SORTILEGE (2011)

Une tentative de rajeunissement et de modernisation du motif de la Belle et la Bête dans un milieu lycéen

BEASTLY

2011 – GB

Réalisé par Daniel Barnz

Avec Alex Pettyfer, Vanessa Hudgens, Justin Bradley, Mary-Kate Olsen, Dakota Johnson, Erik Knudsen, Peter Krause

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Depuis sa mise en forme et sa popularisation par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont en 1757, le mythe universel de « La Belle et la Bête » a été accommodé à toutes les sauces, de la sublime relecture concoctée par Jean Cocteau en 1946 jusqu’au dessin animé ultra-populaire des studios Disney en passant par les versions télévisées des années 70 et 80. Une adaptation post-moderne, adaptée aux adolescents du 21ème siècle, était inévitable. Le romancier Alex Flinn s’y colla en écrivant « Beastly », dont les droits furent acquis par CBS Films en 2007 en vue d’une adaptation cinématographique. Le prince transformé en monstre est donc devenu Kyle (Alex Pettyfer, héros d’Alex Rider et Numéro 4). Fils d’un présentateur vedette (Peter Krause, échappé de Six Feet Under), beau gosse populaire dans son lycée, gâté, ambitieux et vantard au-delà de toute mesure, le jeune homme attire immédiatement l’antipathie. Un jour, il a la mauvaise idée d’humilier publiquement Kendra (Mary-Kate Olsen), une fille gothique et marginale qui refuse de faire partie de sa cour. Or Kendra est une sorcière, et lui jette aussitôt un sort : la laideur intérieure de Kyle va contaminer son apparence physique. Condamné à se terrer telle une bête traquée, il échappera à sa malédiction si quelqu’un tombe amoureux de lui d’ici une année…

Les partis pris initiaux de Sortilège semblent pertinents, notamment un regard acerbe sur le culte de l’image cher aux teenagers et une évacuation du look lycanthropien classique de la Bête au profit d’une défiguration moins iconique. Hélas, un fossé se creuse entre les intentions et le résultat final, comme si le cinéaste Daniel Barnz n’avait pas su – ou n’avait pas voulu ? – échapper aux lieux communs du film pour ados romantico-fantastique, dont le mètre étalon semble être devenu la « saga » Twilight. La bande son se sature donc de morceaux pop-rock sirupeux (Lady Gaga entonne dès le générique un « Vanity » qui donne d’emblée le ton), la mise en scène joue volontiers la carte du vidéo clip et les jeunes protagonistes ne sont jamais filmés avec réalisme (nous sommes bien plus proches ici de la gravure de mode pour magazine que de l’adolescent américain réel).

Trop sage pour convaincre

Même l’excellent Tony Gardner, maquilleur spécial du Blob, de Darkman et de L’Armée des ténèbres, se casse un peu les dents sur le design de la « créature ». Plusieurs idées se cumulent sur l’altération du visage d’Alex Pettyfer (perte de pilosité, maladie de peau, scarifications, piercings, tatouages, végétation grimpante), mais le résultat à l’écran manque singulièrement de cohérence et surtout de « présence ». A ces réserves liées à la forme plastique du film s’ajoute une frustration d’ordre narratif. Car dès que Kyle se mue physiquement, son caractère semble s’adoucir sans souci de réelle progression dramatique. Comme en outre la jeune fille dont il s’éprend, incarnée par Vanessa Hudgens, ne semble guère rebutée par ses allures de zombie imberbe et végétal, l’issue de l’idylle ne laisse guère de doute, la carence de conflits et d’obstacles internes amenuisant singulièrement la dramaturgie de ce Sortilège finalement trop sage pour convaincre.

 

© Gilles Penso

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LES INNOCENTS (1961)

Comme dans La Maison du Diable, cette adaptation tout en finesse du roman d'Henry James cultive le doute sur le caractère surnaturel de ses fantômes

THE INNOCENTS

1961 – GB

Réalisé par Jack Clayton

Avec Deborah Kerr, Megs Jenkins, Michael Redgrave, Peter Wyngarde, Martin Stephens, Pamela Franklin, Clytie Jessop

