BABYLON 5 (1993-1999)

Une saga de science-fiction extrêmement populaire qui s’appuie sur de véritables sujets politiques et sociaux pour bâtir son univers…

BABYLON 5

 

1993/1999 – USA

 

Créée par J. Michael Straczynski

 

Avec Bruce Boxleitner, Michael O’Hare, Claudia Christian, Jerry Doyle, Mira Furlan, Richard Biggs, Andrea Thompson, Bill Mumy, Jason Carter, Tracy Scoggins

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SPACE OPERA I FUTUR

Babylon 5 est le bébé de J. Michael Straczynski, un vétéran de la télévision américaine (Arabesque, La Cinquième dimension, Walker Texas Ranger) désireux de créer son propre univers de science-fiction. La série se situe en 2258. Dix ans après la terrible guerre qui opposa les Terriens aux Nimbaris, la station spatiale Babylon 5 a vu le jour. Symbole de la paix intergalactique, cette coque de métal de 2 500 000 tonnes accueille les peuples de toutes les planètes dans un souci du respect mutuel des différences. Cette nouvelle tour de Babel interplanétaire est dirigée avec sagesse par le commandant Jeffrey Sinclair (Michael O’Hare). À ses côtés se tiennent le lieutenant chef Susan Ivanova (Claudia Christian), le chef de la sécurité Michael Garibaldi (Jerry Doyle) et la télépathe Talia Winters (Andrea Thompson). Au-delà de ses personnages humains, Babylon 5 nous gratifie d’une galerie extra-terrestre à faire pâlir la cour de Jabba : les Narns sont des espèces d’hommes-serpents tachetés, les Minbaris ont un crâne chauve prolongé par une sorte de casque en forme de coquillage, les Centauris sont des bonhommes rondouillards aux canines pointues et à la coupe punk extravagante, les Pacmaras sont des nécrophages humanoïdes à mi-chemin entre l’éléphant et la sèche, sans compter Narkrat, l’homme mante-religieuse, ou Koch, à la forme indéterminée. Toutes ces créatures sont conçues par l’atelier Optic Nerve Studios dirigé par les maquilleurs Everett Burrell et John Vulich (La Part des ténèbres).

Dans Babylon 5, la science-fiction sert de prisme pour aborder avec un œil distancié les problèmes dont l’actualité restera toujours brûlante : racisme, guerres de religions, justice, manigances gouvernementales, revendications ouvrières, etc… En ce sens, le show s’inscrit dans la mouvance de Star Trek mais pousse l’analogie avec notre monde contemporain encore plus loin. Les happy ends des épisodes de Babylon 5 restent toujours ambigus et la paix intergalactique repose constamment sur un équilibre fragile et instable. Terriens et Minbaris gardent un souvenir douloureux de la guerre qui les opposa, tandis que Narns et Centauris ont encore en mémoire des années de lutte et d’occupation. Sans oublier les rites religieux de chacun de ces peuples qui reposent sur des pratiques très différentes. L’une des clefs de la réussite de Babylon 5 est l’évacuation de tout manichéisme. Les bons et les méchants n’apparaissent jamais de manière tranchée. Chaque personnage, Terrien ou Extra-Terrestre, a ses moments de faiblesse, de haine, de lâcheté, d’intolérance, et les scénaristes, sans forcément les excuser, s’efforcent de faire comprendre de tels comportements.

Espace numérique

Lorsque le film Starfighter sortit en 1984, on put contempler des vaisseaux spatiaux intégralement conçus en images de synthèse. Le résultat était assez approximatif mais laissait imaginer des perspectives intéressantes. Dix ans plus tard, Babylon 5 confirme ces prévisions. Ici, les images de synthèses se sont à nouveau entièrement substituées aux maquettes. Bien sûr, tout n’est pas parfait dans les plans truqués, et de nombreuses maladresses sautent aux yeux. Mais ces images alors inédites donnent un petit avant-goût du bond que s’apprêtaient à faire les effets numériques dans le domaine de l’imagerie spatiale à l’orée du 21ème siècle. Parmi les engins de la série, on note la station Babylon 5, bien sûr, gigantesque masse cylindrique en orbite géostationnaire, mais aussi les chasseurs dont la forme évoque à la fois les X-Wings (pour les ailes) et les Tie-Wings (pour le cockpit) de Star Wars, la colonie agricole des Centauris aux allures de pyramide futuriste, les vaisseaux de combat triangulaires et aérodynamiques des Narns, le navire de commandement Narn en forme de vaste satellite circulaire, les impressionnants croiseurs de combat Minbaris, plus toute une série de navettes et de vaisseaux cargos qui vont et viennent sans cesse autour de la station. Beaucoup de ces effets ont pris depuis un cruel coup de vieux. Mais la cohérence narrative des cinq saisons de Babylon 5, elle, n’a pas pris une seule ride et reste la qualité majeure de cette série adulée par de très nombreux amateurs de science-fiction. Une série spin-off, Crusade, et plusieurs téléfilms lui succèderont.

