaires, entraînant un surcoût de 500 000 dollars. Même si le postulat scientifique et son argumentation laissent un peu perplexe, même si le climax dans les locaux militaires manque de nervosité, de crédibilité et d’efficacité, tous les sujets que le film aborde captent l’intérêt. Et le final, digne de celui de La Grande Menace, est inquiétant à souhait.

© Gilles Penso

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L’ÉPÉE SAUVAGE (1982)

Le premier long-métrage d'Albert Pyun est une épopée d'Heroic-Fantasy qui compense son petit budget par une profusion d'effets inventifs et spectaculaires

THE SWORD AND THE SORCERER

1982 – USA

Réalisé par Albert Pyun 

Avec Lee Horsley, Kathleen Beller, Simon MacCorkindale, George Maharis, Richard Lynch, Richard Moll, Anthony de Longis

THEMA HEROIC-FANTASY

L’Epée Sauvage est le premier film d’Albert Pyun, futur spécialiste du cinéma d’action musclé à petit budget (CyborgNemesisCaptain America). Très inspirée de Conan le Barbare, cette œuvre inventive possède malgré tout sa propre originalité et son propre univers. Les premières séquences nous font découvrir Titus Cromwell d’Aragon (Richard Lynch), un tyran implacable ayant conquis les uns après les autres tous les royaumes voisins. Seul le roi Richard (Christopher Cary) ose encore lui résister. Cromwell fait alors alliance avec la magicienne Ban Urlu (Emily Yancy) afin qu’elle tire de sa tombe le redoutable sorcier Xusia (Richard Moll). Dans l’île brumeuse de Tomb Island, une petite procession pénètre alors dans une crypte souterraine où des visages pétrifiés dans la roche (conçus par les frères Chiodo, futurs créateurs des Critters) prennent soudain vie, hurlant et gémissant en une vision atroce digne de Lovecraft. La naissance de Xusia est l’un des moments forts du film. Rougeoyant, dégoulinant, cet être aux traits de démon émerge d’une tombe emplie d’un liquide épais. Son extraordinaire maquillage (un faciès bestial, des yeux de félin, des doigts griffus) est l’œuvre de plusieurs artistes talentueux, dont Greg Cannom (Dracula), Mark Shostrom (Evil Dead 2), Allan Apone (Le Retour des Morts-Vivants) et Jim Doyle (Les Griffes de la Nuit).

Pour prouver l’étendue de son pouvoir, Xusia n’hésite pas à arracher à distance le cœur de la sorcière. A mille lieues de là, le royaume d’Ehdan célèbre ses vingt ans de paix. Mais Cromwell détruit bientôt son armée, élimine le sorcier dont il n’a plus besoin (Xusia est une proie facile car ses incantations l’affaiblissent) puis assassine Richard et toute sa famille. Seul son fils Talon (James Jarnigan) réussit à s’échapper. Débordant de bravoure, le jeune homme manie avec virtuosité une étrange épée dont les trois lames se propulsent pour frapper leurs cibles. Devenu adulte, Talon prend les traits de Lee Horsley. Il pénètre dans la capitale et sauve Alana (Kathleen Beller) que des soldats allaient violer. En échange d’une nuit d’amour, la belle lui demande de soutenir la révolte qui couve et de libérer son frère Mikah (Simon MacCorkindale). Talon y parvient, mais il est bientôt capturé et crucifié dans une salle de banquet, contraint d’assister au mariage forcé d’Alana et de Cromwell.

