THE ISLAND (2005)

Michael Bay calme un peu ses penchants pyrotechniques pour cette fable de science-fiction existentialiste

THE ISLAND

2005 – USA

Réalisé par Michael Bay

Avec Ewan McGregor, Scarlett Johansson, Djimon Hounsou, Steve Buscemi, Sean Bean, Michael Clarke Duncan

THEMA DOUBLES I FUTUR

Michael Bay n’étant pas réputé pour sa finesse, on ne peut qu’être agréablement surpris par la portée de son discours dans The Island. Car mine de rien, derrière ses pétarades pyrotechniques, son film est l’un des premiers à aborder de manière aussi frontale les problématiques liées à l’existence des clones, leur conscience et leur crise d’identité. L’analyse n’est ni très profonde, ni très subtile, mais elle a le mérite d’évoquer sans détour les problèmes éthiques soulevés par l’eugénisme. La première partie de The Island nous plonge dans un univers futuriste dystopien qui présente un certain nombre de points communs avec celui de THX 1138. Suite à un cataclysme écologique, l’atmosphère terrestre est devenue irrespirable, et les humains sont parqués dans des colonies souterraines régies avec une bienveillance trop excessive pour être honnête. Tout de blanc vêtu, chaque citoyen est contrôlé dans le moindre de ses agissements, abruti par un travail mécanique et enjoint à éviter toute intimité avec ses camarades. Pour échapper à cette monotonie sous étroite surveillance, une loterie est organisée chaque soir, permettant au vainqueur de quitter la colonie pour partir s’établir sur une île paradisiaque, seul endroit de la planète ayant miraculeusement échappé à la contamination.

Noyé dans cette masse servile, Lincoln Six-Echo (Ewan McGregor) découvre un jour que tout ça n’est que supercherie. L’île n’existe pas, pas plus que la contamination, et lui et ses semblables sont des clones en élevage conçus pour permettre à de riches malades de se doter d’organes de rechange. Lincoln s’échappe donc en compagnie de Jordan Two-Delta (Scarlett Johansson), et dès lors la fable d’anticipation se mue en film d’action, terrain de jeu favori de Michael Bay. Comme si la première partie du récit l’avait quelque peu frustré, l’ex-protégé de Jerry Bruckheimer se lâche sans retenue par la suite, cédant à toutes les tentations. Ça commence par une fusillade dans la foule, s’enchaîne avec une monstrueuse traque sur l’autoroute que Bay plagie sur son propre Bad Boys 2, vire à la poursuite sur des scooters volants façon Le Retour du Jedi ou Judge Dredd, puis s’achève par des cascades vertigineuses à flanc de building et des explosions à tire-larigot. Sans compter ces multiples envolées d’hélicoptères que le réalisateur de The Rock filme avec une délectation manifeste.

Chassez le naturel et il revient au galop

Le film souffre ainsi d’un déséquilibre double : la rupture de rythme violente entre les deux parties bien distinctes de l’intrigue, et le décalage entre les passionnantes thématiques du scénario, très inspirées du roman « Frères de Chair » de Michael Marshall Smith, et leur traitement purement récréatif. Quant au climax, il répond sans surprise à toutes les obligations du genre et multiplie sans vergogne les invraisemblances, annihilant quelque peu les formidables enjeux politiques, psychologiques, médicaux et moraux présents à l’état embryonnaire dans le scénario de Caspian Tredwell-Owen, Alex Kurtzman et Roberto Orci. Comme souvent chez Michael Bay, le film se pare d’un casting judicieux. Aux côtés d’Ewan McGregor et Scarlett Johansson, on note Sean Bean en médecin véreux, Djimoun Hounsou en redoutable traqueur et Steve Buscemi en exubérant technicien. 

 

© Gilles Penso

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L’HISTOIRE SANS FIN (1984)

L'adaptation somptueuse par Wolfgang Petersen d'un plaidoyer pour la lecture écrit par le romancier Michael Ende

THE NEVERENDING STORY / DIE UNENDLICHE GESCHICHTE

1984 – ALLEMAGNE / USA

Réalisé par Wolfgang Petersen

Avec Barret Oliver, Gerald McRaney, Drum Garrett, Darryl Cooksey, Nicholas Gilbert, Thomas Hill, Noah Hathaway 

THEMA CONTES I DRAGONS I SAGA L’HISTOIRE SANS FIN

De l’épais et magnifique roman écrit en 1979 par Michael Ende, Wolfgang Petersen et son co-scénariste Herman Weigel n’ont retenu que la première moitié, et de cette moitié le scénario n’a conservé que la trame, abandonnant au passage de nombreux détails pourtant passionnants reposant sur la mise en abîme, la vie propre qui habite les livres, les plaisirs complexes de la lecture et l’imagination en général. « Le livre était trop gros pour que l’histoire tienne sur un seul film », nous explique le réalisateur Wolfgang Petersen. « Voilà pourquoi nous n’en avons adapté qu’une partie, et que nous avons dû évacuer un certain nombre de personnages, comme Ygramul, l’araignée géante qui change sans cesse de forme. » (1) 