THEMA FANTÔMES I ENFANTS

Œuvre phare de la littérature anglaise, « Le Tour d’écrou » d’Henry James fit beaucoup parler de lui lors de sa publication en 1898. Il se distinguait en effet des traditionnelles histoires de fantômes en y injectant une bonne dose d’éléments psychanalytiques, semant finalement le doute auprès du lecteur quant à la véracité des phénomènes surnaturels présents dans le récit. Adapté sous forme de scénario par Truman Capote et William Archibald, « Le Tour d’écrou » devint en 1961 Les Innocents, sous la direction de Jack Clayton, et le roman classique se mua en film classique. Inoubliable dans Quo VadisLe Prisonnier de Zenda ou encore Le Roi et moi, Deborah Kerr incarne ici Miss Giddens, dont l’entretien d’embauche constitue le prologue du film. Elle propose en effet ses services de gouvernante pour s’occuper de Flora et Miles, deux petits orphelins quelque peu délaissés par leur oncle oisif et vivant en compagnie d’une poignée de servantes dans une gigantesque maison au beau milieu du comté de Blye. Miss Giddens se laisse séduire par l’ingénuité et le charme des deux enfants, mais progressivement quelques troubles comportementaux de la part de Miles et Flora finissent par l’alerter. Son inquiétude grandit lorsqu’elle apprend que Miss Jessel et Peter Quint, l’ancienne gouvernante et le valet, étaient des amants sadomasochistes décédés dans d’étranges circonstances. Bientôt, de curieux phénomènes surviennent, laissant supposer à Miss Giddens que les fantômes des deux sinistres personnages hantent les lieux et possèdent l’esprit des enfants…

Serti dans un magnifique Cinémascope noir et blanc éclairé par Freddie Francis (futur réalisateur pour la Hammer), mis en scène avec raffinement et dextérité par Jack Clayton, Les Innocents laisse une impression d’inconfort prégnante et palpable. Le fantastique et l’épouvante s’y invitent lentement, insidieusement, pénétrant en douceur un cadre idyllique et paisible. Les apparitions fantomatiques elles-mêmes tirent leur efficacité de leur sobriété : une ombre qui passe dans un couloir mal éclairé, une silhouette d’homme en haut d’un clocher, une femme en noir qui se fige au loin sur la rive d’un étang, le visage d’un homme qui soupire dans l’obscurité d’un rideau sombre… La bande son, jouant avec le vent sinistre, le pépiement agaçant des oiseaux ou les hurlements de la petite fille épouvantée, participe grandement au sentiment d’angoisse sourde.

Candeur enfantine ?

Peu à peu, le doute s’installe : les enfants sont-ils réellement ensorcelés, comme le symbolise l’image de ce cafard sortant de la bouche d’un angelot en pierre, ou Miss Giddins projette-t-elle ses propres angoisses sur Miles et Flora ? Astucieux, Clayton s’amuse souvent à recadrer le visage de ses protagonistes, ne laissant parfois apparaître qu’un regard ou une bouche pour mieux cerner le malaise, tandis que la partition de Georges Auric alterne la sérénité printanière des cordes et les accès de panique des cuivres. Détournant avec grand art les clichés liés à la candeur enfantine, Les Innocents s’achève sur une confrontation éprouvante qui prend les allures d’un exorcisme, et marque une date importante dans l’histoire des films de fantômes.

 

© Gilles Penso

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MISERY (1990)

Stephen King a couché sur papier l'une de ses terreurs les plus intimes, et Rob Reiner en a tiré un film tétanisant

MISERY

1990 – USA

Réalisé par Rob Reiner

Avec James Caan, Kathy Bates, Richard Farnsworth, Frances Sternhagen, Lauren Bacall, Graham Jarrvis, Jerry Potter

THEMA TUEURS

Voltaire a écrit : « En tous temps, en tous lieux, le public est injuste ». Du moment que l’on donne son œuvre en pâture au public, on doit se tenir prêt à subir tous les excès, et accepter le fait étrange mais logique que le fruit de notre imagination ne nous appartient plus. La frontière entre fan et fanatique se fait souvent ténue, au grand dam des artistes. Stephen King en a fait la douloureuse expérience, et préfère de loin la tranquillité. La trame de Misery propose une pertinente réflexion sur l’appropriation d’un auteur par son public : Paul Sheldon (James Caan), grand écrivain de romans à l’eau de rose, subit un grave accident de voiture et se retrouve convalescent chez sa « plus fervente admiratrice », Annie Wilkes (Kathy Bates), qui est également infirmière. La situation vire rapidement au cauchemar quand Annie se rend compte que son idole a décidé de « tuer » son héroïne préférée, Misery Chastain, dans son prochain manuscrit. Dès lors, Paul passe du statut de figure emblématique à celui de souffre-douleur, se voyant contraint et forcé de ressusciter le personnage et d’écrire un tout nouveau roman…

Un sujet de cette trempe offre nombre de possibilités pour un réalisateur. Cependant, adapter le King équivaudrait plutôt à un cadeau empoisonné. Le matériau d’origine étant souvent très évocateur et très dense, celui qui s’attaque au défrichage de la prose du Maître s’expose à une comparaison risquée (comparaison souvent faite par l’intéressé lui-même, pas très tendre avec les metteurs en scène). Dans le cas qui nous occupe, le choix de Rob Reiner s’apparente à un juste milieu idéal. L’homme est capable de réussir des comédies culte et très fédératrices (Princess Bride, Quand Harry rencontre Sally) mais aussi de s’attaquer à des sujets plus graves avec une réelle sensibilité (Stand By Me, sa première rencontre avec King, qui adore le film). L’ambivalence est donc de mise : la charge à l’encontre du lectorat « populaire » se veut satirique et acide, mais le portrait de l’écrivain n’est pas plus flatteur, les déviances d’Annie étant tout autant brocardées que la suffisance et le cynisme de Paul.