Horreur, humour et érotisme

Peu avare en tortures et en morts violentes, L’Epée Sauvage se pare en outre d’une pincée d’érotisme (avec notamment les filles nues dans le harem) et d’un humour lié aux situations en décalage, en particulier lors de la course-poursuite dans le château, soutenue par la partition enjouée (à défaut d’être très originale) de David Whitaker (Docteur Jekyll et Sister Hyde, Le Cirque des vampiresHarry un ami qui vous veut du Bien). Au cours d’un mémorable climax, Talon affronte Xusia (ressuscité à l’issue d’une métamorphose particulièrement gore) puis l’immonde Cromwell, tandis qu’un énorme serpent s’enroule lentement autour du corps sans connaissance (et fort peu vêtu) d’Alana. Le générique de fin nous annonce une prochaine aventure de Talon, « Tales of the Ancient Empire », mais cette séquelle ne vit hélas jamais le jour.

© Gilles Penso

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FREEJACK (1991)

Mick Jagger, Emilio Estevez et Anthony Hopkins se débattent dans ce récit de science-fiction pas vraiment palpitant

FREEJACK

1991 – USA

Réalisé par Geoff Murphy

Avec Emilio Estevez, Mick Jagger, Rene Russo, Anthony Hopkins, Jonathan Banks, David Johansen, Grand Bush, Amanda Plummer

THEMA FUTUR

Mixant science-fiction et phénomènes paranormaux, le roman « Immortality Inc.. », que Robert Sheckley publia en 1958, sert ici de base à un scénario co-écrit par Ronald Shussett, Dan Gilroy et Steven Pressfield. Mais Sheckley n’est qu’un prétexte, et Freejack semble tout miser sur deux facteurs au fort potentiel commercial : des séquences d’action mouvementées et la présence quasi-surréaliste de Mick Jagger en tête d’affiche. La finesse n’est donc pas vraiment de mise. Alex Furlong (Emilio Estevez), champion de courses automobiles, est victime d’un accident spectaculaire. Soudain, le voilà transporté en l’an 2009 à New York. A peine a-t-il de temps de comprendre la situation qu’il est pris en chasse par le mercenaire Victor Vacendak (Mick Jagger). Car Alex est désormais un « freejack », c’est-à-dire un homme du passé transporté au début de vingt-et-unième siècle – époque où l’on maîtrise donc les voyages dans le temps grâce à la technologie du « Spiritual Switchboard » – pour que son corps frais et dispos puisse être recyclé par les citoyens riches et vieillissants de cette société agonisante. Le milliardaire Ian McCandless (Anthony Hopkins) semble prêt à tout pour mettre la main sur ce « freejack ». En disposant de son corps, il se donnerait une seconde jeunesse, et pourrait en profiter pour conquérir la petite amie du pilote de course, Julie Redlund (René Russo). Alex entend bien retrouver cette dernière, vieillie de dix-huit ans dans l’intervalle, afin qu’elle l’aide à sortir de cette situation inextricable. Une nonne haute en couleurs incarnée par Amanda Plummer s’efforcera de lui prêter main forte…

L’idée qui sert de base au scénario ne manque certes pas d’originalité, mais tout tourne bien vite à la banale course-poursuite d’un héros traqué, seul contre tous dans une cité futuriste moyennement réussie. Les immeubles y sont un peu plus grands que nature, les affiches publicitaires vidéo omniprésentes, et les véhicules ressemblent à des prototypes futuristes des années cinquante au design un peu douteux. Il faut dire que depuis Blade Runner, les spectateurs sont devenus exigeants en matière de mégapoles du futur. Si Emilio Estevez se débat avec pas mal de conviction dans cet univers hostile qui n’est pas le sien, Mick Jagger, lui, convainc beaucoup moins en chasseur de prime à la solde des méchants, et Anthony Hopkins, dont on connaît l’extraordinaire potentiel dramatique, est terriblement sous-exploité dans le rôle d’un homme d’affaires qui n’apparaît pratiquement que par l’entremise d’écrans vidéo. 