Le résultat est un conte de fées adapté sur mesure aux enfants mais qui, jusqu’au dénouement, baigne tout de même dans une ambiance un peu oppressante et mélancolique. Le personnage central est Bastien (excellent Barret Oliver), un jeune garçon qui, depuis la mort de sa mère, a trouvé refuge dans la lecture. Un jour, poursuivi par des garnements de son école, il se cache dans la librairie de monsieur Koreander où il découvre un livre mystérieux, « L’Histoire sans Fin ». Sa curiosité étant piquée au vif, il dérobe le livre, se réfugie dans le grenier de son école et se plonge dans la lecture de « L’Histoire sans Fin ». Le livre raconte l’histoire de Fantasia, un Pays Fantastique menacé par un terrible « Néant » qui engloutit tout sur son passage. La Petite Impératrice elle-même, qui règne sur Fantasia dans sa tour d’ivoire, est tombée gravement malade. En désespoir de cause, on fait appel au jeune guerrier Atreyu (Noah Hathaway) pour contrer les effets du « Néant ». Falkor, un dragon bienveillant à la voix chaleureuse et à la tête de chien, sera son allié le plus précieux. Bientôt, au fil de sa lecture, Bastien a l’étrange impression qu’il peut influer sur le cours du récit…

Quand le lecteur influe sur le récit…

Évidemment, la lecture sur plusieurs niveaux du livre original (l’histoire du Pays Fantastique, l’histoire du lecteur Bastien, et l’histoire du lecteur des aventures de Bastien, c’est-à-dire nous-mêmes) perd ses propriétés vertigineuses du fait même du passage sur support cinématographique. Mais le charme initial subsiste. « L’Histoire sans Fin n’est pas le genre de film qui m’attirait à priori », nous avoue Petersen. « Je suis plus porté sur les thrillers comme Le Bateau ou Dans la Ligne de Mire. Mais j’ai fait ce film en pensant à mes enfants, et j’y ai pris beaucoup de plaisir. » (2) Techniquement, le film est magistral. Les décors, les créatures et les effets spéciaux rivalisent de beauté et d’ingéniosité. Les jeunes comédiens eux-mêmes sont très convaincants. Dommage que cette version cinématographique ne cherche pas à transcender outre-mesure la simple fable enfantine et s’achève sur une happy end aussi invraisemblable que puérile. Dommage également que la bande originale du film ait été confiée au pape du disco des années 80 Giorgio Moroder, composant ici une musiquette synthétique guère adaptée à la grande épopée que narre un film par ailleurs très enthousiasmant.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1995.

 

© Gilles Penso

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G.O.R.A. (2004)

Ce space opera déjanté et parodique était à l'époque le film le plus cher de l'histoire du cinéma turc

G.O.R.A.

2004 – TURQUIE

Réalisé par Omer Faruk Sorak

Avec Cem Yilmaz, Rasim Oztekin, Ozkan Ugur, Idil Firat, Safak Sezer, Ozge Ozberk, Erdal Tosun, Ozan Guven, Cezmi Baskin

THEMA SPACE OPERA I EXTRA-TERRESTRES

Avec son budget de cinq millions de dollars et ses trois années de production, G.O.R.A. est non seulement le film turc le plus cher de l’histoire du cinéma, mais également le premier space opera de grande envergure jamais réalisé dans cette partie du continent. Assez curieusement, ce n’est pas un émule de George Lucas ou de James Cameron que l’on trouve à l’initiative de ce projet colossal, mais le comique Cem Yilmaz, habitué jusqu’alors au stand up, l’idée des Turcs dans l’espace lui étant venue d’un de ses sketches. G.O.R.A. est donc un étrange mixage de film de science-fiction ultra ambitieux (les effets visuels sont de très haut niveau, les décors sont immenses et innombrables, la mise en image est superbe) et de comédie décontractée à la Saturday Night Live. Avec son humour pince sans rire, Yilmaz (scénariste mais également interprète des deux rôles principaux du film) n’est d’ailleurs pas sans nous évoquer par moments le Sacha Baron Cohen déjanté de Borat. Nous le découvrons d’abord sous les traits d’Arif, un vendeur de tapis qui vit d’expédients et s’est spécialisé dans les photos truquées de soucoupes volantes. Un jour, il est réellement enlevé par des extra-terrestres, à bord d’un immense vaisseau spatial, et emmené par le commandant Logar (à nouveau Yilmaz) sur la planète Gora, aux côtés d’autres terriens, afin de grossir le rang des esclaves humains de cette peuplade conquérante. Fourbe au-delà de tout, Logar compte épouser la fille du chef Tocha, la belle Ceku, afin de régner sur Gora. Il ne se doute pas que le modeste Arif s’apprête à lui mettre des bâtons dans les roues… 