 

© Gilles Penso


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AU-DELÀ DU RÉEL (1963-1965)

Dans la foulée de La Quatrième dimension, cette anthologie de science-fiction a marqué les mémoires avec son bestiaire délirant et ses concepts fous…

THE OUTER LIMITS

 

1963/1965 – USA

 

Créée par Leslie Stevens

 

Avec Robert Duvall, Martin Landau, Dabney Coleman, Henry Silva, Jacqueline Scott, David McCallum, Geraldine Brooks, Leonard Nimoy, Sally Kellerman

 

THEMA EXTRA-TERRESTRE

Le plus gros défaut d’Au-delà du réel est de ne pas être La Quatrième dimension. La série créée par Leslie Stevens ne manque ni de charme, ni d’attrait, mais il est difficile de ne pas la rapprocher de celle de Rod Serling, tant leurs concepts sont similaires, et au jeu des comparaisons The Twilight Zone sort évidemment grand vainqueur. Or c’est un combat quelque peu déloyal. D’abord parce que Stevens assume totalement l’influence de son prédécesseur, ensuite parce que les ambitions de son show ne sont pas tout à fait les mêmes que celles de celui de Serling, malgré leur nature commune d’anthologies de science-fiction (des histoires indépendantes les unes des autres avec à chaque fois des personnages différents). Lorsqu’il développe l’idée d’Au-delà du réel, Leslie Stevens (par ailleurs scénariste du Gaucher d’Arthur Penn et réalisateur de L’île de la violence avec James Mason), souhaite avant tout faire frissonner les téléspectateurs en s’appuyant sur les mêmes mécanismes que bon nombre de films de SF des années 50. Avec le scénariste Joseph Stefano (qui écrivit Psychose pour Alfred Hitchcock), il met donc en place le concept du « monstre de la semaine » : chaque épisode ou presque doit mettre en scène une créature fantastique (de préférence extra-terrestre) qui marquera durablement les esprits.

Cette idée est séduisante, mais elle n’est pas simple à concrétiser avec le faible budget qu’alloue la chaîne à chaque épisode (entre 10 000 et 40 000 dollars). Stevens se tourne alors vers l’équipe de Project Unlimited, habituée à concevoir des effets spéciaux spectaculaires et économiques. Ses trois piliers, Wah Chang, Gene Warren et Jim Danforth, sont rompus à l’exercice grâce notamment aux films de George Pal (La Machine à explorer le temps, Les Aventures de Tom Pouce, Les Amours enchantées). Ils concoctent donc un bestiaire fantasmagorique délirant, de l’amphibien géant à la fourmi au faciès humain en passant par l’alien à tête de crustacé ou l’homme aux yeux exorbités. Même si elle peut prêter aujourd’hui à sourire par l’exubérance de ses concepts, cette galerie de créatures a provoqué bien des cauchemars auprès de jeunes téléspectateurs pas habitués à de telles profusions monstrueuses, ceintes en outre dans une photographie noir et blanc très contrastée héritée de l’expressionisme allemand qui renforce leur caractère perturbant. Après le départ de Joseph Stefano pour la saison 2, le concept du « monstre de la semaine » sera moins systématique.

« Nous contrôlons la transmission »

Au-delà du réel est aussi mémorable pour son entrée en matière. Chaque épisode commence par des interférences qui altèrent l’image et le son. Une voix sentencieuse s’adresse alors aux téléspectateurs : « Il n’y a aucun problème avec votre téléviseur. N’essayez pas de régler l’image. Nous contrôlons la transmission… Pendant une heure, restez assis tranquillement et nous contrôlerons tout ce que vous voyez et entendez. Vous êtes sur le point de participer à une grande aventure. Vous êtes sur le point de faire l’expérience de l’émerveillement et du mystère qui s’étendent de l’esprit intérieur jusqu’à… Au-delà du réel ! » Voilà une belle mise en condition. Tout un parterre de guest stars (plus ou moins connues à l’époque) se bouscule pour tenir la vedette des 49 épisodes de la série, parmi lesquels on peut citer en vrac David McCallum (Des agents très spéciaux), Donald Pleasence (Halloween), Martin Landau (Mission impossible), Barry Morse (Cosmos 1999), Vera Miles (Psychose), Robert Duvall (Le Parrain), Adam West (Batman) ou Leonard Nimoy (Star Trek). Alors certes, Au-delà du réel n’est pas La Quatrième dimension, mais son impact reste immense et son influence sur les générations futures d’auteurs et de réalisateurs de science-fiction presque aussi importante que celle du chef d’œuvre de Rod Serling.

 

© Gilles Penso


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AMIS DE CHICO (LES) (1974)

Une série pour enfants étrange et perturbante dans laquelle deux gamins se trimbalent avec la tête réduite d’un sorcier indien !

CHICO THE RAINMAKER / THE BOY WITH TWO HEADS

 

1974 – GB

 

Créée par Jonathan Ingrams

 

Avec Spencer Plumridge, Leslie Ash, Hilda Fenemore, Peter Halliday, Stanley Meadows, Lance Percival, John Louis Mansi, Clive Revill, Bill Maynard

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Mais qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête du réalisateur anglais Jonathan Ingrams lorsqu’il décida de lancer la série Les Amis de Chico ? Comment est-il possible que personne ne lui ait dit que son idée était bizarre, pour ne pas dire complètement à côté de la plaque ? Vouloir écrire et réaliser une série pour enfants dans laquelle les gamins vedettes seraient accompagnés dans leurs aventures par un personnage fantastique aux pouvoirs surnaturels, pourquoi pas ? Mais lorsqu’on sait que cette créature est une tête réduite décapitée de type Navajo qu’ils trimballent partout avec eux et qui leur parle en roulant ses yeux exorbités et en agitant sa mâchoire morte-vivante, on se perd en conjectures ! Il faut croire qu’Ingrams et ses scénaristes Frank Godwin et C.M. Pennington Richards furent convaincants, car la série vit le jour en 1974, fut diffusée aux États-Unis sur le réseau PBS et en Angleterre dans les salles de cinéma du samedi matin, avant de débarquer en nos contrées quatre ans plus tard pour une diffusion sur TF1.