Coups de théâtre en série

Modérément palpitante, l’intrigue se suit donc d’un œil assez distrait, ce qui n’interdit pas cependant d’y trouver de l’entrain et quelques sources de réjouissances, à défaut d’un réel intérêt. Mais tout l’humour et le cynisme de Sheckley, dont un des romans inspira le délirant La Dixième Victime dans les années 60, se sont totalement évaporés. Le climax, au cours duquel les héros entrent dans l’esprit moribond d’Hopkins, est assez déroutant, et multiplie les coups de théâtre avec pas mal de bonheur. Le final, en revanche, manque sérieusement de crédibilité, et clôt sur une note bizarre un film qui ne l’est pas moins.

© Gilles Penso

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VENGEANCE DIABOLIQUE (1991)

Une adaptation mineure de Stephen King dans laquelle un enseignant voit ressurgir dans sa classe les fantômes terrifiants de son passé

SOMETIMES THEY COME BACK

1991 – USA

Réalisé par Tom MacLoughlin

Avec Tim Matheson, Brooke Adams, Robert Rusler, Nicholas Sadler, Bentley Mitchum, Chadd Nyerges

THEMA FANTÔMES I SAGA STEPHEN KING

Réalisé directement pour le petit écran, ce slasher surnaturel s’avère assez dispensable malgré une mise en scène soignée et des comédiens plutôt convaincants. Le scénario adapte la nouvelle « Cours, Jimmy, Cours » de Stephen King parue en 1978 dans le recueil « Danse Macabre ». Jim Norman (Tim Matheson) revient dans sa ville natale avec sa femme Sally (Brooke Adams) et son fils Scott (Robert Gorman) pour prendre un poste d’enseignant. Il l’avait quittée après un traumatisme d’enfance survenu en 1963. Son frère aîné Wayne avait en effet été agressé par des voyous dans un tunnel, et un train passant à toute vitesse les avait tous tués, Jim s’en sortant de justesse.

Cet épisode aurait été inspiré à Stephen King par un drame survenu dans sa propre enfance (un camarade écrasé par un train). Le futur écrivain avait alors quatre ans et le drame lui a été raconté par sa mère. On en trouve des traces dans plusieurs de ses écrits, notamment dans la nouvelle “Le Corps“, devenue à l’écran Stand By Me. Les cours que donne son « alter ego » Jim Norman au lycée ne se déroulent pas à merveille. Les élèves le chahutent et ne le respectent guère. Pour couronner le tout, les souvenirs du drame passé le hantent avec de plus en plus d’insistance, érodant les frontières entre le rêve et la réalité. Dans un état de semi-conscience, il revoit la voiture des voyous, perçoit ses propres pleurs d’enfant, entend le bruit du train au loin…

Les souvenirs peuvent-ils prendre corps ?

L’intrigue de Vengeance Diabolique bascule lorsque deux des élèves de Jim meurent dans des circonstances suspectes. L’un tombe dans un ravin, l’autre est retrouvée pendue dans une grange. Or Jim a des visions au cours desquelles ses anciens agresseurs sont les assassins. Pire : ces derniers réapparaissent vraiment, sous forme de nouveaux élèves intégrant sa classe. Devient-il fou ? Les souvenirs peuvent-ils prendre corps ? Une scène volontairement grand-guignolesque semble confirmer cette dernière possibilité. On y voit les voyous enlever l’un des élèves au milieu de la nuit, puis se transformer en monstres mi-démons mi-zombies qui se jettent sur lui et le déchiquètent membre par membre. Le massacre est vu de loin et en partie suggéré, mais les effets – signés Gabe Bartalos – restent spectaculaires, témoignant des penchants du réalisateur pour le gore outrancier (il signa l’excessif Jason le Mort-Vivant). La théorie d’un policier à la retraite que Jim a connu dans son enfance semble associer ces créatures du passé à des fantômes. « Parfois ils sont dans nos pensées, et parfois ils sont dans nos cœurs », dit-il. « Mais s’ils sont partis avant d’avoir réglé leurs comptes sur Terre, ils reviennent parfois ici-bas. » Dans le rôle de Jim, Tim Matheson offre une prestation assez solide, et McLoughlin parvient à instiller le malaise de manière très efficace, même si sa réalisation reste anonyme. Un peu mécanique, la résolution de l’intrigue déçoit par sa platitude, les scénaristes Lawrence Konner et Mark Rosenthal ayant sans doute préféré éviter de se conformer au climax de la nouvelle qui prenait la forme d’une sorte de messe noire bizarre.