Rythme échevelé, mise en scène alerte, gags ininterrompus, G.O.R.A. est un divertissement permanent au fil duquel les clins d’œil à Star Wars abondent : le sabre laser, le costume de Logar (calqué en grande partie sur celui de Dark Vador), l’hologramme du vieux maître Garavel qui annonce à Arif que la Force est en lui… D’autres références s’en mêlent, en particulier Le Cinquième Elément lorsqu’Arif sauve la planète d’une collision avec une boule de feu, Matrix dont le fameux « bullet time » est pastiché à outrance et, d’une manière plus générale, les films de kung-fu. On note aussi, en début de métrage, un flash-back hilarant en noir et blanc qui narre le premier contact entre les hommes et les extra-terrestres, via une version campagnarde, grivoise et muette du Jour où la Terre s’Arrêta

Clins d'œil dans tous les sens

Entre deux scènes comiques, l’équipe des effets visuels réalise de véritables exploits, nous offrant de magnifiques visions de la planète Gora, dignes de La Menace Fantôme (avec des buildings et des vaisseaux en 3D à la Flash Gordon), ou encore une excellente séquence de fuite en aéroglisseurs volants (clin d’œil à celui de Luke Skywalker sur la planète Tatooine). Dommage que le scénario de G.O.R.A. ne soit que très moyennement passionnant et se contente de collecter ses morceaux d’anthologie. Avec une écriture plus rigoureuse, nous aurions vraiment eu droit au Austin Powers ou au Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion du space opera. Tel quel, le film de Omer Faruk Sorak ressemble finalement à un sketch de deux heures qui rachète sa légèreté par ses indiscutables qualités formelles et son grain de folie permanent.

© Gilles Penso

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FRANKENSTEIN JUNIOR (1974)

Mel Brooks déclare sa flamme à l'âge d'or du cinéma d'épouvante à travers cette parodie qui demeure la référence absolue du genre

YOUNG FRANKENSTEIN

1974 – USA

Réalisé par Mel Brooks

Avec Gene Wilder, Marty Feldman, Peter Boyle, Madeline Kahn, Gene Hackman, Kenneth Mars, Cloris Leachman, Teri Garr

THEMA FRANKENSTEIN

Frankenstein Junior est de loin la plus réussie de toutes les parodies du mythe créé par Mary Shelley, et probablement le meilleur film de Mel Brooks, alors porté aux nues par le succès du Shérif est en Prison. Gene Wilder, co-scénariste du film et instigateur du projet, y interprète le docteur Friedrich Von Frankenstein, chirurgien de renom qui rêve d’épouser la blonde Elisabeth (Madeline Kahn). Comme le veut le lieu commun, il revient dans le sinistre château de son ancêtre. Avec la complicité du nabot Igor (Marty Feldman) et de la pulpeuse Inga (Teri Garr), il retrouve les secrets familiaux, et notamment un livre sobrement titré : « Comment je l’ai fait ». Le jeune Frankenstein vole bientôt un cadavre dans un cimetière et tente de le ramener à la vie. Mais à la suite d’une erreur d’Igor, il greffe à la créature (Peter Boyle) un cerveau anormal. La suite est connue. Quoique… 

Le pastiche est ici d’autant plus réussi que Mel Brooks connaît sur le bout des doigts et respecte scrupuleusement les conventions du genre et les caractéristiques des œuvres parodiées, à savoir les trois premiers Frankenstein de la Universal. On y retrouve les mêmes décors tordus, les mêmes éclairages inquiétants, la même photographie quasi-expressionniste en noir et blanc (signée ici Gerard Hirschfield), bref la même atmosphère. Sans compter que Mel Brooks réutilise l’équipement électrique conçu par Kenneth Strickfadden pour visualiser les expériences de Frankenstein dans les deux films de James Whale. Le trio Gene Wilder, Peter Boyle et Marty Feldman, respectivement docteur, créature et assistant bossu, est des plus réjouissants. Même les personnages secondaires sont des répliques précises de ceux de la trilogie des années trente. On retrouve ainsi la petite fille joueuse de Frankenstein, le vieil ermite aveugle de La Fiancée de Frankenstein (qui a pris ici les traits de Gene Hackman), l’inspecteur au bras artificiel du Fils de Frankenstein (Kenneth Mars caricaturant à l’occasion la prestation de Lionel Atwill…

« Frau Blücher ! »

Dans un tel contexte, n’importe quel effet comique ferait mouche, et comme ils sont ici savamment orchestrés, le spectateur est aux anges. Notons pour mémoire le gag à répétition qui consiste à faire hennir de frayeur les chevaux dès que quelqu’un prononce « Frau Blücher », la situation délicate de Frankenstein et Igor nez à nez avec un policier alors qu’ils viennent de dérober un cadavre au cimetière voisin, la bosse du même Igor qui ne cesse de changer de côté (le faux raccord mué en gag, il fallait le faire !), le spectacle de claquettes donné par le docteur et sa créature au cours d’un très sérieux congrès scientifique, ou encore le dénouement en forme de retournement imprévu de situation. Dommage que Mel Brooks n’ait pas su, par la suite, exploiter mieux que ça ses talents de parodieur, à moins que la trilogie des Frankenstein d’Universal ait été pour lui une source d’inspiration plus riche que les autres. Toujours est-il que Frankenstein Junior demeure la référence absolue dans le genre, loin devant Le Bal des Vampires ou la très inégale saga des Deux Nigauds.