Le sacre de Kathy Bates

Reiner se plaît à restituer toute la cruauté du roman (mis à part une scène de meurtre à la tondeuse coupée au montage par peur du comique involontaire), alternant séquences au suspense insoutenable, rebondissements brutaux et effrayants, dialogues vifs et acerbes écrits au cordeau (servis par un couple Caan/Bates en état de grâce), et pointes d’humour salvatrices (le personnage du vieux policier roublard, absent du livre). Outre sa réflexion sur les dangers de la célébrité et l’abandon total du fan/fanatique jusqu’à la perte de soi, le film est avant tout une joute psychologique, verbale et physique entre les deux protagonistes principaux. Annie souffle le chaud et le froid, imprévisible, tantôt dévouée et enfantine puis dragon à la force herculéenne (trait important du roman bien retranscrit à l’écran), tantôt amoureuse éperdue de bonheur se muant en dépressive suicidaire et meurtrière. Kathy Bates (qui y gagna un Oscar et un Golden Globe amplement mérités) donne vie au personnage avec finesse, passant d’une émotion à une autre en un battement de cil. Caan n’est pas en reste dans un rôle très physique, provoquant facilement l’empathie et l’identification chez le spectateur. La relation amour/haine, dominant/dominé qui s’installe donne lieu à des scènes d’anthologie où les positions établies se voient subitement renversées et les spéculations du spectateur constamment déjouées. Et même si le final cède un tant soit peu au grand-guignol, justifié par l’ardente envie du public de voir souffrir la tortionnaire, le film résiste brillamment à l’épreuve du temps. Thriller captivant, fine étude de mœurs et mise en abîme cathartique pour son auteur star, Misery trône fièrement sur le podium des meilleures adaptations du King.

 

© Julien Cassarino

À découvrir dans le même genre…

 

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FOG (1980)

John Carpenter s'éloigne du modernisme de son premier slasher pour rendre hommage aux classiques de l'épouvante à l'ancienne

THE FOG

1980 – USA

Réalisé par John Carpenter

Avec Adrienne Barbeau, Jamie Lee Curtis, Tom Atkins, John Houseman, Janet Leigh, Hal Holbrook, James Canning

THEMA FANTÔMES I SAGA JOHN CARPENTER

Dans la foulée d’Halloween, appelé à devenir un colossal succès public, John Carpenter embraya sur Fog, une histoire de fantômes plus ancrée dans l’épouvante traditionnelle. « Je voulais faire un film à l’ancienne comme ceux de Jacques Tourneur, ou comme ces serials sur The Shadow de James V. Horne », explique-t-il à ce propos (1). Les premières séquences de Fog sont serties dans une magnifique photographie nocturne de Dean Cundey, exploitant avec talent toute la latitude du format Cinemascope. « Beaucoup de mes films parlent de gens qui sont emprisonnés, pris au piège, effrayés » ajoute Carpenter. « L’obscurité est un élément de base de ces sensations. C’est également très photogénique » (2). Situé dans la petite ville côtière d’Antonio Bay, le film s’ouvre sur une série de phénomènes étranges, qu’on croirait issus de Rencontres du troisième type : les téléphones sonnent brutalement dans les cabines, l’électricité s’emballe, de mini-séismes secouent les environs, les pompes à essence se vident, les klaxons et alarment se déclenchent, les téléviseurs s’allument, les objets bougent seuls, les vitres éclatent… Et puis, et surtout, il y a cette nappe de brouillard surnaturelle annonciatrice d’une antique malédiction… Car l’origine de ces mystérieuses manifestations n’est pas extra-terrestre, mais bel et bien spectrale. La légende raconte en effet qu’en 1880, La population d’Antonio Bay coula un bateau transportant des lépreux pour ne pas avoir à les accueillir. Or un siècle après, jour pour jour, alors que tous les habitants se préparent à fêter le centenaire de la ville, les morts reviennent pour se venger.

Voilà pour le point de départ, un récit simple dénué de toutes fioritures, d’autant que John Carpenter s’amuse une fois de plus à structurer l’histoire autour de la double unité de lieu et de temps. Le casting de Fog réunit deux héroïnes familières du réalisateur : Adrienne Barbeau (Meurtre au 43ème étage) et Jamie Lee Curtis (Halloween), auxquelles se joint la mère de celle-ci, Janet Leigh, célèbre héroïne de Psychose. Ironiquement, le tournage de Fog s’est déroulé à quelques kilomètres à peine de Bodega Bay, où Hitchcock avait tourné Les Oiseaux. Et pour parachever la filiation avec le maître du suspense, Carpenter s’amuse à faire une petite apparition au début du film, dans le rôle de l’assistant du curé.