© Gilles Penso

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LADY FRANKENSTEIN (1971)

Cette version italienne du roman de Mary Shelley nous dévoile les intentions peu catholiques de la fille du docteur Frankenstein

LA FIGLIA DI FRANKENSTEIN

1971 – ITALIE

Réalisé par Mel Welles

Avec Joseph Cotten, Rosalba Neri, Paul Müller, Peter Whiteman, Mickey Hargitay, Herbert Fux

THEMA FRANKENSTEIN

En 1971, Mel Welles, qui jouait le rôle du vendeur de fleurs dans La Petite Boutique des Horreurs de Roger Corman, réalisait cette version décadente du thème de Frankenstein. Pourtant, tout commence sous un angle extrêmement classique. Le baron est d’ailleurs incarné par un acteur pour le moins prestigieux, puisqu’il s’agit de Joseph Cotten, qui eut l’honneur d’être dirigé par Orson Welles (Citizen Kane) et Alfred Hitchcock (L’Ombre d’un doute). Avec son assistant Charles Marshall (Paul Muller), il poursuit des expériences sur la réanimation. Son assistant émet bien quelques doutes, jugeant que ce qui concerne la vie et la mort devrait être laissé entre les mains de Dieu. Mais Frankenstein balaie ces scrupules d’un revers de main. « L’homme est Dieu » répond-il ainsi fièrement. Pour les besoins de leurs travaux, les deux hommes louent les services du sinistre Lynch (Herbert Fux), un pourvoyeur de cadavre qui parvient à leur fournir le corps robuste d’un condamné à mort. 

C’est le moment que choisit Tania, la fille de Frankenstein, incarnée par la toute belle Rosalba Neri, pour entrer en scène. Après avoir brillamment terminé ses études de chirurgie, elle regagne le château familial et s’intéresse de près aux activités de son père. Ce dernier préfère cependant la tenir à l’écart, malgré les protestations de la jeune fille, qui clame à qui veut l’entendre « je ne suis plus une enfant, je suis chirurgien ! ». Lorsque l’expérience commence, Mel Welles n’hésite pas à en faire trop : gros plans anatomiques, glougloutements de liquides dans les cornues, bande son surchargée de sonorités synthétiques angoissantes… La foudre frappe enfin le corps inanimé, le ramenant à la vie mais lui brûlant irrémédiablement le visage. Le monstre se redresse alors de toute sa hauteur et révèle des traits peu avenants : un crâne chauve hypertrophié, une figure à moitié déchiquetée et un œil protubérant qui sort bizarrement de son orbite. Aussitôt, « l’opéré » révèle ses instincts homicides en étouffant son créateur d’un câlin un peu trop expansif.

Nudité, horreur et décadence

Dès lors, Lady Frankenstein s’autorise toutes les démesures, incitant d’abord la majorité du casting féminin à se déshabiller intégralement. D’où une série de saynettes délicieusement gratuites où un couple copule en pleine nature, où la créature transporte une fille nue dans ses bras vigoureux avant de la jeter à l’eau (réminiscence du Frankenstein de 1931 ?), où une demoiselle peu pudique apparaît dans le lit de Lynch. Tania elle-même dévoile ses charmes en même temps que ses intentions inavouables. Elle compte en effet poursuivre les travaux de son défunt père et pousse le vieux Charles, amoureux transi, à laisser son cerveau à disposition pour qu’elle le greffe dans le corps jeune et beau d’un domestique attardé. Ce qui nous vaut un climax impensable où les deux créatures s’affrontent dans le château des Frankenstein. Tant d’excès posèrent les jalons d’autres œuvres outrancières comme Chair pour Frankenstein de Paul Morrisey. Les distributeurs français du film de Mel Welles, conscients du parfum de scandale potentiel, le sortirent d’ailleurs sous le titre très explicite de Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle.

