

Oubliez la « gueule de porte-bonheur » qu’affrontait Arnold Schwarzenegger : le Predator est désormais un alien gentil en quête de reconnaissance…
PREDATOR BADLANDS
2025 – USA
Réalisé par Dan Trachtenberg
Avec Elle Fanning, Dimitrius Schuster-Kolomatangi, Ravi Narayan, Michael Homik, Stefan Grube, Reuben de Jong, Cameron Brown, Alison Wright, Matt et Ross Duffer
THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA PREDATOR
Vis-à-vis de ce Predator Badlands, nous étions plutôt confiants. Son réalisateur ayant décliné le mythe sous un jour original dans Prey, puis l’ayant fort agréablement transcendé dans le film d’animation Predator : Killer of Killers, cette énième itération s’avérait prometteuse. Premier mauvais signe : pas moins de six scénaristes se mettent au travail sur Predator Badlands : Dan Trachtenberg et Patrick Aison, déjà à l’œuvre sur Prey, mais aussi Brian Duffield, Bryan Fuller, Patrick Somerville et Ben Schwartz. Un tel surnombre n’est généralement pas de bon augure. Avec cette armée de co-auteurs à son service, Disney chercherait-il à s’assurer que le « produit final » coche scrupuleusement toutes les cases d’une franchise multi-supports, déclinable en licences et censée séduire les fans de toutes les générations ? Trachtenberg se veut pourtant rassurant, n’hésitant pas à citer les sources les plus prestigieuses pour révéler au grand public et à la presse les influences de Predator Badland, de Conan le barbare à Mad Max 2 en passant par les films de Terrence Malick, les westerns de Clint Eastwood ou les œuvres épiques de Frank Frazetta. Mais bien malin sera celui qui en trouvera la moindre trace dans ce film invraisemblable.


Ici, les Predators ont une planète natale, des familles et des petits noms. L’espèce à laquelle ils appartiennent s’appelle Yautja et notre héros est Dek, un jeune chasseur qui cherche à obtenir l’approbation de son père, lequel l’a toujours considéré comme le maillon faible du clan. Pour prouver sa valeur, Dek s’envole vers la planète Genna où sévit le Kalisk, un prédateur apparemment invincible qu’il s’est juré de chasser et de tuer. Et voilà le titre qui s’affiche plein écran, après vingt minutes d’introduction : Predator : Badlands. Les « terres désolées » qu’on nous promet pourraient piquer notre curiosité, mais il faut bien avouer que ce long prégénérique n’a déjà rien de très engageant. Sur Genna, Dek fait face à une infinité de dangers qui proviennent non seulement de la flore (particulièrement vivace et agressive) mais aussi d’une faune bizarre faite de ptérodactyles/dragons, d’anguilles/chenilles, de quadrupèdes cuirassés ou d’amibes géantes tous plus voraces les uns que les autres. Au milieu de ces périls répétés, notre Predator fait équipe à contrecœur avec Thia, un androïde endommagé envoyé sur cette planète pour capturer le Kalisk…
Sérieusement ?
Il est difficile de croire que personne, chez Disney, n’ait jugé bon de lever le doigt au milieu des nombreuses réunions de préparation et de préproduction pour oser dire : « désolé les gars mais cette idée de scénario est un peu stupide, non ? » Qui a pu donc valider en haut lieu l’histoire d’un gentil Predator devenant l’équipier d’une androïde amputée, bavarde et joviale, puis faisant ami-ami avec un petit primate mignon et rigolo ? Les cadres du studio ont-ils vraiment pensé que le public adhèrerait à cette relecture façon Dora l’exploratrice ? Le fait même d’intégrer dans l’intrigue la compagnie Wayland Yutani, échappée de la saga Alien, dit bien la volonté de caresser les fans dans le sens du poil en cherchant à établir une sorte de « Cinematic Universe » marvellien entremêlant des franchises réunies désormais sous la bannière de la maison de Mickey. En panne d’idée, Predator Badlands emprunte d’ailleurs à Aliens son climax qu’il reproduit quasiment à la lettre pour le dernier acte. Et nous avons droit, bien sûr, à une scène post-générique s’ouvrant vers un nouvel épisode. Le scénario évacue volontairement tout personnage humain, et l’on en vient à se demander s’il y en a aussi en coulisses, tant cette histoire absurde, ces séquences d’action aléatoires et cet univers de SF patchwork ressemblent à s’y méprendre au fruit du travail d’une intelligence artificielle un peu paresseuse qui se serait contentée de mixer des influences diverses pour tenter d’obtenir un résultat divertissant. Comment diable la saga va-t-elle pouvoir se relever après une telle dégringolade ?
© Gilles Penso
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