L'ombre des fantômes

Simples ombres menaçantes au début du film, les fantômes apparaissent un peu plus précisément vers le dénouement, sans se départir pour autant de leur aura de mystère et de suggestion, proches en cela des abominations du romancier H.P. Lovecraft auquel Carpenter se réfère ouvertement. Silencieux, le pas traînant, le faciès décomposé, ils assaillent les humains comme des zombies, évoquant à la fois les Templiers d’Amando de Osorio et les échappés de l’Enfer de Lucio Fulci. « Le premier montage terminé, ça ne donnait pas du tout le résultat prévu », se souvient John Carpenter. « J’ai donc du retourner un certain nombre de séquences en ciblant un public plus moderne » (3). Force est de constater que cette révision du découpage fut une bonne idée, car en l’état, Fog est un film d’épouvante atemporel d’une redoutable efficacité.

 

(1), (2) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en février 1995

 

© Gilles Penso

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HORRIBILIS (2005)

Horreur et humour cohabitent avec entrain dans cet hommage vibrant aux films gore des années 80

SLITHER

2005 – USA

Réalisé par James Gunn

Avec Don Thompson, Nathan Fillion, Gregg Henry, Xantha Radley, Elizabeth Banks, Tania Saulnier, Dustin Milligan, Michael Rooker

THEMA EXTRA-TERRESTRES I MUTATIONS

Fan inconditionnel d’horreur et de science-fiction, James Gunn avait fait parler de lui en écrivant le scénario de L’Armée des morts, relecture modernisée du mythique Zombie de George Romero. Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Gunn s’est laissé inspirer par les œuvrettes qui bercèrent son adolescence au milieu des années 80. Voilà pourquoi Horribilis évoque irrésistiblement les BlobTremors et autres La Nuit des sangsues qui dynamitaient à grands coups de second degré les scripts naïfs des séries B des années 50. Fidèle à l’imagerie traditionnelle, le film s’ouvre sur la traversée du cosmos par une météorite se crashant quelque part dans la campagne américaine, tandis que deux policiers somnolent dans leur voiture de patrouille. Conditionné, le spectateur découvre peu après les habitants de la petite ville de Wheelsy, notamment le businessman Grant Grant (Michael Rooker) et sa jeune épouse Starla (Elizabeth Banks). Celle-ci ne répondant guère à ses besoins affectifs, Grant se laisse tenter par une virée nocturne dans les bois avec Brenda (Brenda James). Là, tous deux découvrent une masse gélatineuse bien peu ragoûtante, qui éjecte bientôt un dard dans la poitrine de Grant.

A partir de là, tout dégénère très vite. Car l’hôte involontaire du germe extra-terrestre est soudain en proie à des fringales carnivores insatiables, stockant dans sa cave des montagnes de viande et des carcasses d’animaux divers. Un soir, il viole littéralement Brenda, plantant des tentacules frétillants dans son corps terrifié jusqu’à ce qu’elle se mue en mère pondeuse d’un millier de limaces gluantes transformant peu à peu tous les habitants de la bourgade en zombies agressifs. Seul Bill Pardy (Nathan Fillion), le shérif de Wheelsy, semble capable d’endiguer la redoutable invasion.

Un cinéaste qui cite ses sources

James Gunn connaît si bien ses classiques que de nombreuses œuvres clefs du genre viennent à l’esprit tout au long du métrage. Si les métamorphoses tentaculaires de Grant évoquent The Thing et La Mouche, les limaces tueuses nous ramènent au Mutations de Juan Piquer Simon et à Frissons de David Cronenberg, tandis que la transformation des habitants en êtres dénués de personnalité rappelle forcément L’Invasion des profanateurs de sépulture et La Nuit des Morts-Vivants. Quant à l’orgie finale, elle semble se référer à Society et Videodrome. Le cinéaste assume pleinement ses sources, donnant au maire de Wheelsy le patronyme de MacReady (comme Kurt Russell dans The Thing), laissant apparaître la devanture d’un magasin de télévisions nommé Max Renn (comme James Woods dans Videodrome), évoquant un drame survenu chez la famille Castevet (personnages clefs de Rosemary’s Baby), et nous gratifiant d’un extrait de Toxic Avenger, témoin de son passé d’homme à tout faire chez Troma. Tous ces clins d’œil n’empêchent pourtant pas Horribilis de posséder sa personnalité propre et de collecter quelques séquences outrancières propres à figurer dans une anthologie, notamment l’explosion de Brenda dans la grange, l’attaque des sangsues dans la baignoire ou le climax déjanté, point d’orgue d’un extraordinaire cocktail d’horreur et d’humour référentiel.

