

Cette adaptation méconnue d’une nouvelle de Stephen King suit les pas d’un jeune couple marqué par une catastrophe ferroviaire…
WILLA
2012 – USA
Réalisé par Christopher Birk
Avec Clayton Watson, Sara Hogrefe, Theodore Bouloukos, Gregory M. Brown, Jane Brown, Felix Flores, Jennifer Fouche, Susan Kirby, Barbara Linton
THEMA FANTÔMES I SAGA STEPHEN KING
Willa est une nouvelle de Stephen King parue dans le magazine Playboy en 2006 puis intégrée dans le recueil Juste avant le crépuscule deux ans plus tard. Après le déraillement d’un train, les « naufragés » attendent sur le quai de la gare qu’une navette vienne les chercher. David, lui, s’éloigne dans les bois pour retrouver sa fiancée Willa qui a disparu. Il la retrouve dans un bar où des autochtones habillés en cowboys et cowgirls dansent au son d’un groupe de country appelé « Les Dérailleurs ». Le jeune homme ne tarde pas à comprendre qu’ils sont morts tous les deux, qu’ils ne sont plus que des fantômes. « Ils nous sentent, pensa David », raconte King en adoptant le point de vue de son héros. « Comme un souffle d’air froid. Voilà ce que nous sommes pour eux, maintenant. » Dans cette nouvelle envoûtante, il est question de perception, d’illusion, de force de la volonté capable de changer le regard des fantômes, tour à tour baignés dans l’illusion de la vie ou contemplant l’horrible réalité de ce qu’ils sont devenus : des cadavres calcinés dans une gare en ruines.


« Mon plus grand espoir est que l’amour survive à la mort » affirme King dans la postface du recueil, explicitant ainsi les raisons qui l’ont poussées à écrire ce texte. Le film qu’en tire l’auteur et réalisateur Christopher Birk est produit dans des conditions tellement sommaires et avec un budget si maigre qu’on ne peut que saluer l’ambition de cette démarche, même si elle peine à convaincre les spectateurs les plus compréhensifs. Les quatre minutes de générique situées dans les bois laissent comprendre qu’il va falloir s’armer de patience pour apprécier ce film. Car le rythme s’y étire plus que de raison, preuve que ce court récit n’était pas adapté à la durée d’un long-métrage. D’autant que tout est un peu trop approximatif pour convaincre, de la direction des acteurs à la photographie en passant par les cadrages, le montage ou le mixage. Il nous semble en réalité visionner un court métrage amateur qui aurait été rallongé artificiellement sur une durée de 80 minutes.
Les passagers de la nuit
Certes, l’atmosphère contemplative et décalée de la nouvelle est assez bien restituée, et certaines séquences évoquent les passages les plus troublants de Carnival of Souls de Herk Harvey. Mais les dialogues trop explicatifs sonnent faux, en particulier ceux de la serveuse qui ressent le besoin d’annoncer qu’un couple de fantômes amoureux hante l’une des tables du bar. D’autant que le scénario tire à la ligne en essayant visiblement de garder pour la fin un coup de théâtre révélateur que tous les spectateurs auront deviné dès les premières minutes. Reconnaissons au film son ambiance réussie, ses maquillages spéciaux efficaces, sa bande originale envoûtante et des comédiens qui font ce qu’ils peuvent pour nous convaincre de l’intensité du drame qu’ils vivent. Après Willa, Christopher Birk poursuivra dans la voie d’un cinéma indépendant souvent confidentiel, partagé entre la fiction volontiers horrifique et le documentaire.
© Gilles Penso
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