 

© Gilles Penso

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DARKSIDE, LES CONTES DE LA NUIT NOIRE (1990)

Un film à sketches produit par George Romero qui s'efforce de retrouver la formule de Creepshow

TALES FROM THE DARKSIDE

1990 – USA

Réalisé par John Harrison

Avec Deborah Harry, Christian Slater, Steve Buscemi, Julianne Moore, David Johansen, James Remar, Rae Dawn Chong

THEMA MOMIES I MAMMIFERES I SORCELLERIE ET MAGIE

Compositeur des étonnantes BO de Creepshow et Le Jour des Morts-Vivants, John Harrison a tissé des liens étroits avec George Romero, jusqu’à ce que celui-ci ne lui confie la mise en scène d’une dizaine d’épisodes de la série Histoires de l’Autre Monde dont il fut le producteur. Fort inégale, cette collection d’épisodes horrifiques fut lancée sur les écrans en 1984, suite au succès de Creepshow dont elle tentait maladroitement de retrouver la recette. Six ans plus tard, une version cinéma éclaboussait les écrans, Darkside, toujours produite par Romero et réalisée par Harrison en personne. Une fois n’est pas coutume, le film est plus réjouissant que son modèle télévisé, et eut d’ailleurs constitué une bien meilleure suite à Creepshow que le très passable Creepshow 2 anonymement réalisé par Michael Gornick.

Les scénarios des trois sketches, reliés par l’histoire d’une sorcière cannibale interprétée par Deborah Harry, ne sont pas ébouriffants, mais la mise en scène d’Harrison les transcende avec efficacité. C’est notamment vrai dans la seconde histoire, « Cat From Hell », tirée d’un texte de Stephen King, dans laquelle le récit joue à mêler présent et passé via des transitions qui semblent héritées des facéties visuelles de Francis Coppola dans Coup de Cœur. Le thème du chat maléfique se pare ici de plans subjectifs monochromatiques, censés visualiser le regard du félin, et se clôt par une scène démente, véritable prouesse d’effets spéciaux. Le premier segment, « Lot 249 », inspiré d’une nouvelle d’Arthur Conan Doyle, aborde un thème encore plus classique, celui de la momie vivante, et s’en sort surtout grâce aux pirouettes de l’histoire, tout en cultivant volontairement les clins d’œil aux films Universal et à tout un pan du cinéma d’horreur des années 30 et 40. Malgré ce second degré et ce penchant pour le rétro, la momie en question s’éloigne du look habituel popularisé par Jack Pierce et Boris Karloff pour tendre vers un faciès grimaçant plus réaliste. Le concepteur de cette créature n’est autre que le grand Dick Smith (Little Big ManLe ParrainL’Exorciste).

Momies, félins et gargouilles

Quant au dernier sketch, « Lover’s Vow », c’est le plus original des trois. Il s’agit ouvertement de celui qu’Harrison préfère, s’efforçant de mêler l’épouvante à une romance quasiment féerique. Une gargouille s’y transforme en jolie jeune femme (Rae Dawn Chong) par amour pour un homme à qui elle fait promettre de garder le secret de son origine. Mais celui-ci finit par délier sa langue après plusieurs années de vie commune, et la malédiction se matérialise. A l’issue d’une éprouvante métamorphose, la belle redevient donc une impressionnante gargouille, créée par les maquilleurs de KNB. Assez curieusement, ce troisième segment reprend fidèlement la trame de l’épisode « La Femme des Neiges » du film à sketches nippon Kwaidan. Modeste succès outre-Atlantique, Darkside sortit sur nos écrans auréolé du Grand Prix du Festival d’Avoriaz, avant de sombrer dans un oubli un peu immérité.

 

© Gilles Penso

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