 

© Gilles Penso

 

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LA FERME DE LA TERREUR (1981)

Wes Craven s'éloigne des survivals qui l'ont fait connaître du grand public en s'intéressant à une communauté religieuse aux rites étranges

DEADLY BLESSING

1981 – USA

Réalisé par Wes Craven

Avec Maren Jansen, Susan Buckner, Sharon Stone, Jeff East, Ernest Borgnine, Michael Berryman, Colleen Riley 

THEMA DIABLE ET DEMONS I SAGA WES CRAVEN

En 1981, Wes Craven avait déjà acquis une réputation de « maître de l’horreur » grâce à La Dernière maison sur la gauche et La Colline a des yeux. Refusant de se reposer sur ses lauriers, il enchaîna avec un téléfilm de genre (L’Eté de la peur) avant de signer La Ferme de la terreur, une œuvre pas toujours estimée à sa juste valeur qui porte pourtant en germe la semence de ses meilleurs films à venir. L’intrigue se situe au beau milieu de la campagne texane. A la suite de la mort étrange de son mari, Martha Schmidt (la magnifique Maren Jansen) devient le témoin de phénomènes inexpliqués. A proximité de chez elle vit une étrange communauté religieuse : les Hittites. À priori proches des Amishes, ces derniers vivent en autarcie et refusent toute technologie moderne car ils y voient des manifestations du démon. C’est l’autoritaire Isaiah (extraordinaire Ernest Borgnine) qui mène cette communauté d’une poigne de fer. Or L’époux de Martha, un ex-hittite, était son fils aîné. Son trépas serait-il lié au bannissement dont il fit l’objet ? Bientôt, la jeune veuve reçoit la visite de deux amies, Lana (une toute jeune Sharon Stone) et Vicky (Susan Buckner). A partir de là, les choses ne vont cesser d’empirer…

Agrémenté d’un casting judicieux (Borgnine est hallucinant en chef de secte tyrannique et les trois actrices principales rivalisent de photogénie), La Ferme de la terreur est probablement l’un des films les plus stylisés et les plus soignés – d’un point de vue graphique – de la carrière de Wes Craven. Les mouvements de caméra y sont élégants, les décors naturels texans magnifiquement photographiés et la partition du débutant James Horner marche sans rougir sur les traces de Bernard Herrmann. Fort de ces atouts formels, Craven concocte des séquences d’épouvante d’autant plus efficaces qu’elles reposent sur des peurs basiques et évitent les artifices. A ce titre, le serpent qui s’immisce dans une baignoire entre les jambes nues de Maren Jansen ou l’araignée velue qui tombe dans la bouche grande ouverte de Sharon Stone – deux scènes qui se répercuteront respectivement dans Les Griffes de la nuit et L’Emprise des ténèbres – savent distiller d’irrépressibles frissons. Aux symboles sexuels se mixent des phobies viscérales, en un cocktail que le cinéaste ne retrouvera hélas qu’avec parcimonie dans ses œuvres ultérieures.

Le démon qui surgit du plancher

Tout au long de son déroulement, le scénario de La Ferme de la terreur sème le doute entre l’intervention humaine ou la manifestation surnaturelle pour justifier les morts suspectes et les phénomènes mystérieux. A ce titre, le final est pour le moins surprenant. On sait que ce démon surgissant violemment d’un plancher fut imposé à Craven par les producteurs, à la manière du diable grimaçant de Rendez-vous avec la peur que Jacques Tourneur ajouta à son montage à contre-cœur. Mais cette image exagérément spectaculaire abonde dans le sens de l’ambiguïté. Car le cinéaste ne nous donne pas toutes les réponses. Certains reprocheront d’ailleurs au film son manque de clarté et son incapacité à opter pour une fin digne de ce nom. Mais n’est-ce pas justement cette incertitude qui accroît le trouble ?

 

© Gilles Penso

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LADYHAWKE (1985)

Un conte envoûtant porté par la grâce de ses deux têtes d'affiche et mené de main de maître par Richard Donner

LADYHAWKE

1985 – USA

Réalisé par Richard Donner

Avec Rutger Hauer, Michelle Pfeiffer, Matthew Broderick, Alfred Molina, John Wood, Leo McKern, Ken Hutchison

THEMA CONTES I SORCELLERIE ET MAGIE I MAMMIFERES

Avant de devenir le grand spécialiste du cinéma d’action des années 80 et 90, grâce à L’Arme fatale et ses séquelles, Richard Donner avait prouvé un bel éclectisme dans le domaine du cinéma fantastique, nous offrant tour à tour un excellent exercice d’épouvante diabolique (La Malédiction), le meilleur film de super-héros de son époque (Superman) et ce magnifique conte médiéval. Contrairement à ce que clamait la campagne publicitaire de l’époque, l’extraordinaire scénario de Ladyhawke n’est pas inspiré d’une vraie légende du moyen âge mais sort tout droit de l’imagination du scénariste Edward Khmara. Dans un rôle prévu à l’origine pour Dustin Hoffmann, Matthew Broderick (porté aux nues par le succès de War Games) incarne Philippe Gaston, alias « la souris », un jeune voleur condamné à la pendaison qui parvient à s’évader de sa prison par les égouts. Alors que les hommes du redoutable Marquet (Ken Hutchison) sont sur le point de le rattraper, il est sauvé par un énigmatique chevalier en noir qui répond au nom d’Etienne Navarre. Après que Sean Connery et Kurt Russell aient été tour à tour envisagés, c’est l’impérial Rutger Hauer, inoubliable dans La Chair et le sang et  Blade Runner, qui prête son charisme à ce personnage taciturne, accompagné d’un faucon apprivoisé. 