Alors que le jeune Chris Page (Spencer Plumridge) se dirige vers la boutique de l’antiquaire Ben (Bert Palmer), il tombe sur deux cambrioleurs pris en flagrant délit de vol d’un assortiment de couverts en argent, Doug et Dès (Stanley Meadows et John Louis Mansi), et les chasse. En signe de gratitude, l’antiquaire offre à Chris un curieux coffret contenant une tête réduite ainsi qu’un tambour et une flûte de pan. À son retour chez lui, Chris partage la découverte avec sa sœur Jill (Leslie Ash). Alors qu’ils s’amusent avec les instruments de musique, les deux enfants éveillent la tête réduite, qui se met soudain à parler avec eux. Au lieu de prendre leurs jambes à leur cou en hurlant et d’entamer ensuite une longue thérapie, les deux gamins l’écoutent attentivement. La tête appartient à Chicopacobacawana, un puissant sorcier vieux de 2000 ans capable de provoquer la pluie. Après avoir été enlevé par des explorateurs il y a trois ans, il s’est trouvé dans l’incapacité d’accomplir son rôle de Grand Puicha, qui consiste à protéger sa tribu contre la sécheresse qui s’est depuis abattue sur les cultures. Chris et Jill décident de lui apporter leur assistance pour le ramener chez lui. Mais des voleurs sont à leurs trousses…

Un traumatisme d’enfance

Si le postulat des Amis de Chico est joyeusement délirant, les intrigues de ces sept petits épisodes de quinze minutes chacun ne sont pas particulièrement palpitantes, se limitant à un jeu du chat et de la souris gentillet qu’égaient les facéties surnaturelles de Chicapaco… Chipocaba… Chicopacoba… enfin Chico, quoi. Passée presque inaperçue outre-Atlantique, diffusée une seule fois en France, la série aurait pu complètement et définitivement disparaître des mémoires. Mais à cette époque, le nombre de chaînes de télévision était très limité et le jeune public regardait à peu près tout ce qu’on lui proposait. Toute une génération d’enfants a donc découvert Les Amis de Chico, logeant quelque part dans son esprit la vision mi-amusante mi-traumatisante de cette petite tête coupée qui parle (conçue par le créateur des effets spéciaux Les Bowie, à l’œuvre sur des spectacles plus « adultes » tels que Le Monstre, Le Cauchemar de Dracula ou La Nuit du Loup-garou). Voilà pourquoi ce show anecdotique occupe une place particulière dans la mémoire des téléspectateurs de la fin des années 70, charriant avec lui un parfum de nostalgie à la fois drôle et lugubre.

 

© Gilles Penso


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ALIAS (2001-2006)

La série à succès qui a révélé Jennifer Garner mêle l’espionnage, l’action, la science-fiction et une bonne dose d’ésotérisme…

ALIAS

 

2001/2006 – USA

 

Créée par J.J. Abrams

 

Avec Jennifer Garner, Michael Vartan, Ron Rifkin, Bradley Cooper, Merrin Dungey, Carl Lumbly, Kevin Weisman, Victor Garber, David Anders, Lena Olin

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Homme à tout faire à Hollywood, J.J. Abrams co-produit au début des années 90 À propos d’Henry et Forever Young, lance la série Firefly, écrit le scénario d’Armageddon, réalise le court-métrage Shrek : I Feel Good, bref se fait un nom dans la cour des grands. Mais c’est avec la création de la série Alias qu’Abrams se place définitivement sous le feu des projecteurs. Son mode opératoire ? Faire du neuf avec du vieux, développer des concepts forts immédiatement attrayants, manipuler le suspense et le mystère en virtuose, jouer sur les attentes de son public pour mieux les déjouer, bref trouver la recette miracle du succès. C’est en mêlant avec habileté tous ces ingrédients que le futur réalisateur de Super 8 et du Réveil de la Force fait d’Alias un triomphe télévisuel immédiat. L’une de ses trouvailles est de se réapproprier les codes de la série Mission impossible et de la saga James Bond en féminisant son personnage principal et en poussant très loin les éléments fantastiques. Les amateurs d’action sont aux anges, les fans de science-fiction y trouvent largement leur compte et tous tombent sous le charme de Jennifer Garner, héroïne tourmentée et athlétique qui adopte tous les looks – du plus improbable au plus sexy – pour des missions d’infiltration palpitantes – à défaut d’être toujours crédibles.

Déjà apparue dans un certain nombre de films, de téléfilms et de séries, Jennifer Garner trouve avec Alias le rôle de sa vie, celui de l’étudiante Sidney Bristow qui est recrutée par le SD-6, une agence gouvernementale orchestrant secrètement des missions pour la CIA. Mais elle finit par découvrir que le SD-6 est une organisation occulte qui n’a rien à voir avec le gouvernement américain et qui aurait même tendance à agir contre ses intérêts. Sidney décide alors de proposer ses services à la véritable CIA en agissant en tant qu’agent double au sein du SD-6. Notre espionne se retrouve donc bien souvent dans l’obligation d’adopter une triple identité : le personnage qu’elle incarne lors des missions que lui assigne le SD-6, le rôle qu’elle joue aux yeux de son inquiétant employeur Arvin Sloane (Ron Rifkin) et de ses collègues, et son véritable visage lorsqu’elle rend des comptes à la CIA. Les choses se compliquent lorsque son père Jack Bristow (Victor Garber) révèle être au courant de ce petit manège et être aussi un agent double, et lorsque le collègue de Sidney qui ne la rend pas indifférente, le beau Michael Vaughn (Michael Vartan), commence à émettre des doutes sur ses agissements…