 

© Gilles Penso

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DRILLER KILLER (1979)

Abel Ferrara tient le rôle principal de son second long-métrage, celui d'un tueur détraqué armé d'une perceuse !

DRILLER KILLER

1979 – USA

Réalisé par Abel Ferrara

Avec Abel Ferrara, Carolyn Marz, Baybi Day, Harry Schultz, Alan Wynroth, Maria Helhoski, James O’Hara, Richard Howorth

THEMA TUEURS

Né et élevé dans le Bronx, Abel Ferrara a tourné quelques courts-métrages en super 8 et en vidéo avant d’attaquer en 1976 son premier long, un essai érotico-expérimental baptisé Nine Lives of a Wet Pussy. Un an plus tard, Ferrara tente un mélange bizarre entre le drame urbain et le film d’horreur. Armé d’une caméra 16 mm et d’un ridicule budget de 20 000 dollars, il s’attaque ainsi au tournage de The Driller Killer entre juin 1977 et mars 1978 dans les quartiers les plus sordides de New York. Sous le pseudonyme de Jimmy Laine, il incarne lui-même le rôle principal, celui d’un artiste peintre nommé Reno Miller qui partage son appartement miteux avec Carol (Carolyn Marz) et Pamela (Baybi Day), formant ainsi un triangle amoureux aux relations ambiguës (Ferrara en profite pour filmer avec une gratuité affichée une scène lesbienne sous une douche). Reno peine à payer les dettes qui s’accumulent et a bien du mal à finir la toile que lui a commandée une galerie de New York. Lorsque les Roosters, un groupe de punk rock échevelé, s’installe dans l’appartement voisin et s’adonne à des répétitions tonitruantes jour et nuit, les nerfs de notre peintre se mettent à craquer. Il commence à être en proie à des hallucinations, à entendre des voix… Un jour, pris d’un soudain accès de folie, il massacre un homme avec sa perceuse électrique. Ce n’est que le premier d’une longue série de meurtres ultra sanglants que Reno perpètre la nuit, une ceinture de batteries à la taille et une chignole à la main, s’en prenant aux SDF et aux poivrots du quartier…

Tourné à l’arrache, dans des conditions souvent précaires, The Driller Killer est un film brut et dépouillé, dont de nombreuses scènes dialoguées semblent en grande partie improvisées. Mais la spontanéité ainsi obtenue ne rattrape pas le fâcheux manque de rigueur du film. Les relations entre les personnages n’ont aucune teneur, la plupart de leurs réactions sont illogiques, l’agencement des séquences semble parfois aléatoire, et certaines d’entre elles durent plus que de raison (le type qui pousse des cris dans l’abribus, nos trois protagonistes qui mangent une pizza). Quant au tueur à la perceuse, rien n’explique vraiment son basculement dans la folie meurtrière, Abel Ferrara préférant visiblement la captation d’actions brutes à une quelconque approche psychologique du sujet.

Massacre à la chignole

Lorsqu’il s’agit de filmer les assassinats, le réalisateur livre des images à la violence exacerbée, notamment lorsque Reno perce en gros plan le crâne d’un malheureux avec force écoulement de sang, une séquence gorissime qui n’aurait pas dépareillé dans un film de Lucio Fulci. A mi-chemin entre le slasher (qui n’en était alors qu’à ses premiers balbutiements) et le thriller dépressif façon Taxi Driver (dont il semble souvent s’inspirer), The Driller Killer laisse finalement perplexe mais on sent bien, ça et là, les prémisses stylistiques d’un réalisateur en devenir, qui allait nous offrir quelques mémorables descentes aux enfers cinématographiques telles que Bad Lieutenant ou Snake Eyes. Dans son générique de fin, Ferrara dédie The Driller Killer « aux habitants de New York, la cité de l’espoir ».