Lorsque vient la nuit, Philippe Gaston constate que Navarre et l’oiseau ont disparu pour laisser place à un loup paisible et à une belle demoiselle du nom d’Isabeau d’Anjou (Michelle Pfeiffer, que le grand public avait pu découvrir dans Scarface). « Etes-vous chair ou êtes-vous esprit ? » s’enquiert Philippe auprès de la jeune femme, qui lui rétorque : « je suis chagrin ». Au matin, celle-ci semble s’être évaporée, ainsi que le loup, et Navarre est de retour en compagnie de son faucon. Décontenancé, Philippe apprend l’explication de ce prodige par un vieil ermite, le père Imperius (Leo McKern). Jadis capitaine de la garde d’Aquila, Navarre était amoureux de la belle Isabeau, ce qui déclencha la jalousie du sinistre évêque d’Aquila (John Wood). Furieux, ce dernier leur lança un terrible sort, condamnant Navarre à se transformer en loup la nuit et Isabeau en faucon le jour. Les deux amants ne peuvent donc plus se côtoyer sous leur forme humaine. Touché par leur destin, Philippe décide de s’associer à Imperius pour les aider à briser la malédiction…

« Je suis chagrin… »

La magie de ce scénario inventif, la grâce des comédiens et le savoir-faire indéniable de Richard Donner ont tôt fait de muer Ladyhawke en véritable chef d’œuvre du genre. Signalons tout de même une ombre à ce tableau idyllique : la bande originale d’Alan Parsons. Curieux mélange d’orchestre symphonique et de pop rock, à mi-chemin entre John Miles et le Rondo Veneziano, cette musique anachronique brise hélas l’atemporalité du film en l’inscrivant pesamment dans les années 80. Cette réserve mise à part, le film de Donner est une réussite totale. Epique, drôle, émouvant, paré de beaux décors extérieurs captés en Italie et éclairés par Vittorio Storraro, Ladyhawke n’eut pourtant pas l’accueil triomphal qu’il méritait lors de sa sortie sur les écrans. Ce n’est qu’avec la patine du temps qu’il accéda enfin au statut de classique du genre.

 

© Gilles Penso

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CHROMOSOME 3 (1979)

Derrière ce titre français énigmatique se cache une œuvre déviante de David Cronenberg dans laquelle, une fois de plus, les émotions fortes prennent corps et chair

THE BROOD

1979 – CANADA

Réalisé par David Cronenberg

Avec Oliver Reed, Samantha Eggar, Art Hindle, Nuala Fitzgerald, Henry Beckham, Susan Hogan

THEMA MEDECINE EN FOLIE I ENFANTS

Il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine, David Cronenberg, metteur en scène actuellement adoubé par l’intelligentsia cinéphile, réalisait d’obscures séries B gore et déviantes, ne vous en déplaise. Chromosome 3, dont on préférera le titre original, qu’on peut traduire littéralement par « la couvée », est de cette race de films tétanisants qui vous hantent à vie. La « Cronenberg touch », savant mélange entre des postulats scientifiques crédibles et des métaphores horrifiques troublantes, y fonctionne à plein régime. Le sujet est passionnant : un psychiatre (Oliver Reed, solide) applique une méthode révolutionnaire pour soigner ses patients, les poussant à extérioriser et exorciser physiquement leurs traumatismes les plus profonds au cours d’éprouvantes thérapies. Mais les effets secondaires provoqués chez Nola Carveth (dérangeante Samantha Eggar) vont le dépasser complètement… Impossible d’en dire plus sans déflorer une intrigue à tiroirs absolument inédite et terrifiante. Cette matérialisation de la colère peut certes vaguement rappeler le formidable Planète interdite de Fred McLeod Wilcox, mais Cronenberg, animé par une rage toute personnelle (à l’époque en plein divorce, il fut contraint d’arracher sa fille des griffes d’une secte antipsychiatrique qui avait déjà embrigadé sa femme), défie ici toute concurrence en explosant les limites de l’horreur psychologique.