Agent triple

Chaque épisode de cette série mouvementée décline donc à loisir les mécanismes du mensonge, de la manipulation et du secret, autant de sources possibles de séquences de suspense savamment mises en scène par toute une armada de réalisateurs (dont Abrams lui-même qui, en véritable chef d’orchestre, écrit aussi la musique du générique). L’un des atouts de la série est d’ailleurs sa bande originale, composée par un Michael Giacchino en début de carrière qui se déchaîne ici avec une maestria incroyable, mêlant les orchestres symphoniques, les instruments jazz et les sonorités électroniques en retrouvant souvent l’esprit des partitions originales de Lalo Schifrin (Mission impossible) et John Barry (James Bond) auxquelles il apporte un très énergique sang neuf. Refusant les intrigues d’espionnage trop terre à terre, Alias joue très tôt la carte de l’ésotérisme et du mysticisme en mettant tous les protagonistes en quête d’objets aux pouvoirs insoupçonné conçus par un savant du 15ème siècle à mi-chemin entre Leonard de Vinci et Nostradamus. Son nom, Milo Rambaldi, est un hommage au créateur d’effets spéciaux Carlo Rambaldi (Rencontres du troisième type, E.T.). La magie d’Alias opère pendant environ trois saisons, avant que des rebondissements de plus en plus tirés par les cheveux – assortis de changements importants de casting – n’émoussent peu à peu l’intérêt des téléspectateurs. La série s’arrête donc en 2006. Abrams, lui, est déjà à l’œuvre sur un autre show à succès : Lost, les disparus.

 

© Gilles Penso


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ÂGE DE CRISTAL (L’) (1977-1978)

Poussée par le succès du film L’Âge de cristal, cette série éphémère met en scène un couple de fugitifs dans un monde futuriste hostile…

LOGAN’S RUN

 

1977/1978 – USA

 

Créée par William F. Nolan et George Clayton Johnson

 

Avec Gregory Harrison, Heather Menzies, Randy Powell, Donald Moffat, Wright King, Morgan Woodward, Gene Tyburn, Stan Stratton, Sherril Lynn Rettino

 

THEMA FUTUR I ROBOTS

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le lancement de la série L’Âge de cristal n’a pas été motivé par la vogue science-fictionnelle provoquée par le triomphe de La Guerre des étoiles en 1977. Certes, le premier épisode du show a été diffusé quelques mois après la sortie en salles du space opera de George Lucas, profitant naturellement de l’attirance soudaine du grand public pour les pistolets laser et les robots. Mais en réalité la genèse de la série est tout simplement liée au succès en salles du film L’Âge de cristal (nommé pour deux Oscars à l’époque). Distribué au cinéma en 1976, le long-métrage de Michael Anderson, inspiré d’un roman futuriste de William F. Nolan et George Clayton Johnson, mettait en vedette Michael York et Jenny Agutter dans le rôle de deux fugitifs bien décidés à échapper aux règles strictes d’un monde dystopique ayant fixé la limite de vie de la population à l’âge de 30 ans. Pour la série qui s’inspire du film, la chaîne CBS confie les rênes aux producteurs exécutifs Ivan Goff et Ben Roberts (Mannix, Drôles de dames). Leur mission : broder autour de la trame du roman et du scénario du long-métrage pour imaginer avec leur staff de scénaristes quinze épisodes qui en reprennent les composantes principales.

Le pilote de la série, réalisé par Robert Day, reprend à peu près l’intrigue du long-métrage. Nous sommes en l’an 2319. Le limier Logan (Gregory Harrison) décide de quitter la Cité des Dômes avec la fugitive Jessica (Heather Menzies) pour échapper au système totalitaire qui condamne tous les humains à un rituel sacré le jour de leur 30 ans (« Le Carrousel », un joli mot pour définir en réalité une euthanasie généralisée pour cause de surpopulation). Le couple est désormais pris en chasse par un groupe de limiers dirigés par Francis (Randy Powell), ancien collègue de Logan. À partir de là, la série s’éloigne du film pour construire sa propre dynamique et développer un univers visuel distinct. Il y a d’abord ce véhicule très iconique qu’empruntent nos héros, un aéroglisseur futuriste qu’ils trouvent dans les ruines de Washington et qui devient leur moyen de locomotion favori. Il y a ensuite REM, le sympathique androïde incarné par Donald Moffat qui se joint à eux et apporte à la série une touche d’humour. Au fil des épisodes, tous les trois traversent une Amérique post-apocalyptique et croisent d’étranges sociétés humaines, des extra-terrestres et des robots. Leur objectif : trouver « Le Sanctuaire », un lieu idyllique où ils espèrent enfin cesser leur cavale pour vivre en paix…