 

© Gilles Penso

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LE CONTINENT DES HOMMES-POISSONS (1978)

Barbara Bach se retrouve au cœur d'une variante fantaisiste de L'Étrange Créature du Lac Noir

L’ISOLA DEGLI UOMINI PESCE

1978 – ITALIE

Réalisé par Sergio Martino

Avec Barbara Bach, Richard Johnson, Joseph Cotten, Claudio Cassinelli, Beryl Cunningham, Franco Iavarone, Roberto Posse

THEMA MONSTRES MARINS

Sergio Martino est l’un des grands spécialistes italiens de l’imitation des grands succès américains. Il se distingue généralement par l’inventivité qu’il injecte dans ses plagiats, muant presque certains d’entre eux en objets de culte indépendamment des œuvres dont ils s’inspirent (ce sera par exemple le cas d’Atomic Cyborg et 2019, après la Chute de New York, variantes sans le sou de Terminator et New York 1997). Avec Le Continent des Hommes-Poissons, notre homme s’attaque à une espèce de remake de L’Île du Docteur Moreau (dans le sillage de la version 1977) mixé avec L’Etrange Créature du Lac Noir, avec en prime un soupçon de cérémonies vaudou, une allusion au mythe de l’Atlantide et quelques idées additionnelles piochées au hasard chez Jules Verne, Edgar Rice Burroughs et Hergé ! Forcément, le résultat frôle un peu l’indigestion, s’efforçant d’imbriquer en un tout cohérent ces éléments d’inspiration disparates au sein d’un scénario rocambolesque.

En 1891, un bateau-prison transportant des forçats à Cayenne coule dans la mer des Antilles. Le médecin du bord, Claude Le Ross (Claudio Cassinelli), et quatre survivants parviennent à gagner une île où règne un paranoïaque dangereux, Edmond Rakham (Richard Johnson), maître absolu de la vie et de la mort des indigènes. Les quatre compagnons de Le Ross ne tardent pas à disparaître dans des conditions mystérieuses, apparemment victimes d’étranges créatures amphibies créées par un savant au pouvoir de Rakham… Tourné dans de magnifiques extérieurs naturels en Sardaigne et à Rome, Le Continent des Hommes-Poissons joue à fond la carte du dépaysement et de la distraction. A ce titre, le film fait mouche, multipliant les coups de théâtre improbables et les révélations impensables, et s’adjoignant en outre les charmes infinis de la sublime Barbara Bach, future épouse de Ringo Starr qui sacrifie ici à la figure imposée de la Belle et la Bête. D’où de nombreuses photos publicitaires de l’époque exhibant la comédienne fort peu vêtue (voire pas vêtue du tout) batifolant dans les eaux méditerranéennes en compagnie d’hommes-poissons hideux. 

La figure classique de la Belle et la Bête

Mais si l’étrange créature de Jack Arnold (pourtant antérieure de vingt-quatre ans) était une véritable réussite du point de vue du design et de la sculpture, ses homologues filmés par Sergio Martino (et conçus par le directeur artistique Massimo Antonello Gelleng) révèlent un faciès franchement grotesque et une texture de peau trop évidemment caoutchouteuse pour convaincre. D’autant que les malheureux poussent des espèces de barrissements bien plus comiques qu’effrayants ! Après une première sortie discrète sur les écrans américains (sous l’appellation Island of the Fishmen), Le Continent des Hommes-Poissons tenta une seconde fois sa chance en adoptant le titre Screamers, avec un montage différent, une musique de Sandy Berman remplaçant la partition originale de Luciano Michelini, et une poignée de nouvelles séquences avec Mel Ferrer et Cameron Mitchell orchestrées sous l’égide de New World Pictures.

 

© Gilles Penso

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SURVIVAL OF THE DEAD (2009)

L'ultime volet de la saga des zombies de George Romero mêle l'horreur, la comédie et le western pour continuer à brocarder les travers de l'espèce humaine

SURVIVAL OF THE DEAD

2009 – USA

Réalisé par George Romero

Avec Alan Van Sprang, Kenneth Welsh, Kathleen Munroe, Devon Bostick, Richard Fitzpatrick, Athena Karkanis, Stefano DiMatteo

THEMA ZOMBIES I SAGA LES ZOMBIES DE GEORGE ROMERO

Diary of the Dead coûta si peu cher qu’il se retrouva très rapidement amorti par les préventes en Europe. Une telle rentabilité donna les coudées franches à George Romero, qui s’offrit la possibilité de poursuivre ses variantes sur le thème des zombies avec Survival of the Dead. Même s’il abandonne la prise de vue subjective pour un retour à la narration classique, cet épisode est le seul de la saga des « of the Dead » qui puisse réellement être considéré comme une séquelle, dans la mesure où plusieurs personnages de Diary of the Dead prennent part à l’aventure. La majeure partie de l’intrigue se déroule sur l’île de Plum, au large du Delaware, où s’opposent depuis toujours deux familles pionnières, les O’Flynn et les Muldoon. Alors que les uns prônent l’éradication pure et simple de tous les zombies envahissant les lieux de manière alarmante, les autres préfèrent les maintenir en captivité dans l’attente d’un éventuel remède. Lorsqu’un détachement de l’armée dirigé par le sergent « Nicotine » Crocket (Alan Van Sprang) accoste sur l’île, en quête d’un refuge loin de la cité abandonnée aux morts-vivants, le conflit larvé se mue en guerre ouverte. Moins novateur que les cinq longs-métrages qui le précèdent, Survival of the Dead est sans doute l’opus le plus anecdotique de la saga, entravé de surcroît par la petitesse de ses moyens (un budget d’environ quatre millions de dollars, comme Diary of the Dead) et sa facture souvent maladroite.