Le spectateur assiste, hypnotisé par le rythme lancinant et l’atmosphère dépressive, à un crescendo de séquences graphiquement traumatisantes (la scène de la cuisine, le meurtre à l’école, les enfants marchant sur la route enneigée) menant à un final totalement autre, gorgé d’images fantasmagoriques que ne renierait pas un Jodorowsky. Le tout emmené brillamment par la stridente musique d’un Howard Shore ayant retenu les leçons anxiogènes du Herrmann de Psychose… Mais là ou un tâcheron aurait simplement cédé à une déferlante gratuite de plans sanglants, Cronenberg réalise le tour de force de lier intimement la violence la plus crasse à l’analyse psychique la plus subtile. Chaque événement dramatique, chaque sentiment exacerbé induit immédiatement une cause physique, et un rebondissement scénaristique.

Jusqu'au-boutiste et autobiographique

L’aspect émotionnel n’est pas en reste (touchante tristesse du père de Nola apprenant la mort de sa femme), l’hypocentre de l’histoire étant le déchirement d’une famille et les traumatismes de l’enfance se transmettant d’une génération à une autre. Tout manichéisme est également exclus, chaque protagoniste demeurant trouble bien qu’animé d’intentions compréhensibles : le docteur Raglan cherche à faire avancer la science, mais au détriment de la morale la plus élémentaire, Nola se comporte en protectrice avec sa fille mais reproduit les erreurs de sa propre mère, Franck Carveth, l’ex-mari et « héros », est plutôt antipathique et ne pense qu’à son enfant, rejetant sans compassion aucune les problèmes mentaux de sa femme. Chromosome 3 s’impose donc comme le film le plus jusqu’au-boutiste et autobiographique de son réalisateur, qui n’aura de cesse par la suite de se renouveler, tout en creusant un sillon passionnant et identifiable entre tous.

 

© Julien Cassarino 

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INCIDENTS DE PARCOURS (1988)

Une dangereuse relation fusionnelle s'établit entre un sportif cloué sur un fauteuil roulant et un singe extrêmement intelligent

MONKEY SHINES

1988 – USA

Réalisé par Georga A. Romero

Avec Jason Beghe, Kate MacNeil, John Pankow, Joyce Van Patten, Christine Forrest, Stephen Root, Stanley Tucci

THEMA SINGES

Incidents de parcours raconte l’histoire d’Allan, sportif respecté qui, suite à un accident, devient tétraplégique et se voit offrir un petit capucin femelle, Ella, dressé pour aider les handicapés. Quand il s’agit de réfléchir sur l’Homme, Ridley Scott a son alien, James Cameron, son cyborg et George A. Romero, son zombie, qui prend ici la forme d’un singe. En cela, Incidents de parcours s’inscrit à la fois dans la tradition du film de science-fiction par cette figure de l’Autre, sorte de miroir extrême de l’humanité et dans le fantastique pur, notamment en ce qui concerne le lien télépathique qui se développe entre Allan et Ella. Outre son sujet, le film est fascinant par l’efficacité de sa mise en scène, très lisible : accident et opération ont lieu pendant le générique, posant immédiatement les personnages et leur contexte. Dans la foulée, l’esthétique du laboratoire, tout de rouge et de vert vêtu, rappelle les classiques de la Hammer (d’autant plus quand le savant fou transporte d’un pas décidé une boîte cylindrique en métal étiquetée « Live Human Tissue ») et indique que l’expérience va mal tourner.

La séquence évolutive où Ella est présentée se charge de poser les enjeux scénaristiques : Ella est plus intelligente que le seraient ses congénères puisqu’elle est boostée au cerveau humain. Elle s’attache très rapidement à Allan, qui la laisse prendre beaucoup de libertés. Une relation unique se crée entre eux et l’amour provoque chez la femelle singe le besoin de marquer son territoire et ainsi, des accès d’agressivité envers les femmes qui entourent Allan. Elle ira jusqu’à tuer pour lui, lisant ses pulsions sans qu’il ne puisse rien contrôler.

L'homme et l'animal se complètent… puis s'affrontent

Incidents de parcours fonctionne, tant par sa structure que par la caractérisation de ses personnages, sur un mode binaire : la première partie du film montre un sportif dont le corps très entretenu est brisé (le culte du corps étant un thème très ancré dans les années 80), perdant son indépendance et son statut d’Homme, en opposition à une femelle singe dépassant sa condition animale par une intelligence hors norme. Nous nous situons alors à un carrefour : l’animal et l’être humain dit « civilisé » se complètent et forment un tout pour ensuite s’affronter. S’affronter par le biais de deux personnages représentant simplement les deux composants intrinsèquement humains que sont la conscience et l’instinct animal, rarement en paix. La seconde partie est dédiée à cette lutte. Ella est, sans conteste, un double : elle est d’abord les jambes d’Allan (sorte d’Avatar avant l’heure) mais elle veut aussi être son cerveau. Là s’explique alors le titre original Monkey Shines (le singe va briller, avoir sa volonté propre et prendre le pouvoir), bien plus légitime que la récupération française, pour le moins simpliste. Pendant 1h45, Romero ne relâche ni le rythme, ni la tension et nous mène jusqu’à un final où l’on ne sait plus différencier l’homme de l’animal. Un volet noir se referme sur le dernier plan pour faire place au générique, comme s’il enfermait ses personnages. Le happy end sonne faux et achève le tableau : l’être humain, à nouveau, nous a déçu.