Cavale sans issue

Tourné à l’économie, L’Âge de cristal recycle beaucoup d’accessoires, de costumes et d’éléments de décors du film. Plusieurs plans, notamment ceux de la Cité des Dômes, sont également empruntés au long-métrage de Michael Anderson. Malgré la relative simplicité des intrigues et leur caractère répétitif, et malgré son évident manque de moyens, la série possède un charme indéniable qui repose beaucoup sur son trio d’acteurs principaux. Mais L’Âge de cristal ne rencontre pas le succès espéré. Seuls treize épisodes sont diffusés par CBS, qui décide de stopper la programmation à cause des très mauvaises audiences. La première saison ne s’achève donc même pas et L’Âge de cristal disparaît des grilles de la chaîne comme elle était apparue, sans véritable dénouement. Les derniers épisodes ne seront diffusés qu’à la fin des années 80 aux États-Unis. En France, la série est pourtant devenue culte, grâce à ses diffusions successives sur Antenne 2, La Cinq, TF1, TMC, Série Club, 13ème Rue et Game One. Le public de l’hexagone a même souvent tendance à préférer L’Âge de cristal dans sa version télévisée au film qui la précéda, gagné par le pouvoir de séduction des comédiens, le caractère résolument distrayant des scénarios et le générique délicieusement seventies composé par Laurence Rosenthal (Le Choc des Titans).

 

© Gilles Penso


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ULTRAMAN (1966-1967)

Le plus célèbre des super-héros de la télévision japonaise est un humain qui fusionne avec un extra-terrestre pour affronter des monstres impensables…

URUTORAMAN : KÛSÔ TOKUSATSU SHIRÎZU

 

1966/1967 – JAPON

 

Créée par Eiji Tsuburaya

 

Avec Susumu Kurobe, Akiji Kobayashi, Hiroko Sakurai, Sandayu Dokumamushi, Masaya Nihei, Akihide Tsuzawa, Akihiko Hirata

 

THEMA SUPER-HÉROS I EXTRA-TERRESTRES

Sur Terre dans un futur proche, des monstres venus de l’espace terrorisent les habitants des planètes du Cosmos. Une patrouille scientifique dotée d’armes sophistiquées a été ainsi créée pour lutter contre eux. La branche japonaise située à Tokyo est composée de cinq membres : le capitaine Toshio Muramatsu (Akiji Kobayashi), le vice-capitaine Shin Hayata (Susumu Kurobe), le tireur d’élite Daisuke Arashi (Sandayu Dokumamushi), l’inventeur (et comique de la bande) Ito Mitsuhiro (Masaya Nihei) et la responsable des communications Akiko Fuji (Hiroko Sakurai). A ces cinq membres il faut ajouter un enfant, Hoshino Fuji (Akihide Tsuzawa), qui est une sorte de mascotte. Au cours d’une de ses missions, Hayata meurt après avoir été percuté par un OVNI. Celui-ci était piloté par Ultraman, un extraterrestre aux pouvoirs incroyables, qui fusionne avec Hayata pour lui redonner la vie. Puis il lui confie un objet magique, la capsule Beta, qui – une fois activée grâce à un bouton rouge – lui permet de faire appel à lui. Ainsi, pendant quelques minutes seulement (l’énergie vitale d’Ultraman diminuant rapidement), Hayata peut obtenir la taille d’un géant et lutter contre les monstres qui attaquent la Terre…

Ultraman est un héros culte au sein de la culture japonaise, au même titre que Superman chez les Américains. Il est né de l’imagination d’Eiji Tsuburaya, qui s’était illustré à partir des années 50 en signant les effets spéciaux des films de la saga Godzilla. C’est en effet à lui qu’on devait l’idée de faire revêtir des costumes en latex à des cascadeurs et de les filmer au ralenti pour jouer les rôles des monstres géants plutôt que d’utiliser de l’animation image par image comme dans King Kong ou Le Monstre des temps perdus. Fort de son succès, il fonda sa propre compagnie, Tsuburaya Productions en 1963 puis lança la série Ultra Q en 1966. Dans celle-ci, il faisait apparaître des monstres géants du même style que Godzilla tout en développant des idées novatrices pour l’époque (existence d’autres dimensions et d’êtres venus d’ailleurs mais aussi sensibilisation aux problèmes écologiques causés par les humains). Cependant il manquait un dernier élément qui fut ajouté à sa deuxième production : un héros.

Le Superman japonais

C’est donc avec la série suivante, Ultraman, (qui est en couleurs, contrairement à la précédente), qu’il invente un personnage d’extra-terrestre confiant ses pouvoirs à un être humain. Les 39 épisodes de la première saison originale battent des records d’audience et depuis les séries dérivées d’Ultraman s’enchainent (sous forme « live » ou animée). Incroyablement influente (sans elle n’existeraient ni Spectreman, ni X-Or, ni Bioman), Ultraman est considérée comme l’ancêtre officiel du genre Tokusatsu. On ne compte plus le nombre de films, de séries, de bandes-dessinés et de mangas qui s’y réfèrent. Évidemment, plusieurs décennies après sa première diffusion, la série se révèle incroyablement datée et les effets spéciaux (monstres en plastiques, bâtiments et engins réalisés à partir de maquettes aux allures de jouets) font beaucoup sourire. Sans compter que le « futur proche » décrit dans Ultraman se déroule en réalité dans les années 90. Il n’empêche que ce show, pour kitsch qu’il soit, occupe une place historique de premier ordre – et une place toute particulière dans le cœur des amateurs de science-fiction à l’ancienne.