Étrangement, Romero utilise ici les morts-vivants moins comme véhicules d’épouvante que comme ressorts comiques, au sein d’une œuvre hybride mêlant les codes du film d’horreur à ceux du western et du slapstick. Le cinéaste continue malgré tout à brocarder les travers de ses concitoyens, revenant ici aux fondements mêmes de la nation américaine tout en concoctant des séquences gore particulièrement imaginatives qui bénéficient d’un mixage audacieux de maquillages spéciaux à l’ancienne et d’effets numériques. « J’adore les effets spéciaux traditionnels, les maquillages et la pyrotechnie », avoue-t-il. « Mais leur mise en place prend un temps fou et c’est ce qui vous ralentit pendant un tournage. Quand vous avez besoin d’aller vite, les effets numériques vous font gagner un temps précieux. Évidemment, un impact de balle sur un acteur est toujours très efficace quand vous l’obtenez en direct sur le plateau. Mais ensuite, on n’en finit plus de nettoyer les murs et de réinstaller les charges explosives pour d’éventuelles prises supplémentaires ! » (1)

Un duel final savoureusement absurde

C’est donc à l’économie qu’est conçu Survival of the Dead, Romero s’intéressant visiblement plus à la haine séculaire qui oppose le capitaine Patrick O’Flynn (Kenneth Welsh) et le vétéran Seamus Muldoon (Richard Fitzpatrick) qu’aux monstres anthropophages qui errent aux alentours. Le spectateur a lui-même bien du mal à choisir un pôle d’indentification chez les deux cow-boys hors du temps aux méthodes expéditives et aux idées guère nuancées dont l’opposition structure l’ensemble du métrage. Fidèle à son sens inné du chaos, Romero achève son film sur un duel savoureusement absurde qui, en quelques plans, résume bien toute la thématique de son œuvre.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2008

 

© Gilles Penso

 

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DINOCROC (2004)

Le spécialiste des effets spéciaux Kevin O'Neill à la réalisation, le malin Roger Corman à la production, et un monstre mi-dinosaure mi-crocodile devant la caméra

DINOCROC

2004 – USA

Réalisé par Kevin O’Neill

Avec Costas Mandylor, Charles Napier, Jane Longenecker, Matt Borlenghi, Bruce Weitz, Joanna Pacula, Jake Thomas 

THEMA DINOSAURES

Les trois Carnosaur n’ayant visiblement pas suffi à assouvir sa soif d’imitations de Jurassic Park, Roger Corman remet le couvert avec une nouvelle variante dont le titre laisse rêveur. La mise en scène de ce Dinocroc (rebaptisé Dinocrocodile, le Monstre du Lac pour sa diffusion sur les petits écrans français) a été confiée à Kevin O’Neill, un spécialiste des effets spéciaux qui œuvra notamment sur les séries Hercule et Xena au sein de sa société Flat Earth. D’où bon nombre d’images de synthèse bien plus dynamiques que les marionnettes pataudes conçues par Carl Buechler pour la « saga » Carnosaur. Fidèle à ses prédécesseurs, le monstre du film est le fruit de manipulations génétiques élaborées dans les laboratoires de la compagnie Gereco à partir du fossile d’un crocodile préhistorique. Evidemment, la charmante bestiole s’échappe, après avoir grignoté l’une des scientifiques, puis atteint la respectable taille de douze mètres de long avant d’aller batifoler dans le lac voisin, plein de touristes et de baigneurs qui s’apprêtent sans le savoir à jouer un remake reptilien des Dents de la Mer. Le scénario assure ainsi le service minimum, feignant de s’intéresser vaguement à ses protagonistes humains, autrement dit la jeune garde forestière Diane (Jane Longenecker), son amour de jeunesse Tom (Matt Borlenghi), l’arrogant chasseur de crocodiles Dick Sydney (Costas Mandylor) et un scientifique repenti s’efforçant de prévenir la population des dangers qui la menacent (Bruce Weitz).

La terrible fadeur des interprètes principaux est un peu relevée par deux guest stars sur le retour : Charles Napier en shérif aux méthodes expéditives et Joanna Pacula en impitoyable femme d’affaire peu émue par les dommages collatéraux créés par son dinocroco. A vrai dire, le film se concentre surtout sur une poignée de séquences d’action bien troussées, notamment la skieuse nautique qui se fait gober au vol par le saurien géant, la poursuite nocturne dans le tunnel, ou encore la traque dans la cabane. Sans atteindre les excès gore de CarnosaurDinocroc se permet malgré tout quelques grignotages gratinés, notamment lorsqu’une femme se fait avaler en plusieurs bouchées, ses jambes gigotant entre les mâchoires du carnassier comme dans Le Monstre des Temps Perdus, et surtout dans cette scène particulièrement osée au cours de laquelle un enfant finit décapité en gros plan !

