

David DeCoteau surfe maladroitement sur le succès de la saga Scream en concoctant un slasher où se mêlent un faux et un vrai tueur…
FINAL STAB
2001 – USA
Réalisé par David DeCoteau
Avec Jamie Gannon, Melissa Renée Martin, Erinn Hayes, Chris Boyd, Bradley Stryker, Laila Reece Landon, Michael Lutz, Forrest Cochran, Donnie Eichar
THEMA TUEURS I SAGA CHARLES BAND
L’opportunisme du producteur Charles Band semble être devenu contagieux. Le scénariste et réalisateur David DeCoteau, qui a longtemps travaillé pour lui et reste l’un de ses plus fidèles collaborateurs, décide ainsi à son tour de faire la nique aux gros succès du cinéma de genre malgré des budgets souvent ramenés à leur plus simple expression. Le voilà qui s’engouffre donc – un peu tardivement – dans la vogue du neo-slasher déclenchée par le succès de Scream. Si Charles Band est l’un des coproducteurs de Final Scream, DeCoteau le produit lui-même, via sa compagnie Rapid Heart Pictures. Mais le titre du film, choisi dans l’espoir de créer une confusion avec Scream 4 et d’attirer plus de spectateurs, n’est pas du goût de Dimension Film, qui menace aussitôt d’intenter un procès. Le titre américain sera donc Final Stab. L’allusion à Scream est toujours présente mais plus discrète, Stab étant le nom des faux films d’horreur mis en scène dans la saga de Craven. Les distributeurs français, eux, préfèrent conserver le titre initialement prévu. Final Scream est tourné en quatre jours, majoritairement dans l’Orchad Ranch de San Fernando Valley, une hacienda californienne que DeCoteau a déjà mise à contribution à maintes reprises.


Tout commence comme une sorte de remake de la scène de douche de Psychose, sauf que les sexes sont inversés. David DeCoteau étant à la barre, c’est un jeune homme qui se dévêt cette fois-ci sous le jet d’eau. L’agresseur armé d’un couteau surgit soudain… et arbore le même visage que sa future victime ! Mais tout ça n’est qu’un rêve. Marqué par un récent traumatisme, Charlie (Jamie Gannon) est sujet à de nombreux cauchemars de ce type, au grand dam de sa petite amie Angela (Melissa Renée Martin) qui lui conseille d’aller voir un psychiatre. « Ma famille n’est pas aussi riche que la tienne, je ne peux pas me payer une thérapie chaque fois que je vais mal », lui lâche-t-il, un brin amer. Lorsque nous découvrons Kristen (Erinn Carter), la sœur d’Angela, le fossé social se creuse davantage. Car cette jeune femme hautaine et élégante vient d’acheter une maison qui sera le siège de sa future entreprise. Là, elle souhaite organiser l’anniversaire d’Angela sous forme d’une murder party où les invités feront semblant d’être agressés par un tueur masqué. Sauf qu’un véritable assassin va se mêler aux festivités…
Murder Party
Scream étant la source d’inspiration principale du film, les dialogues se réfèrent à Halloween et Vendredi 13, tandis que le tueur lui-même arbore un look proche de celui de Michael Myers. Mais le scénario finit par s’éloigner de la mécanique de ceux de Wes Craven pour s’aventurer plutôt sur le terrain de Week-end de terreur. Si la mise en forme de Final Scream est soignée (décor photogénique, belle photographie d’Howard Wexler au format Cinémascope, musique ample de John Massari), il ne s’y passe rien de foncièrement passionnant. Les protagonistes passent leur temps à discuter pour tous nous expliquer (leurs intentions, leur passé, les liens qui les unissent, les jalousies, les rancœurs) et se révèlent tous plus idiots les uns que les autres. DeCoteau lui-même gère très maladroitement les codes du slasher, avec lesquels il n’est visiblement pas très à l’aise, et échoue donc chaque fois qu’il tente de nous effrayer ou de nous surprendre. Pour « cacher la misère », il utilise les vieux trucs éprouvés dans ses autres films : la caméra qui flotte et les coups de tonnerre permanents. Avec en prime la scène incontournable qui est devenue sa marque de fabrique : le type musclé en caleçon qui se prélasse sur son lit. Finalement, seule Erinn Carter tire son épingle du jeu en machiavélique maîtresse de cérémonie, mais c’est insuffisant pour rendre le film mémorable. Cela dit, l’opération sera très rentable pour DeCoteau, Final Scream se comportant particulièrement bien dans les vidéoclubs de l’époque.
© Gilles Penso
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