 

© Histoire de la science-fiction

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NICK CUTTER : LES PORTES DU TEMPS (2007-2011)

Panique en Angleterre : des créatures préhistoriques surgissent soudain à travers des failles spatio-temporelles et sèment la panique…

PRIMEVAL

 

2007/2011 – GB

 

Créée par Adrian Hodges et Tim Haines

 

Avec Douglas Henshall, James Murray, Lucy Brown, Andrew Lee Potts, Hannah Spearritt, Juliet Aubrey, Ben Miller, Jason Flemyng, Laila Rouass

 

THEMA DINOSAURES I VOYAGES DANS LE TEMPS

C’est en 1999, après avoir créé la mini-série documentaire Sur la terre des dinosaures pour la chaîne BBC, que le producteur britannique Tim Haines a l’idée de réutiliser ses monstres disparus en images de synthèse pour les besoins d’une série de fiction. Il faudra attendre huit ans pour que Nick Cutter, les portes du temps (Primeval en version originale) voit le jour. Co-créateur de la série avec Haines, Adrian Hodges avait déjà fréquenté les grands sauriens du mésozoïque en écrivant en 2001 le téléfilm Les Aventuriers du monde perdu de Stuart Orme avec Bob Hoskins. L’Angleterre est le théâtre d’étranges phénomènes : des créatures préhistoriques apparaissent aux quatre coins du royaume… Le paléontologue Nick Cutter, un homme brillant mais hanté par la disparition de sa femme, se lance avec son équipe à leur poursuite et tente de découvrir comment ces espèces disparues depuis des millions d’années ont pu réapparaître soudainement. Des portes temporelles (que les personnages finissent par nommer « anomalies ») semblent s’être ouvertes sans explication. Et si ce phénomène surnaturel pouvait permettre à Cutter de plonger huit ans dans le passé pour retrouver son épouse ?

Même si les scénarios ne sont pas tous d’une folle originalité, ils sont suffisamment bien écrits (d’abord par Haines et Hodges puis par une armada d’autres auteurs) pour nous captiver du début à la fin. Les personnages sont attachants, le suspense est largement au rendez-vous et il faut bien sûr souligner la qualité des effets visuels. Les créatures en image de synthèse sont crédibles, dynamiques et parfaitement intégrées dans les prises de vues réelles. Leur supervision est assurée par Christian Manz (Le 10ème royaume, Dinotopia, Nanny McPhee, La Boussole d’or et plusieurs épisodes de la saga Harry Potter) et leur réalisation est assurée par l’équipe de la compagnie Framestore.

Les monstres des temps perdus

L’autre atout de Nick Cutter est son casting très convaincant. Le paléontologue qui donne son nom à la série est incarné par Douglas Henshall (Dorian Gray, Shetland, L’Aigle de la neuvième légion). On note aux côtés de Cutter une équipe de choc : Abby Maitland interprétée par Hannah Spearritt (Le fils de Chucky), Connor Temple (le jeune disciple qui cherche à prouver sa valeur) alias Andrew Lee Potts (Chambre 1408) et James Lester que joue Ben Miller (Meurtres au paradis, Johnny English). Forte de ses atouts (du rythme, de l’action, des dinosaures impressionnants, des failles temporelles à répétition, des rebondissements incessants, une touche d’humour so british et un peu de romantisme), la première saison de Nick Cutter (diffusée à partir du 10 février 2007) fut suivie par quatre autres saisons tout aussi mouvementées, puis par une série dérivée baptisée Les Portes du temps : un nouveau monde.

© Grégory

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TEEN WOLF (2011-2017)

Un lycéen réservé et complexé devient extrêmement populaire depuis qu’une bête l’a mordu en pleine nuit pour le muer en loup-garou…

TEEN WOLF

 

2011/2017 – USA

 

Créée par Jeff Davis

 

Avec Tyler Posey, Holland Roden, Dylan O’Brien, Tyler Hoechlin, Crystal Reed, Shelley Hennig, Arden Cho, Dylan Sprayberry, Colton Haynes, Linden Ashby

 

THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA TEEN WOLF

Scott McCall est un lycéen asthmatique et impopulaire qui ne peut que rêver de quitter un jour le banc des remplaçants de son équipe de crosse. Mais tout change après qu’il se soit fait mordre par une étrange bête sauvage, un soir où il se promenait dans les bois avec son meilleur ami Stiles. Il s’en sort avec une morsure à l’abdomen mais commence alors à développer des réflexes surhumains. En un rien de temps, l’ado complexé devient la nouvelle star de son lycée. Tout commence à lui réussir : il parvient enfin à rentrer dans l’équipe de crosse, il séduit la petite nouvelle Allison et se fait inviter aux fêtes organisées par les élèves les plus populaires. Alors qu’il pense que la chance commence enfin à tourner, Stiles lui fait réaliser que la bête qui l’a mordu est un loup garou, ce qui signifie qu’il va commencer à se transformer à son tour. Avec l’aide de son meilleur ami, d’un mystérieux lycanthrope nommé Derek et d’Allison, il doit désormais trouver un équilibre entre sa nouvelle identité et les nombreux dangers qu’elle présente pour sa vie de lycéen. Nos adolescents sont dès lors confrontés à un monde surnaturel dont ils ne soupçonnaient pas l’existence et dont ils ne connaissent rien. Les choses se compliquent lorsqu’une famille de chasseur de loups garous vient s’installer à Beacon Hills…

Adaptation du long métrage Teen Wolf réalisé par Rod Daniel en 1985, dans lequel Michael J. Fox (tout juste devenu superstar grâce à Retour vers le futur) tenait le rôle de Scott, cette série produite par MTV voit le jour en 2011 sur les chaines américaines avant d’arriver sur France 4 où elle rencontrera un grand succès. Loin de l’humour potache et des gags au ras des pâquerettes du long-métrage des années 80, la série adopte un ton plus sérieux, voire dramatique, prenant le parti d’offrir aux téléspectateurs une galerie de personnages attachants et une intrigue prenante. Même si elle ne parvient pas à échapper aux lieux communs bien établis des séries lycéennes calibrées pour le public adolescent, Teen Wolf tire son épingle du jeu en détournant les codes habituels pour bâtir des scénarios riches en surprises, en rebondissements et en suspense. Une complexité inattendue affleure même du côté de certains personnages pourtant à priori très archétypaux.