Gobé en plein vol

Même si sa texture trahit immédiatement l’image de synthèse, amenuisant du coup son réalisme, le dinocrocodile bénéficie d’un design et d’une animation assez soignés, supervisés par le réalisateur lui-même ainsi que par quelques talentueux transfuges de la traditionnelle stop-motion, notamment Chris Endicott (Docteur Mordrid) et Don Waller (Robocop 2). Sa morphologie, plus proche du dinosaure que du crocodile, n’est pas sans nous rappeler le Godzilla de Roland Emmerich. L’originalité n’est donc pas l’atout premier de ce Dinocroc, à l’exception peut-être d’une partition de Damon Ebner qui, au lieu d’imiter servilement le John Williams des Dents de la Mer comme on aurait pu s’y attendre, s’efforce de concocter une bande originale à base de chœurs emphatiques plutôt inattendue.

 

© Gilles Penso

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OUTLAND (1981)

Le Train sifflera trois fois revisité dans l'espace, avec Sean Connery dans le rôle du cowboy solitaire

OUTLAND

1981 – USA

Réalisé par Peter Hyams

Avec Sean Connery, Frances Sternhagen, Peter Boyle, James B. Sikking, Kika Markham, Clarke Peters, Steven Berkoff

THEMA SPACE OPERA I FUTUR

En 1981, Peter Hyams, encore auréolé du succès surprise de son Capricorn One trois ans auparavant, a envie de tourner un western. Problème, le genre n’est plus en odeur de sainteté au box-office. Qu’à cela ne tienne : Outland, vendu comme un simple film de SF, sera un remake déguisé du mythique Train sifflera trois fois de Fred Zinnemann. Armé de son propre script, direct et efficace (une vague de suicides inexpliqués décime les ouvriers d’une station minière dans l’espace), il prend le temps de réécrire et d’humaniser le personnage du marshal O’Niel avec son interprète star, Sean Connery (tellement impliqué dans le film qu’il refusera même un caméo important dans Les Chariots de feu). Hyams se permet donc tranquillement d’inventer un genre à lui tout seul, le western spatial. Malgré ce désir de renouveau, le réalisateur n’oublie cependant pas de citer avec malice ses illustres aînés interstellaires : le lettrage du titre évoque immanquablement Alien, le bar où se réunissent les protagonistes fait du pied à la Cantina de La Guerre des étoiles, la serre sous verre est un rappel de celle de Silent Running

Première différence, l’univers imposé ici se veut plus réaliste, soutenu par des effets spéciaux novateurs, le film étant le premier à utiliser le procédé IntroVision, technique qui permet de manipuler la perspective d’une image fixe. Les acteurs pouvaient donc évoluer dans de gigantesques décors et des maquettes grandeur nature grâce à un système de projection sur miroirs. Mais Hyams confirme ici surtout les bases de ce qui fait la force de son style, et fera de lui l’un des plus grands metteurs en scène hollywoodiens des années 80 : une photographie léchée (il s’en chargera lui-même plusieurs fois dans sa carrière) qui joue sans cesse avec l’ombre et la lumière (l’homme a été peintre et ça se sent), un sens du cadre inné et presque maniaque, des personnages attachants et un solide sens du rythme. A ce titre, la poursuite centrale est un modèle de tempo et de montage (Stuart Baird a encore frappé), avec cette steadycam fluide et nerveuse collant au plus près des acteurs et faisant preuve d’une gestion de la topographie exemplaire. Le soin apporté à la psychologie du héros se ressent à chaque instant et provoque une forte empathie pour ce shérif obstiné qui se bat, armé d’une intégrité à toute épreuve (et d’un fusil à pompe), pour renverser le pouvoir corrompu (le personnage préfigure fortement le Stanley White qu’incarnera plus tard Mickey Rourke dans L’Année du Dragon). Ses joutes verbales jouissives avec la toujours excellente Frances Sternhagen (ici médecin et seule amitié véritable du loup solitaire) apportent une touche d’humour essentielle à un univers sombre, oppressant et inoubliable (le score surpuissant de Jerry Goldsmith y est pour beaucoup). Cerise sur le gâteau, Hyams n’oublie pas de donner une résonance politique à son divertissement : la critique du capitalisme sauvage est acerbe, et le méchant patron condescendant et paternaliste trouve un interprète de choix en la personne de Peter Boyle.