 

© Caroline Mrowicki

 

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L’AVENTURE INTERIEURE (1987)

Le film le plus distrayant et le plus abouti de Joe Dante est une relecture débridée du classique Le Voyage fantastique

INNER SPACE

1987 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Dennis Quaid, Martin Short, Meg Ryan, Kevin McCarthy, Fiona Lewis, Vernon Wells, Robert Picardo, Wendy Schaal

THEMA NAINS ET GEANTS

Difficile de revenir sur une réussite aussi éclatante que L’Aventure intérieure sans évoquer la folle alchimie de sa confection, donnant tout son sens à l’expression « association de talents ». Steven Spielberg producteur en premier lieu, laisse les coudées franches une fois de plus à son protégé prodige Joe Dante, forts du succès historique de leur acide Gremlins. Les deux comparses, partageant un goût prononcé du spectacle total, poussent ici le cinéma de divertissement à son paroxysme, et donc au-delà de ses limites imposées, élargissant de façon jouissive le champ des possibles. Le scénario de Jeffrey Boam et Chip Proser, subtil démarquage du fameux Voyage fantastique de Richard Fleischer, permet à Dante d’inverser totalement les schémas classiques, en injectant « Dean Martin dans le corps de Jerry Lewis ». En l’occurrence, le beau gosse charismatique Dennis Quaid (Tuck Pendleton) qui se retrouve miniaturisé, prisonnier du corps du névrosé Martin Short (Jack Putter), échappé du séminal Saturday Night Live. Dès la première scène du film, la couleur est annoncée : méfiez-vous des apparences.

Le mystérieux générique (rythmé par la splendide musique de Jerry Goldsmith qui livre ici l’une de ses meilleures partitions) nous montre des formes étranges qui, se dessinant progressivement, s’avèrent être les glaçons d’un verre de whisky filmés en macro. La séquence d’ouverture commence alors comme une flamboyante cérémonie militaire à la Top Gun, célébrant un courage très américain… Pour mieux se terminer en pirouette irrévérencieuse avec un Dennis Quaid complètement ivre qui fout tout en l’air dans la bonne humeur, tel un gremlin incontrôlable. La note d’intention est claire : le personnage de Pendleton, c’est Dante, fauteur de troubles malicieux, tête brûlée qui n’accepte pas les règles d’un système hollywoodien trop balisé et ne peut s’empêcher de ruer dans les brancards. Mais le réalisateur est aussi un fan de cartoons doublé d’un grand timide, ce qui le lie étroitement à Jack Putter, héros malgré lui. Faisant confiance aux effets spéciaux magnifiques de l’équipe de Dennis Muren (qui récoltera un Oscar), à la photo classieuse d’Andrew Laszlo et à ses seconds rôles fétiches (Dick Miller, Wendy Schaal, Robert Picardo, Kathleen Freeman), le réalisateur maverick se lance à corps perdu dans l’aventure avec une générosité incroyable.

La divine générosité du duo Spielberg/Dante

Et cette divine générosité, chez le duo Spielberg/Dante, s’accompagne d’un vrai désir de flatter l’intelligence et les sens du spectateur en variant les plaisirs à foison. Dans un joyeux désordre : références à Chuck Jones, évidemment (qui se fend d’un caméo), au cinéma parano des 60’s (impayable Kevin McCarthy), gags visuels percutants et punchlines imparables en cascade, méchants de BD hauts en couleurs (Vernon Wells en tueur multi-fonctions, idée de Spielberg pour le premier Indiana Jones ; Robert Picardo en cowboy musulman halluciné), courses poursuites endiablées, combat à l’intérieur d’un corps humain (grand moment de pure SF), folie cartoonesque débridée (les méchants réduits à l’état de lilliputiens, Jack Putter prenant les traits du cowboy en passant par de multiples visages absurdo-horrifiques), amitié virile et romance. Tout est pensé pour aller à l’essentiel, exploiter chaque possibilité du sujet, faire évoluer les enjeux dramatiques à rythme soutenu, et surtout… divertir, dans le sens le plus noble du terme. Et le but est plus qu’atteint. Le film ne trouvera étonnamment pas son public malgré d’excellentes critiques (trop hybride ?), et ne deviendra culte qu’en vidéo, préfigurant le suicide commercial couillu de Gremlins 2. Une œuvre à redécouvrir d’urgence pour mieux mesurer le cynisme calculateur des années 2000, avant qu’un énième et sage remake ne vienne pervertir sa folie salvatrice…

© Julien Cassarino 

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