Le loup de Beacon Hills

C’est le jeune Tyler Posey (White Fog, Scary Movie 5) qui hérite du rôle de Scott McCall, succédant donc à Michael J. Fox mais aussi à Jason Bateman qui tenait la vedette du très anecdotique Teen Wolf Too. Dylan O’Brien (Le Labyrinthe) incarne Stiles, Holland Roden (American Girls5) joue le personnage de Lydia, Crystal Reed (Crazy Stupid Love) est la petite amie Allison et Tyler Hoechlin (Sept à la maison, Cinquante nuances plus sombre) se retrouve dans la peau de Derek. Une petite mention spéciale à Orny Adams (Funny People) qui interprète avec brio le coach de l’équipe de crosse ainsi qu’à Melissa Ponzio (Chicago Fire), Linden Ashby (SexCrimes 2 et 3) et J. R. Bourne (L’Effet papillon 2) qui entrent dans la peau des parents respectifs de Scott, Stiles et Allison. Après avoir solidement posé les bases de la série, la première salve d’épisodes de Teen Wolf sera suivie de cinq autres saisons, preuve de son succès et de sa longévité. Un long-métrage mis en scène en 2023 par Russell Mulcahy (réalisateur de Highlander mais aussi d’une quarantaine d’épisodes de Teen Wolf) prolongera même le plaisir, reprenant la majorité du casting de la série.

© Spade

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HOLMES ET YOYO (1976-1977)

Le policier Holmes se voit attribuer un équipier d’un genre tout nouveau : Yoyo, un androïde indestructible mais bourré de défaillances…

HOLMES AND YO-YO

 

1976/1977 – USA

 

Réalisé par John Astin, Reza Badiyi, Jack Arnold, Leonard Stern, Lee Hewitt et Jack Sher

 

Avec Richard B. Shull, John Schuck, Bruce Kirby, Andrea Howard, Larry Hovis, Ben Hammer, Marilyn Seven, Barbara Barnett, Yvonne Craig, Robert H. Harris

 

THEMA ROBOTS

Puisque ses partenaires atterrissent tous très vite à l’hôpital, voire au cimetière, l’inspecteur Alexander Holmes est sur la sellette. Le capitaine Sedford décide tout de même de lui donner une dernière chance en lui attribuant un nouveau coéquipier : l’inspecteur Gregory Yoyonovich, alias Yoyo. Lors de leur première enquête ensemble, Yoyo se fait tirer dessus et s’en sort sans une seule égratignure. Holmes découvre avec stupeur que son nouveau partenaire est un androïde indestructible, nouvelle arme secrète de la police. Mais malgré ses capacités étonnantes, comme un appareil photo à déclenchement automatique par le nez, ce robot innovant n’est pas infaillible et subit régulièrement des dysfonctionnements. Sa batterie s’épuise rapidement, les télécommandes provoquent chez lui de nombreuses interférences, les coups de feu ont tendance à déclencher chez lui des mouvements de break dance, ses récepteurs captent parfois une radio suédoise, il bloque sur certains mots comme un disque rayé. Quant à son poids non négligeable de 210 kilos, il entraîne quelques désagréments à répétition…

Diffusée pour la première fois sur les petits écrans américains le 25 septembre 1976, la série Holmes et Yoyo occupe une place particulière dans le cœur des téléspectateurs de l’époque grâce à son mélange des genres (comédie, policier, science-fiction) et à son détournement loufoque des codes du « buddy movie », et ce malgré son nombre limité d’épisodes. En France, la série s’est fait une place dans deux des émissions jeunesses phares des années 80 qui sont « Croque Vacances » et « Le Club Dorothée ». Le succès fut hélas éphémère (elle fut annulée au bout de trois mois de diffusion, d’où sa courte durée de 13 épisodes) et la série a aujourd’hui sombré dans un semi-oubli. C’est vraiment dommage, car même si cette dernière ne brille pas par son originalité ni par sa finesse, les situations comiques multiples offrent une infinité de possibilités propres à déclencher l’hilarité du tout jeune public et les acteurs restent très attachants, peu avares en échanges de dialogues savoureux.

Un drôle de Robocop

John Schuck (l’irrésistible et gaffeur Yoyo) a tourné dans de nombreux films (M*A*S*H, Dick Tracy) et séries (Gunsmoke, Mission impossible, Bonanza, L’homme de fer, Racines). Habitué aux maquillages spéciaux et aux rôles de créatures aux physiques atypiques, il fut Herman dans Les Nouveaux Monstres, un ambassadeur Klingon dans deux films de la saga Star Trek ou encore Draal dans Babylon 5. Dans les années 2000, il est apparu dans huit épisodes de New York Unité Spéciale. Richard B. Shull, son co-équipier humain, est apparu quant à lui dans Klute, SSSSnake, Le Bus en folie ou encore Splash. On note que John Astin, co-créateur de la série et réalisateur de plusieurs épisodes, n’est autre que le Gomez de la série La Famille Addams. Bien qu’un peu bancale dans sa conception, cette unique saison de Holmes et Yoyo reste très divertissante et réserve de bons moments de rires francs et simples. Les encarts publicitaires dans les journaux américains de l’époque n’hésitaient pas à sortir le grand jeu : « Si vous êtes un fan de L’Homme qui valait trois milliards et de Super Jaimie… vous allez adorer Yoyo ! »