Seul contre tous

Mais ce qui frappe ici, ce sont les motivations premières du marshal, qui, parachuté au milieu d’une communauté hermétique où il n’est pas le bienvenu, met un point d’honneur à simplement faire son travail, et ce malgré une crise conjugale qui pourrait l’en détourner. L’homme cherche à se prouver sa valeur intrinsèque, pour pouvoir retrouver sereinement sa femme et son fils et soutenir leur regard avec fierté, le sens du devoir accompli. Cette thématique renvoie bien sûr directement aux figures héroïques des westerns de John Ford ou Howard Hawks. Et la filiation ne s’arrête pas là : l’arrêt de mort qui plane sur notre prévôt, les hommes qui descendent du train (ici d’une navette) pour le tuer dans l’indifférence totale des habitants de la ville/station minière, et ce décompte temporel inéluctable nous ramènent encore au Train sifflera trois fois. La séquence finale culte où O’Niel prend les armes et joue au chat et à la souris avec ses poursuivants (habillés et équipés comme pour un safari) donne lieu à d’électriques  moments de tension, entre la SF old school pure et dure et le film d’action moderne. L’attitude expéditive de Sean Connery, ses punchlines mémorables et son mauvais caractère ne sont d’ailleurs pas sans rappeler un certain Dirty Harry, la sensibilité et le doute en plus. Le supplément d’âme d’un grand film à la générosité indiscutable.

 

© Julien Cassarino

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FLESH GORDON (1974)

Une étrange parodie érotique de Flash Gordon truffée de monstres en stop-motion à la Ray Harryhausen

FLESH GORDON

1974 – USA

Réalisé par Howard Ziehm et Michael Benveniste

Avec Jason Williams, Cindy Hopkins, Joseph Hudgins, William Dennis Hunt, Candy Samples, Mycle Brandy, John Hoyt 

THEMA SPACE OPERA

Soucieux d’échapper un peu au ghetto du cinéma pornographique dans lequel il sévissait depuis plusieurs années, le producteur Mike Benveniste proposa un beau jour à son partenaire Howard Ziehm un scénario baptisé Flesh Gordon qui reposait sur un concept assez étrange : une parodie érotique de science-fiction suivant assez fidèlement la trame narrative des véritables aventures de Flash Gordon. L’histoire ? Un mystérieux rayon sexuel, signalé par le professeur Gordon et émis depuis la planète Porno, plonge la Terre dans le chaos. Pour sauver le genre humain des menaces de l’empereur Wang, Flesh Gordon et sa compagne Dale Ardor bravent donc les mille périls de l’espace interstellaire, à bord du vaisseau spatial du professeur E. Jakull. Cet étrange pastiche manie un humour très premier degré, situé évidemment au-dessous de la ceinture et au ras des pâquerettes, mais c’est finalement ce qui fait son charme.

Les effets spéciaux extrêmement kitsch évoquent la SF japonaise et les Thunderbirds, et le duo Jim Danforth/David Allen a concocté quelques séquences d’animation très réussies, hommages évidents à leur maître Ray Harryhausen. Il s’agit de l’apparition des pinosaures (!), sortes de phallus cyclopes qui attaquent nos héros, ainsi que du combat de Flesh contre un homme-insecte, calqué fidèlement sur celui de Sinbad contre le squelette dans Le 7ème Voyage de Sinbad, et de l’intervention finale du Grand Dieu Porno, un géant monstrueux qui emprunte sa morphologie à la fois au cyclope du même Sinbad et au Ymir de A des millons de kilomètres de la Terre. Ce monstre rend également un hommage évident à King Kong, en particulier à la scène de l’effeuillage de Fay Wray (qui va ici beaucoup plus loin que d’habitude, évidemment), à l’ascension de l’Empire State Building (remplacé par une tour phallique), à l’attaque des avions (ici un vaisseau de Wong piloté par Jakull et Flesh Gordon) et à la chute finale. « Nous avions inventé un surnom au Grand Dieu Porno pendant le tournage » avoue Jim Danforth, presque honteux. « C’était Nesuahyrrah, autrement dit Harryhausen à l’envers ! » (1) 

Le Grand Dieu Porno

L’érotisme omniprésent du film participe comme la science-fiction au délire général, orgies gigantesques à l’appui, l’héroïne passant le plus clair de son temps entièrement déshabillée. Notons aussi l’intervention des robots boîte de conserve au pénis en forme de vrille, de Pédalo, sorte de Robin des bois efféminé venant en aide aux héros, et des Amazones, dirigées par une pirate à l’œil bandé et à la jambe de métal. Au beau milieu du film, un interlude interrompt l’action alors que Flesh et ses amis sont en fort mauvaise posture, comme à la fin des épisodes des bons vieux serials. « Au départ, je ne voulais pas que mon nom apparaisse au générique, parce que je croyais que c’était un film porno pur et dur », raconte Danforth. « Finalement, il fut beaucoup plus inoffensif que prévu » (2). Au cours de ses premières semaines d’exploitation en juillet 74, Flesh Gordon se comporta plutôt bien au box-office, puis se tailla une réputation de film culte qui lui réserva plus tard un beau succès en vidéo.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998.

 

© Gilles Penso

 

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