 

© Julien & © Histoire de la science-fiction

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STRANGER THINGS (2016-2025)

Les frères Duffer rendent hommage au cinéma des années 80 de leur enfance à travers cette série de science-fiction gorgée de références…

STRANGER THINGS

 

2016/2025 – USA

 

Créée par Matt et Ross Duffer

 

Avec Winona Ryder, David Harbour, Finn Wolfhard, Millie Bobby Brown, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Noah Schnapp, Sadie Sink, Matthew Modine

 

THEMA MONDES PARALLÈLES ET VIRTUELS I POUVOIRS PARANORMAUX

Créée par les frères Matt et Ross Duffer, Stranger Things est née d’une passion commune pour le cinéma fantastique et d’aventure des années 1980. Inspirés par des auteurs et réalisateurs comme Stephen King, Steven Spielberg ou John Carpenter, les Duffer cherchent à recréer l’ambiance de leur enfance en mêlant mystère, science-fiction et drame familial. Après plusieurs années de développement, ils présentent leur projet à Netflix, qui croit immédiatement au potentiel de la série et commande une première saison de huit épisodes, diffusée en 2016. Le succès est immédiat et sera le point de départ d’un véritable culte. L’histoire débute dans la petite ville fictive de Hawkins, Indiana, en novembre 1983, lorsqu’un garçon de 12 ans, Will Byers, disparaît mystérieusement sans laisser de traces. Sa mère, Joyce, refuse d’accepter sa disparition et mène une quête désespérée pour le retrouver, aidée par le shérif local, Jim Hopper. Parallèlement, les amis de Will (Mike, Dustin et Lucas) entament leurs propres recherches et découvrent une étrange jeune fille surnommée Eleven, dotée de pouvoirs télékinétiques. Cette mystérieuse fille semble liée à la disparition de Will et aux expériences secrètes menées dans un laboratoire gouvernemental proche. Peu à peu, la ville est plongée dans une atmosphère inquiétante, où le surnaturel et la science se mêlent, révélant l’existence d’une dimension parallèle nommée « l’Upside Down ».

Là où l’on pouvait craindre un simple plagiat de films culte ancrés dans l’inconscient collectif depuis les années 80, nous constatons avec soulagement que cette aventure paranormale cultive sa propre identité et une originalité indiscutable, ce qui n’empêche évidemment pas de nombreux clins d’œil à la culture populaire des eighties. Car les Duffer Brothers ne se contentent pas de cultiver leur madeleine de Proust. Au lieu d’imiter servilement leurs modèles, ils les transcendent en imposant leur propre style. Leurs choix musicaux témoignent de cette démarche. Car si les bandes originales des films Amblin étaient généralement orchestrales et symphoniques (dont certains chefs d’œuvres inoubliables de John Williams et Jerry Goldsmith), celle de Stranger Things est 100% électroniques. Elle n’est pas anachronique pour autant, puisque les sonorités utilisées par Kyle Dixon et Michael Stein, membres du groupe Survive, ressemblent comme deux gouttes d’eau à celles de la pop music des années 80. La reconstitution de l’époque s’avère d’ailleurs minutieuse. La technologie rétro, les tenues vestimentaires, les jeux de rôle, les BMX, les talkies-walkies et l’absence totale d’internet ou de téléphone cellulaires offrent aux téléspectateurs un véritable bond dans le temps.

Jeunes talents

Comme le firent J.J. Abrams avec Super 8 et Andres Muschietti avec son adaptation de Ça, Stranger Things trouve ainsi le juste équilibre entre l’hommage (on pense à E.T., Explorers, Les Goonies, Poltergeist) et la nouveauté, oscillant sans cesse entre l’aventure, la comédie, le mystère et la terreur (certaines scènes basculent pleinement dans les codes du genre horrifique). La série aura eu le mérite de révéler plusieurs jeunes talents, notamment Finn Wolfhard (S.O.S. fantômes : l’héritage), Charlie Heaton (Les Nouveaux mutants), Joe Keery (Free Guy), Sadie Sink (Fear Street) et bien sûr l’étrange Eleven, alias Millie Bobby Brown (Godzilla II). Mais sous son vernis vintage se cache une lecture intéressante de l’Amérique profonde, celle qui dissimule ses peurs dans des laboratoires secrets, qui marginalise ceux qui dévient de la norme (les geeks, les orphelins, les « originaux »), et où l’enfance est un territoire vulnérable, à la merci des adultes ou d’un système hostile. L’impact culturel de la série sera immense. Stranger Things ne s’est pas contentée de remettre les années 80 au goût du jour, elle les a réactivées comme un langage collectif, reconnaissable et émotionnellement chargé. Résultat : une relance spectaculaire de la mode vintage mais aussi un retour en force des sonorités synthétiques dans la pop et l’électro et même une explosion des ventes de jeux de rôle Donjons & Dragons. Revers de la médaille : les émules opportunistes se sont multipliés, muant la nostalgie des eighties en véritable fond de commerce troquant souvent la sincérité contre un calcul trop méticuleux pour être honnête.

 

© Gilles Penso


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